Dans les méandres de son cerveau perpétuellement embrumé par les affres de l’alcool, le mot « dette » se fraya un laborieux chemin jusqu’à susciter chez l’homme incompréhension totale et une bizarre envie d’éclater de rire. La rouquine avait une drôle de manière de régler ses dettes, lui semblait-il. Entre la baston d’hier soir, la nuit passée au poste, la douche glacée et tout ce qu’il y avait eu entre, il ne comprenait définitivement pas à quel moment avait-elle pu estimer qu’elle s’acquittait d’une dette vieille de plus de dix ans et dont lui-même ignorait totalement l’existence avant qu’elle ne lui en parle.
« T’as un sérieux problème, toi » constata-t-il finalement après un long moment de réflexion quant à l’absurdité des propos qu’elle venait de lui déclarer.
Si tous les types à qui il avait pu empêcher la prison se considéraient comme étant ses débiteurs, il n’en serait pas là aujourd’hui c’était une certitude. Il n’y avait qu’elle pour aller se foutre pareille idée dans le crâne.
Nikita ne rajouta rien de plus, se contentant de l’observer faire son petit ménage tout enfonçant davantage encore son corps efflanqué dans le canapé qu’il s’était approprié, matant sans vergogne le corps de la donzelle. Lequel n’avait pas beaucoup changé en dix ans, toujours aussi avare de ces formes que l’homme aimait tant chez celles de l’autre sexe. Corps de merde et caractère de merde était un assez bon résumé de la rouquine, à ses yeux. Pas étonnant qu’elle vive toujours seule encore maintenant. Quoiqu’elle ait au moins encore sa fierté, elle. Du moins lui en restait-il toujours plus qu’à lui…
« Bon et c’est quoi la prochaine humiliation qu’tu m’réserves, maintenant ? Tu sais… pour payer ta dette » cracha-t-il, toujours aussi adorable qu'à son habitude.