for the night is dark and full of terrors ; pv grayman

Sujet: for the night is dark and full of terrors ; pv grayman 05.12.13 1:53

Il lui arrivait parfois de se demander si elle était encore capable de ressentir quelque chose d’autre que de l’ennui ou du désintérêt. Ah, ce monde était bien pâle et morne comparé à son royaume aujourd’hui déserté. Ironique, lorsque l’on y pensait un peu. Après tout, n’avait-elle pas toujours régné sur un univers de pourriture et de mort, macabre à souhait ? A croire qu’il y avait que le silence qui pouvait lui convenir, et que ce monde ci était bien trop bruyant à son goût. En plus d’être peuplé d’êtres qu’elle méprisait ou auxquels elle ne portait pas le moindre intérêt.

Ah, la grande déesse qu’elle était autrefois s’était faite bien amère et presque pitoyable, à mesure que les mortels l’avaient oubliée, effacée. A croire que tout ce qui la tenait encore debout était cette rancœur tenace qui dormait au creux de ses tripes, menaçant de se réveiller à chaque contrariété. A moins que ce ne soit simplement que le désir de ne pas mourir, contrairement à d’autre. Assez étrange concept, quand on y pensait un peu. Une déesse des Enfers refusant de mourir.

Chose certaine en tout cas, la soirée l’avait ennuyée bien plus rapidement que prévu, et c’était sans mot dire qu’elle s’était retirée, laissant le soin à son cher associé de gérer le moindre débordement. Il lui arrivait parfois de s’interroger sur ce qui l’avait poussée à ouvrir pareil établissement. Après tout, c’était bruyant et agité, tout le contraire de ce qui lui plaisait habituelle. Peut-être était-ce justement là le but. Changer les habitudes, observer les êtres humains dans un autre état que celui de la putréfaction. Une distraction comme une autre, qui n’avait aucun effet en cette soirée.
Non, quelque chose d’autre occupait ses pensées. Une affaire on ne peut plus urgente qu’elle se devait de régler, histoire d’éviter le moindre dérapage. Dire que tout avait commencé à cause d’un humain un peu trop curieux et sûr de lui. Deux tares qui ne pouvaient qu’entrainer de gros ennuis pour le concerné. Et elle craignait qu’il ait vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Oh, la dame n’était sûre de rien, mais dans le doute, mieux valait supprimer la source du problème. Mais surement pas de ses propres mains, oh non.

Lasse, elle n’avait pas tardé à rejoindre son appartement, situé au-dessus du nightclub qu’elle possédait. Appartement évidemment insonorisé histoire d’éviter la moindre gêne; elle n’était pas folle. Faisant quelques pas, le claquement de ses talons hauts étouffé par l’épais tapis de l’entrée, madame ne prit même pas la peine d’allumer la moindre lumière; l’obscurité ne la dérangeait guère. Ah non, elle s’avérait même bien plus plaisante pour elle que n’importe quel éclairage. Et puis, elle connaissait par cœur les moindres recoins des lieux, et se diriger n’avait rien de compliqué.

Cependant, lorsqu’elle arriva dans le salon, face au long canapé de cuir, rare meuble habillant la pièce, quelque chose lui sembla… étrange. Sourcils légèrement froncés, la déesse scruta la noirceur de la pièce, ses prunelles dorées cherchant quelque chose dont elle ignorait l’identité. Quelqu’un se serait-il introduit ici ? Elle ne saurait dire, mais il lui semblait déceler une présence qu’elle ne connaissait guère. Mais ça n’avait rien de rassurant, même pour elle. Surtout depuis qu’elle avait perdu la plupart de ses pouvoirs, la rabaissant à être aussi faible qu’un vulgaire être humain. Autant dire qu’elle n’était pas dans de bonnes dispositions pour se défendre.

Cela dit, il en fallait malgré tout bien plus pour entamer son impassibilité, ou pour chasser cette fierté qui était la sienne, cette dernière se ressentant autant dans son attitude que son habillement. Ah ça. Voilà un des rares plaisirs qu’elle avait découvert en venant ici, et dont elle ne semblait pas se lasser, parant ses courbes de tenues toutes plus voyantes et couteuses les unes que les autres. Une façon bien triste de redorer le blason de son égo et sa gloire d’antan.

Elle ne laissa filtrer que quelques mots. « Qui êtes-vous ? » Le ton nullement intimidé, et surement pas hésitant. Ce n’était pas son genre.

Et son regard encore fixait quelque chose qu’elle ne voyait pas.

Sujet: Re: for the night is dark and full of terrors ; pv grayman 18.01.14 19:13

Dans les bas quartiers de Naniwa, les rumeurs vont bon train. C’est très pratique pour se tenir au courant de l’actualité et des complots qui se trament dans l’ombre lorsqu’on ne souhaite pas sortir de sa tanière. Tout finit toujours par se savoir : dans quel nouveau scandale est impliquée telle ou telle célébrité, quel pays a décidé de menacer l’autre, quels travaux vont être réalisés dans la ville, et aussi, qui veut tuer qui.
Bay Area était très friande des faits divers et autres informations de ce genre – ça fait de bons sujets de discussion, et surtout, ça peut donner du travail à certains. Voleurs, mafieux de seconde zone, arnaqueurs, tueurs, tout pouvait se trouver pour peu qu’on savait où chercher. Certains avaient même une certaine réputation, et c’était généralement vers eux que les gens bien pensant et proprets se tournaient lorsqu’ils avaient besoin d’un service particulier et qu’ils ne voulaient pas se salir les mains.

Grayman avait entendu circuler des rumeurs à son sujet en début de semaine. Assez curieux quant à ce qui se disait, il avait distraitement laissé traîner ses oreilles ça et là en quête d’informations plus poussées. Il avait ainsi appris qu’une dame en centre ville cherchait un assassin, et qu’elle avait visiblement les contacts nécessaires pour le chercher lui.
Le grand homme tatoué ne tuait pas par plaisir, ni par haine, ni par dépit, mais tout simplement parce que c’était une activité suffisamment rentable pour qu’il puisse vivoter tranquillement sans avoir à se forcer ; et l’intérêt qu’il portait à tout ce qui était vivant se limitait à une pure curiosité qui, une fois satisfaite, se transformait en indifférence la plus totale. Alors, prendre une vie, ce n’était rien, absolument rien pour lui. Une distraction, tout au plus.
Les jours suivants, l’Ombre s’occupa d’en apprendre plus sur la personne dont il avait entendu parler. Malgré ses efforts, il n’obtint pas son nom ; à la place, il eut celui de l’endroit dont elle s’occupait.
Fort de cette nouvelle donnée, il se mit en route le lendemain, une fois que le soleil eut fini de disparaître derrière l’horizon. Sa grande silhouette noire se déplaça de rue en rue, tournant et virant dans le labyrinthe des rues de la ville, lorsqu'enfin il arriva à destination.
De l'extérieur, on n'entendait rien de plus qu'une musique étouffée par l'épaisseur des murs, accompagnée par les voix des fêtards. Néanmoins, ce n'était pas tant le club en lui-même que l'appartement le surplombant qui l'intéressait. De là où il se tenait, le grand homme tatoué pouvait voir que ledit appartement était plongé dans l'obscurité. Situation des plus propices pour Grayman qui, se glissant dans une ruelle adjacente, fit un pas en avant et disparu, avalé par les ombres. Durant un instant, il fut partout et nulle part à la fois, voyant le monde d'une toute autre façon – un monde aveuglant, aux contrastes violents, dont la vue avait quelque chose d'incroyablement déroutant et poétique à la fois.
Un battement de cœur plus tard, l'assassin était debout dans l'immeuble, assis sur le grand divan de cuir de la maîtresse des lieux. La pièce était plongée dans le noir, pourtant il y voyait aussi clair qu'en plein jour. Et les yeux rivés sur la porte, il attendit que la propriétaire revienne.
Ce fut l'affaire d'une heure avant qu'elle ne regagne son chez elle ; le vacarme de la boîte de nuit un étage plus bas retentit un instant, le temps qu'elle ouvre et referme la porte.
Elle le repéra bien vite cependant, ce qui lui arracha un fin sourire calme et amusé. Elle ne semblait pas le moins du monde intimidée par sa présence, atout non négligeable s'ils tenaient tous les deux à mener une conversation posée et efficace.
A la question qu'elle lui posa, il répondit de sa voix grave :

- Je pense que vous le savez déjà.

Il se leva, dépliant sa grande carcasse, ne quittant pas sa vis-à-vis du regard.

- Vous me cherchez. Puis-je savoir pourquoi ?

Il savait parfaitement pour quel genre de service quelqu'un aurait voulu faire appel à lui. Il était simplement curieux de savoir qui était la personne à abattre et quel était la faute commise pour qu'on souhaite lui ôter la vie.