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 Let me In [Nikita]

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MessageSujet: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime11.04.12 22:19

La journée avait commencé grise, nuageuse. Aussi nuageuse que la clope au bout de ses lèvres, et dans le lit vide, rien ne venait la réchauffer. Comme d’habitude, Scarlett se levait avec le poids du monde sur le cœur, celui qui a un goût de café trop sucré, comme si ça permettait de mieux faire passer les choses.
Un peu de couleur à ses yeux, de rose à ses joues. Avant, on disait se faire belle, maintenant c’était faire la pute. Bon dieu qu’il était fatigué, le reflet dans le miroir ! La jeune femme se coiffa les cheveux, essaya de les tirer en arrière, de les natter, de les attacher tout simplement mais ses mains malhabiles, maladroites n’y arrivaient pas. Le plus idiot, c’était que ça devait être bien quand même, que les filles dans la rue, elles pouvaient être coiffées pareil, mais Scarlett avait malgré tout l’impression d’échouer alors oui, ses cheveux elle les laissait détachés.
Le tic tac de l’horloge s’entendait depuis la chambre, en rythme avec les aiguilles, la brune s’entraînait à sourire Au final, cela se transformait presque en valse avec son reflet : et un deux trois je souris, et un deux trois je souris….
Ca va, elle y arrivait encore.

Une touche de parfum et on en parle plus. Voilà, comme ça elle avait presque l’air heureuse, peut être belle, aussi. Pas seulement vulgaire Ca, elle voulait pas l’être, elle l’avait jamais voulu, et les mots et les insultes sifflaient encore à son oreille. On fait comment dans ce foutu pays pour pas avoir envie de se suicider toutes les deux minutes, hein ?
On fait semblant, c’est comme pour tout.
Pour peupler la maison trop silencieuse, la jeune femme actionna un disque de Vivaldi. Au rythme des quatre saisons, elle vaqua à ses tâches quotidiennes, nettoya la cuisine, ouvrit le courrier, lava les vitres un peu aussi… Scarlett ne savait pas encore si elle avait envie d’être seule ou non. Et puis, qui voir ? Des visages sans importance lorsque le seul pouvant l’apaiser n’est plus là. Néanmoins des êtres humains aussi, avec leur propre fardeau. A sa manière, la jeune femme les aimait. Et sincère, oui sincère elle l’était. Il lui fallut le temps d’un après midi pour se décider : étalée sur une banquette, un livre à la main que pourtant elle ne lisait pas, Scarlett regarda la lumière au dehors changer, puis peu à peu décliner. La musique s’était tue depuis longtemps et le silence prenait place en ses veines, en son âme, à la manière de tous les cris qu’elle n’avait pu pousser.

Il faisait presque sombre lorsqu’elle se releva. Encore une journée sans goût ni saveur, où elle n’avait rien pu faire de constructif. Ce n’était pas la première, ce ne serait pas la dernière. Comme toujours à cet instant, elle songea à son mari, refusant néanmoins de prononcer son nom ne serait-ce que mentalement. Où était-il, que faisait-il, tait-il vivant, mort ?
Avait-il trouvé une femme une autre qui pourrait l’aimer autant qu’elle, elle l’avait fait, pour le peu de temps lui restant à vivre ? Scarlett l’espérait

Finalement la jeune femme saisit étole et manteau. Elle glissa ses pieds dans ses chaussures au hasard, prit son sac et partit. L’envie de courir était forte, elle résista. Ca ne servait à rien, fuir elle le faisait déjà. Elle le faisait depuis le début. Il y avait des gens dans la rue, sans nom, sans visage, un peu à l’image d’elle-même. Scarlett resserra ses mains autour de la bandoulière du sac, elle n’aimait pas les autres, elle avait peur. De temps en temps des éclats de voix, des éclats de rire. Tout ça c’était pas pour elle évidemment, alors pourquoi elle tremblait, presque nauséeuse ? Parce qu’elle était conne, idiote, qu’elle détestait tout cela.

Qu’elle n’avait sa place nulle part.

Elle voyait le diable. Tous les jours, toutes les nuits, toutes les minutes toutes les secondes, toutes les vies. Elle voyait le diable..

Celui avec un visage d’humain, celui qu’on porte au fond du cœur, comme tout un chacun et elle, elle pouvait pas vivre avec.

Sa main frappa à la porte, à s’en briser les phalanges. C’était toujours comme ça avec Scarlett, un instant elle se demanda si l’homme allait lui ouvrir. Il lui était déjà arrivé de rebrousser chemin, ou bien d’aller visiter quelqu’un d’autre. Malgré tout, même si c’était face au vide, la jeune femme tenta de sourire. Faire semblant, jouer la comédie. Parce que cet homme à l’intérieur, la solitude qu’il portait était pire, bien pire…

La porte ne grinça pas, silencieuse, comme l’homme qui à présent lui faisait face. Le sourire de Scarlett devint moins artificiel, plus doux, elle savait pas vraiment pourquoi elle était là, mais là, elle y était quand même. Lentement, ses mains vinrent se saisir du visage de Nikita, le forçant à l’abaisser vers elle. Ce ne serait pas vraiment au goût de l’autre homme, mais ce geste avait besoin d’être fait c’est tout. Alors, avec toute la douceur donc elle pouvait être capable, la jeune femme se hissa sur la pinte des pieds et lui embrassa le front.
Lorsqu’elle venait le voir ici, chez lui, elle ne pouvait se défaire d’un côté attentionné, maternel. Ce n’était pas comme à son travail, non là c’était différent. Plus intime, l’intimité de deux inconnus

Tu as mangé ? Non bien sûr que non, je vais te faire quelque chose… tu bois quoi, de l’alcool, du thé ?

Il pouvait encore la virer, bien sûr. Ca arrivait. Tout arrive, c’est ça la vie, tout arrive et surtout les mauvaises choses…
.
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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime15.05.12 16:58

Les coups frappés brutalement à la porte le réveillèrent en sursaut et il se redressa sur sa chaise, un peu perdu, avant que son environnement se charge de lui rappeler où il se trouvait. Ce n’était pas rare que ce genre d’incident survienne, ils étaient même devenus de plus en plus fréquent ces derniers temps, mais il n’avait pris aucune mesure pour y remédier. Alors oui, il dormait trop peu et son corps, parfois, finissait par lui dire merde alors qu’il était tout à son travail, absorbé par ce qu’il était en train de faire et oublieux du reste.
Intrigué, l’avocat se leva et rangea sommairement les papiers sur lesquels il bossait avant de s’assoupir. Il n’attendait pourtant personne ce soir, si ? Il étouffa un bâillement tandis qu’il se dirigeait vers l’entrée de son appartement, s’interrogeant quant à l’identité de la personne qui venait de se manifester de manière aussi bruyante.
La porte ouverte lui révéla Scarlett et il l’observa sans un mot, au final pas si surpris que ça de la trouver là. Un bref hochement de tête en guise de bonjour et il allait s’effacer pour la laisser entrer, mais elle le prit au dépourvu en l’attirant ainsi à elle. D’abord il se laissa faire, parce qu’il ne savait pas ce qu’elle avait en tête, et quand il songea à se rétracter c’était déjà trop tard.
Et puis elle entra et lui, il referma la porte derrière elle, sans avoir prononcé une seule parole encore.

Tu as mangé ? Non bien sûr que non, je vais te faire quelque chose… tu bois quoi, de l’alcool, du thé ?

La simple évocation de ces mots suffit à lui faire réaliser qu’effectivement, il avait faim. Son estomac, comme tout le reste, il le délaissait un peu trop quand il avait la tête occupée. A vrai dire, Nikita n’aurait été même pas fichu de dire à quand remontait son dernier vrai dîner. Ce matin ? Hier ? Allez savoir…

« Je doute que tu trouve quoi que ce soit à faire ici » répondit-il tout de même, daignant enfin ouvrir la bouche.

Et de fait son frigo, comme les autres placards, était probablement vide ou peu s’en fallait. Il n’était pas homme à veiller à ce que sa cuisine soit régulièrement remplie, ne mangeant de toute façon pratiquement jamais quand il était chez lui. La plupart de ses repas, ce n’était rien d’autre que de simples casse-croûtes achetés sur le chemin entre son appartement et son lieu de travail, guère plus.

Nikita s’approcha d’elle dans l’idée de la débarrasser de son manteau, de son sac, mais s’interrompit alors qu’il avait déjà une main posée sur son épaule, les doigts enroulés autour du vêtement. Il se pencha légèrement vers elle, comme si le fait de se rapprocher encore allait faire une différence pour son odorat trop développé, puis se redressa en arborant un air légèrement dégoûté. Malgré la touche agréable de son parfum, l’odeur avait persisté, décelable et trop facilement reconnaissable pour quelqu’un comme lui. Une odeur qu’il détestait au moins autant que ceux à laquelle elle était associée.

« Un chien ? » Le mot tomba entre eux, tout enrobé de mépris. « Tu es donc si seule que ça, pour nécessiter une compagnie aussi inutile ? »

Il laissa tomber sa main de là où elle se trouvait et s’éloigna d’elle, désireux de se soustraire à cette effluve contrariante.
Il ne pouvait pas s’en empêcher, Nikita, d’être désagréable avec son entourage. Pourtant elle, il ne la détestait pas. Il n’éprouvait pas vraiment d’affection à son égard, mais il ne la détestait pas. Son intérêt pour elle s’était éteint depuis longtemps sauf que, contrairement aux autres, elle n’était pas partie après ça. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais cherché à vraiment s’attacher à lui. Quoi qu’il en soit, elle était là, elle ne le dérangeait pas.
Et parfois, il lui arrivait même de trouver sa compagnie reposante.

« Sortons. Nous n’aurons qu’à aller au restaurant, peu importe. »

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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime23.05.12 13:32

Effectivement, les placards étaient affreusement vides. Scarlett retint un soupir, notant dans son agenda mental d’aller faire les courses de ce grand dadais, demain. C’était pas bon qu’il ait rien comme ça, un coup à tomber malade…
Elle ne dit rien au geste de recul à son égard, ni à la remarque acerbe, se contentant de sourire. Nikita était fatigué, épuisé, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Alors, le plus naturellement du monde, vérifiant que les rideaux étaient fermés, la jeune femme vida ses poches sur une table, enleva son sac, son manteau et… ses vêtements.
Nue comme au jour de sa naissance, Scarlett se redressa après avoir extirpé de son sac, une culotte propre.

Un collègue et ami de mon mari qui m’a demandé de garder son chien pendant deux jours, un gros berger allemand. C’était amusant… Enfin je me doutais que ça allait pas te plaire, avec ton nez. Ca doit être une plaie l’odorat surdéveloppé comme ça ! J’ai des vêtements propres dans ta chambre, je me douche et ça ira mieux

De ce fait, direction salle de bain. Ce n’était pas la première fois que Nikita avait des réactions de ce genre à son approche. Au début, la brune en avait été singulièrement blessée, en colère non pas envers l’homme, mais envers elle-même, retournant contre elle une faute qui n’en était pas une. Et puis finalement, Scarlett avait apprit à prendre de la distance, à trouver comment réagir, essayant parfois de se mettre à la place de Nikita, de le comprendre.
Elle se souvenait qu’en fac, lors de ses premières années, il se trouvait dans sa promotion un jeune homme handicapé. Ce n’était pas un handicap visible à l’œil nu, pas de membres en moins ou d’appareils pour le désigner comme différent, cependant sa vision du monde n’était pas celle des autres. Agressé par un environnement changeant, il tentait de garder pied malgré tout, mais ne pouvait s’habituer, comprendre, lorsque tout changeait autour de lui, lorsque le bruit se faisait plus grands, lorsque les hommes se rapprochaient. Scarlett ne lui avait jamais parlé ou même demandé la nature exact de son problème, ce qu’elle voyait de lui le désignait assez comme différent, il n’y avait plus besoin de description primaire de ce qui sautait au visage. Ce n’est pas en parlant de la différence que l’on l’efface, les mots ne sont pas forcément l’acceptation. Ce que cet homme était devenu, Scarlett n’en avait pas la moindre idée, mais Nikita lui ramenait souvent des réminiscences de cet étrange camarade alors d’une certaine manière, elle savait. Elle savait que le monde n’est pas toujours compréhensible et que si des choses et des gens ne peuvent changer, cela ne les rendait pas faibles pour autant.

La jeune femme se frictionna la peau avec force, l’écorchant presque par endroit. Elle ne sentait pas l’odeur de chien sur elle, ignorant comment véritablement la faire partir. De toute manière il était fort probable que Nikita ne réagisse même pas à ses efforts, parce qu’il était comme ça. Elle se sécha, enleva d’une main tremblante la buée sur le miroir et regarda son reflet. Voilà que ça revenait, le mal être. Il fallait se forcer à sourire, ne pas pleurer, ne surtout pas pleurer parce que nos larmes, personne ne peut les comprendre.
Coiffée, habillée de propre, elle revint vers Nikita.

Mon tour de t’offrir le resto, cette semaine. Des envies particulières, hormis celle de me dire de me taire ?

Être avec Nikita, c’était souffrir et accepter pour quelques instants de n’être rien, plus rien du tout. Une chose sans cœur, sans sentiment, complètement bouffée par la solitude et la méchanceté haineuse de l’autre homme. Et puis parfois, comme des gemmes de mélancolie, pas de l’affection –non ça jamais-, juste de la compréhension. Deux personnes qui s’acceptent et puis se quittent, l’une plus meurtrie que l’autre, l’autre capable de jouer à nouveau à l’être humain.
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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime25.06.12 13:56

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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime25.10.12 11:51

Chacun respectait l’espace de l’autre dans une apparente solitude, et pourtant ils étaient ensemble à nouveau. Peu importe l’amertume qu’ils accumulaient l’un l’autre, ils étaient moins esseulés qu’ils ne voulaient le croire.
Dans la voiture, Scarlett resta silencieuse, les lumières de la ville illuminaient son visage en des flashs étranges, par delà la vitre. Elle tourna la tête finalement, et se saisit de la main de Nikita. Cette main, elle l’adorait, dure, fuyante, mais pourtant incapable de violence. Et il y avait les secrets qu’elle cachait aussi, parce qu’aucun n’homme n’est foncièrement méchant. La jeune femme en porta la paume à ses lèvres, et l’embrassa. Ce n’était pas une excuse, Scarlett ne s’excusait jamais, geste un geste de tendresse.
Il pouvait la haïr pour cela, la rejeter, l’insulter, mais au fond, qu’aurait-elle pu faire d’autre ?

Ils sortirent du véhicule, l’ascenseur s’ouvrit alors vers un vide effrayant. Une fois à l’intérieur, Nikita ne posa pas la main sur son épaule. Qu’aurait-il prouvé avec ça ? Absolument rien. De temps en temps, selon les étages, certaines personnes les rejoignaient, puis sortaient à d’autres. Un couple fatigué, un vieil homme, une femme bruyante au téléphone, mais ils n’existaient pas, fantômes de vies voisines dont on se fiche éperdument.

Dans l’appartement, ils se retrouvèrent de nouveau seuls avec eux-mêmes. Scarlett se défit de son sac et son manteau, et passa une main dans ses cheveux, songeuse. Ce qu’il y avait dans ses rêves et dans ses yeux ? Cela n’appartenait qu’à elle, elle ne partageait pas, de toute façon Nikita ne demandait jamais. La jeune femme s’assit alors sur le canapé et enleva ses chaussures –saletés de talons- avant de croiser les jambes. Un demi sourire flottait sur l’ombre de ses lèvres, cela faisait du bien de ne pas être dans une maison vide. Elle ne réclama rien, ni à boire, ni à manger, elle se contentait d’être silencieuse. Nikita pouvait tout aussi bien la laisser plantée là et retourner travailler. Il avait déjà fait ça, il le referait encore. Au fond, elle ne lui en voulait pas : le cerveau de son esprit, devait être agencé d’une autre manière que celui du commun des mortels, voilà tout. Scarlett ne le plaignait pas de cette différence, peut être l’admirait-elle d’être si fort ? Oui, il y avait de ça…
Et puis il ne la rendait pas malheureuse.

Parfois, la jeune femme se demandait si elle fantasmait ses sourires, ou bien si ceux-ci existaient vraiment. Mais la question s’en allait bien vite, parce que réels ou imaginaires, ils étaient magnifiques.
Elle étendit le bras alors, sa main en coupe sur le visage de Nikita, laissant les doigts dériver jusqu’à la nuque de l’homme pour exercer une pression et le rapprocher d’elle. Alors seulement, elle l’embrassa. Cela ne dura qu’une seconde à peine, mais c’était tout ce dont elle avait besoin. Elle le relâcha, se préparant à voir un air dégoûté sur son visage. Peut-être partirait-elle, après ça ? Oh elle ne savait pas…
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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime11.01.13 3:01

Tout compte fait, il se rendit compte que son appartement lui avait manqué. Curieux constat que celui-ci. Comme quoi, l’immensité désespérément vide et inhospitalière de sa tanière avait beau lui paraître rien de plus qu’une prison par moments, c’était au final l’endroit où il se sentait le mieux, son nid, là où n’étaient acceptés que ceux dont il tolérait la présence quand le vide devenait vraiment trop vide.
Et de la présence, il en avait besoin ce soir. Que ce soit celle de Scarlett ou celle de quelqu’un d’autre, ça n’avait aucune sorte d’importance, mais Scarlett était venue la première et ça lui convenait tout aussi bien. Au moins pouvait-il faire d’elle tout ce qu’il voulait – quoiqu’aujourd’hui il n’y ait pas grand-chose qu’il veuille –, ou presque. Et elle lui revenait quand même après. Du moins, pour le moment, car il savait très bien qu’il y aurait un jour où ça ne serait plus le cas.
Mais loin de lui inspirer un peu de retenue afin de prévenir et repousser au possible ce jour-ci, il agissait précisément à l’inverse et s’amusait de voir jusqu’où il lui était possible d’aller.
Ce soir au restaurant, il avait compris avoir touché une corde sensible. Elément qu’il avait précieusement archivé en attendant de pouvoir le ressortir à nouveau quand l’envie l’en prendrait de se montrer abject avec elle. Soit pas tout de suite, donc, puisqu’il comptait bien la garder avec lui pour la nuit.
Mais qu’importe, au fond, car elle reviendrait bien assez vite de toute manière, cette envie-là. Elle était bien trop indissociable de son être pour s’absenter de ses manières d’interagir avec autrui trop longtemps. Un jour, il réussirait à pousser Scarlett jusque dans ses derniers retranchements pour le simple plaisir de satisfaire sa curiosité malsaine à propos des réactions qu’elle pourrait alors avoir. Serait-elle alors violente, agressive ? S’effondrerait-elle ? Ou bien à l’inverse resterait-elle de marbre, paraissant imperturbable et gardant ses orages grondant à l’intérieur ?
Pourrait-il détruire cette femme qui, il le devinait dans les aveux implicites de son comportement, l’avait déjà été dans un passé bien antérieur à leur rencontre ?

Autant de questions qu’il balaya de son esprit tandis que son visage se rapprochait du sien. Elle était belle, Scarlett, cela au moins il était bien obligé de le lui concéder. Aussi la laissa-t-il l’embrasser sans chercher à la repousser, ses lèvres se prirent au jeu et lui répondirent le temps du très bref contact.
Cependant il ne chercha pas à le prolonger et, tandis qu’il enserrait de la sienne la main que la jeune femme avait glissé contre sa nuque, il l’en délogea sans grande douceur et se redressa. Pour mieux attraper son regard maintenant qu’une certaine distance était revenue s’installer entre leurs deux visages. Regard qu’il se plut à soutenir un long moment, comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose ou la défiait, elle, de parler.
Puis il se détourna d’elle sans que ni l’un ni l’autre n’aient finalement ouvert la bouche.

Traversant l’immense salon d’un pas assez désinvolte, l’allure tranquille de celui qui est maître chez lui et sait qu’il n’a rien à redouter de son invitée, Nikita marqua une pause devant un meuble bas qui prenait ses quartier dans un coin de la pièce ; il dut se baisser pour être à sa hauteur et l’ouvrir. A l’intérieur, quelques bouteilles, une collection assez maigre puisque l’avocat n’était pas grand consommateur d’alcool, mais pas de la pisse de chat pour autant. Il sélectionna un bon whisky, attrapa deux verres sur la rangée supérieure et se releva pour ensuite aller déposer le tout sur la table basse.

A la réflexion, il ne savait pas si Scarlett aimait le whisky, ni même si elle voulait boire quelque chose mais, bah… si jamais c’était le cas, un verre lui était destiné, abandonné là à son intention et rempli au tiers. Le sien, il l’emporta avec lui sur la terrasse qui longeait l’un des deux murs bouffés par la baie vitrée, laissant l’air froid du dehors s’insinuer insidieusement dans l’appartement via la partie coulissante de la baie restée ouverte.
Là, il s’alluma son énième clope de la journée tout en établissant mentalement son planning du lendemain. Trop de travail à boucler, ça n’était pas une nouveauté, à commencer par tout celui qu’il ne ferait pas ce soir. Peut-être un rendez-vous ou deux si ses souvenirs étaient exacts. Pas de séance à assurer, de ça au moins il était sûr.
Nikita porta le verre à ses lèvres et se tourna vers l’intérieur de l’appartement, cherchant du regard la mince silhouette de Scarlett. Les lumières du salon n’étaient pas allumé, réalisa-t-il dans le même temps. Il ne pensait jamais à le faire, sa bonne vision nocturne lui épargnant ce genre d’inconvénient. Mais elle, elle ne devait pas y voir grand-chose en revanche.


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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime14.03.13 9:58

L'obscurité, un voile, un monde, lorsque le loup meurt d'un chant de cygne et que l'agneau dévore la bête, lorsque même leurs yeux n'ont plus assez d'étoiles pour briller... Tout attendait, le contact de lèvres déchirées, les regardes hypocrites, la lumière... Comme des âmes damnées pour danser encore et encore, mais Scarlett restait digne avec ses cheveux dénoués, reine d'un monde n'appartenant qu'à elle seule, la sombre prostituée.
Il y avait un froid en son corps et en son coeur: un cri et un silence. Elle prit le verre d'alcool, consciente de son estomac vide mais se souciant peu de l'ivresse et le but seule dans le noir. D'autres amants auraient pu échanger des paroles tendres, passionnées ou érotiques dans un tel contexte, pour eux il n'y avait que l'absence de bruit. Parce que dans "amants", il y a "amour"...
La jeune femme secoua la tête légèrement, un léger sourire aux lèvres. Toujours assise sur le canapé, elle ramena ses jambes contre elle, déjà perdue en des paysages trop lointains. Petit à petit, la forteresse se construisait à nouveau dans sa poitrine, forte et imprenable, jusqu'au prochain coup bas un peu trop bas.
La cruauté des hommes et la futilité du monde, c'était toujours une simple question de temps avant qu'on en crève. Scarlett avait beaucoup de larmes à verser mais s'interdisait encore de le faire, elle savait son mal être et acceptait peut être un peu trop fatalement de ne pas le soigner, mais cela était son problème.
Le froid entrait depuis le balcon, était-ce morsure ou caresse? Un petit sourire, Nikita ne devait peut être pas aimer la poésie. Idiot n'est-ce pas? Ils ne se connaissaient pas l'un l'autre. Un certain temps s'écoula avant que la brune ne sente qu'il l'observait. L'impression était étrange, elle eut inconsciemment dans la tête ces images de documentaires en vision nocturne, lorsque l'on voit le fauve attaquer un zèbre perdu en pleine nuit. Ca tombe bien, sa veste était à rayures...
Presque par défi, elle releva la tête sans chercher à sonder l'obscurité, offrant sa gorge dans un élan contradictoire de fierté. La tuer, c'était tuer un sphinx à secret....
Une main, la sienne, s'éleva, pâle, irréelle jusqu'aux boucles de sa chevelure qu'elle secoua sans ménagement. Chatte souvent, lionne parfois, ou tout simplement triste oiseau de proie. Dans le fond, Scarlett avait peu de choses d'un animal, elle n'estimait pas avoir une personnalité particulière, et son physique ne durerait pas. Ce qui faisait son charme? Pas grand chose, une fois que l'on s'en rendait compte, d'où la solitude peut être?
Bah, elle souriait quand même ! Qu'on soit bien clair, la vie était un putain de cirque alors autant ne pas se prendre la tête, non?

Posant le verre vide sur la table basse, la jeune femme s'allongea un peu mieux sur le canapé, choisissant de fermer les yeux. Elle commençait déjà à être ivre, mais n'espérait pas danser avec le feu. Cela ne serait pas du goût de Nikita, et elle restait son "invitée", bien qu'il puisse regretter peut être cette décision.
De temps en temps, Scarlett aimait à se rappeler du regard de l'homme, la première fois qu'il l'avait abordé. Quelque chose d'inhumain, séduisant et caché, et si Nikita était homme à secret, elle ne lui en avait jamais demandé aucun. Les secrets, c'était pour les personnes que l'on aimait vraiment.

Yeux clos, corps alangui, le froid elle l'oubliait déjà, perdu dans des rêves d'ivresse et de jours meilleurs.
Il y avait un sourire sur ces lèvres, pareil à ceux égarés et intemporels des madones de tableaux. Madone, tu parles, Scarlett ne remplissait pas vraiment le cahier des charges pour ça, bien plus putain de Babylone que Marie pleine de grâce.

Finalement, la brune se décida à rouvrir les yeux, peut être encore un peu brumeuse. Elle se redressa, frottant son visage et parlant enfin, imaginant sans probleme la grimace de Nikita alors qu'elle brisait le silence.

"Un massage, ça te dit, Monsieur-je-suis-tout-crispé-à-mon-bureau-toute-la-sainte-journée?"

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MessageSujet: Re: Let me In [Nikita]   Let me In [Nikita] Icon_minitime06.04.13 15:47

Observant le corps aux courbes désirables de celle qui s’est octroyée le canapé, Nikita se souvient des premières fois où ils se sont rencontrés, parlés, et ont couché ensemble. Dur à croire en voyant son comportement avec elle à présent, mais fut un temps où il se montrait charmant avec elle. A l’époque où la jeune femme l’intéressait encore, que ses paroles tiraient autre chose de lui que de l’exaspération ou de la lassitude. Des années avant, semblerait-il, mais ne s’agit-il pourtant pas, plutôt, que d’une poignée de mois ?
Une étincelle de désir traverse pourtant son corps alors qu’il reste là à la regarder, silencieux. Bien sûr, Scarlett l’attire encore énormément sur le plan physique. Pourquoi s’encombrerait-il de sa présence, autrement, lui l’homme prétentieux enfermé dans sa tour d’égoïsme ? Il y a bien sûr le besoin mesquin de lui faire du mal, mais il n’importe que peu, dans la mesure où elle n’est pas la seule sur laquelle il peut s’exercer. A vrai dire, la première personne venue ferait l’affaire pourvu qu’il trouve un minimum d’intérêt à décortiquer sa manière d’être et de penser.

Sa voix perce la pénombre pour arriver jusqu’à lui, éparpillant le silence qui s’enfuit devant elle. Le petit brasero de sa cigarette rougit une dernière fois quand il tire dessus avant de l’écraser au fond d’un cendrier dangereusement perché sur la balustrade de la terrasse ; la moquerie des propos de Scarlett le fait grincer des dents mais il ne prend pas la peine de répondre. Pas tout de suite du moins. Il préfère savourer le goût de l’alcool associé à celui de la nicotine, dans sa bouche, que de s’ennuyer à trouver une réplique pour ça.
Et finalement, il se décide à retourner à l’intérieur.
Derrière lui, la porte vitrée interrompt l’arrivée de l’air froid en se refermant, glissant sur ses rails sans le moindre bruit. Nikita laisse son verre également vide sur la table à côté de son jumeau précédemment posé là, puis il se défait de sa veste de costume et la pose sur le dossier du sofa. Un massage ne lui ferait effectivement pas de mal, mais la proposition n’est rentrée dans une oreille que pour ressortir de l’autre et la manière dont elle l’a avancée n’a fait qu’accentuer davantage ce refus qu’il aurait de toute manière opposé d’instinct, simplement parce qu’elle lui en avait parlé. C’est une réaction stupide.
D’autant plus qu’il aurait très probablement apprécié si elle s’était contenté d’agir sans demander. Mais pouvait-elle simplement en prendre l’initiative, quand il saisissait la moindre occasion de lui reprocher jusqu’à un battement de cil en trop ? Ce n’est en tout cas ce soir que la réponse tombera.

L’homme contourne le canapé pour venir se glisser derrière elle. Il pose les mains sur ses épaules et se penche un peu vers elle pour lui dire qu’il y a autre chose qui lui plairait bien plus qu’un massage. Sans se redresser tout de suite, ses lèvres restent là à flirter avec le lobe de l’oreille dans laquelle il a déposé ces quelques mots, et son souffle chaud serait presque une douce caresse sur la joue de Scarlett.
Mais il ne cherche pas à se montrer charmeur, ou séducteur, ou quoi que ce soit d’autre. Ceci est réservé aux femmes que l’on veut attraper ou à celles que l’on aime et elle ne fait partie d’aucune de ces deux catégories. Pour Scarlett, Nikita n’éprouve qu’une sorte d’attirance à l’état brut, celle d’un corps qui en réclame un autre afin de se perdre dans une passion primaire mais pas moins agréable pour autant.


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