Nous nous retrouvons donc, plus ou moins une semaine après notre altercation force orange VS force rayée. Bien entendu, l'avantage était revenu à force rayée - aka Anthy - force orange -aka Ruru, ou Reureu, subissant l'écrasant désavantage d'un coup de foudre des plus saugrenus dû à un Cupidon dans un état qui l'était tout autant. Toujours est-il que cette rencontre infructueuse sur tous les plans nous avait laissé un irlandais absolument morose et dépité, avec « tête de cul, malformé, gueule de thon, crétin de carotte sur pattes » en guise de fond sonore mental.

Autant dire que, ce jour là, il n'était pas franchement motivé pour se rendre à l'école d'art pour y poser comme il le faisait régulièrement. Non, aujourd'hui, il avait envie de garder ses fesses habillées et dans son plumard, à ruminer à quel point son existence pouvait être moisie... Néanmoins, il n'avait absolument rien fichu depuis l'événement évoqué ci-dessus, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Ainsi du retard s'accumulait dans son travail, et malgré l'abîme de culpabilité dans lequel cela le plongeait, il ne se sentait pas le courage et la vigueur intellectuelle nécessaire à la régularisation de cette situation.

Par contre, rester à poil et immobile durant une bonne heure devant des artistes en devenir, c'était dans ses cordes. Et puis, ça lui donnerait bonne conscience et l'impression que sa vie n'était pas totalement vide, et terne, et lamentable, etc.

C'est avec cette argumentation qu'il s'auto-convainquit qu'il devait aller travailler, et qu'il se retrouva de nouveau lavé, rasé, habillé – oui parce que depuis une semaine il ne se lavait plus, ne se rasait plus et errait en... Tenue d'intérieur dirons nous. Bref! Il quitta son domicile frais comme un gardon, prêt à vivre de nouvelles aventures... Ou presque. De toute façon, les aventures allaient se présenter à lui – ou plutôt s'écraser dans sa face – qu'il soit prêt ou non, même s'il ne le savait pas encore.

Donc, comme il l'avait si fermement décidé, il se présenta au cours de peinture de l'université, posa avec un dévouement remarquable – tout aussi comparable que son anatomie de rê... Heum. Tout se passa comme d'habitude, et c'est un Ruru de nouveau habillé et satisfait d'avoir accompli son devoir, honoré sa famille toussa toussa qui s'apprêtait à rentrer chez lui. Sauf que, tout ne se passa pas comme d'habitude! En effet, un élève du cours annonçait qu'il se mariait. Ou qu'il avait un enfant. Ou alors que son enfant se mariait? Ou que le mari de son enfant... Oh puis zut, quelqu'un annonçait une nouvelle un peu importante et funky, à tel point que tout le reste du cours décida qu'il fallait boire un coup pour fêter ça. Cela va de soit, « Connard en sucre » (et une fois de plus, ne nie pas!) n'était absolument pas d'humeur, mais les autres expliquèrent qu'il devait rester, qu'il avait pas l'air dans son assiette et blahblahblah... Et comme le petit mouton malléable qu'il était, il resta.

X heures après – mais quelle heure il est au final? C'est un petit mouton fort imbibé que l'on pouvait retrouver. Limite, il suffirait (qu'on s'aiiiiimeuuuuh! *Sort*) d'appuyer sur n'importe quelle partie de son intégrité physique maintenant corrompue pour faire suinter moults liqueurs. (en relisant cette phrase, je la trouve vraiment ignoble, mais bon!) Alors, c'est sûr, il était vachement plus joyeux qu'avant... Mais était-ce vraiment mieux pour autant? On est en droit de se poser la question en le voyant tituber dans les couloirs, zigzguant, s'appuyant à moitié sur les murs, pratiquant l'élégance à la culbuto.

Il évoluait donc dans l'espace de cette façon, ricanant de temps en temps pour des trucs qui échapperaient aux pauvres hères hors d'état d'ébriété – et peut être de nuire – que nous sommes quand soudain il écrasa sa main sur quelque chose qui n'avait pas la même consistance qu'un mur. Même qu'à en croire l'emplacement des zones d'humidité, ça ressemblait pas mal à un visage. Mais qui pourrait le dire? ( et oui Mimi, c'est à toi qu'incombe la tâche d'affirmer ou non la thèse de la face d'Anth écrabouillée par le grand méchant Reureu!)

Il tourna la tête vers la chose écrasée, et la regarda d'un air duquel toute la vésanie qui habitait désormais son corps devait transpirer à grosses gouttes visqueuses... Quand soudain, ça fit tilt dans sa tête:

« Heyyy mais, on se connaîîît! »

Puis, grand blanc...

« T'es la meuf dans la pub pour les gauuffres là! Mais siiii! La blonde chauve en costume de mousqueton! »

Alors là, nul ne saurait dire qu'est-ce qui se passait dans ce cerveau torturé... Il n'existait très certainement aucune pub comme ça – notamment parce que blondeur et calvitie complète semblent incompatibles... A moins qu'il n'ait jaugé les sourcils de la donzelle? Naaaaan... Et est-ce que mousqueton voulait dire mousquetaire?

Ah, oublions tout, Reureu souhaite revenir sur ses propos. Oui oui, s'il secoue la tête comme ça en se marrant comme une hyène de cirque, c'est parce qu'il veut revenir sur ses propos.

« Mais n'importe quoi, t'es « gueule de thon »! »

Ah, apparemment le « gueule de thon » avait marqué notre ami. Notons d'ailleurs à quel point son niveau de langage s'était dégradé avec l'alcool. En tout cas, tout le monde l'aura compris, la mystérieuse blonde chauve n'est autre qu'Anthelme! Et ouiiiii. Décevant, n'est-ce pas?

« Tiens, gueule de thon... Ca me fait penser que je me ferais bien une salade niçoise! »

Et non, « salade niçoise » n'est pas une métaphore où Anthy aurait le rôle de thon, bien que celui-ci lui irait à ravir! (un tamanoir et un thon... On pourrait créer une nouvelle espèce merveilleuse °.°)

« Haaa, mais non, c'est de la viande le thon... »

Bravo Ruru, même l'alcool ne saurait te faire oublier ta condition de végétarien! Et là, il aurait pu partir vers de nouvelles contrées, gentiment toussa toussa. Sauf que, dans ce cas là, le sujet s'arrêterait ici! Donc, Au lieu de ça, il eut une grande idée!

« Mais toi tu peux! Allez viens à la maison! On va bien s'marrer j'peux te le dire! »


Sous entendu « toi tu peux en manger du thon contrairement à moi qui suis végétarien », alors qu'Anthou aurait tout à fait pu ne pas être carnivore, mais booooon. Et « viens à la maison! On va bien s'marrer » ne sous-entend rien, juste que Ruru est torché, déshinibé et qu'il laisse donc libre cours à son désir de ramener Anth – c'est à dire l'homme de sa vie - dans sa tanière. Même si pour ça il faut un peu forcer le destin quoi – c'est à dire attraper sa proie par le bras pour le traîner à moitié afin de faire en sorte qu'il le suit bien. Mais bon, il est amoureux et saoul : il a toutes les excuses du monde pour avoir un comportement délirant, inadapté, déplacé et malsain.

Pour l'instant, il s'échauffait avec le délirant – comme s'il en avait des bouffées, de délire, de pouvoir enfin aggriper étreindre son petit chou à la crème. L'était d'ailleurs tellement euphorique qu'il se mit à chanter en cheminant...

« Allez viens à la maison à la maison! Y'a des gâteaux des gâteaux secs et des gâteaux! Y'a du chocolat! Chocolat blanc! Chocolat chaud! »
Evidemment, il sautillait un peu en même temps, sinon c'est pas drôle. Comment, ça rappelle ça? Le monde est bien étrange.

Enfin bref. D'abord Cupidon, ensuite Ruru et bientôt Anthy... Combien d'autres âmes innocentes seront victimes de l'alcool! Ô rage, ô désespoir, ô dipsomanie ennemie! Et... Oui bon, voilà quoi, bonne chance Anthy o/.

Et là, si on était dans un film, on pourrait faire un plan américain sur Reureu chutant au ralenti, l'arrière plan qu'est l'université se floutant artistiquement et avec une musique vaguement psychédélique et torturée dans ce goût là. (On comprendra comment je peux en arriver à écrire des posts abracadabrantesques avec de telles musiques en tête!). Et au moment où son corps s'écraserait par terre comme un gros steack juteux, il serait de bon ton de faire zoom ultra précis sur le molard visqueux expulsé par sa bouche - rendue pâteuse par l'alcool - à la faveur du choc, gisant comme un paquet de gelé tremblotant à coté de son propriétaire plus... Compact. Psychédélisme, déchéance et bas corporel: tous les ingrédients seraient réunis pour exprimer fidèlement ce qui se passe dans notre Reureu, qui décidément ne tient vraiment pas l'alcool.


Mais fort heureusement, nous ne sommes pas dans un film. Donc, pour résumer, Reureu se ramassa lamentablement la face par terre à cause de la balayette de ce fourbe d'Anth-la-gueule-de-thon, expectorant à l'atterrissage un onctueux crachat (êrk), tout à fait à l'image de la situation dans laquelle il se trouvait.

Il resta quelques instants par terre, un peu sonné et pour tout dire dans le pâté, pas vraiment conscient de ce qui venait de lui arriver. Comme si son esprit imbibé rejetait l'idée même que son Anth chéri, lumière de sa vie feu de ses reins ( pour plagier un certain russe ) aurait pu le faire tomber délibérément. C'est pourquoi lorsqu'au bout de quelques minutes il fini par émerger, il fut tout étonné de l'absence du brun farouche. Il resta d'ailleurs quelques instants, debout, les yeux dans le vague et se frottant lascivement la mâchoire, songeant:

*Ah bah zut, il est parti. Il devait être pressé. D'un autre coté, je le comprends, c'est pas correct de tomber comme ça dans les lieux publics. *

… Ah, non, rectification, il ne songea pas: il dit.

«  Ah bah zut, il est parti. Il devait être pressé. D'un autre coté, je le comprends, c'est pas correct de tomber comme ça dans les lieux publics. »

Il reparti donc, titubant un peu, déçu d'avoir fait fuir sa charmante dulcinée (ouais, j'assimile Anth à une gonzesse, même pas peur!) avec son comportement indigne, mais stoïque malgré tout... Bah ouais, il s'était même pas mis en mode foetus pour chouiner, il se contentait de pousser des soupirs incroyablements longs et incroyablement las.

N'empêche, il devait avoir une drôle de dégaine. Il titubait, croisant les jambes en faisant retomber le poids de son corps à chaque pas... Ca, plus ses soupirs... Et plus sa fameuse veste en serpent, symbole de son individualité et de sa croyance en la liberté personnelle... (Celui qui voit à quel film je fais référence... Celui là, je l'épouserait! O/)

Bref, il s'apprêtait à rentrer à sa maison comme l'aurait fait Cartman à sa place, la langueur de l'amoureux éconduit en plus... Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que le destin était, pour une fois, de son côté! Si on considère que lui permettre de chopper Anth c'est être de son côté, bien sûr.

En effet, une fois de plus l'irrascibilité d'Anth devait lui jouer des tours. Si vous avez bien suivi, il y a quelques heures, un coup dans une table basse lui valu d'avoir les pieds plongés dans le café. Et là, le coup de « je shoote dans la poubelle » ne pouvait pas rester impuni au niveau du karmaétouétou. Oh non, il n'eut pas du jus de déchet qui s'épancha sur ses chaussettes, pour continuer l'analogie avec la situation évoquée précédemment. Pire.

Vraiment, infiniment pire.
Non non, aucun rapport avec une quelconque matière fécale, c'est pire.
PIRE je vous dit!
Enfin, pire... Pire, pour Anth. N'importe qui n'aurait pas trouvé ça trop gênant, juste un peu flippant quoi. Mais là, c'était vraiment un châtiment de choix pour Anth.

Bref, j'abrège: un chat de gouttière surgit de la poubelle, bondissant droit sur notre Anthelme adoré. Ça se comprends, je pense que n'importe qui bondirait sur quelqu'un shootant dans sa maison. La réaction d'Anth? J'en sais foutrement rien, je m'occupe que de l'énergumène roux. Peut être qu'un certain Miracle va révéler qu'en fait, Anth va soudainement se prendre d'affection pour ce représentant de ces bestioles qu'il déteste tant, le ramener chez lui et dévouer sa vie entière à la cause des chats...

Toujours est-il que lorsque mon fameux rouquin sortit de l'université, il tomba – seulement au sens figuré cette fois ci – sur le fameux étudiant en photo, ce qui le réjouit forcément fortement! Il ne capta d'ailleurs même pas le félin courroucé.

Il se contenta d'attraper Anth par derrière, mais surtout par le biceps - ne brulons pas les étapes – (… * Sort * ) avec une gentillesse euphorique, mais peut être un peu brutale à cause de l'alcool.

« Ahhhhh, bah t'es là! Désolé de m'être vautré... Bon, on se la fait cette salade? »


Aussitôt dit, aussitôt fait, Reureu recommença à trainer Anth dans son sillage, sans imaginer un seul instant que celui pourrait ne pas vouloir le suivre.

Hélas, pour Anth, le destin avait une fois de plus décidé d'en rajouter une couche. Oui, parce qu'il aurait pû se retrouver à simplement suivre Reureu de force, mais en gardant un peu de dignité... Sauf que non. Pourquoi?

Parce qu'une personne fort peu civilisé passa avec son téléphone crachant de la musique... Et que, le peu qu'il purent entendre, à l'oreille aviné de Reureu, sonna comme le début de... La Carioca.

Du coup, Reureu se stoppa brulatement – ou plutôt brutalement (ouais, je trouve ça important de conserver les contrepèteries involontaires à l'écrit ) dans sa marche, et tourna son visage vers Anth avec une expression hébétée qui ressemblait quand même pas mal à ça : °o°.

« T'as entendu? T'as entendu? »

Ouais, il y avait fort à parier pour que Anthelme-chou n'ait rien entendu, même en lui lui demandant deux fois... Tout simplement parce qu'il n'y avait à peu près rien à entendre mais bon, ça Reureu ne pouvait pas encore s'en rendre compte. C'est pourquoi ce qui va suivre va forcément le laisser au moins perplexe...

Oui, parce que Reureu se mit à danser sur place en faisant des petits pas et roulant des épaules au rythme qui n'existait que dans sa tête, chantant:

« Sais tu danser la Carioca? C'est pas un Fox-Trot ou une Polka, ce n'est vraiment pas très compliqué, pour la comprendre, suit bien mes pas! »


Et ça, ça aurait pû être une grande, grande chance pour Anth de s'enfuir! Sauf que non, puisque dans la logique du truc, Reureu passa derrière le grand ado apparemment condamné à être traumatisé à vie, lui passant une main sur le ventre, attrapant l'autre mains et tendant leurs bras en un tango latéral pour poursuivre cette fameuse chorégraphie (… Je suis une quille pour décrire les pas de danse, heureusement que la vidéo est là!). Ah, et il continuait à chanter aussi.

« Youpiiiiii! Dansons la Carioca! C'est biiiiieeen, faisez tous comme moi! Youpi! Avec la Carioca, tant pis s'il faut dire aux autres danses, au revoiiiiiiir! »

N'empêche, malgré son état d'ébriété avancé il chantait pas si faux que ça. Un peu quand même, mais même sobre il n'avait aucune oreille. (Et maintenant, pour moi, Reureu a la voix de Gérard Darmon, c'est vraiment trop bizarre... Même si, en l'occurrence, Gégé chante pas faux.) Bref. Dans le monde actuel de Reureu, c'était normal de faire tournoyer Anth à distance avant de le rattraper contre lui, de danser en l'enlaçant encore une fois dans son dos, de battre des ailes imaginaire, de sautiller... Et d'accaparer le trottoir avec sa danse chelou.

« Tous les matins dès le leveeeer, la Carioca te fait bougeeeeer! Et quand tu danse chaque petit pas, te met en joie, pour la journéééééeeeeee! »

D'ailleurs, en parlant d'accaparer le troittoir, peu de personnes semblaient vraiment leur préter attention. Parmis celles ci, certaines avaient l'air hébété, d'autres ricanaient... Et il y avait une petite vieille à l'air attendrit face à ce jeune couple tellement fougueux qu'il dansait en pleine rue. A croire que personne ne remarquait que Reureu tenait quand même son cavalier de façon bien ferme... D'autant plus qu'il est fort probable qu'Anth râle, mais ça, encore une fois, l'écossais ne le remarquait pas. Pour lui, leur danse était fluide, harmonieuse et délicieuse. (Tu vois, quand je disais que ce post est une catastrophe... Et c'est pas fini!)

En tout cas, cette danse, pour ridicule qu'elle soit, eut le mérite de conduire les deux protagonistes devant l'immeuble de Reureu – et de rendre ce dernier incroyablement joyeux. Fort heureusement, étant plutôt ancien il n'avait pas de digicode, sachant que ma chère créature n'est absolument pas en état d'en composer un. Double coup de chance, habitant rez de chaussée, il n'avait pas besoin de trainer Anth dans des escaliers, juste au fond d'un couloir sombre. Triple coup de chance, comme cela pouvait lui arriver souvent il n'avait pas fermé sa porte à clef, se contentant de la pousser, habitude fort stupide acquise dans son ancien chez lui où pousser suffisait à verrouiller. (Fichtre, ça sonne vraiment comme un proverbe ou un slogan publicitaire, « pousser suffit à verrouiller. » … Au passage, note comme je prépare le terrain avec la nom fermeture de porte o/)

Bref, c'est d'un coup de hanche expert qu'il poussa sa jeune proie à l'intérieur de son antre, lui claquant un bisou sur la joue comme le fait Chabat dans la fameuse vidéo après avoir chanté la fin de la chanson, c'est à dire:

« Tant pis s'il faut dire à tout le moooonde, au revoiiiiiiir! »

Et voilà, c'est ainsi qu'Anthelme se retrouva dans le home sweet home de Russell pour la première fois.

(Et maintenant, je pars me cacher.)

[Désolé pour cette merde qui n'avance en rien du tout le RP U_U ]