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 Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]

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MessageSujet: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime18.08.11 17:45

Skinner avait mis sa main à la hauteur de son front, comme les soldats le font au garde-à-vous. Seulement, dans son cas, elle n’avait fait qu’office de visière. Le soleil tapait déjà dans le ciel. Il y avait toujours une épaisse couche de brouillard, donnant l’impression qu’un filtre flou empêchait constamment de bien voir. Quand il était arrivé ici, il y a deux années de cela, il s’était dit qu’ils devraient peut-être faire quelques changements dans la résolution et la luminosité de l’image, puis s’était rendu compte que c’était tout le temps comme ça, et qu’on ne pouvait rien y faire. De toute manière, pour le peu de fois qu’il sortait, il s’en battait bien les couilles. Ça ne l’empêcha pas d’être aveuglé par la lumière extérieure. Elle lui donna le tournis, des petits points blancs devant les yeux, puis il finit par s’y habituer, comme toutes les fois où il mettait le nez dehors.

10h tapant qu’il était. Le cadran indiquait des petits chiffres rougeoyants, comme on voyait dans ces anciens films futuristes des années quatre-vingt. Enfin, tout du moins ce qui en restait. Skinner resta à les regarder –les chiffres, à travers la vitrine d’une vieille brocante qui n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été. La poussière recouvrait les étagères à peine visibles derrière la vitre tapissée d’une épaisse couche de quelque chose de noir et blanc dont la provenance douteuse resterait probablement à jamais inconnue. Bienvenue à Bay Area, que le vendeur lui avait dit la toute première fois qu’il avait franchi l’antique porte branlante qui était à peu près aussi vénérable que le propriétaire de la boutique, et tout aussi décrépie. Bienvenue, ouais. Comme s’il avait su que l’Hermite n’avait jamais mis les pieds dans ce quartier avant ce jour. Et quel quartier. Et quelle brocante. L’odeur de renfermé émanant du magasin lui avait tout de suite écorché les narines. Un truc qui vous rappelle soit le vieux sous-sol d’une maison abandonnée, soit l’effluve particulier d’un corps en décomposition. Ou bien un savant mélange des deux, au choix. Mais il avait tout de suite aimé cet endroit. Les tas de vieilleries qu’il recelait, le propriétaire – qui était le vendeur aussi, un type un peu grincheux mais pas bien méchant qui éternuait comme un éléphant, l’atmosphère effacée d’un Japon encore entier ; et même l’odeur putride ne l’avait plus dérangé après la seconde visite.

Clope au bec, le rouquin fixa l’appareil jusqu’à ce qu’il affiche 10h24, les mains fourrées dans les poches de son jean troué. Il l’avait récupéré dans une friperie, à New York, lors d’un voyage d’école. Depuis, il ne lui avait jamais fait fausse route malgré les diverses déchirures et taches qui le décoraient. 10h24, ça voulait dire bien des choses. Comme le malentendu très courant qu’il y a 1024 octets dans un kilo-octet à la place de 1000, ou l’année du décès de Benoît VIII. Mais pour lui, ça voulait surtout dire l’heure d’arrêter de toiser ce bidule, de réfréner l’envie soudaine de l’acheter qui l’enquiquinait depuis un bon moment déjà, et d’aller faire ses provisions de cigarettes qui venaient tout juste d’arriver à Osaka. Des bonnes à bon prix. Pas la meilleure qualité qu’on puisse trouver, mais des clopes ça restait des putains de clopes. Tant qu’il y avait de la nicotine, du goudron, du monoxyde de carbone, de l’acide cyanhydrique et autres saloperies à l’intérieur, ça lui allait très bien. Parlant de ça, une légère brûlure se fit sentir à la commissure de sa bouche. Il jeta le filtre à moitié rongé par le feu sur le sol, sortit son paquet, le tapota en le secouant et attrapa la tige orangée entre ses lèvres. Sa dernière. Probablement le temps qu’il bouge vraiment son cul du carré d’asphalte où il était, non ? Sans plus attendre, Skinner reprit sa marche, jetant un dernier coup d’œil au cadran en se jurant de revenir le chercher un jour – pas besoin de se presser, personne d’autre que lui ne pouvait vouloir posséder ce genre de bricoles inutiles –, allumant du même coup son unique avec ce qui pouvait s’apparenter à un briquet si on regardait bien, objet de sa création que lui seul osait et savait utiliser.

Il repartit tel qu’il était arrivé, cigarette coincée entre les babines et regard perdu au loin.

Les rues n’étaient pas désertes. Elles n’étaient pas pleines non plus. Elles étaient remplies de ce qu’il faut de populace pour que ce quartier pourri ne ressemble pas à une ville fantôme, et infréquentées de ce qu’il faut de populace pour que le jeune hacker ne se perde pas entre deux coins de rue. Il se pauma néanmoins, dès l’instant où il décrocha cinq secondes de la réalité. Tout se ressemblait dans ce foutu quartier. Les rues, les piétons, les insignes, les égouts, les affiches, même la puanteur était la même peu importe où on allait. Mais c’était la même chose dans toute la ville, et probablement le cas du reste de la planète. Seul le paradis, bien visible au-dessus de la cité se distinguait ; unique, discordant, une sorte de porte des étoiles menant vers un lieu mystérieux pour le commun des mortels. Peut-être que là-bas aussi, tout était pareil. Peut-être que là-bas aussi, tout était analogue. Il ne savait pas. Il ne levait jamais la tête assez haut pour pouvoir le regarder. Il s’en foutait aussi, éperdument. Il regardait tout droit, simplement. Il marchait tout droit, simplement. Alors il ne rebroussa pas chemin ni ne chercha à bifurquer vers la bonne direction lorsqu’il se rendit compte qu’il venait de faire un bon kilomètre à l’opposé de sa destination première, et continua tout bonnement d’avancer, le mégot de sa cigarette toujours entre les lèvres, même s’il y avait belle lurette qu’elle s’était éteinte. On est un type à l’ouest ou on l’est pas, hein.

Puis Skinner s’arrêta. Devant lui se dressait ce qui pouvait éventuellement s’apparenter d’une certaine manière à un garage. Ah ouais, il était allez loin quand même. Il plissa les yeux, regarda à l’intérieur puis finit par hausser les épaules avant d’entrer. L’odeur était nettement différente ici, plus agréable, plus connue. L’huile de moteur se mélangeait à la perfection avec le parfum du soudage qui se répandait généreusement dans la pièce. Il en respira un bon coup pour chasser les restes de pourriture qui s’étaient collés dans ses cavités nasales - ceux que même des années de tabagisme intensif ne pouvaient empêcher de pénétrer, avant de saluer Dimitri d’un hochement de tête. Un mec bien ce Dimitri. Pas quelqu’un qu’il fréquentait tous les jours et devant qui il pouvait se gratter les couilles librement, mais une relativement bonne connaissance. Son espèce de mécano personnel, avec qui il faisait des bonnes affaires la plupart du temps et chez qui il venait emprunter du matos de temps à autre quand il était à court. Ils partageaient quelques intérêts en commun, alors forcément, shit happens sometimes et voilà. Depuis, la vieille décharge de Bay Area avait un peu pris le bord. Faut dire qu’entre passer des heures à fouiller dans des déchets datant parfois d’Hiroshima et aller tout simplement rendre visite à un mec, se taper une petite jasette – qui devait contenir une poignée de mots tout au plus - avec lui et obtenir des pièces rares pour pas cher, le choix n’était pas difficile. Tout dépendait de l’argent qu’il avait en poche, mais généralement il avait toujours un peu de blé pour s’acheter deux trois morceaux de ferraille. Parlant de ça, ça devait bien faire trois mois qu’il n’était pas venu. Flemme, projets pas finis, flemme, flemme et encore flemme, projets en cours, toussa. Il lui demanda une clope, l’alluma, échangea quelques bricoles qu’il avait dans son sac à dos contre quelques trouvailles, discuta un peu mécanique, puis finit par sortir avec un air satisfait.

Maintenant, cigarettes. Si ça se trouvait, les stocks étaient déjà tous épuisés, et il serait obligé de se rendre à l’autre bout de la ville et de payer un tarif hallucinant rien que pour choper le cancer. Vous voulez augmenter vos risques de mourir ? Vous voulez devenir impuissant ? Alors faut payer ! Franchement, ils se touchaient bien avec leurs slogans, mais Skinner n’avait pas particulièrement envie de mourir, et encore moins de devoir dépenser la totalité de son argent pour le faire. Il se magna donc, reprenant l’allée en sens inverse, et disparut à l’angle du coin de rue, optimiste d’arriver à temps et bien content du début de sa journée.

Sauf que c’était pas le cas pour d’autres. Bay Area, c’est comme les parcs à chiens. Y’a d’la merde partout et tu peux pas l’éviter. Même si tu fais attention, même si tu connais les emplacements où les clébards ont moins tendance à faire leurs besoins, même si tout. On sait jamais quand y’en aura un qui aura décidé d’évacuer à un autre endroit, parce qu’il n’aimait plus son petit coin près de l’arbre ou celui derrière le buisson, ou encore parce qu’il s’était réveillé le matin en se disant que ça serait marrant de faire caca à une place différente, histoire d’élargir son territoire en plus de la pisse. Ou bien encore, tout bonnement parce qu’il a envie de foutre de la merde partout. Et le clebs qui en avait décidé ainsi aujourd’hui était loin de ressembler à un petit caniche qui aboie plus fort qu’il ne mord. Skinner leva les yeux, détaillant vaguement le type qui lui barrait le chemin, qu’on appellera affectivement Rott Weiler pour l’instant étant donné que le roux n’avait absolument aucune idée de qui il pouvait être. Il se dit que Rott Weiler s’était sans doute mépris, qu’il le prenait pour quelqu’un d’autre et que s’il avait de la chance, il avait marché dans la merde avec le pied gauche. Malheureusement non, c’était le pied droit.

« Balance ton cash, connard. Tout de suite. »

Skinner le regarda, l’air de pas comprendre. Il n’avait pas que l’air, en vérité. Ah, qu’elle est belle la vie, quand on a ses écouteurs collés sur les oreilles. Il ne s’en séparait jamais, tout comme ses vieilles lunettes. Plusieurs genres de musique, plusieurs groupes, mais majoritairement du RATM. « Fuck you I won’t do what ya tell me, motherfucker » à répétition, c’est ce qui jouait à l’instant, pour les curieux. Étrangement, le dernier mot s’accordait parfaitement avec quelques mouvements de lèvres que Rott Weiler faisait. Il continua de le toiser un moment, se disant que le son était peut-être trop fort et qu’on entendait à travers son casque. Apparemment, ce n’était pas ça, et Rott Weiler n’était pas très content de ne pas pouvoir écouter, lui aussi. Après s’être avancé vers lui beaucoup trop vite pour le temps de réaction habituel du hacker qui était de toute façon déjà en train d’essayer de se barrer tranquillos, il lui arracha ses écouteurs de sur la tête et Skinner put enfin entendre les doux et mélodieux jappements de Rott Weiler.

« Bordel mais t’es retardé ou quoi ?! J’t’ai dit file-moi tout ce que t’as maintenant sinon j’te défonce la gueule. »

Et le voilà qui sortait les crocs. Ce qui n’empêcha pas Skinner de l’ignorer royalement, les yeux rivés sur ses pauvres écouteurs qui jonchaient le sol. Ça lui avait pris 36h consécutives de recherches intensives pour les dénicher. Quand il était revenu chez lui, il sentait les déchets autant que la sueur, avait les mains et les avant-bras écorchés et était couvert de substance x. Ça lui avait pris une semaine avant de retrouver une odeur corporelle normale. Just sayin’. Il n’était pas tellement fâché contre Rott Weiler, juste un peu dépité de voir tant d’heures de boulot – il avait passé le mois suivant à les remettre en bon état - s’envoler parce que quelqu’un était jaloux qu’il écoute de la musique. Encore une fois Rott Weiler n’était pas content. Skinner ne comprit pas trop pourquoi, mais apparemment, la paire d’écouteurs ne lui suffisait pas, et il ne se garda pas de lui faire part de sa frustration. Cinq secondes plus tard, le rouquin se retrouvait par terre, cul dans les ordures – elles l’aimaient bien celles-là, après s’être fait mettre une violente droite qui lui avait fait faire un vol plané avant d’atterrir dans les poubelles en métal non loin de là.

Le bruit de fracas qu’elles avaient fait était nettement moins agréable à entendre que du RATM, et le goût du sang dans sa bouche n’égalait pas celui de la cigarette. CQFD.

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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime05.09.11 19:49

S’il y avait bien un avantage à être son propre boss et de travailler seul selon ses propres règles, c’est qu’on n’avait pas réellement d’obligation de faire quoi que ce soit que l’on pouvait trouver contrariant. Oh bien sûr, il y avait des choses qui devaient être réglées quoi qu’il en soit à moins d’absolument tenir à couler sa propre entreprise mais regardez, les horaires d’ouvertures par exemple.
Eh bien Dimitri, il n’en avait pas.
Remarquez, ce n’est pas comme s’il tenait une boutique de luxe donnant sur une avenue sur-fréquentée, il en était même relativement éloigné de ça et n’en avait de toute façon pas le moindre désir. Son petit garage miteux ouvrait sur une ruelle étroite bordée de hauts immeubles tous plus quichés les uns que les autres et pas besoin d’être devin pour savoir qu’il valait mieux éviter ce genre d’endroit pour des balades nocturnes en toute innocence.
Mais au moins chez lui, les gens savaient qu’ils pouvaient venir quand ils voulaient, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit… du moment qu’il y avait une raison tout à fait valable pour qu’il soit tiré de son sommeil en tout cas. A quartier douteux, clients douteux et le mécano savait parfaitement que ses meilleurs clients n’étaient pas ceux qui venaient chez lui en début d’après-midi uniquement parce qu’il était le seul dans le coin à ne pas être surbooké et donc à pouvoir se charger d’eux sur le champ.
Mais, soyons brefs et revenons-en à nos histoires d’horaires. Il ne devait pas être bien loin de onze heures et le moins que l’on puisse dire à propos de Dimitri, c’est qu’il avait sacrément la tête dans le cul – et sacrément la gueule de bois, mais ça c’est accessoire –, venant de se lever à contrecœur après que les traditionnelles disputes de ses voisins de gauche se soient terminées par des hurlements à en réveiller un mort, l’empêchant par ce fait de retrouver son sommeil chéri.
Ah, ses si charmants voisins, comme il les aimait… non je rigole. S’il connaissait jusqu’au moindre détail de leur vie, c’est parce que la cloison qui séparait leurs logements respectifs aurait tout aussi bien pu être en papier que ça n’aurait pas changé grand-chose. Et s’il y avait bien une raison pour laquelle il n’était pas encore allé toquer à leur porte, leur gueuler dessus et leur demander de bien vouloir faire l’effort de la mettre en sourdine jusqu’à midi minimum, c’est parce qu’il n’avait plus besoin de réveil grâce à eux.
… Accessoirement, c’était aussi parce qu’après l’avoir fait une bonne dizaine de fois, il avait rapidement compris qu’il pourrait bien dire tout ce qu’il voulait ça ne changeait pas grand-chose – pour ne pas dire que ça n’avait jamais rien changé – et qu’à moins de les tabasser jusqu’à ce que mort s’ensuive puis d’aller discrètement les jeter dans les égouts, il valait mieux qu’il tente de s’en accommoder tant bien que mal. De ce fait, il ne se gênait pas pour inviter des amis à une heure indécente de la nuit et à augmenter le son de sa musique jusqu’à ce que des coups furieux se fassent entendre de l’autre côté du mur pour intimer un silence qu’ils n’obtenaient bien sûr pas. A vicieux, vicieux et demi hinhinhin.
Autant ne pas vous le cacher, Dimitri était un adepte de ces petites revanches même s’il n’ignorait pas que ce genre de truc en général, finissait mal.

Le jeune homme s’était donc extirpé de son lit tant bien que mal, goûtant à la saveur de son sol après s’être empêtré les pieds dans ses draps. Pour la forme, il avait balancé un grand coup de pied dans la cloison et ricana en entendant un objet se briser instantanément après, sans doute de son fait. Il devait donc y avoir un meuble ou quelque chose du genre à cet endroit de l’autre côté, c’était toujours un bon truc à savoir.
Une douche froide, une – vaine – promesse intérieure de ne pas boire autant quand il faisait la fête avec ses potes, un grand verre d’eau et une bonne dose d’aspirine plus tard, le mécano sauta dans les premières fringues mettables qu’il trouva et descendit au rez-de-chaussée ouvrir ce qui faisait office de garage mais qui aurait plutôt mérité le nom de fouillis-digne-de-la-caverne-d’ali-baba-aka-le-paradis-de-celui-qui-aime-chercher-longtemps-pour-dénicher-la-pièce-ou-l’objet-qu’il-lui-faut-et-pas-cher-s’il-vous-plaît-parce-qu’ici-le-monsieur-il-est-sympa-du-moment-qu’on-est-sympa-avec-lui-aussi.
Mais c’était quand même un peu long comme nom, alors celui de ‘garage’ était resté. A peu de choses près ça voulait de toute façon dire la bonne chose.

Avec un timing parfait, son premier client de la journée s’était pointé même pas cinq minutes après ça, un habitué qui venait de temps à autre chercher une petite bricole. Un gars sympa à n’en pas douter, enfin du peu qu’il en connaissait tout du moins. Et c’était toujours plus agréable de commencer la journée avec ça plutôt qu’avec un parfait inconnu venu ici pour une quelconque raison et qui se serait senti obligé de lui tenir une conversation dont il n’avait que faire. Parce que oui même par ici y en avait des gens comme ça, et malheureusement un peu trop à son goût d’ailleurs.
Et puis Skinner repartit, Dimitri estima qu’il était l’heure de s’en griller une et s’exécuta aussitôt pensé tout en farfouillant ci et là pour finalement dénicher son vieux poste de radio couvert de poussière qui, bien qu’ayant très certainement au moins le double de son âge, marchait encore très bien. S’annonçait alors une autre expédition afin de trouver une prise non occupée dans tout ce fatras lorsqu’un bruit soudain au dehors attira son attention. Et lui, comme tout être humain doté d’un minimum de curiosité, se pointa dans la ruelle pour en deviner l’origine. Laquelle se trouvait un lacet de rue plus loin et s’exprimait sous la forme de deux personnes et d’innocents containers métalliques qui n’avaient sûrement rien demandé et se trouvaient là purement par hasard.
Si Dimitri ne calcula pas tout de suite que celui qui prenait un bain d’ordure était ce même Skinner qu’il venait de voir pas même une dizaine de minutes plus tôt, il reconnut en revanche directement le précédemment nommé Rott Weiler comme étant un bon gros fouteur de merde avec qui il avait déjà eu des démêlés plus ou moins sérieux et qui ne s’étaient jamais vraiment bien terminés. Autrement dit un type qu’il n’appréciait pas franchement voir traîner si près de chez lui et qu’il ne pouvait pas simplement ignorer lorsque leurs chemins venaient à se rencontrer. Pas besoin dans ce cas d’une quelconque excuse pour lui en foutre plein la gueule. Dimitri ne prit d’ailleurs même pas la peine de s’encombrer d’un quelconque idéal de franchise ou de je-ne-sais-pas-quoi-d’autre-dans-le-même-genre lorsqu’il s’approcha rapidement dans son dos, l’attrapa par le col et tout en le tirant vers lui d’un coup sec, envoya avec entrain et gaieté de cœur son poing rencontrer l’arcade nasale de l’autre. Et oui c’était bien un sourire relativement satisfait qu’arbora son visage lorsqu’un désagréable craquement se fit entendre ; le type porta instantanément les mains à son nez clairement brisé, comme si ce simple geste allait lui permettre de retenir le sang qui en pissait déjà et Dimitri, qui déjà s’était désintéressé de lui, s’estima pleinement satisfait des nouveaux capteurs sensoriels qu’il avait récemment fait installer sur les articulation artificielles de sa main droite. Puis il se retourna vers Skinner toujours confortablement avachi parmi les sacs d’ordures et lui attrapa fermement le bras afin de le relever sans trop tarder, n’ayant pas non plus grande envie d’attendre sagement que l’autre bonhomme ait retrouvé ses esprits en même temps qu’une furieuse envie de faire bouffer ses dents à celui qui venait de lui exploser le nez.

« Ého mec. T’es avec moi là ou quoi ? » Tout en l’entraînant plus loin il fit claquer ses doigts près du visage du jeune homme, lequel semblait encore un peu sonné par le coup qui l’avait envoyé valser dans les poubelles tout à l’heure. « On peut pas dire que t’ai pioché la bonne carte avec ce crétin fini, j’suis bien placé pour savoir qu’en plus de ça il a la rancune tenace. Quoique pour le coup, j’pense avoir plus à m’en faire que toi. » Un morceau de ce qui pouvait vaguement ressembler à un sourire amusé étira un coin de sa bouche tandis qu’il faisait jouer ses doigts, les pliants et dépliants tour à tour. Mine de rien, une petite dérouillée de bon matin ça vous mettait son homme de bonne humeur.



Dernière édition par Dimitri Stepanovitch le 18.10.11 12:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime13.10.11 2:00

En vrai, Skinner, tu n’as jamais vraiment été très doué pour ce genre de chose. On t’a souvent reproché ta petite taille et ta carrure plutôt frêle pour un humain avec les chromosomes XY respectifs pour tout être de sexe masculin. Tu t’es toujours dis que t’y pouvais rien, et qu’à moins de prendre ce qui a déjà porté le nom de stéroïdes et d’apprendre le kung-fu d’un vénérable maître d’arts martiaux avec une barbe blanche si longue qu’il aurait pu se torcher le cul avec durant toute sa vie sans être une seule fois à court de papier cul, t’allais vivre avec ça. Pour toi, la violence, c’est quelque chose de fictif, un détail gros csb, dérisoire et sans aucune intérêt particulier ; ça existe que dans les comics et dans les JV. Ça t’ai jamais passé par la tête qu’IRL c’était différent. Malgré le monde dans lequel tu vis. Malgré que t’aies dû affronter plus d’une fois cette bande de connards qui te défonçaient la gueule à coup de poing américain parce que t’avais pas l’air d’avoir assez mal à leur goût. Malgré ce qui est en train de se passer présentement. La douleur, le sang, la mort, tout ça c’est accessoire. C’est pas tellement important. Ça fait partie du Tout, tu peux pas l’éviter, mais tu le fuis pas non plus. Tu t’en fous.

Mais aïe quand même.

Rott Weiler avait pas cogné assez fort pour le foutre dans le coma, néanmoins il avait le mérite de l’avoir envoyé dans une galaxie pas très loin de l’inconscience, avec les étoiles interstellaires & co. Skinner ne se faisait pas tout le temps taper dessus, mais quand ça arrivait, c’était pas une simple pichenette. Pour être bien franc, sincère, véritable et tout, il se sentait présentement un peu comme une cigarette dans un cendrier, écrasé sur le tas de cendre et de mégots, à l’exception près qu’il était en chair et en os et était non pas sur des cadavres de cigarettes, mais ce qui s’apparentait à des cadavres d’objets et autres trucs que l’humain ne trouve plus nécessaire de garder dans sa maison. Rien de très confortable en soi. Pas surprenant que les SDF soient toujours grognons après avoir passés la nuit dans ce qui leur faisaient sans doute office de matelas.

Skinner ouvrit les yeux à demi, incapable de soulever ses paupières plus qu’un centimètre, ce qui était déjà bien assez pour lui permettre de percevoir à travers la forme floue du chien enragé. Tout ça pour des écouteurs. Il aurait dû lui dire clairement s’il voulait quelque chose. Le rouquin n’était pas tellement du genre à refuser quand on lui demandait gentiment. Tant qu’on ne lui prenait pas son ordinateur, il était content. Il n’avait pas besoin d’autre chose que ses vieux bidules dont personne ne voulait, ses clopes, et la sainte paix. Après, le petit n’était pas tellement matérialiste. Il cligna des yeux. Les étoiles disparurent. Néanmoins il ne bougea pas de son petit sofa en déchets-fait-maison. La moindre des choses quand on se faisait taper dessus, c’était de faire le mort pour ne pas vexer celui qui avait frappé. En toute connaissance de cause, ce n’était jamais une bonne idée de se relever, qu’on en soit capable ou pas.

Il préférait largement l’odeur nauséabonde des poubelles, si vous lui demandez son avis.

Cependant, au moment où il allait les refermer en utilisant la tactique mentionnée ci-haut, une seconde silhouette apparut dans son champ de vision. Quelque chose qui lui disait vaguement quelque chose parce qu’elle ressemblait à quelque chose dont il reconnaissait quelque chose. Un truc dans le genre. Des baraqués-gorilles, ça pullulait dans le coin, rien de très original pour un quartier aussi pourri que l’était Bay Area. En même temps, dans ce genre d’endroit, on avait pas tellement le choix ; on est celui qui tabasse ou celui qui se fait tabasser. Tu te débrouilles seul ou tu crèves. C’était la règle d’or non-écrite et en général, tout le monde la respectait. Apparemment, il y avait des exceptions. Pas qu’il devait y avoir une raison franchement charitable et que le gentilhomme d’antan venait de réapparaître soudainement du fin fond du trou de cul de la terre, mais il venait quand même de se faire tirer d’affaire par la forme indistincte qui venait d’arriver.

Ce n’était pas tellement qu’il reconnaissait qui que ce soit et ça aurait très bien pu être sa mère qu’il ne l’aurait pas reconnue. Ça aurait pu aussi être un des acolytes de ce cher Rott Weiler qui venait de lui donner une bonne tape amicale sur l’épaule, si on pouvait en juger par le rapprochement soudain des deux ombres brouillées. Mais le craquement sinistre d’un os qui se brise ne pouvait pas être plus explicite dans la situation présente. Skinner connaissait bien ce bruit, au nombre de fois où il en avait été l’initiateur, ça aurait été le prendre pour le dernier des abrutis que de croire qu’il aurait pu naïvement penser que c’était autre chose que le son d’un nez qui se casse après avoir reçu une majestueux droite - ou gauche, dépendamment du cogneur. D’ailleurs, ce dernier ne prit pas de temps avant de s’avancer vers lui, de le soulever et de le traîner plus loin. Un bon samaritain ? Rare dans ces teigneuses contrées. Un nom ? Un visage peut-être ? Oh, une voix suffira.

« Heya, si c’est pas Dim’. Long time no see. »

Il souleva légèrement la main pour le saluer casually en affichant un air genre je-vais-bien-je-ne-viens-absolument-pas-de-me-faire-taper-sur-la-gueule. Ah, ouais. Ouais. La prochaine fois, ce serait bon de penser à manger le coup autre part que sur la mâchoire ; sûrement impossible de tenir une clope entre les lèvres pour l’instant. Le jeune hacker finit tout de même par se redresser, époussetant inutilement son jean en cherchant du même coup un paquet inexistant dans la poche arrière, avant d’abandonner la vaine quête et de simplement y ranger sa main, à défaut d’avoir autre chose pour combler le vide du paquet de cigarette qu’il n’avait pas. Il cracha une belle quantité de sang sur le trottoir avec un petit bonus blanc qui lui avait, pas plus tard que ce matin, servi à manger deux toast au Nutella en contribuant au mâchouillement de ces dernières, puis leva la tête vers Dimitri en affichant ce même air insouciant qui le définissait tant.

« J’te paie un verre ? »

L’honneur, l’égo et l’orgueil ? ‘Connaît pas. Mais « merci » c’était bizarre à dire à un mec comme Dimitri, sauf quand il s’agissait d’une commodité d’usage. Là, c’était plus pointilleux. D’abord parce que c’était plutôt rare qu’on vienne à la rescousse de quelqu’un qui se fait tabasser dans une ruelle - la raison de cette intervention importait peu, que ce soit fait par altruisme ou parce que le dit Rott Weiler lui devait un nez cassé, ça revenait sensiblement au même, ensuite parce qu’entre hommes ça se faisait pas trop, et pour finir parce que Skinner se voyait juste très mal le remercier out of the blue. Donc offrir un verre revenait à dire merci, avec l’alcool en plus. Voilà. Un mec bien ce Dimitri. Pas quelqu’un qu’il fréquentait tous les jours et devant qui il pouvait se gratter les couilles librement, mais une relativement bonne connaissance, à qui il pouvait bien payer la traite après qu’il l’ait sauvé d’une mort certaine ou d’un bon séjour à l’hosto de plusieurs mois.

Tant pis pour les clopes.



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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime20.10.11 22:10

La bonne nouvelle, c’était que Skinner était visiblement assez conscient pour marcher sans l’aide de personne bien que Dimitri se soit senti obligé de le soutenir après l’avoir relevé, des fois que… et puis ça aidait à ne pas avancer à la vitesse d’un gastéropode en fin de vie, une fâcheuse habitude qu’avaient les gens dépossédés d’une bonne partie de leur équilibre – et c’était souvent le cas quand une tierce personne se chargeait de vous mettre les idées à l’envers d’une manière pas très délicate. Un bon coup dans la tronche était très efficace dans ce domaine-là, comme on avait pu le remarquer à l’instant chez le jeune homme qui s’était épris des bennes à ordures – voire des ordures en elles-mêmes, allez savoir, moi je ne critique pas en tout cas ; il en faut pour tous les goûts.

Plus sérieusement, Dim’ avait beau être un chouette gars, le cœur sur la main, le respect du client, toujours prêt à aider son prochain*, blablabla, fallait pas trop déconner non plus hein. Si Skinner avait mangé plus sévèrement et s’était trouvé dans l’incapacité de se déplacer par ses propres moyens, le mécano ne se la serait pas joué prince du dimanche en le portant à une meilleure place. Fallait pas trop prendre la vie pour un kiwi non plus.

Même si c’est vrai que l’abandonner à son triste sort aurait été cruel, mine de rien.

Non, non, je ne parle pas du fait de vivre une romance folle avec des ordures – mais laissez-les tranquilles à la fin celles-là, elles ne vous ont rien fait ! – mais bien du gueux à l’origine de cette rencontre improbable qui, quant à lui, ne serait certainement pas rentré sagement chez lui se faire panser le nez par maman alors qu’un morceau de viande attendait avec impatience de se faire bourrer le mou à coups de pieds furieux.
Du coup, ça aurait donné naissance à un sacré dilemme : on ne laissait pas sur le bord du trottoir et à la merci d’un mec de fort méchante humeur le type à qui l'on venait justement d’éviter quelques emmerdes, non ? Parce que dans ce cas, autant ne pas intervenir du tout, monter le son de la radio et faire genre ne pas avoir du tout conscience que quelqu’un de notre connaissance était légèrement en train de se faire taper sur la gueule au coin de la rue.
Mais d’un autre côté, le Dimitri il avait pas trop envie de s’embarquer dans une bastonnade alors que ça ne devait même pas faire deux heures qu’il était tombé – au sens propre – du lit.
… Bon okay, c’est quand même la solution qu’il aurait choisi malgré tout. Pour une tête à claques comme celle de Rott Weiler, il ne dirait jamais non à une échauffourée un peu plus prolongée que ce rapide échange de politesses – si, si, briser un nez c’est une marque de politesse, c’est même monnaie courante dans les quartiers pouilleux.
Mine de rien, l’était pas si mauvais bougre que ça notre pseudo punk. Vis-à-vis des milieux dans lesquels il avait déjà bossé avant de s’installer dans les environs, il s’était quand même sacrément bien rangé.

« Heya, si c’est pas Dim’. Long time no see. »

Ah, il semblerait que la princesse des ordures ait enfin recadré son ravisseur. Bonne nouvelle. Ça voulait au moins dire que les neurones avaient accepté de faire le trajet du retour avec leur propriétaire. Une forte majorité d’entre eux en tout cas, à moins qu’un bête et petit quart d’heure entre dans la définition de « longtemps » chez Skinner. Ma foi, on n’savait jamais trop à quoi s’attendre avec les originaux comme lui…

« J’te paie un verre ? »

On commençait à causer d’choses intéressantes, là. Ce genre de proposition, ça ne se refusait pas et ce quelle que soit l’heure de la journée. Dimitri serait toujours apte à boire une bière, voire deux, voire plus. Voire autre chose, mais on était quand même qu’en fin de matinée alors fallait pas non plus trop abuser hein. Il était ni pochtron ni alcolo tout de même.
Sourire au coin des lèvres, c’est donc bien volontiers qu’il accepta.
Et puis d’ailleurs…

« Ça m’fera passer la gueule de bois, y a rien d’mieux que d’boire un coup pour ça. »

Comment, vous n’étiez pas au courant ? Il était pourtant de notoriété publique que l’alcool était le meilleur remède pour effacer le souvenir des ravages qu’il avait lui-même causé la veille.
Mmoui enfin ça restait quand même très concept mais bon, que voulez-vous, l’auto-persuasion est une chose prodigieuse pour ce genre d’affabulations.

« Y a un endroit où t’as l’habitude d’aller ? »

Ouais parce que lui il s’en foutait un peu, un bar était un bar, une bière restait une bière alors autant se conforter aux préférences de Skinner – pour peu qu’il en ait dans ce domaine – étant donné que c’était lui qui invitait. Et pendant qu’il parlait, il fouilla un bon moment ses poches avant d’en sortir victorieusement un vieux paquet aux trois-quarts vide qui avait dû connaître des jours meilleurs.
Merveilleuses, ces poches, soit-dit en passant. On y trouvait toujours des trucs intéressants en cherchant bien dedans, parmi tout un tas d’autres trucs qui l’étaient bien moins (oui, il affectionnait particulièrement les futs larges avec des poches tout aussi vastes, c’était vachement pratique). Un peu comme une v2 du sac de Mary Poppins, l’émerveillement de la découverte en moins et les origines douteuses de certaines choses en plus.
Revenons donc à ce fameux paquet, d’où il tira une clope qui ne ressemblait presque pas à un cadavre et vieux briquet essoufflé qui réclamait sa retraite – oui, le spectacle est assez miteux je vous l’accorde – avant de le tendre à Skinner avec un regard vaguement interrogatif, qui dériva jusqu’à la mâchoire salement amochée du jeune homme. Mouais, bon. Au moins, on ne pouvait pas reprocher à Dimitri d’être radin et de ne pas partager ses trucs, teh.

« A ta place, j’éviterai de trop montrer ma tronche dans l’coin pour quelque temps. » reprit-il après un petit instant de silence et avoir tiré une taffe, remettant l’histoire de tout à l’heure au menu du jour. « Sauf si t’as envie de te faire décorer un peu plus la tronche. Mais quitte à vouloir arborer des couleurs inédites, viens plutôt me filer un coup d’main au garage un d’ces quatre, j’ai toujours voulu avoir un larbin à mes ordres. Puis le cambouis et la crasse au moins, ça part plus facilement et c’est pas douloureux. » rajouta-t-il sur le ton de plaisanterie, plutôt conscient que ce qu’il faisait n’entrait pas dans les centres d’intérêts de Skinner. C’est qu’il était plutôt bavard l’Dimi, aujourd’hui.



*: si vous avez éprouvé quelques doutes à la lecture de ces mots, c'est normal. Je n'y crois pas davantage.
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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime25.10.11 3:43

Faudrait peut-être réviser quelques petits trucs. Et très sérieusement, s’il-vous-plaît. C’est pas qu’il avait une réticence particulière à se faire taper sur la gueule avec un quelconque objet qui soit – il en avait vu passer plusieurs, de toutes les formes et de tous les matériaux – mais que cela soit clair : Skinner n’était pas trop du genre masochiste. Un peu de douleur par-ci par-là ça ne fait de mal à personne, on s’entend. Enfin, pas vraiment. Disons que ça ne tue pas, pour ne pas rentrer dans un débat paradoxal dont tout le monde se fout allégrement. Dépendamment de qui cogne et avec quoi il cogne, va-t-on dire. ‘Fin là n’est pas le sujet. Donc, nous disions, le rouquin, celui qui avait présentement la mâchoire défoncée et qui arborait un air beaucoup trop neutre pour quelqu’un qui allait devoir manger des ramens pour le reste du mois à venir – pas que ça le dérange tant que ça, oui, lui là, était loin d’être un masochiste excité à la vue de son propre sang.

Donc il voulait bien faire office de punching bag une fois de temps à autre, faire une B.A en servant de défouloir à des mecs comme Rott Weiler qui étaient frustrés de la vie parce qu’ils avaient eu une triste enfance, s’étaient fait battre par leur père alcoolique et ignorés par leur maman un peu hystérique sur les bords avec plus grand-chose de matière grise faute des médicaments prescrits par le médecin qui violait la fille dont ils étaient amoureux qui elle-même aimait leur meilleur ami qui était mort dans un sordide meurtre à cause d’une histoire de gang (vous savez, cette superbe querelle de bandanas de couleur) dans laquelle ils étaient aussi profondément mêlés dès leur plus jeune âge dut à un manque flagrant d’argent et de soutien scolaire et familial qui n’avait en rien aidé à leur terrible haine et refoulement émotionnel de la culpabilité qu’ils ressentaient à travers tous ces pitoyables évènements d’une vie qu’ils détestaient en rejetant cette rage sur les autres autour d’eux ne faisant qu’empirer ce déplorable fichier AVI tout droit sortit d’un film à deux balles dont ils étaient l’acteur principal *reprend son souffle* néanmoins, il avait beau être compréhensif sur ce point, il y avait certaines limites à ne pas dépasser.

Et la limite de ses limites survenaient quand ce pauvre Skinner, ma foi fort sympathique de les laisser sortir un peu le méchant sur lui, n’était plus en mesure de fumer one single cigarette.

Parce que, avouons-le, s’il y avait quelque plaisir indispensable qui soit dans la vie, c’était bien de s’encrasser les poumons avec ces saloperies, d’autant plus quand on venait de se faire taper dessus. Rien de mieux qu’une bonne clope pour oublier un mauvais incident. Étonnamment – et après plus d’une expérience concluante sur le sujet, ces cochonneries s’avéraient posséder de grandes vertus guérisseuses, autant pour le corps que pour l’âme. Que ce soit après s’être fait taper dessus, ou bien après une rupture émotionnellement difficile avec un de ses disques durs, il s’était toujours retrouvé en bien meilleure forme grâce à celles-ci. Du plus loin qu’il se souvenait, les cigarettes avaient toujours détenues une place cruciale dans sa vie ; tout ça pour dire que celles-ci était un point fort, et une faiblesse considérable pour le jeune hacker.

En d’autre terme, si son expression était restée aussi blasée jusqu’ici, elle ne put s’empêcher de se désintégrer morceau par morceau à la seconde même où il vit la cigarette que Dimitri lui tendit généreusement. Le sentiment de manque que procurait le geste de fouiller dans ses poches et réaliser que le paquet qui était supposé être à sa place n’y était pas ne pouvait être comparé à celui d’en avoir une sous le nez, retirée subitement par la même main qui l’avait présentée. Apparemment, il n’était pas le seul à avoir pigé que sa mâchoire n’était plus en mesure de tenir quelconque objet qui soit et qu’avec beaucoup de chance et un peu de prières, la seule chose qu’il lui serait possible de faire serait de boire avec un entonnoir fixé entre les lèvres – il se voyait mal demander à quelqu’un de lui tenir la bouche ouverte. Le Skinner, qui n’avait guère trouvé utile d’être abattu par ce précédent incident, afficha une mine chagrinée en fixant la main à nouveau vide de Dimitri. Et c’est là où on en revient à la correction de quelques petits trucs concernant la formule gueule + poing = aïe. Qu’ils tapent où ils le voulaient, sauf dans la gueule. Il prendrait le temps de leur dire la prochaine fois. Le nez, les tempes, la gorge, l’abdomen, la poitrine, les côtes, le dos, vazy même les bijoux de famille s’teplaît, mais on ne touche en aucun cas à la mâchoire.

…Snap out of it, dude.

Un dernier frisson en se rappelant toutes ces fois où il avait monologué sur le même sujet sans que cela y change quoi que ce soit, un dernier regard peiné à la cigarette en train de se consumer aux lèvres de Dimitri, une dernière pensée envers toutes celles qu’il n’avait pu fumer incluant celles à venir et voilà. Pas un type très rancunier. D’autant plus qu’il aurait pu ne plus pouvoir en fumer du tout si le mécano ne s’était pas pointé à temps. Un peu de reconnaissance, voyons.
Une bonne saoulerie qui ferait office de la cigarette qu’il n’avait pas, cela était plutôt convenable. Mais où ? Oui, car c’était bien la question qu’il lui avait posé, à moins que « Y a un endroit où t’as l’habitude d’aller ? » ne voulait pas dire la même chose dans son langage. Heureusement, c’était sensiblement la même chose. Sensiblement. Skinner n’était pas du genre à sortir – vous pouvez en devinez une partie de la raison – et sa connaissance des bars de Bay Area était relativement limitée. Donc « habitude » n’était pas tellement le terme approprié dans cette situation, néanmoins, ça ne l’empêchait pas d’avoir en mémoire quelques noms d’endroits réputés (ou pas) où l’alcool était suffisamment abordable pour pouvoir se retrouver complètement bourré sans avoir à dépenser toutes ses économies.

De toute façon, comme dit précédemment, tout se ressemblait dans ce foutu quartier. La différence entre une buvette ou un autre était infime. La clientèle différait rarement. Le liquide était importé du même endroit. L’odeur nauséabonde de tabac/sueur/vomit s’imprégnait toujours dans ses vêtements. Il finissait toujours par se faire taper dessus. Y’avait que l’ambiance qui pouvait être un octet variée, mais ça, ce n’était sûrement pas le rouquin qui allait le remarquer. Il haussa les épaules. Le plus proche serait le mieux. Pas besoin d’user leurs baskets déjà assez en mauvais état en rajoutant de la marche supplémentaire. Ça faisait quand même cinq ans qu’elles lui duraient, ses bottes. Ça serait fâcheux de devoir les changer. Déjà qu’il n’avait pas de clopes, si en plus il n’avait plus de souliers, ça serait pas la joie. Donc bon, outre l’importance de pas roder davantage leurs souliers, aucun d’eux ne semblait vouloir attendre plus longtemps avant de s’en claquer une bonne bien fraîche. Sa main se leva, et son doigt pointa une direction. Le nom lui échappait, mais il lui semblait que c’était par là. Il lui semblait.

« A ta place, j’éviterai de trop montrer ma tronche dans l’coin pour quelque temps. »

Oh ça. C’était bien gentil à lui de l’avertir, mais y’avait pas de risque. Pas comme si son activité favorite était de se balader dans ce quartier moisi pour la forme non plus.

« Sauf si t’as envie de te faire décorer un peu plus la tronche. Mais quitte à vouloir arborer des couleurs inédites, viens plutôt me filer un coup d’main au garage un d’ces quatre, j’ai toujours voulu avoir un larbin à mes ordres. Puis le cambouis et la crasse au moins, ça part plus facilement et c’est pas douloureux. »

Un sourire se glissa à la commissure de ses lèvres. Le genre d’humour qui lui faisait toujours de l’effet. Sans autant d’impact que le célèbre « pipi, caca prout » - si quelqu’un avait le malheur de le prononcer devant lui, c’était partit pour un minimum de cinq heures de fou-rire intensif sans possibilité d’arrêt, mais ça avait l’avantage de le faire sourire, et ça, c’était plutôt rare.

« Pourquoi pas ? On refuse jamais un peu d’argent de poche et une protection garantie. »

Humour, Skinner. On a dit, « humour ». Blague. Plaisanterie. Joke. Ha-ha. Ouais mais quand même. Travailler dans un garage, ça pouvait pas être mauvais. Il n’en paraissait pas à première vue, mais bidouiller des trucs se rapprochait déjà beaucoup plus de son activité préférée, contrairement à se trimballer dans Bay Area avec la tête qu’il avait en indiquant clairement aux chiens qu’il était prêt à se faire mordre par l’un d’eux quand ça leur disaient. En plus de ça, si c’était un mec comme Dimitri qui lui proposait, même en plaisantant, c’était une offre qu’il ne pouvait pas laisser passer. À voir. Lui et le boulot aussi…c’était comme l’inspiration ; ça dépendait des jours.

« Nan mais sérieux. Ça pourrait être c---….ah. J’étais persuadé que c’était dans c'coin là. C’était p't'être plus vers la gauche. »

Il leva la tête. S’ils avaient continué de marcher dans la direction qu’il avait pointée, ils étaient loin d’être au bon endroit. Comme quoi il ne faut jamais écouter un type à l’ouest quand il dit qu’il connaît une place dont il ne se souvient plus du nom qui se trouve quelque part approximativement entre ici et là. Perdu ? Meuh non. Juste légèrement égaré, nuance.

« Ou plus vers la droite. »


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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime23.11.11 13:21

Si Dimitri avait eu un tout petit peu moins de retenue, nul doute qu’il aurait bien ri en voyant la tronche de Skinner se décomposer façon tous les malheurs du monde viennent de me tomber sur le coin de la gueule. Mais comme au fond c’était quand même un chouette gars, il compatissait pour la mâchoire convalescente de son camarade. Un peu. Bah, disons que ça lui était déjà arrivé quelques fois vu le nombre de bastonnades qu’il avait à son actif alors forcément, il savait plutôt bien ce que ça faisait que de se retrouver dans cet état peu enviable.
Donc, il s’était simplement abstenu de faire ne serait-ce qu’une remarque quelconque en rapport avec ça, avait récupéré sa clope et continué de parler comme si de rien n’était, enchaînant sur une petite note d’humour parce que détendre l’atmosphère, ça ne faisait de mal à personne après tout. Et bien entendu, le tout en marchant dans la direction indiquée par le rouquin sans se douter un seul instant que celui-là ne savait même pas vraiment où il comptait les amener. Ne jamais laisser le choix du chemin à un type qui, en plus d’être naturellement à l’ouest, vient de se prendre un mauvais coup. Mais bon, le jour où Dimi’ pensera à des trucs comme ça… Bouarf, d’ici là vous avez le temps de faire le tour du monde quatre ou cinq fois à cloche pied et avec une corde à sauter, si vous voulez mon avis.
Enfin, au moins il avait réussi à arracher un sourire au nerd qui lui tenait lieu de compagnon.

« Pourquoi pas ? On refuse jamais un peu d’argent de poche et une protection garantie. »

… qui, visiblement, l’avait tout de même pris au sérieux. Dim’ le considéra un instant d’un air beaucoup plus sérieux, cherchant à voir s’il était seulement entré dans son jeu ou s’il pensait vraiment ce qu’il venait de lui répondre. Parce qu’en ce qui le concernait, il ne refusait jamais un peu d’aide de temps à autre, du moment qu’on l’emmerdait pas trop, qu’on lui laissait sa précieuse tranquillité et le loisir de bosser quand il voulait, comme il le voulait et au rythme qu’il voulait. Les parasites, c’est cool, mais chez les autres c’est encore mieux.

« Du moment qu’t’es pas regardant sur la provenance de l’argent ni sur sa régularité hein… »

Ben ouais, il croulait pas sous la thune non plus. C’est vrai que ça lui arrivait plus souvent qu’à son tour d’être payé des sommes assez faramineuses selon le niveau de légalité de ce qu’on lui demandait de faire, mais l’était pas franchement du genre à économiser, que ce soit placer ses billet sur un compte ou sous son matelas. Sans compter le fait que son bras mécanique exigeait un entretien régulier et relativement coûteux et qu’il passait son temps à saisir la moindre occasion qu’il avait de lui apporter quelques modifications innovantes. N’ayant jamais totalement digéré la perte de son bras d’une façon aussi inutile que ça avait été le cas, il s’était démerdé comme un beau diable afin de faire en sorte que cette perte se transforme en profit.
Bah, fallait bien avouer que c’était quand même vachement pratique, mine de rien. Vachement chiant par certains côtés quand même, mais au final il en ressortait plus du bon que du mauvais.

« Mais, hé, si ça te botte vraiment y a p’t’être manière à faire un truc qui nous arrangerait tous les deux, reprit-il après un moment. Par contre, compte pas sur moi pour te raccompagner jusqu’à devant chez toi histoire de m’assurer que tes pulsions de punching-ball ne te reprennent pas en douce, si c’est c’que tu entends quand tu causes de protection. »

Non mais c’est vrai quoi, faut pas pousser mémé dans les orties non plus hein.

Enfin avec tout ça, le Dimitri bah… il avait pas franchement fait gaffe aux endroits devant lesquels ils passaient, et aurait bien été en peine de faire demi-tour sans errer un minimum avant de se retrouver devant son chez-lui. Dans ce coin là de Naniwa, c’était un peu partout pareil alors à moins de passer ses journées dans les rues, c’était pas donné à tous que de connaître sur le bout des doigts le schéma plutôt complexe du quartier. D’autant plus que monsieur le hacker semblait avoir un faible pour les p’tites ruelles, de celles qui ont des gueules de raccourcis mais qui ne servent qu’à vous égarer un peu plus que vous ne l’êtes déjà.

Et donc, il pila net quand Skinner commença à se montrer franchement hésitant quant à la route à suivre. Eho mec, fais pas le con hein, Bay Area c’est pas tout à fait le meilleur endroit pour une longue promenade de santé sous le soleil.
Bon, restons calmes, on avait qu’à dire que ses doutes n’étaient dus qu’au fait qu’il n’était pas venu ici depuis perpette, mais qu’en observant bien les lieux ça allait lui revenir. Oui, ces mêmes lieux dont je disais plus tôt qu’ils étaient tous plus ou moins semblables, parfaitement. Le mécano jeta son mégot et l’écrasa de la pointe du pied avant de prendre son mal en patience et d’attendre sagement que l’illumination divine frappe son compagnon.

Sauf qu’à priori, ça n’avait pas trop l’air de vouloir fonctionner.

Dimitri laissa échapper un soupir tout en enfonçant les mains dans ses poches, l’air de dire "et maintenant, on fait quoi au juste" ? Parce que bon avouons-le, se perdre comme ça, pour deux types en pleine possessions de leurs moyens – ou presque –… c’était un peu beaucoup la loose quand même.

« Okaaaay. Bon bah on a qu’à, hum,… marcher. »

Waouh, plus constructif que ça tu meurs.
D’un autre côté vous m’direz, c’est clair qu’ils n’allaient pas non plus rester plantés là comme les deux glandus qu’ils étaient. Donc ouais, ils n’avaient qu’à continuer sur leur lancée et puis qui sait ? Ils finiraient bien par trouver quelque chose de toute façon, au pire un type qui les renseignerait, au mieux un truc correspondant plus ou moins à leurs attentes, a.k.a. un endroit coolos où poser son cul le temps d’se rafraîchir le gosier.

Partant du principe que Skinner suivrait le mouvement, Dimi’ se remit en marche, suivant la ruelle dans laquelle ils venaient de s’engager en arborant l’assurance d’un gars qui sait parfaitement où il va. Peut-être qu’en le voyant comme ça, le bad karma se déciderait à leur foutre la paix et poserait sur leur chemin un bar providentiel.

Ou peut-être pas, mais en tout cas c’était toujours mieux ça que d’avoir l’air d’un type paumé dans son propre quartier.

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MessageSujet: Re: Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri]   Like a cigarette in an ashtray. [PV Dimitri] Icon_minitime

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