Agréable soirée...{ °With Tristan Levian° }

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Après un vol plus que périeux, à cause des éclairs et du tonnerre qui commençaient à se rapprocher de la ville, Aëlix arriva au Kôbô Ryûkô. Elle était dans un état lamentable, et trempée jusqu'aux os. Lorsqu'elle se posa, plusieurs personnes étouffèrent des cris de surprises ou de peur. Et il y avait de quoi...Aëlix était vraiment effrayante. Ses cheveux en bataille tout comme ses plumes noires, elle ressemblait à une sauvageonne. Elle entra dans le hall, et...s'ébroua...comme un animal. Deux gardiens aux gueules de boxeur et au épaules de joueur de football américain s'avancerent vers l'hybride encore bien humide, alors qu'elle essorait sa robe.

"- Hé ! C'est pas une laverie ici ! Sortez !"

Aëlix posa son regard couleur rubis sur le protagoniste, suivit de son compagnon.

"- Pardonnez moi, mais je suis une cliente messieurs. Je vous laisse constater par vos même l'orage qui gronde dehors, et le nombre limité de mes moyens de transports."

Elle étendit ses deux ailes noires pour les mettre bien en valeur.

"- Où sont les toilettes s'il vous plait ?"

Elle esquissa un sourire charmeur qui perdre ses moyens au plus grand des deux.

"- Euh...C'est par là !"

L'hybride inclina légèrement la tête, et regarda dans la direction que montrait le gardien.

"- Merci...Ah ! Et, pourriez vous réserver une table pour deux s'il vous plait ?"

"- Oui bien sur...Ça sera tout ?"

L'hybride réfléchit, puis reprit.

"- Si vous voyez mon ami, conduisez le à notre table...Vous le reconnaitrez aisément, il arrivera dans une vieille voiture noire des années soixante. Il est grand, ses cheveux sont noirs, et il a un regard hautain. Vous ne pouvez pas le manquer."

"- Bien mademoiselle, ça sera fait."

"- Je vous remercie messieurs..."

Sur ce, elle filât vers les toilettes. Sur le chemin, elle constata avec satisfaction l'étendue de son pouvoir de séduction.
" Ah ! La plus grosse erreur d'Adam fut de vouloir une compagne...Il aurait dût y réfléchir à deux fois, le bougre..."
Une fois dans les toilettes, elle tenta de se refaire une beauté avec les moyen de bord. Heureusement, une femme plutôt aimable accepta de lui prêter sa brosse pour qu'elle remette un peu d'ordre dans sa tignasse. Elle passa sa main sur ses plumes pour les arranger, et enlever l'eau restante. Elle utilisa le sèche main pour...se sécher, elle et sa robe (pas très pratique j'avoue). Une fois prête, elle sortit. Elle avait été assez rapide, mais un des gardien de tout à l'heure l'interpella.

"- Mademoiselle ! Votre ami est arrivé, il est à la table 13, je vais vous y conduire..."

"- Inutile, je pense trouver mon chemin toute seule. Merci."

"- De...De rien Mademoiselle ! Ravis de vous avoir aidé !"

Rapidement, Aëlix repéra Tristan. Il était bel et bien à la treize, et ne semblait pas être arrivé depuis longtemps. Repliant ses ailes sèches, elle passa sa main dans ses cheveux d'un geste négligeant. Elle s'installa en face de son hôte, et lui adressa un sourire malicieux, toujours ce même sourire.

"- Je ne vous ai pas trop fait attendre ? Monsieur Levian ?"

Je n'avais rien répondu aux remarques d'Aëlix. Pensif, j'avais commencé rouler, traversant la ville et cherchant cet endroit à l'aide d'un GPS se trouvant sur la tableau de mort. Ma foi, je devais avouer qu'au niveau du sens de l'orientation, je valais pas une semelle. Heureusement que ce vieux truc me disait quand tourner... malheureusement, j'étais pris dans ces foutus embouteillages. Pas sympa. J'aurais mieux fait de prendre ma forme de perruche et voler à tire d'ailes. Et abandonner ma caisse de collection au premier voleur ? Haha... la bonne blague.
Mes mains tapotaient sur le volant, tandis que j'avançais aussi vite qu'un escargot. Ma cigarette arrivait bientôt à la fin, continuant de tirer dessus comme un malheureux pour inhaler les dernières doses de nicotine provenant de celle-ci. Une fois finit, je la balança par la fenêtre, la faisant tournoyer sur une dizaine de mètre.

Lorsque je lui avais annoncé que je possédais la capacité de me transformer en un animal, j'avais remarqué sur les traits de la jeune femme les interrogations habituelles. Je pariais qu'elle se demandait quel type de volatile auquel je pouvais appartenir... je devais avouer ne pas être des plus fiers de ma transformation. C'était une partie de moi qui était véritablement douce, inutile en cas de bagarre et ça, je haïssais vraiment. Pour me planquer, c'était une autre histoire... c'était parfait. Qui imaginerait qu'un grand gaillard comme moi se transformerait en un piaf aussi insignifiant ? Personne, dans la logique des choses.
Le Corbeau... c'était ainsi qu'était nommé mon projet militaire. Souvent, je me demandais pourquoi on m'avait donné cette appellation. Était-il possible qu'ils aient réussi à modifier ma transformation à leur gré ? Ou est-ce que je ne savais pas encore tout de moi... comme ces étranges frénésies dont je pouvais être pris lors d'excès de rage ? Je n'en savais rien. Je détestais ne pas savoir... et quand vous êtes amnésique, il y a de quoi péter un plomb.
Au bout de quelques bifurcations, doigts d'honneur fait par-ci et par-là, j'arrivai devant ce fameux Kôbô Ryûkô. La galère habituelle pour se parquer, puis je sortis de la voiture, prenant soin d'enfiler mon paquet de cigarette au fond de ma poche ainsi que mon porte monnaie en cuir. Je referma la portière et me dirigea vers l'entrée. Ouvrant la porte, un gardien m'interpella soudainement, me causant d'une nana avec des ailes qui avait filée aux toilettes après avoir réserver une table.Il me tapota sur l'épaule, me disant que j'avais trouvé un bon coup... je le foudroya du regard et il retira aussitôt sa main. Je détestais ces familiarités. Il se tut le reste du temps et me conduisit vers la table, me posant sur la chaise. Je l'attrapa par la manche avant qu'il ne s'en aille et lui lança alors :

- Je veux un serveur dans les trois prochaines minutes.

Mon ton autoritaire et glacial imposa immédiatement un certain regard respectueux envers moi. Ce genre de type aimait être traité ainsi : se faire tabasser dessus, fallait bien être maso, non ?
Mais je n'eus pas vraiment le temps de penser plus longtemps, voyant la jeune femme sortir des toilettes. Un de ces macaques abrutis l'arrêta pour lui dire je ne sais trop quoi. Probablement que j'étais arrivé et lui proposer de la conduire jusqu'ici... mais elle avait l'air d'avoir refusé, puisqu'elle vint s'assoir seule face à moi. Je posa mon regard sur elle et face à sa question, je laissa paraître un sourire amusé.

- Je suis immortel... on peut bien être patient, non ? lançais-je avec une certaine ironique, comme pour répondre à son sourire.

Je me fis finalement silencieux, gardant mon regard planté dans le sien. Puis dévia par un problème... venant de derrière elle. Des hommes et des femmes attelés à leur table l'observaient plus ou discrètement. Mon regard changea quelque peu, reprenant cet air hautain... et lorsqu'ils osèrent me regarder, certain détournèrent presque immédiatement leur regard, comme si ils couraient au devant de grandes représailles. Ce qui était en soi, le cas. Certaines personnes se diraient que j'étais un gentleman. Mais non, je haïssais par-dessus tout me faire remarquer. C'était une perte de contrôle et je ne pouvais pas me le permettre... c'était plutôt dans mon propre intérêt. Je reposais finalement mon regard sur elle, qui semblait comme modifié, étant plus docile à cet instant.
Quelques secondes après cela, le serveur débarqua, demanda ce que nous désirions.

- Une bouteille de whisky, avec deux verres et ce que voudra la damoiselle.

Il m'avait écouté qu'à moitié. Trop occupé à observer Aëlix... tsss. Je l'attrapais par cette petite cravate rouge et ridicule et le força à se pencher. Il planta son regard dans le mien, terrifié.

- Ecoutes, gamin. J'aimerai bien éviter de me répéter dix fois. Bouteille de whisky, plus deux verres, plus ce que voudra la demoiselle. Compris ?!

Il hocha brièvement de la tête, sortant un bloc note de sa poche. Je le lâcha, le laissant ainsi se redresser et replanta mon regard dans celui d'Aëlix, souriant à mon tour avec malice.

Dernière édition par Aëlix Aorgal le 26.08.09 13:00, édité 1 fois

Aëlix avait fait comme si elle ne les avaient pas vu. Ces regards braqués sur sa paire d'ailes noires, elle les ignorait. Elle faisant comme si elle ne voyait rien. Pourtant, ça la perturbait. Elle détestait elle le centre de l'attention, surtout dans ce genre d'endroit. Mais alors, pourquoi avait-elle invité Tristan ? Elle voulait surpasser son angoisse une fois pour toute. Sa crainte ne devait plus qu'être un mauvais souvenir. Elle n'avait pas peur pour elle, mais pour eu. Elle savait de quoi elle était capable lorsqu'elle perdait le contrôle d'elle même. Mais c'est en affrontant le problème qu'on le résout. Et puis, elle espérait aussi passer un bon moment en la compagnie de cet hybride mystérieux.

Lorsqu'elle s'installa, Tristan la rassura sur le temps d'attente. Elle lui répondit par un simple sourire malicieux, comme d'habitude. Une fois assise, un silence enveloppa les deux protagoniste. Ce n'était pas un silence gêné, mais plutôt...Chacun d'eux jaugeait l'autre. Aëlix avait ses yeux rubis plongé dans l'abime de ceux de son compagnon. Celui ci faisait de même. La semi-ange se délecta de ces secondes intenses. Cependant, ils furent interrompu par des chuchotements et des regards inquisiteurs. Tristan les remarqua, et changea littéralement. Il reprit son visage hautain, défiant quiconque de le regarder en face...Chose que personne n'osa faire.
Aël poussa un soupir las. Les mortels...Tous les mêmes...Ignorants et puérils.

Enfin, un serveur arriva. Tristan passa sa commande, et laissa la parole à Aël.

"- Ce sera tout...Hum ?"

Le serveur n'avait rien noté. Il s'était laissé dans la contemplation des ailes d'Aëlix. Cependant, il dut se ressaisir, car Tristan l'avait attrapé par la cravate, se répétant, menaçant. Le serveur nota enfin la bouteille de whisky, puis regarda Aëlix :

"- Euh...ça ira, merci..."

Répéta t-elle, confuse. Tristan replanta son regard profond dans celui de l'hybride, esquissant un sourire, le même que celui de la brune. Une fois le serveur parti - non sans avoir jeté un dernier coup d'œil aux ailes noires - Aëlix poussa un nouveau soupir, sans lâcher Tristan de son regard rougeâtre.

"- Pfff...Je ne comprend pas...Les anges ou les demi-anges ne sont pas si rares pourtant ! Pourquoi continuent-ils de nous observer comme si nous étions des animaux !"

Elle tourna la tête, et jeta un regard féroce à un groupe qui murmurait dans son dos. Elle ne voulait pas s'énerver pour si peu, mais c'était tentant. Elle reporta son attention sur son hôte, et lui offrit un sourire d'excuse.

"- Je suis désolé Monsieur Levian. Je crois avoir comprit que vous n'êtes pas le genre d'homme à aimer attirer l'attention...J'aurais dus vous proposer un endroit moins fréquenté..."

Son air coupable, son sourire indiquant qu'elle voulait se faire pardonner lui allait à merveille. Elle paraissait beaucoup plus douce, plus belle, plus facilement approchable.

Le serveur -toujours le même - arriva avec la bouteille et les deux verres. Ils ne cessa toujours pas son observation, tentant de ne pas se faire remarquer par Tristan. Mais il était bien maladroit et indiscret, car il semblerait qu'il n'ai rien raté de la comédie du serveur. Celui-ci ne s'arrêta pas pour autant, et s'approcha d'Aëlix :

"- Mademoiselle...Êtes-vous...un ange ?"

Aëlix souffla. Pas de lassitude cette fois, mais d'agacement. Elle jeta un regard noir vers l'indiscret, et lui répondit sèchement :

"- Non, je ne suis pas un ange. Cesser de me regarder de la sorte, vous et tout les autres. Je suis désolé mais je n'ai pas la capacité de dissimuler mes ailes. Cependant, j'aimerais que vous ayez un peu plus de respect à mon égard, et que vous cessiez de me reluquer comme si j'étais un animal, car ce n'est pas le cas ! Nous ne somme pas dans un zoo que je sache ?"

Le serveur la regarda, bouche bée. Il acquiesça timidement, et se retira. Cependant, les autres clients continuaient leur murmurent et leur coup d'œil, tentant d'être plus discret. Aëlix serra son poing, et regretta amèrement d'être entré dans un endroit aussi peuplé. Mais elle ne s'avouait pas vaincu pour autant, et considéra que partir brusquement leur donnerait raison à tous...Tous ces insectes.

A la remarque de la jeune femme, je ne pus réprimer un léger sourire amusé. Pourquoi cet étonnement face aux comportements qui les entouraient en ce moment même ?

- Vous êtes bien jeune, mademoiselle Aorgal. Surtout pour vous poser de telles questions quant aux comportements des êtres humains face à votre présence : un, vous êtes belle. ça les fascine. Deux, vous vous pavanez avec deux ailes de piaf dans le dos, ça leur fait peur. L'humain... est étrange. Et pourtant, nous possédons des caractères similaires et proches des leurs. Les mêmes envies, ressentis et autres. On les exprime simplement différemment.

Je me tus un instant, laissant ces quelques mots se propager en l'esprit de l'hybride. Je n'avais pas fini mon développement sur les êtres vivants, tout particulièrement les humains qui, à mes yeux, étaient des sujets psychologiques des plus fascinants. En effet... si on les regardait bien, on ne voyait que la peur. C'était la peur qui alimentait cette espèce et qui leur permettait de vivre. La peur de quoi ? D'être seul, de mourir, de souffrir. C'est ainsi que les autres sentiments naissaient la plus part du temps. La haine, l'amour, l'amitié. Toutes ces futilités que nous pouvions aussi ressentir. On avait tous peur dans le fond. Peur de souffrir. Peur de ne pas pouvoir être heureux, malgré nos efforts.

- Sachez pour autant que les personnes de couleur existent depuis aussi longtemps que les blancs. Et pourtant, le racisme existe toujours. Le racisme n'est qu'une fascination, mais aussi une peur de ces autres personnes. La peur, c'est ce qui nous fait vivre, mademoiselle Aorgal. Vous êtes crainte et respectée en ces lieux.

Je sortis une cigarette de ma poche ainsi qu'un briquet. La cigarette était en mauvais état... putain de pluie. J'allumais le bout du cylindre, faisant grésiller quelques instants le tabac qui s'embrasa à la première bouffée inspirée. Je l'écoutais furtivement s'excuser de la gêne occasionnée par sa présence, tandis que je refermais les yeux pour profiter pleinement de cette inhalation de nicotine. J'entrouvris un oeil pour la regarder prendre cette air d'enfant coupable, étirant un léger sourire amusé.

- Ceci met du piment à la soirée, Miss. Bien que je préfère de loin la solitude.

En vérité, cela m'énervait légèrement de me retrouver dans une telle position. Bien qu'au début, les regards s'imposaient sur la personne présente... petit à petit, les gens détournaient le regard pour se désintéresser de notre présence. Si ce n'est cette bande de greluches affalées à une table qui bavait à ma vue... je n'avais tourné qu'une seule fois les yeux vers elle et j'avais tout de suite compris qu'elle m'épierait toute la soirée jusqu'à ce qu'on parte. Ou qu'elles partent. En attendant, je devrais supporter leurs regards sur ma personne. Celui d'Aorgal me suffisait pour la soirée, mais il semblait que ce foutu destin en avait pensé autrement...
Je dirigeais mon seul oeil ouvert vers le gamin qui m'apportait enfin ma commande. Quel impoli... il s'était directement tourné vers la jeune femme sans me servir. Je les laissais donc profiter de leur bavardage, prenant la bouteille dans une main et observant l'étiquette. Dix ans d'âge. ça allait me coûter bonbon ça. Tant pis. Je l'ouvris et servis un fond à la jeune femme et un verre complet pour moi. Les gens préféraient souvent boire le whisky petit à petit, n'en prenant que peu au début. Après tout, il faisait parti des alcools les plus forts existants. Personnellement, c'était le seul qui pouvait me saouler après avoir descendu quelques bouteilles. Enfin, saouler... me rendre un peu joyeux. Sans plus.
Et tandis que le serveur se retirait, je repris la parole, changement totalement de sujet par rapport à ce qui venait de se passer, comme si cet instant n'avait jamais existé.

- Pourquoi je porte le nom de mon ami ? lançais-je simplement, faisant tourner les deux verres en face de moi. Même si le ton emprunté sembler complètement indifférent, mes yeux exprimaient pour la première fois une sorte de mélancolie. Saisissant le verre d'Aorgal, je le lui tendis tout en replantant mon regard vers elle.

- Il y a cent de cela, j'ai perdu la mémoire. Cet ami m'a sortit d'une fâcheuse situation mais n'a pas pu en revenir en vie. Ce n'est qu'un hommage. Et un emprunt, évidemment, lançais-je en souriant mélancoliquement.

Je n'avais pas cité toute la vérité sur ce qui s'était passé. Les scientifiques, les expérimentations, les modifications génétiques, les simulations de combat... bref, il y avait des choses que j'avais filtrées. C'est ce qu'elle avait cherché à savoir... pourquoi je portais ce nom, non ? Eh bien, sa curiosité en devait être satisfaite.

Aëlix écoutait sans ciller l'exposé de Tristan. Ses affirmations étaient justes, et l'hybride ne l'interrompit pas tant elle était pendue à ses lèvres. Elle n'avait jamais envisagé que les gens autour d'elle puissent lui porter une quelconque admiration, pas plus que le moindre respect. Néanmoins, elle ne divulgua pas ses doutes, se contentant de jeter un coups d'œil rapides autour d'elle, comme pour chercher un preuve visible pour appuyer les propos de Tristan. Elle reporta son attention sur son hôte, qui termina ses explications en sortant une cigarettes...humide.
Aël n'avait rien répondu, elle se contenta de hocher la tête. Si la peur était ce qui faisait vivre les êtres vivants, c'était aussi ce qui les ralentissait ou les bloquait. Aëlix s'est surprise à constater qu'elle n'avait plus peur de rien, si ce n'est d'une chose. La mort ne l'effraie pas, pas plus que la douleur ou la crainte de se retrouver seule pour toujours. Non, la seule chose qui la tétanise vraiment, c'est elle même. Ou plutôt, cet Autre qui prend possession d'elle, qui faire gicler le sang sans limites. Cet Autre qu'elle ne voit pas venir, mais qu'elle craint comme la peste, et qu'elle tente de retenir comme un tigre affamé. Elle ne savait pas pourquoi il était là, ni ses objectifs. La faire survivre ? Non, certainement pas...Sans doute ne le saura t-elle jamais.
Revenant à la réalité, elle esquissa un sourire timide lorsque Tristan lui répondit que cette curiosité malsaine qu'avait la population autour d'eux mettait du piment à la soirée. Mais Aëlix ne fut pas dupe, devinant que ça gênait son hôte plus qu'autre chose. Cette fois encore, elle ne répondit rien.

Alors qu'un silence s'installait, le serveur revint avec la commande. Il se tourna directement vers Aëlix pour la servir, puis vint le tour du brun ténébreux. Tristan servit un fond de whisky à l'hybride, et se remplit un verre entier, sous les yeux surprit de la jeune femme. N'y connaissant pas grand chose en matière d'alcool, elle savait néanmoins que le whisky était l'un des plus fort, et qu'il était préférable d'y aller par petite quantité, à moins de vouloir terminer la soirée nu sur une table en chantant des chansons paillardes. Mais peut être Tristan était également insensible aux effets de l'alcool, chose qui n'étonnerait finalement pas la brune. Lorsque le serveur tourna les talons, Tristan enchaina. Il reprit la question de son interlocutrice, et y répondit, brièvement.
Enfin, Aëlix lui répondit :

"- Et le votre ? De nom ? Vous l'avez aussi oublié ?"

Question inutile évidement, l'hybride connaissait la réponse. Mais ça lui paraissait tellement étrange et improbable que quelqu'un oublie son nom et soit obliger d'en emprunter un autre !

"- Voudriez-vous le retrouver ? Ce nom ?"

Tristan s'était-il déjà posé cette question ? Sans doute oui. Mais avait-il trouvé une réponse ? Ou bien avait-il tiré un trait définitif sur son passé ?
Même si elle n'en disait rien, la curiosité de la jeune fille était loin d'être rassasié. Cependant, elle préférait y aller par petite touches, pour ne pas brusquer le gentleman en face d'elle. Après tout, quelle que soit leur race, les hommes sont tous les mêmes, même s'ils ne le disent pas : à manier avec précaution...

Observant la jeune femme, je tirais sur ma clope une très bonne bouffée que je recrachais dans les airs. Mes yeux ne l'avaient pas quittée, voyant certains doutes s'installer en elle. Oui, comment penser qu'on pouvait avoir de quelconques admirations dans cette foule de chuchotements et de regard jetés à la vite fait ? Aucun. De nous deux, j'étais le plus normal et c'était bien cela qui n'attirait pas l'attention sur moi... malgré mon passé trouble et ma puissance, je ressemblais à un simple humain. Et les humains n'arriveraient jamais à savoir ce que j'étais. Pas plus qu'Aëlix.
Buvant à grandes gorgées mon verre de whisky, je me surpris à remarquer que celui-ci était... vide. Déjà ? Ces verres étaient vraiment trop petits. Je repris la bouteille, me versant à nouveau un verre que je ne touchais pas immédiatement, remarquant que la jeune femme en face de moi n'avait pas encore touchée le sien.

- Le whisky n'est pas assez fort à mon goût et pourtant... il est probablement l'alcool le plus fort au monde. Vous ne buvez pas ? demandais-je finalement, cassant le monologue sur ma personne.

Je repris le deuxième verre plein que je bus quasiment d'une traite, ne laissant qu'un mince fond. Aucune grimace, aucune sensation si ce n'est l'impression que l'eau coulait dans mon corps et que, dans quelques heures, j'aurais une forte envie d'aller pisser. C'était bien la seule chose de normal qui se produisait avec mon corps avec cette boisson.
Je regardais un instant le fond du verre devenu vide, pensif. L'interrogation d'Aorgal m'était parvenue aux oreilles, me faisant froncer les sourcils. Question idiote, il fallait l'avouer. Je n'y répondis pas puisqu'elle sembait s'y être répondue par elle-même en me posant une nouvelle question. Je reposais mon regard amusé sur elle, esquissant un sourire.

- Miss Aorgal... imaginez qu'un jour, vous vous retrouviez sans la capacité de vous souvenir de tout ce qui vous concerne : passé, nom, date de naissance et j'en passe, que feriez-vous ?

Je lui retournais sa propre question sans pour autant y répondre. Elle ne savait pas ce que pouvait être ma réponse, puisqu'elle ne me connaissait pas assez pour savoir ce que j'aurais fait réellement et que, même en se comparant à moi, elle ne saurait pas si je pensais la même chose qu'elle. Même si je me doutais qu'elle chercherait à se souvenir, ce que je faisais personnellement... dans le fond, mon amnésie n'était pas un incident.