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 There was child that I once knew

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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime30.04.12 18:26

Hurle la nuit, hurle le vent, hurle le sang, ailleurs comme ici et aujourd’hui comme maintenant. Il tremblait de toutes ses forces, vide de tout et le cœur à blanc… Homme sans quête, chevalier sans armure, oiseau sans rêves, ne restait alors que le goût salé des larmes lorsque les nuits sont trop sombres pour les combattre.
Et ces visages, oh ces visages revus avec la violence d’un coup de poignard ! Il y avait ce frère qu’il ne comprenait plus et les douleurs qu’il n’avait pas pu lui expliquer. Pourtant cela faisait mal, tellement mal…

Lorsque Daniel pénétra dans l’église abandonnée, il n’y eut que le silence. Le chagrin, ça ne fait pas de bruit, pas lorsqu’on a trop peur pour hurler. Il n’y avait plus de prières en ce lieu, elles avaient déserté murs et charpentes pour s’évanouir sans qu’aucun dieu ne les entende. Quel dommage, il y a de si beaux mots dans une prière…. L’ange laissa sa main caresser le vieux bois d’un banc, il essaya de se représenter des fidèles à la messe, mais n’y parvint pas. Il essaya alors de se souvenir de lui, blanc, innocent mais ça aussi, il n’y arrivait pas. Daniel s’oubliait lui-même et ne savait même plus s’il en souffrait. Trop peur de comprendre, trop peur de le dire : qu’il y a trop de douleurs, qu’il n’en peut plus, qu’il veut juste que ça s’arrête. Que ça s’arrête…

L’ange se sentait trembler de toutes ses forces, malade, fiévreux. Un instant il cru s’écrouler, ne plus se relever, mais il tint bon. Venir ici n’était peut-être pas la meilleure des idées, les anges blancs n’étaient sûrement pas loin, mais Daniel n’avait pu s’en empêcher. L’idée qu’on puisse le frapper, le tuer, le terrorisait, mais l’idée de rester à l’extérieur l’effrayait plus encore ; Fut un temps, il s’était senti chez lui dans des lieux de ce genre, mais ça c’était avant de changer. Avant qu’il ne devienne cette chose pitoyable, aussi peu humaine qu’angélique. Pourquoi portait-il toujours un nom ? Même cela, il ne le méritait plus. Perdre ses rêves avait un prix bien cher, ne pas être fort, c’était mourir.
Brusquement, Daniel releva la tête. Il le vit alors, perché sur une poutre, grave et immobile, et sentit alors quelque chose se tordre en lui. Les réminiscences d’une pureté primordiale, celle qui possédait encore son aîné, l’attaquaient, le dévastaient, il cru suffoquer. Tendre la main pour qui, pour quoi ? Chaque geste lui coûtait : il s’insultait, il se haïssait et ne pouvait rien faire, absolument rien faire.

Uriel…

Et le monde s’écroula…

Vaincu, Daniel tomba à genoux. Il n’avait plus de mots, il n’avait plus rien. Son chagrin le saisit alors, il ne le combattit plus : il baissa simplement la tête, silencieux, perdu en son ombre, en lui-même. Trop de cicatrices qui n’avaient pu se soigner, trop de solitude et de peurs inconsolées. Faible, trop faible, alors qu’importe ?

Pardonnez-moi, je ne savais pas que vous seriez ici, c’est idiot…. Je vais vous laisser.

Parfum de poussière et d’oubli, pour celui rêvant d’amnésie. Lentement, avec des gestes maladroits, Daniel réussi à lever le bras et essuyer les larmes sur son visage. Finalement, la douleur s’en allait, il lui faudrait quelques minutes pour revenir, juste le temps de vivre un peu.
Il se remit debout, toujours aussi tremblant et tête basse, les yeux perdus dans d’autres horizons, ceux connus de lui seul. Tout ce qui tourmente un peu, lorsque la douleur éventre comme un mauvais feu.
Et parce qu’Uriel était son frère, son aîné, qu’il était archange pur, resplendissant, Daniel leva les yeux un instant pour lui sourire de toute sa tristesse. Sans haine ni folie, sans peine et sans rêve, car tel était son être à présent…

Amen….
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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime15.05.12 19:31

Le bruissement de ses ailes résonnait ici.
Vide, tout était vide ici. Vide de vie, vide de sentiments, vide de sons. Rien d'autre qu'un silence tangible et, pour qui n'était pas mal à l'aise dans ce genre de lieux abandonnés, une paix et un calme indéniable. C'était bien ce qu'il était venu chercher, lui, l'ange du Jugement. Même lui était parfois fatigué d'observer les Hommes. Tout allait trop vite, vraiment trop vite. Il avait cette impression qu'il lui suffisait de clore les paupières quelques secondes, pour que plusieurs semaines, mois, voire années, ne défilent à vitesse grand V. D'une certaine façon, les Terrestres le fascinaient autant qu'ils l'épuisaient.

Quand il entrait ici, c'était... Ce n'était pas comme si le temps s'arrêtait, non. C'était comme si depuis tout ce temps, il s'était trouvé dans un véhicule allant à une vitesse faramineuse et que subitement, celui-ci freinait d'un coup. Ce qui était stupide.
Mais il n'avait pas vraiment la notion de ce qui état stupide ou non. Il l'avait perdu depuis longtemps. Pouvait-on même croire qu'il l'avait eu un jour ?

A peine eut-il fait un pas dans l'église qu'il fut absorbé par la foi divine qui y régnait encore. Le fait que la bâtisse obscure tombait peu à peu en ruine ne voulait pas forcement dire que la présence du Seigneur l'avait désertée. En un battement d'aile, il fut en hauteur, sur la plus large poutre de bois de la charpente. Nul besoin de jeter de vains coups d'œil autours de lui. Il se contenta simplement de faire un ou deux pas vers l'une des extrémités de son perchoir momentané. Le petit vitrail rond encastré dans le mur à cette hauteur l'avait toujours intrigué. Un ange (était-ce Haziel qui avait eu assez de patience pour se laisser apercevoir par un antique œil humain ? Ou bien Raziel ? Quoiqu'il aurait pu jurer que ces ailes un peu biscornues ne pouvaient appartenir qu'à Yezalel - un ange chérubin qu'il n'avait jamais vraiment apprécié. Trop... Enthousiaste à son gout -), tendant la main à une... Créature ailée à terre, revêtue d'un linceul d'ombres et de noirceur, qui n'était ni un Démon, ni un Homme. Uriel sortit une main de ses poches et la leva jusqu'à effleurer, presque avec affection et tendresse, les deux visages. L'un emplie d'une bonté sans borne, l'autre pleurant de gratitude.
Perturbant, c'était le mot.

Un bruit lui fit tourner la tête. En bas. Quelqu'un. L'archange délaisse le dessin de verre et s'approcha du bord de la poutre, finissant par s'y asseoir. Jambes croisées, coude appuyé sur le genou, menton dans le creux de la main... La position habituelle qui prouvait qu'il ne faisait que son rôle et rien d'autre. Observer. Observer sans juger, sans aucune partialité. De la même manière qu'il observait à présent le nouveau venu. Un des siens. Ou plutôt, un des siens qui ne l'était plus.
Uriel ne réagissait pas. Ni à l'entente de son nom, ni au désespoir intérieur soudain et violent qui semblait à présent frapper ce frère qu'il connaissait et ne connaissait point à la fois. "Je vais vous laisser", finit-il par dire. Et de son regard grave dans lequel brulait la flamme de la curiosité, malgré un visage de marbre, Uriel ne put s'empêcher de répondre, du tac-au-tac.

- Pourquoi ?

Simple question, si déroutante, si inattendue. Et pourtant, c'était bien comme cela qu'il fonctionnait. Inutile de s'encombrer des apparences, de ce que les autres penseront, de l'opinion du monde. Seul comptait pour lui les réponses aux questions qu'il posait, quelles qu'elles fut.

Ses ailes se déplièrent à nouveaux. Et il se laissa choir. Chute lente et douce, qui n'eut pas d'impact. Il se stabilisa à une cinquantaine de centimètres du sol et, après quelques secondes d'hésitation intérieure, tendit la main à son semblable, afin de l'aider à le relever.

- Tout le monde... A le droit de venir ici. ...Je ne suis qu'un... Observateur. Pas un acteur.

En effet. Si la terre était un immense spectacle où tout un chacun était un artiste sur les planches, lui-même ne se considérait comme rien d'autre que l'unique spectateur qui regardait la pièce de loin, plongé dans l'ombre.

- Tu n'aurais même pas dû te déranger à m'adresser la parole.

A ce moment, Uriel n'avait pas la prétention d'avoir autant de bonté que l'Ange sur le vitrail. Et il n'attendait pas qu'un ange noir ressente autant de gratitude pour lui que l'autre protagoniste. Mais en cet instant, il lui semblait comprendre pourtant l'artiste avait voulu représenter une telle scène. Un peu...
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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime24.05.12 10:50

Est-ce que l’histoire pouvait s’arrêter comme cela : avec une main tendue ? Daniel garda les yeux au sol, préférant écouter l’archange parler plutôt que le regarder. Ange des mots, il avait toujours ainsi privilégié les voix aux visages. Celle d’Uriel lui était presque inconnue cependant, car si il y a bien longtemps Daniel avait eu à le croiser, il n’y avait eu pour seules phrases que le silence. Il y a longtemps, bien longtemps, lorsque lui-même était le scribe de Gabriel, le scribe du scribe, comme un parfait animal de compagnie….
Ils étaient beaux, les mots d’Uriel, presque rassurants, des questions douces, tristes peut être mais sans colère. Daniel n’avait pas peur, peut-être était-ce la fatigue plutôt qu’une soudaine affection envers cet aîné inconnu mais les faits étaient là : il n’avait pas peur.
Alors seulement le jeune homme releva la tête et commença à avancer la main, prêt à accepter l’aide d’Uriel. Que se serait-il passé si le geste s’était accompli et, grandi par l’aide de l’archange, Daniel avait pu se relever ?
Un observateur, c’était ce qu’avait dit Uriel. Mais aider un homme, fusse-t-il un frère ou non, c’était devenir acteur…Il avait eut raison, Daniel n’aurait pas du parler. Peu importe la tragédie, il ne faut supplier, pardonner ou haïr le public, parce que ce ne sont pas les règles du jeu.
Alors l’ange ferma le poing et recula finalement sa main, s’enfermant à l’intérieur même de son propre corps. Ce n’était pas de la méchanceté, méchant Daniel ne l’était pas, ce n’était pas du mépris, juste les restes d’une douleur trop grande pour que lui-même ne la comprenne. Il n’avait pas vu le vitrail, peut être que sinon, là encore ses choix en auraient été différents ? Mais Daniel écoutait, il n’observait pas.

Verrait-il, Uriel aux yeux pers, verrait-il seulement les coups marqués sur la peau de son cadet ? Le jeune homme détourna la tête, détourna le cœur, malade d’être lui-même, malade de vivre mais trop effrayé pour simplement se laisser tuer. Il repensait parfois au regard de Gabriel, dans le cimetière, alors que l’archange ne savait s’il aurait assez de courage pour l’assassiner. Du courage, il n’en avait pas eu, et cela ne l’avait pas empêché de frapper Daniel, parce que pour ça il faut juste de la tristesse. Daniel, lui, il n’avait plus rien…
Il n’y eut pas de soleil, juste une lumière pâle et maladive pour soudain frapper le vitrail. Cela lui déchira le cœur, ce cœur qu’il ne pouvait jamais recoudre entièrement. Quelque chose était serré dans sa gorge, une boule, une tristesse, un malheur…

Prendre ta main, ce serait te trahir… Tu es l’une des seules personnes qui fasse que le monde est encore monde, Uriel. Je ne veux pas te tromper et partir, je le dois avant que tu ne trouves des raisons de m’attaquer.

Gabriel dans le cimetière, insensible au cri d’appel au secours de son petit frère, répondant par les mots les plus froids qu’il connaissait, parlant de pardon, de remords, des choses que Daniel n’arrivait plus à comprendre. L’échange de coups, toujours cela, l’échange de coups, un langage que Daniel ne saisissait pas : personne ne lui avait jamais appris la violence. Si les choses avaient été différentes, peut-être n’aurait-il jamais chuté ? Quoi qu’il en soit, les faits étaient là : noir de cœur et d’esprit, plus perdu encore qu’un loup sans lune, le déchu suffoquait sans oser regarder vers la lumière. Elle existait pourtant, elle était toujours là, n’avait jamais disparue mais il ne pouvait pas, ne pouvait plus, s’accusant de trop de fautes, de trop de maux.
Debout à présent, plein de cet amour qu’il ne savait comment offrir, Daniel était sans armes. La colère était partie, elle ne reviendrait pas. Attaquer Uriel ne lui venait même pas à l’esprit, il avait appelé à l’aide une fois mais n’avait eu pour toute réponse que la violence alors ça non plus, il ne le faisait pas.
Il avait été un ange, naguère, aujourd’hui il n’était rien de plus qu’un rêve oublié, presque dévoré déjà par la gloire de l’archange devant lui. Qu’avaient-ils donc fait, tous, pour mériter ça ? Si leurs souffrances avaient été prédestiné, alors la cruauté n’était rien d’autre que l’essence même du monde.

S’il te plait… Si tu me tues, dit à Gabriel que je meurs en paix, car il n’est pas mon meurtrier.
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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime18.07.12 14:18

Un refus, comme il en avait essuyé des tas déjà. Par des Humains. Par les siens. Par des choses étranges dont il ne connaissait même pas le nom. Pourquoi diable tout ces êtres, si différents, et pourtant tellement semblables, n'acceptaient jamais le réconfort d'une main tendue ? Le monde était donc à ce point méfiant, à ce point personnel et individualiste, que même partager sa douleur dans le simple but de l'alléger n'était même pas envisageable ? Inconcevable. Inconcevable pour lui qui toujours préférait les choses simples, directes et sans ambages. Accepte l'aide que l'on t'offre. Ne te détourne pas de la haine que l'on te voue. Clame haut et fort ce que tu penses, ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas. Soucis-toi de toi, non pas du reste. Ne sois plus jamais blessé par l'hypocrisie et les mensonges, et ton existence deviendra plus simple.

Il n'était qu'un être qui se sentait bien quand il observait la pluie et sentait le vent sur sa peau. Qui ne comprenait pas les interactions humaines. Qui ne voyait aucun intérêt à les comprendre. C'était ça, au fond, qui faisait d'Uriel la personne la plus heureuse du monde. Et qui l'empêchait en bloc de saisir le désespoir de son compagnon déchu.

- Te tuer ?

Une voix remplie d'incompréhension. Encore. Toujours. A jamais. C'était son destin, à lui, l'ange de toutes les questions. Tout était si compliqué. Cet ange noir était compliqué. Son esprit était compliqué. Ses paroles étaient compliquées. Pourquoi tout ne pouvait pas être plus simple ?

Parce que le Monde n'en serait que plus inintéressante, peut-être.

- Je ne tue pas. ...Je ne suis pas fait pour ça.

Désolé de te décevoir, sembla vouloir dire son regard. L'archange laissa retomber sa main. Cette main qu'il avait tendue et que personne n'avait prise. Et sans un bruit, il se posa au sol, faisant disparaitre ces ailes qui l'encombraient. Trop grandes. Trop imposantes. Un poids qui le gênait et le rassurait à la fois.

- Dehors...

Il indique la massive porte de bois entrouverte d'un geste du menton. Le soleil. On y voyait le soleil qui s'y infiltrait timidement. Le soleil chaud. L'air tiède. Le silence. Attiré comme un papillon l'est par la flamme d'une bougie, il se désintéressa du damné et s'avança. La porte. Le soleil. Il voulait le laisser inonder l'église. Il voulait montrer qu'il n'y avait pas que froideur et obscurité. Sans aucun mot. Par de simples gestes anodins. En ouvrant une porte, et rien de plus. Moi, j'ai comprit à quel point le monde peut être beau si tu laisses derrière toutes tes considérations absurdes. Apprends, toi aussi. Fais pareil. Libère-toi. Ne te complais pas dans tes propres ténèbres. Ou tu n'avancera jamais.

- Le monde est plein de couleurs. C'est presque effrayant. La tête tourne, les sens s'agitent, la chaleur entre et frappe. Il s'appuie contre la chambranle et profite de l'été, lourd. Que s'est-il passé avec Gabriel ?

Il n'a même pas tourné la tête, hypnotisé par l'extérieur. Son ton est égal. Mais à l'intérieur, une étincelle quand il prononce ce nom, ce simple nom. Gabriel.
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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime06.08.12 10:45

Le monde était peine, le monde était douleur. Comme un millier de cris d’enfants, comme les pleurs d’un femme, comme un frère se dressant contre un autre, comme un père perdu sans son enfant. La voix d’Uriel était trop basse, trop posée, Daniel n’y trouvait aucun réconfort. L’ange était parti, disparu au-delà des mots, au-delà de la vie, rien ne pourrait le ramener. Ni les couleurs, ni les rêves, ni la moindre chaleur, car cela était son choix. Le premier, le dernier peut-être, mais le sien… Être sauvé ne lui semblait rien d’autre qu’une farce, il avait goûté aux larmes, à la souffrances, à toutes ces choses qu’il se pensait incapable de surmonter. Il avait goûté à la solitude, lui à qui l’on avait apprit d’être bon, compatissant et miséricordieux, mais lorsque ses lèvres scellées ne purent plus qu’hurler le silence des damnés, qui donc se montra ainsi avec lui ?
La pitié, la bonté, au fond tout cela n’avait été rien d’autre que ses premiers mensonges, cette simple pensée le fit sourire. Comique, tout cela était comique… Quelqu’un, quelque chose, avait un jour arraché ce feu sacré qui, depuis toujours, brûlait là, près du cœur. Ne restait alors rien d’autre qu’un organe vide dont les battements résonnaient en un écho douloureux, inaudible, incompréhensible…

Oui le monde est plein de couleurs, comme nos mots. Ce sont nos gestes qui sont noirs et blancs, et que font les couleurs, Uriel ? Elles s’offrent à nos yeux mais ne sauvent pas, ce ne sont que des couleurs, rien d’autre… On les trouve belles, on les trouve laides… et alors ? Regarde le ciel, que vois-tu ? Qu’il est bleu…. Moi je vois autre chose

A pas lents, Daniel se rapprocha de son aîné. Son visage était pâle, fermé, comme voilé par quelque maladie.

Je vois le rêve des hommes, celui de voler, je vois ce bleu que les femmes portent dans leurs yeux, je vois le ciel meurtrier, je vois le souvenir d’un endroit que j’appelais « chez moi ». Mais tu ne comprends pas, pas vrai ? Je ne sais même pas si tu m’écoutes, je ne me rappelle pas la dernière fois que quelqu’un m’a écouté à vrai dire. Parce que je ne sais pas appeler à l’aide, je n’ai jamais su. Tu comprends, on ne me l’a jamais appris, et comment peut on survivre alors sans ce savoir ? On peut pas, je ne suis qu’un ange, peut être aurais-je du mourir il y a bien longtemps, oui peut être….

Que fallait-il faire, rire ou pleurer ? Daniel n’avait été rien d’autre que l’ange des mots, alors il parla. Cela était son seul savoir…

Je me rappelle d’un poète il y a longtemps, je l’aidais à trouver l’inspiration à travers ses délires. Un humain, un simple humain mais le monde qu’il voyait, n’était pas celui qu’il fallait. Un fou, un chiot, un enfant, un adolescent, rien de plus qu’un adolescent. A chaque lettre il donnait une colère, alors ses poèmes se faisaient peintures, il vécut de passion et de révoltes et mourut jeune, seul, gâché… C’est le prix des mots, c’est ce que nous offrons aux hommes pour la couleur et la beauté. Nous ne sommes que des bêtes.

Et puis la question, celle qu’il ne redoutait plus. Daniel cessa alors d’être son propre ennemi, lui qui n’avait jamais eu le moindre espoir en la solitude.

Gabriel ? Je l’ai rejeté…

Mots rouge sang, rouge colère, vert désespéré d’une dispute et bleu terni de rêves effacés, telle était sa phrase et qu’importe alors qu’Uriel l’attaque. Daniel éclata de rire, plein de mépris soudain envers ses aînés.
Ce n’était pas son destin d’être sauvé…
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There was child that I once knew Vide
MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime17.11.12 11:31

- Tu vois le monde comme un enfant en colère contre sa mère. Tu t'obstines car tu ne sais rien faire d'autre.

Uriel le Sage. Uriel le Lettré. Uriel le Cultivé. Uriel, celui qui ne sait pas mentir, au détriment même du cœur des autres, au détriment de leurs bien-être et amour-propre. Lui regarde ce ciel et à l'inverse de ce qu'affirmait Daniel, y voit bien plus qu'un simple bleu. Pour autant, jamais il n'y verrait les mêmes choses que lui. Il y voit quelqu'un chose qui ne peut se retranscrire en mots, quelque chose que jamais personne ne pourra expliquer par le langage, quelque chose qui se ressent au plus profond de soi, quelque chose que l'on sent sans le sentir, qui est là sans être là. Alors il ne peut guère contredire Daniel. Et ne peut guère lui faire comprendre cette vision du ciel qui le soulagerait pourtant de bien des maux. Telle Cassandre la Pythie qui sait qu'elle ne sera jamais crue.

Uriel, qui pas un seul instant n'avait quitté ce Bleu des yeux, se tourna vers l'autre ange. Était-ce de la fatigue que l'on pouvait lire dans le regard de l'archange ? De la fatigue las et meurtrie devant une telle montagne de mépris et de cynisme amer. L'entêtement de Daniel l'épuisait malgré lui.

- Pense-tu que je sois ici, à tes cotés, pour te faire du mal ?

Étrange question qui n'était en rien un appel à de longs discours introspectifs et chargés de venin sur le sempiternel débat concernant le fait que même inconsciemment, les Hommes existent pour faire souffrir les Autres. Au contraire, elle contenait une candeur fortuite, cette innocence propre à ceux qui, comme lui, ne faisait pas partit du Monde et de son grand scénario.

- Ton monde à toi ne contient peut-être pas de couleurs, mais c'est simplement que tu es trop lâche et effrayé pour accepter de les voir. Tu rejette les gens qui te tendent la main. Tu rejette Gabriel. Que ton choix soit respecté.

L'archange finit par s'avancer de quelques pas, s'asseyant sur la plus haute marche du parvis de cette pauvre église bien malmenée. La chaleur du soleil était ténue et agréable.

- A l'inverse de tout mes frères, je ne suis Rien. Je ne suis qu'un simple observateur sans jugement. Je ne peux pas te sauver, je ne peux pas te tuer. Alors si tu souhaite continuer à déverser ta colère sur un être tel que moi, à ta guise, mais ce n'est rien de plus qu'une perte d'énergie et de temps.

Après tout, c'était comme vilipender un mur. Stérile et inutile action. Pour autant, Uriel pouvait faire une chose. Une unique autre chose. Il tapota nonchalamment la place à coté de lui.

- En revanche, je peux écouter.

Pas juste tendre l'oreille, comme savaient le faire le reste du monde. Non. Vraiment écouter. Écouter le cœur des gens, leurs doutes, leurs joies, leurs peines, leur anxiété, leurs désirs, leurs paroles, leurs actes, leurs pensées. Il écoutait avec attention, sans jamais rien faire d'autre, ce qui était peut-être plus que n'importe qui.
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MessageSujet: Re: There was child that I once knew   There was child that I once knew Icon_minitime

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There was child that I once knew

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