CHIMÈRE

Sujet: CHIMÈRE 02.09.15 11:53

« A genoux! »

Je m’exécute et ne peux que contempler les bassesses de cette humanité.
Des hommes qui se gratifient à base de cigares et une fumée ambiante qui ne fait qu’éclaircir la situation.
Tout s’embrume, mon esprit aussi et dans cet amas de faux semblants subsiste ce personnage.

Contrairement aux autres vautours, il est là devant moi dans ce brouhaha.
S’installe une discussion entre nous.
Une discussion indicible qui ne passe pas par le langage, si la parole passe souvent par la bouche et par la gorge, c’est pour mieux s’y étrangler.
Une discussion qui n’a pas lieu d’être.

C’est néanmoins dans cet environnement nuisible, qu’il tente une approche.
Un dialogue de sourd s’engage entre nous, un dialogue où seuls les signes comptent.

A quoi bon, prétendre ne pas savoir. Je suis conscient de ce qui se trame et ce n’est pas cette arme sur ma tempe qui va me faire changer d’avis. Les corps autour de moi ne font que confirmer mes craintes.

Moi je ne veux pas disparaître, s’ils me font disparaître, Amy ne laisserait pas ça passer, en fait ça serait dangereux pour beaucoup de personnes si je venais à disparaître.

Peut être que plus tard j’en souffrirai, mais je dois affronter de front la situation.
Pourrai-je combattre cette chimère seul ? Tant bien même, je n’ai pas de pégase pour m’en sortir. Je ne suis pas aussi crédule que Bellérophon qui précipita sa chute en se croyant capable d’atteindre l’Olympe.
Ma chimère est une allégorie humaine et tel cet humain à la peau mate et aux cheveux noirs, l’incertitude règne.

L’arme se fait plus pressente sur ma tempe, l’impatience de l’animal avec une arme à atteint sa limite. Non pas qu’il est peur de la situation non, c’est de l’excitation qu’il ressent. Je le comprends, rien de plus jouissif d’avoir autant de pouvoir dans sa paume, mais ce qu’il l’effraie est qu’il vient de prendre conscience que la suite des événements ne dépends que de lui.
Dans ses égouts, je suis le seul vivant, peut être que mon sauveur l’est aussi.

« Ça suffit »

L’homme avec l’arme grogna de frustration et pour signifier son mécontentement, me poussa la tête dans l’eau peu claire.
Il s’écarta de moi en rigolant pour rejoindre ses compères.
Une fumée de cigare se fit plus présente près de moi, l’homme se mit à ma hauteur et souffla sa fumée sur mon visage.

Ça ne peut être une coïncidence.

Sujet: Re: CHIMÈRE 06.02.16 1:21

Tu portes ton manteau de nuit. Cuir froid et métal solide. Des directives aboyées à ton oreille, les mêmes qu'aux autres. Vous êtes un escadron glacial au milieu de l'humidité sale. Tes gestes sont mécaniques et professionnels.

Une mission risquée quoi que simple. Une mission sans complications. On te l'avait dit. Tu n'as pas à douter.

Les cibles se sont rebellées. Comme cela arrive souvent. Alors vous ouvrez le feu, car ce sont les ordres. Des ordres que tu répugnes à suivre. Dans ces instants, feindre la loyauté est difficile. Mais tu arrives à berner le monde depuis si longtemps qu'aux yeux de tes partenaires, aux yeux de tes supérieurs, de tes anciens instructeurs, tu es un de leurs plus fidèles soldats. De leurs plus fidèles chiens de garde.

Tu tentes de neutraliser les moins récalcitrants, mais ceux-là sont trop peu. Pour les autres, ceux qui chargent, ceux qui tentent de s'enfuir, les lames plasma s'enfoncent dans les chairs et les projectiles traversent des os.

L'odeur est maladive. Tu te surprends à laisser ton esprit vagabonder vers le désert et des pays trop loin d'ici.

Tes compagnons de mission ne sont pas les mêmes que d'habitude. Vous n'êtes que deux F.S.R. au milieu d'une escouade bruyante et vulgaire. Tu n'as jamais apprécié ces coopérations avec ces autres groupes. La discretion est rarement leur fort et ils se relâchent bien trop rapidement.

Tu as l'impression d'un travail sale et bâclé.

Les corps gisent. Certains se sont lancés à la poursuite des fuyards. D'autres rassemblent et identifient les cadavres. Les derniers menacent les rares survivants du chaos.

L'un d'eux a un regard plus perçant que les autres. Remplis de paroles muettes.

Tu restes à distance, dans les ombres. Incapable de participer aux conversations bien trop légères et aux plaisanteries qui n'ont pas leur place ici. Ton supérieur a besoin d'un rapport. Cela te donne une bonne excuse pour ne pas te mêler aux autres.

On te réprimande. Ton rôle devait être de garder les victimes à un minimum, criminels ou non. Tu ne pensais pas que tes collègues d'un soir seraient aussi prompts à lancer un assaut.

Mais tu entends le bruit si familier d'une arme que l'on met en joue et tu décides qu'il y a eu assez de pertes pour cete nuit.

《 Ça suffit. 》

L'homme se redresse et te jauge d'un regard sombre. L'arme est baissée et il s'éloigne sans un mot. Toi et ton camarade des Forces Spéciales êtes l'équation manquante. L'anomalie dans leur petit groupe d'intervention à eux. On leur a demandé de vous ecouter. Ils ne vous aiment pas.

Tu t'en fiche.

A tes pieds, il y a ce regard si particulier, à moitié masqué par des mèches de cheveux trop clairs, gorgés d'eau trop sombre. Tu le scrute un instant, d'un regard curieux. Interrogateur. Las. Tu te penche vers lui. Il ne fait pas parti de cette histoire, de cet endroit.

Quant bien même, un total innocent n'aurait rien à faire ici.

D'un geste analytique et precis, d'une main sûre et habituée, tu entreprends de le fouiller. Il a comprit sa situation. Il a comprit qu'il ferait mieux de ne rien tenter.

Pas d'armes. Un appareil photo. Des papiers d'identité. Tu gardes le premier et jettes un coup d'oeil au second. Ton cerveau enregistre un nom. Dans ton dos, ton camarade t'informe qu'il part rejoindre ceux partit devant. Tu acquiesces machinalement, avant d'ordonner à ceux restant d'évacuer les corps vers la sortie. L'animosité est palpable. Tu n'y prends garde.

A la place, tu offres une main dénuée de ta chaleur habituelle à l'homme a terre, laissant pour l'instant en suspension des questions trop matérielles.

Sujet: Re: CHIMÈRE 05.03.16 18:35

Un goût cendré dans ma bouche, une odeur ancrée dans mes narines, des carcasses de corps fixées dans mes yeux.
La fiction s’arrête ici, dans des eaux troubles mêlées aux blocs de chairs entassés.

Mon reflet n’est plus aussi fiable et je ne le suis plus vraiment aussi.
Tout est beaucoup trop sombre autour de moi.
Ses soldats d’aciers ne sont plus aussi nombreux.

C’est avec le souffle saccadé que je tente de me ressaisir. Ce flot de violence n’était pas prévu, je devais seulement rester témoin de l’action des FSR, mais en aucun cas en faire partie.
J’avais reçu l’info la veille, cette usine de Naniwa qui traite les déchets toxiques rejetait la majorité des produits trop « encombrants » vers les bidonvilles. Je devais être le facteur témoin.
Pour ce qui est de ma présence ici, c’est un concours de circonstances.

Le bruit des os a remplacé celui du brouhaha. Je ne serai dire lequel est le plus agréable.
Je n’ai plus mon appareil photo pour figer tout ce qui se déroule, mais je m’en souviendrai.
Je me souviendrai de cette main tendue dans l’obscurité attenante.
L’homme semble diriger l’opération, le spécimen présent plus tôt sous le joug de la hiérarchie à juger bon d’obéir et de s’éloigner.
Je ne serai qu’apprécier l’ordre donné par l’étranger.

Plus que la douleur lancinante de mon épaule qui justifie ma plainte, l’homme prit mes papiers d’identité succinctement, il cherchait à savoir qui je suis, mon nom et prénom vont certainement clore ce premier contact.
N’ayant pas d’armes, la suite de cette fiction ne devrait pas s’éterniser, pourtant il s’empara de mon arme,
la seule arme dans mon monde. Cette arme est certainement la plus violente à ce jour, il ne sait pas l’utiliser.
Il ne sait pas à quel point elle peut faire souffrir.
Ce n’est pas quelque chose qu’on à du lui enseigner.

« Tu pourras y trouver des femmes, des enfants, des gens qui te ressemblent et qui subissent des choses qu’ils n’ont pas choisi. »

Il me jauge maintenant ; peut être que ma réaction était trop hâtive, peut-être que j’en attends trop de lui ;
peut-être qu’il est comme les autres, un animal apeuré.

Le froid nous saisit sans prévenir, on ressent le froid, mieux on le subit.
L’homme est toujours à mes côtés, de toute sa prestance qui lui sied à merveille.

« Ils sont là, mais ne l’ont pas désiré, peut-être comme toi et moi. »

C’est ma dernière tentative.

Cet homme là, était piégé dans ce temps malgré lui, piégé avec moi.

Sujet: Re: CHIMÈRE