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 " The night is calling. "

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" The night is calling. " Vide
MessageSujet: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime18.08.11 23:40

" The night is calling. " Dannygaby
by Phobs

        Bless me with a leaf off of a tree...



    Ses sens l’avaient mené tout droit ici alors que le soleil commençait tout juste à se coucher sur Naniwa. L’archange ne savait pas pourquoi cet endroit-là. Pourquoi maintenant ? Après tant d’années sur Terre, tant d’années à se balader à travers la péninsule japonaise, tant d’années à chasser ceux qu’ils avaient passé toute une éternité à protéger. Ses sens l’avaient mené au cimetière, comme pour lui rappeler la mort de ses frères. La mort qu’il avait lui-même causé. En un battement d’ailes, transporté dans le lieu le plus effroyable qui soit. Un frisson lui parcourut l’échine lorsque l’un de ses pas fit craquer une feuille morte. Il recula, levant la chaussure qui avait écrasé la feuille et regarda ce feuillage fané, éparpillé en plusieurs morceaux alentour. Un instant, il crut entendre les os de ses frères se broyer sous le poids de son corps. Il retint son souffle. Oui, il avait bien cru qu’il venait de tuer de nouveau. Un rire nerveux s’empara de lui alors qu’il reprenait contenance. Son pied se reposa doucement sur le sol et il continua à marcher, oubliant sa frayeur passagère. Un long soupire s’échappa de ses lèvres. Tandis qu’il mettait ses mains dans les poches de son pantalon, il se rapprochait de plus en plus du portail qui menait à l’intérieur du cimetière. Quel endroit triste. Trop triste.

    D’un geste, Gabriel poussa le portail qui se mit à grincer. Il leva les yeux vers l’arbre qui jaugeait le portail et fronça les sourcils. L’arbre semblait se moquer des gémissements du portique en laissant valser ses feuilles mortes au-dessus de lui. Il pénétra avec appréhension dans le cimetière. Et comme pour rendre l’ambiance encore plus étrange et flippante, la brume et le vent se levèrent peu à peu. L’ange ajusta son manteau, le refermant frileusement contre son torse. Il se frictionna les bras tout en déambulant à travers les pierres tombales qui commençaient à fleurir un peu partout autour de lui. Il ne prêtait guère attention aux inscriptions dessus, de toute façon, que ce soit il y a cent ans ou un an ou même dans dix ans, il y aurait toujours les mêmes inscriptions ; père bien aimé, sœur dévouée, fils chéri… Les humains n’avaient pas vraiment d’imagination, même pas une once pour les défunts. Il ne portait même pas un regard aux fleurs, mortes ou fleuries, sur les tombes. Dans ce cas aussi, les mortels ne savaient innover ; des roses rouges pour rappeler l’amour ou des fleurs plutôt affreuses avec des coloris différents pour ne pas attirer le regard sur la tristesse de la fleur mais qui n’avaient pas besoin d’entretien, cela évitait sûrement à la famille ou aux amis de les changer et de passer régulièrement. Son nez frémit à si peu de compassion. Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire. La compassion. Depuis combien de temps n’en avait-il pas eu ? Oh, il en avait éprouvé oui, ce jour-là… C’était… Le jour où il exécuta Ariel – il pense – et qu’il avait déposé sa veste pour ne pas la tâcher. Oui, il avait eu de la compassion pour la pauvre femme à la teinturerie qui aurait dû se faire chier à enlever les traces de sang sur un costume neuf et qu’il ne fallait absolument pas abîmer. Ses doigts passèrent dans ses cheveux. Il se rendait compte à quel point son problème était grave et réel : il ne se souvenait même plus des noms ni des visages de ceux qu’il tuait pour répandre son message.

    Les feuilles bruissaient de plus en plus à chaque pas. Si son instinct l’avait mené ici, c’était pour une raison… Et ses chaussures et ces foutues feuilles qui n’arrêtaient pas de faire du bruit ! L’archange passa une première crypte, puis une deuxième. Bientôt, il atteindrait la fin du cimetière. Lassé et blasé de s’être fait avoir – une fois de plus – par son pseudo-instinct, il fit volte-face pour rebrousser chemin mais un bruissement qui ne ressemblait pas du tout à celui des feuilles qu’il écrasait depuis son arrivée lui fit tourner la tête. Il n’en croyait pas ses oreilles. Ce froissement, celui d’une page que l’on tient, que l’on frotte du pouce. Cette petite caresse du bout du doigt sur le vieux papier avant de tourner la page. Gabriel déglutit. Non, il n’en revenait pas.

    Cela aurait pu être n’importe qui ; le gardien des lieux, une veuve qui n’arrivait toujours pas à faire son deuil et qui préférait passer du temps assise sur un tas de poussière, une pauvre gamine accro aux livres fantastiques qui venait se mettre dans l’ambiance et se faire peur ou tout simplement un toxico ou un détraqué qui s’adossait contre un mur en pensant à sa vie de raté. Cela aurait pu être n’importe qui. Cela aurait pu être n’importe quel petit ange ; un petit chérubin tout mignon qui s’était exilé dans l’endroit le plus terrifiant pour les humains, un ange du Trône, un guérisseur, peu importe qui cela aurait pu être, car ça aurait pu être n’importe qui du moment que ce ne soit pas lui. Pas lui. Lui. La salive qu’il venait d’avaler se coinça dans sa gorge. Il se retint de tousser. Il se retint même de respirer, observant l’être qu’il avait vu grandir dans le silence le plus total. Et ce putain de vent qui hululait à travers les branches…

    Gabriel aurait pu passer des heures à regarder son cadet lire. Il en avait oublié la couleur de ses yeux, un vert foncé qui s’éclaircissait pour les beaux jours. Il avait réussi à oublier ce regard infiniment triste. Son cœur se serra et il dût se tenir à l’une des pierres pour ne pas vaciller. Il le croyait mort depuis longtemps, jamais il n’aurait pensé qu’il avait chuté. L’ange voulait murmurer ce prénom, mais il ne fit qu’ouvrir la bouche puis la refermer. Digne d’un poisson hors de l’eau… Et ces livres, toujours avec ces livres. Ce qu’il donnerait pour les lui arracher avec ce sourire de vainqueur pour le taquiner. Ce qu’il donnerait pour passer sa main dans ses cheveux ébène.

    L’archange pinça les lèvres, les sourcils froncés. Il en oubliait encore sa mission. Les poings serrés, il se dirigea vers son petit frère, avec la ferme intention de délivrer le message de Michael. S’approchant tout doucement, il finit par s’accouder à l’une des pierres tombales. Son menton dans le creux de ses mains, il sourit alors que Daniel tournait naïvement les pages de son livre. Ce qu’il pouvait lire vite cet enfoiré… Il finit par lever une main et déposa tout doucement deux doigts sur l’épaule du petit ange déchu, parcourant l’épais manteau qui l’enroulait jusqu’à ce qu’il atteigne enfin la joue de Daniel. Cette fois, sa langue claqua sur son palais. Il n’était pas question de reculer et encore moins de se débiner. Ses lèvres s’entrouvrirent alors que sa voix accompagnait le vent :

    « - Alors… Je t’ai manqué… Petit frère ? ».

    Du revers de son index, il caressa le creux de sa mâchoire, comme pour lui rappeler le bon vieux temps.


Devils Never Cry - Devil May Cry 3.
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" The night is calling. " Vide
MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime19.08.11 0:43

Know me, never believe me
The Cardigans - Hold me

Qu’est-ce qu’on fait lorsque le monde est pourri, qu’on est perdu dedans et que tout semble n’être qu’un putain de gouffre dont il est impossible de s’extraire ? On s’enfuit, c’est tout… Encore une mauvaise journée pour Daniel, il avait l’habitude et cela était une des conséquences directes de sa déchéance, pas de surprise. Bonjour Ténèbres chères amies, on est encore venu vous parler un petit peu aujourd’hui…
Il y avait eu beaucoup de bruits dans les rues : des gens qui parlent des gens qui rient, le simple fait du vent… L’ange en avait eu la nausée : malade, triste et surtout solitaire. Son cœur saignait mille mort de plus chaque jour que Dieu faisait, et rien jamais rien ne pouvait faire cicatriser a plaie de ses regrets. C’est une couleur de ciel bleu, c’est une odeur de Paradis Perdu…

Il avait erré, s’enfuyant sur ses semelles de vents sans aucun soleil noir pour l’éclairer à présent. Effrayé, maladroit, sa course l’avait amené à bousculer un enfant. Un de ceux qui n’était pas jeune, un de ceux qui n’était pas âgé… Petit visage, grands yeux maladifs, un androgyne dont Daniel ne savait toujours pas s’il était homme ou femme. Une ombre que l’on croise comme ça au détour d’une rue comme on le ferait d’un ange, comme on le ferait d’une prostituée. C’était un humain, un simple humain qui regardait sans le savoir un ange noir parmi les noirs et cela n’aurait bien pu être qu’une rencontre parmi tant d’autres oui…
Mais il n’en fut rien, parce que cette chose vivante décida de faire un geste de bonté simple, tellement simple…

Le livre que Daniel tenait, il était tombé et l’ange se sentait comme incapable de le reprendre. C’est comme ça, il y a parfois des barrières que l’on ne peut pas franchir parce que sinon notre âme même explose. Trop de trop, trop de riens… Et Daniel crut bien mourir, nu sous ses péchés sans ce simple livre pour le couvrir et le protéger. L’adolescent lui tendit alors son propre livre. Il n’avait rien à voir, était bien moins gros que l’ancien mais cela n’empêcha pas Daniel de le prendre. L’humain ramassa celui à terre et disparut alors dans la foule de ses semblables.

A présent les bruits s’amplifiaient, il pouvait pas se boucher les oreilles sinon le livre tomberait encore. Se rouler en boule sur le trottoir n’était pas faisable non plus et chaque bruit, du plus infime comme au plus grand, faisait manquer quelques battements à son cœur. Et ce sentiment de panique, comment le décrire ? Comme si des centaines de mondes s’écroulaient sans qu’il ne puisse en ramasser la moindre miette. Daniel sentit un gémissement mourir dans sa gorge, personne n’entendit parce que personne n’écoutait. Il envia tous ces gens d’être si insensibles aux bruits et se maudit lui-même d’être aussi pitoyable. Mais, Dieu, il pouvait rien faire…

Absolument rien…

Il courut sans la moindre direction et quitta le monde des vivants pour celui des morts : un cimetière. Là il ne devrait y avoir que silence…
Il y eut le souffle glacial d’une pierre tombale pour l’envelopper, un cocon mortuaire et inoffensif, et il y eut le calme. Ici rien ne pouvait arriver, ici les choses étaient mortes. Mortes comme sa foi, oui…. Alors tout devrait bien aller ?

Daniel laissa s’écouler quelques minutes de silence jusqu’à en oublier les battements de son propre cœur. Là, à présent il allait pouvoir quitter ce putain de monde pour un temps jusqu’en un lieu où personne ne pourrait l’atteindre : une histoire.

Le livre sur ses genoux, le livre qui s’ouvre et les mots qui sortent parfois un peu trop durs, parfois un peu trop mous, parfois sans sens et parfois trop connotés. L’ange plongea dans l’histoire, oubliant tout du reste et retrouvant un semblant de sérénité. Cela aurait pu durer le temps d’une éternité, car en ce livre Daniel réussissait à déconnecter son esprit. Il n’entendait même pas le hululement du voix et le craquement des feuilles mortes. Non, il n’y avait que le Silence car rien d’autre ne se devait d’être.

Et s’il souriait cela était sans joie ni tristesse mais bien de ce sourire archaïque de statue qui ne veut rien dire sinon la définition même d’éternité.
Cependant, même ce monde ci fait de mots et de fiction, il allait être détruit à l’instar de tout ce qu’avait connu Daniel. Le contact le prit par surprise, comme la morsure d’un serpent. Le livre tomba à terre, le sol égratignant la couverture… Il resta de glace, immobile, incapable de bouger et songeant qu’en cet instant il aurait tout donné pour être capable de pleurer.
Il avait besoin de verser des larmes pour lui-même, oui, mais surtout pour Gabriel, Gabriel qui se tenait là à ses côtés comme le plus cruel des souvenirs.

Son affection, sa triste affection, elle lui gelait la peau, lui gelait les eaux. Un instant, l’ange crut n’être que glace et douleur alors qu’il entendait à peine les mots de son aîné. Il souffrait, Dieu il souffrait !
Un hoquet dans sa gorge, une terreur pure et cette incapacité d’ouvrir la bouche pour parler lui aussi. Ses ailes étaient noires et celles de Gabriel aussi blanches et pures que l’âme d’un tout petit enfant, il le savait. Alors l’issu de leur rencontre était fatale, inévitable en ce lieu de tombes et de repos : la mort.

Parce qu’il aimait Gabriel qui était son frère et son supérieur, parce qu’il n’avait jamais voulu lui causer la moindre peine, Daniel voulait se jeter à ses genoux, embrasser ses pieds et pleurer pour le pardon. Cependant son âme atrophiée n’y verrait aucune sincérité parce qu’un jour, quelqu’un dans ce foutu jeu de vie et de morts lui avait volé tous les rêves qui jadis l’animaient. Désormais il ne lui restait plus que les espoirs factices des mots des livres, des semblants de rêve qu’on ne peut même pas croire et des semblants d’amour qu’on ne peut ni comprendre, ni donner.
Alors que faire, supplier ou bien au contraire se dresser debout en attendant le coup fatal ? Daniel n’avais jamais été un guerrier, il était un ange de mots tout comme Gabriel et aujourd’hui les mots le fuyaient.

Tout ceci était trop pitoyable….

Tu me manques encore même maintenant…

Tends moi la main, que je ne la prenne pas…

Daniel savait plusieurs vérités : il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas se mentir soi-même mais surtout, surtout il était capable de mentir à Gabriel car l’affection fait perdre toute raison. Cependant ce jeu était dangereux, mais c’était cela ou la mort et rien ni personne ne leur laissait le choix, pas vrai ?

Veux tu entendre ma confession, ma rédemption ?

Veux tu entendre le plus méchant des mensonges ?
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" The night is calling. " Vide
MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime19.08.11 2:17

    Au moment même où son doigt effleura sa joue, Gabriel crut que la peau de son frère serait froide. Aussi froide que le vent qui les enveloppait, aussi froide que la pierre contre laquelle il était adossé, aussi froide que la Mort. Pourtant, son doigt ressentait la chaleur qui émanait de son cadet, cette chaleur qui le faisait vivre. Le sursaut de Daniel lui fit regretter son geste. Autrefois, il avait l’habitude de l’embêter avec toutes ses phobies, il avait l’habitude d’être tactile, de le toucher, de le caresser, de l’enlacer, de lui tenir la main, de déposer ses lèvres sur son front ou sur l’une de ses joues, de lui prouver qu’il était juste là. Oui, ils avaient l’habitude de se tenir l’un à côté de l’autre, fiers. Aujourd’hui, Gabriel était face à la terrible vérité ; ils n’étaient plus égaux en rien, il n’était plus vraiment son frère, juste le reflet du passé, brisé en mille morceaux. L’archange se redressa car, trop près de lui, il aurait pu chuter. Gabriel n’était pas vraiment grand mais sa carrure imposante suffisait amplement à montrer qu’il était capable de réduire en miettes quiconque se dressait sur son chemin. Ses yeux se baissèrent sur Daniel. Il ne l’avait jamais vu si petit, si insignifiant. Ses heures perdues à errer parmi la vermine lui avaient-elles réussi à lui ôter sa grandeur et sa grâce ? Néanmoins, il lui offrit un sourire. Peut-être le dernier qu’il verrait.

    Le livre heurta lourdement le sol. Il crut même que le poids des années, tous deux à errer de parts et d’autres, avait craquelé le sol. Un petit film de poussière se souleva dans l’air, se fondant avec le vent. La terre et l’air ne faisant plus qu’un. Si seulement il pouvait oublier le monde autour de lui pour le relever et le serrer contre lui. Il ne demandait pas grand-chose, juste quelques secondes où le temps s’arrêterait et où il lui murmurerait que tout irait bien désormais. Juste… Passer ses doigts dans ses cheveux…

    Il pouvait entendre les battements de son cœur, son souffle s’accélérer. Il pouvait le sentir paniquer à des kilomètres. Il le sentait seulement. Daniel, comme toujours, ne laissait rien paraitre. Pour cela, il n’avait pas changé. Convictions en tête, fier de lui, ne pliant jamais devant l’ennemi. L’ennemi… Que Dieu lui vienne en aide. Gabriel n’avait absolument pas envie de devenir son ennemi. Il ne voulait pas non plus lui faire du mal. Il avait passé des millénaires à essayer de lui décrocher un sourire, à essayer de le faire rire et il devrait renier tout cela pour continuer à être Le Messager ? Gabriel n’avait plus du tout en tête ses frères qu’il avait tué peut-être pour la simple et bonne raison qu’ils n’appartenaient pas au même Chœur. Il pinça les lèvres en repensant à cette petite tête brune, penchant la tête sur le côté, lui offrant le plus candide des regards. A lui et à lui seul. A ce moment déjà, l’archange commençait à devenir possessif, gardant son petit frère toujours à ses côtés. Pourquoi lui faire du mal, maintenant ? Pourquoi à lui. Un instant, il ferma les yeux, suppliant au possible Son Père de lui accorder la possibilité d’épargner son cadet, le petit ange qu’il avait vu grandir, celui à qui il avait tout enseigné.

    Gabriel rouvrit les yeux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Les mots retentirent. Il ne s’y attendait pas du tout. Involontairement, il recula d’un pas, puis deux. Si faible face à un enfant… Il devait se contenir et se ressaisir. Bordel, ce qu’il voulait vraiment l’attraper par le col pour le soulever et le regarder droit dans les yeux, pour apaiser son regard et pour lui dire que lui aussi, lui manquait. L’ange aux ailes blanches serra les dents. Ressaisis-toi. Ressaisis-toi là, tout de suite et maintenant.

    Mais il n’eut pas besoin de se contenir plus longtemps. Son sourire s’accentua. La situation était plutôt comique ; c’était lui qui avait enseigné l’art des mots à Daniel, qui lui avait apprit à tourner les phrases à son avantage. L’élève avait dépassé de loin le maitre. Gabriel leva les mains avant d’applaudir la magnificence de son frère. Il était épaté mais aussi dégouté, dégouté qu’un tel talent ne serve au final plus à rien. Ses dents grincèrent, applaudissant de plus en plus fort :

    « - Je suis tellement fier de toi, Daniel. ».


    Prononcer son prénom à l’intérieur de sa tête, c’était facile, c’était doux et affectueux, c’était merveilleux, emplit de souvenirs les plus fabuleux. Le prononcer à haute voix, le prononcer pour lui, ça lui arrachait le cœur, ça lui donnait la nausée, ça aurait pu le faire chialer. Un prénom écorché à vif dans la bouche de l’un des anges les plus purs qu’il soit. Il s’arrêta progressivement de taper dans ses mains puis ajusta la veste de son costume avant de croiser les bras sur son torse. Il soupira fortement, bien assez pour se faire entendre :

    « - Je ne veux pas l’entendre. Je DOIS l’entendre. Tu sais parfaitement ce qui arrivera si tu ne te repends pas… ».

    Encore cette foutue salive qui restait coincée dans sa gorge, formant une boule l’empêchant de dire ce qu’il pensait, l’empêchant de reprendre son souffle. Il se haïssait. Gabriel se haïssait au plus haut point pour ne pas avoir su que son préféré avait chuté et pour ne pas l’avoir défendu ou même pour ne pas l’avoir empêché de commettre l’irréparable. Il serra le tissu dans l’une de ses mains pour s’empêcher de trembler. Ressaisis-toi, putain, tu vas te ressaisir. Son sourire faiblissait au fil des secondes qui passaient. Son regard devint noir. Sa mâchoire son contracta, ce n’était pas dans ses habitudes de grincer des dents. Non, pas du tout. Il plissa le nez. Et pourquoi il ne se levait pas ? Et pourquoi il ne faisait pas face à son mentor ? Pourquoi il restait là, aussi pitoyable et lamentable ? Secoue-toi… Secoue-toi s’il te plait, que je n’ai pas à te faire mal…

    Son pied frappa le sol avec une telle violence qu’il crut défaillir. Ses mots jaillirent d’une rapidité fulgurante pour accompagner son geste :

    « - Mais tu vas te lever et me faire face, espèce de lâche ?! ».


    Adossé à la pierre tombale, quelques minutes auparavant, il n’avait qu’à se hisser sur la pointe des pieds et à tendre les lèvres pour l’embrasser.
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" The night is calling. " Vide
MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime19.08.11 11:40

I can't give you all my dreams
Nor the life I live.
Marianne Faithful - Who will take my dreams away

Parce qu’un jour il avait eu un cœur pur parmi les purs, Daniel offrit à Gabriel son dernier sourire d’enfant. Il ne regarda pas le jour, ni la nuit et ne pensa plus au soleil et aux étoiles. Il regarda simplement son grand frère et but la coupe de la tristesse jusqu’à la lie car il ne pouvait en être autrement.
En un autre lieu, en un autre temps, il aurait tout donné pour que Gabriel le prenne dans ses bras et le berce comme il avait toujours eu l’habitude de faire. Les applaudissements de l’archange semblaient faire écho au battement de son propre cœur, il ne sut quelle devait être sa réaction à lui : peur ou amour ?
L’ange noir hocha la tête aux mots de son aîné. Il savait quoi faire, il savait quoi dire car les mots étaient son triste Empire.

Si je ne me repends pas alors Gabriel, Force de Dieu, aura raison de moi. Si je ne me repends pas, peut-être me feras tu revivre le martyr de Saint Barthelemy en m’écorchant vif avant d’enfin m’achever ? A moins que tu ne préfères illustrer l’Enfer de Dante sur mon corps, je ne sais pas ... tu as toujours tellement d’idées, tellement d’imagination. Si je ne me repends pas, tu me jetteras dans le plus noir des gouffres où j’oublierai tout de moi si ce n’est mes souffrance. Si je ne me repens pas, tu me hurleras que tu ne veu pas te battre, te battre contre moi et pourtant tu le feras…

Il avait parlé d’une voix calme, détachée, laissant les mots rouler depuis le fond de sa gorge jusqu’à l’air putride –car lorsqu’il y a trahison tout n’est que charnier- du cimetière. Et ses yeux se plantèrent alors dans ceux de Gabriel, y hurlant une question muette : En es-tu capable ?

L’espace d’un instant, Daniel crut bien avoir le dernier mot. La certitude d’avoir gagné la joute sans que celle-ci n’ait commencé le remplit d’allégresse et la chute n’en fut que plus dure… L’ordre de Gabriel lui vrilla les tympans. Il ne sut pas quoi faire : obéir, se révolter ? Perdu, terrorisé, Daniel sentit ses jambes obéir d’elles-mêmes alors qu’il se levait. Et la nausée au fond de son être lui faisait comprendre qu’il ne voulait plus obéir, plus jamais. Qu’est-ce qu’il était, un pantin ? Bien sûr, car aucun ange n’est irremplaçable s’il n’est archange…
Il se leva et serra ses bras autour de lui dans une étreinte fictive, lui qui ne savait pas où chercher la chaleur de l’âme pour ne pas sombrer.
Gabriel était grand, Gabriel était fort, il l’avait toujours été. Il avait quoi le petit Daniel, de la ruse ? Peut-être pas finalement…
Parce que l’archange n’était pas dupe de ses mensonges…. Alors Daniel n’eut d’autre envie que de le blesser, de l’entendre hurler, de lui faire perdre pied à lui aussi.
Il tâcha de ne plus trembler et posa une main sur la joue de son aîné. Ce simple contact le révulsa, parce que désormais ils étaient différents, trop différents.

Lâche, moi ? Avant cela te faisait rire… Tu aimais me protéger et moi j’aimais t’obéir. Où étais –tu, Gabriel, où étais-tu lorsque j’ai eu besoin de toi ? Lorsque les hommes m’ont souillé, terni avec leurs croyances bien à eux… Je ne suis plus l’ange des mots, Frère, je suis l’ange du bégaiement, de la sournoiserie, de la tromperie. Vois ce qu’ils ont fait de moi.. Dois-je en être puni ? Je me suis battu, j’ai tué tout comme toi tu le fais aujourd’hui.. J’ai eu peur à en mourir, j’ai tremblé et pourtant je l’ai fait. Parce qu’il devait en être ainsi… Et puis un jour je n’ai plus su comment avancer et aucun de mes frères n’était là pour empêcher ma chute. Aucun, alors que je les aime tous tellement… Alors que je t’aime, toi qui m’a donné tout ton amour en retour. Mais j’étais seul et sans rêves…

Et puis soudain face au plus triste des regards vint s’ajouter le sourire de la folie même. Daniel éclata de rire, triste à en crever. Il avait trop de mots, trop de phrases mais Gabriel ne pouvait en comprendre aucun, telle était la triste vérité. Alors l’ange riait comme si cela devait être la dernière chose à faire avant de mourir, et peut être était-ce le cas ?
Il riait, des larmes pleins les yeux, lui qui savait que tout combat était perdu d’avance.

Folie n’est-ce pas ? Oui folie… Mais dis-moi Gabriel, qu’est-ce qui est le plus lâche : marcher seul dans l’ombre de la mort en fuyant tout ce qui fait le monde ou bien parcourir la Terre pour enseigner d’autres rêves que les siens ? J’ai fait mon choix…. Je suis un homme fou sans la moindre cause.

Il voulut arrêter de pleurer mais évidemment il ne pouvait pas. Chaque larmes lui déchirait un peu plus le cœur et Daniel ne savait pas comment exprimer toute cette douleur, il allait donc devoir mourir sans être consolé.

Mon frère, j’aimerai me rappeler du temps de notre Eden, mais tout ne me semble que mensonges… Et les hommes se foutent des anges, convaincus de savoir la vérité du monde. Ils nous laissent à nos souffrances et nous crevons là, comme des bêtes, souvent des mains mêmes de ceux que nous aimons. Vas-tu me faire souffrir Gabriel ? Parce que tu sais que je ne suis pas fort, que je pleurerais puisque je pleure toujours. Je ne sais même pas par quel miracle j’ai toujours des larmes… La douleur du monde, grand frère, la douleur du monde… Elle me tue moi aussi !

Daniel tendit alors les bras face à son aîné, espérant une dernière étreinte. Et les larmes sur son visage semblaient sincères, mais l’ange avait appris à être sournois. L’envie de vivre lui martelait les côtes car c’était là son seul et unique battement de cœur. Il allait feindre l’affection pour trouver comment frapper, et se perdre encore un peu plus dans la déchéance qui était sienne.
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" The night is calling. " Vide
MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime28.08.11 4:59

    Il était…. Ému ? Il était touché par ses mots, ses gestes, ce visage rougit par les pleurs ? Lui, qui n’était pas l’ange de la compassion mais celui de la force ? Comment, comment pouvait-il se retrouver aussi faible, là, juste face à lui, fasse à ce petit frère déchu ? Sa voix calme l’avait transpercé comme un glaive. Un glaive tranchant qui venait de lui déchirer le cœur. Il avait entendu la lame se planter dans sa chair avec une force incroyable, remuer jusqu’à ce que le cœur se retrouve broyer. Gabriel pinça les lèvres, essayant de rester imperturbable ou du moins de garder ses yeux inexpressifs. Mais il savait qu’il n’y arrivait pas. Ses yeux criaient, hurlaient à Daniel de ne plus dire un mot. Pourtant, c’était lui-même qui avait exigé que son frère parle. Et maintenant, il voulait tout simplement qu’il se taise et qu’ils fassent comme autrefois : observer le tout dans un silence impassible avec un sourire radieux. L’archange serra le poing qu’il voulait plus que tout porter à sa poitrine. Sa respiration s’était accélérée. Son cœur battait à tout rompre alors qu’il ne pensait plus jamais l’entendre battre de cette façon, alors qu’il pensait même que son frère venait de le lui réduire en miettes. Impassible, reste impassible. Froid. Ferme. Lève le menton et retrousse le nez. Démontre-lui tout ton dédain. Ose t’affirmer et montrer que tu sais être cruel. Regarde-le avec tout le dégout qu’il t’aspire. Il avait beau se convaincre, il ne pouvait s’empêcher de pencher la tête sur le côté et le regarder avec amour.

    Daniel avait raison. Ils devraient se battre. Car ils savaient très bien, tous deux, que Daniel ne se repentirait jamais. Ce dernier avait sa fierté, ses convictions, ses croyances. Rares avaient été les anges, noirs ou gris, qui avaient prononcé, le plus sincèrement possible, les mots magiques qui les avaient épargnés. Cet ange-là, face à lui, n’était pas de ce rang-là. Il était différent en tout point. Et il savait. Il le savait, Ô grand Dieu, il le savait que dans très peu de temps, il allait mourir. Il allait mourir de la main de celui qui l’avait pratiquement élevé. Gabriel n’était pas son Créateur, non, il était juste un frère, un grand frère qui l’avait prit sous son aile, qui lui avait tout enseigné, qui savait le rassurer. Un grand frère qui l’avait abandonné. Les remords, toujours les remords. Gabriel déglutit, ne quittant pas l’ange déchu des yeux.

    L’ange noir avait jusque-là obéit, comme le bon petit soldat qu’il avait été. Quelle ironie ; les anges qui prônent la paix ainsi que l’amour et qui se retrouvent à faire la guerre et à haïr son prochain. Dans les yeux de Daniel, il ne voyait pourtant pas de haine. Dieu que ses yeux pouvaient le transpercer. Les mots, sa voix, ses yeux, son âme. Le petit avait toujours su battre des cils pour aguicher l’archange et Gabriel tombait toujours dans le panneau, quitte à s’y brûler les ailes. Combien de caresses, de tendresse, de temps lui avait-il accordé au dépend de ses autres frères qu’il devait aussi aider ? Son préféré. Dieu avait choisit les humains, l’archange Gabriel avait choisit Daniel. Un frisson, encore ? Le voir face à lui le rendait nerveux. Il ne s’y attendait pas. Il ne s’y attendait toujours pas. C’était dégueulasse ce que le Destin lui faisait. Dégueulasse et cruel. Abjecte. Il en aurait presque craché sur les tombes tant il en était dégouté.

    Le bout des doigts froids de Daniel vinrent effleurer sa peau. Un pas en arrière, puis deux. Non. Ses yeux s’écarquillèrent, regardant son frère avec incompréhension. Ce n’était juste pas possible. Pas possible. Merde… Il regrettait tellement d’avoir reculé. Il tacherait ses ailes de sang s’il le pouvait, ne serait-ce que pour obtenir cette chaleur qui lui étreignait autrefois le cœur. Mais il ne put s’empêcher de reculer encore et encore jusqu’à ce qu’une distance correcte les sépare. Et il ne le lâchait pas des yeux. Ses yeux. Il serra les dents. Il savait désormais pourquoi Lucifer avait tant détesté les humains ; ces microbes virulents, ces bactéries qui s’empressaient de s’attacher aux créatures en leurs montrant le bien, le mal, l’amour, la haine, la vérité, le mensonge, la douleur et le chagrin, la joie et l’espoir. Gabriel ne voulait pas de tout ça. Il n’en voulait plus. Il préférait crever plutôt que de sentir son cœur se déchirer une nouvelle fois face aux pleurs de son frère. Et Daniel éclata de rire.

    Gabriel fronça les sourcils. Ses pupilles étaient tellement dilatées que l’on ne discernait plus la couleur de son iris. Le prendre par les épaules, le secouer, lui hurler dessus, le ramener à la raison, ne pas croire ce qu’il dit, il ment c’est certain, arrête. Arrête. Arrêtez. Une dernière étreinte, une dernière chose, une chose qu’il aurait fait en connaissance de cause, une chose qu’il aurait fait égoïstement, pour lui et pour lui seul. Juste pour lui. Qu’il n’y ait plus que le vent pour voir à quel point il était faible. Car son cœur était brisé et personne ne saurait le réparer. Lui aussi, il se mit à pleurer. Ses larmes coulèrent sans qu’il ne puisse les arrêter et, comble du sort, il n’essayait même pas de les retenir. Il n’arrivait même plus à les contenir. Il renifla discrètement et regarda les bras qui se tendaient vers lui. Il était fou. Complètement fou. Mais l’amour qu’il éprouvait pour son petit frère l’était certainement plus que lui.

    Doucement, Gabriel passa une main sur la joue de son petit frère, se rapprochant lentement vers lui. La douceur de son visage lui avait tant manqué… Ses doigts remontèrent jusqu’à ses cheveux. Il en avait oublié à quel point ils étaient fins… Il n’eut qu’à le pousser délicatement pour le sentir enfin contre lui. Son menton posé sur le haut de son crâne, Gabriel soupira de bonheur. Un bonheur qu’il savait éphémère. Il se mordit la lèvre inférieure. Il était incapable de parler. Ses mots ne seraient pas assez forts de toute façon, peu importe la langue. Sa langue ne suivrait pas son cœur. Ses bras se resserrèrent contre Daniel et comme le fou, le faible qu’il était devenu lorsqu’il franchit le cimetière, il l’enlaça tendrement. Comme il avait toujours su le faire. Il déposa un baiser sur le haut de sa tête. L’ange blanc reprit son souffle. Tant pis pour les mots qui lui manqueraient :

    « - Je sais Daniel, je sais. Je n’ai pas été à la hauteur et je le paye aujourd’hui. Je sais que je t’ai abandonné et regarde… Regarde ce que je suis aujourd’hui : j’ai toujours été fort et me voilà à pleurer devant toi. Tu bégaies peut-être mon frère, mais moi… Moi je… Je viens d’en perdre la parole. Je ne sais même pas quoi te dire, quoi faire. J’aurais dû. J’aurais dû être là, avec toi. Mais je n’étais pas là et je ne savais même pas. Si seulement… Si seulement j’avais pu… Si seulement j’avais su… ».

    L’ange blanc réprima un hoquet alors qu’il continuait de le serrer contre lui. Combien de nuit avait-il rêvé de l’étreindre comme cela ? Combien de jours avait-il passé à croire que son frère n’était pas tombé ? D’un geste protecteur, il lui câlina les cheveux, le gardant auprès de lui autant de temps qu’on leurs permettrait. Il était faible et fou. Faible et fou d’amour pour ce frère qu’il avait trop longtemps ignoré. C’était terminé. Tout était terminé :

    « - Pardonne-moi Daniel. Pardonne-moi… ».

    Son prénom. Ce magnifique prénom que Leur Père lui avait donné. Il en mourrait rien qu’à le prononcer. Cependant, il continuait à tournoyait dans sa tête lui rappelant ses erreurs.

    « - Pour l’amour de Dieu Daniel… Repends-toi. Fais-le, je t’en supplie… Reviens-moi. Il est encore temps. Le Destin peut être réécrit, nous pouvons le réécrire. Laisse-moi te ramener chez nous… Je t’en supplie, ne me force pas à faire ça… Ne me force pas à te perdre une seconde fois… ».

    Ne me force pas à répéter mes erreurs une seconde fois…

    Et ses doigts qui caressaient toujours ses cheveux noirs…
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime29.08.11 22:22

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entr'ouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer

Jacques Prévert

L’étreinte de Gabriel, il ne fallait pas s’y abandonner… Oublie ton frère, Daniel, ne pense qu’à l’orgueil. L’orgueil de tes mots, l’orgueil de tes mensonges, de tes vérités et cette voix que tu as enlevé à ton aîné. La repentance était une chose qui brusquement perdait tout sens pour l’ange noir : il songea à toutes ces questions qu’il avait posé, à la haine des humains envers les anges, envers Dieu… Et eux, on ne leur demandait rien ? Ils étaient les enfants chéris, cela gardait une certaine logique…
La main de son aîné dans ses cheveux….

Daniel soupira, laissant tous ses muscles se détendre. Il avait beaucoup de choses à dire et savait que Gabriel les écouterait, parce que l’archange connaissait le respect, mais les comprendrait-il seulement ? L’ange noir voulu lui parler de la solitude, du froid glacial dans le cœur, dans l’âme et dans le monde, il voulut lui dire qu’il avait mal, souffrait, se sentait bien trop vide pour rester sain d’esprit, lui qui n’avait plus que des mots tordus et viciés. Mais peut-être que cela serait se montrer trop pleurnichard ? Pour un instant, un seul, Daniel voulu être humain car les hommes avaient droit de pleurer. Pas les anges, jamais les anges…

Tu as pitié de moi et j’ai pitié de toi, ainsi nous sommes égaux … Pour l’amour de toi j’aurai pu faire beaucoup mais pour l’amour de Dieu je ne peux plus rien.

Etait-ce sa voix, sa propre voix qui paraissait sans émotion comme cela ? Brusquement, une vague de dégoût l’envahit : si son frère l’aimait tant, s’il ne voulait pas le tuer alors pourquoi ne chutait-il pas avec lui ?
Oh la réponse était simple : parce que Michael, parce que Uriel, parce que Raphael… Oui, parce que Gabriel ne serait jamais complètement seul, avec toujours un de ses frères archanges pour l’aimer… Et puis même les simples anges au fond, oui même les simples anges. Lui, il n’avait jamais eu que Gabriel, incapable de trouver une autre personne pour le supporter.
Daniel avait toujours eu peur de tout, seul face à l’immensité du monde. Il avait peu de pouvoirs et ses mots n’étaient pas toujours compris. Sauf par Gabriel. Et comment expliquer ça aussi à l’archange ?

Tu sais tu n’as pas à pleurer, tu ne m’aimes pas….

Il n’était pas le parfait petit ange contrairement à bien d’autres de ses frères. En fait, Daniel n’était rien du tout si ce n’est un vide immense et une perpétuelle sensation de trahison. Personne pouvait comprendre ça, la douleur et la paranoïa… Et toute cette tristesse, oh Seigneur pourquoi ?!
Il aurait voulut rire, se battre, être doué au moins dans quelque chose, n’importe quoi… Il n’avait que les mots, Gabriel l’avait un jour complimenté à ce sujet, était-ce toujours le cas ? Un mot n’est pas une lame : il ne coupe pas et que vaut la beauté d’une phrase lorsque personne n’est capable de la comprendre ?

Et puis vint la trahison… Brusquement, comme un serpent prêt à attaquer, le corps de Daniel se tendit alors que ses mains saisirent les cheveux de Gabriel, lui tirant la tête en arrière. Gorge découverte, un archange est une faible chose…

Je pourrais te mordre, t’égorger comme un animal rien qu’avec mes dents… Tu m’as abandonné, tu as oublié que j’étais faible et tu m’as laissé seul ! Te pardonner ? Est-ce que tu sais seulement quel goût ça a la solitude, lorsqu’on comprend plus rien ? Lorsqu’on a tombé, chuté et que l’on veut juste des réponses… C’est pas compliqué des réponses pourtant, mais les humains refusent d’en donner, ils préfèrent me dédaigner, dire que je suis responsable de cela parce que je suis ange… J’ai mal au cœur, grand frère, tu sais ? Et rien n’arrive à me calmer…. Et puis je veux vivre. J’ai fait quoi de mal ?! C’est toi, toi et seulement toi qui n’est pas venu me chercher lorsque j’avais besoin de toi !

Telle était la solution : devenir une boule de haine pour oublier d’être un lac de désespoir. Daniel ne regrettait pas cette décision, curieux il se demandait même jusqu’à quel point il pouvait faire se sentir l’archange coupable.

Un jour, sur ta demande j’ai menti pour toi… Et je n’ai rien eu en échange. Il est temps de me payer, Gabriel : tu ne me tueras pas ce soir. C’est soit ça, soit être parjure face à ce service que je t’ai rendu.

Lentement, il relâcha sa prise sur l’ange blanc et recula d’un pas. Ses propres mains tremblaient, il n’en avait cure. Au fond de lui, quelque chose espérait que Gabriel le frappe, qu’il ait une excuse pour rendre les coups….

Tu penses que tu fais les bonnes choses, c’est ça ? Comme tu es aveugle, frère… Le meurtre ne se pardonne jamais, si vos ailes à vous les meurtriers, restent blanches, c’est parce que pour notre Père vous êtes les préférés. Allez dis-moi que tu m’aimes, je sais que tu mens. Gabriel, maître des mots qui désormais a perdu sa voix, sache qu’à présent je te suis supérieur car me voilà maître des mensonges !

A nouveau, Daniel éclata de rire. C’est ça oui, à en pleurer…. Et puis finalement vint un dernier cri

Oh Gabriel !

Et il y avait bien plus de douleur dans ce simple non que dans tout son pauvre corps blessé par le froid, les carences et l’abandon. Oui, bien plus…
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime11.09.11 0:08





    L’ange blanc tortillait et entortillait ses doigts dans ces cheveux noirs. Si doux. Si délicats. S’il le pouvait, s’il le voulait surtout, il n’avait qu’à les agripper bien fort et les tirer en arrière pour lui trancher la gorge. Daniel était un traitre. Il n’avait plus sa place nulle part et surtout pas sur Terre. Il devait mourir, comme tous les traitres que Gabriel avait tués jusque-là. Dieu, ce qu’il le savait que Daniel n’était ni plus ni moins qu’un traitre, un ange qui était tombé parce qu’il ne croyait plus. Devrait-il oublier ce petit frère qu’il avait longtemps chérit, à qui il avait tout apprit et tout donné pour finalement faire son job ? Un instant, ne serait-ce qu’un instant, les larmes ruisselant sur ses joues, il leva les yeux au ciel pour supplier Michael, pour supplier son Père d’épargner la vie de son protégé. L’Archange plissa les yeux et posa sa tête contre celle du déchu. Si seulement il pouvait tout oublier, si seulement il pouvait avoir la force d’abandonner pour lui… Mais il savait pertinemment que le monde n’était pas fait de «si ». Et il ne pouvait pas changer. Il ne le pourrait certainement jamais. Tout ça, toute sa vie, toutes ses idées, encrées à jamais dans son corps, se mêlant à son sang pour ne jamais le quitter. Pourquoi, lui qui incarnait la force de Dieu, ne pouvait-il simplement pas être assez courageux pour oublier la Guerre ? Même déchus, ils restaient des anges après tout. De simples petits anges perdus et oubliés. Gabriel savait qu’il ne pourrait jamais tuer ce petit ange perdu et oublié de tous. Jamais.

    Oui, oublié. Gabriel avait oublié son frère, le temps d’une guerre. Une guerre que personne n’avait réellement choisit. Leur Père l’avait voulu, mais ce n’était peut-être qu’un test. Ou le Destin qui voulait s’acharner. Ou seulement les Hommes, les Anges et toutes les autres créatures qui étaient devenus fous. Ils étaient juste tous fous. L’Archange aussi était devenu fou. Et certainement était-il encore plus fou de croire que tout allait s’arranger et que tout irait mieux, que ses frères et lui finiraient par de nouveau marcher côte à côte. Il y croyait vraiment. Il priait, chaque fois qu’il en avait l’occasion, chaque fois qu’il tuait ses frères, chaque fois qu’il voyait les siens crier ou pleurer. Il détestait les humains et tous ces autres, mais… Il priait aussi pour eux. Pour que Celui qui est aux Cieux finisse par leurs offrir ce qu’ils ont toujours désiré ; le bonheur et la paix. Mais en ce moment même, cette paix et ce bonheur, il les trouvait dans les bras de son frère. Gabriel était un égoïste : il avait toujours adoré voir Daniel pleurer car il savait que ce dernier finirait par se blottir contre lui et que l’Archange pourrait le consoler. Alors, l’ange blanc se contenta de sourire parce que pour la première fois depuis longtemps, il était emplit d’espoir et qu’il pouvait enfin réconforter son petit frère.

    Le serrer davantage serait stupide. Son étreinte ne serait jamais assez forte pour lui prouver à quel point il l’aimait. Il avait juste… Juste envie de lui attraper le menton et de le forcer à le regarder, que finalement, ils se sourient et qu’ils rentrent. Ce temps-là était révolu. Il n’y avait plus de sourires, que des larmes qui ne finiraient jamais par sécher. Jamais. Trop de jamais. L’éternité était déjà assez douloureuse… Gabriel écarquilla les yeux mais ne put repousser Daniel. Juste, un murmure échappé de ses lèvres :

    « - Quoi… ? ».

    Que faire ? Oh, Daniel était un excellent élève qui avait largement dépassé le maitre. Il l’avait surtout devancé. Gabriel déglutit et regarda son frère avec stupeur. C’était une situation insensée. C’était… Les larmes avaient cessé. Sa lèvre inférieure tremblait légèrement, la pupille de ses yeux rétrécit. Merde. Merde. Non, ce n’était juste… Pas possible. Autrefois, ce geste aurait pu s’apparenter à un jeu qui aurait pu dégénérer. Mais il avait mal. Il sentait ses cheveux se froisser comme une vulgaire feuille entre les mains de son cadet. Il avait baissé sa garde par amour. Trop tard. Après l’incompréhension, Gabriel finit par froncer les sourcils en serrant les dents :

    « - Lâ…Lâche-moi tout de suite… Dan… ».

    Son prénom finit par se perdre, se mélangeant au vent, et s’envola au loin. Gabriel songea qu’il l’avait perdu à jamais. Et merde. Ouais, parce qu’il avait carrément merdé. Il aurait voulu se débattre, peut-être même se battre et il savait qu’il aurait gagné, puis il l’aurait tué. Il s’en serait sortit avec les mains pleines de sang, comme d’habitude, mais il s’en serait sortit et il serait repartit au Paradis, demandant, suppliant Michael d’envoyer quelqu’un de plus puissant, de plus fort pour continuer. Si ça avait été quelqu’un d’autre, il l’aurait fait, tout ça. Sans même remonter au Paradis. Sans même rechigner. Sans même ciller, il aurait tué. Sans une once de compassion. Là, il ne pouvait tout simplement pas bouger, jaugeant du regard Daniel. Que pouvait-il faire de plus ? Il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien. La seule chose qu’il savait, c’est qu’il avait réellement merdé dans son rôle de mentor, de protecteur, de grand frère. Et tout le savoir qu’il lui avait inculqué, tout cet amour… S’était retourné contre lui. A croire qu’il l’avait bien mérité.

    Gabriel tourna la tête. Il ne pouvait plus supporter ses yeux, ses paroles. C ‘était trop. Trop d’un coup. Trop pour un seul être. Bien trop pour un seul cœur.

    La racine de ses cheveux commençait à s’apaiser et lorsque l’ange baissa les yeux sur Daniel, il avait reculé. Par réflexe, Gabriel ajusta sa cravate, referma un bouton de sa veste qui s’était défait puis passa une main dans ses cheveux pour leurs redonner du volume et une certaine contenance. Désormais, c’était à lui de reprendre contenance. Il soupira fortement. Il ferma les yeux. Et dans tout ça, il était supposé faire quoi, hein ? Il était supposé faire quoi face à cette situation et face à un frère qui hurlait son désespoir ?

    L’ange fit craquer ses vertèbres alors que ses ailes blanches se déployèrent. Qu’était-il sensé faire… A part se battre ? Le souffle court, il se retourna et envoya un coup de pied dans l’abdomen de Daniel avant de l’attraper pour le coincer contre l’une des pierres tombales qu’il venait de briser. Il était rapide et efficace. Du moins, assez efficace pour réduire la vie de ses frères à l’état de poussière. Ses poings agrippèrent le tissu qui couvrait le torse de Daniel, le redressant juste assez pour le forcer à la regarder. Il lui cracha :

    « - Ne redis jamais que je ne t’aime pas. Jamais, tu m’entends ?! Oui… Oui je ne suis pas celui que tu attendais, oui j’ai été trop absent et oui je n’ai pas été là lorsque tu avais besoin de moi. Reproche-moi tous les maux du monde, je ne t’en empêcherais pas car je sais. Je le sais que tu as raison. Mais pas sur ça. Jamais. ».

    Gabriel se releva, lâchant violemment son frère contre la pierre froide. Son nez retroussé, il épousseta son costume avant d’ajouter :

    « - Je vais t’épargner, ne t’inquiète pas, car tu sais mieux que quiconque que je n’ai qu’une parole. Tu pourras continuer ta vie dans cet endroit qui n’est pas le tien. Va. Je ne te retiendrais pas, je n’ai pas que ça à faire. ».

    Qu’était-il sensé faire après ça ? Il compatissait réellement à la douleur de Daniel, il arrivait presque à la sentir… C’était donc ça, l’empathie qu’éprouvaient les humains envers ceux qu’ils aimaient ? Un soupire s’échappa de ses lèvres alors qu’il se radoucit, sa voix s’éteignant presque :

    « - Ne le redis jamais… Jamais. ».

    Il finit par lui tourner le dos, comme pour lui rappeler que ses ailes étaient toujours blanches. Quoique…

    Et il ne pouvait toujours rien faire pour Daniel. Et encore une fois, il ne pouvait que l’abandonner. Lui aussi aurait voulu hurler. Pas sur son frère, mais sur tous les autres et à son Père. Il voulait leurs hurler à quel point il aimait cet enfant déchu. Mais c’était trop tard. C’était irréparable. Et Daniel ne changerait pas. Tout comme lui. Jamais. Trop de jamais.
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime12.09.11 1:35

Search your heart - search your soul
And when you find me there you'll search no more


La colère de Gabriel lui paraissait puérile, dérisoire. Elle était bien différente de cette tempête que portait en lui l’ange noir, et Daniel refusait d’y lire la moindre souffrance en ne préférant y voir que l’égoïsme et la faiblesse de son frère. Il aurait voulu ne pas haïr, il aurait voulu oublier ce goût de cendre, ce goût de pluie qui lui tapissait les lèvres alors même que son cœur amer se noyait dans les larmes qu’il ne pleurait pas. Il aurait voulu avoir autre chose que ce grand vide, ce trop grand vide qui lui donnait l’impression d’être non plus l’automne triste, mais l’hiver lui-même avec son cortège de morts et de deuils. Est-ce que Daniel ressentait quelque chose ? Impossible à dire, du moins pour lui… Peut-être qu’un acteur extérieur à la scène pourrait répondre à cette question, mais pas lui. Non, juste pas lui….

La réaction de l’archange à son attaque fut jouissive. Il ne s’était pas attendu à cela de la part de son petit Daniel, pas vrai ?! Le jeune homme ricana, au bord de la folie et se délectant de la panique de son aîné. Pourtant, cela n’empêchait pas son cœur de saigner… Est-ce que Gabriel pouvait les voir, toutes les larmes qu’il avait dans ses yeux ? Parce que le jeu était truqué, qu’on pouvait pas gagner et que Daniel savait très bien que tout cela ne servait à rien. Cependant, aussi vrai que le feu brûle, il agissait avec dans ses veines un incendie de chaos et de mensonge, telle était sa vie et tel était son être à présent…

Et puis tout alla très vite : le coup de pieds, le souffle qui s’en va, la sensation douloureuse de la pierre tombale vous déchiquetant le dos… Daniel imagina un monstre aux larges dents de pierre attendant de le dévorer, il crut mourir un instant mais ne vinrent que le mots de son grand frère. Alors le jeune homme sourit et éclata de rire à nouveau, balayant sans pitié tout ce que pouvait dire Gabriel. L’archange n’était plus Seigneur des mots car Daniel, son plus fidèle héraut, se détournait de lui, ne l’écoutait plus. Au contraire il était prêt à apposer désormais sa propre marque sur l’univers : des phrases qui ne venaient plus de Dieu mais bien de lui-même, des phrases que ne comprendrait jamais Gabriel.

L’autre disait l’aimer ? Allons, Gabriel n’avais jamais vraiment su ce qu’était l’amour ;.. Cela était le cas de tous les anges après tout. Mais est-ce que celui-ci avait déjà pris le temps de regarder une fois dans sa vie, une mère humaine serrant son bébé contre elle, avait-il déjà pris le temps d’écouter les sanglots d’un enfant, les soupirs d’une femme et les silences d’un homme ? Avait-il d »jà vu la souffrance d’un père pour son fils et d’un fils pour son père ? Parce que c’était tout ça l’amour, pas juste des étreintes et des baisers, non…

Pas juste des péchés….

Tu. Ne. M’aimes. Pas.

Il avait détaché chaque mot de la phrase dans un ronronnement séducteur, accusant Gabriel, l’accusant encore et toujours. Jusqu’à quelle folie l’archange pouvait-il aller ? Daniel se sentait assez fort pour lui faire payer toutes sa solitude et surtout, toute cette détresse dont pourtant Gabriel n’était pas qu’en partie responsable. C’était une suite d’évènements, c’était le destin, c’était tout un amas de conneries que finalement on supporte plus… Et Gabriel servait de défouloir.

Finalement, l’autre homme le lâcha. Daniel pouvait sentir la blancheur des ailes lui brûler la rétine, il laissa un rictus lui écorcher les lèvres et croisa les bras.

Quel effet cela fait de voir qu’on a pas été le plus rapide pour attaquer ? Tu vieillis, Gabriel, bientôt tu ne signifieras plus rien, tu seras aussi vieux, décati et inutile que tous ces dieux païens….

Il repensa à la chaleur de son aîné, il repensa à son étreinte, à la douceur de ses lèvres et à la douceur de ses mains. Mais il était trop tard, et Gabriel pouvait bien répéter qu’il lui interdisait de dire ça, la vérité était là. Il n’y avait plus de douceur, il n’y en avait jamais eu, ne restaient alors que les couleurs de la douleur…

Tu me tournes le dos, Gabriel ? Tu avais pourtant l’habitude de te méfier de mes silences, avant… J’ai toujours été sournois, tu le sais. Tu as dit que tu ne me tuerais pas, tu es lié par t promesse…mais moi ? Tu es mon ennemi et je peux… je peux…

Ca y est, il bégayait et chaque mot se chargeait d’une haine pure à l’égard du monde. Peu importait que le ciel soit bleu, que les enfants rient et que la terre tourne, son cœur à lui ne cessait de souffrir.

Je peux te tuer….

Elles étaient noires les ailes de Daniel, tellement noires… Et leur ombre s’étalait le long des pierres tombales comme une promesse de cauchemar triste. Il était là, corbeau de mauvais augure, se dressant devant la pauvre silhouette de Gabriel et portant en lui le chaos d’un ordre nouveau. Il était là avec ses doutes et ses peurs, ne pouvant faire autre chose que rester debout car non, il ne pouvait tomber plus bas.

La Terre était son champ de bataille et les mots constituaient le sang abreuvant les tranchés de sa psyché, ce feu brûlant ne pouvait s’éteindre sans heurts. Où était-elle, la paix, où ?! Il voyait les étoiles et les ténèbres, il voyait leur petitesse tous, ne comprenait pas vraiment mais avait choisit de prendre les armes contre tout ce qu’il avait connu.

Je veux te tuer, car tu n’es plus rien. Même pas un souvenir heureux… Tu vas devenir la proie, Gabriel, MA proie…
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime22.09.11 2:56

    Les Anges pouvaient-ils devenir sourds ? Gabriel avait déjà réussit à perdre la parole, alors, pourquoi pas l’ouïe désormais ? Il ne voulait plus rien entendre. Ni le bruit du vent qui se faufiler à travers les feuilles d’un arbre, ni les rires enjoués de ses frères, ni les derniers cris des Hommes qui se mourraient, ni les mensonges de Daniel. Plus rien. Pas même un bourdonnement ou un son. Juste, rien. Peut-être que comme ça, il pourrait mieux réfléchir, il pourrait s’apaiser. Peut-être qu’au moins, il n’y aurait plus rien autour de lui. Seulement lui. Il n’avait pas eu de problème avec lui-même. C’était à cause des autres que finalement, il finissait par entrer en conflit avec son « moi ». Et il ne supportait plus le conflit. Où étaient passés ces jours heureux, avec les siens à rire et s’amuser comme des enfants ? Tout cela avait-il seulement été réel ? Etait-ce réellement un souvenir ou l’avait-il crée lui-même ? Pourtant, il se souvenait distinctement des sourires timides de Daniel lorsqu’un compliment surgissait, il se souvenait de tous ceux à qui il avait apprit à manier les mots comme l’épée. Il se souvenait… Il se souvenait aussi, qu’un jour, Daniel lui avait dit qu’il l’aimait. La gorge de Gabriel se serra. Il sentit son cœur se broyer, ses yeux le picotaient et les larmes commencèrent à monter. Encore. Un frisson lui parcourut le corps alors qu’une vague de chaleur s’empara de lui.

    « - Arrête. Arrête de dire ça… ».


    Sa voix s’éteignait. Oui, Daniel, dès son plus jeune âge, avait toujours su utiliser les mots qu’il fallait. Les bons mots. Ceux qui vous déchirent la poitrine, ceux qui vous transpercent le dos. Gabriel leva le menton, se mordant la lèvre, refusant de continuer de pleurer face à lui. Et cette façon de détacher soigneusement ses mots, cette façon de les prononcer… Gabriel aurait voulu se retourner et le frapper jusqu’à ce que son frère ne puisse plus émettre ne serait-ce qu’un seul son. Le tuer ? Il avait fait la promesse de ne pas le tuer… De toute façon, il ne pourrait pas même s’il en avait la possibilité. Lui coudre les lèvres alors… C’était trop cruel comme châtiment. Il était las d’être cruel. Il l’avait trop été. Trop de sang avait coulé. Il prit une grande inspiration et serra les poings.

    Gabriel déglutit. Il avait vieillit, oui. Il avait longtemps cru qu’en vieillissant, il acquerrait cette sagesse que seul Michael – à ses yeux – avait réussit à posséder. Mais il était devenu plus fou encore et plus arrogant. Ses mains vinrent automatiquement ajuster le col de sa veste froissée puis sa cravate qui était déjà impeccable. Au moins, il était beau. Et le peu de rides qu’il possédait le rendaient encore plus attirant. Il aurait préféré de loin passer des heures devant un miroir à se contempler en silence plutôt que d’être ici et d’essayer de faire la leçon à un traitre. Étrange ; il pensait encore comme s’il était son grand frère alors que désormais, ils étaient des ennemis. Des ennemis mortels. Gabriel tourna légèrement la tête, juste assez pour que Daniel aperçoive son sourire triste :

    « - Tu as raison… Je vieillis. Et peut-être que si je deviens inutile, on me laissera enfin tranquille, à me reposer… Et tu viendras me voir et tu m’auras pardonné. J’aimerais vraiment être vieux et inutile… ».

    Il rit. Un instant, il pouffa vraiment et se mordit la lèvre et continua comme en aparté :

    « - J’espère juste que je ne deviendrais pas laid et tout ridé… ».


    Sa tête se baissa et il soupira. Et ses yeux qui le piquaient encore… Ne s’arrêterait-il donc jamais de chialer ? Tout était terminé. Alors pourquoi continuer et pleurer sur un passé à effacer ? Il sentait une ombre se lever, tout comme le vent. Il finit par regarder le sol. Noir. Tellement noir. Il pouvait même sentir cette noirceur se coller à lui, à son corps, s’agrippant à ses ailes comme pour essayer de récupérer un peu de lumière. Mais cette ombre… Elle restait noire. Tellement noire. Gabriel n’avait plus que ses ailes pour lui apporter un peu de lumière. Ni Dieu, ni ses frères ne répondaient à ses prières. Il était seul face à Daniel. Seul et sans repères. Qu’il l’attaque. Qu’il essaye de le tuer. Qu’il essaye seulement… Il n’aurait qu’à se défendre. Ce ne serait finalement que de la légitime défense s’il le tuait…

    « - Alors vas-y. Tue-moi. Je le sens… Dans tes mots, dans ta voix que tu en meurs d’envie… ».

    Gabriel n’osait même plus tourner la tête et le regarder droit dans les yeux. Pourquoi faire, hein ? Il préférait rester là, de dos, à attendre que le premier coup parte. Sa respiration était lente. Son cœur s’était trop longtemps agité. Il voulait juste l’apaiser… Et prendre Daniel dans ses bras… Et juste toucher ces cheveux si noirs…

    « - Et si tu m’attaquais, maintenant ? Et si tu essayais de me tuer ? Je me défendrais, tu le sais. Car j’ai une mission. J’ai peut-être échoué avec toi Daniel… Mais il y en a d’autres qui veulent retourner au Paradis. Et je dois délivrer ce message. Tu ne pourras pas m’en empêcher. Tu ne pourras pas m’empêcher de ramener mes frères à la raison. ».

    C’était trop dur de se retourner. Tellement dur. Ses ailes se déployèrent, tentant en vain d’absorber l’obscurité. Ses poings craquèrent et son regard se durcit. Il savait Ô combien Daniel pouvait sentir ce regard :

    « - Alors vas-y. Tue-moi. Du moins, essaye de me tuer. Je t’aime Daniel, mais j’ai perdu trop de temps… Soit tu m’attaques et on en finit tout de suite et maintenant, soit tu me laisses partir et je t’oublie… Comme tu m’as déjà oublié. ».

    Se persuader de l’oublier. N’avait-il pas réussit après tout ? Il avait oublié son frère pendant qu’il faisait la guerre. Il l’avait tellement bien oublié qu’il ne s’était même pas rendu compte de sa chute. Gabriel, Gabriel… Il savait qu’il n’était pas le meilleur frère, le meilleur mentor… Mais il se devait de vivre ; pour ne plus à avoir à oublier les autres. Pour les sauver. Du moins, ceux qui pouvaient encore être sauvés…

    « - Je n'ai pas peur de mourir, Daniel. Et toi, petit frère, as-tu peur de la mort ? ».


    Sa main tapota discrètement le bas de sa veste. Il pouvait sentir le métal froid de son arme à travers le vêtement.
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime06.10.11 19:09


Meet me in a poem of an iron bed
Wipe the dust away
Meet me in the tin tabs from long ago
Trace the lines of my face

Civil War


Rage et désespoir se mêlaient sur le visage de Daniel, l’ange n’avait jamais su comment éprouver des émotions et encore moins comment les exprimer. Il était là, froid et seul face à cet aîné qu’il avait tant admiré, mais à présent que se passait-il ? Il n’y avait ni silence, ni battement de cœur, juste une chose glaciale entre eux, comme la lumière d’un astre déjà mort et la solitude de deux rois ailés. Oui fut un temps où ils étaient rois des cieux, eux ainsi que tous leurs frères, aujourd’hui il n’y avait même plus de ciel.
Ses yeux étaient mensonges et solitudes, il écoutait les mots de l’ange et les dédaignait avec toute la force de son désespoir.
Idioties, voilà tout… Idioties !

Je ne veux pas te pardonner, je ne le voudrais jamais. Je t’ai offert tant de choses, Gabriel, jusqu’à ma propre vie et toi, pauvre idiot, tu m’as fait regretter la moindre de mes décisions. Tu n’es qu’un déchet, une chose ratée alors je garde mon pardon tout comme je garde désormais mon amour. Apprends que, si tu es encore capable de parler, d’écouter, la seule chose que tu auras désormais de moi sera des contes et des mensonges. Et jamais de fin heureuses pour aucun d’entre eux, jamais…

Pour un instant seulement, Daniel choisit de se taire ; Il y avait des larmes dans ses yeux, impossible cependant de dire si elles étaient sincères ou non. Qui donc un jour avait décidé de déchirer son âme en tout petit morceau ? Le jeune homme secoua la tête, amer, et grimaça à nouveau face aux phrases de Gabriel. Il voulut éclater de rire mais la douleur dans sa poitrine l’en empêchait. Ca faisait mal, trop mal, comme cette boule dans la gorge qu’il ne parvenait jamais complètement à enlever…

Que sais-tu de moi, Gabriel ? Que sais tu de ma voix et de mes mots ? J’en meurs d’envie… Tu ne me connais pas assez pour dire cela, tu ne me connais pas assez pour dire de quoi exactement est-ce que je meurs. Tu es le roi des idiots, je te hais…

L’ange lui tourna alors le dos, et comment expliquer ? Comment expliquer que pour Daniel, cela marqua le début de la fin… Il avait besoin de quelque chose, il ne savait pas quoi mais son corps en souffrance de même que son âme, nécessitait que l’on s’occupe de lui bien que jamais le jeune homme ne voudrait l’admettre. Voilà qu’à présent, Gabriel abandonnait le combat, c’est fini, rideau…

Il tomba à genoux et hurla. Hurla son cœur brisé et sa foi assassinée. Pas de mots pour dire toute la douleur d’un cri, jamais. Il laissa les sanglots le secouer avec la force d’une apocalypse, certain soudain qu’il ne pourrait jamais s’en relever. Cela demandait trop d’efforts, de sortir de la nuit la plus noire. Il ne pouvait pas, voilà tout et aucun des courages n’y changerait rien. Il ne pouvait pas…

Son cri animal et primaire, écho de toutes les passions capable de le secouer, s’éteignit alors dans la douleur d’un moment. Des larmes lui écorchaient les joues, pourtant plus rien n’avait d’importance… Il n’était pas fort, ne le serait jamais. Tuer Gabriel ? Oh bien sûr qu’il le voulait, mais Daniel sentait déjà l’odeur de la mort lui emplir les narines, il prit alors conscience de toutes ces tombes qui l’entouraient, des vies qui y pourrissaient et des souvenirs qui s’évanouissaient.
Un goût amer dans la bouche, le jeune homme releva la tête. Cette fois-ci, le rire réussit à sortir de sa gorge, il emplit l’espace comme un oiseau blessé dépolie ses ailes. Tout ceci n’avait vraiment aucun sens et rien ni personne ne faisait quelque chose pour arrêter.

Folie, tout était folie…

L’ange ferma les yeux quelques secondes, il s’adossa contre une tombe et puis finalement planta son regard dans celui de Gabriel. Le calme revint, un calme précaire entre la vie et la mort, il laissa sa mai effleurer la terre, les graviers et sourit un instant. S’il craignait la mort ? Prince sans Royaume, cœur sans chaleur, pour une fois Daniel savait exactement comment répondre à cela.

Je ne crains pas la mort, pauvre fou… Je crains la conscience de la mort, être endormi et pourtant tout ressentir, tout ressentir oui de cette peine qui me brise les os, cette souffrance qui ne me quitte pas de mon vivant… Rien ne dit que la mort est sensée la faire disparaître. Oh n’être qu’un cadavre, dormir peut être avec juste ton arme entre mes côtes pour me différencier d’un innocent et pourtant continuer à ressentir la moindre de mes peines et ce pour l’éternité. Quelle folie est-ce là, quel châtiment ? Nul ne reviens de la mort, nul ne sait ce qu’il y a là bas pour nous, pour eux… Je peux mourir, je vais mourir car je ne suis pas une personne forte, mais pas de ta main. Ma mort sera souffrance, mon éternité aussi mais tu n’en seras pas la cause. Je ne te ferais pas ce plaisir. Te tuer, oui, mais mourir par toi, jamais… Tu m’entends Gabriel ? Jamais…

Il parlait calmement, trop calmement pour être encore sain d’esprit. Il aurait pu rester là, ne plus bouger et fredonner quelques chansons, des comptines idiotes et sans importances pour parler d’amour et de violence, oui il aurait pu.
Il ne le fit pas…

Et les larmes coulaient sur ses joues sans que rien ne les arrête.

Parce que rien ne le pouvait….
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime08.02.12 1:03

    Le métal froid lui glaçait les doigts. Le vent continuait de souffler. Son souffle s’accélérait, soulevant sa cage thoracique à son rythme. A quoi cela servait-il de se battre déjà ? Ah oui, rapporter la paix au Paradis… Cela semblait si loin. Trop loin. Alors que son arme frôlait sa jambe. Il n’y avait plus de guerre, non. Juste eux. Eux et le froid, ce froid qui lui emplissait les poumons, lui engourdissait les doigts, le faisait frémir. Mais le froid le glaçait moins que les paroles de son frère. Oh, il aurait voulu pleurer, pleurer toutes les larmes de son corps pour ce frère qu’il ne pouvait et ne pourrait jamais sauver. Mais si ses larmes coulaient, elles risquaient de rester figées au coin de ses yeux ou sur ses pommettes, ne pouvant continuer leur route. Il aurait dû être là… Et aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Il ne lui restait que ses yeux pour chialer.

    C’était perdu d’avance, leurs paroles tombaient dans l’oreille de sourds. L’un demandait à l’autre de se repentir, de comprendre le pourquoi du comment il devait livrer un message en lequel il croyait à peine et l’autre demandait de chuter avec lui, de regretter le temps passer, de laisser place à la nostalgie. Gabriel secoua doucement la tête, les yeux mi-clos. On ne pouvait pas lui demander de chuter. Il était l’Archange bordel. Il était celui sur qui tout le monde comptait. Daniel comptait sur lui aussi. C’était dur, tellement dur. Daniel avait toujours été son préféré et aujourd’hui, il lui demandait de faire un choix impossible. Gabriel lui avait fait une promesse qu’il avait aujourd’hui transformé en mensonge. Quelle ironie, lui qui crachait sur les mensonges qu’émettait son petit frère. Gabriel rouvrit les yeux et les leva légèrement au ciel, priant pour la rédemption de son petit frère ; O God, help my abandoned brother… Because he’s still your children…

    Il n’avait pas le temps. Il n’avait plus le temps. Pourtant, Ô pourtant il voulait les écouter ces contes et ces mensonges aux fins remplies de rage et de tristesse. Il aurait pu rester debout, droit comme un petit soldat qu’il était, à l’écouter parler et parler indéfiniment. Et il le connaissait, il la connaissait aussi, cette voix. Cette voix qui commençait à se brouiller, cette voix qui n’était capable que de déverser des atrocités désormais. Il l’avait déjà entendu cette voix, lui offrir les plus doux des mots. Ceux qu’il aimait que Daniel prononce du bout des lèvres. Il l’avait déjà entendu murmurer, susurrer l’amour et la douceur, il avait aussi entendu sa voix s’élever plus d’une fois, s’emportant pour quelques broutilles mais jamais comme ça. Bordel, qu’il lui dise qu’il l’aime. Qu’il laisse la haine loin de lui, loin d’eux, loin de ce champ de bataille d’infortune. La haine. C’était trop pour son cœur. Il n’y avait qu’un seul pas vers l’amour. Un pas que ni Daniel ni Gabriel n’était capable de franchir.

    « - Tu me hais… ».

    Son cœur manqua un battement, sa respiration s’arrêta une demi-seconde, il hoqueta. Ne te laisse pas démonter, pas par un enfant, pas par ses cris et ses pleurs, toi qui es si vieux, toi qui a connu bien pire qu’un gamin faisant un caprice… C’était un horrible caprice auquel il était sur le point de céder. L’archange serra le manche du glaive, comme pour lui donner la force de ne pas faiblir.

    « - Arrête… ».

    Le cri de Daniel déchira le ciel, ses genoux déchirèrent le sol. La Terre comme le Ciel pleuraient avec lui. Gabriel baissa la tête, serrant les dents, retenant son souffle pour ne plus hoqueter, pour ne pas pleurer. Pitié, qu’il ne lui fasse pas subir ça, pas une seconde de plus, c’était trop dur… Ô Seigneur, pourquoi devaient-ils souffrir ? Pourquoi les Anges devaient crier et pleurer au même titre que les Hommes ? Leur seul pêché était de trop aimer. Puis, Daniel lui offrit le rire typique du désespoir. Gabriel, lui, n’avait absolument pas envie de rire.

    Il sentait le regard de son frère se planter dans le sien, mais il n’avait plus la force ni l’envie de le soutenir. Si jamais il croisait ce regard vide, il n’aurait qu’à planter le glaive qu’il tenait fermement dans sa propre poitrine. Stoïque. Il devait rester stoïque. Ne plus rien lui offrir. Ne plus jamais rien lui donner. Mais ça aussi, c’était dur, alors que tout ce qu’il voulait, c’était encore le prendre dans ses bras, le caresser, l’embrasser et lui donner tout son amour. Tout l’amour que possédait un ange.

    Gabriel s’avança doucement, ses pas qui foulaient le sol soulevant la poussière de la terre et les cendres des morts. Il n’eut qu’à lever son arme pour la pointer devant les yeux de son frère. Il lui effleura la joue du bout du métal froid, lui retirant une mèche qui barrait son visage.

    « - Tu mourras par mon arme, Daniel. Et uniquement par moi. S’il y a bien quelqu’un qui peut t’ôter la vie, c’est moi, mon frère. Moi et moi seul tu m’entends. ».

    Son cœur se souleva. Il venait vraiment de le dire. Et il le ferait sûrement. Il posa son arme sous le menton de Daniel, l’obligeant à relever la tête. Gabriel ne le regardait toujours pas droit dans les yeux.

    « - Ne t’inquiète pas, je prierais pour que ton âme repose en paix. Je prierais pour que toutes tes blessures soient guéries. Je prierais pour que toute ta tristesse soit effacée. Je prierais pour ton corps meurtri. ».

    Je prierais aussi pour les choses que je n’ai pas eu le temps de t’apprendre. Je prierais aussi pour le corps, ce corps que je ne pourrais plus toucher. Je prierais pour ces larmes que je ne pourrais plus sécher. Je prierais pour ton amour pour moi perdu. Je prierais pour que tu m’accordes enfin le droit de me pardonner. Les mots restèrent bloquer au fond de sa gorge. Il ne put même pas les cracher. Eternel muet.

    « - Lève-toi Daniel. Lève-toi et bats-toi. Montre-moi que tu peux encore te battre pour tes convictions. Montre-moi que tu peux mourir réellement en martyr et non en lâche. ».

    Lève-toi. Lève-toi.

    « -Lève-toi ! ».

    Gabriel hurla, jetant son arme sur le côté, contre l’une des tombes. Le bruit résonna dans le cimetière, sonnant comme l’une de ces vieilles cloches qui annoncent la mort imminente. Il se jeta à son tour à genoux et l’agrippa par les épaules, le secouant frénétiquement.

    « - Lève-toi et prouve-moi que tu m’aimes encore un peu ! Dis-moi ! Dis-le-moi ! Que tu m’aimes ! Dis-le-moi ! ».

    Il ne cessait de le secouer, son corps tremblant. Il hoquetait. Et ces putains de larmes qui montaient. S’il y avait un seul moyen, un seul tout petit moyen de lui arracher ces mots de la bouche. Et Daniel qui mentait. Qui mentirait pour le restant de sa vie. Il lui dirait sûrement qu’il l’aime. Mais ce serait peut-être un mensonge. Il ne serait pas capable de disserner la vérité du mensonge. Il n’en était plus capable depuis longtemps. Violemment, il le poussa sur le côté. Le dos de Daniel heurta le sol. Gabriel le maintenait assez fort pour ne pas qu’il se relève.

    « -Dis-le-moi… Par pitié… ».

    Son visage s’enfouit au creux de son cou.
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MessageSujet: Re: " The night is calling. "   " The night is calling. " Icon_minitime09.02.12 21:09

Weep for yourself, my man,
You'll never be what is in your heart
Weep little lion man,
You're not as brave as you were at the start


L’arme qui tombe, le bruit qui résonne, le coeur qui se fend, le corps qui meurt. On ne peut pas faire plus simple que cela, plus simple que cette nausée dans sa gorge, que ce malaise qui ne le lâchait plus, que ce dégoût de tout, que cette soif de désespoir, lui qu’à présent seule la tristesse pouvait satisfaire.
Gabriel pouvait bien crier, hurler, tempêter, cela n’étaient que des mots. Des mots et rien d’autre, de la poussière jetée au vent, de la cendre dans la bouche, des mensonges auquel personne ne croyait.
Il ne se lèverait pas, il était trop tard pour cela. Hypocrite avec les autres mais honnête avec lui-même, Daniel savait que rien ne pouvait le sauver. On lui avait fait faire un choix, le plus douloureux qui soit, et lorsque le vin est tiré on se doit de le boire jusqu’à la lie.
Alors qu’importe ces mains sur ses épaules ? Il n’appartenait plus au ciel ou à la terre, il ne s’appartenait plus lui-même. Non, ses lèvres restaient closes en un sourire méchant. Il ne se lèverait pas.
Il n’y avait pas assez d’amour dans le monde pour le retenir, l’empêcher d’aller là où ses fièvres l‘emportaient. Il n’y avait pas assez d’amour, et pourtant Dieu seul savait combien Gabriel l’aimait

Me tuer? Tu l’aurais fait depuis longtemps si cela était en ton pouvoir… Tu es incapable de vérité, Gabriel Force de Dieu. Regarde ton arme, regarde la, toi qui ne peux la saisir ! Je peux voir tes larmes, frère… Elles ont une odeur de ciel bleu et d’océan, le sais tu ?

De quel dieu était-il le jouet, en vérité ? De son Père, alors cela n’en était que bien plus cruel, toute cette souffrance, cette noirceur… Ils n’avaient jamais été les fils préférés, tous, mais méritaient-ils pour autant cette punition ? Le poids de Gabriel sur lui, le poids de ses péchés. L’ange détourna la tête, lui qui n’appartenait plus à ce monde.

Que tu es pitoyable… Je te hais, je te l’ai déjà dit. Oui Gabriel, je te hais et rien ne pourra y changer. C’est ainsi qu’un monstre doit réagir par rapport à son créateur, avec de la haine. Parce que le créateur, trop égoïste sans doute à l’image de notre Père, n’a jamais appris à la créature ce qu’était l’Amour. Il l’a laissé errer parmi les vents mauvais, se fichant bien de son sort. Des créatures, il pouvait en avoir tant d’autres…

Le bruit du vent sifflant entre les tombes, où donc était le murmure des défunts ? A nouveau, Daniel ricana, inconnu au monde, inconnu à tout. Le froid de la mort, si près, si loin, et les larmes de Gabriel contre sa peau, on ne pouvait faire plus triste baptême.

Pitié ? Je ne connais plus ce mot, demande le aux enfants morts, demande le aux couples séparés, demande le au monde, peut-être pourra-t-il te répondre. Il est trop tard pour moi, il est trop tard pour nous. Je ne t’aime pas….

Qu’importe les cœurs brisés lorsque la seule chose que l’on se trouve capable de ressentir est la souffrance ? L’illusion d’un amour, l’illusion d’une tendresse, Daniel n’en voulait plus. Il était monarque sans couronne d’un royaume d’épine et d’os, cette terre dévastée qu’il cachait tout au fond de ses yeux et n’était que le reflet jamais assez amer de sa propre psyché.
Au tout début de sa vie, il avait eu le courage des innocents se sentant aimés, il avait eu les mots de Gabriel pour le guider. A présent ne lui restait que le poison des mondes et la solitude des déchus, comment l’expliquer ? Ô Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné…. Et qu’importe les larmes versées, cela n’a que peu d’importances. Un ver s’était glissé dans le fruit, maudit, et tout était gâché.

Nous avons été cavaliers de feu, chevaucheurs d’étoiles, nous avons été poètes et poèmes à la fois, mais tout cela est fini à présent, le comprendras-tu ?

Tout son être le faisait souffrir, en proie à une mélancolie douloureuse et agonisante. Est-ce que Gabriel pouvait le sentir, alors qu’il le touchait, qu’il respirait le parfum de sa peau, est-ce qu’il pouvait le sentir, le ressentir, ce goût de blessure à vif émanant de Daniel ?

Il y a des choses qui ne peuvent se réparer, peu importe la beauté du monde et la couleur des roses. Ce qui est cassé, est également condamné à le rester.

Frère, à quoi bon prier pour l’enfant perdu dans l’hiver ? Il ne reviendra jamais, tu le sais. Maintenant consomme ton mensonge, embrasse-moi, Frère, et comprends que tu ne m’aimes pas toi non plus. Il n’y a plus d’amour dans la vallée de nos cœurs, il n’y en a jamais eu mon pauvre fou, mon frère chéri… J’ai couru au vent, à la folie, j’ai couru portant mes couronnes de chardon et d’épines. J’ai essayé de tenir, mais tenir quoi ? Regarde, je te prends par la main, tu sens mes doigts ? Ils sont si froid… Tu te rappelles de là haut, de notre royaume des cieux ? Moi j’oublie… Avant il y avait la grâce dans mon cœur, des fleurs dans mes cheveux, maintenant il ne reste rien. Tu peux me serrer fort, cela ne changera pas et j’espère pourtant. J’espère pour quelque chose qui n’existe pas, car je mourrais seul je le sais, loin de toi, loin de tout, Dieu seul sait où. Je mourrais seul et serais laissé là, moi qui fut si petit, si insignifiant… Plus de temps, plus de larmes, plus d’amour.
Jamais.


Il pleurait à présent, lui condamné à ne plus être cru. Il pleurait, bien trop loin de l’âme et du cœur pour être consolé.

Vois moi, vois moi qui ne porte nulle arme, ferme mes yeux, sourit au menteur que je suis, sourit avec ta cruauté et ton arrogance. Pourquoi ta vérité serait meilleure que la mienne ? Nous avons combattu épaules contre épaules, t’en rappelles tu ? Je t’ai tout donné, Gabriel, je t’ai tout donné. Absolument tout…

Souvenir de choses éternelles, souvenir de mots, de silences et de promesses. Oh ferme mes yeux, ferme les car ce monde me blesse par bien trop ! Plus la force se sourire, plus la force de rien, ce froid qui me prend, oh ce froid qui sort de tes mains !

Alors quoi, déchire-moi ?! J’ai péché, je suis tombé, j’ai trahi ! Déchire ce que je suis, ce que j’ai été, toi qui ne comprend rien, RIEN ! Tu as gagné, es tu content ? Tu as gagné alors que je t’avais tout donné…

Sers Dieu, aime-moi et pour nous la fin n’existera pas. Des mots pour un enfant il y a bien longtemps. A quoi cela sert de dire que l’on est désolé ? Ce n’est jamais la faute de personne, alors nul ne peut recoudre les blessures infectées. Trop de soupirs et de larmes pour un cœur qui jamais n’avait été pur. Jamais…

Où était leur âme, leur innocence ?

Cela fait bien trop longtemps que mes mains ont oublié la forme de ton cœur….
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