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 "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]

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Kohane Natsuki

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MessageSujet: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime04.03.12 23:39

Aujourd'hui, Kohane fit la plus magnifique rencontre de sa vie. Une rencontre inéluctable, qui la fit chavirer, qui lui fit perdre l'équilibre et les sens. Une rencontre qui lui faisait tourner la tête et voir les étoiles, qui lui décollait les pieds du sol et la fit vibrer. Une rencontre qui l'envoya au tapis. Littéralement.
Une rencontre magnifiquement douloureuse.

- "Magnifiquement" ? Mes fesses oui !

Qui ? Qui. A. Planté. Un putain de poteau en plein milieu de mon chemin ?!

Étalée de tout son long par terre, la jeune femme se redressa sur son séant en se massant les reins, insultant mentalement le machiavélique poteau de tout son saoul. Ça, autant dire qu'elle ne l'avait absolument pas vu venir, celui-là. Perte d'équilibre, petites étoiles devant les yeux, tout ça, elle n'y avait pas échappé en effet. Mais ce n'était pas sa faute à elle, c'était celle du pylône. Non, ce n'était pas de la mauvaise foi. Quoique.

Il existe une manie bizarre dans le monde des bibliophiles. Les gens qui aiment lire, qui adorent lire, possèdent parfois cette tare étrange et dangereuse consistant à se livrer à cette activité dés que faire se peut, en dépit du monde extérieur. Simple. Tu as ton roman. Tu veux savoir la suite (si, ce moment où l'on se dit "encore un chapitre" avant de se rendre compte que l'on a englouti la moitié du bouquin) mais dommage pour toi, tu es attendu quelque part. Que faire ?
Tu lis en marchant.
C'est toute une technique. Tu dois te concentrer sur les mots tout en faisant vaguement attention à... A tout le reste. Circulation, passants, panneaux, saletés sur le trottoir... Poteaux. Oui, aussi. C'est très pratique. Un peu con aussi. Et surtout, il ne fallait pas avoir peur de se prendre la honte au cas où un obstacle apparaissait soudainement en plein milieu du chemin. Mais hé, quand on a la passion des livres... L'amour rend aveugle comme on dit.

En parlant de honte, l'hybride eut une soudaine prise de conscience et jeta de frénétiques coups d'œil autours d'elle. A première vue, personne. Soupir de soulagement. Elle n'aimait pas attirer l'attention. Elle leva la tête en direction de son désormais nouvel ennemi mortel, le maudissant toujours, fixant sa laque rouge vif d'un regard noir. Heureusement, il n'y avait jamais grand monde ici, dans ce temple. Du moins, pas en début d'après-midi en pleine semaine. L'honneur était sauf.

Elle fit l'effort de se relever en s'accrochant au torii et... Et non. Juste non. Ça n'allait pas, ça. Elle avait l'horrible impression qu'un orchestre de techno résonnait dans son crane. Elle porta une main à sa tempe et ferma les yeux pour ne plus voir les petites lumières qui clignotaient devant ses pupilles. Manque de bol, ça ne marchait pas. Quand Koko faisait les choses, ce n'était jamais à moitié : Elle s'était vraiment cogné fort.
Elle ramassa son sac le plus rapidement qu'elle put (c'est-à-dire en son état actuel, pas très vite et de manière branlante) et tituba un peu en se dirigeant vers le banc de pierre posé à coté de la porte torii. Cet effort avait achevé d'assassiner sa tête à l'agonie. Elle se prit le visage dans les mains, espérant que le monde arrêterait bientôt de tourner comme ça autours d'elle. Abandonné au pied de l'imposant poteau gisait encore le livre de la jeune femme, vil instrument du crime.


Dernière édition par Kohané Natsuki le 21.03.12 9:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime07.03.12 3:01

Une journée idéale pour sortir de chez soi et s’aérer un peu : un temps superbe et une fréquentation réduite des lieux qu’il affectionnait tout particulièrement, les conditions on ne peut plus parfaites de son point de vue. Ne restait plus qu’à espérer qu’il ne lui tomberait rien sur le coin du nez cette fois-ci, et qu’il puisse pleinement profiter de sa sortie sans aucun problème à l’horizon.
De fait, ce fut le cas et il pu disposer de tout son temps pour perdre ses pensées et son regard dans le paysage qui l’environnait, appréciant la beauté simple de certaines choses et la quiétude des lieux. Et, tandis qu’il faisait son petit bonhomme de chemin, il avisa une femme un peu prostrée sur elle-même, probablement perdue dans ses pensées. Presque l’une des premières personnes qu’il croisait depuis qu’il avait mis les pieds hors de sa librairie. Elle ne bougea pas d’un cheveu tandis qu’il arrivait près d’elle et il commençait à se demander si quelque chose n’allait pas lorsqu’il remarqua le livre abandonné au pied du torii.
Livre. Poteau. Personne à priori mal en point.
Oh, wait. Il connaissait ce schéma. Il l’avait déjà personnellement expérimenté, même si ça faisait bien des années que ça ne lui était plus arrivé – et, soyons honnêtes, il ne s’en portait d’ailleurs pas plus mal : ce genre de rencontres plutôt brutales n’était pas de celles qui figuraient parmi ses meilleurs souvenirs. Pourtant, ça ne l’empêcha pas d’être un peu amusé en constatant que les poteaux, quels qu’ils soient, était toujours aussi violents envers les innocents un peu trop distraits.

Mihael se baissa pour ramasser l’ouvrage, parcourut d’un regard rapide la quatrième de couverture afin de voir de quoi il retournait – une vieille habitude –, avant de se tourner vers celle qui était sans aucun doute sa propriétaire légitime.

« Je crois que vous avez oublié ceci. »

Il lui tendit le livre avec un petit sourire poli mais, n’obtenant pas vraiment de réaction, se montra un peu plus soucieux. Posant un genou à terre pour être à peu près au même niveau qu’elle, il posa une main sur son épaule, prévenant.

« Ça ne va pas, mademoiselle ? »

Non, bien sûr que non ça n’allait pas, il s’en rendait parfaitement compte tout seul. Mais sur le coup, il n’avait pas trouvé d’autres mots pour exprimer son inquiétude vis-à-vis de l’inconnue, et n’aurait pas pu se contenter de rester silencieux après le geste qu’il venait de faire. Il retira d’ailleurs sa main d’où il venait de l’y poser, fronçant les sourcils. Il y avait chez cette fille quelque chose de bizarre qui l’interpellait et l’intriguait. A croire qu’il ne pouvait pas simplement se contenter de croiser le chemin d’un humain lambda : il fallait toujours que ses aptitudes de clover se rappellent à lui et mettent le doigt sur un détail, comme s’il avait besoin de ça tiens…

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Kohane Natsuki

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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime07.03.12 22:20

Loin, à l'autre bout du monde, en Angleterre, Papa Natsuki devait surement avoir les oreilles qui grattaient et le nez lui donnant envie d'eternuer, vu comment sa fille se plaignait mentalement de sa figure paternelle tout juste apte à un devoir parental acceptable. C'était à cause de lui qu'elle était aujourd'hui une lectrice aussi assidue, une fervente partenaire des livres.
Quand on a juste assez mal pour être en rogne, on avait tendance à mettre tout les probleme sur le dos de n'importe qui, sur le compte de n'importe quoi.

L'intérieur de son crane résonnait en cadence tandis qu'elle avait la vague impression que le sol se stabilisait petit à petit. Étrangement, le choc semblait lui passer mais elle avait l'impression d'entendre de vagues échos dans sa tête qui lui parlaient. Que n'aurait-elle pas donné pour un lit.
Elle sentit soudainement une main se poser sur son épaule. Rien de brusque ou de menaçant, bien au contraire. Mais la surprise la fit sursauter, et lorsqu'une voix grave se fraya un chemin jusqu'à ses tympans, elle se redressa d'un coup, et se releva franchement lorsqu'elle croisa un visage inattendu non loin d'elle. Elle se raidit.

- Ça va !

Ouh. Oula. Mauvaise idée. Trèèèès mauvaise idée. Reprendre la position debout d'une manière aussi brusque n'avait plu ni à son sens de l'équilibre, ni à son cœur. L'hybride resta quelques courtes secondes figée, avant de se laisser à nouveau tomber sur le banc de pierre. Elle ne savait que dire à cet homme qui l'observait en silence. Elle tenta de reprendre contenance malgré la vague sensation de nausée encore présente, et malgré le sentiment de honte qu'elle cachait du mieux qu'elle le pouvait.

- Je vais bien, vraiment.

L'homme, maintenant qu'elle pouvait se permettre de le détailler, semblait grand et robuste. Tête-en-l'air mais physionomiste, Kohane oubliait rarement un visage, et il lui semblait aisé de reconnaitre celui-ci. Il lui fallut peu de temps pour se souvenir du vendeur de la librairie de Tennoji qu'elle affectionnait, bien que n'ayant pas le réflexe de s'y rendre souvent. C'était toujours un peu étrange de rencontrer dans la rue des gens que l'on a l'habitude de voir en plein travail. Ça leur donne une dimension différente.
Ne sachant quoi ajouter d'autre, elle récupéra son livre et fit mine de partir.

- Je. Dois y aller. Merci pour...

Elle allait ajouter "pour le livre" mais en esquissant le geste pour se relever, elle se rendit compte que non ma grande, les taches blanches qui papillonnent devant tes yeux et le mal de crane, c'est pas encore tout de suite qu'ils vont te lâcher. Stoppée net dans son élan, elle se rassit pour la énième fois, terminant sa phrase avec un sourire crispé et gêné.

- ...Quoique je crois que je vais rester ici encore un peu.

...Oui hein. Elle était bien après tout, la vue d'ici...
S'attendant à ce que l'homme passe finalement son chemin en se demandant pourquoi elle se comportait de façon si étrange, elle triturait la couverture du livre, mal à l'aise. Après réflexion, il lui faudrait peut-être éviter la librairie de monsieur, à l'avenir.


Dernière édition par Kohané Natsuki le 21.03.12 9:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime09.03.12 2:11

Surpris lorsqu’elle se releva brusquement, il marqua un mouvement de recul instinctif qui manqua de le faire chuter vers l’arrière vu la position instable dans laquelle il se trouvait. Heureusement pour lui, son bon équilibre lui sauva la mise et il se contenta de lancer un regard vaguement étonné à la jeune femme, un mot d’excuse au bord des lèvres car n’ayant pas pensé que son geste susciterait chez elle une réaction aussi violente. Toutefois, elle se rassit quasi instantanément pour des raisons qu’il n’avait aucun mal à deviner malgré le fait qu’elle lui ait assuré par deux fois d’affilée aller parfaitement bien.

« Vous n’êtes pas vraiment convaincante, vous savez », laissa-t-il échapper tandis qu’il se relevait à son tour, beaucoup plus posément qu’elle un instant plus tôt, et reculait d’un pas pour remettre une distance convenable entre elle et lui.
A nouveau il lui tendit son livre, dont elle s’empara cette fois tout en l’informant de son désir de s’en aller, ce à quoi il ne répondit pas puisque n’ayant de toute façon rien à objecter à ça. Lui-même ne comptait de toute façon pas vraiment s’attarder ici, souhaitant continuer sa promenade avant que l’après-midi, touchant à sa fin, ne voie les rues se remplir progressivement de la foule des gens sortant de leur travail.
Ceci étant dit, il ne trouva pas plus étrange que ça le fait qu’elle se rasseye quasi immédiatement pour la seconde fois en un laps de temps relativement court et, alors qu’il s’apprêtait pourtant à tourner les talons, ne put s’empêcher de reprendre la parole en la devinant mal à l’aise.

« Ça vous passera vite, pour peu que vous ne vous amusiez pas à vous lever toutes les trente secondes. Votre tête n’est pas plus dure que le torii, laissez-lui donc un peu de temps pour assimiler le choc. »

Et oui, il savait parfaitement de quoi il parlait, comme ses propos le laissait sous entendre. Il essayait d’éliminer un peu le malaise de la jeune femme et sa voix, bien qu’un peu trop bourrue – que voulez-vous, on ne le changera pas –, s’était faite aussi aimable que possible.
Désignant d’un vague geste le bouquin qu’elle avait entre les mains, il continua sur sa lancée :

« Celui-ci vient de chez moi. Je venais tout juste de le terminer quand vous me l’avez pris. »

Plus que physionomiste – dur d’oublier un physique comme celui de la jeune femme* –, il était capable de reconnaître n’importe quel livre qui lui était un jour passé entre les mains, aussi banal pouvait-il être. Ces mêmes mains, qui avaient plus qu’à leur tour appuyé sur la détente et ôté des vies inconnues, auraient su sans la moindre hésitation discerner parmi une centaine d’exemplaires celui dont il avait un jour dévoré les pages à la faveur d’une vieille lampe de chevet fatiguée.


* La joueuse estime utile de préciser qu'ici le mot physique ne désigne pas seulement le bonnet F de la demoiselle, mais bel et bien son apparence dans sa totalité.

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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime13.03.12 21:35


« Ça vous passera vite, pour peu que vous ne vous amusiez pas à vous lever toutes les trente secondes. Votre tête n’est pas plus dure que le torii, laissez-lui donc un peu de temps pour assimiler le choc. »

Spotted.
En règle générale, la jeune femme se fichait bien du regard des autres. Elle ne suivait pas les modes, ni les mouvements de foule, ne comprenant pas que l'on puisse se laisser dicter ses opinions, et ne voyant aucun problème dans le fait d'aller envers la société. Mais dés qu'il s'agissait d'une plus petite échelle, dés que le mot "populace" était réduit à "individu", ce n'était plus la même histoire. Difficile de prétendre se ficher des apparences lorsqu'un inconnu - quasi-inconnu -, qui plus est, d'un charisme naturel non négligeable, vous prend en flagrant délit de maladresse.

Elle eu encore plus de mal à relever la tête vers lui après cette remarque. Mais que diable, Kohane, bouge-toi ! Elle se détestait quand elle agissait de cette façon. Pire qu'une gamine de collège. Elle inspira un coup, prête à prendre la parole, quand il la devança.

Brisée dans son élan, elle plongea son regard remplie de surprise dans le sien, alors qu'elle s'efforçait de l'éviter jusque là. Réflexe. Elle resta sans voix pendant quelque secondes, le temps d'assimiler, et quand ce fut le cas, un étrange soulagement qu'elle ne pouvait expliquer s'empara d'elle.

- Vous lisez avant vos clients les exemplaires des livres que vous vendez ? Très professionnel.

Femme aussi changeante que le temps, elle arborait un sourire qui, à défaut d'être très assuré, se voulait sincère. Elle s'était déjà faite passer maints savons de la part d'Hikari pour son manque de sociabilité avec les gens qu'elle connaissait seulement de loin. Et puis, sans trop savoir pourquoi, cet homme l'intriguait. Elle aimait ce coté force tranquille qui émanait de lui, tandis que d'une certaine façon, elle ressentait un vague mauvais pressentiment, quelque chose de latent, sur lequel elle n'arrivait pas à mettre le doigt et qui la frustrait. Curiosity killed the cat.

- Enfin, je vous comprends. Reprit-elle rapidement. Je ferais surement la même chose.

You don't say ?
Maintenant qu'elle avait réussit à aligner plus de trois mots cohérents, sans bafouiller, elle se sentait un peu moins mal à l'aise. Elle reporta son attention sur le livre, en examinant la couverture de plus près, bien qu'elle ai déjà fait ça des dizaines de fois avant. Une vieille habitude.

- C'est même vous qui me l'avez conseillé si je me souviens bien, non ? Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs, j'étais venu acheter un tout autre genre de livre.

De gros recueils d'Histoire et quelques ouvrages de médecine. Sans oublier un vieux bouquin discret sur l'angéologie. Elle s'en souvenait comme si c'était hier.


Dernière édition par Kohané Natsuki le 21.03.12 9:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime20.03.12 20:58

« Vous lisez avant vos clients les exemplaires que vous vendez ? Très professionnel. »

La remarque lui arracha un pauvre petit sourire en coin mais le clover ne paraissait pas désolé pour un sou. Comment pouvait-il conseiller lesdits clients s’il ne connaissait pas le contenu de chacun des livres qu’il vendait, hum ? Un livre n’était pas comme un aliment ou un vêtement par exemple : on ne pouvait juger sa qualité simplement en fonction de son apparence. Un vieux bouquin corné, déchiré et dont l’encre commençait à s’effacer pouvait valoir beaucoup mieux qu’un autre, fraîchement paru avec une couverture soignée.

« La plupart sont déjà passés entre plus de mains que vous ne pourriez l’imaginer, répondit-il tout de même après qu’elle lui eut déclaré le comprendre. Certains ont plus du double de mon âge ; ils ne sont plus à une lecture près. »

D’autant plus qu’il ne faisait aucun doute que Mihael prenait bien plus soin de ses précieux livres que la plupart de leurs propriétaires antérieurs. L’expression « être amoureux des livres » libérait tout son sens avec un type comme lui.

Son sourire, que l’on discernait plus aisément dans ses yeux que sur ses lèvres – il n’avait jamais été très doué pour ce genre de grimaces –, était toujours là lorsqu’il répondit aux dernières paroles de son interlocutrice.

« Serais-je un bon libraire si je ne savais pas ce dont ont besoin de lire les personnes qui passent le seuil de ma boutique ? Je ne me suis pas trompé en vous recommandant celui-ci, n’est-ce pas ? »

Mihael était observateur. Très observateur. Même s’il n’était pas du genre à aller vers les gens du moment que ceux-ci ne lui demandaient rien, se contentant d’un salut distant de derrière le comptoir de l’Imaginarium, il n’en restait pas moins très attentif à eux. Un échange de regard, une expression, la façon de se mouvoir, quelques paroles… tout cela apprenait énormément sur la personne pourvu que l’on sache regarder. Bien plus que ce que l’on pouvait penser.

L’homme rehaussa ses lunettes sur son nez et étouffa dans son poing ganté une petite quinte de toux. Autant rester immobile des heures chez lui ou dans sa librairie ne lui causait aucun problème, autant faire la même chose mais debout et dehors, il appréciait moins. Et même si là, ça ne faisait pas des heures, il n’en était tout de même pas très fervent.

« Je vais y aller. Vous êtes sûres que ça ira ? Je peux peut-être vous accompagner le temps que vous vous sentiez mieux, vous sembliez pressée de partir, à l’instant. »

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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime21.03.12 13:15

L’Hybride fut légèrement prise de court devant le semblant de sourire de son interlocuteur. Elle se souvenait de ses visites à la librairie et ne lui avait jamais vu d’autres expression qu’un visage impassible et sérieux. Vrai qu’il n’avait pas trop la tête d’un papy gâteau après tout. Alors voilà, résultat, c’était surprenant. C’était plus un vague rictus d’ailleurs, on voyait qu’il n’avait pas beaucoup l’habitude de s’essayer à ce genre d’exercice.

« Serais-je un bon libraire si je ne savais pas ce dont ont besoin de lire les personnes qui passent le seuil de ma boutique ? Je ne me suis pas trompé en vous recommandant celui-ci, n’est-ce pas ? »

- Du tout.

Elle lui rendit son sourire et rangea le livre dans son sac. Sa superbe rencontre avec le torii était la preuve même qu’il avait parfaitement choisit le livre à lui proposer. Au final, cela devait être assez flatteur, de voir qu’un ouvrage conseillé par ses propres soins fascine tellement le lecteur que celui-ci ne peut plus en décoller les yeux et en oublie le monde extérieur.
Ceci dit, la jeune femme prit la résolution d’arrêter de lire ainsi en pleine rue, en marchant. Une seule bosse lui suffisait amplement, pas la peine d’avoir sa jumelle.

« Je vais y aller. Vous êtes sûres que ça ira ? Je peux peut-être vous accompagner le temps que vous vous sentiez mieux, vous sembliez pressée de partir, à l’instant. »

Ah. Oui. C’est vrai qu’avant sa rencontre forcée avec le sol, elle allait quelque part. Où ça déjà ? Bah. Elle ne s’en souvenait plus. Etait-ce le coup qu’elle s’était pris sur la tête, ou le fait que sa joueuse n’ai aucune idée ni envie de réfléchir sur le sujet ? Allez savoir. Toujours était-il que si le libraire semblait pressé de partir – ce qu’elle comprenait aisément – elle aussi n’avait aucune raison de s’éterniser dans le coin. Elle inspira un coup et se leva. La tête lui tournait, mais plus assez pour l’empêcher de conserver son équilibre et son sens des distances. A présent bien campée sur ses jambes – du moins, autant que faire se pouvait – elle protesta.

- Je ne veux pas vous déranger.

Ce blocage psychologique qu’était la réfutation de toute proposition d’aide. Classique. Mais reflexe. On a pas envie que la personne en face ne vous aide par obligation, alors qu’en bien des aspect, cette même aide aurait été bienvenue. Du coup, on refuse tout en bloc, alors qu’au fond, on le regrette déjà.

- Je pars de ce côté. Dit-elle en désignant sa droite

Qui sait, peut-être devait-il aussi s’en aller par là. Ca n’aurait pas fait grande différence en fait, ils se sépareraient d’ici une rue ou deux au lieu de se séparer au torii. Peut-être préférait-elle la première option. Il lui était rare de rencontrer des gens, même via une conversation aussi pauvre, mais cet homme dégageait une impression de calme bienvenu qu’elle appréciait.
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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime17.04.12 16:32


Même maintenant, après tout ce temps, Mihael se trouvait toujours un peu perplexe face à certains aspects du comportement humain, qui poussaient ces derniers à faire un détour alors qu’une réponse directe était tout à fait suffisante. Elle ne voulait pas le déranger ? C’était tout à son honneur. Mais il ne lui aurait pas posé cette question si tel était le cas : il ne l’avait pas prise en pitié ou quoi que ce soit d’autre, et n’avait fait cette proposition non pas par obligation, mais simplement parce qu’il en avait l’envie. Oui ou non, étaient-ce là deux mots si difficiles à prononcer ?
Il se garda néanmoins d’émettre une quelconque remarque à ce sujet, étant d’une nature assez peu encline à ce genre de taquinerie, et ce d’autant plus qu’il ne connaissait pas assez la jeune femme pour se le permettre. Elle pourrait mal le prendre ou s’en trouver gênée. Dans un cas comme dans l’autre, cela génèrerait probablement une ambiance moins agréable.

Elle indiqua sa droite en l’informant aller de ce côté et, que ce soit la chance, une pure coïncidence ou le simple fait que ça nous arrange si ça se passe ainsi, la direction désignée se trouvait justement être la même pour les deux personnages.

« Eh bien, il se trouve que moi aussi », se contenta-t-il alors simplement de répondre.
Et, puisqu’il n’avait plus rien à ajouter, il sortit de son immobilité pour reprendre sa marche tranquille là où elle s’était arrêtée quelques minutes plus tôt, présumant que la jeune femme ne tarderait pas à l’imiter.

L’espace d’un instant, il songea à se présenter, puis réalisa que ça n’en valait pas la peine. A quoi cela servirait-il, sinon à rendre plus formelle une rencontre qui ne verrait probablement pas de suite ? Parfois, on pouvait tout à fait passer un sympathique moment avec une personne sans nécessairement ressentir le besoin de faire plus ample connaissance. Quel intérêt y avait-il donc à ce qu’elle sache son nom, et lui le sien ? Après tout, ce n’était pas comme s’ils avaient l’intention de devenir des amis proches après cette brève rencontre.

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MessageSujet: Re: "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé]   "Le Soldat et le Gramophone" [Mimi] [terminé] Icon_minitime

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