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 Elle va où elle veut

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Elle va où elle veut Vide
MessageSujet: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime13.11.12 20:39

[Fubuki]

La journée qui venait de s’écouler annonçait avec une désespérante véracité la couleur de la semaine qui s’annonçait : harassante. Rien qui ne le change de son quotidien habituel remarquez, puisque Nikita avait depuis longtemps accepté le fait d’être en permanence immergé sous une montagne de travail.
Il était néanmoins encore tôt lorsqu’il quitta le bureau au tribunal où il officiait pour rentrer chez lui et le trafic à l’extérieur souffrait des encombrements coutumiers liés aux heures de pointe en fin de journée. Fort heureusement, le rendez-vous pris à la dernière minute et qui justifiait son départ anticipé se trouvait dans une zone facile d’accès, moins atteinte par les problèmes de circulations que les grosses artères de Kita. Aussi, s’il lui fallut bien plus d’une heure avant d’arriver enfin devant son immeuble, il ne doutait pas pouvoir mettre beaucoup moins de temps pour rejoindre l’adresse où il avait à se rendre. Et il pouvait s’estimer heureux d’avoir été prévoyant en pensant à prendre une bonne marge lorsque l’heure du rendez-vous avait été fixée, n’ayant pas franchement l’habitude de prendre la voiture à cette période de la journée. En règle générale, le trafic était redevenu fluide depuis longtemps lorsqu’il rentrait chez lui le soir.

L’ascenseur avala les nombreux étages jusqu’à finalement le déposer à celui où il habitait et l’avocat, pressé, traversa hâtivement le petit couloir et déverrouilla sa porte en moins de deux. Il n’était là que pour récupérer un dossier nécessaire au rendez-vous énoncé plus haut et ne comptait pas s’éterniser davantage chez lui, ne voulant pas risquer d’être en retard pour la suite.
Néanmoins, il s’arrêta net dès lors que la porte d’entrée se fut ouverte sans un bruit sur son appartement.
Quelque chose clochait.

Ce n’était pas une sensation diffuse de danger qu’il percevait comme ça avait été le cas lors de l’épisode Loreleï, lorsqu’elle l’avait attendu chez lui toute la journée après qu’ils aient passé une nuit ensemble. Mais il pouvait affirmer avec certitude que quelqu’un d’autre était présent ici. Quelqu’un qui n’avait de toute évidence absolument aucune raison de se trouver là, puisque l’avocat vivait seul. Et les rares personnes à qui il avait pu donner à un moment où à un autre les accès de son chez-lui n’y serait certainement pas venues en son absence et sans daigner l’en prévenir.
Dernier point, mais non pas le moindre, l’odeur qui flottait dans l’air n’appartenait à aucune de ces-dites connaissances. Quoiqu’elle ne semblait pas lui être totalement inconnue, mais il préféra pour l’heure repousser ce détail dans un coin de son esprit.

Nikita se glissa dans l’appartement et referma la porte derrière lui, prenant le plus grand soin de ne pas se faire entendre. Il s’avança à pas feutrés dans le corridor qui débouchait sur le vaste salon et s’arrêta sur le seuil, balayant la pièce d’un regard rapide. Deux choses : le courant d’air froid l’informait que la partie de la baie vitrée via laquelle l’on pouvait accéder à la terrasse devait être ouverte, et la personne dont il savait la présence ne s’y trouvait pas.
Alors plutôt que de s’amuser à aller la dénicher il préféra rester ici, d’où il ne manquerait pas le passage de l’indésirable quand celle-ci repartirait d’où elle était venue… ou par la porte d’entrée, dont il bloquait de toute manière le passage. Une attente qui porta ses fruits après quelques instants, quand son regard captura la silhouette de l’intruse.

« Je peux savoir ce que vous faites ici ? »

Le lycan avait fait un pas en avant dans le salon, tandis que sa voix avait résonné dans le silence ambiant, aussi inamicale qu’elle pouvait l’être.


Dernière édition par Nikita S. Füscher le 18.04.13 20:03, édité 1 fois
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Elle va où elle veut Vide
MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime14.11.12 22:20


Ce qu'elle faisait ici ? Est-ce que ça valait la peine d'essayer de lui expliquer ? Est-ce que ça pourrait lui sauver la peau, de dire la vérité ? Plantée là au milieu du salon, le regard agrandit par la surprise, Fubuki laissa passer quelques secondes d'hésitation.

A vrai dire, elle aussi se demandait ce qu'elle foutait là. Franchement, qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Cette soirée n'avait été qu'une accumulation d'erreurs, de choix qu'elle n'aurait pas du faire. Espérant faire les poches d'un gros riche qui lui même espérait prendre du bon temps, elle avait fait semblant de croire à sa pseudo offre d'emploi dans une boite de production, et l'avait suivit jusque chez lui en se disant que là bas elle trouverait bien des trucs à piquer et à revendre. Montres, bijoux, babioles sans importances aux yeux d'un homme déjà plein aux as qui ne verrait même pas qu'on lui avait subtilisé quelques petites choses.
Et puis elle était restée assise dans son salon, un peu vulgaire, très tape à l'oeil, pendant qu'il s'était éclipsé quelque part, du côté de la salle de bain sans doute. Cette dernière, trop proche de la sortie, privait Fubuki de toute chance de fuite alors que cette idée lui semblait la meilleure option envisageable. Et puis son regard s'était porté sur le balcon. Silencieuse et furtive, elle s'en était approchée, se retenant de jeter un regard vers le vide béant en dessous d'elle. C'était le dernier étage, sans doute. Un coup d'œil vers le haut cette fois lui apprit qu'elle se trompait, il y avait une terrasse supplémentaire, et le mur qui la soutenait était dévoré par une importante plante exotique grimpant jusqu'à la rambarde, enroulant ses tiges et ses branches autour d'un support artificiel que les épaisses feuilles d'un vert intense masquaient totalement. Sans se poser de question, Fubuki commença à grimper. D'abord sans hésitation, elle se savait habile et son échelle de végétation avait l'air solide. Et puis, elle prit de plus en plus de hauteur et commença à craindre que la structure lâche, ou que les prises de la plante deviennent trop fragiles. Quand sa main s'agrippa à la balustrade de l'étage supérieure, elle s'y hissa fébrilement, le cœur battant à tout rompre, se traitant intérieurement de tous les noms d'avoir osé une aventure pareille.
Fort heureusement, ce qui l'attendait effaça bien vite ses remords. La terrasse était sobre, mais immense, tout comme l'appartement dont les baies vitrées permettaient d'observer le contenu à loisir. C'était beau, c'était classe, c'était définitivement riche. Et il n'y avait personne. Tentant le tout pour le tout, le cœur toujours battant mais cette fois d'un enthousiasme qu'elle peinait à contrôler, Fubuki fit coulisser la porte vitrée. On n'avait pas pensé à verrouiller cet accès là, qui se pointerait sur la terrasse en plein jour, au sommet d'un des plus grands immeubles de la ville ?
Bah, Fubuki.
Elle s'était vautrée dans les fauteuils, avait exploré la chambre en caressant la literie et en embrassant généreusement les oreillers, et surtout, elle était allée fouiller les réserves de nourriture. Le réfrigérateur, le congélateur, les placards, tout était passé au peigne fin et elle s'était servie généreusement de ce qui lui semblait assez appétissant. Bon, elle n'avait pas trouvé de pâtisseries, mais personne n'est parfait, surtout pas les riches. Emportant alors le tout jusqu'au salon, elle s'était posée devant la télé, énorme, gigantesque, et avait commencé à grignoter sans voir le temps passer.
Idiote qu'elle était. Au paradis, elle en oubliait qu'elle était en infraction et que ces petits plaisirs, elle n'y avait pas le droit normalement. Elle ne se leva du canapé que lorsqu'elle fut lassée des émissions débiles qui passaient à la télé, et s'en alla vers le couloir de l'entrée pour fouiller les placards en espérant y trouver quelques trucs de valeurs. Et là, elle le vit, l'air patibulaire, l'oeil agressif, le stéréotype même de l'avare mécontent qu'on s'en prenne à ses biens.

Non vraiment Fubuki n'avait pas la moindre idée de quoi lui répondre. Inventer un mensonge quelconque ne suffirait pas. La peur s'empara d'elle, irrépressible, mais pour une fois relativement justifiée. Après tout, elle n'avait aucun moyen de fuite. Pourtant, dans un réflexe conditionné, elle bondit en arrière et s'élança à travers l'appartement dans une tentative désespérée d'échapper au propriétaire des lieux. Il y avait peut être une autre sortie. Et alors qu'elle galopait ainsi à grandes enjambées en contournant les meubles, elle sentit ses muscles courbaturés se plaindre sourdement, et la blessure de son flanc, tiraillée, lui lancer des avertissements douloureux. La seule option qui restait, à nouveau, fut la terrasse, où la jeune femme se précipita, refermant le plus vite possible la porte derrière elle en espérant que l'autre n'aurait pas été plus rapide. Acculée, Fubuki subissait la morsure de la peur, et un nuage de buée se forma sur la vitre près de laquelle elle haletait difficilement.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime16.11.12 21:33

Bien sûr, qu’avait-il bien pu espérer qu’elle lui réponde ? « Je passais dans le coin, ça avait l’air sympa » ou encore : « J’ai vu de la lumière, alors je suis entrée » ... ? Si on lui avait dit un jour que quelqu’un s’introduirait chez lui par la terrasse, alors même qu’il habitait un étage un peu trop haut pour de telles prouesses acrobatiques, il se serait contenté d’en rire.
Ceci étant dit, maintenant qu’il se trouvait en plein dans cette situation improbable, il n’avait pas la moindre envie de rire. Ni celle, d’ailleurs, de la laisser filer comme si de rien n’était.
Aussi fut-il prompt à réagir dès lors qu’elle tenta de repartir d’où elle était arrivée et la suivit-il à travers tout le salon. Ce qui ne l’empêcha pas de se retrouver avec la porte close juste sous son nez. Il fit aussitôt coulisser la portion amovible de la baie vitrée en sens inverse d’un geste un peu trop brusque, se souciant peu pour l’heure d’en maltraiter le mécanisme, et attrapa sans davantage de douceur l’un des poignets de l’étrangère pour la forcer à retourner à l’intérieur. Ou, en tout cas, pour l’empêcher de réitérer sa petite escapade.
Quoique cela ne semblât pas être sa priorité immédiate, s’il en jugeait sa respiration haletante. Déjà essoufflée après ce qu’on ne pouvait même pas qualifier de course-poursuite entre eux deux tellement c’avait été bref ? Plutôt inattendu de la part de quelqu’un qui était capable de s’introduire chez lui de la manière dont elle l’avait fait. Mais ça n’était pas le plus important dans l’immédiat et il laissa ce curieux constat de côté, il s’y repencherait dessus plus tard s’il y repensait ; d’autres choses suscitaient plus son intérêt.

La première était bien entendu de savoir ce que, sérieusement, elle était bien venue foutre ici ? Il fallait le vouloir, pour arriver jusqu’à chez lui. Or, l’avocat ne possédait rien qui vaille réellement la peine d’être volé. L’énorme écran plat qui faisait office de télé et dont il ne se servait jamais, à la limite. Ou l’ordinateur ultra-performant dans son bureau. Ou les costumes de bonne marque dont il se vêtait, éventuellement, bien que ça ne soit généralement pas la première chose à laquelle l’on pense dans ce genre de cas. La totalité du mobilier valait probablement une petite fortune elle aussi mais quoi qu’il en soit, rien de tout ça n’était du genre à pouvoir être substitué discrètement, surtout quand on était du genre à choisir la fenêtre plutôt que la porte.
D’autant plus qu’au vu de la gueule de l’immeuble, il était sans aucun doute beaucoup plus facile de trouver son bonheur à un étage bien inférieur au sien.

« Vous ne comptiez tout de même pas vous en tirer aussi facilement, j’espère. »

Si sa graine de paranoïa venait se mêler à tout ça, alors il pouvait bien trouver une raison pour laquelle elle serait venue ici. Il y avait dans son bureau certains dossiers sur lesquels il bossait et pour lesquels certaines personnes verraient un intérêt dans leur disparition. Ça, il ne pouvait certainement pas le laisser passer.

Et puis autre chose encore : cette curieuse impression sur laquelle il n’arrivait pas à mettre le doigt, beaucoup plus présente que tout à l’heure quand il ne savait d’elle que son odeur et de ce fait, impossible à ignorer. L’avait-il déjà rencontrée auparavant ? Pourtant il ne la connaissait pas, il pouvait l’affirmer après l’avoir observé attentivement. Plutôt jolie, mais clairement trop jeune pour avoir été parmi ses fréquentations éphémères. Et son visage lui était définitivement inconnu.
Sans qu’il ne s’en rende compte, sa prise sur la poignet de la brunette s’était raffermie, l’enserrant plus fort que cela n’était nécessaire.

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime20.11.12 16:06


Le visage à quelques centimètres de la vitre, elle l'avait regardé approcher, espérant qu'il ne pourrait pas ouvrir la porte, par on ne sait quel miracle. Elle avait observé son faciès de fauve jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus, jusqu'à ce que ses nerfs lâchent.
Alors que Fubuki détournait le visage, elle sentit la main ferme de l'homme se refermer sur son poignet, et déjà elle était de retour à l'intérieur. L'appartement qui lui avait parut immense semblait désormais trop petit, et de ses grands yeux vifs et alertes elle se mit déjà en quête d'une nouvelle porte de sortie. Parce qu'il était hors de question qu'elle reste ici avec lui. Il était certain qu'il appellerait la police, et finir en prison était ce qu'elle désirait le moins au monde.

-Lâchez-moi...! lança-t-elle dans un cri à moitié étouffé par sa propre respiration angoissée.

Fubuki avait toutes les peines du monde à reprendre son calme. Alors qu'elle avait gesticulé dans tous les sens lorsqu'il lui avait mis la main dessus, elle tentait à présent de jouer le rôle de la petite fille sage qui avait juste un peu foutu les pieds par hasard dans cet appartement. Avec un peu de chance l'innocence qu'elle laisserait paraître convaincrait le propriétaire des lieux de la laisser partir avec un simple sermon.
Oui mais voilà, malgré sa volonté de se détendre, au moins partiellement, son cœur lui gardait le même rythme effréné que tout à l'heure lors de la course à travers le salon. Quelque chose en elle s'était réveillé à la vue de l'homme au regard perçant, et il lui était difficile de calmer cet instinct de survie pour le moment. Comme si c'était une question de vie ou de mort. Bon ok la prison ça pue la merde (littéralement même), mais c'était pas une raison pour s'affoler autant que ça. D'autant plus qu'elle n'avait finalement rien fait de si grave. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle entreprit d'expliquer au charmant monsieur, non sans arborer une moue renfrognée censée cacher son regard effrayé.

-J'ai rien touché, j'vous l'jure ! Son regard s'égara du côté de la télévision et de la table basse encore couverte des restes de son festin. Enfin... j'avais faim c'est tout. C'est rien, un peu de bouffe, vous en avez plein !

Ça y était, enfin. Un brin de colère et de hargne venait accentuer son discours, évinçant partiellement les traces de son malaise provoqué par la situation. Ou par la proximité de cet homme, ça restait encore à savoir. Parce qu'à force de lui jeter des coups d'œil nerveux, Fubuki finit par remarquer qu'il l'observait d'un étrange regard, un peu trop scrutateur. Non, vraiment trop scrutateur en fait. Comme s'il cherchait à voir à travers elle, à travers son apparence. Ses vêtements. Il la regardait fixement et son emprise sur le poignet de la jeune fille s'était resserrée au point où l'articulation en souffrait. Le cœur de Fubuki s'emballa dans sa poitrine, et soudainement, elle se débattit comme une furie pour retrouver sa liberté, dans le besoin urgent de mettre le plus de distance possible entre elle et ce pervers. Dans sa lutte aussi impromptue que brutale elle lança un nouveau cri, mais cette fois bien plus sonore, à mi-chemin entre la plainte et l'aboiement.

-Lâchez-moi !

Il fallait qu'elle parte, maintenant, qu'elle rejoigne les autres. Sylvain saurait la calmer, il trouverait une raison logique au comportement de l'homme du dernier étage. Parce qu'il y avait forcément une raison autre que celle, peu honorable, qui avait germé dans l'esprit nerveux de Fubuki. Du moins, elle l'espérait.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime29.11.12 13:18

La bouffe ? Oh ça, pour ce que ça lui importait, elle aurait très bien pu tout consommer qu’il ne se serait probablement rendu compte de rien. D’ailleurs ne remarqua-t-il le bronx sur la table basse que lorsqu’elle vint au sujet et que son regard se déporta sur la scène du crime, la désignant ainsi comme telle à l’avocat qui n’en avait eu cure auparavant.
A vrai dire, il ignorait même que ses placards fussent remplis, daignant n’ouvrir ceux-ci que lorsqu’il se rappelait avoir un estomac – soit rarement – et n’avait pas déjà satisfait celui-ci en grignotant quelque dose sur le pouce en chemin. Il fallait y voir là l’œuvre de Scarlett sans aucun doute, Scarlett et ses foutues manies. Il n’y avait qu’elle pour s’obstiner à lui remplir ses placards alors qu’il ne touchait quasiment jamais à tout ce qui se trouvait dans la cuisine.
Aussi dans un univers alternatif, si la situation avait été toute autre et lui-même largement plus porté sur la sympathie envers son prochain, sans doute l’eut-il remerciée pour s’être occupée de choses qui, autrement, seraient restées là à attendre jusqu’à ce que la date limite de consommation ne soit largement dépassées et qu’elles atterrissent au final parmi les déchets.
Mais comme tout ceci était loin d’être le cas, il ne se contenta en tout et pour tout que d’un vague coup d’œil à la nourriture évoquée par l’inconnue sans desserrer les mâchoires pour une quelconque réprimande, avant de retourner son attention sur elle.

Et puis il la lâcha, oui, puisqu’elle mettait tant d’ardeur à le réclamer. Il la lâcha sans crier gare, d’un coup, et la laissa aux prises avec la perte d’équilibre que ça ne manquerait pas d’engendrer au vu de toute cette passion qu’elle avait pu mettre pendant ses gesticulations alors qu’elle se débattait sous son emprise.
A la voir réagir ainsi, il avait l’impression qu’il était celui en tort. Comme s’il l’avait, lui, agressée sans aucune raison valable de le faire. Une gamine comme elle, avec si peu d’assurance, n’avait rien à faire ici. Dans un immeuble aussi pointu que celui-ci, le moindre pas de travers pouvait suffire à la compromettre ; avec toute la négligence dont elle avait visiblement fait preuve ici lorsqu’il n’était pas là, elle avait franchement eu de la chance que Nikita tienne plus du type négligent que de l’obsédé par sa sécurité et celle de ses biens, celui du genre à posséder quelques quinze alarmes et autres gadget du même style.

« Si vous comptez profiter de ce que vous avez à nouveau les mains libres pour filer, eut-il l’aimable obligeance de la prévenir, n’y tenez pas trop. Je ne vous laisserez pas encore vous échapper. »

Puis il eut un moment de flottement en réalisant ce qu’il venait de dire.
Encore ? Pourquoi donc, encore ? Sur le coup, ça lui avait paru parfaitement normal et cohérent, mais maintenant que l’avertissement était tombé entre eux deux, il ne comprenait pas pourquoi ce mot s’était glissé là, absurde. Pouvait-il imputer ça à la fatigue, décréter qu’elle jouait un mauvais tour à sa diction et simplement passer là-dessus sans autre forme de procès ?

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime01.12.12 14:36


Sa liberté soudaine fit chavirer Fubuki, qui s'étala sur le sol avant d'avoir exactement comprit pourquoi. Son poignet était encore brûlant de la poigne sévère et menaçante de l'homme debout devant elle, et s'étant instinctivement rattrapée sur le coude la jeune femme en profita pour tenter de se relever d'un bond comme elle avait l'habitude de faire. Elle n'aimait pas trop l'idée qu'il la domine de la sorte, et voulait encore croire qu'elle pourrait s'en sortir sans trop de dommages. Cependant son corps, elle avait tendance à l'oublier, était déjà relativement bien meurtri, et son flanc l'élança à nouveau au beau milieu de sa cabriole. Et au lieu de se retrouver élégamment sur ses pieds avant que l'autre n'ai pu réagir, elle lâcha prise et retomba tout aussi lourdement, quoi que sans broncher. Mieux valait ne pas montrer qu'elle était clairement incapable de lutter face à lui. Tout comme il valait mieux ne pas montrer que ses jambes tremblaient nerveusement alors même qu'elle ne s'en servait pas pour le moment.

Fubuki n'arrivait pas à détacher son regard de l'homme aux yeux verts. Craignant sans doute qu'il ne profite de son inattention pour faire un truc mesquin. Il avait l'air de ce genre de types, fourbes et vicieux, sans pité. Pétrifiée par l'incompréhension de cette étrange situation, et incapable de dire quoi que ce soit de censé compte tenu du bug monumental de son cerveau, la jeune femme ne remarqua pas encore ce qu'il y avait de sous-entendu dans la phrase de son agresseur. Lui en revanche, il avait l'air intrigué par quelque chose. Alors lentement, tout en douceur et en discrétion, Fubuki recula en glissant sur le sol. Du bout des doigts, elle cherchait derrière elle quelque chose pour se cacher – protection dérisoire – ou mieux, quelque chose pour se défendre. C'était pas dans ses gênes, ça, elle le savait, mais faute de mieux un coupe papier pourrait lui permettre de rester en vie quelques années de plus.
Elle sentit sous la pulpe de ses doigts le contact caractéristique du canapé. Dans un seul mouvement, elle se positionna à quatre pattes et rampa tant bien que mal jusqu'à se terrer sous la table basse non loin de là. Oh bien sûr, une fois qu'elle se retrouva si bien cachée, elle regretta aussitôt d'avoir tenté quelque chose d'aussi bête et inutile. Au mieux, elle aurait réussi à agacer un peu plus le maître des lieux. Tout ce qu'elle pouvait espérer c'est qu'il n'arrive pas à la déloger de là, car crispée et agrippée à un pied de ladite table, la jeune femme bien qu'en position ridicule n'avait pas l'intention de sortir de là. Son abri provisoire lui offrirait certainement l'occasion à un moment où à un autre de fuir vers la salle de bain pour s'y enfermer et appeler les secours.

Pourquoi Fubuki réagissait de manière aussi disproportionnée ? Après tout, c'était elle qui était entrée par effraction. Mais ce sentiment particulièrement dérangeant d'être une victime, une proie même, faisait bouillir en elle un instinct de survie pas du tout adapté à un être humain. Elle aurait pu essayer de négocier, elle aurait pu attaquer, foncer dans le tas, hurler tant qu'elle était sur le toit en espérant que quelqu'un l'entende, mais non. Tout ce qu'elle faisait, c'était fuir. Tout ce qu'elle voulait c'était fuir. Le soucis étant que la fuite en l'occurrence était impossible. Fubuki était coincée dans cet immeuble, dans cet appart', sous cette table. Coincée et persuadée que ce terrible homme aux yeux vert lui voulait plus de mal qu'elle ne méritait vraiment. Il était le chat, royale et sadique, qui disposait maintenant d'une souris pour s'amuser. Et plus elle remuait ce genre de pensées paranoïaques dans son cerveau, plus Fubuki paniquait et se trouvait incapable de réfléchir correctement. Du coup, elle était probablement foutue oui.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime05.12.12 22:27

Sous la table ? Non mais, sans blague ? Sur le coup, Nikita fut trop surpris pour songer à réagir. Trop surpris et, tout à la fois, aussi interloqué qu’amusé par l’étrangeté de la réaction de la brunette. Etouffant un petit rire de gorge face au spectacle qui se passait juste sous ses yeux, il n’essaya pas d’aller déloger la brunette de sa cachette et préféra à la place contourner les meubles pour retourner du côté de la baie vitrée, en refermer la partie coulissante une bonne fois pour toute et, cette fois, prendre le soin de la verrouiller.
Si son inconnue caressait encore quelque idée de fuite par cette issue, elle n’avait plus qu’à y faire une croix dessus désormais.

« Vous savez, je ne n’ai pas dans l’intention de vous manger », dit-il tout en se retournant vers là où se terrait la jeune femme, un sourire sardonique fiché sur ses lèvres. « Alors peut-être pourriez-vous envisager de sortir de sous cette table et vous comporter en personne civilisée ? »

Il n’était jamais trop tard pour commencer, après tout.

L’avocat sortit son paquet de cigarettes de sa poche et s’en alluma une, tirant une longue bouffée dessus en attendant une quelconque réaction de la part de l’autre.

« J’ai tout mon temps. Mais ne m’obligez pas à venir vous chercher. »

Quoiqu’il n’en ait en réalité pas la moindre intention de le faire. Elle ne pouvait pas rester planquée éternellement là-dessous de toute manière, si ? Enfin, son petit stock de patience n’étant pas encore épuisé, il était tout à fait disposé à se prêter à cette petite comédie quelque temps si d’aventure elle n’était toujours pas décidée à pointer le bout de son museau.
Quant à son rendez-vous, il l’avait complètement oublié pour l’instant. Quitte à s’en mordre les doigts plus tard. Mais que voulez-vous, ce n’est pas tous les soirs que ça lui arrivait, de rentrer chez lui pour y trouver quelqu’un dans son salon, ça méritait bien qu’il lui accorde la priorité sur le reste.

Dans l’intermède, il avait rapidement abandonné le petit masque moqueur qui était venu s’inviter sur son visage en même temps que sa dernière tirade à l’attention de la brunette se faisait entendre, pour s’en recomposer un plus sérieux, et toujours aussi peu amène.
Après tout, ce n’était pas parce qu’il se permettait de plaisanter qu’il en oubliait ses priorités, et la personne qui avait décidé d’élire domicile sous la table de son salon l’intriguait toujours autant. A la fois de par sa présence – elle n’était tout de même pas venue ici que pour bouffer, si ? – qu’à cause de ce qu’elle suscitait chez lui et qui n’avait pas fini de dépasser sa compréhension.

« Est-ce que nous nous sommes déjà vu ? »

La question avait beau paraître et sonner stupide, tombant là à l’improviste comme un cheveu sur la soupe, une réponse positive pourrait peut-être expliquer quelques petites choses. Et susciter nombres d’autres interrogations, il n’en doutait pas, néanmoins l’obtenir lui importait bien plus que ce qu’il l’aurait cru de prime abord.




Dernière édition par Nikita S. Füscher le 07.12.12 21:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime07.12.12 21:15


-Je ne suis pas une personne civilisée. Pas comme vous l'entendez en tout cas, ça c'est sûr...

Fubuki n'avait pas les manières de ces riches trop riches qui ne savaient plus quoi faire de leur argent mais qui ne voulaient pas non plus le donner à ceux qui en auraient éventuellement besoin. Non. Fubuki n'était pas de ces femmes mondaines qu'on exhibe parce qu'elles savent bien se tenir en toutes circonstances et qui savent trouver les mots qui faut pour obtenir ce qu'elles veulent.
Planquée sous sa table, et bien contente qu'il ne vienne pas l'y chercher, la jeune femme aurait presque ricané qu'on lui propose de se comporter en personne civilisée. Bon certes, elle devait avoir l'air d'une sauvageonne tarée aux yeux du propriétaire de l'appartement. Pas assez saine d'esprit pour comprendre qu'une table n'était qu'une protection dérisoire. Mais au moins cet embryon de conversation eut pour avantage de lui faire oublier partiellement cette peur viscérale qui l'avait habitée. À nouveau la colère, purement humaine, qu'éprouvait Fubuki dans ces moments là, suffisait à éradiquer en partie la biche qui se cachait en elle, et qui avait instinctivement reconnu un prédateur à fuir en la personne de l'homme aux yeux verts.

Tapie dans son refuge provisoire, la demoiselle daigna lâcher un des pieds de la table pour chasser une mèche chatouillant le bout de son nez mutin. Elle envisageait de sortir, maintenant que l'ambiance s'était un peu calmée. La tension s'était partiellement relâchée et l'homme semblait ne pas avoir envie de s'attarder plus que ça sur celle qui s'était introduite chez lui. Du moins, c'est ce que Fubuki se plaisait à imaginer. Elle se voyait déjà revenir à la vieille ferme le ventre plein et la tête pleine de choses à raconter à cause de son étrange soirée.
Oui mais voilà, le destin, ce fils de pute qui ne laissait aucun répit aux bonnes gens, en avait décidé autrement. Encore. Comme un nouveau pied de nez à la jeune femme qui avait si hâte d'oublier cet homme au regard si dérangeant, et qui venait de prononcer la question la plus troublante qui soit.
Déjà vu ? Qui, lui ? Non, ça se saurait, on oublie pas un type aussi lugubre. Surprise et choquée par ce qu'il venait de demander, et parce que dans le fond, vraiment tout au fond, quelque chose murmurait à Fubuki qu'elle avait déjà croisé ces yeux calculateurs, la jeune femme se redressa instinctivement et se cogna bruyamment la tête sous la table.

-Ouch... Pourquoi ? Dans la rue, peut être, mais j'vous connais pas moi hein. Essayez pas de faire copain copain avec moi je vous vois venir !

Pour mieux se masser le crâne l'étrange demoiselle s'était à moitié extirpé de sous la table, les sourcils froncés et son regard noisette exprimant un mélange de curiosité et de crainte. Qu'est-ce qu'il lui voulait, sérieusement ? C'était quoi cette question bizarre ? Et pourquoi il se comportait pas comme n'importe quel homme riche se comporterait dans ce genre de situation. Genre gueuler et ameuter la terre entière.

-Vous allez pas appeler les flics ?

Là, derrière la curiosité, il y avait une lueur d'espoir. L'humain reprenant le dessus sur le cervidé, Fubuki se disait qu'elle avait peut être réagit un peu trop bizarrement, et de manière totalement disproportionnée. La fuite, si urgente une poignée de minutes plus tôt, avait prit un aspect plus paisible et pacifique. Ce n'était plus une question de vie et de mort. Et quelque part Fubuki se sentait troublée par sa schyzophrénie qui, si elle avait toujours été un peu présente dans sa vie de lycan amnésique, n'avait jamais été aussi forte.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime13.12.12 22:28

La réaction soudaine de la brunette, plus que la réponse qu’elle lui apporta ensuite, apporta à Nikita ce qu’il souhaitait savoir.
Ou pas.
Peut-être aurait-il préféré, au fond, que son instinct soit simplement sorti des rails pour x raison et qu’il pouvait donc plus raisonnablement se fier à la négation qu’elle venait de lui asséner ; il détestait quand son côté animal lui dictait quelque chose comme ici, quand bien même force lui était d’avouer que ça lui avait déjà été plutôt salvateur par quelques reprises dans le passé.
Et puis faire copain-copain avec elle, la belle affaire ! Pour ce que ça lui apporterait de jouer dans ce registre là… des deux, elle seule pourrait trouver un intérêt dans une telle comédie. Pas lui, il s’en foutait, il voulait simplement ses réponses et n’estimait pas nécessaire de chercher à se montrer sympathique pour les obtenir.

« Vous êtes à ce point pressée d’aller vous installer dans l’une de leurs cellules ? »

Bon, pour leur gouverne, c’est sûr qu’elles devaient toujours être plus spacieuses et confortable que le dessous de sa table basse. Même une niche l'aurait été. Le grand luxe, à côté de ce coin étroit et si bas de "plafond" que l'on s'y cognait à la première occasion.

Sa main gauche se faufila dans une poche de son pantalon et se referma sur son portable, comme s’il s’apprêtait à obéir à la pseudo requête de l’étrangère. Appeler les flics ? Plus tard, oui… peut-être. Il serait bien assez temps de s’en aviser lorsqu’il n’aurait plus rien à tirer d’elle, mais il n’en avait pas encore fini. Et pas plus l’envie d’être dérangé par une tierce personne.
Raison pour laquelle il se contenta d’éteindre le mobile, avant de simplement le remiser là d’où il venait de l’en extirper.

La cigarette se consumait entre ses longs doigts pâles, il la porta évasivement à sa bouge et tira à nouveau dessus ; la cendre tomba et s’écrasa sur le carrelage, mais il sembla ne pas y prendre garde, ne pas seulement l’avoir remarqué, focusé comme il l’était par la jeune femme et trop occupé à laisser ses yeux fouiller chaque parcelle de son visage pour s’attacher à autre chose d’aussi futile que ça.

« Je vous accorde au moins ce point : nous ne nous connaissons pas » laissa-t-il finalement tomber lentement. Avant de se rapprocher encore un peu d’elle, de s’asseoir sur la banquette pour lui faire face, un peu plus à sa hauteur que s’il était resté debout.

« … Du moins pas comme vous l’entendez », reprit-il en lui copiant sa propre réplique. « Vous sortez, maintenant ? » proposa-t-il à nouveau, assortissant ses mots d’un rictus goguenard. Pas que l’impatience le tenaille – pas déjà –, mais tout à l’heure, durant le bref instant où il l’avait tenue, il y avait eu quelque chose, une sensation qu’il n’avait pas pris la peine d’étudier dans le feu de l’instant… enfin il ne savait pas trop quoi, mais il voulait vérifier maintenant que les choses paraissaient s’être calmées.


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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime02.01.13 19:38

HRP:


Pressée ? Fubuki tint à peine compte de l'ironie de ses propos.

-Non.

Personne n'avait le droit de la mettre derrière des barreaux. Personne ne pouvait lui prendre sa chère liberté, elle qui mettait tellement un point d'honneur à rester plus indépendante que la moyenne de êtres humains sur cette planète. La religion, le mariage, le patriotisme... autant d'échappatoires pour fuir ses responsabilités. Parce que la liberté dans le fond n'était pas si simple qu'on le croyait. C'était savoir faire des choix.
Fubuki s'était entièrement extirpée de sous la table à présent. Son regard profondément rivé sur le téléphone, craignant que l'autre ne change d'avis et ne compose brièvement les chiffres qui la conduiraient en enfer. Ses doigts s'agitaient nerveusement les uns contre les autres, tiraillant un bout d'ongle cassé, s'entortillant comme une mêlée de serpents. Comment mieux traduire sa nervosité que par une métaphore animale : dans le fond, la liberté que prisait tant Fubuki s'opposait à ses instincts. D'où peut être ses troubles de mémoire. Elle ne faisait que fuir une réalité qui la bouleverserait trop, et qui ne ferait qu'accroitre ses angoisses. Certaines questions viendraient agiter son esprit la nuit, comme par exemple qui étaient ses vrais parents, qui l'avait rendue à moitié biche, et pourquoi...
Loin encore de ce genre de préoccupations, elle se leva avec une prudence démesurée sans faire le moindre bruit lorsqu'elle vit le téléphone portable disparaître dans une poche du maître des lieux. Ce dernier s'étant assis sur la banquette, la jeune femme se sentit vaguement mal à l'aise de se tenir ainsi devant lui. Un peux comme une tâche d'encre sur une copie pourtant soignée. Mais comme elle était aussi du coup en position de force (enfin, tout est relatif hein, elle aurait au moins l'avantage dans une nouvelle course poursuite. Et elle s'en voulu d'y penser. Pourquoi toujours courir, bordel !)

-Vous vous appelez comment ?

Elle eut une brève hésitation, et croyant déceler l'amorce d'une réponse chez son interlocuteur elle s'empressa d'ajouter :

-C'est pas comme si ça m'intéressait hein, juste... c'est pour savoir.

Autant dire pour mieux connaître l'ennemi. On ne répètera jamais assez l'importance des noms. Nommer les choses c'est avoir un début d'emprise sur elles. Fubuki espérait ainsi pouvoir ne jamais recroiser cet homme si elle s'en tirait, si elle croisait son nom quelque part. Elle demanderait à Akito, elle considérait toujours qu'il savait tout sur tout à cause de ses lunettes qui lui donnaient un air exagérément intelligent et sage.
L'estomac de la demoiselle grogna en plein milieu de sa projection dans un futur qu'elle espérait de tout son cœur. Ce fut d'abord un gargouillement léger, qui résonna bientôt dans la pièce en la faisant rougir de honte. Intuitivement son regard se déporta en direction de toute la nourriture qu'elle avait laissé étalée sur la table près de la télévision. Tout à l'heure, elle avait mangé trop vite et son estomac, peut habitué à de telles orgies, avait rapidement saturé. Mais la course poursuite dans le salon, à laquelle s'ajoutant l'angoisse d'être prise au piège dans ce si bel appartement, avaient tôt fait de lui creuser à nouveau l'appétit.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime11.01.13 3:05

HRP :
Semblant obéir à la suggestion de l’avocat, la brunette se décida finalement à s’extirper en totalité de sous sa si précieuse cachette. Elle se retrouvait donc dressée devant lui, le forçant à devoir lever les yeux s’il voulait pouvoir continuer à croiser son regard. Et s’il fut surpris lorsqu’elle lui demanda son nom, il n’en démontra rien. Il aurait même pu lui répondre si elle ne s’était pas aussitôt empressée de reprendre la parole pour se justifier, lui coupant la sienne avant qu’il n’ait pu amorcer ne serait-ce que le début d’un mot. Elle ne bernait personne avec ses propos, soit dit en passant : Nikita comprenait parfaitement d’où provenait le besoin de savoir son nom, et ce n’était certainement pas pour le plaisir de faire connaissance.

« Füscher » lâcha-t-il néanmoins après un court instant une fois qu’elle se fut tue.

Et ce fut tout. Il aurait aussi très bien pu garder le silence, jouer au con puéril en refusant de le lui dire mais, à quoi cela aurait-il mené, au final ? Son identité n’était en aucun cas secrète et il se fichait pas mal qu’elle la connaisse, ou non. Il ne lui retourna en revanche pas la question, nullement désireux de savoir comment s’appelait-elle. Du moins pour l’instant. Et puis, il y avait fort à parier qu’elle lui aurait probablement donné un faux nom ; après tout, elle était en tort dans cette histoire et ce n’était pas dans son intérêt à elle que l’avocat prenne connaissance de son identité.
Autant dire que le chapitre des présentations fut rapidement clôt.

« Ce n’est même pas la peine d’y songer », continua-t-il presque aussitôt en la voyant poser son regard sur un point fixe derrière son dos, où il devinait que devaient se trouver les restes du mini festin qu’elle s’était permis avant qu’il n’arrive.
Quant à l’embarras visible qu’elle éprouva suite aux petites démonstrations de son estomac, il ne sembla même pas le remarquer. Qu’elle ait visiblement faim ne le touchait pas plus que ça, et il n’avait aucune intention de s'imposer en hôte parfait en lui déclarant avec la plus sincère amabilité qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait de la nourriture. Nourriture dans laquelle elle avait par ailleurs déjà tapé un grand coup sans gêne.

Il ne fallait peut-être pas trop exagérer non plus.

S’instaura alors un silence pesant entre les deux, Nikita ne lâchant pas des yeux la jeune femme et toujours dans l’expectative d’une réaction quelconque venant d’elle. Toujours assis, également ; dans la mesure où l’intruse ne lui évoquait guère plus qu’une bête effrayée, il ne se sentait pas réellement en position d’infériorité alors même qu’elle le dominait, debout devant lui.
Et puis la lumière fut.
Ou plus précisément, quelques remarques qu’il s’était fait depuis le début de cette curieuse rencontre s’assemblèrent et trouvèrent un aboutissement logique. Tellement qu’il se fustigea mentalement pour ne pas l’avoir deviné dès le début, tandis qu’il se redressait brusquement et se retrouvait nez-à-nez avec l’inconnue, au moins pour un court instant avant qu’elle ne réagisse.

« Vous êtes un lycan. »
Mi-exclamation, mi-constatation.

D’habitude, il les repérait plus vite, l’odeur caractéristique qu’ils dégageaient les dénonçait assez clairement à son odorat surdéveloppé. Ça n’avait cependant pas été le cas ici. Peut-être le fait que son odeur à elle ne lui soit pas totalement inconnue l’avait empêché de faire le lien, allez savoir.
Quoi qu’il en soit, ceci permettait d’expliquer certaines choses. Pas toutes, néanmoins. Mais tout de même. Et ça élargissait le domaine des possibilités à propos d’une éventuelle précédente rencontre. Quoi qu’il préférât éviter d’y penser, pour le moment…

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime02.02.13 21:20


Füsher. La sonorité étrange du nom résonna quelques instants dans l'esprit de la jeune femme dont les yeux noisette s'étaient illuminé d'une certaine satisfaction. La peur se fit encore plus discrète, son instinct recula un peu plus, et ce fut presque un sourire qui s'esquissa sur ses lèvres ourlées. Baissant le regard car prise en flagrant délit de gourmandise par cet homme qui possédait les lieux, la douce bichette marmonna une brève excuse. Elle ne voulait pas pousser le bouchon trop loin. Elle ne voulait pas ruiner l'ambiance, plus détendue, qui s'était installée dans la pièce.
Le silence qui s'installait entre eux témoigna du subtil et provisoire apaisement qu'éprouvait Fubuki. L'espace se remplissait de pensées moins effrayées et de regards plus doux, à mesure qu'une certaine confiance se tissait là. Fragile, certes, mais une confiance tout de même, et cela n'émanait pas que de la jeune brunette. L'homme aussi avait perdu un peu de sa splendeur de prédateur qui avait un peu plus tôt fait suffoquer d'épouvante l'indésirable petite voleuse.

Mais alors que Fubuki cherchait quelque chose d'intelligent, comptant profiter du calme pour rassurer un peu plus le maître des lieux dans l'espoir qu'il la laisse s'en aller sans créer de soucis, son regard émeraude redevint oppressant, ou pire, menaçant. Le sentiment de sécurité trop frêle qui s'était alors instauré s'envola en éclats lorsqu'une bombe fut lâchée.
Un lycan. Elle ? D'où sortait-il une remarque aussi... stupide. Pourquoi ? Dans quel intérêt avait-il prononcé ces mots qui, malgré le peu de crédit que leur accordait Fubuki, bouleversèrent atrocément cette dernière ?

-De quoi ?

Elle avait les sourcils froncés et sa voix était montée dans les aigus involontairement. Une quantité impressionnante d'insultes et de remarques désagréables manquèrent à plusieurs reprises de franchir les lèvres charnues de la jeune femme, qui pourtant ne broncha pas plus. Elle se contentait d'observer, incrédule, son interlocuteur. Et le regard scrutateur qu'elle posait sur lui ne cherchait qu'à comprendre ses intentions. Envisager qu'il dise la vérité était impossible. C'était comme annoncer que Dieu était un alien, ou que les vaches pondaient des oeufs.

-Vous avez perdu la tête, je m'en vais. Vous ne me retiendrez pas une minute de plus dans cet appartement, vous êtes complètement fou.

La véhémence dont faisait preuve Fubuki pourtant ne pouvait que confirmer les dires de l'homme en noir aux yeux de n'importe quelle personne. Il n'y avait que la biche qui justement devenait aveugle à une explication pourtant si logique.
Il y avait une pointe de colère dans son regard lorsqu'à nouveau elle planta ses iris dans ceux de son interlocuteur. Ses petits poings agiles s'étaient refermés sur eux mêmes, et campée sur ses jambes la demoiselle lycan s'apprêtait déjà à s'élancer vers une nouvelle tentative d'évasion, sans même s'en rendre vraiment compte. Ce faisant, une idée s'imposa à son esprit, peut être de manière aussi fulgurante que la vérité s'était imposée à ce M. Füsher. S'il y avait un lycan dans cette pièce, c'était assurément lui. Car les lycans ne se reconnaissent qu'entre lycans. À cause du flair, et de ce sixième sens qu'on pourrait imputer à cette catégorie d'individus comme s'ils faisaient tous partie d'une même famille et qu'un lien puissant les unissait.
Le poids de la menace, voilà ce qui paralysait à nouveau Fubuki.

-Un lycan... vous …! Oh mon dieu...

Chacun de ses traits lui sembla alors témoigner d'une nature prédatrice. Chacun de ses gestes, même les plus infimes, lui intimaient un danger imminent.

-Vous êtes quoi au juste ? Glapissait-elle comme un porc que l'on s'apprête à égorger sans merci. Vous me voulez quoi, dites le !

Elle offrait à nouveau un spectacle pathétique. Si elle avait été sa propre spectatrice elle n'aurait pas manqué de critiquer cette panique disproportionné qui s'était emparée d'elle, et cette voix faiblarde qui la décridibilisait totalement. Mais Fubuki était bel et bien dans l'antre d'un fauve et toutes ses frayeurs se voyaient justifiées. Et la mort se faisait sentir comme si le sang avait déjà coulé...
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime07.02.13 21:37

Fou, lui ? Étonnant qu’elle lui destinât ce qualificatif en particulier. Des deux personnes présentes dans la pièce, n’était-elle pas celle qui le méritait le plus, s’il fallait vraiment l’adresser à quelqu’un ? Car n’était-ce pas folie, en quelque sorte, que de rejeter l’affirmation qu’il venait de faire ? Nier ses propos, les rejeter en bloc, tout cela n’avait aucun sens si elle était réellement consciente de son état ; elle pourrait bien affirmer tout ce qu’elle voulait, elle n’arriverait jamais à lui faire croire qu’il avait pu se tromper sur ce point.
Pour autant, était-il possible qu’elle puisse ignorer une telle évidence ? Avoir des gènes lycans, ce n’était pas exactement comme souffrir d’une pathologie latente. On ne pouvait pas ne pas se rendre compte des changements que le corps était forcé de subir à des fréquences plus ou moins régulières… n’est-ce pas ? Ne serait-ce que durant la pleine lune…

Investi d’une curiosité brusquement accrue à l’égard de la brunette, Nikita notait tout de son attitude, ne ratait pas une miette de ses réactions jusqu’au moindre de ses tressaillements. L’observer lui donnait l’impression d’avoir dit quelque chose de terrible, d’avoir osé prétendre l’invraisemblable quand il pensait, lui, n’avoir fait que réaliser à voix haute un fait logique.
Quant à ce qu’il était, eh bien, elle semblait l’avoir déjà réalisé en grande partie, pourquoi lui poser cette question alors ? Recevoir confirmation de ses déductions ? Il ne lui ferait certainement pas la faveur de lui révéler son animal totem, si c’était là ce qu’elle entendait savoir. A l’inverse de son nom, c’était quelque chose qu’il ne tenait pas à rendre public ; les personnes connaissant cette identité se comptaient sur les doigts d’une seule main – si l’on excluait ses créateurs, du moins.

« C’est plutôt intéressant que vous me demandiez ça alors que ce n’est pas moi qui suis venu vous trouver. »

De manière totalement inconsciente, son corps avait réagi à celui de la jeune femme et s’était imperceptiblement tendu, comme si l’homme était prêt à bondir sur elle si elle tentait seulement de fuir à nouveau. Et de fait, il était fort probable que ce soit effectivement le cas, bien qu’il n’en ait pas la moindre idée. La façon qu’elle avait de se comporter face à lui comme s’il s’était soudainement mis à représenter un grand danger pour elle était justement ce qui titillait cet instinct enfoui de prédateur et le faisait ressortir.
Plus elle réagirait comme si elle était menacée, et plus la menace elle-même se ferait plus pesante. Elle tissait elle-même la toile dans laquelle elle venait s’empêtrer.

« Je veux des réponses. »

Oh, il ne faisait que ça, tout le temps, chercher des réponses à tout et à rien. Sa vie était une éternelle quête de réponses, il voulait pouvoir tout savoir et mettre des mots sur tout. S’il ne pouvait se nourrir que de ça, il serait sans aucun doute obèse à l’heure actuelle.
Malheureusement, il était peu probable que son invitée surprise lui apprenne quoi que ce soit, ou pas de son plein gré en tout cas. Son corps était beaucoup plus bavard qu’elle, par ailleurs.
Peut-être fallait-il, alors, qu’il aille chercher ses si précieuses réponses directement à la source ?

Vif, il se détendit brusquement pour refermer ses doigts osseux autour d’un avant-bras et d’en attirer à lui sans la moindre délicatesse sa propriétaire. Encore, oui. A ceci près que ce qui suivit fut tout à fait différent de tout à l’heure, lorsqu’il lui avait agrippé le poignet pour l’empêcher de s’échapper. Il enfouit son visage dans le cou de la brunette et huma son parfum jusqu’à s’en imprégner totalement. Le contact fut très bref, guère plus d’une seconde et il la lâcha aussitôt – elle ne lui aurait certainement pas permis davantage –, mais néanmoins suffisant pour éveiller en lui quelques souvenirs. Pas d’images, uniquement des sensations très confuses, des réminiscences d’une nuit bien précise.
Et la certitude absolue de savoir où il l’avait déjà vue.

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime08.02.13 17:18


Sa réaction avait été immédiate. Le meilleur exemple imaginable d'un réflexe. Ses muscles déjà bandés s'étaient crispés d'avantage et elle recula pour mettre fin à ce rapprochement inopportun provoqué par M. Füsher. Le tout avant même qu'elle n'ai pu saisir ce qu'il avait voulu faire.
Mais chez Fubuki là aussi la réaction ne dura pas plus d'une seconde. Une fois la distance minimum de sécurité retrouvée, elle se figea. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, pour changer, et pourtant elle était d'une immobilité parfaite, ses grands yeux sombres rivés sur celui qui se tenait en face d'elle. Elle le regardait et pourtant ne le voyait pas, elle était ailleurs, dans le vague, avec une seule image qui tournait en boucle. Et un milliard de question en sous-titre, à base de « qu'est-ce que », « comment » et « pourquoi ».
Ce qu'elle avait vu là, à l'instant, n'avait rien de normal et n'appartenait pas à son monde. C'était des griffes puissantes qu'elle avait senti se refermer sur son avant bras lorsqu'il s'en était emparé. C'était une puissante odeur de fauve qui avait emplit ses narines alors que dans un mouvement souple il s'était glissé contre elle. Et des yeux verts perçant une fourrure presque aussi noire que la nuit, ceux d'une panthère meurtrière. Une seconde. Une seule toute petite seconde, c'était trop peu pour qu'un lycan puisse se transformer, d'autant plus que ce qui se tenait devant elle la seconde suivante était bel et bien humain.
En plein monologue intérieur, Fubuki cherchait toujours à comprendre, mais plus elle cherchait et plus elle avait l'impression que la folle, ici, c'était peut être bien elle. Non contente d'avoir des trous de mémoire, voilà qu'elle avait des hallucinations à présent !
Cependant, ses soucis mentaux n'étaient pas son seul problème actuellement, comme elle finit par comprendre au bout d'un certain temps. Elle avait baissé sa garde, s'était laissée amadouer par cet homme qui avait eu l'air honnête et qui soudainement avait changé de visage pour la mettre à nouveau dans une situation plus qu'inconfortable, la prenant par surprise évidemment. Fubuki sorti de sa torpeur, elle avait raison depuis le début ce mec était dangereux.

C'est une torpille qui s'éjecta à toute allure en direction de la cuisine, non sans bousculer la table au passage dans un raclement désagréable qui paraissait tonitruant dans le nouveau silence qui s'était installé. Sans prendre le temps de réfléchir, ni même sans prendre la peine de regarder si le fauve était à ses trousses, Fubuki se mit en quête d'une arme de défense potentielle, ouvrant et fermant les placards et les tiroirs avec une maladresse que seule sa panique pouvait expliquer. Quand finalement elle trouva un couteau suffisamment tranchant et pointu, elle eut un sursaut d'espoir et se précipita pour s'en emparer. Elle visa mal, très mal même, et sa main heurta la lame, tranchant presque délicatement la chair de sa paume dont s'écoula timidement un mince filet de sang. Ou comment empirer la situation.
Malgré tout, ignorant la douleur grâce à l'adrénaline qui courrait dans ses veines, Fubuki brandit l'arme dans la direction du maître des lieux. Elle tremblait, et ses mains étaient tellement crispées sur l'objet de défense qu'elle aurait eu bien du mal à effectuer le moindre mouvement efficace avec ça. Mais elle se sentait un brin plus en sécurité, et la pression retomba très légèrement. Pas grand chose hein, juste assez pour qu'elle puisse se rendre compte de son propre état d'affolement, des sueurs froides qu'elle avait, de sa vision troublée par les milliers de choses auxquelles elle pensait. Est-ce qu'elle était folle ? Est-ce qu'elle avait rêvé tout ça ? Est-ce qu'elle allait enfin se réveiller et se tirer de ce putain de cauchemar ? Sous la pression de ses doigts sur le manche du couteau, la coupure traversant sa paume se rappela à son bon souvenir, lui soulignant par la même occasion que tout cela était bien réel. C'était juste elle, jeune femme un peu larguée par la situation dans laquelle elle s'était elle même foutue, qui perdait pieds.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime11.02.13 21:42

Un couteau, vraiment ? La jeune femme ne faisait pas dans la demi-mesure, face à ce que venait de lui faire subir l’avocat. Lequel avait tout juste pris conscience, en la voyant détaler en direction de la cuisine, de la frayeur qu’il avait suscitée chez elle suite à son brusque rapprochement. Ça ne lui paraissait plus si aberrant d’ailleurs, maintenant que la lumière s’était en partie faite dans son esprit : si le contact avait permis de raviver chez lui quelques bribes diffuses de sa mémoire, peut-être avait-ce également été le cas pour elle. Quoi d’autre, sinon, justifierait une réaction aussi exubérante ? La brunette avait été une proie, c’était un constat indéniable et ses mains tremblantes qui empoignaient le manche du couteau pointé vers lui ne faisaient que la dénoncer davantage pour ce qu’elle était. Le pire étant qu’il ne pouvait rien reprocher à son comportement : qu’importe qu’il n’ait eu aucune intention de lui faire du mal ce soir, il ne pouvait plus prétendre n’avoir jamais été dans ce cas, désormais.
Et s’il était encore bien loin d’avoir compris jusqu’où tout ceci avait bien pu aller, cette fameuse nuit, il avait un mauvais pressentiment à ce sujet.

Mais que les choses soient bien claires : Nikita ne tirait aucune jouissance de la terreur dont faisait preuve à son égard l’inconnue. Il ne s’estimait nullement satisfait de la tournure que venait soudainement de prendre la situation. Et pas une seule seconde un rictus moqueur ne songea à venir tirer les trais fatigués de son visage à la vue du spectacle. Si la surprise avait brièvement pu y transparaître l’homme prenait gare, à présent, de garder une expression soigneusement imperturbable. Suffisamment intelligent pour ne pas sous-estimer le danger que pouvait représenter une telle arme quand la personne qui la tenait était poussée dans ses retranchements, il ne lui vint même pas à l’idée d’user de son éternelle morgue et tenter de relativiser le tout. Car ça n’aurait fait qu’aggraver la défiance pour lui derrière laquelle elle s’était abritée.

A choisir, il la préférait encore quand elle était ridiculement planquée sous une table.

« Vous feriez mieux de vous calmer. »

Sa voix était lente, les mots se séparaient les uns des autres avec un détachement très calme – trop, peut-être, au vu du contexte. Et instinctivement ses gestes adoptèrent la même stratégie, se décortiquant en mouvements souples et posés dont toute brusquerie semblait s’en être allée.
Pour autant, il ne chercha pas du tout à revenir vers elle. Pas tant qu’elle aurait cette lame effilée prête à sévir ; il n’était pas inconscient au point de croire une manœuvre d'approche possible sans risque et surtout, surtout, il ne voulait pas se retrouver avec un sentiment de menace immédiate.
Car c’était exactement ce qu’elle représentait pour lui à l’instant présent : une menace.
Là était toute la cruauté de l’ironie, d'ailleurs, car se sentir menacé était la voie la plus rapide pour pousser la panthère à se manifester. Un danger trop imminent et elle sortirait les griffes, bien contre le gré de l'homme.
Il ne voulait pas qu’une telle chose puisse arriver. Aucun des deux ne le voulait, c'était certain. Alors garder ses distances n’était pas juste une alternative possible, mais devenait une obligation à laquelle il se pliait sans rechigner.

« Vous êtes déjà blessée. N’empirez pas les choses. »

Et l’odeur, oh, cette entêtante odeur de sang, elle parvenait jusqu’à lui si nettement qu’il pouvait presque en sentir le goût dans sa bouche.
Non. Ce n’était pas exactement ça.
Il associait un goût à cette odeur.

L’avocat recula de quelques pas sans détacher à aucun moment son regard de la silhouette qui se retranchait encore derrière le comptoir de sa cuisine. Il sentit derrière lui le contact du dossier du canapé et vint s’y appuyer, tranquille, comme si tout ce qui était en train de se passer n’avait rien d’anormal. Garder le contrôle sur sa propre personne, continuer à paraître cet homme imperturbable par la situation et on ne pouvait plus calme, tout cela exigeait de lui bien plus d’effort qu’il ne l’aurait pensé.



Dernière édition par Nikita S. Füscher le 20.02.13 0:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime17.02.13 17:02


Il y avait comme un fourmillement inhabituel dans ses veines, des sursauts intempestifs au milieu de ses tripes, tellement profondément enfouis et diffus que Fubuki était bien en peine d'en connaître l'origine. Son sang bouillait et pourtant elle avait froid, oh tellement froid que la sueur glissant le long de ses reins en de lents filets glacés lui semblaient être autant de serpents prêts à la mordre. Le moindre mouvement de ses cheveux, ébouriffés comme on peut l'imaginer à cause de l'animation qu'il ne cessait d'y avoir dans cet appartement, s'ajoutait à son stress et la faisait frémir de plus belle.
Le danger était partout. C'était lui, c'était elle, c'était le couteau et l'immeuble tout entiers. Un voisin claquait une porte et Fubuki croyait qu'on venait de l'abattre, le vent murmurait et gémissait pour entrer et voilà qu'une bête s'était glissée derrière elle, dans l'ombre.

« N'empirez pas les choses », il disait. « Vous feriez mieux de vous calmer ». Il en avait de bonnes, le fauve, le monstre, l'animal aux crocs démesurés. Fubuki ne cessait de revoir cette panthère aux yeux verts à chaque fois qu'elle le voyait, à tel point qu'il était devenu évident qu'il en était une. Il bougeait comme elle, souple et félin, meurtrier. Il respirait comme elle, d'une patience infinie avec cet air de n'en avoir rien à faire.
Il fallait qu'elle sorte. Qu'il lui donne les clefs, qu'il la laisse partir. Elle irait loin, peut être même qu'elle ne reviendrait jamais dans cette ville. L'urgence croissait dans son ventre, impérieuse, et chaque parcelle de son corps était douloureuse de devoir y résister. Sans le savoir, Fubuki ne luttait pas seulement contre la panique qui voulait la faire se ruer hors de cet appartement à l'atmosphère pesante. Non elle luttait surtout contre l'animal affolé, la biche qui voyait par les mêmes yeux qu'elle et qui saignait le même sang qu'elle. La proie qui ne voulait pas perdre une seconde de plus à risquer sa vie dans ce piège.

-Les clefs ! Donnez les clefs !

Elle hurlait et pourtant le volume de sa voix était loin d'être aussi puissant qu'elle l'aurait voulu, le souffle court et étouffé dans sa gorge sèche et nouée. Il devait bien rire, le fauve, de la voir dans un tel état, à sa merci. Il devait être fier de lui, cela se voyait dans son regard luisant.
En dépit de tout bon sens, voulant croire qu'elle avait quand même un peu l'avantage grâce à son couteau de cuisine (après tout la panthère avait reculé non ?), la demoiselle contourna le comptoir avec une lenteur démesurée. Elle était maladroite, son regard plongeait dans chaque recoin de pièce entrant dans son champ de vision avant de se braquer à nouveau sur l'ennemi. Pourtant elle était une sorte de menace elle aussi, oui. La folle aux yeux roulant dans leurs orbites comme des billes, brillant d'une peur sans fin qui la pousserait à n'importe quelle extrémité avec son couteau. Ses ongles. Ses dents. Ses pieds. Elle ne crèverait pas sans avoir défendu chèrement sa vie, c'était écrit sur son visage aussi blanc que la craie. La seule chose qui la tenait en vie à l'heure actuelle était toujours ce fol espoir de sortir de là indemne. Sans savoir qu'il était déjà trop tard.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime20.02.13 1:54

Donner les clefs ? Il n’était pas évident, malheureusement, de donner quoi que ce soit que l’on ne possédait pas déjà au préalable. La porte ne se verrouillait qu’avec une serrure magnétique et c’était un code qu’il lui fallait, pas un simple tronçon de métal. Nikita, percevant la présence intruse dès lors qu’il avait passé le pas de sa porte d’entrée, avait bien pris le soin de remettre le verrou en place avant toute chose ; il n’avait pas la moindre intention de donner maintenant à la brunette la combinaison nécessaire à son échappée d’ici.
Il lui faudrait prendre son mal en (im)patience encore un peu, semblait-il.

Le pouvoir des armes est quelque chose d’absolument merveilleux : il donne au possesseur d'un tel objet l’impression de se sentir puissant, supérieur peut-être parfois ou du moins avec un net avantage face à un éventuel adversaire. La jeune femme, sa précieuse lame à la main, avait contourné le rassurant abri du comptoir pour revenir plus vers lui et ignorait tout du danger qu’elle ne faisait qu’accroître en agissant de la sorte.
Contre Nikita, le couteau pourrait avoir le dessus mais contre un fauve, qu’en était-il de ses chances ?

« Vous comptez en faire quoi au juste ? L’utiliser sur moi ? »

Il y avait comme une sorte de curiosité polie dans ces questions, exactement la même que s’il s’était enquit de sa couleur préférée. A ceci près qu’ici, la réplique potentielle qu’elle pourrait lui fournir serait sans doute bien plus susceptible d’entrer dans son centre d’intérêt immédiat.

« Parce qu’une menace sans réelle intention derrière est plutôt inutile, vous savez. »

Nikita ne voyait pas comment agir autrement qu’en s’efforçant de ne pas égarer ne serait-ce qu’une seule miette de calme face à celle qui n’en recelait plus le moindre en elle. A l’observer, il la croyait bien capable d’user de son arme si le besoin s’en faisait ressentir et, forcément, cela ne pouvait pas manquer d’aguicher une curiosité assez malsaine de sa part : l’attaquerait-elle s’il persistait à rester immobile ou bien se confinerait-elle à une optique défensive et ne bondirait-elle que s’il avait le malheur de faire le geste en trop ?
La première option, si d’aventure elle se vérifiait, serait pour sûr tout à fait inédite. Néanmoins, le paradoxe se posait là en ce qu’il ne tenait vraiment pas à ce que ceci se produise, quand la probabilité de sa réalisation le fascinait véritablement.

Ses doigts se crispèrent contre le dossier du canapé, s’enfonçant dans le cuir souple comme s’ils souhaitaient pouvoir en arracher une bonne poignée ; l’avocat s’était imperceptiblement redressé sur ses appuis, les muscles contractés malgré ce que son apparente détente laissait voir.

« Croyez-moi, si je vous dit de poser ce couteau vous feriez mieux de vous exécuter au plus vite. »

C’était plutôt audacieux d’oser demander à ce qu’elle le croie, quoi qu’il s’agisse, après ce qu’il venait de se passer. Il aurait tout aussi bien pu lui demander de lui « faire confiance », ça n’aurait probablement pas empiré les faits. Mais, eh ! c’était tout de même dommage, dans la mesure où il était parfaitement sérieux dans ses propos.

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime02.03.13 22:04


Il y avait de la sincérité dans sa voix. Une certaine... oui une certaine tension peut être, sans doute à cause de l'arme qu'elle tenait toujours pointée sur lui. Peut-être qu'il avait peur qu'elle le blesse effectivement. Ou peut être qu'il voulait lui faire croire que non. Peut-être qu'il n'y croyait pas lui même et que tout ça n'était qu'une vaste blague pour lui.
Beaucoup de scénarios étaient envisageables, Fubuki les voyait défiler devant ses yeux écarquillés. Mais évidemment, elle n'imaginait pas qu'une autre réalité plus dangereuse attendait son heure. L'heure où la biche craque et la panthère s'ébranle, dans une lutte, une poursuite, un corps à corps où il serait vraiment question de vie ou de mort et pas juste de vagues menaces balancées dans le vain espoir de prendre le dessus.

Peut-être que c'était la blessure de sa paume, trop douloureuse, qui lui fit desserrer son emprise sur l'arme. Ou peut-être que les paroles de l'autre, l'ennemi, avaient fait mouche. À moins que ça ne soit un sixième sens qui avait décelé la réelle urgence dans cette situation. Le résultat était le même, l'agressivité de Fubuki avait baissé un cran. De la même façon, face à cette baisse d'attention sa lutte contre son démon intérieur bascula en faveur de la biche. L'animal ne comprenait trop rien à l'utilité d'un truc tranchant et pointu, il tomba lentement au sol dans un bruit qui, inatendu, prit de court le cervidé aux oreilles tendues. Elle s'élança.
Droit devant, vers la lumière, la liberté, sans prendre conscience de la hauteur inimaginable à laquelle elle se trouvait. Droit sur M. Füsher, le prédateur, celui qui sans le montrer peinait sans doute tout autant qu'elle à garder la situation en main. La dernière chose que vit Fubuki fut cette paire d'yeux, hypnotisant et menaçants, froids et perçants comme la mort. Et puis sa conscience s'éteignit. Trop de peur, trop de tension, trop d'appels aux instincts et aux réflexes sans assez de forces pour lutter contre la puissance de la proie qui veut sauver sa peau.

L'appartement prit une toute autre dimension et devint hostile en tous points. La biche ne se rappelait pas être arrivée ici. La biche se rappelait-elle de quoi que ce soit, d'ailleurs, même d'être biche, et d'avoir été biche quelques jours plus tôt, et le mois d'avant, et celui encore d'avant ? La biche n'avait pas ce genre de préoccupations, elle n'était que biche. Elle savait en revanche ce qu'était le danger. L'homme était le danger. La créature aux yeux verts qui l'avait déjà blessée, le corps s'en souvient. Le corps est encore douloureux, le flanc barré de cette plaie qui mettait du temps à cicatriser.
Et puis la biche tomba. Ses membres, si gracieux et si agiles, s'étaient empêtrés dans un piège, sans doute celui de la créature. L'avant s'en sortait encore à peu près, même s'ils avaient moins de liberté que d'ordinaire. Mais l'arrière était complètement prisonnier, tordu, douloureux. Enserrés dans un jean bien trop étroit pour une biche.
Le cervidé poussa une plainte, puis une autre, s'agitant sur le sol en dépensant toute son énergie, se frottant comme elle le pouvait pour se débarrasser de la gangue de tissus, comme un nouveau né du placenta qui l'étouffait. Elle voyait toujours le prédateur qui l'attendait. Elle lui jetait des regards affolés et sentait la mort se rapprocher, mais elle était fatiguée, oh trop fatiguée. Ses mouvements cessèrent progressivement et son regard terrifié se calma. Profond, couleur caramel. Encore un sursaut et puis plus rien, étendue au sol, le poil luisant de transpiration de s'être autant débattue pour rien, la biche attendit. Elle le regarda. Attentive à ses mouvements mais sans broncher. C'était peut être ça, la résignation d'un animal piégé sur le point de mourir.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime03.03.13 20:59

La situation était grotesque. Totalement improbable. Voire même cocasse, si seulement quelqu’un ici avait eu la tête à rire de ce qui était en train de se passer. Ce n’était pas le cas : la stupéfaction avait supplanté tout le reste, au moins pour un moment. La métamorphose impromptue et étonnamment rapide de son invitée surprise prit totalement de court Nikita ; il avait pensé que s’il l’un des deux devait craquer, c’était de lui qu’il se serait agi en premier, pas la brunette qui avait rejeté tout en bloc sa nature lorsqu’il l’avait mise à jour. Lorsque le couteau était tombé au sol dans un bruit désagréable, l’homme avait osé espérer qu’un « mieux » se profilait à l’horizon.
Il ne lui fallut même pas quelques secondes pour réaliser à quel point il s’était complètement fourvoyé.

Et l’appartement se trouva soudainement investi par une biche.

Une biche. En plein centre d’une des plus grosses villes actuelles, au sommet d’un des plus hauts buildings. Encore vêtue des habits déformés qu’occupaient l’instant d’avant une jeune femme effrayée.
Nikita comprit tandis que ses iris verts ne quittaient pas l’animal : la peur, évidemment. Comment avait-il pu être stupide au point de ne songer qu’à lui ? Sachant que la pression de la peur, de la menace, pouvait pousser la panthère à se manifester, il était parfaitement logique qu’il en soit de même chez l’autre lycan. Et n’était-ce pas là justement exactement ce qu’il faisait, depuis tout à l’heure ? Ce qu’ils avaient fait tous les deux, plus exactement : se soumettre l’un l’autre à ces mêmes pressions, facteurs inévitables de transformation pour bien des créatures dans leur genre.
Ainsi, l’avocat n’aurait pas dû être autant étonné de la trouver soudainement animale.

Un problème épineux se posait néanmoins à lui, maintenant qu’il avait à peu près accepté ce qui venait juste de se dérouler : qu’était-il supposé faire, au juste ? C’était bien beau, d’avoir accepté le fait qu’un cervidé avait élu domicile dans son salon, mais ça ne résolvait absolument rien. Nikita ne pouvait pas raisonner la biche, il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire en vérité et ne pensait pas vraiment qu’elle se calmerait s’il se contentait de rester là sans agir. Partir d’ici, alors ?
Hors de question.
Curieusement, la biche n’éveillait aucune trace, pas le moindre résidu de souvenir chez lui. Rien qui n’ait déjà bien voulu se dévoiler auparavant à lui en tout cas. La seule chose qu’elle lui évoquait, c’était l’envie – le besoin ? – de chasse. De sang. De la chair encore chaude dans sa gueule d’affamé. Il se prit la tête dans une main, se massa les tempes ; l’odeur de l’animal saturait complètement son odorat, excitait un peu trop son instinct de prédateur pour permettre à Nikita d’être plus serein et d’ainsi pouvoir réfléchir à une solution.
Au moins avait-elle renoncé à tout mouvement, gisant au sol là où elle était tombée, entravée par ses vêtements.

Nikita abandonna finalement le dossier du divan pour se rapprocher de la bête à pas mesurés, craignant – à raison – une réaction violente de sa part. Il s’accroupit près de sa tête, plongea dans ce regard marron qui le fixait, posa une main dans le pelage soyeux de son encolure.
L’autre, serrée autour d’un cendrier massif récupéré sur le chemin, alla rencontrer la nuque de la biche avec suffisamment de force pour l’assommer.

L’inconscience était la seule solution – le terme était-il vraiment adapté ? – qu’il avait pu trouver : s’il y avait quelque chose susceptible de ramener la brunette à son état initial, il ne voyait que ça. Il ne s’y connaissait pas énormément dans le domaine, en même temps. Ne restait plus à espérer que cette manière plutôt radicale qu’il avait eu pour la calmer soit efficace, car Nikita se voyait mal composer avec une biche dans son appartement encore bien longtemps. Quant à l’en faire sortir il n’y songeait même pas, c’était totalement absurde.
Les mains de l’homme tremblaient légèrement alors qu’il se relevait et posait l’objet sur le comptoir. Ses yeux accrochèrent le couteau abandonné à terre. Non. Il le ramassa et le remit à sa place, puis ses doigts allèrent agripper son paquet de clopes et il s’en tira une énième cigarette qu’il fut prompt à allumer. S’intoxiquer les poumons avec une dose de nicotine, besoin typiquement humain, aiderait à repousser la panthère pour un moment et le calmerait, lui. Un café noir ne serait pas de trop non plus pour ça.
Ensuite ? Eh bien, ne lui restait plus qu’à attendre en fumant clope sur clope.

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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime07.03.13 20:37


Il s'écoula presque un quart d'heure avant que le corps de la biche ne commence à changer. Il devint légèrement plus fin, puis encore un peu plus, ses sabots fendus se rétractèrent, et ses oreilles frémirent comme des feuilles sous le vent. Lentement, très lentement, Fubuki redevenait elle-même. Parce que c'était dur, la biche était apparue trop soudainement, ça finissait par se payer. Une vingtaine de minutes après le début de sa retransformation en humaine, on ne distinguait presque plus le duvet couleur noisette qui recouvrait son corps de cervidé. Mais toujours inconsciente, elle ne bougea pas, préférant le confort de cette absence d'activité cérébrale pendant de nouvelles longues minutes...

Et puis enfin, elle entrouvrit les yeux. Difficilement. Elle peinait à distinguer quoi que ce soit, encore trop embrumée. Par réflexe elle voulut se redresser. Grave, très grave erreur. La douleur dans sa tête lui donna l'impression que son crâne entier venait d'exploser. C'était presque ça après tout, elle s'était mangé une métamorphose en biche fulgurante (pire que ça même) et s'était ensuivit un vilain coup derrière la tête.
Mais évidemment, tout cela elle l'ignorait à présent. La seule chose dont elle se souvenait c'était avoir pénétré dans l'appartement par effraction et s'être retrouvée confrontée à un type louche, qui s'avérait être un lycan. Après ça, tout devenait flou, jusqu'à l'absence totale de souvenirs. Mémoire sélective, quand tu nous tient...

-Ah...

Fubuki fronça les sourcils et cessa de gesticuler. Tenter de se relever : mauvaise idée. Tenter de se tâter le corps pour checker si tout allait bien : mauvaise idée (de fait, rien n'allait bien, chaque muscle était courbaturé comme si elle venait de passer une semaine à cheval, sans descendre). Elle laissa s'échapper une autre plainte d'entre ses lèvres sèches, signe d'une évidente déshydratation, probablement à cause de la transpiration. Les courses poursuites et les sueurs froides, ça fait couleur pas mal d'eau oui.
Forcée de rester au calme, Fubuki prit le temps de réfléchir un peu. Juste un peu, pas trop. Suffisamment pour se calmer en fait, et tenter de mieux cerner la situation. Du moins ce dont elle se souvenait. Elle était chez un lycan, et elle avait la mémoire mal en point, mais ce ne devait pas être si grave... Si ?
La jeune femme fit tout ce qu'elle pouvait pour ne pas se souvenir de la dernière fois où elle avait perdu la mémoire ainsi. Elle essaya, vraiment, de ne pas repenser à la mystérieuse blessure qui barrait son côté et qui lui faisait imaginer toutes sortes de choses plus terribles les unes que les autres. Mais instinctivement, et réprimant un nouveau soupire douloureux, elle frôla son flanc boursoufflé.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime07.03.13 23:40

Le temps fut terriblement long tandis que l’animal gisait sur le sol de son salon et qu’il ne faisait rien d’autre qu’observer la scène. L’air était surchargé par l’odeur de tabac mais l’homme ne semblait pas s’en formaliser outre mesure, trop occupé à guetter le moindre signe de changement sur la silhouette avachie tandis qu’une cigarette se consumait distraitement entre ses lèvres.
Et la transformation s’opéra enfin dans l’autre sens. Lentement, très lentement, l’apparence du cervidé se modifia pour céder sa place à celle d’humaine. Un « spectacle » qui avait un petit côté assez dérangeant, voire malsain : voir, entendre un corps modifier sa morphologie n’avait rien de magnifique – tout à l’heure, le changement avait été trop fulgurant pour qu’il puisse le réaliser.
Pourtant, Nikita n’en perdit pas une miette et nourrit sa curiosité sans faire un seul geste en direction de celle qui redeviendrait incessamment sous peu la jeune femme qui s’était invitée chez lui.

Finalement elle parut reprendre pied dans la réalité, bougea un peu, ouvrit les yeux. L’avocat, qui l’avait surveillée via le reflet que lui renvoyait la grande baie vitrée face à laquelle il s’était tenu durant toutes ces longues minutes, se retourna vers elle dès qu’elle se remit à montrer un semblant de conscience. Nierait-elle toujours ce qu’il lui avait affirmé quant à sa nature, après ça ? Il ne savait rien des rouages qui s’activaient dans la tête de la brunette mais de son point de vue, les évènements récents étaient plutôt difficiles à ignorer.
La main qu’elle porta à son flanc lui arracha un léger froncement de sourcils intrigué. Etait-elle blessée ? Il lui semblait bien avoir remarqué, un peu plus tôt dans la soirée, qu’elle avait une certaine raideur dans ses mouvements – notamment après qu’elle eut tenté de se relever vivement après une perte d’équilibre qu’il lui avait infligée. Ce n’était pas de son dû en tout cas, il était certain de ne lui avoir porté aucun coup à cet endroit, elle était venue avec. Un problème durant son escalade suicidaire ? Il n’en avait pas la moindre idée, ne savait même pas pourquoi son intérêt pointait dans cette direction. Mais les habits de la jeune femme avaient été bien maltraité durant son changement : peut-être, quand elle se relèverait enfin, que le tissu rendu plus lâche lui permettrait de jeter un coup d’œil.

« Je n’avais jamais observé de transformation aussi rapide », observa-t-il en cassant brusquement le silence. « Je ne pensais même pas que c’était possible. »

Il fallait bien admettre, en même temps, qu’il n’y connaissait pas grand-chose. Son expérience des métamorphoses animales se résumait principalement aux siennes : lentes et terriblement douloureuses. Et il savait que cela était dû au fait qu’on ne l’avait pas pleinement réussi. Aurait-il dû s’étonner, alors, que d’autres fussent plus rapides à changer d’apparence ? Non.
Et d’ailleurs, il ne l’était pas. Du moins, il n’y avait pas que ça. S’il avait fait cette remarque, c’était en réalité surtout pour les réactions que la brunette ne manquerait pas de lui opposer : il voulait simplement savoir si elle continuerait d’assener que ses propos n’étaient rien de plus que ceux d’un fou.

Nikita traversa une partie de la pièce pour aller écraser son mégot dans le cendrier, évitant néanmoins de trop s’approcher d’elle. Elle portait encore sur elle l’odeur puissante de l’animal qu’elle était devenue pendant un moment et les instincts de prédateur qui avaient alors assailli l’homme l’avaient secoué plus qu’il ne voulait bien s’en rendre compte.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime08.03.13 18:14


C'était tellement prévisible. Même amochée comme elle l'était, Fubuki avait su d'avance qu'il allait repartir sur ses histoires de lycan. Elle ne comprenait pas, non, elle ne comprenait rien.
Peut-être qu'il était un peu genre schizophrène. Peut-être que c'était un drogué, ou juste un malade mental. Un mec à qui l'argent était monté à la tête et qui avait perdu toute notion des choses. Des choses humaines.
Il pouvait bien faire ce qu'il voulait. Il pouvait bien être un lycan si ça l'amusait, et accuser Fubuki d'être un de ses congénères, mais elle savait. Elle savait bien qu'il racontait de la merde. Après tout c'était pas comme si elle niait simplement le fait d'être à moitié animale. On le sait, tout de même, quand on est un lycan ? On a des parents lycans, ou quelque chose comme ça. C'est pas le genre de trait de caractère, ou même de trait physique, qu'on peut ne pas remarquer.
Et les trous de mémoire, alors, soufflait une petite voix tout au fond de sa tête douloureuse, derrière les bruits de marteau piqueur et le roulement des tambours. Les trous de mémoire, c'était l'alcool, c'était les tarés comme ce type là qui l'agressaient. C'était pas elle, le problème, c'était les autres.
La jeune femme se redressa douloureusement sur le sol de l'appartement, en prenant mille précautions. Ses paumes pressées contre le revêtement d'un froid de mort lui rappelèrent qu'elle s'était entaillé la main. Mais comment ?
Ah, revoilà la peur. Cette main qui fourrage brutalement dans ses entrailles... à moins que ça ne soit simplement l'envie de vomir.

Fubuki porta une main à ses lèvres pour retenir ses haut-le-cœur. Ça, quand on touche sans aucune délicatesse à la caboche, c'est sûr qu'on provoque des trucs pas très agréables dans le corps humain.
Elle jeta un regard assassin à son agresseur, et profita d'une accalmie de son estomac pour cracher avec haine :

-Qu'est-ce que vous m'avez fait ?!

Droguée. Elle était certainement droguée. Cette douleur dans le corps entier, ce mal de crâne, et la pièce qui semblait tanguer mollement. Et en général qui dit droguée dit aussi...
Cette fois plus besoin de presser une main contre ses lèvres, Fubuki avait la gorge totalement nouée en imaginant la pire des situations. Un coup d'œil à l'état pathétique de ses vêtements, distendus, partiellement déchirés même, rajouta une couche à ses doutes déjà bien pesants. Pourquoi il fallait que ça se passe comme ça.. pourquoi on s'en prenait toujours à elle...
Elle, la victime, la proie, la biche, qui semait les graines de sa propre perte.
Doucement, la brunette remonta son t-shirt pour s'inspecter le ventre et les hanches. Elle était nerveuse, elle tremblait tout en essayant de garder le contrôle. C'était là qu'on voyait les marques d'une agression, en général. Des griffures ou des bleus auraient fini de raconter ce qui s'était passé pendant qu'elle était inconsciente.
La peur, l'anxiété qu'elle éprouvait, était toute humaine. Aussi la biche qu'elle était à moitié ne pointa pas le bout de son nez, heureusement. Elle n'aurait probablement pas survécu à une nouvelle transformation, non pas à cause de l'effort physique que cela représentait, mais plutôt à cause de l'autre bête, le fauve qui rôdait toujours dans le coin et qu'elle n'ignorait qu'à moitié.
Pendant qu'elle s'examinait, le poids sur son cœur s'allégeant à chaque seconde à mesure qu'elle ne voyait rien d'autre que sa peau indemne, la jeune femme dévoila sa blessure de guerre, celle qu'elle connaissait déjà. Là où la peau avait été déchirée, trop superficiellement pour justifier un tour à l'hôpital (du moins le jugeait-elle) mais néanmoins témoins d'une autre agression. Cela l'attrista un peu plus, jusqu'à ce que la peur décline pour laisser place à un abattement, un genre de désespoir qui ne lui était pas habituel. Fubuki voulait avoir l'impression de tenir en main son destin, elle se forçait à être battante, intrépide, et intouchable. Cette blessure et sa situation actuelle lui prouvaient le contraire et elle n'avait pas la force à cet instant de se contredire.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime14.03.13 19:28

Ce qu’il lui avait fait, oui, c’était une bonne question mais il n’avait pas de réponse à lui apporter, aussi se contenta-t-il de la laisser filer dans l’air sans y répondre, la balayant comme si elle n’avait pas la moindre sorte d’importance. On savait bien, pourtant, que ce n’était pas le cas et il se le demandait, lui, ce qu’il avait bien pu lui faire, tandis qu’il l’observait s’examiner le corps. Croyait-elle que… ? Un petit rire presque silencieux s’échappa de sa gorge face à ce qu’il jugeait comme une absurdité à la limite de l’insulte. Des travers il en avait, comme tout le monde probablement ; il ne les ignorait pas et les acceptait même très bien. Mais pas de ce genre-là, tout de même pas, il y avait des limites à l’exagération, et il voulait bien entendre que la brunette le craigne, ça allait tout de même un peu trop loin.
Sa bouche fit mine de préparer une remarque désagréable en rapport avec ça, mais il n’eut pas le temps de jeter un mot que la jeune femme dévoilait une nouvelle parcelle de sa peau, griffée, bien abîmée, et certainement pas de ce genre de blessure que l’on peut se faire au quotidien. Il ne le savait que trop bien, une lionne lui avait offert une marque à peu près similaire et les cicatrices encore récentes sur sa chair lui rappelaient régulièrement ce « bon » souvenir.

Sauf qu’ici, c’était différent. Et la vérité le frappa à la manière d’un violent coup de poing dans l’estomac.
Cette fois, c’était lui qui avait envie de vomir, il sentait le goût âcre de la bile au fond de sa gorge alors que la dernière pièce du puzzle lui apparaissait et qu’il jetait un regard sur ses mains. Ce n’était pas elles qui étaient responsables de ça, certes non, une main d’homme ne serait pas capable d’une telle blessure. Il fallait y voir l’œuvre d’un prédateur, un fauve, et les fauves n’attaquent pas les proies sans une raison bien précise derrière la tête.
Si Nikita n’arborait pas au quotidien ce teint un peu cireux qu’il devait à son surmenage, on eut pu jurer qu’il avait pâli en prenant conscience des faits.
Il fallait bien qu’il les admette, pourtant, car il n’y avait que ça qui pouvait expliquer tout le reste, qui éclaircissait les quelques zones d’ombres dans le schéma de leur rencontre antérieure qu’il avait pu lentement reconstituer tout au long de la soirée. Cette blessure, il en était l’auteur n’est-ce pas ? Et s’il lui avait fait ça, c’est qu’il avait attenté à sa vie, n’est-ce pas ?
Il ne pouvait pas le concevoir, non, vraiment pas.

Nikita était humain avant d’être panthère et il pouvait bien être un beau connard à ses heures, un être abject et imbuvable, le meurtre et l’envie de tuer ne faisaient pas partie de lui, il y avait là un geste trop amoral pour qu’il puisse le cautionner. Il savait que ce n’était pas le cas de l’animal qui vivait en son sein, la panthère s’en foutait bien elle, du sens moral et des lois qui régissaient le comportement humain. Ce n’était pas pour le plaisir d’une excursion sylvestre qu’il se perdait au fond de la forêt une nuit par mois : dans la mesure où il n’avait aucun contrôle sur cette partie de lui, il fallait bien qu’il s’éloigne de toute présence humaine s’il ne voulait pas avoir et causer des problèmes.
Mais la jeune femme était là, qui prouvait bien qu’au final ça ne changeait pas grand-chose. Malgré les chances très réduites qu’un tel « accident se produise, il n’avait jamais ignoré le fait que cela puisse arriver un jour. Néanmoins, entre le savoir et se retrouver nez-à-nez avec les conséquences, il y avait un gouffre qu’il avait toujours pu ignorer jusqu’à présent.
Et forcément, une question s’infiltra doucement : était-elle la première ?

Il devait se reprendre. Tout de suite. Ce qui était fait, était fait, et permettre à la brunette de lire sur son visage comme dans un livre ouvert n’était certainement pas la meilleure chose à faire. Ça n'était pas lui, tout ça ; ça ne lui ressemblait pas.

« Maintenant, vous feriez mieux de partir. »

Les paroles avaient été prononcées d’une voix très basse, presque douce et trop calme alors qu’on voyait bien que ce n’était pas le cas, que son masque d’ordinaire si parfait s’était fissuré et qu’il avait bien du mal à accepter ce qu’il savait pourtant être vrai.
La vue de l’autre lycan le rebutait, soudain, et pourtant qu’est-ce qu’il aurait aimé pouvoir l’étudier un peu plus, son cas semblait intéressant, il ne comprenait pas du tout comment elle arrivait à gérer un déni aussi puissant, pourquoi elle s’obstinait à pas voir l’évidence. Et les blancs, les absences, elle devait forcément en avoir, comment les interprétait-elle ? Le petit aperçu qu’il en avait eu à l’instant ne lui suffisait pas du tout mais non, tout ce qu’il souhaitait à l’instant, c’était la voir décamper d’ici au plus vite. La porte pouvait bien être fermée à clef, la terrasse pouvait bien être un danger à tous les coups mortel vu son état, il s’en fichait complètement.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime25.03.13 19:54

Spoiler:

On aurait pu qualifier l'atmosphère de pensante, mais cela aurait été bien en dessous de la réalité. En vérité, une chape de plomb venait de s'abattre sur les épaules de nos deux pauvres lycans, pris au piège. L'une semblait ne rien comprendre à la situation, alors que l'autre ne le savait que trop bien.

-Quoi ?

C'était sorti tout seul. Fubuki n'avait pas pu laisser ce silence perdurer une seconde de plus, il y avait trop de malaise dans l'air. Trop de méfiance, de doute, d'incertitude, de menace, de peur. Trop d'émotions qui saturaient l'appartement tout entier. Ils se renvoyaient des questions muettes et sans réponses, se fuyaient du regard ou s'observaient... la situation était, finalement, aussi compliquée qu'elle l'était depuis le début.
Fubuki serait bien partie, puisqu'il le lui proposait. Elle aurait volontiers balayé du revers de la main toutes ces interrogations, tout ce mystère flottant autour de l'homme en blanc et noir, pour rejoindre les bras plus rassurants de son ange gardien personnel. Oui mais voilà, la porte était toujours fermée, et c'était lui qui avait les clefs.
Lui là le grand dadet qui avait un peu perdu de sa contenance. Son regard avait reflété l'espace d'un instant un genre de doute, qui n'augurait rien de bon, et maintenant il était encore plus coincé du cul qu'avant.

Comme de nouvelles secondes trop silencieuses s'étaient écoulées, Fubuki fit mine de s'ébrouer et s'attacha à remettre de l'ordre dans ses vêtements. Nouer le t-shirt devenu trop ample, en tâchant de dissimuler la vilaine balafre sur son flanc, refermer un peu mieux sa veste pour ne pas offrir au regard vert du propriétaire trop de chair risquant d'attiser son appétit de prédateur, et la voilà qui se levait avec quelques hésitations.

-Vous m'ouvrez ? murmura-t-elle

Oh qu'elle était tendue. Douloureuse, très douloureuse, mais surtout tendue. S'agiter, même lentement, risquait de faire naître de nouvelles envie de poursuites chez son ennemi naturel. Chaque inspiration semblait sonner le glas et lorsque le pantalon qu'elle portait, élargit par la transformation en biche que Fubuki se refusait de voir, glissa sur ses cuisses comme pour la dénuder à moitié, le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour. Elle se saisit du vêtement d'un geste vif, brusque, le remonta à sa taille et pâlit un peu plus. La pièce tangua autour d'elle. Un mouvement trop rapide risquait de lui faire perdre son équilibre précaire, puisque vidée de son énergie elle en avait à peine assez pour rester consciente.
D'ordinaire la biche n'apparaissait que durant les pleines lunes. D'ordinaire elle prenait son temps pour prendre forme et pour s'en aller. Mais là... là chaque muscle du corps de la brunette était meurtri et exigeait une immobilité totale jusqu'à ce que l'organisme ai reprit des forces. Si seulement Fubuki savait l'écouter...
Mais déjà, elle s'était avancée de quelques petits pas en direction de la porte d'entrée. Ou de sortie plutôt, question de point de vue. Une sortie si proche et si lointaine oh... Fubuki savait déjà ce qu'elle ferait lorsqu'elle l'aurait passée.
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MessageSujet: Re: Elle va où elle veut   Elle va où elle veut Icon_minitime07.04.13 1:13

Ouvrir, oui, il allait le faire, et elle partirait. Le plus vite serait le mieux. C’était plutôt étrange sachant qu’il avait tout fait, au début, pour l’empêcher de quitter les lieux. Un siècle au moins s’était écoulé depuis le commencement de la soirée, lorsqu’il n’était rentré chez lui que pour découvrir l’appartement déjà occupé.
Nikita la suivit dans le hall d’entrée, décidé à ouvrir cette porte et qu’enfin ils en finissent. Mais il aurait voulu ne pas avoir à se rapprocher autant d’elle pour ce faire, il aurait voulu pouvoir garder une petite distance de sécurité qui lui était soudain devenue précieuse. L’avocat goûtait amèrement à l’ironie du sort, il avait peur de cette brunette qui n’avait pourtant rien fait d’autre que pointer un couteau vers lui. Peur de ce qu’elle agitait en lui. En fait, c’était tout bonnement de lui-même qu’il avait peur et, s’il était généralement tout à fait capable d’ignorer cette sensation pourtant omniprésente dans son quotidien, il trouvait étonnamment difficile d’y faire face ce soir. Et dire que tout cela était provoqué par une jeune femme tout ce qu’il y avait de moins impressionnant, inconsciente de l’effet qu’elle lui faisait, et dont l’effarement était presque palpable tellement il était fort.
Ridicule, tellement, tellement ridicule.

Pour sa gouverne, il fallait dire aussi qu’il n’avait pas franchement l’habitude de croiser des lycans auxquels son alter ego animal avait déjà goûté et qui, dû à ça, suscitaient cette sorte faim, cette envie de plus. Ce besoin de plus.

En fait, la jeune lycan n’eut pas même besoin de s’agiter pour que l’homme cède à nouveau à ses pulsions. Seulement s’approcher fut largement suffisant, passer à côté d’elle et la frôler l’espace d’un millième de seconde, percevoir son souffle tandis qu’il débloquait l’ouverture de la porte… la suite se passa aussi rapidement que brusquement et il s’en trouva tout autant surpris qu’elle.
La fatigue aidant, la panthère, à force de se débattre, réussit à s’infiltrer dans ses réactions et à lui souffler l’attitude qu’il lui fallait impérativement avoir. Car il n’allait pas céder face à une biche, hein ? Il n’allait tout de même pas laisser le repas, son repas, celui que le fauve avait tracé à travers la forêt, s’échapper à lui de manière parfaitement volontaire, hein ?
Le barrage céda.

Il n’y eut pas de transformation – rien qui soit visible, en tout cas. Et tandis que la porte était presque prête à s’ouvrir, la panthère décida qu’il en serait autrement et se retourna pour bondir sur la jeune femme. Pas littéralement. Mais son demi-tour fut vif et aussi inattendu qu’elle était trop épuisée pour réagir à temps. Avec rudesse, il se saisit de son bras et la bouscula jusqu’à ce que le mur vienne heurter son dos, se jeta presque sur elle pour l’immobiliser et… et quoi au juste, ensuite ? Ses dents n’étaient pas de celles qui pouvaient déchirer la peau et puis même, il ne l’aurait pas fait, il n’avait pas encore à ce point perdu face à ses instincts primaires. Du moins fallait-il l’espérer.
Le corps de Nikita était agité de violents tremblements nerveux et son regard affichait un mélange d’émotions difficilement déchiffrable. Tout à l’heure, elle l’avait traité de fou ; il devait bien en avoir l’apparence maintenant.
Bien heureusement, le moment ne fut qu’éphémère et il se détacha d’elle aussi vivement qu’il s’en était rapproché, comme si son contact l’avait brûlé. Dans le même temps, il la repoussa sans ménagement vers la porte.

« 952H6D, le code. »

Et, lui tournant le dos, il la planta là sans autre forme de procès. Partant d’une allure rapide, il traversa le salon en direction de la terrasse, ouvrit la partie coulissante de la baie avec autant de délicatesse que s’il avait voulu l’arracher de son mécanisme et se précipita presque à l’extérieur avaler une grande goulée d’air froid.
Instinctivement, ses mains partirent nerveusement à la recherche de son paquet de cigarettes en un geste cent fois réitéré au cours de la soirée. Il ne lui en restait plus qu’une et il batailla fermement avec son briquet pour réussir à en tirer une flammèche ; un faux mouvement le lui fit s'échapper des mains avant qu'il n'ait pu réussir son objectif et le petit objet fit le grand saut.
Les bruits de la ville arrivaient quand même à parvenir jusqu’ici, bien que la hauteur les rendît beaucoup plus diffus que ce qu’ils étaient en réalité. Nikita se concentra sur l’extérieur, perdit son regard dans l’infinité de points lumineux qu’il y avait loin en dessous de lui et tenta d’oublier l’intérieur. Elle était sûrement partie, maintenant ; le petit boitier de commande était un peu technique quand l'on y touchait pour la première fois mais la brunette ne lui avait pas semblé bien bête, elle se débrouillerait si elle avait songé à retenir les chiffres et lettres qu’il lui avait donnés.
De toute manière, elle n’avait pas vraiment d’autre choix.

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