Certains viennent au cimetière pour y trouver le plaisir des frissons. D'autres pour se reposer sur la tombe d'un être cher... d'autres sortaient de celui-ci, renaissant et prenant une nouvelle vie : les vampires. Je n'étais aucun de ces trois. Je ne trouvais pas de plaisir à me promener dans les endroits lugubres, étant plutôt du genre à être moi-même lugubre par moment. Des êtres chers ? Je n'avais personne à aimer ou pleurer. Du moins, aussi loin que ma mémoire me permettait de me souvenir. Je n'avais aucune attache et n'aimait personne, si ce n'est moi-même. Je me suffisais amplement. Quant à la troisième éventualité... non, j'étais à moitié-mort si on pouvait dire cela ainsi.
Pourquoi étais-je ici ? Pour des raisons purement personnelles. Il existait un gamin qui m'avait sauvé la vie et dont personne ne connaissait l'existence d'après mes nombreuses recherches. Un gamin à qui j'avais piqué le nom et à qui j'avais décidé d'offrir néanmoins une sorte de vie... ou de vécu. Aussi, après bon nombres de papiers et accords signés, j'eus le droit d'enterrer une personne qui n'avait jamais existé dans des registres. Mais après avoir sauté deux-trois femmes, celles-ci avaient elles-même su se faire convaincante pour m'obtenir mes autorisations.
Aussi, avais-je décidé de venir à ce pseudo enterrement. J'avais pris tout ce qu'il y avait de plus chers, ayant les moyens et pouvant amplement me permettre ces folies pour une personne que je ne connaissais à peine. Pourtant, cette personne avait une valeur sentimentale au fond de mon cœur. Courage à celui qui voulait me faire avouer ces quelques mots.

Aussi, je me retrouvais seul devant un magnifique cercueil en chêne, finement ciselé. On pouvait voir sur le bois de la porte supérieure un ange gravé, dessiné par l'un des meilleurs graveur du coin. Avant qu'ils se mirent à ensevelir le tout de terre, je jeta une rose blanche. Mes yeux noirs fixaient avec indifférence la fleur se faire enterrer... tu retournes à la terre, l'Insecte. Je n'avais jamais compris pourquoi ce surnom. Peut-être parce qu'il était petit... d'accord, mais il possédait des ressources incroyables, ce gamin. Enfin bon, je me torturais depuis presque cent ans avec toutes ces questions. C'était ma façon de l'enterrer définitivement, sachant quelque part qu'il ne devait plus vivre. Enfoirés de scientifique... enfoirés d'humains.
Suite à cela, une espèce de machine qui faisait penser à une grue vint déposer une espèce de monument d'un mètre de haut sous la terre fraîchement retournée. Sur celle-ci se trouvait une petite statue représentait elle-aussi un ange. Un bambin avec des ailes dans le dos. Et sur une plaquette en or se trouvait le nom de Tristan Levian . Juste en dessous était écrit... celui qui sauvera votre vie. Même si il était mort, sa pensée m'avait sauvée.
Je resta là, pensif, me remémorant ces quelques années passées où j'avais massacré ouvertement tous les scientifiques dont j'avais eu le nom. J'avais pris un plaisir fou à détruire tout ce qu'il avait de cher et pourtant... je ne cessais de sentir cette haine au fond de moi, comme si elle était intarissable. Mon cœur criait et désirait la vengeance plus que tout. Je voulais tous les tuer. Je voulais... leur montrer que le bonheur n'existait pas en ce bas monde et que rien, ni personne, ne saurait m'arrêter pour les anéantir.

Aussi, lorsque la grue eut finit son travail et que je pus enfin être tranquille, je posa mon postérieur sur un rebord du monument, remontant le pantalon de mon costard pour que les talons ne touchent pas la terre. Je fouilla dans la poche intérieure du veston, sortant un paquet de cigarette. Je tapa sur le cul de celui-ci pour faire sortir deux-trois clopes, saisissant une et l'allumant à l'aide d'un briquet que j'avais aussi sorti. J'inspirais une profonde bouffée, sentant les effets nocifs du tabac me faire un bien fou.
Il était bientôt vingt heure. La douce chaleur de l'automne venait de disparaître pour laisser un certain froid se profiler dans les environs... je sentais mes doigts ainsi que mon visage se refroidir, me donnant la sensation qu'ils se raidissaient. Ce qui était un peu le cas... je sentais ma peau pâle se faire dévorer par ce froid... tsss. Vivement le printemps, je préférais de loin un peu de chaleur dans ce genre de circonstances.
J'écrasais ma cigarette sur le monument, manquant ouvertement de respect à celui que je prétendais respecter. Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien vous foutre ? Il y a personne. C'est purement symbolique et je ne crois pas au symbolique...
Je me levais, enfilant mes mains dans les poches de mon pantalon. Ma démarche était simple, débarrassée de toutes futilités de noblesses et autre connerie du genre. Je n'étais pas noble. J'étais ce qu'il y avait de plus macho. Même si on pouvait mélanger ces deux types de personnages, je n'avais rien de royal et je m'en foutais... royalement.

Mes pas s'arrêtèrent lorsque je sentis une présence s'approcher de moi. Qui venait donc me pourrir ma soirée sentimentale ? Je repris mes pas, décidant de ne pas m'arrêter même si on m'interpellait... je n'avais pas vraiment la fibre orale ce soir.

Lorsque je vis le mégot rouler à mes pieds, je savais que quelqu'un viendrait me faire causette. Mes yeux suivirent ce qui restait de ma cigarette... je l'écrasais du pied, sans détacher mon retard de l'horizon qui se trouvait face à moi, continuant de fixer mon point. Ou plutôt, mon but : la sortie du cimetière. Autant le dire immédiatement, je sentais de plus en plus proche cette présence. Je n'avais pas des sens hypra-développés comme mes comparses lycans. Au contraire, j'étais même plutôt nul de ce côté, ne bénéficiant que d'une forte frénésie ainsi que de la transformation et d'une force hors norme. Or, je pensais que celle-ci n'avait rien à voir avec ce que j'étais de base.
Aussi je repris ma marche, comme prévue, me disant que cette personne éviterait probablement de venir me titiller de ses questions. Un sourire narquois s'étira néanmoins sur mes lèvres... et si c'était une femme qui venait me draguer ? Ne serait-ce pas là la situation la plus ironique qui puisse exister à cet instant ? Me faire draguer dans un endroit aussi morbide. Je me retins presque de rire, me secouant la tête, faisant virevolter ma chevelure jais, continuant de marcher. Je distinguais maintenant mes pas et celle de la personne qui me suivait. Je la sentais se rapprocher petit à petit et tandis que ma main se levait pour attraper la poignée du portail, elle m'interpella, me posant une question.

Je m'étais stoppé, regardant les barreaux métalliques et noirs que je m'apprêtais à ouvrir, ma main appuyée sur la poignée, prête à l'ouvrir pour m'en aller. Tout se jouait à cet instant... je n'avais pas envie d'être arrosé de questions et d'être gonflé par ce qui semblait être une demoiselle. Je savais que si je me retournais, j'y porterai probablement de l'intérêt. Il valait donc mieux, tout du moins pour le moment, prendre la décision intérieurement.
Dans le fond, je savais que cette conversation finirait sûrement sucette et à coup de débâcle complètement futiles et pas amusantes du tout. Néanmoins, si elle était jolie et qu'elle finissait dans mon plumard, ce n'était pas une mauvaise option. Pour cela, il fallait probablement être habile... et je n'avais pas vraiment envie de me taper toute l'empathie de la personne qui pouvait se tenir derrière moi. Je m'en foutais un peu. Allais-je la jouer finement ou grossièrement ? Peut-être que l'ignorer simplement aurait été des plus simples.
Finalement, je tourna légèrement la tête pour jauger ce qui se tenait derrière moi, posant mon regard qui donnait cette impression de venir du néant sur la jeune femme. A la vue de ses grandes ailes de corbeau, je compris tout de suite qu'il ne s'agissait pas d'une humaine. Je fis volteface doucement, m'appuyant contre le pilier en pierre qui aidait à maintenir la porte, dévisageant sans gêne la personne qui se tenait là. Je croisa les bras, descendant mon regard vers les jambes, remontant le long pour observer ses hanches... pourrais-je me permettre de lui dire de se retourner pour voir son cul ? Peut-être pas. Elle le prendrait mal. J'observais cet étrange corset qui comprimait sa poitrine. Hum... un coup dégagé, qui aurait pu parfaitement s'offrir à mes canines. Un visage presque angélique, aux grands yeux. Évidemment, elle était belle mais pas purement ange. Elle puait le vampire. J'en avais tellement tué que je les reconnaissais sans peine, sang-mêlés ou pas. Je fixa ses yeux, gardant un regard presque indifférent et me remémorant sa question.

Question bébête un peu, non ? Et en soi, totalement impoli. Aucune présentation n'avait été faite. Je n'aimais pas ses manières... cela faisait démarrer la conversation très mal. J'aurais bien aimé placé un nom sur ce visage si... angélique. Je soupirais profondément, fermant les yeux et me redressa de tout mon long, mon imposante carrure me donnait l'impression d'avoir une brindille d'herbe face à moi.

- Eh bien, en voilà des manières. Vous arrive-t-il par moment de vous présenter avant de débuter une conversation avec quelqu'un que vous n'avez jamais croisé, ni d'Eve, ni d'Adam ? lui demandais-je à mon tour d'un ton réprimandent son comportement.

En soi, vu sa première manière d'agir, je me doutais qu'elle s'en fichait un peu de tout ce que j'allais lui dire. De plus, je n'étais pas vraiment le genre de personnes qui réprimandait pour un rien. C'était juste une façon de montrer qu'elle se frottait à quelqu'un de particulier. Parce que oui, je me trouvais particulier. Et oui, je me trouvais aussi narcissique. Néanmoins, je restais aussi parfois poli et courtois... à vrai dire, je pouvais être tout. N'étais-je pas le parfait caméléon humain au niveau des sentiments ? Mon empathie n'était pas là pour faire beau. Aussi me décidais-je à lui répondre.

- Mon ami ne se trouve pas là. Il est peut-être encore en vie... néanmoins, j'ai décidé de l'enterrer et de me défaire du passé. C'est une manière symbolique de représenter la chose. La cigarette éteinte sur sa tombe, c'est simplement pour dire que c'est fini.

Et c'était vrai, je m'étais amplement vengé et je continuerai si je pouvais trouver le reste des personnes responsables de notre captivité. A moi, à l'Insecte, ainsi qu'à tout leurs cobayes.

La jeune femme avait haussé un sourcil interrogateur face à ma petite tirade. Un sourire narquois s'était étiré... je remarquais aussi qu'elle tentait de m'identifier. Comment ? Ce n'était pas dur, sa façon de me regarder et ses narines avaient eu de légers mouvements. L'empathie, le don d'observation... la déduction. Tout cela me permettait aisément de savoir ce que pensait une personne forcément avoir de dons psychiques. Du moins, si la personne se laissait assez ouvrir. Mais à priori, cette jeune femme ne semblait pas véritablement se cacher. Au contraire, elle se lisait ouvertement, presque avec simplicité.
Lorsque j'eus donné mes explications, elle eut un doublement haussement de sourcil qui m'arracha, je devais l'avouer, un sourire amusé. Il me sembla même distingué une espèce de sourire neutre, comme si elle me disait qu'elle comprenait mes intentions. Quoi de plus naturel ? C'était la base humaine... je n'étais pas si dénoué de sentiments, dans le fond. Enfin, presque pas.

Elle brisa encore un peu la distance qui nous séparait, me tendant une main tout en se présentant. Mes yeux se posèrent sur cette main fine qui n'attendait que d'être serrée par la mienne. A mon tour, un de mes sourcils se leva, comme soulever une question. Et pis quoi, encore ? J'ignorais sans gêne la main, reposant mes yeux au fond de ceux de la jeune femme. Par déduction, je savais qu'elle me retournerait que mes manières n'étaient pas des plus bonnes, non plus. Du moins, si elle était un tantinet fier et provocatrice. Et quelque part, je me doutais qu'elle puisse être ainsi. Je verrais. Ou pas.

- Enchanté, mademoiselle Aorgal, lançais-je néanmoins d'un ton qui ne donnait pas vraiment l'impression d'être vraiment enchanté.

Cerains m'auraient dit que j'étais dur avec elle. Mais à vrai dire, je ne l'avais pas abordée. Et par malchance, ou chance, à elle de voir, je ne m'intéressais que rarement aux personnes qui faisaient le premier pas. Pourquoi... ? Parce que j'étais d'une nature dominante, ne me laissant que rarement faire. Tant que je n'aurais pas le plein contrôle de la situation, je ne trouverai véritablement aucun intérêt à développer un temps soit peu de conversations avec elle. Aussi, je me retournais, me préparant à partir... ah, mais quel goujat je faisais. Je me retournais à nouveau et lança de la même voix qu'avant :

- Croyez le ou non, je m'appelle Tristan Levian.

Je savais qu'elle avait lu le nom sur la tombe, ainsi que l'inscription qui allait avec. Si elle m'avait vu écraser mon mégot de cigarette sur la tombe, il ne faisait aucun doute qu'elle m'observait depuis un moment. Alors elle savait qui était enterré dans la pseudo tombe.
Un nom emprunté en attendant de retrouver le mien... si je pouvais le retrouver un jour. Pour le moment, je me faisais un honneur de le porter et l'affichant sans gêne. Si je pouvais me faire connaître grâce à celui-ci, je ne dirais pas non. Ainsi, ce serait une espèce d'hommage... et probablement que les scientifiques que je recherchais viendraient me chercher d'eux-mêmes. Cela serait marrant. Se jeter dans la gueule du loup. Peut-être un jour.
Ma petite stratégie établie pour lui donner un certain intérêt à cette conversation, je me retourna de nouveau, appuyant sur la poignée du portillon que j'ouvris et traversa. Soit elle me trouverait grossier et ne me porterait aucun intérêt, soit sa curiosité prendrait le dessus et elle me suivrait pour me poser d'autres questions. Et je je devais avouer que le deuxième choix était bien plus tentant. Mais le but du jeu étant de la faire courir après moi, je me dirigea vers ma voiture. C'était une vieille pontiac qui avait été retapée. Elle devait facilement dâter des années 1960. Peinte en noir et recouverte de vernis, elle était sulfureuse. Un modèle décapotable. Une voiture aux formes carrées.

Cette fois-ci, j'avais les cartes en main. Il n'était pas dur de se dire que l'hybride pensait que j'étais un pervers, impoli mais aussi un étrange personnage. Comme d'habitude, je prenais l'avantage en imposant certaines faiblesses chez moi, faisant venir la curiosité chez cette jeune femme avec plus de simplicité que je ne le croyais.
J'arrivais près de ma voiture, sortant déjà la clés de celle-ci dans le but d'ouvrir la porte lorsque j'entendis les ailes battre. Lorsqu'elle se posa sur le toit de ma voiture, j'arquai un sourcil interrogateur, surpris par une telle initiative. Il fallait dire que je n'avais pas l'habitude de ce genre de situation, n'ayant pas prévu qu'elle se pose sur ma voiture de collection. Car c'en était une. Obtenir une telle caisse à notre époque, c'était comme essayer de se débarrasser des humains sur cette planète : autant dire impossible. Les quelques voitures que l'on pouvait trouver faisait parti de personnes les collectionnant ou dans des musées. J'avouais qu'une telle initiative n'était pas des plus bienvenues... même si elle n'avait pas abîmé le toit, cela restait un objet précieux à mes yeux.
Mes pensées sortirent brusquement de ma tête lorsqu'elle approcha dangereusement son visage du mien, tandis qu'un éclair zébrait dans le ciel. Elle saisit ma cravate, l'entortillant entre ses doigts avec une certaine chaleur et douceur qui aurait pu exciter n'importe quel puceau. Cette action ne fit qu'étendre un sourire intriguant sur mes lèvres, ne laissant qu'une vague idée évasive de ce qu'il pouvait représenter. Probablement étais-je aussi pervers qu'elle le pensait.
Je sentais le souffle de la jeune femme parcourir mon visage, sentant parcourir ma peau. Elle ne comprenait pas pourquoi je portais ce nom. Il était vrai que si elle ne connaissait pas mon histoire, c'était fortement improbable qu'elle puisse comprendre ce que cela voulait dire... évidemment.

La pluie se remit à couler brusquement, venant s'engouffrer dans nos cheveux et parcourant notre peau respective. Petit à petit, mes cheveux se plaquèrent sur mon visage, me donnant une sensation désagréable. Tss. Foutue pluie... c'était pire que trois litre de whisky pour moi. Étonnamment, elle me proposait de boire un verre, alors que je pensais justement à un bon verre de whiksy. La situation en devenait presque comique.
Je fis aller mes doigts vers ceux de l'hybride qui tenaient toujours ma cravate, lui faisant délier avec douceur ses doigts hors du tissu petit à petit. Au final, ses doigts se trouvèrent entre les miens, repoussant doucement la main vers son genou, pour la poser là. Ma main remonta finalement vers le visage de la jeune femme, saisissant ses cheveux pour les faire passer derrière son oreille, toujours avec cette même douceur. Je retira ma main, l'enfonçant à nouveau dans la poche de mon veston, tandis que l'autre lissait ma cravate.

- En vous posant sur le toit de ma voiture, vous avez fait une erreur. Cette voiture a une valeur presque sentimentale et coûte une fortune... je vous l'accorde, vous ne l'avez pas abîmer. Mais vous devrez me dédommager... à vous de trouver le moyen pour cela. En cash, ou en nature.

Un sourire ironique s'était étiré sur mes lèvres à la prononciation de ces derniers mots, montrant que je ne faisais que rire. Bien évidement, au fond de moi je ne rigolais pas et j'espérais bien que cette deuxième proposition la tenterait plus que la première. Remarquant que j'avais complètement oublié de donner une réponse à sa proposition. Quoique, je l'avais invitée à me faire un dédommagement. N'étais-ce pas assez clair ? Mais dans le doute, je lançais alors d'une voix neutre :

- Mademoiselle Aorgal... eh bien, nous allons boire un verre. Je serais tenté par un whisky. Néanmoins, je doute vous voir rentrer dans un bar avec ceci, lançais-je en regardant les gigantesques ailes de jais, reprenant alors, pourriez-vous vous en défaire ou devenons-nous nous trouver un endroit plus adéquat à cela ? Cela ne me gêne pas, mais vous serez probablement mal accueillie.

A vrai dire, je m'en foutais de comment elle serait lotie. ça me gênait vraiment et je n'avais pas vraiment envie de me trimballer mam'zelle corbeau dans un bar. J'aurais pu l'inviter chez moi, mais je n'avais pas encore de domicile fixe. Peut-être un hôtel, éventuellement. Mais cela faisait beaucoup trop cavalier et par principe, j'évitais ce genre de situation incommodante. Le bar était la seule option valable... sauf si elle avait ces ailes. Dans le pire des cas, elle risquerait probablement de dire que ça ne la gênait pas et je devrais probablement faire genre de mon côté. Pas dur, je ne dévoilais que rarement mes sentiments négatifs ou ceux qui se révélaient trop positifs. Enfin, il serait vraiment dommage qu'une belle demoiselle comme elle soit fusillé par des regards à cause de ses origines... que le monde était mal fait.

A sa réponse, je ne put m'empêcher de lui rendre son sourire amusé. Il semblait que cette jeune femme était aussi provocatrice que moi... plaisant. Fortement plaisant même. J'allais peut-être finalement passer une bonne soirée avec une compagnie des plus... intéressante en soi. J'avais retrouvé l'humeur et l'envie de m'amuser un peu, peu importe la façon. Alors que mes yeux qui n'exprimaient qu'un certain néant restaient plonger dans ceux de l'hybride, je lâcha alors.

- Je payerai pour tout ce qui concerne la soirée... j'en ai amplement les moyens. Néanmoins, doutez-vous que je tiens à mon dédommagement. Surtout que sous vos airs quelques peu bestiaux, vous m'avez l'air d'être bien plus... douce qu'il n'y paraît.

Mes yeux continuaient de la fixer inlassablement, alors que je détaillais cette femme, me demandant si elle serait du genre à regretter sa rencontre avec moi. Au vue de ma vie et de mes capacités d'empathie, je saurais rapidement ce qu'elle était et comme elle pourrait réagir... petit à petit, en tout cas. Plus la soirée avancerait et plus mes petits jeux de manipulation serait simples. Et personnellement, je ne regretterai rien de ce que j'ai pu faire. Je n'avais aucune attache sentimentale, puisque je n'avais encore jamais ressenti ce truc qu'on appelait l'amour. Je n'y croyais pas, en même temps.
Lorsque les ailes d'Aëlix se replièrent dans son dos, devenant moins voyant, je n'exprima pas grand chose si ce n'est qu'un petit haussement de sourcil. A mon avis, ce n'était pas véritablement la meilleure option. Je devrais faire avec puisqu'il semblait qu'elle ne pouvait se permettre de les cacher.
M'en faire pour elle ? C'est ce qui m'étira un sourire à cet instant. Même si je savais que c'était ironique, je ne m'en faisais pas pour le moindre du monde. J'haussais les épaules brièvement, devant m'accommoder de cela.
Un moment, elle fut plongée dans ses pensées tandis que j'attendais la suite des événements. Je profita de cet instant pour extirper le paquet de cigarettes hors de mon veston, enfournant le filtre d'une d'entre elles dans ma bouche. Je sortis le briquet et l'alluma rapidement, ne voulant pas qu'elle se noie dans cette foutue flotte.... mes yeux retournèrent sur le visage angélique, détaillant la jeune femme.
Très rapidement, j'avais compris que cette femme cachait quelque chose. Elle n'était pas habituée à la compagnie d'autrui aux vues de ses mimiques et son comportement. Mais ce n'était pas parce qu'elle était rejetée. Elle était belle. Sûrement la part de l'ange ou vampire qui la rendait ainsi séduisante. Il était improbable que quelqu'un comme Aëlix soit repoussée par la société actuelle... elle avait fait le chaud d'être solitaire. Bien que tout ceci ne soit que des déductions, j'en étais sûr.
Lorsqu'elle revint sur terre, je lui souris tandis qu'elle vint se poser à côté de moi. Un rire sortit de ma gorge face à sa question... qu'une femme me porte ? L'espoir faisait vivre, en ces temps troubles. Si je désirais voler, j'en avais amplement les capacités.

- Mademoiselle Aorgal, je vais refuser votre offre. Etant mi-vampire et mi-lycan, je possède ma propre transformation et cette dernière me permet de voler. Mais j'ai acheté une voiture... c'est pour le plaisir de la conduite.

Je me tourna vers, me penchant pour rapprocher mon visage du sien, passant à côté d'elle et dans un murmure sensuel à son oreille, je lâcha :

- Il ne serait pas convenable pour un homme de ma stature de se laisser porter par une aussi belle femme que vous. Cela devrait être plutôt le contraire... néanmoins, sachez que ma portière vous est ouverte.

Sans en rajouter, je me dirigea vers la portière passager conducteur. J'ouvris la portière, m'asseyant dans le siège, enfilant mes jambes pour que mes pieds atteignent les pédales. Je mis les clés ainsi que les contacts et la voiture qui se faisait vieille toussota un coup, avant de faire tourner le moteur dans un bruit agréable. Je me pencha vers le côté passager, baissant la tête pour voir par la vitre et regarda la jeune femme, attendant ainsi sa réaction.