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 Tu es tout gris, Petit Poney ~

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Tu es tout gris, Petit Poney ~  Vide
MessageSujet: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 8:48

« - Papa ! Papa ! J'ai envie d'aller voir les chevaux ! »

Mon merveilleux petit ange venait de surgir dans le salon, en tournoyant. Elle vint s'appuyer sur mon fauteuil et me fixait de ses grands yeux bruns tout brillants. Je souris et lui caressais la joue de ma main valide. Dehors, il faisait beau et pas trop froid, c'était un temps à aller faire une balade, donc aller voir les chevaux était une bonne idée. Je lui appuyai sur le nez et acquiesçai.

« - Nous irons, Aiko. Va donc mettre des affaires qui ne sont pas trop salissantes ! Et attrape-moi ma veste s'il te plait. J'ai peur d'avoir un peu trop froid. »
« - Oh merci Papa ! »

Et mon rayon de soleil repartit, laissant sur mes lèvres le doux sourire attendrit qui ne me quitte jamais lorsqu'elle est en ma présence. Je jetais un dernier regard dans le salon pour voir s'il n'y avait rien à ranger, puis je fis rouler mon fauteuil jusqu'à ma chambre pour prendre le nécessaire tel que téléphone, clés et un plaid pour mettre sur mes jambes au cas où. Je posais le tout sur mes genoux et me saisis du téléphone pour appeler un taxi. allai jusque la chambre de ma princesse pour la surveiller et l'aider comme je le pouvais de mon unique main libre. Je frappai à la porte car ma douce m'avait demandé de ne plus débarquer à l'improviste... Si jeune et si pudique. Elle me cria un «  Oui » super mignon et j'entrai. Elle avait mis des habits très jolis, mais hélas trop salissants.

« - Tu vas les salir ! »

« - Je ferais attention ! »

« - Si tu les abîmes, c'est toi qui les nettoieras. Margaret ne va pas le faire à ta place ! »

Elle hocha la tête et s'approcha de moi pour me faire un câlin, je réprimai mon gémissement et lui caressai le dos. Puis, un léger baiser sur le front, je la regardai et l'invitai à sortir la première pour qu'on rejoigne le chauffeur de taxi qui avait du arriver entre temps. Elle insista cependant pour pousser le fauteuil de son pauvre père jusqu'à l'entrée. Elle attrapa sa veste et la mienne, me la posa sur les épaules et alla ouvrir la porte d'entrée pour me pousser jusqu'à l'extérieur. Le taxi était bien là. Il m'aida à m'installer sur le siège arrière et plaça mon fauteuil dans le coffre. Ma fille vint s'installer à mes côtés et on partit.
Le voyage ne fut pas long pour arriver jusqu'au centre équestre, mais la petite était impatiente. Elle s'est précipité dehors en criant puis est revenue sur ses pas, sage comme une image, pour attendre son père. Le chauffeur m'aida à me poser à nouveau dans mon fauteuil et ma fille s'empira de ces commandes. Elle me poussa jusqu'aux écuries et bondit devant mes pieds, les yeux brillants :

« - Papaa ! J'ai vu un cheval trop beau ! Est-ce que je peux aller le voir ? Dis Dis Dis ! »

Elle sautillait devant moi et je ne pus m'empêcher de sourire devant sa bouille adorable. D'un geste de tête j'acquiesçai et je la conviai à ouvrir la marche pour me montrer où se trouvait ce cheval. Elle se mit à courir en direction du box où se trouvait l'animal. Elle se mit sur la pointe des pieds pour le voir, mais étant trop petite, elle se tourna vers moi :

« - Papaaa ! Je le vois pas ! »

Je souris et regardais autour de moi, puis j'ai vu un homme avec des dreadlocks qui semblait être un palefrenier, au vu de sa mise. J'avançai vers lui et je me raclai la gorge :

« - Excusez-moi monsieur... Est-ce que vous pourriez aider ma fille ? Elle aimerait caresser le cheval blanc, là... J'aimerai l'aider, mais je ne le peux pas... Vous seriez bien aimable. »
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 12:02

Comme tous les jours, je viens voir mon cheval au centre équestre. Le plus souvent je monte sur son dos et on se balade dans les coins environnant, vu que je ne peux pas l'emmener en ville avec moi. Les vivants pourraient faire grand cas de voir un mec se balader à cheval sur le bitume. Puis ça fait des grosses crottes à nettoyer après, parce que ma jument a bien pris le pli pour manger la même quantité de nourriture qu'un cheval réellement vivant et que ça fait les mêmes effets derrière, forcément. Saloperie de vie sur Terre, on en est réduit à faire des trucs comme ça parce qu'ils le font tous. Ça n'a même pas l'air de les déranger, comme si c'était normal. Moi ça me fout la gerbe, mais je mange quand même parce que... parce que c'est juste le pied intersidéral. Je sais même pas pourquoi. Voilà, c'est ça être vivant : d'atroces dilemmes entre la peste et le choléra, et en plus t'as pas moyen d'avoir deux trois cours sur la bactériologie. Un coup à devenir fou. Je leur en veux presque d'être aussi compliqués dans leurs têtes. Donc imagine ma tête quand, arrivant dans mon plus beau costume de mec en galère, je tombe sur deux des humains honnis en face de mon Précieux Cheval Blanc.

Pour être plus précis dans ma description, il y a une petite fille et un homme adulte. L'homme adulte a pas l'air très frais, vu qu'il est en fauteuil roulant. Vu leur ressemblance, je suppose que l'un est le parent de l'autre. Et mon cheval aimant-à-gamines a encore fonctionné. Qu'il est beaaaau le cheval, qu'il est blaaaanc, et paf ! J'suis suivi par un morpion. Et les humains tiennent en général beaucoup aux petits de leur espèce. J'utilise humain au sens large, évidemment, parce que j'ai du mal à faire la différence avec les lycanthropes et tout ça. Ça reste assez exotique pour moi tout ça, malgré tout ce temps. Mon niveau d'expertise s'intéresse plutôt à la manière dont disparaissent les vivants, pas comment ils apparaissent. Et non content de se multiplier, ces cons là se copient en se mélangeant et en pondait un espèce d'eux mêmes en plus petit ! Qui évolue pour devenir un truc différent et inédit ! Et entre les deux qui a un espèce d'espace de temps mystérieux où les petits vivants sont irrationnels et dont leurs femelles sont fascinés par les chevaux. C'est complètement incompréhensible pour quelqu'un qui ne l'a jamais expérimenté.

Le mec me parle en japonais, je comprends pas très bien ce qu'il me dit. Il parle à un niveau soutenu, que j'ai rarement eu l'occasion d'entendre en traînant dehors. Et le japonais est une langue qui n'a rien à voir ni avec ma langue maternelle – le latin, puisque la Bible était écrite dans cette langue à l'époque – ni des pays que j'ai parcouru depuis que je suis apparu à Babylone. J'ai néanmoins compris qu'il voulait que je montre mon cheval à sa fille. Il se gêne pas. Genre j'suis moniteur de poney club. D'un autre coté, c'est vrai que j'ai bien la tête d'un mec qui passe ses journées dans la merde de cheval, ouais. Comme c'est le début de l'hiver je porte plusieurs couches de vêtements et j'ai pas tout le temps accès à une salle de bain ou une laverie automatique. J'fais un peu miteux, mais Dieu n'a pas tenu à ce que son serviteur soit conquérant, visiblement, puisqu'il m'a laissé me faire envoyer ici bas inutilement.

Bref, dilemme, je l'envoie chier le gars ou pas ? Impulsivement, j'aimerais dire oui, mais ça risque de m'attirer des problèmes. Je comprends pas tous les tenants et les aboutissants de l'histoire, mais un handicapé plus une petite fille tous les deux japonais, ça fait un tel quota dramatique qu'il peut rien leur arriver sous peine de mort immédiate. Surtout que je suis un homme adulte et plutôt costaud, immigré de surcroît du pays où était Babylone... qui s'appelle maintenant l'Irak. Et j'ai l'air louche. Et en plus je suis censé réduire l'humanité en cendre, par essence. Je suis armé (même si ça se voit pas directement), je suis potentiellement dangereux, je n'attire pas la sympathie. Tu sens l'odeur de la merde chaude là ? Celle qui va atterrir tout droit sur ma gueule si je fais seulement mine d'avoir un peu l'air d'un connard ? Faut être vigilant. Je fais oui de la tête et je vais ouvrir le box en veillant à ne pas faire de gestes brusques. Je me demande comment il a su que le cheval était à moi n'empêche.

Ma jument blanche sort spontanément du box. Je ne l'attache pas, ça ne me viendrait pas plus à l'esprit que d'attacher ma propre jambe, et j'ai fait comprendre au personnel du centre équestre que j'étais pas très humain et mon cheval pas très cheval, et qu'il n'était pas nécessaire de l'empêcher de circuler, vu qu'elle ne s'enfuirait pas et ne briserait pas les clôtures. Depuis ils essayent de deviner quelle entité a payé une pension pour un cheval chez eux. Leur première opinion était que je sois le cavalier sans tête qui a remis sa tête parce que c'est trop casse couilles pour voir sans les yeux. Des nobels ça.

Ma jument renifle la petite fille, dans une attitude purement chevaline, ce qui permet à la sale gamine de mettre sa vilaine main pleine de doigts sur le front de ma compagne d'Apocalypse et de la caresser bêtement. J'allume une cigarette pour m'occuper les doigts et dissimuler mon malaise. Le morpion a l'air très heureux de foutre la merde et gazouille des commentaires ineptes pendant que je me crispe dans mon coin. Monstre qui vient tourmenter un amortel pendant son errance. Le cheval fini par relever la tête avec la plus totale indifférence. Comme tous les chevaux, elle a le regard vide de toute trace d'intelligence et s'intéresse uniquement à ce qui est vert et se présente en brins sur le sol. Ou aux granulés servis en hiver, à la rigueur. J'ai le droit à quelques coups de tête dans ses moments d'enthousiasme les plus délirants. Hé ouais, elle agit comme ben... un vrai cheval quoi. J'ai pas dit qu'elle était surpuissante de magie, juste elle joue le rôle d'un cheval d'un cavalier de l'Apocalypse. Pas besoin d'un million de pouvoirs pour ça, je suppose que le jour venu, elle saura mener la Chevauchée à travers le monde sans s'essouffler. En attendant ce jour merveilleux, là elle part brouter un peu d'herbe dégueulasse qui traînent à coté du parking en face de son box. Ô Seigneur comme ta sagesse a été grande d'envoyer sur Terre les cavaliers de l'Apocalypse alors que c'était pas l'Apocalypse.

La gamine court après pour la rattraper. De toute façon c'est l'automne (donc on se pèle les miches), c'est pas l'heure des leçons, le parking est désert, la route aussi et le cheval ne lui fera pas de mal. Je laisse faire. C'est pas le mec en fauteuil roulant qui va pouvoir la retenir, alors faut que je fasse gaffe quand même. Comme si j'avais que à foutre et pas un peu d'herbe à fumer dans la forêt sur le dos de mon cheval. Maintenant faut que j'attende à coté du père attendri que la gamine ait fini de gazouiller.

Enfin le cheval semble en avoir marre d'être immobile, redresse la tête et renifle l'air. Elle s'éloigne de la gamine au pas histoire de pas accidentellement l'écraser puis part au trot vers l'angle du bâtiment, sans doute pour aller boire de l'eau ou brouter de l'herbe plus délicieuse. En tous cas la gamine ne la tripote plus, je me sens mieux. Je secoue la tête. Maintenant que ces conneries sont écartées de mes préoccupations, je suis curieux envers l'humain en fauteuil. Ça fait longtemps que j'ai pas parlé avec l'un d'eux, et bavarder me manque. Un mec qui conduit sa fille à aller voir des chevaux ne peut pas être fondamentalement mauvais. Je lui parle en anglais en espérant qu'il maîtrise cette langue, ça arrangerait beaucoup mes affaires.

- Le cheval est parti, il ne faut pas le suivre. Il y en a d'autres ici.

Le problème des centres équestres, c'est qu'on s'y pèle le cul. Il n'y avait rien à par des champs et le vent froid venait tout droit sur ma gueule. J'avais envie de café chaud, peut être que je sentirai à nouveau mes doigts après. Les mitaines me protégeaient de que dalle. Je peux pas mourir de froid mais ça m'empêche pas de le sentir. Peut être que mon armure m'aurait tenu chaud, mais c'est mal vu de se balader en armures de nos jours, surtout qu'elle n'est pas discrète. C'est une armure faite pour effrayer dans les premiers temps de la chrétienté, avec de la fourrure, des os, du métal, tout ça décoré avec extravagance de pics et de cornes. Même la couronne avait l'air assez tribale. J'avais l'air deux fois plus gros avec tout ce bordel. J'pouvais pas me balader avec ça tout le temps, alors j'ai acquis cette extraordinaire propriété des humains : changer de fringues. 'fin, je pouvais pas balancer l'armure au feu non plus, elle fait parti de moi aussi alors disons qu'elle est... pas vraiment là. Mais là quand même. Comme l'épée un peu, sauf qu'elle apparaît et disparaît de façon spectaculaire. En vrai je me balade pas avec ça dans mon œsophage tout le temps, ça ferait un peu mal. Elle est... quelque part. De toute façon c'est de la magie, ta gueule.
Je me sens obligé d'expliquer pourquoi je pars pas rattraper le cheval qui a l'air de s'enfuir. Le mec a l'air de comprendre l'anglais donc je peux continuer.

- Il peut aller où il veut, c'est pas un... vrai cheval. Ouais c'est un peu mystérieux dit comme ça, mais un mensonge sur sa nature ne me vient pas facilement, faut que je réfléchisse un peu à la question.
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 12:58

Je fixai l'homme qui n'a pas l'air trop de comprendre ce que je lui dis. Il est typé, étranger certainement, en tout cas, il a la peau sacrément mate ! Peut-être un peu neuneu, il finit par s'exécuter et ouvrir la porte du box du cheval blanc. Mon Aiko avait les yeux qui brillaient et les mains devant la bouche, émerveillée. Elle riva ses yeux écarquillés sur la créature qui sort d'elle-même de son box. Le petit ange frémit et se retient de sauter au cou de la jument, cependant quand celle-ci vint la renifler, elle ne put s'empêcher et la caressa, s'accrochant presque à sa grande tête. Elle riait et frottait sa tête contre celle de l'animal, mettant ses petites mains sur ses joues pour les caresser comme hypnotisée. Je les regardais toutes les deux, heureux que ma fille soit tant débordante de joie.

« - Il est trop beau ! En plus c'est tout doux ! On dirait un cheval de princeeeeesse ! »

Je me retins d'éclater de rire. Elle était vraiment adorable cette gamine. Elle tenait de sa mère c'était certain. Ce n'était pas son père qui aurait pu lui donner un tel caractère et un physique aussi angélique. Certainement pas. Sa mère était vraiment quelqu'un de profondément bien. Elle me manquait constamment et elle devait lui manquer à elle aussi. Il fallait bien qu'elle pense à autre chose cette pauvre enfant. Elle avait bien Margaret, mais celle-ci était plus une grande sœur, une nounou, qu'une maman. Je jetais un coup d'oeil en direction de l'étranger, il avait l'air ennuyé, même carrément contrarié de notre présence. Les gens n'étaient pas terriblement aimables de nos jours, c'est assez regrettable. Je fronçai le nez à la vue de cette cigarette... et en plus il fumait. J'avais pourtant entendu dire que c'était dangereux de fumer à proximité de la paille, que ça pouvait provoquer des incendies. Mais ce n'était pas mon problème.
Quand la jument releva la tête et se désintéressa de l'enfant, mon Aiko se mit à la suivre, complètement subjuguée. Je lui rappelai de faire attention, de pas trop s'approcher, car on ne savait jamais.

« - Et ne va pas te salir ! »

Je souris et levai la tête vers l'homme, lentement pour éviter à mes os fragiles de trop grincer et de m'arracher une douleur plus importante. Le cheval devait être le sien ou alors un de ceux dont il s'occupait. En tout cas, c'était un bien bel animal. Je reportai à nouveau mon regard vers ma douce enfant et la vis s'accroupir à côté de la monture de princesse, comme elle l'avait appelé. Elle se contentait de la regarder brouter, la tête appuyée dans les mains et un sourire grand comme ça, non plus grand encore, sur les lèvres. Puis, le silence seulement effleuré par les bruits des crins qui se frôlent et de l'herbe broyée entre les dents de la bête fut brisé par le palefrenier. Il parla en anglais. Non pas en japonais. Je devrais m'excuser. Je l'ai cru idiot, mais n'avais pas réalisé qu'il ne comprendrait pas forcément la langue que j'utilisais quand je parlais à ma fille. Fort heureusement, je parlais anglais aussi, c'était une base à avoir, à mon sens et il était presque logique qu'un étranger ne parle pas le japonais, l'anglais étant tout de même devenu une langue majeure en nos jours.
Je souris alors à l'homme, surveillant toujours ma douce enfant du coin de l'oeil.

« - Je crois qu'elle s'est entiché de ce cheval. Elle ne va pas vouloir le lâcher tant que l'on ne sera pas rentrés. »

De ma main valide, je tire un peu la veste sur mes épaules et la couverture sur mes jambes. Je n'aimais pas ce genre d'endroits ouverts à tous les vents. J'avais peur qu'Aiko n'attrape froid. Ça aurait été la fin du monde... Si mon ange tombait malade, je ne saurais vraiment pas comment j'arriverai à m'en sortir. Certes il y avait Margaret, mais je ne voulais pas qu'elle s'investisse trop pour nous. Question de fierté. Je ne m'inquiétais même pas de ma santé, je me contentais de protéger mes membres fracturés et transis par le froid de la morsure de ce dernier. Ça en devenait encore plus douloureux. Comme si le froid s'infiltrait dans la fracture et picorait les nerfs. Je n'avais qu'une envie et c'était celle de quitter mes plâtres et atèles et de me plonger dans un bon bain chaud, un chocolat brûlant dans une tasse.
L'homme me parla à nouveau de son cheval, me disant que ce n'était pas un vrai cheval. Je fronçai les sourcils. J'en avais vu des choses bizarres, alors je me disais que peut-être cet animal était un lycan ou quelque chose de ce genre. Mais alors.... pourquoi restait-il dans un centre équestre ? Il devait être de ce genre de créatures indescriptibles, qui ne rentre dans aucune catégorie. Peut-être était-il possédé, peut-êtr... Je cessais mes interrogations intérieures et soufflai dans ma main gelée.

« - Tant qu'il ne fait pas de mal à ma fille... »

Le fait d'énoncer mon enfant me fit sourire et j'enchaînai :

« - N'est-elle pas adorable ? Une vraie princesse ! Non, un ange. »
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 18:21

Le mec est visiblement au stade terminal de la mièvrerie et ne va pas tarder à crever. Il me prend à partie pour que je constate que la chair de sa chair est vraiment trop adorable. Quel mec fait ça sérieux ? Celui qui est visiblement très jeune, en fauteuil roulant, et qui à rien d'autre à s'intéresser dans la vie, finalement. C'est assez triste, si mon analyse est bonne – peut être qu'il est naturellement comme ça. La couverture qu'il a sur les jambes rappelle une petite vieille et lui donne un air assez vulnérable. Pauvre vivant. Ils sont tout fragiles. J'en ai déjà tué au cours de mon existence, je l'ai vu de mes yeux : les humains, ça casse. Il ne faut pas jouer avec trop fort. Il ne faut pas les balancer du haut d'une falaise ou rouler dessus avec une voiture. Peut être que je ne meurs pas, mais je me blesse aussi bien qu'eux et j'ai pu constater que c'est fragile cette affaire là. Au premier pet de travers c'est l'arrêt-cardio respiratoire. Comme si une baisse de la pression sanguine due à une hémorragie c'était une justification suffisante pour que le cœur s'arrête de battre pour toujours. Quelle petite salope feignasse.

Mais là c'est pas le sujet. Visiblement, la seule chose importante dans tout l'univers entier c'est la petite morveuse, qui doit pourtant pas faire grand chose d'intéressant vu son jeune âge. Je l'examine plus attentivement – histoire d'être poli. Ce qui me choque, c'est pas qu'elle est trop trop mignonne de la vie, c'est que je sens qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, un ange plus précisément. Mais il est pas... entier. C'est la petite fille, y a comme un truc qui foire. C'est une sorte d'ange que je ne connais pas, qui ne dégage pas exactement le même aura. Mais ça a l'air d'être aussi un vrai enfant, avec son père, qui lui a autant en rapport avec l'ange qu'avec le lichen. Les êtres issus de la religion font des choses si stupides parfois... comme s'accoupler ? C'est la seule possibilité que je vois, mais je la rejette. Non, les anges n'auraient pas... Je porte les doigts à mon cou pour sentir le petit pendentif en forme de crucifix qui se cache sous des couches de vêtements à la propreté douteuse. Pourquoi je porte encore cette merde déjà ? Ah oui, je suis imparfait – ou parfait, selon le point de vue - je n'arrive pas à jeter ma nature et mes convictions originelles aux orties. J'en garde un petit peu de superstition stupide, comme le fait de porter ce collier ridicule dont j'oublie l'existence les trois quart du temps. J'me mets à faire des trucs irrationnels comme les humains quoi.

- Oui, on dirait vraiment un enfant-ange.

Je réponds ça au gars ben... parce que c'est ça. Mais il doit bien être au courant vu que visiblement il a fait des trucs pas catholiques avec un ange et que ça lui a cassé les jambes ou un truc comme ça. J'sais pas, j'relie les points tu vois, j'essaye de comprendre. Parce que tout cette affaire vire franchement au bizarre. J'ai croisé un ange en forme d'enfant, mais là c'est... différent. Les deux sont étranges en tous cas, ça fait vraiment « petite famille qui se balade et qui fait chier le monde avec joie et innocence », mais si y a de l'angélique là dedans c'est que ça pue forcément la merde. Ces petits salopiots se baladent pas sans raison, surtout un bizarre comme celui là. Faut que j'en sache plus, quitte à parler avec franchise. La coïncidence est trop belle. Je ne peux pas rencontrer des anges-enfants partout comme ça. Peut être des nouvelles. Peut être que le premier sceau bloquant l'Apocalypse va être brisé et on me prévient ? … nan, ça serait trop beau. Je parle à l'humain, parce que je ne me vois pas parler à un ange qui m'arrive au genou.

- Y a des nouvelles de... Je pointe le ciel du doigt, car on ne doit pas prononcer le nom du Seigneur en vain et que je vais pas m'amuser à beugler « Yahvé » devant un ange. Ça serait comme dire « mort aux condés » devant un commissariat. Ça fait longtemps que j'ai pas eu contact avec quelque chose de sacré, comprends bien, mais à mon époque ils étaient plutôt chatouilleux sur ces choses là les croyants.
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 22:14

Je souriais à la remarque qu'il fit sur ma fille, j'étais fier de moi. Ma fille était si sage et si gentille, si mignonne et si belle que même les gens extérieurs à notre famille la trouvaient angélique. Il avait porté sa main à son cou.... peut-être était-il croyant, néanmoins, je ne comprenais pas la raison de cet appel à Dieu. On ne le faisait que pour se protéger du péché, pour demander pardon ou pour appeler sur soi une protection divine... Je fronçai légèrement les sourcils. Peut-être me trouvait-il trop jeune pour être père sans qu'il y ait quelque chose de louche là-dessous. Je regardais ma fille et souris. Elle apaisait mon cœur et ça me suffisait. Ce qui concernait cet inconnu ne me concernait guère après tout. Mon enfant avait peut-être ravivé en lui le souvenir d'un être cher perdu...
Mais ce qui importait, c'est qu'il trouvait ma fille ravissante et très sage. Un enfant-ange...

« - Rien que ça ! J'avoue en être fier.. Elle en a l'innocence et la pureté, les traits ethérés.... Un véritable cadeau du ciel que Dieu m'a fait. »

Il passa sa main machinalement sur son genou. Un cadeau. Une punition, un prétexte, une perche tendue pour m'aider à me remettre sur le droit chemin. Mais Dieu, pourquoi ? Pourquoi avoir continué à me faire souffrir ? J'avais déjà suffisamment de mal à lui offrir une belle vie, la forcer à voir son père dans un fauteuil, cassé de partout, sans mère pour lui offrir l'affection que je ne peux plus lui donner. C'est comme si on vivait dans la même pièce, mais séparés par une immense vitre. Je la vois, je la sens, je peux l'effleurer, mais elle semble si loin. Ma fille adorée.
Je maudis ce foutu fauteuil, je maudis la faiblesse humaine et ses os trop fragiles. Ce corps de brindilles qui se brisent au moindre choc. Poupée de chiffon. J'avais peut-être la chance de ne pas être décédé. Peut-être que ça aurait été une bonne chose, après tout. J'aurais pas la rejoindre Elle. Au ciel, aux côtés de Dieu. Aux côtés de ceux qui ne sont plus. Mais je regarde ma fille et je remercie le ciel d'avoir offert à cette princesse une existence un peu moins minable et médiocre que celle qu'elle aurait eu si j'étais mort ce jour-là.
Puis, il rompit mes pensées de ses mots. Je regardais le ciel pour suivre la direction qu'il indiquait et je souris, le papa gâteau ayant repris le dessus.

« - Des nouvelles ? Si par nouvelles vous entendez le cadeau merveilleux que le ciel m'a offert, eh bien, vous l'avez sous les yeux et elle dévore votre cheval des yeux. Je remercie Dieu pour m'avoir offert la possibilité d'avoir une telle enfant en ma maison. Je prie chaque jour pour l'en remercier. »

Sans doute je répondais à côté de la plaque, sans doute ce n'était pas ça qu'il aurait voulu entendre, mais je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Alors je continuais dans mon délire de père obnubilé par sa gosse. J'aurais pu parler d'elle pendant des heures, sans m'en lasser, mais je me stoppais quand je sentais mon auditoire qui décrochait. J'avais compris que cet homme était croyant, à quel point je ne le savais pas, mais il était croyant, ce sont des choses qui rapprochent, ça.

***

Aiko. Elle s'était éloigné non pas pour rester avec le beau cheval. Elle avait trouvé l'homme bizarre. Elle l'avait regardé d'un air méfiant et se tenait à une bonne distance. Elle avait ce sentiment intérieur, cet instinct qui lui disait que cet homme n'était pas normal. Elle ne savait pas si elle devait s'en méfier ou lui faire confiance, alors elle gardait ses distances. Puis même le cheval. C'est pour ça qu'elle arrête de le tripoter, de le caresser. Ca ressemble à un cheval normal, mais c'est différent. C'est peut-être un monstre ! Peut-être que c'est un ange aussi. Peut-être que ces deux êtres-là sont des enfants de Dieu eux aussi. Enfin... Par enfants de Dieu, elle pensait plus '' création directe ''. Elle avait posé des questions aux bonnes personnes. Elle était jeune, on prenait ça pour de la curiosité. Mais elle se savait anormale, elle se savait être en dehors des chemins tout tracés, ce depuis sa naissance et elle aura beau faire, elle ne pourra pas en rejoindre un tout fait. Elle devra creuser le sien, avec l'aide de Margaret peut-être, si douce et si gentille hybride qui comme elle partage des parents de deux espèces différentes. L'enfant fixait le Chevalier de l'Apocalypse. Cet homme l'intrguait vraiment, son apparence déjà. Sa taille, sa carrure, la couleur de sa peau, les traits de son visage, l'aspect de ses cheveux. Puis son regard. Elle le trouvait bizarre. Peut-être savait-il. Elle craignait qu'il ne lise en elle comme dans un livre ouvert. Elle craignait qu'il ne vienne tout raconter à son père. Il ne fallait pas qu'il sache. Que penserait-il ? Elle aimait son père, mais elle n'aimait pas l'idée qu'il puisse l'idolâtrer comme on adore une icône religieuse. Elle avait peur de ça. Elle avait peur qu'en apprenant de quelle nature était la chair de sa chair il devienne un fervent admirateur et prieur à élever l'image de sa fille comme ils élèverent l'icône du veau d'or à une époque.
Elle s'est levée. Elle a laissé le cheval de côté et elle s'est approché, elle s'est accroché au bras valide de son père, se blotissant contre lui et fixant l'homme à la peau sombre avec un regard qui intimait le silence. Kaede lui, avait simplement sourit et embrassé la tête de sa petite fille.
Pauvre père qui ne se doutait de rien.
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Tu es tout gris, Petit Poney ~  Vide
MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime30.10.12 23:34

Putain le mec comment il me parle ! Il me parle ben... comme une grosse grenouille de bénitier. Je me sens gêné, comme si le langage et le mode de pensée des bourgeoises bigotes du dix neuvième siècle venait de se fracasser la gueule contre un petit jeune du vingt troisième et que les morceaux se mettaient à parler. J'ai toujours trouvé ça gênant de parler à un vrai chrétien. Eux ils sont concernés par le coup de la Salvation et tout ça, du Jugement Dernier, l'était de leur âme immortelle blah blah blah. Moi j'suis plutôt un fonctionnaire du bazar alors ça ne me fait pas rêver. C'est le boulot quoi. J'suis là, je... ben j'existe déjà, j'suis le Cavalier de l'Apocalypse (regarde, rien qu'on dit ça on en a plein la bouche) puis quand j'vomis ben y a une épée qui sort et mon cheval je ne peux pas être dessus en ville parce qu'il fait des merdes trop grosses sur les trottoirs. Voilà. T'en veux du rêve ? Du mythe ? Du sacré ? Ben t'es pas au bon endroit là. 'fin t'imagine la tête que je tire quand il me parle de cadeau du Ciel envoyé tout droit sur lui quoi. Moi tout ce que j'ai jamais reçu provenant du ciel envoyé tout droit sur moi c'est de la merde de pigeon.

Mais au moins, ça m'apprend une chose : le père a pas trop capté que y avait du vraiment angélique là dessous. Certes, il en parle comme si c'était vraiment une production made in sky mais si c'était vraiment le cas, il aurait des trucs un peu plus intéressant à raconter que la fascination qu'elle éprouve pour mon cheval. Je sais pas moi... des miracles, des fléaux, le premier sceau de l'Apocalypse qui se brise, la fin de toute vie sur Terre, je sais pas moi, des trucs comme ça. Nan, là le miracle c'est qu'elle illumine la vie d'un éclopé et qu'elle regarde mon cheval bêtement. La puissance de Dieu est toujours aussi impressionnante. Donc tout cela ne signifie... rien ? De la merde irrationnelle pour me narguer quoi. Encore un peu plus d'amertume dans votre déception monsieur ?
Je sais pas bien quoi répondre à ce croyant moi. Les enfants offerts par le Ciel j'y connais rien, et je comprends pas ce qui se passe ici. Faut mieux pas brusquer un japonais jeune en fauteuil roulant avec une petite fille, c'est un piège à emmerdes. Surtout qu'il est catho. J'ignore avoir trahi mon allégeance en portant ma main à mon cou alors je préfère la jouer méfiant.

- Ah oui prier tous les jours oui... c'est bien. Je suppose qu'il faut que je marque mon approbation. C'est ce que les catholiques sont censés faire après tout. Prier c'est bien, c'est beau, ça donne l'oeil brillant et le poil vif à ton âme immortelle, tout ça... Surtout pour un cadeau du Ciel. Il est tombé comment ? Puis j'avise cette demi aura d'ange que je perçois vaguement et que j'arrive pas à comprendre. Il a pas un peu... trébuché ? Nouvelle option : cet ange – malgré son apparence bizarre – a subit quelques corruptions. Note bien, je suis pas expert là dedans, la corruption d'ange ça m'en touche une sans faire bouger l'autre tellement ça me concerne pas. 'fin si, mais selon pour le dernier combat entre le Bien et le Mal, tout ça. Avant ça, ils peuvent bien venir tous danser tout autour de moi, je m'en moque. J'ai froid aux doigts et y a un humain qui joue au bon catho avec moi, le serviteur de Dieu qui anéantira tous ses semblables, rien à foutre des conneries des autres j'ai assez des miennes à gérer actuellement. Puis je suis moi même trop compromis par ma vie sur Terre pour faire le malin.
La gamine me fixe avec de grands yeux humides de cocker en manque d'héroïne. Et non, je comprends pas ce qu'elle veut de moi. Je comprends même pas pourquoi elle me regarde alors que le cheval est parti... ah ouiiii elle doit me sentir aussi. Mais elle dit rien. Peut être que je lui déplais. 'fin... que ma nature lui déplaît, plutôt. Mais étonnement, son humain ne semble absolument pas perturbé par ma présence, comme si j'étais pas un gros clodo. Ça c'est du vrai catho qui croit à la tolérance fort fort gros comme ça. Ou alors il a pas d'odorat.

- Je savais pas qu'il y avait des japonais catholiques... enfin après les derniers événements c'est logique en fait.
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime31.10.12 11:50

Prier, c'est le salut. C'est dire à Dieu que l'on compte sur lui, c'est lui prouver notre allégeance. C'est le remercier aussi. Le remercier pour tout ce qu'il a fait pour nous et pour tout ce qu'il fera. C'est aussi pouvoir lui demander des faveurs. Comme on ferait à un père un peu sévère. On l'aime, on le lui montre, on le lui rappelle, même si lui est aussi inexpressif qu'un bloc de glace, qu'un mur en béton ou qu'une porte de prison. Mais on lui pardonne. Il est infiniment bon, il nous aime. Il est juste bien trop occupé pour nous le montrer.
Mais par moment, il nous offre des présents, il nous montre un chemin luminescent qui nous guide et nous prouve son amour. C'est lui qui m'a sorti de ma décadence, je me devais de l'en remercier jusqu'à la fin de mes jours. Il a mis la mère de mon enfant sur ma route et m'a détourné du chemin que je prenais et.... pour cela il m'a punit. J'ai corrompu cette jeune fille et elle en est morte, me laissant derrière elle le fruit de mes péchés, mais aussi ma seule opportunité de rédemption.
Dieu est bon et veille sur tout un chacun.

« - Cette enfant m'a été donné par Dieu mais par le biais d'une naissance naturelle. Cependant... sa mère n'a pas survécu. Pauvre enfants, nous étions jeunes. Dieu nous a puni de notre péché en m'enlevant la mère d'Aiko et en me laissant seul l'élever. Par contre.... je ne comprends pas ce que vous vous dire par ''trébuché''. »

Cet homme s'exprimait bizarrement. Je ne sais pas ce qu'il insinuait, mais il parlait de ma fille comme d'une erreur et je n'aimais pas ça. Peut-être avait-il de par lui-même comprit qu'elle était l'enfant du péché, que j'avais réduit la vie d'une enfant à néant pendant sa conception ? Et que ce même néant avait happé la mère de ma princesse pour me punir et me laisser seul avec une enfant à charge. Je regardais Aiko et lui caressais le visage de ma seule main libre. Elle n'aimait pas que l'on parle de sa mère, ça la rendait triste. Elle devait en vouloir à cet homme d'avoir entamé la discussion de ce pan-là, car elle le regardait d'un air fixe. Je l'embrassais à nouveau sur le front et lui souffla à l'oreille d'arrêter de regarder ce monsieur de cette façon-là, ce n'était pas poli. Elle s'écarta d'un coup de moi et fit la moue :

« - Je m'en fiche de pas être polie. Il pue le monsieur. »

« - Aiko ! Je t'ai déjà dit de ne pas dire de telles choses ! Excuse-toi. »

Elle me fixait. Puis, elle regarda l'homme, sourcils froncés. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait, elle si gentille, elle était réticente à rester en compagnie de cet être. Je lui attrapai la main et la poussai gentiment vers l'homme.

« - Excuse-toi, Aiko, s'il te plait. »

« - Pardon monsieur... Mais Papa ! Il est bizarre !»

« - Aiko ! » Je regardai l'homme et inclinai la tête comme je pus. « Veuillez l'excuser, je ne sais pas ce qui lui prend. Elle n'est pas comme ça d'habitude. »

Je repris la main de ma fille et la secouai légèrement, en l'interrogeant du regard. Elle se contenta de regarder l'homme, de faire la moue et de repartir voir le cheval. Décidément, elle ne se comportait pas comme d'habitude... Elle était sans doute triste parce que j'avais parlé de sa mère qu'elle n'avait jamais connu...
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MessageSujet: Re: Tu es tout gris, Petit Poney ~    Tu es tout gris, Petit Poney ~  Icon_minitime03.11.12 15:44

Le mec me raconta sa vie. Rien de très palpitant, une vie d'humain quoi. C'est trop composé de petits drames et de noyades dans un seau de merde pour me fasciner, ça manque d'épique quoi. Dieu est un peu lassé par ses jouets, il envoie l'Apocalypse sur nos gueules et tout le monde applaudit (moi le premier), mais un pauvre mec qui a visiblement plus l'usage de ses jambes et dont le seul bonheur est d'élever son mini-lui ça intéresse personne, c'est sûr. Moi je m'en branle en tous cas. En mille sept cents ans j'ai eu le temps de voir d'assez près l'étendue du désastre. Une vie humaine ne vaut pas grand chose, un rien peut la ruiner – comme des plaquettes de frein qui disparaissent au mauvais moment. A un moment t'as un petit être un peu con mais merveilleusement complexe qui se balade et l'instant d'après il a disparu. A leur place, je deviendrais fou. Leur durée de vie est totalement aléatoire mais ils se baladent comme si leur petite existence ne pouvait pas s'arrêter brutalement pour de la merde. Moi la mortalité ça me rendrait fou. Quoique... ils sont un peu fous aussi, à leur façon. Mais je comprends pas encore très bien tout ça. Il faut mieux que je ferme ma gueule sur le sujet. Ça fait tout peur en plus. Vivre entre zéro et soixante ans sans aucune raison claire ça me fout une trouille terrible. Heureusement que j'suis un cavalier de l'Apocalypse. Okay mon but c'est de la merde mais au moins j'en ai un, y a un sens clair à mon existence. Pauvres vivants. Tu m'étonnes que j'comprends pas quand ils parlent de leurs existences.
En tous cas, ce que je capte c'est que la mère de l'ange bizarre est morte, et que lui il élève tout seul sa gamine en ayant plus de jambes et il trouve encore le moyen de se sentir béni. Et il a pas l'air d'être du tout au courant que la gamine est pas trop humaine, ou pas totalement j'suis pas encore fixé. Du coup ma formulation de question l'intrigue. Pas grave, grâce à mon apparence de mec étranger la réplique coule de source :

- Excusez moi je ne m'exprime pas très bien, l'anglais n'est pas ma langue maternelle. Peu importe, c'était pas important.

Je reste bizarrement poli – j'ai pas trop l'habitude – mais l'histoire du gars j'la trouve triste. Je trouve qu'être un humain c'est pas un sort très souhaitable, dans l'ensemble, surtout quand on perd sa femelle et ses jambes. Y a une pagaille de trucs marrants, mais ça rattrape pas les mauvais cotés.
Là dessus la gamine revient et m'insulte. Elle ne doit pas comprendre ce que je suis, et je tiens pas à le dire devant un fervent catho. Ça pourrait lui faire peur et j'ai pas envie de lui foutre la trouille. Sale gamine va. Vivement qu'elle soit grande et qu'elle se serve enfin de son cerveau au lieu de se comporter comme un petit animal capricieux. 'fin j'ai compris que les enfants humains faisaient ça. Néanmoins c'est le « petit ange » et une parole ou un geste hostile de ma part pourrait être mal perçu, et m'apporter encore des emmerdes ou effrayer l'humain. Puis la gamine a pas tort, en plus. Le problème, c'est que je peux pas dire la vérité.

- Nan mais... c'est vrai que j'ai pas pris de douche depuis un moment.

Là dessus elle repart emmerder mon cheval qui est parti je-sais-pas-où. Faut mieux que j'aille la chercher. Il peut très bien être barré à deux bornes le putain de cheval. Je la suis donc. 'fin je commence à la suivre. Je perds quelques précieuses secondes à faire demi-tour pour aller chercher l'handicapé qui est resté comme un con sur place dans le froid avec le fauteuil roulant. Puis le sol il est pas très régulier quoi, si il pousse ses p'tites roues à la main il va y laisser un biceps. J'peux pas le laisser comme un con devant les box, dans le froid et en plein vent, j's'rais vraiment un enculé. En plus y a des gouttes qui commencent à tomber. Nan, c'est trop pathétique j'dois le pousser. Ce que je fais donc. Et alors qu'on va tourner à l'angle, j'entends des cris. Merde. Merde merde merde. Je pousse le fauteuil plus fort pour voir si la gamine a glissé dans une bouse et s'est égratigné le genou ou quoi. Enfin un truc qui vaut tous ces cris quoi. Le père il va péter une durite, à tous les coups.

Mais c'est pas la gamine en fait, la gamine elle est gentiment derrière la clôture d'un champ et elle regarde les chevaux... en train de vivre. J'dis ça pour rester poli. En fait, ils sont en plein processus de multiplication de chevaux. Ah oui, un palfrenier m'avait dit que ce champ là c'est celui pour les étalons reproducteurs. Y a dû y avoir une conne de jument qui est rentrée ou quoi et...
Ouais euh, attends.

Bon, j'suppose que tu l'as vu venir depuis trois lignes environs, mais moi pas. Même en mille an j'le verrais pas venir, c'est pas possible, c'est trop éloigné de mes réalités pour rentrer dans les éventualités. Ma jument subit visiblement l'appel de la nature. Elle a dû même ouvrir la putain de barrière avec sa saloperie de bouche de traîtresse. Mais pourquoi ? Mais pourquoiiiii ? L'espèce de petite pute de Babylone ! Qu'est ce qui lui prend ? Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi elle participe ? C'est trop horrible je veux pas voir ! Je me cache les yeux derrière une main, mais j'peux pas m'empêcher de connaître l'atroce vérité. Une souillure de plus, encore une lâcheté face à l'assimilation des contingences de la vie. On laisse faire, on est curieux, on s'intéresse et PAF ! On finit avec une humanité flambant neuve. 'fin une chevalité, en l'occurrence, moi j'fais pas les trucs comme ça, j'suis pas encore assez atteint. Et je repense à la jument de Pestilence qui nous avait fait un petit mort-né au quatorzième siècle. C'était triste, ça n'avait aucun sens et c'était cruel. Comme si Dieu nous avait volé une espèce de sucette métaphorique. Trop facile. Putain de merde, je peux pas laisser faire ça.

- STOOOP !

Je grimpe la barrière et je vais séparer ma fidèle acolyte de tous ces gros obsédés en courant et en agitant les bras partout, méthode bien connue des animaux bipèdes de moins de cent kilos pour effrayer les grosses bêtes d'un quintal – quand je te dis que les chevaux sont cons. Mais c'est trop tard, c'est fait. Et il se met à pleuvoir, en plus, comme si Dieu se foutait tellement de ma gueule qu'il avait envie de me pisser dessus. Okay, être un humain c'est pas drôle, mais quand t'es un personnage biblique et que la reproduction sexuée te tombe sur le coin de la gueule, ça fait bizarre aussi. Je fait un câlin à l'encolure de mon cheval – seule partie que j'arrive à entourer de mes bras – et je fourre mon visage contre sa peau, avec la fourrure et tout. L'eau me tombe sur la tête et ça fait froid. Oublié l'humain en fauteuil roulant et sa mioche bizarre. Là j'ai un drame beaucoup plus intime et plus perturbant qu'une gamine de nature inconnue sur les bras. Je murmure un petit psaume en hébreu – ouais comme ça, j'connais des morceaux de Bible en hébreu – parce que je réagis comme pas mal d'humains face à ce qui me dérange : je retourne mentalement à une période où c'était plus simple. Bon, pour les vivants c'est l'enfance, ils se roulent en position fœtale et ils pleurent, des trucs comme ça. Moi j'reviens à la Bible, parce que c'est un peu mon code génétique à moi, la base de tout. Donc, pause prière en hébreu parce que je suis vraiment perturbé :

- "Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et Ton bâton me rassurent..."

Mais non, y a pas de berger quand ta jument découvre le désir d'être mère, y en a pas eu non plus pendant la guerre d'Espagne, y en a pas eu plus quand Dieu a fait un peu de psychologie inversée sur Adam et Eve et que ça a donné le Péché Originel. Tout ça c'est que de la merde dénuée de sens. Du coup j'éprouve aussi le besoin de jurer en espagnol, parce que... voilà. Jurer en espagnol ça me détend, ça me rappelle qu'il y a des problèmes que je peux résoudre par la violence, et ça, ça illumine vachement l'existence. Faut toujours se rappeler qu'il y a la violence, au pire, pour tout arranger.

- Hijos de puta voy a besar todas sus madres.*

Je lâche ma jument et je lui fais signe de me suivre pour sortir hors du champ. Pas spécialement troubler, elle me suit. Je peux pas lui demander des raisons ou quoi, parce que c'est un cheval et que les chevaux ça parle pas. Elle a même pas l'air perturbée, elle a l'air... normale quoi. Comme un cheval qui s'amusait avec ses copains cheval dans un champ et qui maintenant va passer à une autre activité palpitante et merveilleuse comme manger. Comme si c'était... normal. Un mec qui bosse au centre équestre vient me voir :

- Ah j'savais pas qu'il pouvait faire ça votre familier là. Comme un vrai !

- Ben moi non plus.

Le mec me regarde, l'air intrigué, quand je me tire pour m'éloigner de la foule venue assister au spectacle de chevaux qui baisent. Cons d'humains. Ah oui, y a la gamine et le mec en fauteuil roulant qui peut pas le bouger tout seul, ainsi que la pluie qui doit commencer à bien lui tremper la gueule. Je me détourne du cheval qui me considère avec indifférence, dégoûté. Ma compagne d'Apocalypse s'est... s'est pris des bites quoi. Avant nous n'étions qu'un seul individu et maintenant elle fait des trucs que je comprends plus. C'est trop horrible.

Je pousse le gars en fauteuil vers le premier abri au sec qui vient dans mon champ de vision : la sellerie. Mais y a maintenant de la boue et des graviers et c'est plus une charge que peut pousser une gamine de cinq ans. Le mec il s'est... embourbé. J'évite de lui dire parce qu'il pourrait mal le vivre, c'est un peu humiliant quand même, 'fin de mon point de vue.
Je pousse le bordel en fermant ma gueule. J'suis trop dégoûté pour me soucier de ces conneries là de toute façon, puis j'ai bien besoin de me changer les idées avec un spectacle d'humains en train de vivre. Qu'est ce qu'ils pourraient comprendre à ce qui vient de se passer ? Ça n'aurait pas de sens pour eux, comme leur comportement n'a pas de sens pour moi, parfois. Ils doivent pas être choqués, ils font ça tout le temps. P'tète même qu'ils trouvent ça marrant. Moi j'me sens bouleversé et j'aurais du mal à expliquer pourquoi. Comme il a plu et que j'ai couru vers mon cheval en panique, ma première cigarette est tombée en gadoue et une fois rendu à la sellerie avec l'Homme de Fer je m'en allume une autre. J'ai vraiment besoin d'une sèche là, et puis d'un café bien chaud parce que j'ai froid. J'ai froid dans ma tête. Du coup j'ai envie de parler.

- Désolé j'vous ai poussé d'autorité là dedans mais j'avais peur que vous rouil... tombiez malade et... oh merde j'voulais pas dire ça.

Et en plus, je raconte n'importe quoi.

* Ouais alors j'ai fait allemand LV2, donc pour cette phrase j'ai dû demander à quelqu'un de m'aider. Mais du coup j'suis pas sûr qu'il y ait pas de faute, vu que je comprends même pas ce que j'ai écris là. Si ça se trouve c'est « fils de pute j'vais baiser toutes vos mères » et j'suis même pas au courant. Ça serait terrible ça.
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