Les ruelles sordides : Lieux aux multiples visages. Bien qu'il était rare de voir un sourire sur l'une de ces pseudos-faces, c'était un endroit où l'on ne vous jugeait que pour le contenu de votre porte-monnaie et éventuellement si vous feriez un morceau de chaud pour faire plaisir à quelques personnages en rut. D'autres personnages plus sordides étaient en quête de sang frais. Des dangers guettaient à chaque détour. Un décor qui ne donnait pas forcément envie de se promener dans cette partie de la ville. Pourtant... c'était là où elle se sentait le mieux.
Les bottes en daim dont les semelles étaient plates frôlaient le sol, les pieds forçant à avoir un minimum de silence. Habillée de son habituel jean usé par le temps, ainsi qu'un vieux pull en laine mauve qui cachait son cou, elle s'avançait avec discrétion dans les rues. La capuche de sa veste marron rabattue sur ses yeux créait une ombre parfaite sur une grande partie de son visage. Ainsi habillée, on aurait pu hésiter entre l'homme ou la femme. Un vieux sac à dos tombait jusqu'au bas de son dos, seul témoin de son voyage sans fin. Ainsi que ce sabre qui, pour une fois, avait quitté la vieille couverture pour apparaître visiblement aux yeux de tous. C'était un moyen de dissuasion comme un autre. C'était bien sa seule richesse ; un katana au fourreau noir, magnifiquement décoré. Bien qu'il y avait une pauvreté apparente, il y avait aussi cette espèce de grâce naturelle qui donnait un sentiment imposant, mais aussi reposant et doux. Il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait venir briser cette image envoûtante : son ventre qui criait famine.

Sa main libre reposait sur son abdomen, comment pour tenter de dissimuler les bruits qui se faisaient de plus en présent. Les derniers jours avaient été relativement difficiles. Le temps était sec et difficile de vivre correctement en cette période. Elle aurait aimé la même condition avec un peu de soleil. En temps normal, rien ne l'aurait empêché de déployer ses ailes et de partir vers le sud. Aujourd'hui, c'était différent. Elle avait enfin appris ce qu'elle était. Plus ou moins en tout cas... mais d'après le vampire qu'elle avait rencontré récemment, elle n'était pas la seule de son espèce et pas mal fréquentait cette ville. Si cela se trouvait, elle trouverait des compagnons ! Peut-être avait-elle même une famille qu'elle n'avait jamais rencontrée ? Peut-être aurait-elle enfin des personnes à qui s'attacher, sans avoir ce sentiment d'être totalement différent d'eux ? Toutes ces raisons la poussaient à rester dans cette ville et ses environs, n'étant à la recherche que d'une seule chose : des Clovers, comme elle.
Mais ça, c'était pour plus tard. L'important était surtout de trouver un endroit où elle pourrait se reposer un minimum et pouvoir manger un peu. L'idée étant surtout de pouvoir déployer ses ailes de métal qui, peu à peu, faisaient ressentir une lourde envie leur envie d'air.

Après avoir jaugé une ruelle qui lui semblait déserte, elle s'engouffra à l'intérieur pour disparaître lentement dans les ombres de celle-ci. N'y voyant qu'à peine, elle chercha quelques instants un support pour pouvoir s'asseoir. C'est finalement une caisse haute d'une quarantaine de centimètre qui fut choisit. Posant ses fesses dessus, elle retira son sac qu'elle posa à ses pieds.

Ne voulant pas déchirer ses seuls habits, elle retira la veste, la déposant sur ses genoux. Une longue et belle chevelure ondulante commença à chercher elle aussi la liberté, se glissant sur les épaules et la poitrine. Malgré la pauvreté qu'elle subissait, les cheveux semblaient avoir été correctement entretenus, comme si cette partie de son corps avait plus d'importance que le reste. Elle commença à alors remonter le pull jusqu'au niveau des omoplates, tout en tentant tant bien que mal de garder sa poitrine cachée. Les ailes commencèrent alors à se déployer, comme si elles sortaient de sous sa peau. La longueur et la largeur étaient des plus imposantes. Si il n'aurait pas fait aussi sombre, elle aurait été facilement repérable. Seuls quelques reflets de la lune étaient réfractés par le métal qui laissaient les lueurs danser sur sa surface. Elle soupira de bien-être, enfin heureuse de se laisser aller. Bien que le froid mordait sa peau, la faisant frissonner par instant.
Elle entreprit alors de fouiller son sac, en quête du pain qu'elle avait réussi à dénicher il y avait quelques jours de cela et qu'elle économisait tant bien que mal. Après quelques secondes, elle l'extirpa hors de son compagnon de voyage, le cassant en deux et commençant à le dévorer. Sec... malheureusement.

Pensant être totalement seule et ne s'attendant pas à ce que quelqu'un puisse la surprendre, elle s'était totalement laissée aller, laissant ses sens vagabonder au bon vouloir de ce qu'elle ressentait ; le froid, la fatigue, la faim, le ciel... ses yeux étaient rivés dessus. Il faisait nuit et pour une fois, aucun nuage ne venait troubler la beauté de leur écran géant. Enfin, quelques petites tiges de coton par-ci par-là. Mais cela ne faisait que le rendre plus beau.

- Je devrais peut-être me trouver un travail, je mangerai mieux, murmura-t-elle, semblant parler aux étoiles.

Une pensée incohérente qui la traversa à cet instant-ci... peut-être qu'elle devrait, oui.

( Voilivoilou. Pas beaucoup d'idées. J'avais zéro idée de où elles pourraient se rencontrer. J'espère que cela te conviendra. )

Sylfaen se laisse tomber sur son lit en soupirant. Elle n’était pas spécialement fatiguée mais se sentait bien lasse ce soir. Elle venait de terminer une représentation. Cette fois-ci, elle avait fait un numéro de prestidigitation où elle faisait apparaître et disparaître des cartes, des balles et ainsi de suite. Il s’agissait d’un numéro classique où elle n’avait pas vraiment besoin d’exploiter ses dons d’illusionniste mais les spectateurs adoraient ce genre de tour. Il s’agissait d’un classique qu’ils avaient vu un bon nombre de fois et pourtant ils ne s’en lassaient pas et cherchaient toujours à déceler l’astuce dans le tour de magie.

Le regard perdu au loin, Syl se remémorait le numéro et essayait de se souvenir les expressions ébahis de chacun des spectateurs. Elle adorait lire l’émerveillement dans leur yeux. On eut dit à ces moments là des personnes retombant dans les moments les plus joyeux de leur enfance. Provoquer ne serait-ce que l’espace d’un instant cet état chez autrui provoquait toujours un plaisir exaltant à la jeune femme.

Un brouhaha au dehors extirpa la jeune clover de ses pensées. Elle se redressa. Le bruit qu’elle entendait annonçait la fin de la représentation. Il s’agissait des spectateurs qui sortaient du chapiteau, des étoiles encore plein les yeux en discutant joyeusement de ce qu’ils avaient vu. Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Elle ôta le diadème qui trônait sur son front, se démaquilla rapidement et enleva son costume de représentation afin d’enfiler une tenue plus confortable. Il faisait frais dehors et Syl opta pour un jean, un haut lui permettant d’avoir le haut de son dos dégagé et une épaisse veste en cuir.

Ce soir, la jeune femme avait bien l’intention de sortir. Elle ne trouverait pas le sommeil de si tôt et avait besoin de se rafraichir les idées. Nul doute que le vent glacial saurait la divertir un peu. Elle chercha un moment ses gants et son écharpe avant de les enfiler puis sortir de sa loge en prenant soin de bien fermer la porte derrière elle. Sylfaen se fit discrète et sortir à pas furtif de l’enceinte du cirque. Elle ne tenait pas à se faire remarquer par un compagnon de la troupe ou un spectateur un peu traînard. Elle éprouvait un besoin de calme et de silence.

Une fois sortie du champ qui accueillait la troupe du Wonderland Circus, Sylfaen se dirigea vers la ville. Au premier abord, on pouvait croire que la ville était l’endroit le moins adapté au silence et au calme mais Syl connaissait quelques coins sympathiques pour se ressourcer. Une fois arrivée à la bordure de la ville, elle ôta sa veste de cuir, fit apparaître ses ailes et prit son élan après avoir vérifié que personne ne pourrait l’apercevoir. La jeune clover atterrit souplement sur le toit d’un immeuble et fit disparaître ses ailes mécaniques semblables à celle d’une libellule.

Sylfaen décida de garder sa veste à la main afin de sentir de froid mordant de la nuit picoter sa peau pendant un moment. Elle s’élança droit devant elle, sautant de toit en toit afin de prendre un peu d’altitude. Finalement, Sylfaen s’arrêta au sommet d’un gratte-ciel qui dominait le reste de la ville. D’ici, elle pouvait échapper au brouhaha incessant de la ville tout en pouvant contempler les illuminations qu’offrait la cité. Syl resta un moment immobile, le visage tourné vers le ciel. Son regard se perdait à contempler les étoiles. Il n’y avait pas un nuage pour les dissimuler et la lune éclairait de sa splendide blancheur ce monde. Les étoiles la regardaient d’un œil indifférent, elles semblaient gardiennes d’un autre monde.

Sylfaen poussa un profond soupir d’aise avant de détourner le regard du ciel pour scruter les alentours. C’est alors qu’elle aperçu au loin une silhouette féminine assise au bord d’un immeuble. Il était bien rare de trouver une personne dans un pareil endroit. Syl pensait être la seule personne à avoir l’habitude d’errer sur les toits la nuit. Sa curiosité ayant été attisée par la présence de l’inconnue, la jeune clover décida de se diriger vers elle pour en savoir plus.
Lorsqu’elle fut suffisamment proche d’elle, elle lui adressa la parole d’un ton calme et poli.

- Bonsoir, c’est une belle nuit pour observer les étoiles n’est ce pas ?


[ désolée pour le temps de réponse, je suis très occupée en ce moment ^^" ]