Le Roi Lion que les parents n'approuvent pas (Pv Lysandre)

Sujet: Le Roi Lion que les parents n'approuvent pas (Pv Lysandre) 11.02.14 14:07

Ce soir, il sortait. Exit la morosité du quotidien et le banal train-train du commun des mortels. Jimmy avait besoin d'autre chose. Il ne savait pas encore exactement quoi mais il finirait bien par trouver. Il ne s'était pas particulièrement apprêter, ni spécialement mis en valeur. Le fils de Lion était de ces hommes qui sont très bien dans leur jus. Cela ne dispensait pas d'avoir une certaine hygiène et une certaine classe, naturelle, d'après le dieu.

La seule chose qu'il espérait de la soirée pour l'instant, c'était que l'incident de l'autre fois ne se reproduise pas. Il refusait que sa soirée soit réduite à traîner un cadavre assez bête pour se frotter contre des bouts de verres acérés après avoir essayer de le braquer. Ce soir, Jimmy sortait trouver une demoiselle avec laquelle il comptait bien passer de folles heures pour ensuite disparaître comme il était venu, rassasié.
C'était une attitude plus qu'égoïste mais il s'en fichait pas mal. C'était un dieu, pas une peluche et encore moins un homme qu'on gardait près de soi. Jimmy se targuait d'une liberté totale et peu de gens le pliaient à leur désirs. On y comptait le Baron et on y avait vu Bilquis. Depuis la mort de cette dernière, il avait décidé, plus ou moins consciemment, qu'aucune autre femme n'aurait ce privilège. Alors, il sortait, aguichait les jeunes femmes, passait du bon temps avec et oubliait leur existence aussi vite que possible.

Debout dans son salon, il remettait ses mitaines en place, vérifiant qu'elle couvrait bien toute les marques qui marbraient ses mains. Reniflant légèrement, il avait passé la main dans ses cheveux, les recoiffant légèrement avant d'y poser son chapeau melon. Après un regard à son reflet, il sortit en claquant la porte derrière lui, veillant bien à tout fermer derrière lui.
Il avançait tranquillement dans les rues, détaillant les alentours, surveillant qu'aucun ange ne vienne voiler la soirée. Il n'avait ni l'envie, ni la possibilité de survivre à une attaque d'ange. Il n'avait plus vingt ans après tout. Les avait-il jamais eu ?

Il continua sa route en direction de Minami pour récupérer les grandes artères de la ville. Caché parmi la masse des badauds qui s'agitaient de ça et de là, il laissa traîner ses mains dans une poche, un sac ou une pochette, dépouillant de temps à autre une riche nouillasse qui passait dans le coin. Collier de perle, bracelet fantaisie hors de prix ou du moins, semblait-il l'être. Il se demandait ce qu'il allait en faire, au final. Réalisant que de tels présents faciliterait la cours qu'il réserverait à ces dames, il sourit et glissa le tout dans ses poches qui ne gonflèrent pas sous le volume qu'elles emmagasinèrent.
Il continua sa route bifurquant dans les artères secondaire afin d'atteindre Minami et son ambiance festive, ses vieux bars et la sensation qu'il n'était pas si loin de la Nouvelle Orléans.
Il était tombé amoureux de cette ville, et de la Louisiane de manière général. Ça n'était pas un hasard si il était devenu ami avec le Baron et toute la famille des Loa. Il y avait dans la culture de la Nouvelle Orléans quelque chose de festif et puissant, la Lousiane possédait également cette profonde culture que Jimmy affectionnait particulièrement. Il était nettement plus sympathique lorsqu'il était entouré des Bayous et de la lumière chaude de cet état. Jimmy concevait parfaitement de vivre parmi une humanité tel que celle-ci.
Il ne fallait pas se le cacher, la raison pour laquelle il appréciait également la Lousianne se trouvait aussi dans le peuple qui y avait été emmené. Certains des membres des Tribus qui vénérait son culte avaient été emmené ici, captifs et esclave. On n'imaginait pas ce que l'esclave pouvait prier et ne plus faire attention aux petites lignes du contrat. Dire que l'esclavagisme avait été, pour Jimmy, un âge d'or était une sorte d'euphémisme dont il s'amusait beaucoup. Oh, il était conscient de l'horreur de la traite des noirs. Mais il avait bien d'autre chose à penser. Les Dieux avaient leur propre problème et certains étaient de vrais divas. N'en déplaise à Nibo, Zeus et les autres.

A force de divagations, Jimmy avait atteint un bar dont l'animation lui semblait suffisamment attractive pour y trouver quelque chose d'appréciable. Entamant ainsi sa chasse au genre opposé, il alla se chercher un verre avant de remarquer une agitation toute différente qui ne lui plu absolument pas. Il se dirigeait vers la sortie tout en sifflant son verre de bourbon. Tout ça, ça n'était pas pour lui. Pas ce soir, tout le moins. Il finit par atterrir dans un bar beaucoup plus calme dont le standard quelque peu douteux laissait perplexe quant à la salubrité de l'endroit.
Il prit place au comptoir, repérant de fait une charmante demoiselle un peu plus loin. Commandant un verre, il en profita pour en commander un pour la jeune femme. Souriant au serveur, il dit tranquillement.

« -Offrez-lui un verre de ma part, ce qu'elle voudra, bien entendu. »

Il se concentra sur son verre, en chantonnant doucement, plus pour lui que pour n'importe qui d'autre. Il repensait à ces derniers jours, aux retrouvailles avec Samedi. Tout ceci lui plaisait beaucoup et quelque part, il voulait partager cette joie dusse-t-il y arriver de manière totalement éphémère.

Dieu que la vie était monotone depuis que Raphaël l'avait quittée. Loin de s'ennuyer, elle vivait cependant au ralenti. Un peu comme ces jours de pluie où ses articulations semblaient bouder la raison. Cantonnée au chaud derrière ses larges fenêtres de salon, elle avait passé des heures à regarder la pluie tomber sans voir ni entendre personne. Seule ce petit ballet dans le cœur et dans l'esprit, l'habillant de gris, et de blanc. Lysandre ne pouvait pas s'ennuyer, elle trouvait toujours un intérêt dans quelque chose. Et si rien n'était là pour l'occuper, elle chantait. Il y avait tant à célébrer.

Parfois, Robert prenait de ses nouvelles, mais cela restait parfaitement sporadique. Il avait bien d'autres affaires dans son sac. Dieu sait ce qu'il fabriquait. Un jour à droite et les suivants à gauche. Le plus souvent on n'entendait tout simplement pas parler de lui du tout. Il disparaissait sans crier gare et revenait quelques mois plus tard, plus riche ou un peu moins naïf. Et parfois encore, il écrivait à celle qui aurait pu être la veuve de Monsieur Raphaël. Elle ne l'avait jamais été, il n'en avait jamais été question de toute façon. Qu'aurait-elle fait de plus si elle l'avait été après tout ? En serait-elle devenue meilleure ? Certainement que non !

Lysandre n'avait pas mis un pied dehors depuis quelques jours. Son dernier récital avait été un franc succès, et la présence d'autant de monde la fatiguait toujours un peu plus rapidement. Elle prenait alors une semaine de repos, pour préparer ses cordes vocales et se remettre de ses émotions. Après tout, la voix est un instrument qui ne pardonne rien, tout peut se sentir dans une octave , dans un mouvement de l'air un peu moins précis, un peu plus bancal, un peu plus tremblant. Mais ce soir, elle avait besoin de compagnie. De quelque chose d'autre, de différent. Congédiant son domestique principal, elle s'octroya quelques instants seule, afin de choisir ses vêtements pour la soirée.

Du bleu. Une jolie robe bleue près du corps, très peu de bijou, seulement le collier de Raphaël. Elle était coquette, mais pas au point d'en devenir précieuse. Après tout, seule en ville, il pouvait lui arriver n'importe quoi. Afin de détourner l'attention de ce précieux bijou, elle se décida à choisir une opale cintrée d'argent afin de mettre sa main gauche en valeur. Si celui la disparaissait, ce ne serait pas bien grave. Et voici donc qu'elle prit la route, dans cette voiture sombre.

Son dévolu, appuyé par les conseils du chauffeur, se porta sur Minami. De quoi s'amuser sans risquer grand chose -selon eux. Elle ne se fit pas prier plus, après tout, est ce que cela pouvait lui porter tord de se mêler à la foule. Qui s'y connaît ici en Arias ? Ou du moins le ferait assez pour mettre un nom sur son visage ? Personne, très certainement. Le quartier sentait le passé. Un bond dans le temps assuré, plus encore une fois atteinte l'ivresse. Lysandre était charmée. Elle ne savait pas cependant qu'elle était plus ou moins suivie. Raphaël avait laissé des ordres assez précis concernant sa protégée. En cas de disparition, quelqu'un était payé pour veiller sur elle. Cependant, se pensant seule, innocente, elle entra dans le premier bar qui s'offrit à son regard.

Conformément à ses goûts premiers, elle avait préféré le calme à l'agitation. Trop de monde la rendait presque nauséeuse. Certes ce n'était pas doré, ni même recouvert de marbre, ou de tentures de bon goût, mais ça avait au moins une odeur de bois qui lui sembla rassurante. Il n'y avait qu'une dizaine de personnes, ce qui était étrange, au vu de la fréquentation des bars autour. Mais Lysandre n'y connaissait pas assez pour se méfier de quoi que ce soit. Elle fut cependant surprise de voir le serveur venir lui dire qu'on lui offrait un verre. Un sourcil haussé, elle interrogea le serveur qui montra l'homme aux mitaines un peu plus loin.

« Mettez moi ce que vous avez de moins cher dans ce cas ! Remerciez le chaleureusement.Et surtout, ne lui dites rien, mais son prochain verre sera pour moi.»

Étais-ce là une coutume ? Lysandre, la douceur même se retourna très légèrement vers lui avec toute l'élégance avec laquelle elle avait été pensée, et lui offrit un ample sourire. Elle décida de jouer la grande dame. Un peu plus encore. Elle n'aurait pas beaucoup à faire. La pauvre enfant était délicieusement généreuse.

« Vous êtes bien urbain, Monsieur ! Mais je ne suis en rien accoutumée à accepter un verre d'un inconnu. »