I'm lovin it

Sujet: I'm lovin it 29.08.12 13:06

C'était une belle journée. Peu de nuages dans le ciel venaient voiler les rayons du soleil, et la chaleur était loin d'être suffocante comme elle peut l'être certains jours d'été en pleine ville. Dans les rues, quelques tables avaient été installées en devanture des cafés, et les marchands de fruits attendaient à côté de leurs étalages se gorgeant de lumière.
Un groins humide et d'un brun tirant sur le rose vint s'écraser contre une poire qui avait l'air particulièrement juteuse.

-Bonjour, heu, une poire, s'il vous plaît ?

Armée d'un grand sourire et de quelques pièces, Hanna désigna le fruit désormais couvert de salive par Sully, le cochon domestique à l'appétit débordant. Elle s'empara de la poire et à l'aide de son canif en coupa une tranche qu'elle tendit à l'animal glapissant de contentement.

-Doucement ! Bon, voyons, où on est...

La jeune femme s'empara du téléphone portable qu'elle avait rangé dans sa poche et en consulta le GPS d'un air soucieux. Celait faisait presque vingt minutes qu'elle cherchait cette énorme pharmacie qui disposait d'un stock particulièrement important pour les soins aux animaux.
Obliquant dans une ruelle qu'elle n'avait pas encore exploré, Hanna tira sur la laisse du harnais de Sully pour l'entraîner à sa suite, le tout sans lever les yeux de son téléphone. Elle connaissait encore mal les quartiers de Naniwa, et peinait à s'y retrouver. D'autant plus qu'aujourd'hui, elle était particulièrement distraite. Elle avait déjà dû acheter deux pommes et une barquette de fruits ressemblant à des prunes, en plus de la poire de tout à l'heure. Un cochon c'est comme un puits sans fond. On a beau tenter de le remplir avec toutes sortes de choses, rien n'y fait. Il y avait de quoi dépenser une fortune en alimentation. Heureusement qu'il ne faisait pas la différence entre une pomme de terre et une pelure de pomme de terre. Une fois qu'on avait compris le principe, un cochon, c'était finalement un bon compagnon.

Hanna releva ses yeux sombres un instant pour s'assurer que son ami à quatre pattes n'avait pas trouver un truc dégueulasse à gober dans le caniveau. C'est alors qu'elle vit la vitrine de la fameuse pharmacie qu'elle avait tant cherchée.
Couverte d'une large pancarte annonçant sa fermeture définitive.

-QUOI ?!

Décidément trop distraite aujourd'hui. Elle aurait du penser à regarder sur internet avant de foncer tête baissée. Mais c'était l'histoire de sa vie, ça. Tout ce qui touchait de près ou de loin à sa passion dévorante et envahissante pour le monde animal procuraient chez elle une impatience surprenante et un manque total de discernement. Heureusement qu'elle savait encore garder son sang froid en cas d'urgence.
Tournant le dos au magasin d'un air dépité, elle observa le côté droit de la rue qui menait vers ce quartier marchant qu'elle avait quitté un instant. Il y avait du monde en ce début d'après midi, une activité qui faisait plaisir à voir. Mais Hanna était ailleurs, perdue dans les souvenirs d'un regard d'or et de miel.

Sully quant à lui avait des problèmes à son échelle. La laisse était tendue, tout comme son gros museau mou, mais il lui manquait encore un tout petit centimètre pour pouvoir attraper un vieux bout de sac en plastique dans lequel reposaient des restes de frites à la mayonnaise d'un aspect douteux. Il tirait autant qu'il pouvait, et dans ses yeux à lui, c'était une gourmandise dévorante qui luisait.

Sujet: Re: I'm lovin it 30.08.12 14:07

Il y avait un moment, un sacré moment même, que l'hybride ne s'était pas aventurée en dehors de Tennoji.
La raison en était bien simple, et tenait en plusieurs facteurs.

Primo : C'était la où elle vivait. (You don't say ?)
Secundo : Elle n'avait pas suffisamment d'amis. Pas assez pour ~~l'obliger~~ lui permettre de régulièrement sortir dans des coins plus vivants que son quartier. (Elle le vit bien, merci)
Tertio : Bay Area ne comptait pas, elle n'y allait jamais pour autre chose que le boulot.
Quarto : A Tennoji, il y avait l'Imaginarium. Et Mihaël dedans. Oui bon. Elle n'allait pas s'étendre sur le sujet.
Cinquo-et-dernier-point-parce-que-je-n'ai-plus-de-mot-italien-en-"o", et non des moindres : Elle aimait procrastiner

Ou disons plutôt qu'elle appréciait de ne rien glander et de faire la larve dans son cocon, lorsqu'elle n'avait pas l'obligation du travail. Une grande tasse de café brulant, les pieds et la tête à l'envers sur le canapé, et la télé en pause en plein milieu d'une cinématique de jeu vidéo, pour le simple petit plaisir con d'écouter la musique de fond en boucle. Au final ce qu'on avait un peu tendance à oublier, c'est que sous ses airs de matrone responsable/mature/stressée/maternelle/bosseuse, elle n'en restait pas moins une jeune femme comme les autres, qui avait un grand besoin de sa dose de glandage hebdomadaire.

Mais aujourd'hui, étrangement, le cœur n'y était pas.
Elle avait reçu un appel de son père ce matin. Un appel de l'autre bout du monde. Ils se téléphonaient 3 ou 4 fois par an à tout casser. Non pas qu'ils ne s'entendaient pas ou autre chose du genre, non. Bien au contraire, quand ils discutaient, la conversation pouvait très vite durer des heures et des heures que ni l'un ni l'autre ne voyait passer. C'était simplement qu'ils avaient chacun leur vie, leurs problèmes, de leur coté. Et que les chiens ne faisaient pas des chats. Si la jeune femme n'était pas du genre à donner des nouvelles d'elle aux gens, son paternel fonctionnait sur le même principe. Le père de Kohane, c'était Kohane avec un chromosome Y, 30 ans de plus, et un sens des réalités quasi-inexistant.
Toujours était-il que, comme à chaque fois, une fois la communication terminée, elle avait un vague sentiment de vague-à-l'âme qui s'emparait d'elle. Et ça, ça n'allait pas. Aujourd'hui, elle devait vraiment sortir. Se changer les idées, peu importe comment.

Voila pourquoi en a peine plus de temps qu'il n'en fallait pour lire tout ce début de texte, elle était déjà prête et en route. En route pour où ? Ba. Peu importait. C'était au gré de ses pas et des mouvements de foules.

Minami. C'est grand. C'est vivant.
C'est très différent de Tennoji. Tennoji était calme. Les petites ruelles pavées et les minuscules temples y étaient légions. Il n'y avait pas à s'étonner quant au fait de croiser des choses étranges ou d'être témoin d'événements surnaturels. Du moins, pas trop. Minami, c'était... Nettement plus urbain. Plus technologique. Plus pollué et dynamique aussi. Le bruit y été amplifié jusqu'à des proportions déraisonnables, surtout le soir. En l'instant, c'était encore un peu supportable.
Elle n'avait pas de but précis.
Sur la route, elle dépanna une petite jeune en lui prêtant son portable, juste pour cinq petites minutes. Elle s'arrêta pour acheter de quoi se désaltérer. Elle fit une longue pause chez un bouquiniste. Avant de finalement atteindre l'entrée du quartier marchand.

Elle ne savait pas si elle regrettait d'être sortit, souhaitant déjà rentrer chez elle, ou si l'air extérieur lui faisait du bien en lui oxygénant un bon coup le cerveau. C'était kif-kif. Peut-être allait-elle...

OÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏNK !

Le bruit soudain la fit sursauter sous la surprise. Sa tête se tourna vers l'origine du cri inhumain et... Surprise bis. C'était bel et bien inhumain oui. Le choc du spectacle totalement saugrenu qui s'offrait à ses yeux lui fit faire un bond en arrière.
Un bond en arrière, oui.
Qui lui valut de trébucher contre le trottoir.
Elle portait des chaussures à talons pas franchement stables ce jour-là.
Pas besoin de vous faire un dessin sur la suite. Son postérieur se fit un devoir d'aller dire bonjour à l'asphalte, en somme.

Elle devait avoir l'air très maligne là, le cul par terre, nez-à-nez avec le cochon furieux à qui elle venait d'écraser la queue - à moins qu'il n'ai s'agit d'une patte ? Franchement, elle n'aurait su le dire, elle n'avait pas franchement porté attention à ce détail sur le coup, on vous avoue.
La situation lui paraissait tellement saugrenu qu'elle n'arrivait pas à faire autre chose que rester bouche bée devant le groin en colère. Parce que oui, sachez-le, c'était tout à fait normal de subir le courroux d'un porcelet en pleine capitale. Si. Ça arrivait tout les jours à des tas de gens.

Sujet: Re: I'm lovin it 31.08.12 10:12

Sully, c'était un peu la prunelle des yeux d'Hanna. Elle avait toujours voulu un animal de compagnie, depuis son plus jeune âge, mais malheureusement ce désir lui était inaccessible. Question de moyens.
Et puis, un jour, quelques mois avant de décider d'emménager à Naniwa, elle était entrée dans une animalerie pour une petite enquête qu'elle mettrait à profit de son mémoire. Durant presque une heure elle avait parcouru les rayons, observé les animaux enfermés derrière des parois grillagées ou en verre, le cœur saignant pour ces pauvres bêtes aux yeux larmoyants qui menaient une vie pénible en attendant que quelqu'un veuille bien les acheter. Des chiens, des chats, des furets, lapins, rongeurs en tous genres. Elle aurai voulu tous les sortir de là mais c'était une responsabilité qu'elle ne pouvait pas endosser seule, alors elle se dirigea vers la sortie le cœur lourd. Et là sur la porte, elle vit cette annonce, papier noir et blanc scotché sur la vitre avec négligence.
Donne porcelets domestiques sinon mort certaine.
Hanna avait senti ce frisson de dégout lui parcourir l'échine. Elle ne pouvait concevoir qu'on traite avec tellement de négligence des êtres vivants innocents. Elle ne comprenait pas pourquoi l'être humain qui possédait la mère ne pouvait prendre la responsabilité de soigner aussi ses petits. L'après-midi même, elle était chez cette sale bonne femme attardée, attrapa le plus vigoureux des porcelets, et s'en fut sans même dire au-revoir.

Sully c'était le miraculé, celui qu'elle avait sauvé de la mort. Alors quand elle l'entendait couiner de douleur, c'était son propre cœur que l'on poignardait.
Se précipitant sur le cochon, elle s'empressa de vérifier qu'il n'était pas blessé. Ce fut l'histoire de quelques secondes, le temps de palper et d'observer l'animal sous tous les angles. Hanna se redressa ensuite, tendant une main à la femme qui avait visiblement trébuché sur le pauvre porcin.

-Vous n'avez rien ?

Par réflexe, le regard d'Hanna scruta la silhouette de son interlocutrice, cherchant une éventuelle blessure. Elle n'était pas particulièrement altruiste, mais cela n'empêchait pas d'être polie, même si l'on venait de marcher sur son petit cochon adoré.

-C'est de ma faute, je suis en plein milieu du passage.

Encore de la politesse. En réalité, vu que la vétérinaire et son compagnon prenaient toute la place sur le trottoir, personne n'aurait pu manquer de les voir. Et pourtant cette femme là avait quand même réussi à marcher sur Sully. Il fallait qu'elle soit bien trop occupée par sa propre personne pour qu'un tel accident arrive.
Un sourire contrit flottait sur les lèvres d'Hanna, mais au fond de ses yeux, tout au fond, luisait cette pointe d'agacement qu'elle éprouvait envers les êtres humains moyens, aveuglés par l'égoïsme et l'auto-satisfaction.

-Allez recule mon bonhomme, laisse la dame. Et mange pas ça tu vas être malade.

Du bout du pied Hanna chassa le plastique de fast food qui trainait trop près de Sully, et une idée soudaine lui fit se tourner d'un mouvement brusque vers la femme qui avait osé poser le pied sur son cochon. C'était une impulsion, qui surpris Hanna par son audace et sa verve inhabituelle. D'ordinaire elle ne demandait pas sa route aux passants, elle se démerdait elle même. Mais l'autre n'avait pas l'air bien méchante, et lui devait une faveur. Non ?

-Ah ! Au fait vous ne sauriez pas où je pourrais me procurer du matériel médical spécialisé ?

Sujet: Re: I'm lovin it