La jeune femme regardait la porte s'ouvrir, voyant se profiler au travers de cette porte une silhouette d'un homme portant un long manteau. Il était dans le contraste de la lumière, son visage ombragé par celle-ci. Elle n'arrivait qu'à peine discerner les traits de ce qui semblait être un homme, aux premiers abords. Se redressant légèrement, elle croisa les bras contre sa poitrine comme pour se protéger. Une de ses mains remonta vers son col roulé, tirant celui-ci vers le haut de son cou.
L'homme s'était rapproché, s'avançant avec un certain charisme vers elle qui eut son effet : son cœur fit un léger bond. Elle ne savait pas si c'était parce qu'il semblait beau ou si elle s'inquiétait de savoir ce qu'il lui voulait. Mais il s'était brusquement arrêté. Quelque chose avait eu l'air de le surprendre... avait-elle l'air si laide que cela ?
Lui paraissait jeune et avait quelque chose du beau ténébreux brun dont toutes ces jeunes filles raffolaient et qu'elles rêvaient de croquer l'un après l'autre. Elle... elle avait son vécu marqué sur son visage. Bien qu'elle soit devenue immortel, elle ne l'était devenue qu'à ses trente ans. Certes, elle n'avait aucune ride apparente et faisait encore jeune. Mais une certaine maturité se lisait sur tout son visage, comme si les cicatrices qu'elle avait reçu au cœur s'exprimaient par une beauté d'antan.
Ses grands yeux verts, à la particularité d'être encerclé de traits bruns, s'ouvrirent en grand lorsqu'il s'approcha à nouveau. Il semblait être des plus intéressés par elle, tandis qu'il ouvrit la bouche lui demandant ce qu'elle faisait ici. Il s'excusa, se présentant, lui demandant de faire de même. Qu'avait-elle à perdre de répondre à ses questions, de toute manière.

Elle jeta un coup d'œil vers le banc, sur lequel reposait son sac. En dessous de celui-ci était rangé posé le sabre que lui avait offert Daïki... si cet homme était affublé de mauvaises attention, il saurait très vite à quoi il avait à faire en s'en prenant à elle. Bien qu'elle ne savait pas véritablement ce qu'elle était elle-même.

- Raphaëlle Balanario, répondit-elle finalement, de sa voix douce tandis que ses yeux se plongeaient dans ceux de l'être face à lui.

Elle ne répondit pas tout de suite à son autre question, le laissant approcher. Il semblait avoir un air très... envieux. Elle ne saisissait pas parfaitement les sentiments qui se dégageaient de son visage, remarquant bien qu'elle était le centre de toutes ses intentions.
C'est la peur qui la gagna en soi. Quel peur, vous demanderiez-vous ? La peur de devoir user de la force pour se défendre si cet homme était mal intentionné. Elle craignait sa puissance et sa force. Elle craignait de tuer. La seule idée la répugnait d'elle-même. Elle se considérait comme une abomination de la nature. Un être qui n'aurait jamais dû voir le jour... ne voulant plus que l'homme s'approche, elle fit apparaître ses ailes et les déploya dans un geste brusque. Le métal de celles-ci tintèrent lors du déploiement... des ailes gigantesques, plus grandes que celles des autres de sa race. Bien qu'elle ne le savait pas. Comme par réflexe, elle avait fait cela pour l'effrayer et l'empêcher d'avancer encore.Elle lança avec une froideur soudaine :

- Si cet endroit est votre demeure ou que sais-je, je m'en excuse. Je ne cherchais qu'un endroit où me reposer pour la nuit... il fait froid en ce moment. Néanmoins... je peux partir si vous le désirez. Par contre, si vous désirez vous attaquer à moi pour je ne sais quelles raisons, je préfère vous prévenir tout de suite que je ne me laisserai pas faire. J'aimerai éviter toute effusion de sang...

Ces derniers mots furent prononcés moins froidement, comme si elle tenait fermement à cela. Ils avaient été presque triste, comme si l'on pouvait sentir une certaine crainte de ce liquide rouge de sa part.
Son regard avait pris une autre forme, plus assurée, comme si elle savait qu'elle saurait vaincre le mal qui essayerait de l'atteindre, alors que dans le fond elle avait peur. Mais l'une des premières choses qu'elle avait apprise lorsqu'elle pouvait se retrouver en situation de faiblesse, c'était de montrer qu'elle était sûre de sa propre puissance. En règle générale, ça intimidait ses adversaires ou alors... leur donnait envie de se battre encore plus.
Elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'elle puisse être d'une beauté si... envoûtante, pensant que le vampire avait une autre intention envers elle. Elle avait vu ce regard étrange sur elle, comme si elle venait d'ailleurs. Comme si elle avait un truc bizarre sur le visage... elle ne se trouvait pas belle. Pourquoi ? Parce qu'elle était une guerrière. Les guerrières n'ont que faire d'être belle.

Il avait murmuré quelque chose d'inaudible, qu'elle ne réussit pas à entendre. A priori, face à ses ailes de métal, il ne semblait pas terrifier mais plutôt fasciné. Elle-même en avait peur, pourquoi pas lui ? Elle ne comprenait pas vraiment. Et elle aurait aimé comprendre.
AInsi, ses grandes ailes déployées au sein de l'église, elle formait une croix déformée, baignée dans la lumière de la lune. Son regard continuait de fixer inlassablement le jeune homme, qui se tenait accroupi à quelques mètres d'elle.
Ses ailes se replièrent sur elle-même, montrant qu'elle accordait le bénéfice du doute à son interlocuteur. Leurs yeux verts plongés l'un dans l'autre semblait être le reflet de l'autre... de magnifiques émeraudes. Bien que les siens aient été salies par le temps, gardant cette lueur que peu de personne identifiait comme une certaine tristesse. Il semblait aussi avoir quelque chose dans le regard. Quelque chose qu'elle ne discernait pas. Pas encore.
Douée d'une forte empathie, elle comprenait assez aisément les gens autours d'elle. Elle n'était pas quelqu'un de rancunière, appréciant la vengeance ou autre. La vengeance était un domaine dans lequel elle n'excellait pas... la seule vengeance qu'elle avait faite avait tuée des gens innocent. Une vengeance presque naturelle, faisant ressortir tout le mal qui se trouvait dans son cœur et qui dormait profondément.

Il certifia que ce n'était pas sa demeure, ponctuant sa phrase par un " jolie demoiselle " qui lui fit ouvrir les yeux un peu plus grand. Elle écouta la suite de ses mots, qui semblait se rapprocher plus de la justification et de l'invitation qu'autre chose. Avoir sa mort sur la conscience...
Elle s'approcha lentement, contournant le banc de bois pour arriver en quelques pas près du midian. Elle s'accroupit à son tour, tandis que ses ailes disparurent. Elle se retrouvait à une trentaine de centimètre de lui, à sa hauteur et le regard dans le sien. Elle semblait sceptique face à une telle proposition et cherchait ce qui pouvait le pousser à cela.

* Ma mort sur sa conscience... * pensa-t-elle intérieurement.

Est-ce que des gens dénués de toute mauvaise attention existaient encore ? Cet homme avait-il autre chose en tête que de lui offrir un toit convenable sous la tête. Certains se seraient extasiés, il était évident et aurait sûrement accepté. Elle était pauvre, n'avait pas d'habit, pas de quoi manger. Elle avait les traits épuisés par la faim et la fatigue. Ses habits n'étaient pas propres, et de surcroît, était abîmés par endroit. Surtout son jeans qui n'avait plus sa couleur fraîche et bleue

- Invitez-vous toujours des demoiselles à venir dans votre manoir lorsque vous les rencontrez pour la première fois ? demanda-t-elle avec humour, un léger sourire s'étirant sur ses lèvres, éclaircissant son visage.

Malgré la situation et tous les problèmes qu'elle avait, elle ne s'empêchait jamais de faire un peu d'ironie. Sauf si les circonstances étaient vraiment dangereuses. Il semblait qu'Aaron ne lui désirait pas de mal. Il s'était direct rétracté à la vue de ses ailes, non par peur, mais plutôt par respect. Aussi, des questions émergeaient au sein de son esprit... il semblait savoir ce qu'elle était. Peut-être serait-il bon de le suivre... peut-être pas.

- Plus qu'un toit, je désirais manger quelque chose de chaud. Et entretenir une conversation avec vous... vous semblez savoir quelque chose sur moi que je ne sais pas. Du moins, à votre air fasciné. Me trompe ?

Elle se redressa du haut de son mètre septante-cinq, tendant sa main fine vers le vampire pour l'inciter à se lever. Elle allait lui faire confiance pour le moment, à lui gérer la suite de la situation pour qu'elle lui fasse complètement confiance et qu'elle puisse vraiment l'apprécier. Chose qui pouvait parfois se révéler difficile.

Le vampire avait compris sa pointe d'humour et n'avait pas mal pris la chose. Heureusement, elle ne désirait pas le vexer. Il n'avait rien fait pour mériter une quelconque méchanceté. Du moins, de sa part. Et ce n'était pas vraiment un trait de son caractère. Voir pas du tout. Elle pouvait se révéler froide et distante, mais jamais elle ne saurait exprimer la méchanceté pure. Elle était ainsi faite... certains ne font que redoubler face à la cruauté des autres. Elle, elle l'avait tarie et l'avait laissée disparaître au fur et à mesure, préférant de loin devenir quelqu'un de gentille.
Il avait répondu à sa première question, mettant à son tour une pointe d'ironie qui lui arracha un sourire amusé, qui dégageait naturellement sa beauté et ce charme que peut de personne savait expliquer. Bien qu'elle-même ne se trouvait pas des plus... avantagée par la nature. Enfin, sur ce point-là, elle restait une femme.

- dix-huit sur vingt, peut mieux faire, lança-t-elle de nouveau avec humour.

Il avait saisi sa main, mais ne l'avait pas lâchée. C'est vrai qu'il ne faisait pas des plus chauds... aussi, se laissa-t-elle faire pour qu'il la guide dans son manoir. Il semblait fermement décidé à lui offrir un toit. Cette compassion qu'il avait développé pour elle lui arracha un sourire alors qu'il lui devait tourné le dos, se saisissant des affaires de la clover. Il avait éclaté de rire, car l'idée en soi aurait été un problème mais il avait l'air d'y tenir. Bien sûr, il y avait juste un seul problème et le montra à cet instant, attrapant le sabre japonais qu'il tenait à cet instant. Elle le reprit de sa main, sans geste vraiment brusque. Elle le saisit de sa main libre et s'excusa d'une voix légèrement triste.

- Désolée si ma réaction peut vous surprendre... c'est plus qu'une arme pour moi. Allons-y.