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 La nuit, tous les chats sont verts

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MessageSujet: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime02.01.13 19:15

Ce qu’il y avait de chiant avec les boulots au black, c’est qu’ils étaient la plupart du temps à une heure improbable de la nuit. Discrétion, tout ça, qu’il paraît. Rien de mieux pour lui pourrir ET la soirée ET la journée suivante si le boulot s’avérait harassant ou simplement se traînait en longueur.
Ce qu’il y avait de vachement moins chiant avec les boulots au black, c’est qu’ils étaient tout de même sacrément bien payés, pour peu qu’on ne soit pas regardant sur la couleur et l’origine du fric qu’on vous glissait dans la poche. Ce n’était pas pour rien que le ruskov continuait régulièrement à se mouiller – enfin, simplement à s’y tremper les orteils, en vérité – dans des affaires qui, en plus de ne pas le concerner, le dépassaient complètement.

Ce soir – enfin, cette nuit, cette heure improbable où les gens normaux dorment –, au moins, il n’avait rien de bien compliqué à effectuer. Le travail serait bouclé en un rien de temps, pensait-il, et le butin qui l’attendait (im)patiemment après ça valait largement quelques heures de sommeil balancées aux oubliettes. Aucune idée du pourquoi une telle somme simplement pour intercepter un paquet et bien gentiment le remettre à ses employeurs du moment, mais il n’allait pas sans plaindre. Ni chercher à en savoir plus… du moins, pas de son propre chef. La dernière fois qu’il avait vu quelque chose qu’il aurait mieux fait de ne pas voir, et quand bien même il n’y avait rien bité, ça s’était soldé par de grosses emmerdes. Or, le gaillard éprouvait tout de même une certaine affection bien marquée à l’égard de sa tranquillité.
Ou, du moins, disons qu’il ne tenait pas trop à bouffer les pissenlits par la racine avant l’heure. Mieux valait donc se conforter aux ordres et faire ce qu’il savait le mieux faire, a.k.a. le bon petit mouton obéissant et qui ne réfléchit pas trop.
Et espérer que le paquet ne soit pas trop encombrant. Accessoirement.


Le coin était plutôt tranquille, pour Bay Area. Oh, il avait bien croisé quelques clochards, trois-quatre types à l’allure plus que douteuse et une petite brochette d’ivrognes, mais rien de bien folichon en somme. Et surtout personne ne correspondant au profil très (mais alors vraiment très) approximatif qu’on lui avait fait de son bonhomme. L’attente commençait à l’engourdir, mais la seule idée du pactole à l’issue de tout ça suffisait à lui créer sur mesure une patience à toutes épreuves.

Sa cylindrée était sagement rangée dans un recoin où personne ne viendrait la trouver, les clefs sagement rangées dans l’une de ses poches et une clope se consumait sagement entre ses lèvres ; de là où il se trouvait présentement, Dimitri avait une assez bonne vision panoramique. Et il savait que son gars devait passer pas loin de lui pour se rendre à son point de rendez-vous. Impossible de le rater dans ces conditions. D’ailleurs, en parlant du loup…
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime02.01.13 22:59

Les commissions nocturnes devenaient de plus en plus fréquente. A croire que ses clients avaient de plus en plus besoin de refourguer des sales trucs, malgré le tarif de nuit sacrément élevé. A chaque fois que la demoiselle perdait une nuit de sommeil, les prix montaient à en devenir scandaleusement cher, et pourtant, ça ne les calmait pas. Un interminable soupir las se mua en bâillement. Elle remit son bâtonner en bouche, espérant ainsi éviter la fatigue de se manifester à nouveau. Ce foutu colis pesait son poids, en plus ; impossible ainsi d’emprunter les toits et les gouttières, Nelly se voyait obligée de se taper les simples trottoirs et de prendre des pauses de temps à autre. Non, vraiment, ces derniers temps, elle n’était vraiment pas efficace. Quand ce type aura allongé la monnaie, la jeune femme irait se cloîtrer dans sa chambre et ne ressortirait pas avant d’avoir récupéré ces longues heures perdues. Après tout, des vacances ne pouvaient pas lui faire de mal, et aucun n’employeur n’allait lui taper sur les doigts pour avoir pris un congé anticipé. La douce illusion de liberté du travailleur freelance…

Elle parcourait les rues si familières de Bay Area et évitait soigneusement les pires coins, comme à son habitude. Les bars à ivrognes, par exemple, ou toutes ces boîtes louches aux enseignes tape-à-l’œil. Ce quartier avait de quoi lui foutre la gerbe, et pourtant son job l’obligeait à passer le plus clair de son temps dans ces rues. Les disco’ et toutes ces divertissements devaient bien avoir besoin de se livrer la marchandise qu’ils vendaient à trois fois le prix d’origine, non ? Pff, ces mecs devaient tout faire par camion… Ces ingrats fana de technologie moderne. Elle était bien facile, leurs petites vies, à eux.

Ses pensées la firent tellement fulminer que son bâtonné se brisa entre ses mâchoires. Ha, c’était le pompon, ça ! Avec quoi s’occuperait elle les dents maintenant, hein ?
Elle rajoutait de l’huile sur le feu, s’énervant toute seule à tel point qu’une de ses mains quittèrent le fond de la boîte pour glisser un doigt métallique dans sa bouche. Ça ne devait pas être bien sain, comme laisser des gamins couler leurs propres soldats de plomb, mais il valait mieux ça que de tout plaquer sur le compte de la fatigue. Ses dents arrivaient même à faire crisser le métal, peu discret pour l’heure, mais efficace pour tenir la vermine à l’écart : encore un ‘borg qui avait grillé un circuit, qu’ils devaient se dire. Bah, au moins, en attendant, ça la calmait, la relaxait légèrement même. La quiétude de l’endroit où elle se trouvait à présent devait y contribuer grandement. Une petite bise maritime suffisait à calmer sa colère, faisant monter un petit frisson le long de son échine. Nelly remit le col de sa veste en place de sa main –presque- libre, portant aisément sa charge encombrante de l’autre. Plutôt pratique ces prothèses, dans le fond…
Son esprit était bien trop occupé pour remarquer quoi que ce soit de suspect autour d’elle. La russe atteignait gentiment son point de rencontre, et la douce grasse matinée prévue pour le lendemain se faisait de plus en plus délicieuse.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime03.01.13 11:10

Pas d’erreur possible, c’était bien le type à qui il devait faire un petit coucou avant de se tirer avec son bagage vite fait bien fait. Enfin, disons que si ses fidèles amis malchance et bad karma ne venait pas lui rendre visite cette nuit, alors il devait effectivement s’agir de celui-ci. A moins que cinquante bonhommes maigrichons et de taille respectable aient prévu de passer dans ces environs à cette heure et avec un colis sur les bras. Ou sur le bras, comme c’était à priori le cas ici. La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que le paquet ne devait pas être bien lourd, si cet individu qui ne payait pas de mine était capable de se le trimballer d’une seule main.

Dimitri éteignit sa clope en l’écrasant impitoyablement sur le mur de béton contre lequel il avait pris appui, et l’abandonna là sans état d’âme pour se mettre en piste, se glissant dans les ombres les plus noires sans faire aucun bruit tel le prédateur qui… ok non je déconne, il n’avait pas les skills nécessaires pour faire tout ça, ne connaissant pas grand-chose quant à la définition de la discrétion.
Aussi se contenta-t-il simplement d’emboîter le pas à l’inconnu, profitant de ce que l’autre ne semblait pas trop prêter attention à ce qui l’entourait pour le rattraper en deux-deux et accrocher lourdement son épaule de sa paluche artificielle. Forçant l’arrêt, les doigts se serrèrent autour de l’articulation avec une force qui dénonçait les intentions de son propriétaire comme étant tout, sauf bonnes.
Pas de bavure, lui avaient rappelé ses patrons. Si le gars faisait quelques difficultés, un bon coup dans la tronche et on en parlait plus. Ce qui tombait plutôt bien, puisque Dimitri, bien que parfois un peu crapuleux sur les bords, n’en était pas rendu au point de tuer tout ce qui était susceptible de perturber son travail. Ça n’était pas dans ses manières d’agir.

« Hey toi, tu… hein ?»

La suite de ce qu’il avait prévu de dire mourut dans sa gorge au moment où le type qu’il venait d’intercepter s’était retourné vers lui. D’abord parce que maintenant qu’il avait son minois bien en face du sien, il ne pouvait que constater la confusion qu’il avait faite en la pensant homme – pour sa gouverne, il faut dire que le ruskov n’avait jamais été doté de talents d’observation extraordinaires – et ensuite parce que, eh bien…
Surprise !

« Nelly ?! »

V’la aut’ chose, tiens.
Aaah, la joie des imprévus.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime03.01.13 19:33

Le poids sur son épaule la fit tressaillir. Elle ne sursautait plus à ce genre d’imprévu, sachant très bien qu’il s’agissait du début des emmerdes : exprimer sa peur au premier contact était un mauvais commencement. La main se resserra d’avantage, une poigne puissante et déterminée. La femme émit un grognement sourd. Peut être devrait elle commencer à recouvrir ses deux épaules de pointes pour ne plus se faire attraper par là ? Ce serait une bonne solution à ce genre de désagrément.

La voix familière qui la poussa à se retourner ne suffit pas pour la faire percuter. Toutefois, une fois retournée vers son agresseur, le choc frappa si fort qu’elle en fit tomber le carton dans son sursaut, au même instant où l’homme prononçait son prénom avec tout autant de surprise. Qu’est-ce que… ?

« Qu’est-ce que tu fous !? » gronda la russe en se dégageant son épaule de la main de son ‘compatriote modifié’. La phrase était sortie toute seule, sous l’impulsion et l’agacement. Elle n’aurait jamais crié comme ça dans des conditions, mais là… Sérieusement, qu’est-ce qu’il avait derrière la tête ? Quelle idée d’aborder les connaissances comme ça, franchement…
La noiraude inspira profondément et se baissa pour ramasser la marchandise, tentant de calmer son rythme cardiaque affolé. Les bleus laissés par son dernier accrochage n’avaient pas encore eut le temps de complètement disparaître et l’envie de s’en prendre à nouveau un coup dans la mâchoire était peu alléchante.

« J’apprécie moyennement qu’on se glisse derrière moi en pleine nuit. »

Son ton demeurait irrité. Apparemment, même un visage familier n’arrivait pas à la calmer. Si ses mains seraient encore faite de chair et de sang, sans doute trembleraient elles encore, de peur ET de colère. M’enfin, Nelly daignait au moins de lui parler, ce qui prouvait bien qu’elle ne luit en voulait pas à ce point…

« Tu devrais pas être au pieu, toi ? N’essaye pas de piquer le boulot de ceux qui bossent la nuit, je te préviens. »

Malgré l’expression hargneuse sur le visage de la demoiselle, il ne s’agissait que d’une plaisanterie –oui oui, humour de gens grognons, ou de gens au sens de l'humour douteux-. Après tout, le monopole des activités nocturnes ne lui appartenait pas. Ha non, elle le laissait aux patrons de bar et aux prostituées, ça.
Ses doigts sentaient des irrégularités sur le fond de la boîte. Ses sourcils se froncèrent alors qu’elle retournait le colis, effectivement bien abimé de l’autre côté. Déjà que ces foutus emballages ne valaient pas un clou, si en plus on les balançait sur le béton… En espérant que la marchandise ne soit pas trop abimée ou que le client soit pigeon aveugle, sinon la russe trouverait un moyen de se faire rembourser par le mécano –après tout, elle n’aurait jamais sursauté sans ses bouffonneries nocturnes.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime04.01.13 12:03

Elle n’avait pas l’air enchanté-ravi de le voir ici, à priori. Et qui pourrait l’en blâmer, hein ? Certainement pas lui, en tout cas. D’autant plus qu’il était bien trop occupé à être sérieusement emmerdé par ce retournement de situation totalement imprévu pour pouvoir songer à autre chose.

« Je pique le boulot de personne », riposta-t-il tout de même après que Nelly eut terminé de parler.
Et de fait, c’était vrai : c’était autre chose qu’il devait piquer. Il fallait bien qu’il le lui dise, d’ailleurs, parce qu’il ne pouvait tout bonnement pas tourner les talons et repartir comme si de rien n’était.

« Je bosse un peu de nuit aussi, parfois. »
Souvent, même. Mais on va pas non plus commencer à chipoter sur les détails, on s’en sortira jamais sinon.

Dimitri dévisagea Nelly en silence un court instant, arborant une moue vaguement embêtée. Awkward moment. Il lui grimaça un petit sourire qui s’apparentait plus à un rictus qu’autre chose, puis ses yeux allèrent se porter sur le colis, à qui la chute inopinée n’avait visiblement pas fait le plus grand bien.

« Mais y a comme un genre de problème, j’crois bien. » Allez, on n’va pas tourner autour du pot trois siècles non plus. « Ce qu’tu transportes, là – il désigna le paquet d’un mouvement de son menton barbichu – … j’dois le récupérer. »

Il se tut et attendit sagement la réaction de Nelly, enfonçant les mains dans les poches de son blouson de motard. Oh, bien sûr, il se doutait bien qu’elle n’allait pas le lui remettre comme ça maintenant qu’elle savait mais… quoi ? Il ne savait pas trop ce qu’il était censé faire, là, au juste. Au moins avec ça, les choses avaient le mérite d’être claires. Et ensuite ? Eh bien, c’était là que le nœud du problème se resserrait.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime05.01.13 15:50

La déclaration du mécano lui arracha une grimace intérieure qui aurait été hilarant si elle s’était installée sur son visage boudeur. De l’extérieur, elle se contenta de le fixer dans les yeux, une lueur d’étonnement dans le regard mais rien de plus. C’était pas la première fois qu’un plouc devait réquisitionner ses paquets, mais trouver un visage familier dans ces voyous étaient une première. Et puis, Dimitri quoi ! Le hasard devait se fendre la gueule en ce moment…

« Cent mille yen. » Elle brisa le silence gênant qui s’était installé mais pas le contacte visuel. « C’est ce que je toucherais pour cette livraison. Tu la veux ? Je veux le double. » Un joli paquet d’argent, sans doute trop pour le contenu du colis. Quoi que, après tout, c’était peut-être un truc bien illicite qui se vendait deux fois plus cher sur le marché, qui sait ? Ses yeux lâchèrent enfin ceux de l’homme pour revenir inspecter le fond du paquet abimé. Sa curiosité mourrait d’envie d’ouvrir un peu plus la crevasse pour jeter un coup d’œil à l’intérieur. Si les boss du mécano convoitaient ce truc, ça devait être intéressant.

La russe réprima cette envie au plus profond d’elle et tourna les talons comme si de rien n’était, sans même attendre une répondre de son collaborateur improvisé. Elle fit quelques pas en avant, le colis entre ses prothèses, puis souffla sans se retourner : « T’es un bon type, Dim. » Sa voix laissait entendre une pointe de contrariété. Oui, ça la contrariait, cette affaire. Un vrai problème, d’un côté comme d’un autre… Nelly n’allait pas renoncer à son contrat pour les beaux yeux du monsieur, pas sans avoir quelque chose en retour. Si ce paquet n’arrivait pas à son destinataire, ça lui retomberait forcément dessus tôt ou tard, et se faire égorger en pleine nuit ne faisait pas partie de ses plans. Chaque fois qu’elle trahissait un de ces employeurs, les ennuis se resserraient un peu plus autour de sa gorge. Les assauts nocturnes, ces types qui l’attendaient au coin des rues, ces chacals dont elle arrivait à s’échapper de justesse étaient de plus en plus nombreux, de plus en plus agressif. Quelle merde, vraiment…

« Mais je peux pas renoncer à ma paie. Tu comprends, j’pense. »

La jeune femme aurait pu lui filer le paquet contre quelques jours de protection rapprochée, mais le mêler à ses histoires n’était pas une solution. Ces deux cents milles yen, elle en verrait la couleur, sans quoi elle se contenterait de continuer sa route. Dimitri n’allait pas la passer à tabac pour récupérer le colis, non ?

Il ne ferait pas ça, hein ?

Cette vague pensée la poussa à avancer de quelques pas, augmentant la distance entre eux. La voilà à nouveau aux aguets, et ça, ça ne se remarquait que trop bien.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime06.01.13 21:42

Deux cent mille yens, la belle affaire…
Sans pour autant avoir un convertisseur dans la tête, les quelques connaissances en valeur monétaire que Dimitri avait fini par acquérir à force d’alterner entre les différents paiements des patrons qui le ramassait sur le marché noir lui permettaient de savoir que soixante mille roubles n’égalaient pas la somme qu’elle demandait. Et quand bien même ça l’aurait été, il n’aurait pas déboursé l’intégralité de son salaire pour récupérer le paquet, c’aurait été franchement stupide. Or, même si le ruskov présentait une forte prédisposition pour les trucs stupides, même lui pouvait voir qu’en l’occurrence, ça n’aurait rimé à rien.
Un bon type ? Laissez-moi rire. Disons plutôt qu’il n’était pas un mauvais gars. Et entre les deux, il y avait toute une palette de nuances.

« Yep. Comme tu comprendras que c’est pareil pour moi. »

Et puis, il n’avait pas besoin qu’un nouveau point noir soit ajouté à son "CV". Vraiment pas.
Il leva une main pour se gratter l’arrière du crâne, puis s’arrêta net en remarquant l’attitude de la jeune femme, où la défiance se lisait clairement.
Et en fut blessé, un peu.

« J’vais pas te faire du mal, Nelly. »

Ça, non, il n’y tenait vraiment pas. Il s’abstint néanmoins de le lui promettre. Et il ne trouvait toujours rien qui soit susceptible de les sortir de cette impasse. Comme quoi, avoir un cerveau parfois, ça pourrait lui être franchement utile… Quelle merde cette histoire, quand même.

« Y a pas moyen de, hum… de faire un compromis ? »

Tant d’ennuis pour une si petite chose… une si petite chose… (attention super référence of doom gniéhéhé)
Dimitri eut le bon sens de ne pas chercher à combler la distance que la jeune femme avait imposé, la connaissant suffisamment pour savoir que ce n’était certainement pas la meilleure chose à faire si elle était sur ses gardes. D’ailleurs, il y avait fort à parier que si elle décidait soudainement de se tailler en courant afin d’écourter le petit souci qui s’était posé là, il ne serait pas capable de la rattraper. Oh, c’est sûr que lui avait sa moto, mais elle n’était pas à sa portée directe ni toute prête à démarrer au quart de tour : Nelly aurait largement le temps de disparaître dans un de ces recoins sombres qui étaient légion à Bay Area. Alors dans le doute, mieux valait éviter tout mouvement susceptible de mettre un terme définitif à cette rencontre.

« Genre, je file le paquet à mes employeurs, j’récupère ma paye, puis on s’démerde pour le récupérer et qu’ensuite toi tu le livre à bon port ? »

Okay, c’était loin d’être une bonne idée, c’en était même plutôt une carrément stupide et hautement suicidaire mais… au moins c’était une idée.
… Non ?
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime07.01.13 20:30

Elle baissa sensiblement sa garde, sans pour autant revenir sur ses pas. Au moins, la femme daigna de tourner les talons vers son interlocuteur, légèrement confuse. Elle savait son manque de confiance blessant pour la plupart des personnes la fréquentant, mais on ne change pas les mauvaises habitudes, non ?

La situation ne s’arrangeait pas d’un poil et le terrain demeurait trop aride pour laisser pousser des idées. Nelly s’y attendait, à ce que le mécano’ ne lui file pas sa somme. C’était cher, outrageusement, mais songé au confort qu’un pactole comme celui-ci lui apporterait suffisait à repousser la culpabilité. Le monde devenait bien égoïste dans ces temps difficiles.
Un compromis ? La russe y avait vaguement songé à baisser le prix de son offre, mais personne n’y gagnerait grand-chose : l’un comme l’autre repartirait avec les poches à moitié vide et avec un goût amer dans la bouche, et le but n’était pas de purger le portefeuille de Dimitri ni de rompre tout contact avec lui. Prendre ses jambes à son cou ? L’homme ne lui en voudrait sans doute pas bien longtemps, mais se pointer sur son lieu de travail pour une commission serait malhonnête et Nelly n’était pas encore tombée aussi bas.

Son compatriote reprit la parole pour faire une proposition. Une proposition complètement absurde, stupide, suicidaire même. Une vraie fausse bonne idée comme on n’en faisait plus. Elle arqua un sourcil, l’air sceptique. N’importe qui aurait réagi ainsi, et pourtant… La jeune femme ne voyait pas d’autre solution. Ça la peinait de l’admettre, mais l’idée débile de Dim’ restait le seul ‘compromis’ envisageable.

« Si ça ne me met pas le SCCM à dos, je marche. »

Encore et toujours le SCCM, Nelly n’avait que ce mot à la bouche et ne pensait qu’à cela, pour être franc. Depuis le jour où on lui avait implanté de la ferraille au bout des avant-bras, encore plus depuis son arrivée à Naniwa. Elle surestimait sans doute le Service de Contrôle des Corps Modifiés, après tout, vu le peu de prothèse qu’elle possédait, elle ne devait pas figurer sur leur liste noire. Mais le doute subsistait. Ce foutu doute qui rongeait tout doucement ses nerfs, l’empêchait de riposter face à ses attaquantes. Après tout, cyborg ou non, n’était-ce pas du self-défense ? Ces phalanges en métal devaient compter comme arme pour rendre le corps à corps inégale, sans doute…

Long soupir, encore. La noiraude rompit enfin la distance de quelques petits pas, tenant le coli d’une main, l’autre à nouveau entre ses dents. Crr, crr, crr… Des grincements peu agréables, mais vu ce qui les attendait, on pouvait bien lui laisser modérer son anxiété ainsi.

« Si tu sais où le paquet va arriver, j’pourrais me glisser à l’intérieur. » Son index pointa vers les toits. Voilà d’où la russe passerait pour rentrer, une fenêtre ou un truc dans la style le lui permettrait sûrement. « Là, tu pourrais me faire un signe, n’importe quoi, en détournant leurs attentions. » Si quelqu’un ne lui tombait pas dessus entre temps. Brrr… Rien que d’y penser, sa peau se couvrait de chaire de poule. Même avec un pseudo plan, la manœuvre serait risquée, très. Autant pour l’un que pour l’autre.

Les grincements se firent plus régulier, plus rapide. Dieu sait si ses dents s’élimaient sur le métal, mais à force, de petite griffure apparaissait sur la tôle, parmi les autres griffures laissée à force de planter ses doigts dans le béton pour grimper. Elles étaient en mauvais état, ces prothèses, en plus d’être peu esthétique. Pourquoi en prendrait-elle soin si elle les exécrait ?

« Dimitri. » Sa voix ne s’éleva pas à la fin de la dernière syllabe du prénom, mais il s’agissait bel et bien d’une question. « Tes boss… Si ça loupe, tu sera dans la merde. » souffla la noiraude d’un ton légèrement inquiet. Si ce plan débile échouait –et il y avait des chances que ça soit le cas-, Nelly ne terminerait sans doute pas très bien, mais ce n’était pas ce qui la travaillait vraiment. Non, derrière son air ronchon, c’était le sort du mécano qui lui faisait ronger ses doigts, pas le sien.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime09.01.13 0:49

S’il avait fait un petit peu plus jour dans la ruelle, un petit peu plus clair, la surprise qu’afficha Dimitri après que Nelly eut réagi à sa proposition aurait pu clairement se deviner sur sa tronche. Il n’avait pas sérieusement songé qu’elle accepterait de tenter le diable avec lui, pour ne rien vous cacher. Mais… c’était plutôt une bonne chose, non ? Si un possible arrangement se concluait entre eux deux, ça aurait au moins le mérite d’arranger un tant soit peu la situation. Baisser d’un iota la tension montante.
Du moins pour l’instant.

« Tu pense vraiment que le SCCM viendrait foutre son nez dans ces affaires ? »

Il eut comme une sorte de petit ricanement, bien vite interrompu cependant ; le SCCM ne viendrait que si quelqu’un avait quelque chose à dénoncer, surtout à cet endroit et surtout à cette heure. Et qui pourrait les dénoncer hormis ceux avec qui ils s’apprêtaient à traiter ?
Sur ce point là au moins ils n’avaient rien à redouter d’eux. Après tout, ça n’était dans l’intérêt de personne que d’attirer une quelconque forme d’autorité sur les lieux d’un marché pas franchement légal.

Le grincement de la ferraille contre les dents de Nelly avait un petit côté vaguement stressant. Vaguement énervant aussi, mais Dimitri ne fit aucune remarque et ne lui demanda pas davantage d’arrêter. Des tics nerveux, tout le monde en avait, c’était parfois chiant à supporter pour les autres mais dans la mesure où il n’allait pas mourir à force d’entendre ce bruit hautement désagréable, hein…
Son regard suivit la direction que lui indiqua Nelly tandis qu’il hochait lentement la tête à ses propos, d’accord avec ce qu’elle énonçait. Quant à savoir quel signe il pourrait bien lui faire le moment venu, c’était encore en cours de réflexion.
Ou pas : rien ne valait l’improvisation. Il aviserait sur place. Pas la peine de se prendre la tête pour ça.

« ‘pas la première fois que ça m’arriverait », répliqua le ruskov d’un ton qui se voulait nonchalant face à l’inquiétude de la jeune femme. Bien qu’il lui faille effectivement avouer que ça serait fort emmerdant, si ça se passait mal. Il pourrait pas dire qu’on l’avait pas prévenu, ni même qu’il ne l’avait pas cherché… mais ça ne changeait rien au fait qu’il n’aimait pas vraiment ça, les emmerdes.

« T’inquiète pas pour ça. »

Il s’en inquiétait déjà suffisamment tout seul, pas la peine qu’ils s’y mettent à deux. Alors y avait plus qu’à espérer que les types qui seraient sur place à la réception du paquet seraient pas trop nombreux.
Ni trop doués.

L’enjoignant de le suivre, Dimitri brisa son immobilité, tout prêt à repartir. Autant ne pas lambiner s’il n’y avait pas d’autres points à éclaircir. Son lieu de rendez-vous à lui n’était de toute façon pas très loin d’ici, du moins avec la cylindrée. Dix ou quinze minutes tout au plus, moins s’il prenait à Dimitri des velléités soudaines de grande vitesse – et accessoirement de suicide, donc, vu l’étroitesse et le schéma plutôt labyrinthique des rues.

« J’espère que t’as rien contre une p’tite virée en bécane ? »

Bien évidemment, il allait de soit que Dimitri ignorait tout de la phobie de Nelly pour tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une carcasse métallique avec des roues et un moteur.

Ça serait moins drôle, sinon.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime10.01.13 20:14

Lui-même affirmait que cela n’entraverait pas son travail, prouvant que la jeune femme se faisait bel et bien un sang d’encre pour rien. Mais étrangement, malgré son ton nonchalant et détaché, un semblant d’inquiétude subsistait. Elle avait l’impression de se jeter dans une mission suicide et de l’entraîner lui aussi dans la chute. Et pourtant, l’idée ne venait pas de son esprit torturé.

Enfin, la russe n’avait plus qu’à espérer que tout se passe sans embuche. Peut être même découvrirait-elle enfin le contenu de sa livraison là-bas. Au moins, si on venait l’assommer à coup de crosse pour jeter son corps dans l’eau quasi-radioactive de la mer, elle mourrait moins ignorante. Oh, finalement, il y avait d’autre chose pour lequel s’inquiéter. Comme de la façon dont leurs corps seraient cachés ou dans quel égout allaient ils séjourné attaché en attendant que de gros rats viennent leur grignoter les circuits… Une grimace tira ses traits. Il valait mieux ne pas songer à ça pour le moment, partir pessimiste n’attirerait que des ennuis supplémentaires.

Nelly emboîta le pas du mécano et repris le colis entre ses deux bras. Une sacrée charge qui attisait de plus en plus sa curiosité. Le moindre bruissement, le moindre craquement qui s’échappait de la boîte la rendait plus mystérieuse. C’était devenu si tentant d’ouvrir les deux pans en carton pour y jeter un coup d’œil. Elle pensait y discerner quelque chose de blanc. Une enveloppe ? Ça pouvait être n’importe quoi…
La noiraude se figea soudainement et son précieux paquet faillit bien à nouveau se prendre le sol. Même ses plus insignifiants muscles s’était tendu, de ceux qu’elle même n’avait jamais senti auparavant et dont l’existence lui était jusqu’ici inconnue. La décharge qui avait strié sa colonne vertébrale laissa place à une multitude de frissons : l’horripilation striant sa peau n’était plus due au froid, pour sûr. Ses yeux se posèrent sur ladite ‘bécane’, mot qui avait déclenché cette réaction subite. Le simple reflet des faibles rayons lunaires sur la carrosserie lui octroya une deuxième série de frisson. Une légère nausée la pris, sa gorge en devint sèche, ses jambes flageolaient imperceptiblement. Si la rue n’aurait pas été plongée dans la pénombre, sans doute que tous ces détails sauteraient aux yeux de l’homme. Hors, l’obscurité demeurait trop profonde pour le permettre, même si le malaise restait palpable. Elle déglutit sans réussir à humecter sa gorge et balbutia des bribes de mots entre ses dents. Grande inspiration, puis expiration tout en douceur. Rien à faire, les sueurs froides ne faisaient que revenir à chaque fois que son regard passait sur le monstre de ferraille.

Pourquoi ne pas emprunter les toits ? Ce fut ce qui faillit passer le seuil de ses lèvres, la laissant silencieuse, la bouche entre ouverte. Non, pas avec cette charge : ce n’était pas pour rien qu’elle avait emprunté cette simple rue un peu plus tôt. Au final, si Dimitri aurait voulu en venir aux mains, fuir aurait été légèrement compliqué…
Et la lui confier, cette peur des véhicules ? Ce serait une alternative, mais elle se doutait bien que son lieu de rendez-vous serait bien plus loin du sien. Cela leur prendrait une éternité pour arriver là-bas, et de toute manière, Nelly n’était pas du genre à se confesser. Surtout pas à propos d’une chose aussi… Stupide.
Une autre idée qui germa dans sa tête fut de lui laisser le chargement et d’ainsi bouger librement dans la ville, mais, aussi absurde cela pouvait-il paraître, la russe ne… Faisait pas entièrement confiance à son compatriote. Pas sur ce coup, du moins : après tout, renoncer à ce plan suicidaire l’arrangerait bien. Il n’y avait pas moyen de la faire changer d’avis sur ce point, sa petite psychose s’avérait déjà bien ancrée dans son esprit.

La jeune femme se décida à avancer vers la machine, les yeux rivé au sol. Inspirer, expirer, inspirer… Elle le faisait bien trop vite pour calmer son cœur affolé. Une série de tintement métallique s’évanouirent dans l’air : même ses prothèses tremblaient, les pièces s’entrechoquant à cause du mouvement incontrôlable de ses bras. Elle crut sentir un regard interrogé sur elle et releva deux prunelles aussi sombres que le ciel nocturne sur le mécano, débordant de cette hargne habituelle. En parfait désaccord avec le reste de son corps, ce qui ne l’empêcha pas de s’asseoir sur la cylindrée.

« On n’a pas toute la nuit. » Une goutte de sueur perla sur sa tempe. Elle tentait d’empêcher ses doigts de froisser la carrosserie en se cramponnant à cette dernière. Le simple fait de sentir la carcasse métallique lui donnait des visions d’horreur. Oui, ils n’avaient pas toute la nuit, et plus vite ils seraient arrivés, plus vite elle pourra descendre de là.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime12.01.13 15:59

Dimitri la perçut bien, la tension qui remonta d’un coup lorsqu’ils furent arrivés devant le coin où il avait laissé sa moto. Mais il ne comprit pas d’où elle venait et encore moins à quoi elle était due. Une bouffée soudaine de stress à cause de ce qu’ils s’apprêtaient à faire, peut-être ?
Quoi qu’il en soit, il était à des années lumières de l’interpréter pour ce que ça voulait dire. La Nelly qu’il connaissait n’était pas franchement une trouillarde, après tout. Pourquoi songerait-il seulement au fait qu’elle puisse craindre les véhicules ? C’était tellement incongru, en plus.

« Quelque chose qui va pas ? » prit-il tout de même la peine de lui demander. Mais il n’obtint aucune réponse et n’insista pas davantage. Si elle ne voulait pas parler, il n’allait pas non plus la forcer, ce n’était pas vraiment son problème après tout.
Le ruskov décrocha le sac à dos qu’il se trimballait sur une épaule depuis tout à l’heure, et en sortit son casque – pas assez fou pour l’abandonner auprès de la moto et espérer le retrouver en revenant, pas assez barbare non plus pour installer un mini coffre sur l’arrière de sa cylindrée ; ça en briserait les lignes de son profil, il ne préférait même pas songer à ça. Il reprit la parole tandis qu’il tendait et le sac, et le casque à la jeune femme.

« Mets le paquet dedans, ça va nous gêner tous les deux si tu l’garde contre toi. Et puis tu t’tiendras plus facilement si t’as pas à te préoccuper de ça.
Puis prends mon casque, il va être un peu trop grand pour toi mais je préfère que tu l’aie plutôt qu’moi. »


Et Dimitri serait intransigeant là-dessus : s’il n’était pas nécessairement des plus prudents quand il était seul, conduisant comme bon lui semblait dans le seul but de s’éclater un peu, c’était une toute autre histoire quand il s’agissait de prendre quelqu’un d’autre en charge.

Passées les formalités, il s’installa devant elle et vira la béquille, démarrant ensuite le moteur qui se mit aussitôt à ronronner. Tout en se demandant une dernière fois dans quelle merde ils allaient joyeusement foutre les pieds.
Mais ils n’allaient pas faire machine arrière maintenant, hein ?
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime13.01.13 20:24

Les deux objets se retrouvèrent dans ses mains. Elle prit une seconde pour les observer, comme si son cerveau avait bugé, avant d’enfourner le paquet dans le sac et de le mettre sur son dos. Une moue s’afficha sur son visage blême, mais la russe enfila tout de même le casque. Savoir sa tête entourée de ferraille ne faisait pas partie des choses qu’elle trouvait rassurante, mais l’homme ne lui aurait sans doute pas laissé le choix en cas de caprice. Ce n’était pas le moment de se chamailler sur l'importance des protections.

Clip. La jeune femme resserrât la lanière sous sa gorge. Le casque restait bancal, mais il tiendrait le temps du trajet. Ça irait. Ça devait aller.
Ses doigts cherchèrent à tâtons un endroit ou se cramponner, faisant retentir de petit choc contre la carrosserie. Des bruissements assez proches pour trahir ses mains tremblant irrépressiblement. Elle avait l’impression de sentir des frissons en dessous de ses poignets, une sensation horrible, pire encore que ses douleurs fantômes. La boule dans sa gorge se comprimait progressivement. Sa respiration sifflait dans le casque. Ce dernier ne réussit même pas à couvrir les bruits du moteur qui se mit à rugir. Nelly ferma ses yeux, terrorisée, sans oser dire mot ; de toute manière, entre le casque et le rugissement mécanique, l’homme n’entendrait sans doute pas ses plaintes. C’est pourquoi, doucement, la noiraude laissa échapper un hoquet étouffé, une sorte de sanglot étranglé par la peur. Toutes ses craintes vis-à-vis de cette mission suicide lui passaient à présent au-dessus de la tête. Le sol commença à défiler sous ses pieds, eux-même posé sur un de ces monstres métalliques qu’elle craignait tant.

Ses mains se crispèrent. La jeune femme devait lutter pour ne pas arracher la pièce sur laquelle elle se cramponnait. Respirer devenait pénible derrière la visière, ses poumons peinaient à trouver de l’oxygène, elle était à la limite de l’hyperventilation. Ils prenaient de la vitesse, le rugissement changea de tonalité, plus effrayant qu’auparavant. Les irrégularités du sol se faisaient ressentir sous les roues la bécane, lui donnant d’autant plus la nausée. La russe devint incapable de retenir ses larmes et, prise dans d’un état proche de l’hystérie, lâcha son support pour s’agripper au bras du conducteur, frappant dans le dos du conducteur en hurlant à travers le casque. Oh, ses coups, bien qu’asséné avec des poings de fer fortement serrés, ne faisait pas bien mal, mais assez pour apparemment arrêter l’engin.

Le sol arrêta de se dérober sous ses pieds, lui permettant enfin de descendre –ou plutôt, bondir- du véhicule. La noiraude retira hâtivement le casque, se griffant la mâchoire dans son impulsion. Elle chercha à reprendre son souffle, mais rien n’arrivait à le calmer. Le monde commençait à tourner autour d’elle, la bile lui remonta aux lèvres. Rien d’autre que de la bile, acide, raclant sa gorge alors qu’elle toussait. Voilà qui n’était pas bien digne, vomir ses tripes dans la chaussée. Nelly se sentait si idiote, si vulnérable… Si honteuse de se retrouver dans cet état devant le mécano. C’était débile, complètement débile et insensé comme peur.

« Les toits… » lâcha-t-elle d’une voix chevrotante, les jambes ramenées contre son torse. « Prend le paquet. » Remonter sur la cylindrée ne faisait plus parti des options valables. Faire aveuglément confiance à son collègue temporaire devint la seule solution envisageable. « J’te suivrais, de haut… »

Elle ne voulait pas se retourner vers lui. Il ne devait pas voir ses joues mouillées par les larmes ni son teint livide. La jeune femme se releva, ses jambes peinaient à tenir le reste de son corps. Ses doigts s’agrippèrent à la parois, presque planté dans le mur, lui permettant de l’escalader sans trop de peine. Là-haut, elle n’aurait pas trop de peine à voir cette immense et terrifiant amas de métal vociférant, et donc à rejoindre le point de rendez-vous.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime14.01.13 15:56

Il fallait bien l’avouer, Dimitri ne s’était pas attendu à ça. A peine la cylindrée eut-elle le temps d’être arrêtée en urgence que sa passagère en bondissait comme un diable sortant de sa boîte et lui, ne comprenant définitivement rien à rien, se contentait de poser sur elle un regard empli d’une multitude d’interrogations.
Il n’avait pourtant pas fait d’excès dans sa conduite, enfin, rien qui ne puisse susciter une telle réaction de la part de Nelly, si ?
L’espace d’un instant, il fut saisi par l’intention de la prendre en quatre yeux et de ne pas lâcher le bout de lard tant qu’elle ne lui aurait pas clairement dit ce qui clochait. Pas tant qu’il s’inquiète pour elle – bien que ce soit effectivement le cas, tout de même – mais surtout que leur « petit projet » devenait d’autant plus suicidaire si l’un des deux ne se trouvait pas bien. A ce rythme-là, autant foncer droit dans un mur et ainsi s’épargner tous les inconvénients de ce qu’il allait advenir s’ils se faisaient coincer.
Mais Nelly, butée comme elle l’était, ne lui répondrait probablement pas plus que tout à l’heure, avant qu’ils ne se mettent en route. Et la brusquer serait tout, sauf une bonne idée.
Aussi prit-il la bonne résolution de lui en toucher deux mots une fois que tout ceci serait terminé, du moins s’ils s’en sortaient sans trop de dommage. Mais pour le moment, l’heure tournait et ce n’était pas vraiment comme s’ils pouvaient se permettre de lambiner encore un peu plus.
D’autant plus qu’elle ne lui en laissa pas franchement le choix.

Et Dimitri se retrouva seul avec le paquet abandonné là, sans avoir eu le temps – la présence d’esprit encore moins – de dire un seul mot que Nelly l’avait planté pour escalader le mur le plus proche. Qu’est-ce qui aurait pu l’empêcher, dès lors, de n’en faire qu’à sa tête et sauver sa précieuse personne en oubliant totalement ce deal qu’ils avaient passé ?
Honnêtement, l’idée de faire ça vint le chatouiller alors qu’il récupérait casque et sac. Et bien qu’il ne fût pas long à la balayer de son esprit, elle avait quand même été là pendant un court instant.
Levant les yeux vers le ciel, le ruskov tenta d’apercevoir la jeune femme, en vain. Bah, elle ne se serait pas tirée dans lui, de toute façon. Des deux, il était le seul à pouvoir avoir une raison de le faire.
Aussi remonta-t-il sur la moto sans plus attendre, et termina le reste du trajet seul et sans aucun encombre.

Son lieu de rendez-vous ne devait pas être à plus de deux-trois entrelacs de ruelles lorsqu’il s’arrêta de nouveau, préférant laisser la bécane à l’écart par précaution. Il sortit le colis du sac, curieux malgré tout de savoir ce qu’il pouvait bien contenir et à son tour agité par l’envie d’en voir un peu plus, quand les déchirures du paquet en dévoilaient trop peu. Son instinct de survie l’en empêcha, heureusement : il risquait déjà de se faire suffisamment incendier pour avoir amoché le truc, pas la peine qu’on juge en plus utile de lui coller une balle dans le crâne parce qu’il en aurait trop vu.
Quand à son casque, il le garda sagement sur la tête. Le moins on en verrait de lui, le mieux ça vaudrait pour ses fesses : à défaut d’être une lumière, Dimitri était suffisamment sensé pour n’avoir jamais fait étalage de son vrai nom quand il avait à effectuer ce genre de boulot – ça n’empêchait pas quelques gens moins cons de le retrouver quand même, mais ça limitait déjà pas mal –, ça aurait donc été plutôt emmerdant de se faire griller à cause de sa tronche. L’anonymat était une règle d’or dans cette filière-là, et pour peu que les contrats soient correctement respectés des deux côtés, on venait pas trop te faire chier si t’avais pas envie de montrer ta gueule à ton patron.

Et puis, ça faisait tout de même office de protection, au cas où. Sachant qu’il s’apprêtait à jouer au con, un excès de prudence n’était pas forcément une mauvaise chose.

Le gaillard s’en alla donc d’un bon train vers son point de rencontre, une espèce de vieux hangar désaffecté et ouvert aux quatre vents. Deux types ne tardèrent pas à l’intercepter dès lors qu’il s’avança un peu trop vers la carcasse géante de tôle et de ferraille, et il n’eut que le temps de jeter un bref coup d’œil vers l’arrière qu’il se faisait déjà embarquer pour aller faire un petit coucou au destinataire du paquet.
Lequel ne se gêna pas pour l’engueuler bien comme il faut quant à l’état du paquet et le retard qu’il s’était en plus permis d’avoir, face à quoi Dimitri ne se gêna pas le moins du monde pour accuser le « petit con plus coriace que prévu à qui il avait dû récupérer l’objet ».
Accusation qui n’empêcha pas cinq mille roubles de disparaître de son salaire. Mais puisque la somme restante était suffisamment généreuse, il s’abstint de toute protestation inutile et se contenta de bien sagement attendre son dû.
Tout en promenant son regard un peu partout dans l’endroit, enregistrant le plus d’informations possibles et cherchant à entrevoir par quel endroit Nelly pourrait se glisser ici. Il n’était par armé – chose judicieuse puisqu’ayant de toute façon été fouillé à l’entrée du hangar, ça n’aurait fait qu’éveiller les soupçons – et n’avait pas une once d’idée de ce qui allait se passer ensuite. Néanmoins, les autres ne semblaient pas être particulièrement sur leurs gardes et si l’on exceptait les deux malabars qui l’avaient si chaleureusement accueilli tout à l’heure – en espérant qu’il n’en traîne pas beaucoup plus dans les parages –, ils n’étaient pas plus de quatre à l’intérieur. Les choses auraient pu être pires.
Enfin, mieux valait ne pas se réjouir trop vite.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime14.01.13 20:16

La ville s’étendait devant ses yeux, silencieuse, plongée dans l’obscurité. Loin du monstre fumant, Nelly avait beaucoup moins de peine à reprendre ses esprits. Sa respiration se calma malgré l’effort fournit pour escalader la façade, les tremblements ne secouaient plus ses membres. Un soupir chevrotant perturba légèrement le silence. En passant sur son visage, ses phalanges métalliques devinrent légèrement humides ; la brise la fit frémir, mais l'aida aussi à reprendre sa quiétude.

Il ne fallait pas perdre une seconde de plus. Le bruit du moteur fendit à nouveau l’air, lui donnant le signal pour recommencer à bouger. De loin, la machine lui faisait moins peur, et pourtant dieu sait si la savoir loin d’elle la rassurait. Si cette nuit était la dernière, la russe mourrait en sachant une chose : elle demeurait incapable d’affronter sa phobie. Peuh, comme quoi, se faire renverser deux fois suffisait pour incruster la peur dans un être. Ses prunelles sombres se posèrent sur les affreuses prothèses et ses sourcils se froncèrent d’un cran. Un semblant de tristesse transparût au milieu de ses traits tirés, mais pas un chat ne profitait de l’instant. Seul la lune pouvait apercevoir cette expression piteuse.
La jeune femme se mit en course. Rester là à ruminer sa neurasthénie ne paierait pas et laisser Dimitri se retrouver tout seul comme un con au point de rendez-vous n’avait rien d’arrangeant. S’accrocher et sauter de bâtiment en bâtiment occupait trop ses pensées pour y songer, mais au fond, elle espérait que le mécano ne choisirait pas l’option facile de se casser avec le colis. Oh que non, après ce petit ‘incident’, la noiraude ne le laisserait pas s’en sortir s’il venait à la trahir.

Plus un bruit ne se fit entendre. Nelly jeta un coup d’œil en dessous, pendue à une pauvre gouttière déformée par sa main. Apparemment, ils étaient arrivés. La silhouette de son collaborateur s’éloigna de la cylindrée, toujours casqué. Aucun doute possible, le hangar à quelques mètres devait abriter l’échange. Parfait, rien de mieux que ces vieux bâtiments pour se déplacer : ils étaient truffés de poutres métalliques, de vieux matériaux empilés, de reliefs en béton, d’échafauds abandonnés des fois… De quoi lui faciliter grandement la vie, en bref.

La russe ne contempla pas plus longtemps la scène, rejoignant le toit du hangar pour y trouver une entrée. Dimitri venait d’entrer, ce qui ne lui laissait qu’une poignée de minute pour se glisser à l’intérieur et piquer la marchandise. Vraiment, ce plan… Se tirer une balle dans l’artère fémorale était moins suicidaire. Mais étrangement, l’idée ne lui faisait plus aussi peur. L’adrénaline montant progressivement avait son rôle là-dedans.
L’endroit devait être abandonné depuis un moment. Ses semelles se posaient prudemment sur la tôle rouillée. Traverser le toit pour s’éclater sur le sol n’était pas une option et, vu le poids de ses mains, la précaution restait cruciale pour ne pas tout faire foirer, quitte à perdre quelques précieuses secondes. Le métal craquait par moment ; elle priait pour que les couinements ne soient pas audible d’en bas…
Elle atteignait enfin une des rangées de fenêtres sur le toit bombé. Il y en avait quatre, de par et d’autre du milieu, la plupart défoncée. Son ombre se détacha derrière la vitre, puis, le temps d’un soupir, elle disparu dans la pénombre. Si on l’avait aperçue, on croirait sans doute à un mirage nocturne. L’heure avancée était de son côté, bien que son corps présentait des signes de fatigues évidents. Ses muscles peinaient à récupérer de l’incident, restés crispés trop longtemps pour ne pas laisser de séquelle. Ses bras, la hissant à présent sur une des voûtes métalliques soutenant le hangar, commençait à peiner eux aussi. Les conditions l’empêchaient d’être au maximum de ses capacités, l’obligeant à prendre des pauses plus longues tout en minimisant son souffle pour ne pas éveiller l’attention. Elle en profitait pour observer la situation, la position des gardes, les mouvements du colis fraichement réceptionner et ceux de son acolyte. Seulement quatre guguss, dont deux potentiellement agaçant et… Effrayant par leur physique.

Le paquet se retrouva légèrement à l’écart. Ça semblait être le moment idéale pour descendre doucement. Ses phalanges crissèrent légèrement sur la poutre, mais l’ombre lui permit de passer pratiquement inaperçu. Peut être ce bruissement suffirait-il à attirer l’attention du russe, si ce n’était celle du client. Ses pieds touchèrent enfin le sol, mais la jeune femme resta tapie dans l’ombre, attendant une meilleure ouverture pour agir.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime15.01.13 12:29

ton gif de signa' est super vicieux en vrai, à chaque fois que je retourne sur le post pour vérifier un truc, je reste bloquée dessus 107 ans


Ce fut uniquement parce que Dimitri était aux aguets et espérait pouvoir avoir une preuve, n’importe laquelle, de la présence de Nelly, qu’il entendit et prêta attention au petit crissement métallique qui venait de se faire entendre un peu plus loin, perdu dans un recoin non éclairé du hangar. Ses yeux ne parvenant pas à percer l’obscurité, il ne put que souhaiter que ce bruit lui était dû à elle plutôt qu’à un rat ou n’importe quoi d’autre.

On lui tendit une enveloppe kraft qu’il ouvrit pour en checker rapidement le contenu avant de la faire disparaître dans une poche intérieure de son blouson, puis on lui signala bien gentiment qu’il pouvait dégager maintenant qu’il n’avait plus rien à faire ici.
Dimitri eut un moment d’hésitation qui se traduisit par un infime tressaillement dans ses mouvements, puis fit demi-tour et se dirigea vers la sortie du hangar d’un pas peu pressé. Son cerveau, chose assez rare pour être mentionnée ici, tournait à plein régime à la recherche d’une quelconque amorce de plan. Enfin bon, il n’y avait pas non plus trente-six manières d’attirer toute l’attention sur lui, de toute façon.
Le ruskov continua donc à marcher comme si de rien n’était, espérant en son for intérieur que Nelly n’interpréterait pas ça comme une trahison de sa part, puisqu’il donnait tout l’air de se tirer en bonne et due forme sans avoir rien tenté.

Il y avait un gars qui l’escortait, un autre planté à côté de la porte et le dernier qui gravitait non loin de celui qui semblait être leur boss. Tous armés, de ce qu’il pouvait en juger, alors il ne lui restait plus qu’à prier pour qu’ils n’aient pas trop la gâchette facile. Les secondes semblaient s’écouler terriblement lentement tandis que chaque pas le rapprochait de la sortie.
Il ne devait pas être à plus de deux-trois mètres d’elle lorsque, pivotant brusquement, il envoya son poing droit ramasser le type qui l’accompagnai juste sous le menton, sans chercher à retenir sa force. L’effet de surprise jouant pour lui, l’autre eut à peine le temps d’amorcer une quelconque parade qu’il se mangeait déjà le coup.
Forcément, le type de la porte ne se fit pas désirer pour venir prêter main fort à son pote ; Dimitri ne s’était de toute façon pas attendu à ce qu’il reste là à se tourner les pouces tout en regardant. Son but, après tout, était de créer suffisamment d’agitation pour qu’on oublie le colis un instant. Oh, bien sûr, il y aurait forcément un petit malin pour se douter qu’il y avait baleine sous caillou, mais il était à peu près sûr que Nelly aurait tout de même quelques secondes de répit pour agir avant que ça n’arrive.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime16.01.13 20:12

T’inquiète, le petit Dim’ qui danse me perturbe aussi, ma musique est toujours tellement bien calée avec ses mouvements, ça me bug quand je dois commencer mes réponses.


Elle observait attentivement la scène en s’approchant progressivement, reprenant souvent couverture derrière les poutres et les gravats. De temps à autre, sa main venait couvrir sa bouche pour taire son souffle devenu trop bruyant. Il eut un échange entre le russe et l’un des types. Une enveloppe. Il s’agissait de la paie, sans aucun doute. La noiraude devait agir, et vite ; la transaction terminée, le client ne tarderait pas à rapporter son attention sur sa nouvelle acquisition et ce serait la faillite du plan. Nelly se voyait mal essayer d’attraper le paquet au vol avec quatre gus –dont deux montagnes- en face. Ça c’était du suicide, encore plus que ce plan insensé.

Dimitri tourna les talons. Elle fronça les sourcils, soucieuse. Il avait sûrement une idée derrière la tête, ou du moins en cherchait une, mais le cerveau de la demoiselle ne put s’empêcher de lui faire un film. Une jolie scène où monsieur s’en allait avec sa paie sous le bras et où elle se retrouverait au milieu du hangar comme une idiote. Eventuellement, les gros bras finiraient par la débusquer et… Ses petites paranos ne finissaient jamais en happy ending, au contraire.
La jeune femme faillit réagir, mais au moment où elle voulu esquisser un mouvement hors de sa cachette, le poing de son compatriote vola dans la mâchoire du mec qui l’escortait. Une demi seconde plus tard, le hangar silencieux était baigné dans l’agitation. Nelly ne resta pas spectatrice plus longtemps, se ruant vers le paquet à toute vitesse. Elle ne pouvait pas s’arrêter, ni se retourner, juste sprinter et saisir le carton au passage. Le soulagement fut tel lorsque ses mains saisirent la boîte qu’elle en oublia presque la situation dans laquelle le ruskov s’était embourbé : les types avaient réagi au quart de tour et, à quatre personnes armées contre une, les chances que Dim’ s’en sorte étaient minime. Il fallut réfléchir vite, trop sans doute. La russe saisit un morceau de décombre et le lança en direction d’un des adversaires. Bam, headshot !

Mais un malheureux caillou ne pouvait qu’à peine étourdir un homme de cette trempe et ses potes apprécièrent moyennement de voir une poulette avec la marchandise entre ses pattes. Chargée ainsi, Nelly aurait de la peine à se défendre ou encore à faire l’acrobate au plafond. Réfléchir, vite ! Bam. Encore un bout de caillou qui vola, touchant une épaule cette fois. Puis un autre qui s’écrasa sur le sol. Un autre encore qui faillit toucher Dimitri. Un stratagème bancal qui énerva rapidement les pions. Entre les lapidations et les coups du russe, ces types se laissaient bien malmené. Mais ils étaient réellement armés, eux.

Voir un canon de calibre pointé sur soi n’est jamais un bon signe. La jeune femme avait peu de temps pour réfléchir et cette fois balancer des pierres n’était pas la solution. Non, ça commençait à sentir mauvais pour eux, trop mauvais pour rester plus longtemps. Se mettre à couvert ne ferait que la piéger à l’intérieur et retourner les ennemis contre son adjoint improvisé. Sortir restait la seule solution envisageable. Comment ? Improvisation total, voilà comment !

Nelly profita de la confusion et fonça tête baissée, plus ou moins cachée derrière ce maudit colis. Le porter à bout de bras devant son corps ne posait pas de problème, après tout. Une détonation fendit l’air, un frisson lui fendit l’échine. Elle ne comprit pas tout de suite ce qui s’était passé, mais continua en zigzaguant, s’approchant de plus en plus du russe. Courir comme des volatiles effrayés jusqu’à la sortie était la seule échappatoire, à moins que le ruskov ne réussisse à retourner la situation en leur faveur.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime17.01.13 13:58

bon, on est quittes alors comme ça, huhuh


Dimitri avait beau être du genre armoire à glace et une force non négligeable dans son bras droit conférée par sa prothèse, fallait tout de même pas trop croire qu’il soit capable de surmonter un corps à corps face à des gars aussi bien, sinon mieux entraînés que lui,… et en surnombre, pour ne pas arranger les choses.
Bon, certes, dans l’immédiat ils n’étaient que deux sur lui, le boss préférant sans doute ne pas trop se salir les mains et se garder une protection rapprochée au cas où.
C’était tout de même deux de trop.

Le type qu’il avait cru envoyer dans les choux en le cognant bien fort sans crier gare n’avait finalement pas mis si longtemps que ça avant de revenir à l’attaque. Et n’avait pas grand-chose à envier à son copain, côté force physique. Ce qui fit que bien vite, Dimitri arrêta de donner des coups pour se contenter de se défendre au maximum. Et la maigre diversion provoquée par les cailloux qu’avait lancés Nelly sur ses adversaires ne suffit pas à lui faire reprendre l’avantage, bien qu’il tentât d’en profiter au maximum.
S’il y avait bien un côté positif à sa situation pour le moins délicate, c’était que les deux autres types ne pouvaient pas lui tirer dessus au risque de blesser un de leurs camarades. Là où ça se corsait déjà un peu plus c’était que la jeune femme, elle, constituait une cible idéale, solitaire et complètement isolée. Et elle dut d’ailleurs rapidement s’en rendre compte, vu qu’il la vit du coin de l’œil foncer vers lui – et vers la sortie, du coup.
Tenter la fuite semblait, effectivement, être l’option la plus viable dans l’immédiat.
Le ruskov détourna totalement son attention de Nelly – il ne pouvait pas franchement se permettre la plus infime distraction, là… – et se mit à guetter la première ouverture de la part de l’un de ses nouveaux potes pour tenter de tirer son épingle du jeu, tant bien que mal. Sans trop savoir comment, il réussit à en foutre un au sol et récolta au passage un magnifique uppercut dans le bide de la part de l’autre, lequel lui coupa tellement le souffle qu’il n’eut pas vraiment le temps de réagir qu’on l’envoyait déjà valdinguer.
Le contact violent entre son dos et le mur ne fut pas des plus appréciables.
Le fait d’avoir été projeté juste à côté de la porte lui en revanche, l’était.
Et Dimitri ne chercha pas midi à quatorze heures. La porte étant entrouverte, Nelly avait dû déjà réussir à se faufiler à l’extérieur, avec un peu de chance ; il n’avait pas le temps de se retourner pour examiner le hangar jusqu’à être sûr qu’elle ne s’y trouve plus, ou malabar-man I serait sur lui avant qu’il n’ait fait trois pas. Voire même malabar-man II, s’il se relevait entre temps.

Trois détonations consécutives. Un bruit sourd. Et un brutal déséquilibre dû à l’impact le projeta vers l’avant – l’extérieur, heureusement. Il ne prit pas le temps d’examiner si sa prothèse avait beaucoup morflé ou non, se contentant d’être conscient du gros coup de chance qu’il venait d’avoir. A vue de nez, elle avait l’air encore tout à fait fonctionnelle, il n’avait pas besoin d’en savoir plus pour le moment.
Il se mit à courir du plus vite qu’il le pouvait malgré une légère claudication, n’oubliant pas d’éviter à tout prix de courir en ligne droite. Une fois que le terrain à découvert entourant le hangar serait traversé, le retour au dédale de ruelles permettrait déjà de souffler un peu. Et il espérait vraiment qu’il retrouverait Nelly là-bas.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime19.01.13 11:55

La jeune femme traçait le plus rapidement possible. Plus rapide encore que lors d’une livraison arrivant à son terme, qu’une course poursuite avec de sale types ou après un léger accrochage avec un client récalcitrant. Ses pieds touchaient le sol si peu de temps qu’elle se serait crue en train de planant au-dessus de ce dernier. Toutefois vous pensez bien que son esprit était occupé à autre chose, comme les déflagrations la loupant de près. Le genre d’instant qui la ferait causer longuement la nuit suivante, sans aucun doute ! Du moins si on ne lui trouait pas la chaire avant.

Le ruskov demeurait en mauvaise position face à ces mecs. Il se faisait carrément malmener, à vrai dire, mais, heh, qu’est ce qu’elle pouvait faire pour lui ? S’interposer ? Pour se faire écrabouiller sous le pied d’un des malabars ? Ce serait une idée de génie, vraiment. Une petite diversion bien sanglante qui n’aiderait même pas le mécano. Il valait mieux les contourner au possible et se focuser sur l’envisageable: franchir la porte et prier pour que Dim’ s’en sorte en un seul morceau.
A la vitesse où la demoiselle courait, un coup d’épaule suffit à ouvrir la sortie, non sans en ressentir le choc. Elle en cria, la douleur étant pourtant minime à côté de ce que son corps subissait certain soir. Mais ses nerfs, eux, ne pouvait pas plus en emmagasiner. Plus jamais elle ne participerait à ce genre de mission suicide, jamais. Cependant, apercevoir le ciel nocturne la soulagea : voir cet interminable rouleau noir s’étendre devant ses yeux signifiaient une chose : elle avait survécu.

La noiraude s’enfonça dans le dédale de ruelle, serrant le colis dans ses bras fatigués. La cylindrée entra dans son champ de vision. Jamais elle n’aurait cru être heureuse de la voir, celle-là, et pourtant… Sa présence lui permit de s’arrêter un instant, de poser ce foutu paquet et de s’appuyer contre le mur pour souffler. Elle contempla ses doigts ouverts en éventail, dans un bien piteux état. Une des articulations resta même coincée, incapable de se déployer. Son petit doigt avait perdu une phalange… Saloperie de prothèse bon marché. Son père payait bien cher pour de la foutu camelote.

Seul ses halètements troublaient le silence nocturne. Les secondes s’écoulaient lentement et aucune silhouette ne se détachait dans l’ombre. Dimitri avait il réussit à s’en sortir ? Ou son corps gisait il déjà dans un coin du hangar ? Elle en frissonna. Impossible, il avait dû s’en sortir. Dans le cas contraire, la jeune femme aurait de la matière à ruminer pour le restant de ses jours. Sa propre avarice avait-elle condamné le ruskov ? L’angoisse lui reprit la gorge et l’écoulement du temps n’en devint que plus dur à supporter.
Un bruissement lui fit faire volte-face sans prendre la peine de cacher son désemparement. Nelly hésita un instant à s’approcher de la silhouette boitant au bout de la ruelle, puis posa un pied hésitant devant elle, un autre, toujours plus rapide, oubliant ses muscles douloureux. La noiraude reconnu enfin le mécano et s’oublia un instant, le serrant contre son torse dans son élan. Une étreinte brève qu’elle brisa la seconde où elle s’aperçut de son geste. « Ils ne vont pas nous laisser filer, faut pas rester ici. » marmonna-t-elle en reculant, histoire de rependre une distance plus convenable entre eux.

Ils avaient survécu à la mission suicide. Un exploit qui tenait plus du miracle qu’autre chose. Transmettre la marchandise à son client serait une balade dominicale, à côté. Nelly entreprit de grimper à nouveau la paroi encore marquée de sa dernière escalade. Autant torcher ce boulot rapidement. Et puis, il fallait avouer qu’elle n’avait pas bien envie d’expliquer ni sa crise de folie sur la bécane, ni son soudain élan de tendresse. Enfin, la jeune femme prit tout de même une minute pour se retourner vers le russe pour lancer un « Fait attention, avec ton engin. ». Ouais, ce serait idiot de se crasher alors qu’il venait d’échapper à une mort certaine.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime19.01.13 18:03

Dimitri avait le plus grand mal à reprendre son souffle après ça, il avait cessé de courir dès qu’il se trouva à nouveau dans la pseudo sécurité des ruelles pour se contenter de marcher d’un pas rapide et bancal, haletant. Le casque n’arrangeait pas bien les choses, étouffant comme il l’était, mais l’enlever maintenant ne servirait à rien vu qu’il comptait bien reprendre la route dans les plus brefs délais.
Surpris par l’approche soudaine d’une silhouette, la chance s’avéra finalement être encore de son côté puisqu’il ne s’agissait que de Nelly. Un type investi de mauvaises intentions n’aurait eu aucun mal à lui régler son compte, là maintenant tout de suite. Nelly, elle, se contenta simplement de le serrer dans ses bras et Dimitri ne s’attendait tellement pas à cette réaction de sa part qu’il resta aussi figé qu’un bloc de pierre, bien que content malgré tout de la revoir ici, bien vivante et visiblement pas trop amochée. Il acquiesça à ses paroles d’un simple hochement de tête, puis reprit le colis posé par terre pour le remettre dans son sac. Effectivement, ils n’avaient pas le temps de se tailler une bavette et le plus vite ils seraient loin d’ici, le mieux ce serait. La dernière remarque de la jeune femme lui arracha un bref sourire et il grimpa sur la moto vaille que vaille.

« On s’retrouve au même endroit que tout à l’heure. »

Ça semblait plutôt logique, Dimitri n’étant après tout pas supposé savoir son lieu exact de rendez-vous, mais mieux valait être clair.
Il démarra la cylindrée en grimaçant et prit le large sans plus tarder, maudissant intérieurement très très fort celui des deux gars de tout à l’heure, quel qu’il soit, qui lui avait foutu ce coup à la cheville. Ses grosses rangers renforcées avaient probablement sauvé la vie de son articulation, sur ce coup là. Ça ne l’empêcherait pas de conduire, mais ça restait quand même particulièrement handicapant en plus d’être douloureux.

Dimitri força légèrement sur la vitesse au retour. N’ayant aucun moyen de savoir s’il était suivi ou non, il préféra faire quelques détours supplémentaires dans le doute, passant à deux reprises par une route plus fréquentée histoire de. Ça serait peut-être une perte de temps, mais peut-être pas et dans le doute, si simplement ça pouvait suffire à semer un potentiel poursuivant, ça n’aurait pas été inutile.
Il se retrouva finalement là où ils étaient partis ensemble un peu plus tôt et s’arrêta, laissant néanmoins tourner le moteur à faible régime. Nelly avait probablement dû arriver bien avant lui, il n’avait plus qu’à attendre qu’elle se montre. Sans descendre de sa deux-roues et tout en portant tout son poids sur son pied valide, il sortit à nouveau le paquet du sac pour l’examiner sous toutes ses coutures ; il avait tellement morflé que le ruskov aurait probablement pu l’ouvrir sans que ça ne soit remarqué.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime19.01.13 22:56

La noiraude finit d’escalader la paroi avec peine. Ses prothèses coopéraient mal avec le reste de son corps qui, lui, commençait à manquer d’énergie à force de cabrioler dans tous les sens. Tôt où ou tard, un de ses muscles finiraient bien par se déchirer, ou pire, un tendon… Franchement, sans sa paie, Nelly aurait arrêté depuis longtemps. Elle rêvait d’une douche et d’une longue nuit de sommeil méritée, mais ce ne serait pas avant d’avoir livré ce foutu paquet.

La traversée des toits fut des plus pénibles. Ce terrain de jeu si familier semblait impitoyable, bourré d’embûches et de prises bancales, lorsque ce n’était pas son esprit qui lui jouait des tours. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de se sentir suivie… Mais vu la carrure des gros bills récemment rencontrés, ils ne risquaient pas de passer par voie aérienne. L’image de ces gros tas de muscle essayant vainement de s’accrocher à une gouttière pour l’attraper lui octroya un rictus moqueur ; un instant d’inattention qu’elle paya sur-le-champ. Son pied buta contre le rebord d’un toit, bam, chute libre. Autant dire que le choc fut violent lorsqu’elle se rattrapa à l’immeuble d’en face, et son épaule blessée le sentit passer. Une ribambelle de juron incompréhensible fusa d’entre ses lèvres alors qu’elle redescendait hâtivement à terre. Ses semelles retrouvèrent le contacte avec le sol. La noiraude serait bien obligée de se taper le rester du chemin à pied si elle ne voulait pas finir désarticulée au fond d’une ruelle sombre. De toute manière, vu la vitesse avec laquelle elle avait cavalé jusque là, ses potentiels poursuivants avait dû la perdre de vue. Du moins, elle l’espérait…

La jeune femme arriva enfin sur le lieu de rendez-vous, bien après le ruskov qui s’y trouvait déjà, observant l’emballage abimé. « Hey ! » Nelly avançait d’un bon pas vers lui. Une fois assez proche, elle lui reprit le paquet des mains, visiblement de bien mauvaise humeur. « Tu l’as ouvert ?! » Son ton se fit plus ferme, plus méfiant. On aurait cru qu’elle avait oublié à travers quoi ils venaient de passer. Ses nerfs commençaient définitivement à être en bout de course…
La russe soupira profondément et tenta de reprendre son sang froid. Le colis avait dû s’amocher dans le hangar, lorsqu’il lui faisait office de bouclier. Et pas la curiosité du mécano qui avait prit le dessus.
La curiosité.
Son regard tomba dans l’une des crevasses du carton. Vu le niveau de dégât du paquet, même la marchandise devait être foutue alors… Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil ?

Son index s’enfonça dans la crevasse et l’écarta soigneusement pour ouvrir le paquet. Elle releva son visage, fixant l’homme de ses yeux graves. Ils retombèrent sur le sol, confus, avant que la demoiselle ne se décide à s’approcher de la cylindrée. Après tout, l’un comme l’autre avait risqué sa peau pour cette livraison : ils méritaient de voir ce qu’elle renfermait.

Le mot qui glissa sur sa langue était loin d’être du japonais. Elle repoussa la boîte qui se retrouva entre les mains de Dimitri. Il y avait… La noiraude n’en croyait pas ses yeux. Jamais, jamais elle n’avait vu autant de pièce rassemblée dans un seul carton. Des parties de prothèses bien spécifiques, assez pour construire un bras tout entier. Ça expliquait le poids et l’intérêt manifesté pour la marchandise.
Nelly prit à nouveau ses distances. Cette livraison était sûrement destinée à un tiers type voulant troquer sa chaire contre du métal. Saloperie… Comment pouvait-elle simplement comprendre ces imbéciles ? S’amputer volontairement pour ‘s’améliorer’ ? et puis quoi encore ?

« On y va à pied, ce n’est plus très loin. » Sa voix rauque et nerveuse brisa le silence. Autant en finir. Ceux qui voulaient faire mumuse avec la technologie bionique ne faisaient pas partie de ses problèmes. Récupérer sa foutue paie, en revanche, l’était. Ce serait chose facile, et si les boss de Dim’ revenait à la charge, ce serait son client qui morflerait.
La noiraude emboîta le pas sans se retourner vers le ruskov, ses poings métalliques aussi serrés que sa mâchoire. Risquer sa peau pour qu'un crétin fasse le zouave cybernétique… En voilà une perte de temps.

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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime20.01.13 1:20

Si ça avait été possible, et si le temps ne leur avait pas fait cruellement défaut, Dimitri aurait bien volontiers laissé la part belle à sa curiosité pour se livrer à un examen bien plus approfondi de chacune de ces pièces. Du peu qu’il pouvait en constater, ça avait l’air d’être du matos de bonne qualité – sans être un expert en la matière, il commençait tout de même à pas mal s’y connaître dans ce domaine-là.
Ça expliquait la paie généreuse reçue pour intercepter le colis.

« J’te suis » se contenta-t-il simplement de répliquer, arrêtant ensuite le moteur avant de descendre de la moto. Il garda le paquet dans sa main droite, n’éprouvant aucune difficulté à le soulever avec sa prothèse, tandis que la gauche allait – enfin ! – décrocher la lanière du casque, retirer l’encombrante protection de sa tête.
L’air frais ne lui avait jamais paru si appréciable qu’en cet instant précis. Renvoyant le casque au fond du sac, il se passa une main dans ses cheveux que la sueur avait collés puis rejoignit Nelly, qui ne l’avait pas attendu pour se remettre en marche.

Le trajet fut silencieux, aucun des deux ne semblait avoir particulièrement envie de s’épancher. Ce n’était peut-être pas franchement le moment, aussi, et puis – au moins en ce qui le concernait lui –, Dimitri ne pouvait pas s’empêcher de rester aux aguets, guettant le moindre bruit ou n’importe quel autre signe prouvant qu’on les aurait tout de même suivi jusqu’ici. Il n’y eut rien, cependant, et ils arrivèrent à bon port sans que quelqu’un leur tombe dessus par surprise.

« J’suppose qu’il vaut mieux pas que j’t’accompagne pour la remise d’ce machin, hein ? ‘fin j’me débrouillerai pour rester à portée de voix, donc au moindre problème surtout t’hésites pas. »

Mouais. Vu son état, Dimitri ne ferait certainement pas un allié de grande valeur si quelques emmerdes se profilaient de nouveau, m’enfin ça pourrait toujours être mieux que rien ? L’élément surprise pas prévu au programme, tout ça…
Sans rajouter un mot, il lui redonna le colis – le cadavre de colis, plutôt – et attendit qu’elle s’en saisisse. Tout en espérant que la dernière partie de leur petite expédition suicide irait comme sur des roulettes et que le pire était définitivement derrière eux.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime20.01.13 10:02

Pour une fois, Nelly relâcha sa garde, trop lasse pour s’épuiser à traquer le moindre bruit suspect. A vrai dire, si on l’avait laissée s’asseoir sur le sol, la russe se serait sans doute immédiatement endormie. Réfléchir devenait sérieusement pénible, et ne parlons pas de marcher.

« N’intervient que si je t’appelle. » précisa-t-elle en arrivant près du lieu de rendez-vous. « Parce que ça risque de gueuler, de toute façon. »

Ça, la jeune femme en était certaine. Que ce soit le client qui lui hurle dessus ou le contraire, la transaction ne se passerait pas en se balançant des fleurs –quoi que, la russe serait capable de frapper son client avec un bouquet, si l’occasion se présentait-. Elle réceptionna le colis en piteux état et tourna les talons, légèrement chancelante.

Nelly entra dans le bâtiment après avoir présenté son droit de passage aux gardes. L’état de la marchandise avait de quoi les laisser sceptique, mais on la laissa passer sans trop broncher. Enfin, eux, ils ne bronchèrent pas, mais le client, lui… Une vraie plaie, visiblement irrité par le carton éventré pour lequel il avait dû attendre si longtemps. Logique au fond, même si la réaction du bonhomme devint complètement démesurée au fur et à mesure qu’il s’énervait tout seul devant la livreuse stoïque. La russe se mit même à taper du pied : elle attendait sa paie et n’avait pas fait tout ce chemin pour un sermon. Mais, malgré son flegme légendaire, à force de se faire traiter d’incapable, de ‘borg déboulonnée, d'impotente et autres surnom bien plus vulgaire après s’être pratiquement tuée pour faire arriver la marchandise à bon port, l’impatiente se mit à bouillonner au fond d’elle. Le type finit par lui balancer ses précieux cent mille yens au visage, la traitant comme une vulgaire putain.

La noiraude le savait : maintenant, elle pouvait se casser avec son frics. Il suffisait de gentiment se retourner et de rejoindre Dimitri en bas de la rue. Pas compliqué, mais diablement décevant. Oh oui, sauter à la gorge de ce porc en lui hurlant ses quatre vérités était bien plus satisfaisant. Lui foutre une ou deux beignes encore plus, sans penser une seconde à ce foutu SCCM. Elle s’en donna à cœur joie.

Les gardes ne mirent pas beaucoup de temps à la balancer hors de l’établissement. Nelly continua de vociférer comme une hystérique et saisit le premier truc qui lui passa sous la main –une vieille boîte de conserve traînant sur le béton- pour le balancer contre la vitre. Elle ne s’embêtait même plus à causer japonais, baragouinant des malédictions dans sa langue natale.
Sa voix finit par dérailler au fond de sa gorge et l’obligea à se calmer. Pour avoir gueulé, ça avait gueulé. La jeune femme ramassa son argent éparpillé. L’ordure avait radicalement réduit sa paie, à moins que des billets ne se soit perdu lorsqu’on l’avait jetée dehors. Quoi qu’il en fût, elle retourna auprès du mécano et lui tendit un petit quart de sa paie. « Dédommagement pour les coups. » Sa voix cassée ne l’aidait pas à ressembler à une nénette, un vrai petit mec. M’enfin, ce n’était pas un problème à cet instant. Mission suicide réussie, au repos, soldat.

Elle s’adossa au mur et passant ses prothèses dans ses mèches sombres, ricanant doucement. L’euphorie ressortait enfin. L’euphorie d’être vivante et d’avoir pu coller son poing dans la gueule de son client. Quelle plan débile, et qu’est ce qu’elle était débile de s’être engagé dedans ! N’importe quoi, vraiment… « J’suis morte. » Un sourire s’étendit sur ses lèvres. Oui, Nelly devait vraiment être crevée pour afficher pleinement son contentement.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime20.01.13 10:58

« Garde ça Nelly, tu l’as largement mérité. »

Et Dimitri, sur ces belles paroles, se laissa glisser au sol sans faire état de la propreté plus que douteuse de ce dernier. La fatigue lui tombait brusquement dessus maintenant que tout semblait terminé et bon sang c’qu’il était las ! Un boulot facile et rapide, heh ? Au final, ça ne s’était pas tout à fait déroulé de la manière qu’il avait imaginée en acceptant de faire ça. Il n’avait qu’une envie dans l’immédiat, frapper à la première porte, tomber sur le premier lit et dormir, juste, dormir. Son chez-lui lui paraissait terriblement loin et maintenant que l’adrénaline n’affluait plus, il se demandait s’il aurait seulement la foi de traîner sa carcasse jusque là-bas.
Enfin, ce n’était pas vraiment comme s’il avait le choix, après tout.

Il leva le visage vers elle, saisissant son sourire ; ça changeait sur son visage d’habitude bien plus austère que ça. Mort, lui aussi il l’était, enfin ça devait se voir vu qu’il avait renoncé à se tenir debout pour s’assoir, adossé contre le mur à côté d’elle. Sa cheville le lançait davantage maintenant qu’il n’y avait plus d’urgence, quelle merde c’était…

« J’pensais pas vraiment que ça marcherait », avoua-t-il finalement avant de laisser échapper un petit ricanement. « Pas que ça marcherait aussi bien, en tout cas » se reprit-il. Ils étaient encore vivants et entiers après tout, pas troués de balles, certes pas mal amochés mais ce n’était pas non plus catastrophique de ce côté-là.
Dimitri fouilla dans une de ses poches et en sortit finalement un paquet de clopes malmené, tout écrasé, mais d’où il parvint tout de même à extraire une cigarette survivante qu’il porta à ses lèvres et alluma. La nicotine lui sembla être d’une rare saveur.
Son regard se posa alors sur la main de Nelly qui avait le plus morflé, il l’avait déjà noté tout à l’heure mais n’avait pas eu le temps d’y accorder plus d’attention que ça. Maintenant, c’était un peu différent.

« J’connais une bonne adresse, si tu veux arranger ça sans trop te ruiner. »
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime21.01.13 20:13

Nelly froissa les billets au fond de sa poche. Peuh, que le mécano le veuille ou non, elle finirait bien par lui rendre la pareille. En baissant légèrement son tarif pour la prochaine livraison au garage, pas exemple, ou en packs de bières amenés en coup de vent. Ouais, les bières semblaient être une bonne idée… Des blondes bien fraiche, un après-midi où le soleil jetterait impitoyablement ses rayons incandescents sur la ville.

Finalement, la russe n’était pas la seule à ne pas croire à leur survie. Ils devaient être paumé quelque part dans le néant. Ni au paradis, ni en enfer, juste entre deux : l’endroit où les débiles avec des plans suicidaires vont après s’être fait battre à mort par des malabars. Tous les deux morts sans s’en rendre compte, jusqu’à ce que la vérité les frappes de plein fouet. Un scénario plutôt funky qui lui changerait bien son quotidien. Au fond, qu’est ce qui la retenait dans ce bas monde, elle ?

Ses pensées se dirigèrent bien vite dans une direction moins glauque, maintenant concentrée vers ses prothèses en mauvais état. Ha oui, ça… Depuis que la jeune femme avait retrouvé les joies de la marche en ville, la chose avait glissé hors de sa tête. Ses mains se retrouvaient souvent amochée, mais là, c’était trop handicapant pour les laisser comme ça. Tch, si seulement on lui avait implanté de jolie prothèse japonaise… Nelly ne crapaüterait pas sur les immeubles si cela avait été le cas, et ne serait pas à des kilomètres de sa maison. « Je ne crois pas que ta jambe sera d’accord d’y aller. » Une façon détournée de lui demander si ça irait. L’homme avait vachement plus morflé qu’elle et ne devait pas être vraiment apte à jouer au guide touristique. « Je cracherais pas dessus, mais si c’est loin, je noterais le nom là-dedans. » dit-elle en frappant doucement sa tempe. Côté mémoire, la demoiselle ne s’en sortait pas trop mal, à force de mémoriser les adresses de ses clients. Pas infaillible, mais assez bonne pour ne pas lui faire faux-bond.

Nelly s’écarta légèrement de la fumée opaline. La pollution, elle pouvait la supporter, mais l’odeur de la nicotine… Eurk. Même lorsque la cigarette se trouvait entre les doigts de son père, les effluves blanchâtres lui donnaient la nausée. « T’habites dans le coin ? » Elle se demandait surtout comment il allait rentrer chez lui si ce n’était pas le cas. Déjà que la noiraude ne faisait pas confiance à sa cylindrée, si en plus il la conduisait avec une patte traînante… « Tu devrais trouver une chambre pour pas grand-chose. » Une adresse pas cher pour une autre. Les chambres d’hôtes miteuses ne manquaient pas dans le coin, tout au pire, la jeune femme lui proposerait de se laisser crevasse quelque minute chez elle, mais ça signifiait le laisser venir dans son espace personnel et… L’idée ne lui plaisait pas trop. M’enfin, si monsieur habitait vraiment loin d’ici, ça valait mieux que de le laisser se tuer sur la route. « … Ou j’ai un canapé, au cas où. »
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont verts   La nuit, tous les chats sont verts Icon_minitime21.01.13 22:36

Il ne put s’empêcher de jeter un regard foudroyant à sa cheville lorsque Nelly y fit allusion, comme s’il espérait intimider cette dernière et qu’elle s’empresse alors d’aller mieux dans les plus brefs délais. Effectivement, il ne se sentait pas d’état à gambader aux quatre coins de Bay Area, dans l’immédiat. Et effectivement², l’adresse à laquelle il pensait lorsqu’il lui avait fait cette proposition n’était pas exactement dans la rue d’à côté, bien au contraire. Enfin, il ne pouvait pas simplement lui donner l’adresse et la laisser y aller toute seule, comme il s'employa à le lui expliquer aussitôt.

« Non, non, vaudra mieux que j’t’accompagne dans tous les cas, d’toute façon. Dave est vraiment un chouette type, mais son travail n’est pas du tout, ehm… déclaré. » D’où la raison de ses tarifs plus bas que la norme, soit dit en passant. « Si tu t’y pointes solo, il pourrait très bien croire à un mauvais coup pour le chopper et t’claquera tout net la porte au nez. »

Il marqua une pause, tira une nouvelle taffe en prenant soin de ne pas recracher la fumée en direction de Nelly puisqu’elle n’avait pas l’air d’apprécier ça des masses, puis reprit :

« D’toute façon, j’crois pas qu’il apprécierait qu’on s’ramène chez lui à cette heure. »

Il devait être quoi… quatre, cinq heures du mat’ ? Quelque chose dans ces eaux-là, à quelques poils de cul près. Et vu comment ça s’était terminé la dernière fois qu’il s’était pointé chez lui – il s’était fritté avec Yellow avant d’abandonner celui-ci pour qu’il paie à sa place –, mieux valait éviter de le faire chier avant même d’avoir commencer à parler des raisons de sa venue.

Le ruskov secoua négativement la tête lorsqu’elle lui demanda s’il créchait près d’ici ; la perspective de se prendre une chambre de l’enchantait pas des masses, d’abord parce qu’il allait sans doute lui falloir chercher un bon moment avant de trouver quelqu’un qui l’accepte à cette heure – il ne savait même pas où trouver ce genre de truc, en plus –, ensuite parce qu’il avait toutes les chances de se faire piquer son fric et autres joyeusetés dans le genre, l’quartier était tellement craignos.
L’idée du canapé, en revanche, le motivait déjà beaucoup plus. Et, une fois n’est pas coutume, pas une seule pensée salace ne vint égailler son esprit à l’idée qu’une fille lui propose d’aller pieuter chez elle.
Bien évidemment, il ne pensa pas davantage qu’elle pouvait avoir dit ça simplement en dernier recours alors qu’elle n’en avait pas particulièrement envie, juste par sympathie ou quelque chose dans la même veine.

« Si y a personne chez toi qui sera tenté de m’passer au couteau pour me piquer tous mes biens dès qu’j’aurai fermé l’œil, j’saute de bon cœur sur l’option canapé. »

Dimitri n’avait jamais prétendu avoir un bon humour, après tout.

En plus, Nelly aurait probablement de la glace ou des bandages, ou n’importe quoi d’autre susceptible de soulager un brin sa cheville et qu’il n’aurait certainement pas s’il se trouvait un endroit où dormir au p’tit bonheur la chance.
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