La nuit est tombée depuis un moment maintenant. Assis sur un vieux canap' pas net qui en a vu passer plus d'un et sans aucun doute plus d'une. Tu trépignes d'impatience. Ce soir, vous allez vous la mettre. Encore une fois. Tu lances un regard complice à ton compagnon à qui tu décoches un coup de coude bourrin.

« Allez mec, un dernier et on bouge ! » Ta pupille est déjà bien dilatée pour un début de soirée. Ton cerveau un peu long, même si comme ça on dirait pas. Tu piques les feuilles de ton comparse et tu sors ton herbe. Pour une fois, c'est toi qui régales. Pas que tu sois radin, mais ... En faite, si un peu. Tu roules machinalement sans vraiment regarder ce que tu fais alors que ton pote commence déjà à disjoncter à côté.

« Putain ouais ! Une et après ... A NOUS LES NIBARDS ! » Tu rigoles un peu trop à sa blague. Un peu touché, puis tu es bon public. T'amènes le joint à ta bouche, fait cliquer le briquet et inspires plusieurs petites bouffées pour être certain de bien allumer votre petit joujou. Tu lui tends le joint alors que la fumée brûle tes poumons. Tu souris comme un idiot et expires le tout. Les yeux fermés, approbateurs.

« T'me prêtes ton canap' ce soir ? » Tu le regardes avec un grand sourire. « J'aime t'entendre baiser, mec. » Et là t'exploses de rire. Ton ventre te fait mal. Tu pourrais en pleurer. T'es vraiment con, il a failli s'étouffer sous le choc.

« Gros con, t'en choppes une et tu dors chez elle. » Il prend une bouffée. « Tu vas m'la rendre moelle, si tu squattes maintenant ! » Comme si c'était possible. Après tout, Joe est le plus gros chien que tu connaisses. Toujours à l'affût du moindre nichon qui passe. Tu l'imagines mal bloquer à cause de toi, après tout ce que vous avez déjà fait. Tu récupères ton joint, fourres le bout sur le bord de ta narine pendant que d'un doigt, tu pinces l'autre. Et là, t'aspires comme un dingue. La fumée te brûle la narine, puis la gorge avant de ressortir entre tes lèvres. Tu lui redonnes. Ca y est, t'es bien. Ta tête tourne légèrement c'était ta dernière. Pour le moment.


« Finis-le, j'vais me donner un coup vite fait. » Tu te lèves doucement, faut pas trop te secouer. Et te casses dans la salle de bain. Tu recoiffes légèrement ta mèche, te donne un bon coup de déo histoire d'atténuer cette odeur de tabac et d'herbe qui te colle à la peau. Et c'est parti. Direction la débauche. Vous marchez d'un pas lent, riant aux éclats. Vous avez déjà chaud. Ta veste et ton marcel noir te suffisent, malgré la fraîcheur de la nuit. Même le vent qui s'insinue vicieusement à travers ton jean usé ne te fait pas broncher. Vous êtes déjà arrivé devant la porte de votre bar fétiche qui grince à votre entrée. L'ambiance à l'air d'être au rendez-vous. Les gens se divertissent autour d'un spectacle qui n'est pas si rare ici. A quelques détails près. Cette rouquine et ce gars. Ce gars lamentablement étalé sur le comptoir du bar. Tu donnes un petit coup amusé à ton pote. Ces scènes-là sont généralement exclusivement à base de testostérone. Elle a des couilles. Joe lui a déjà abandonné le spectacle à la recherche d'une meuf - un peu moins sauvage que celle-là. T'aurais dû faire la même chose, te trouver un groupe de fille à aborder à deux. Pourtant, tu la regardes encore. Elle se retourne pour affliger le coup de grâce à sa victime. L'ultime honte.

Tu perds ton sourire. Ton cerveau bloque et non ce n'est pas à cause de toute l'herbe que tu viens de te fumer. Ces lèvres rouges carmins, ces yeux soulignés d'un trait trop sombre. Cette tignasse bouclée aux reflets si vif. Cette attitude si farouche. Ca fait si longtemps. Trop longtemps. Tu n'as jamais eu une bonne mémoire alors pourquoi tu t'en rappelles si bien ? Comment t'as pu la reconnaître du premier coup avec toute la drogue qui alterne ta vision. C'était peut-être qu'une illusion. Tu sais, un de ses bads trips que tu peux te taper des fois. Même si celui-là ce serait tout sauf bad. Tu donnes une petite tape sur l'épaule à ton pote et l'abandonne. Tu te diriges d'un pas assuré vers le bar. Les lèvres - de nouveau - étirées dans une expression béate. Les gens rient aux éclats et toi, tu jubiles. Tu t'assois sur le tabouret libre qui devait visiblement appartenir à la jeune femme.


« Un double whisky,  s'il vous plaît. » Tu te tournes immédiatement vers elle. Elle est encore de dos, sa bouche vermeille embrassant goulûment le culot de la bouteille de vodka. Tu te dis qu'elle n'a pas vraiment changé et ça te rend nostalgique. Peut-être un peu grandi, ses jeux ont évolués aussi. Des applaudissements se font entendre malgré le boum boum retentissant de la sono. Tu saisis son verre libre, alors qu'on vient de te servir le tien.   Elle se retourne désireuse de récupérer sa place. Et avant même qu'elle ne puisse réagir, tu lui tends sa boisson d'un air nonchalant appuyé contre le bar.


« Ton verre. » Tu plantes ton regard dans le sien. T'es pas sûr qu'elle te reconnaisse, ça fait un moment et faut avouer que tu as quelque peu changé entre temps. Tu te décales légèrement de façon à prendre ce qui t'appartient.

«  Plutôt du genre brutal, hein ?  » Et tu te retiens de ne pas troquer le plutôt pour un toujours. Désireux de ne rien laisser échapper, si jamais elle ne te reconnait pas. « Fais gaffe, tu risques d'en exciter plus d'un comme ça. » Tu lui fais un clin d'oeil et bois une gorgée, sans jamais la quitter.
 

   Aucune réponse. Elle te regarde visiblement surprise, interloquée. Alors, tu doutes. Elle t'a reconnu ? Putain, non. Pas possible. T'as pris facile 30 cm, presque autant de kilo. Tu es passé du rebelle chétif au bad boy. Non, elle ne peut pas. Tu réfléchis, un peu trop là ce n'est pas bon pour toi. Elle s'avance, t'inspires. Tu ne la lâches pas du regard, tu te fais violence parce que manque de rien ta Maxi a bien grandi. Et son jolie décolletée te fait de l'oeil maintenant qu'elle te fait face. Tu ne laisses rien paraître, tu n'es pas à ton premier coup. Son verre rejoint le tien dans un cliquetis strident qui attire ton attention. Elle bouge encore. Tu laisses glisser ta vue sur tes genoux pour apprécier la distance qui vous sépare. Elle est toute proche, encore un peu et tu pourras sentir son parfum. Allez rapproche-toi juste un peu, il n'attend que ça le pauvre. Tu la dévisages. Tu lorgnes sur ses deux lèvres carmins charnues. Ces deux lèvres qui t'ont fait rêver tant de fois et qui continueront encore. Un mordillement. T'as chaud d'un coup, sûrement cette première gorgée. Il t'en faut un peu plus à toi, hein ? Mais faut avouer que c'est terriblement sexy, surtout lorsque cela vient d'elle. Et merde. T'as l'impression de revenir 10 ans en arrière. Sauf qu'aujourd'hui tu mènes la danse, du moins tu le crois. Tu te crispes. Ses doigts glissent le long de ta cuisse dans une torture insupportable. Tu serres les mâchoires, elle ne te regarde pas tant mieux. Ton souffle s’accélère. Elle a grandi, trop ou alors elle ne t'avait juste jamais montré ses talents. Tu tournes la tête pour boire. Boire pour te calmer, ouais t'en a besoin là.  Un bonne gorgée, une bonne brûlure histoire de bien te réveiller.

   T'inspires pour te reprendre. Et tu reportes ton regard brûlant sur elle. Dans ces deux petites billes troublées qui te dévisagent. Un sourire. Tu déglutis, tu le connais trop bien. Et tu n'es pas certain de le trouver rassurant dans l'immédiat. Elle se rapproche. Ah ca y est, tu la sens. Cette odeur fruité légèrement alcoolisé. C'est si bon, ta gorge se serre.  

   « Suis-moi ».  Un chuchotement. Une voix délicate et un peu trop chaude. Tu mordilles ta lèvre, alors que la belle attrape déjà ta ceinture. C'est qu'elle ne rigole plus, tu vas devoir monter le niveau toi aussi Harl' si tu veux pas te faire prendre. Tu te lèves un peu forcé, termines ton verre cul sec. Il serait bien dommage d'en perdre une goutte et gentiment tu la suis. Tu n'es pas un super danseur, juste de quoi chauffer les filles que tu veux chopper en généralement. Son corps se colle au tient se déhanchant légèrement. Tu te mords franchement la lèvre, tes yeux s'évadent. Dévale la cascade de ses cheveux pour tomber sur sa croupe incendiaire collé à ton bassin. T'as la tête en vrac. Tu remontes détaillant cette cambrure. Qui putain pourrait te remuer le bas ventre du coup. Tu frissonnes. Tu remontes, son dos découvert. Sa main passe derrière, ta nuque et tu te sens légèrement défaillir. Tu le sens monter ce désir incandescent. Max t'allume et toi tu la veux. Tu voudrais bien la prendre sans te soucier de rien comme, tu le fais habituellement. Tu rapproches ton visage de son cou, lançant un regard menaçant au mec  à qui elle venait de prendre la clope. Histoire de refroidir ses ardeurs, si jamais il pense avoir des chances. Parce que ce soir, Max est à toi. Tu la laisses volontiers guider ta main de ses hanches jusqu'à son ventre. Tu souris. Allez, lâches toi.  Tu raffermis ta prise la collant un peu plus contre ton corps. Tu suis son déhanché. Du bout du nez, tu dégages les quelques mèches de cheveux qui sont sur sa nuque. Remontant lentement le long de son oreille. T'aurais pu lui susurrer quelques mots. Doucement, suavement pour la faire frissonner. Mais elle se retourne, ta main passe sur ses hanches pour venir flatter le creux de ses reins. Sur cette cambrure sur laquelle tu bavais quelques minutes avant.

   « J’ai déjà vu ses yeux.. Non ? » Tu regardes. Tu profites de ce corps contre le tien. De ce décolleté trop grand. Tentant. Tu lui lances un sourire amusé, taquin. Tu hausses les sourcils, rapprochant un peu plus ton visage pour laisser vos souffle se mélanger, tu n'es qu'à quelques centimètre et la tentation est grande. La musique accélère, t'augmente la cadence de votre danse. Tu laisses ta deuxième rejoindre la première, pour finalement la faire lentement remonter caressant du bout des doigts sa peau nue. Tu fourres tes doigts dans sa tignasse rousse. Et t'arrêtes. Ton regard s'ancre dans le sien. Chaud, bouillant. Tu te mordilles légèrement la lèvre. Puis tu reprends, le bout de ton nez frôle le sien. Ta main passe sur sa joue pour venir dégager son oreille. Tu rigoles. Tu joues toi aussi. Même si tu dois te brûler. Ta bouche passe à quelques centimètre de la sienne avant de se diriger vers son lobe libre.

   « Peut-être bien. » Un murmure. Une susurration rauque, chancelante. « Cherche la réponse par toi même. »Tu te recules reportant recroisant son regard. T'inclines légèrement la tête chopant une de ses mèches de cheveux entre tes doigts, jouant légèrement avant de te rapprocher. Tes mouvements se font plus amples, la danse devient plus intense. Tes hanches se moulent aux siennes. Ton cœur défaille légèrement aux rythmes de la   musique.

   «  Je te répondrai, si je craque ... »  Tu lui lances, un sourire taquin. Un défi. Comme elle pouvait le faire avant avec Dean. Tu culpabilises légèrement. T'as cette impression de profiter de la mauvaise personne.  

La tension entre vos deux corps est palpable, magnanime. Tiraillante. Tout le monde l'a remarqué, t'as qu'à voir le regard que certains te lancent. Ils rêveraient de te voir disparaître, de se hisser à ta place. Une pression sur ta veste. Tu le sais ce soir, c'est toi ou personne. Inconsciemment, elle te le fait comprendre. Tu la grises, autant qu'elle te chamboule. T'en es presque sûr. Tu la guides dans cette douce tourmente mutuelle qu'elle accentue. Elle rigole. Un rire frais, éclatant. Inchangé. Ses bras se lovent dans ta nuque. Tu fermes les yeux alors que son nez se perd dans ta masse de cheveux légèrement plus vive que la sienne. Ses lèvres sur ton cou, une volée de petits baisers mouillés qui t'échaudent. Tu fronces légèrement le nez, le regard dans le vide alors que de légers frissons te parcourent l'échine au fur et à mesure qu'elle remonte. Ta lèvre souffre sous le coup de tes dents. Tentative pour faire redescendre, atténuer les sensations qui t'engourdissent l'oreille. Là de suite. Elle t'aguiche, comme pour te faire payer ce jeu malsain que tu viens d'entamer.

  « J'adore les défis. » Tu le sais déjà ça. Bien trop. Et tu te rends compte que tu viens certainement de faire une connerie. Que jamais tu ne sortiras vainqueur de ce petit jeu. Parce que Max est une joueuse. Un battante qui n'abandonne pas. Tu peux compter sur les doigts d'une main les victoires de ton frère lors de leurs défis. Un souffle chaud contre toi. T'entrouvre légèrement la bouche. Tu regardes son corps basculer légèrement en arrière pour descendre. La pupille dilatée, fixe tu réfléchis. Avoues, t'as jamais eu l'intention de gagner. Le moment venu, celui qui te semblera le plus propice. Une fois que vos deux corps seront épuisés sous la frustration. Qu'ils seront tendus, assaillis de sueurs froides sous l'effet d'un désir ardent. Tu craqueras volontiers, laissant croire à ta belle que tu n'as pas tenu. Que rien de ceci n'était prévu. Tes mains bougent sans ton accord, tu redescends. Une nouvelle fois, elle te tire. Titillant d'un pouce la peau sensible de ton bas ventre. L'échine tremble, tu accélérés le pas pour être tout près. Elle t'agrippe le haut et te mène entre ses jambes. Une place que tu comptes bien prendre tôt ou tard.

  « J'ai envie d'un Tec'taff. Pas toi ? » Tu rigoles légèrement. Poses machinalement tes mains sur ses cuisses avec une légère pression exercée par ton poids.

  « Si tu offres, pourquoi pas. » Un sourire éclatant. Elle se cambre outrageusement contre le bar pour quémander vos boissons . Et toi tu ne te gènes pas pour regarder la courbe délicate. Somptueuse qui s'étire devant tes yeux gourmands. Les shoots sont arrivés. Sa main retrouve ton contact, alors que ses yeux s'ancrent dans les tiens sans l'once d'une hésitation maintenant. Provocante. Tentatrice.
«« Le premier, je choisis ton cou. » Elle humidifie la zone, tu te crispes légèrement baissant le regard jusqu'à son jean troué. Tout d'un coup fasciné par les morceaux de peau qui apparaissent. Docile, tu coinces le quartier entre tes dents. Puis de nouveau, tu renoues un contact visuel. Brûlant.

 « A la tienne » Tu coinces ta respiration , alors qu'avec une lenteur exagérée elle récupère chaque grain de sel de son muscle humide. Tes doigts glissent sur son jean pour venir se poser sur le trou que tu observais quelques secondes plus tôt. Juste au milieu de sa cuisse. A l'unisson avec son petit manège, tu t'immisces à l'intérieur venant caresser d'un geste lent et précis sa peau douce. Elle s'arrête toi non, bois son cul sec et vient finalement récupérer le morceau de fruit que tu gardes gracieusement entre tes dents. Ses yeux se ferment, tu fronces les sourcils. Elle lèche, suçote sans jamais toucher tes babines. Tu commences à perdre le contrôle. Non pas déjà, tu sers un peu plus les dents alors que ton doigt jusqu'à présent joueur vient tirer légèrement sur le tissu. Te retenant de ne pas le déchirer franchement pour laisser apparaître ses jolies jambes. T'as chaud, trop. Tu sens ton ventre se nouer sous l'excitation du spectacle qui s'offre à toi. Elle se recule. Un peu trop fière pour toi.

« Allez mon grand... Je suis toute à toi. » Tu le sais déjà, ça. Tu regrettes juste de ne pas avoir eu le premier shoot. Quelle option te reste-t-il maintenant ? Tu n'iras pas jouer sur le même terrain qu'elle, un peu d'originalité. Le décolleté. Tu le regardes rapidement. Tentant, mais non. Trop vulgaire, trop prévisible pour un mec. Plus tard. Tu lui lances un sourire. Tes mains glissent vers le haut de ses cuisses pour redescendre lentement. Ton pousse vient se loger vers l'intérieur. Tu t'arrêtes juste avant ses genoux, écartent ses jambes pour qu'elle te libère.


 « Va falloir se tourner, ma petite alors. » Tu lui lances un regard équivoque. Puis l'oblige à se tourner totalement vers le bar, de façon à ce que tu puisses te retrouver complètement derrière elle. Ton index vient retracer le chemin qu'il suivait lorsque tu étais sur la piste, remontant dans son dos nu. Tu viens coller ton torse contre elle et te penche par-dessus son épaule l'obligeant à s'incliner sous ton poids. Tu choppes le citron que tu viens, toi aussi mettre entre ses lèvres. Ne lui faisant tenir qu'un petit bout de celui-ci. Puis toujours aussi proche, tu viens susurrer dans son oreille.

 «C'est ma position préférée. La levrette.» Tu mordilles légèrement son cartilage avant de te redresser, sans te décoller. Tu réunis ses cheveux dans une queue de cheval improvisée et les soulèves de façon à découvrir totalement l'arrière de sa nuque. T'y fais glisser le bout de ton nez avant d'y faire parcourir ta langue. Ton souffle est chaud, suffocant. Tu fermes les yeux inspirant une bouffée de son parfum. Puis te recules pour mettre le sel. Ta main droite se pose sur son épaule déoilée avant de venir récupérer le shooter. T'approches tes lèvres laissant la chaleur de ta respiration s'écraser sur l'humidité de sa peau. Quelques secondes, qui te paraissent longues. Interminables, mais qui t'espère la tue encore plus. Puis tu mets fin au supplice en venant lécher du bout de ta langue le sel traçant quelques sillons imaginaires. Le goût de sa peau mélangé au sel te fait vibrer. Tu te redresses vite, lâches ses cheveux. Tu effectues ton cul sec ignorant le goût atroce de l'alcool. Pendant ce temps, ta main passe de l'arrière de sa nuque vers l'avant. Ton index et ton pouce encadrant son visage, tu te colles un peu plus et lui fait tourner la tête vers toi. Ton nez effleure le sien et délicatement, avec une lenteur excessive tu viens placer ta bouche, la faisant glisser le long du citron . Tu te stoppes à quelques millimètres de ses lèvres. Du bout des dents, tu te saisis de celui-ci en profitant pour attraper malencontreusement sa lèvre inférieure. Tu recules, tes incisives éraflent gentiment sa lippe. Et tu te redresses, croquant férocement dans l'acidité du fruit. Tu triches. Ce n'est pas du jeu, tu n'aurais pas dû faire ça. C'est un peu comme si tu avais déjà perdu Harl', tu sais.

« Oups, désolé pas volontaire. J'suis déjà un peu touché. » Tu hausses légèrement les épaules. Menteur. Tu reviens vers elle, pour tuer cette distance. Tu tires sur ton marcel, laissant apparaître un début de torse et lui lance un regard un peu trop intense.

« A toi baby, mon corps t'attend. » Et tu balances un baiser dans l'vide. Histoire de bien ponctuer ta phrase de chaudasse.

Ses bras autour de taille et ce silence trop long te laissent présager le pire. L'ambiance a changé, vous n'êtes plus dans le petit acte sensuel auquel vous vous donniez quelques instants plus tôt. Tu le sais, tu le sens.

« Je peux pas continuer Pretty’Boy. Pas comme ça. » D'une simple phrase, elle sonne le glas de votre jeu sans fond. De ta mascarade enfantine. Tes paupières se closent quelques instants, tu regrettes. Ça t'allait bien toi, tout cela. Même si tu n'étais qu'un anonyme. T'aurais pu continuer comme ça, toute la nuit, jusqu'au petit matin puis tu lui aurais tout avoué. Un truc romantique. Tu lui aurais peut-être joué la sérénade comme autrefois, avec une de vos chansons fétiches en guise de réponse. Ou alors balancer ton vieux cahier à dessins où tu rangeais secrètement les croquis de ta muse. Arrête de rêver, Harl'. T'as rien d'un romantique, t'es certainement le pire des salops. Puis au fond, ça te soulage, non ? De croire que ta Maxi n'est pas du genre à se barrer avec le premier venu. Du moins, qu'apparemment tu n'es pas le premier venu. Alors, tu ne bronches pas, tu la regardes sagement déposer ses lèvres carmins sur ta main, glisser ses doigts entre les tiens et te guider vers l'extérieur.

Tu ne réfléchis plus. Tu bloques littéralement là. Un peu plus loin, tu reconnais vaguement Joe qui te fait signe, te proposant d'aller enfumer un peu plus vos poumons à coups d'herbes. T'as juste le temps de secouer la tête avant que la fraîcheur de la nuit ne t'enveloppe. Réveillant tes sens engourdis. Tu vas devoir lui dire maintenant. Et d'un coup, tu ne sais plus. Tu commences à douter. Douter de sa réaction, du souvenir que t'as pu lui laisser. De ce qui se passera une fois que tu lui auras révélé. Tu soupires légèrement pour te soulager. Tu passes ta main dans tes cheveux trempes retenant ta tête qui commence à tourner sous l'effet de l'alcool. Tu te détends alors que tu commences à choper une clope dans l'une des poches de ton pantalon que tu cales entre tes lèvres.

Cling. Cling. Le feu peine à s'allumer sous l'humidité ambiante, après quelques essais ta cigarette prend finalement vie. Tu inhales une grande bouffée, alors que de tes yeux vicieux tu dévores le corps pulpeux qui tournoie devant toi. Tu la détailles un peu trop, son tee-shirt lui colle à la peau. Ses cheveux retombent sur ses épaules dans une cascade irrégulière. Ses yeux cerclés d'un noir qui coule lentement le long de ses joues faisant ressortir un peu plus la beauté de ses iris.

« Je crois qu’il faut que tu me dises la vérité. J’ai trop peur de faire tout foirer. Lorsque je regarde, je sais, je le sens, t’es pas un simple passant. Ça se lit dans tes yeux depuis ton premier sourire. Au début, je trouvais ça amusant mais maintenant je trouve ça flippant. Et j’peux pas profiter quand j’flippe… Et en même temps, j’ai cette drôle de sensation de pas vouloir te laisser filer…  Alors dis-moi. Qui es-tu ? »

Sa voix berce tes oreilles alors que tu la dévisages toujours. Nostalgique, de cette époque qu'était la votre. Tu ricanes légèrement, l'espace d'un instant t'es vraiment redevenu le gamin paumé que t'étais autrefois, hein ? T'entrouvres légèrement la bouche laissant l'épaisse fumée remonter le long de ton visage cachant tes yeux.

« Et si de savoir faisait tout foirer ? » Tu la scrutes avec un peu trop d'intensité pour appuyer tes derniers mots. Tu quittes ton petit coin pour la rejoindre au centre de l'espace fumeur. Les mains dans les poches, le mégot au bec. Tu brûles les quelques mètres qui vous séparent jusqu'à sentir la chaleur de son corps près du tien. Tu frémis sous la proximité, sous le contraste grisant de l'eau froide qui vient calmer les ardeurs qu'elle anime en toi. Tes pupilles un peu trop dilatées s'ancrent dans les siennes, plus sérieux que jamais. Tu balances ta clope au loin. Lentement, tu laisses glisser ta main le long de son visage. Le temps semble s'être arrêté, tu ne la quittes pas alors que tu remontes jusqu'à sa joue. Tu poses délicatement ton front contre le sien laissant vos souffles s'entrechoquer. Un léger ricanement secoue ta carcasse. Enfantin et sincère. Ton pouce glisse sur sa peau froide essuyant une traînée de noir au passage.


« T'sais quand j'te vois comme ça, les yeux dégoulinant de khôl noir ... J'me dis que t'as pas vraiment changé. »  Tu fais une pause, laissant un sourire taquin étirer tes lèvres avant de reprendre d'une voix douce. « A l'époque, c'était pareil. Quand t'étais gamine, à chaque fois qu'on regardait l'un de ses vieux films dramatiques, tu finissais toujours par pleurer et finir avec le maquillage complètement foutu. »

Tu te mords légèrement la lèvre. Le coeur battant furieusement à tes tempes, t'as l'esprit en vrac. Tu l'as dit. Presque totalement, elle devrait déjà avoir compris non ? Alors, t'as peur. Malgré l'alcool qui afflue dans tes veines, malgré le shit qui te brouille l'esprit. Tu la sens quand même monter dans le creux de ton ventre. Tu détournes la tête coupant tout contact visuel. Tu ne veux pas qu'elle voit. Parce que tu ne sais pas ce qu'elle pourrait y trouver là de suite. Puis tu ne veux pas voir, toi non plus. Tu fais glisser ta tête jusqu'à son oreille avant de reprendre.

« J'pouvais pas te faire suer comme Dean, mais j'étais le seul qui pouvait te faire chialer comme une madeleine hein ? » Tu fermes les yeux quelques instants, pour mieux sentir la pluie sur ton visage. Pour mieux te calmer, reprendre ton assurance habituelle. Parce que non, putain harl'. T'es plus ce gamin qui hésitait devant elle. Tu te redresses pour lui refaire face avec un sourire plus large, sûr. Ta main migre de son visage à ses cheveux alors que l'autre vient fouiller dans ton jean à la recherche d'une dernière clope pour te détendre totalement.

«Alors, Moins flippé ? » Ton sourire s'évapore un peu. « Foiré ? » Et merde, t'as plus de clope.

T'es là comme un con à attendre, à espérer, à t'inquiéter. Tu attends simplement qu'elle annonce la sentence de cette rencontre ... Qu'elle mette fin à votre petit jeu. Tes yeux ne la quittent pas,. Tu observes inlassablement ces deux lèvres carmins que tu rêvais de goutter il y a quelques instants encore. Deux lèvres que tu souhaiterais maintenant voir se mouvoir, rompre ce silence rythmé par le battement de la pluie. Pas de nicotine, pour soulager le noeud qui tord maintenant ton estomac malgré ton semblant d'assurance. Tu te sens mal, ce n'est pas souvent que cela t'arrive. D'habitude, c'est toi qui jette. D'habitude, il n'y a pas de signification, pas d'importance. D'habitude ce ne sont que des filles sans intérêt, dont le souvenir t'échappe souvent. Et là, tu le sens qu'il y a bien plus. Peut-être à cause de l'herbe qui te joue un bad trip ou alors à cause d'elle. Max, ta Maxie. Celle qui a bercé tes nuits d'adolescent amoureux dans des rêves tous plus inavouables les uns que les autres. Ta main se fait plus pressante dans sa chevelure alors que des traînés ambrées s'ajoutent aux traces de maquillage. Tu souris. Soulagé. Heureux. Enfin apaisé quand tu sens l'étau de ses bras se resserrer sur toi, tu pourrais juste arrêter le temps. Rester comme ça une éternité, juste vous deux. Ton autre bras vient encercler jalousement la taille de ta rouquine. Impatient de la sentir, enfin comme autrefois. Même si actuellement, tout te semble bien plus intense. Tu saignes un peu plus ta lèvre de tes dents. La chaleur de son corps contre le tien t'arrache quelques frissons. Un contraste trop saisissant comparé à la fraîcheur de la nuit, de vos vêtements humides.

« Bordel, tu m’as manqué »

Sa voix au creux de ton oreille, ses lèvres sur ton cou dans une nuée de petits baisers. Tes yeux se ferment alors que ton esprit commence à divaguer. Tu les as attendues, ces retrouvailles, tu les as imaginées sans jamais y croire. Sans jamais les voir venir, un tas de scénarios bien loin de la réalité . Un sourire idiot se dessine sur tes lèvres. T'es soulagé tout simplement. De lui avoir dit, de ne pas t'être contenter d'être l'inconnu du soir. Parce que tu le sais maintenant, ça n'aurait pas été pareil. Tu pourrais lui dire qu'à toi aussi, elle t'a manqué. Atrocement même. Pourtant, tu te tais, ça te semble tellement évident. Il n'y a qu'à voir ton regard fiévreux qui la scrute, tes mains qui se cramponnent à elle, possessives. Et ton souffle court, vos souffles qui s'entremêlent à tant faire perdre la tête. Là de suite, tu n'es qu'un gamin impatient à qui elle fait tourner la tête.

« C’est que t’as grandi toi. »

Heureusement. Sinon, elle ne serait peut-être pas là trempée jusqu'aux os à t'enlacer. A titiller tes lèvres du bout des dents dans un supplice presque insoutenable. Et elle rit, elle se joue de toi. Elle te fait patienter encore quelques secondes. D'infimes secondes comparé à tes années d'attente. Des secondes qui te paraissent interminables. Ton coeur tambourine dans ta poitrine, d'excitation, d'impatience. Puis, ça y est. Ses lèvres contre les tiennes, vos souffles qui s'entremêlent au rythme de votre baiser. Les paupières closes, tu t'enivres de ce contact salvateur. De cet échange dans lequel tu transmets une tendresse un peu bourru, une douceur particulière due à l'alcool qui pulse dans tes veines. Ta tête tourne, t'arrive plus à réfléchir. Ça y est, t'as foutu en l'air tes deux derniers neurones. Enfin, elle. Ta main remonte le long de son dos pour se caler dans le creux de ses omoplates alors que des doigts se presse avec envie sur sa peau chaude. Ton front se colle au sien rompant le contact de vos lippes. Une pause, juste pour ne pas dérayer. Pour ne pas la plaquer là contre un mur et la prendre là tout de suite.

« J'suis pas le seul ... » Un murmure rauque, alors que lentement tu rouvres les yeux pour mieux l'observer de ton regard brûlant d'un désir incandescent. T'observe son minois rougissant, la naissance de ses épaules nues, son tee-shirt trempe qui lui colle à la peau à t'en retourner les reins. Un sourire étire tes lèvres alors que tu la serres un peu plus à la recherche de la chaleur de son corps. C'est beau, hein Harl' ? T'as l'impression d'être le héros d'un vieux film romantique. Vous deux sous cette pluie battante et ce baiser. Comme si rien ne comptait. Vous auriez pu obtenir un oscar dans à autre époque, tu le raconteras aux gamines que tu croiseras plus tard. Histoire de faire rêver les petites pucelles d'un amour qui n'arrive qu'une fois. Alors, tu peux pas t'empêcher de le sortir.

«  Ahaha, c'est beau … On s'croirait dans un film. » T'aurais très bien pu te taire que ça n'aurait pas changé chose. Tu te mordilles légèrement la lèvre, alors que ta main quitte ses cheveux pour venir tout contre sa joue dessinant du pouce les courbes de sa mâchoire. Et doucement tu viens effleurer le bout de ses lèvres des tiennes, une simple caresse sans aller plus loin. Tu te retiens comme tu peux, parce que tu sais que sinon tu ne t'arrêteras pas. Que l'endroit ne convient plus à tes envies. A chaque frôlement, tu sens comme une décharge électrique te traverser de part en part. Et ça va finir par te tuer, cette satané puce va rendre l'âme une bonne fois pour toute cette fois-ci. Mais ça te va, cette mort tu pourrais en rêver. Mourir sur ses lèvres, ah voilà que tu deviens romantique. Un petit rire secoue ta carcasse alors que le bout de ta langue vient glisser sur sa lèvre inférieure avant que tu ne reprennes.

«  Mais, on devrait rentrer sinon on va chopper la mort. »

Une simple proposition.
Histoire de se perdre pour de bon.

« Je suis toute à toi, Harley. Kidnappes-moi. »

« Attends… Faut qu’on fasse ça bien. »

Tu ne comprends pas vraiment ses mots, pour toi vous le faites déjà bien non ? Alors, tu fronces légèrement les sourcils en voyant ce sourire malicieux qui étire ses lèvres. Ce sourire qui te garantit quelques surprises, tu ne le connais que trop bien. Et tu l'adores littéralement. Alors, comme un de ces virus à la con, il te contamine. Et tu retrouves toi aussi avec un air béat collé au visage, sans savoir pourquoi. Tu n'arrives pas vraiment à comprendre, tu te contentes de frissonner involontairement à la disparition de sa chaleur tout contre toi. De son corps près du tien, qui semble laisser un vide. T'aimerais la ramener vers toi, l'empêcher de s'éloigner encore et encore. Pourtant, tu ne fais rien. Tu te contentes d'observer le moindre de ses mouvements, parce que tu sais qu'elle reviendra. T'as confiance, après tout vous avez bien réussi à vous retrouver après toutes ces années. Elle se mord la lèvre. Tu fais de même dans un mimétisme presque parfait. Puis, elle s'élance. Des pas rapide vers toi. Tu restes quelques secondes immobile , à la ramasse. L'émotion, l'alcool et les joints ont carrément foutu ton cerveau en l'air. T'es au ralentit, il te faut quelques secondes pour comprendre. Pour réaliser que cette scène ne t'es pas totalement inconnu, qu'elle a un goût de déjà vu. Ton sourire s'élargit alors que tes bras s'écartent pour accueillir convenablement la masse rousse qui se jette à ton cou. Tu la tiens fermement contre toi et vous tournoyer comme deux gamins bercé par ton rire. Votre euphorie. Ses jambes encerclent ta taille et machinalement tu viens poser tes mains sous son postérieur pour la maintenir à ta hauteur.

« Je suis toute à toi, Harley. Kidnappes-moi. »

Tu t'arrêtes et fermes les yeux. T'as la tête qui tourne te donnant cette impression enivrante de tituber sur place, de flotter sur un petit nuage - ce qui pourrait être le cas ce soir. Tu attends quelques secondes que les sensations disparaissent pour enfin replonger ton regard dans ces deux petites mirettes teintées de malice. Tu sens son souffle contre tes lèvres qui te démangent. Tu colles ton front contre le sien avant de déposer un délicat baiser sur cette bouche qui t'a hanté bien trop souvent.

«  C'est bien ce que j'avais l'intention de faire, Max. » Le regard assombri, tu laisses glisser le bout de ton nez le long de sa mâchoire dans une caresse d'une lenteur exagérée. Avant d'arriver à son oreille pour y murmurer d'une voix rauque presque soupirante quelques mots. «  Avec ou sans ton accord. »

Tu pourrais rester une éternité à jouer à ce petit jeu. Tu pourrais lui balancer des répliques de films à l'eau de rose un peu cul-cul qui résumeraient parfaitement ce que tu ressens au fond. Mais, il pleut toujours. Tu sens toujours monté en toi l'envie de plus en plus pressante. Et t'as bien l'intention de garder - pour le moment - toutes ces conneries pour toi, histoire de ne pas virer dans le ridicule de suite. Alors, tu te contentes de raffermir ta prise et d'avancer avec Max toujours dans tes bras visiblement pas décider à la lâcher.

« Début du Kidnapping. » Lançes-tu enjouer en te dirigeant d'un pas sûr et décider vers la porte du bar que t'atteins rapidement. Un petit coup de hanche et vous voilà à l'intérieur. Une vague de chaleur déferle sur ta peau visiblement plus fraîche que tu ne le pensais. Tes mains remontent jusqu'à la taille de Max l'intimant à redescendre sur terre - à contre coeur - .

« Il va falloir descendre malheureusement. » Tu fais une petite mine boudeuse alors que ses pieds touchent finalement le sol. Tu inclines la tête en la regardant. Elle est belle, terriblement séduisante. Tes doigts passent dans sa tignasse humide avant de l'attirer pour échanger un nouveau baiser moins chaste que le précédent. Ca te brûle. Comme chacun de ses contacts. Tu ne veux plus attendre, tu ne veux plus jouer. Ca fait déjà trop longtemps. Tu t'éloignes, t'empares de ses doigts que t'entrelacent au tien avant de te diriger d'un pas décidé vers la sortie du bar ignorant les coups d'oeil interrogateur de Joe. Tu t'arrêtes avant d'ouvrir la porte pour te tourner légèrement vers ta belle avec un petit sourire.

« Maintenant que je te kidnappe, je te séquestre chez moi ou chez toi ? »