La nuit était déjà tombée depuis longtemps lorsque Mihael sortit sans un bruit de son appart en prenant bien soin de verrouiller la porte derrière lui.
3h00. Le clocher venait tout juste de l’annoncer, assenant ses coups implacables avec détachement. Les sons résonnaient longtemps, dans la ville qui aurait dû être endormie à cette heure avancée mais qui pourtant fourmillait tout de même de gens qui, comme lui, travaillaient de nuit. A croire que toute le mauvaise graine de l’humanité (& autres races) s’entassait ici…

Ombre parmi les ombres, il se fondait aisément dans chaque recoin sombre des rues, avançant rapidement et dans un silence parfait. Bien malin celui qui aurait été capable de percevoir son avancée, et bien fou celui qui se serait crû capable de l’arrêter. Le clover n’était pas dans l’une de ses périodes où il était disposé, voire même simplement indifférent envers son prochain. Cette nuit, comme beaucoup d’autres, il avait une proie. Il avait donc un travail, et comptait bien l’effectuer de manière irréprochable, ce qui excluait bien entendu les éventuelles anicroches avec une personne extérieure à l’histoire.

~ Sebastian Skylight. Un nom, un âge, une description rapide du personnage et enfin, une adresse. Rien d’autre. Mihael détestait cela, que de devoir faire face à un manque si évident d’information sur sa future victime. Cela laissait la porte à toutes les mauvaises surprises, donc à des complications possibles. Il ne savait même pas si l’autre était humain ou appartenait à une autre race, tout comme lui ! Et, qui plus est, il n’habitait pas seul… La seule raison qui avait motivé le clover à accepter en réalité, c’était la somme impressionnante d’argent qui l’attendait après la réalisation de ce « travail ». Non pas qu’il était prêt à tout pour de l’argent, ne vous y trompait pas ! C’était juste que de voir une rémunération si importante sur l’offre d’un de ses anciens employeur l’avait intrigué au plus haut point. Quelle importance pouvait donc avoir ce fameux personnage, pour que sa tête soit mise à un tel prix ?

Faisant toujours de ses maîtres mots silence & discrétion, il s’arrêta devant une grille sombre qui donnait vue sur un jardin & une maison plantée au beau milieu. Il était arrivé à destination, c’était donc maintenant que tout allait se jouer.
Le clover avait un mauvais pressentiment. Il n’aimait pas sa proie, parce qu’il en savait trop peu, bien trop peu sur elle. Mais, parallèlement à ceci, c’était ces lacunes dans ses connaissances qui l’incitait d’autant plus à aller jusqu’au bout.
Il se glissa par-dessus le portail, à peine visible dans l’obscurité régnante. Et, toujours ombre se fondant dans la masse des autres, ce fut avec une rapidité effarante qu’il se trouva soudainement proche de la maison. La question étant maintenant de savoir par où il allait rentrer. La porte principale étant l’une des solutions qu’il mettait le plus souvent à profit, qu’il affectionnait tout particulièrement. Parce que les gens s’imaginaient qu’une simple porte close pouvait les mettre à l’abri de tous ces rôdeurs nocturnes. Tssk. Pauvres hères, va.
Mihael effectua tout de même le tour de la propriété, pour avoir un aperçut global de la maison dans laquelle il agirait avant peu. C’est comme ça qu’il jeta son dévolu sur une fenêtre oubliée ouverte plutôt que sur la porte principal. Non, il n’emprunterait pas l’ »entrée d’honneur », pas cette nuit finalement. Il se glissa avec agilité dans l’ouverture étroite, d’ôtant définitivement à la vue de toute personne qui déjà l’aurait eu assez perçante pour le distinguer dans l’obscurité.

La pièce dans laquelle il venait de poser les pieds ressemblait fort à une sous-cuisine. Notre homme se déplaçait précautionneusement pour être sûr de n’entrer en collision avec rien susceptible de trahir sa présence ici, dégageant une forte impression de félin en chasse.
Ce fut dans le silence & la discrétion la plus complète qu’il effectua le tour du propriétaire au rez-de-chaussée, repérant et mémorisant l’emplacement de chaque pièce et les sorties éventuellement salvatrices qu’elles contenaient. Il semblait visiblement que les chambres se trouvaient au premier. Il dû donc passer par l’épreuve des escaliers, les montant sans faire grincer une seule marche, avant de se retrouver dans un sombre corridor sur lequel donnaient différentes pièces pour la plupart fermée. Il s’y avança sans bruit, avançant sans raser les murs mais au contraire, bien au milieu,, lorsque son mauvais pressentiment de tout à l’heure revint s’imposer dans son esprit avec violence, le contraignant à un arrêt brutal. Il se figea, soudainement attentif à chaque bruit de la maison. Il lui semblait bien, en effet, percevoir un bruit de pas. En approche.
Mihael n’eut que le temps de se fondre dans l’obscurité accueillante de la première pièce s’offrant à lui.