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 Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]

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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime22.07.14 22:39

Kling, boum, shlack, paw. Ce sont les onomatopées qui retentissaient -environ- toutes les deux secondes, tandis que je m'élançais tant bien que mal au travers des bidonvilles, ce tas de taudis encombrés de toutes sortes de déchets (obstacles insoupçonnés dans mon cas). J'ai senti, il y a cinq minutes, ma capuche retomber et dévoiler ma tête de rouquine paniquée. Mon cœur battait à cent à l'heure, tant et si bien que je me sentis vite obligée d'appliquer ma main gauche dessus, comme si ça pouvait me soulager d'une quelconque manière - en vérité, ressentir ces affreux battements saccadés me stressait encore plus. Mais le pire dans tout ça, c'est que j'avais un point de côté. Quelle horreur.

Quoi qu'il en soit, je courais, je volais même, m'improvisant athlète (la bonne blague). J'enjambais les obstacles, je sautais par dessus, j'avançais à grandes enjambées, haletante, suffocante, paniquant pour une raison absolument absurde. Si absurde que c'en était d'autant plus flippant. Si flippant que ça me faisait sourire. Ma vie est un tas d'emmerdes emboîtées les unes dans les autres.

Laissez-moi vous expliquer.

Ce matin, très tôt, Hedwige et moi nous sommes réveillées afin d'aller chercher (tout à fait illégalement) un peu de matériel informatique. Donc, on a enfilé des fringues bien lourdes, qui couvrent bien, on a pensé à la capuche, au cas où -n'oublions pas qu'on est un petit peu en fugue, quand même. Vu que l'une comme l'autre, nous avions toutes les deux déjà volé quelques objets dans les magasins, la « course » ne devait pas être un problème. C'est pour ça que je n'ai pas jugé nécessaire de réveiller Laksy pour si peu. Elle qui dormait si bien dans son petit panier en carton humide et déchiré. Joie de vivre dans un taudis. Joiiiie.

Oui mais voilà. Moi, je suis un aimant à conneries. Tout le monde le sait.

Du coup, au moment de sortir du magasin, il s'est passé la chose la plus improbable du monde ; un client est passé et m'a heurtée, MOI, JUSTE MOI. Alors ma capuche est tombée, et comme Hedwige a sursauté, la sienne aussi.

Oui mais voilà ! Hedwige n'en a pas fini avec les flics, parce qu'elle faisait quand même partie d'un gang assez méchamment célèbre, et du coup ils ont rappliqué, et du coup on court.

Cool ma vie.

Passé un moment, j'ai commencé à bifurquer à droite, puis à gauche, puis encore à gauche, créant ainsi des zigzags incompréhensibles, essayant de semer mon potentiel poursuivant. J'avais perdu Hedwige de vue depuis un moement déjà. Hedwige, Hedwige, colocataire forcée : voilà une semaine que nous vivions ensemble, car elle avait décidé de m'épargner. Incroyable coup du destin, et ça me fait mal de le dire, mais je lui en suis plutôt bien reconnaissante. Néanmoins, durant cette semaine, je me suis aperçue de plusieurs choses chez ma compagne de fortune.

1 – Elle ne ronfle pas, bonne nouvelle.
2 – Elle n'est vraiment, vraiment pas patiente et s'énerve vite, c'est con, je suis d'un calme olympien.
3 – Elle aime pas quand je tape sur mon clavier et qu'elle essaie de dormir.
4 – C'est une putain de rageuse.
5 – Quand elle est mal lunée, faut pas l'embêter. Vraiment pas.

Sinon, l'intégration de cette humaine dans ma petite vie avec Laksy n'a pas trop dérangé ma chienne, qui était contente d'avoir une nouvelle personne à embêter. Je suppose que je vais finir par me faire au caractère un peu... Colérique d'Hedwige. De toute façon, c'est pas comme si j'avais le choix.

Je vire à droite, manquant de me ramasser de façon spectaculaire, et je tombe sur un taudis habité par une famille à la peau métissée. A ce moment-là, je n'ai pas réfléchi, et j'ai plongé dans la foule, en cherchant une cachette, n'importe laquelle. Je me suis engouffrée sous un tas de vieux cartons. Mmmh, quelle odeur merveilleuse.

Des cris, des pieds qui frappent le sol rageusement. Des cliquetis de chaînes. Des bruits de talkie-walkie. Puis les exclamations indignées de la famille chez qui j'ai trouvé refuge, qui m'a vite sortie de sa « maison » une fois l'ennemi parti. Ils ont au moins eu l'intelligence de comprendre que ma situation requérait une certaine discrétion de leur part ! Quelle chance. Pour une fois.

Cette fois-ci, j'ai remis ma capuche et mes mains dans ma poche de veste. J'ai repris une marche tranquille, paisible, comme si j'étais une touriste (drôle d'endroit pour du tourisme). Je me dirigeais vers notre habitation, à Hedwige et moi, et j'espérais que Laksy était toujours en forme. Beaucoup de pensées m'envahirent soudain, tandis que je profitais de l'ambiance sonore unique des bidonvilles. Tout était allé si vite.

Ma situation s'est dégradée au fil du temps – tout d'abord née dans un immeuble raisonnable, ma situation avec ma génitrice a empiré, pour finalement détruire la dernière relation familiale que j'avais, puis je me suis retrouvée dans un immeuble délabré, et tagué de partout. Fugueuse. C'est con, mais à ce moment-là, j'étais seule, avec ma chienne, et du coup, j'étais contente. Contente d'être indépendante, et débrouillarde. Contente de pouvoir vivre selon mes désirs et sans contraintes particulières mis à part celle de prendre le goût du risque. Enfin, « contente » est un bien grand mot, mais en tout cas, j'étais plutôt satisfaite, même si au fond, j'étais toujours seule.
Et là, elle est arrivée pour m'égorger, elle a fait irruption dans ma vie en fanfare, avec son caractère de merde et sa bonté à la con. Je l'ai acceptée, j'étais bien obligée, mais j'ai eu du mal, au début, à supporter une présence aussi imposante (au niveau de l'aura, je veux dire, ça change l'ambiance quoi). Je pouvais pas la blairer, cette fille qui m'avait fait abandonner ma situation presque agréable pour un taudis miteux et bourré de cafards. Puis  au final, je me suis dit que sans elle, je serais morte. Et morte, Laksy aurait vécu malheureuse, tout le restant de ses jours. Cette pauvre chienne déjà fragile émotionnellement. Ouais, ça peut paraître débile, comme ça, de s'attacher autant à un animal. Mais quand cet animal a été votre seul compagnon d'infortune, et seul ami par dessus le marché, durant plusieurs mois, ça change la donne. Je dois beaucoup à Laksy. C'est clair et net.

C'est plongée dans mes pensées que j'ai aperçu des mèches blanches voletant allégrement dans l'air. Hedwige ! Je commençais à trottiner vers la jeune femme. C'est pas trop tôt. Nous allions enfin rentrer – je tapotais l'épaule d'Hedwige, l'entraînant discrètement avec moi vers le chemin pour y aller.

Puis soudain, une ombre familière, familière car désagréable. Encore eux, en effet. Les flics tentèrent de nous prendre par surprise.

Je saisis l'avant-bras d'Hedwige brutalement, et recommençais à courir, je ne savais pas où, je ne savais pas comment. Mais j'aurais bien voulu savoir quand cela allait s'arrêter, et comment arriver à la fin de cet accident absurde. Run, Forest. Run !
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime24.07.14 20:40

Macaroni. Non, non, pas les pâtes qu'on mange souvent parce qu'on a la flemme de bouger sa graisse et de se faire un vrai repas, quand je parle de Macaroni, je parle de ce magasin. Une boutique dans la zone commerciale, avec du matériel informatique, des outils, pleins de trucs pour bidouiller. Et vous, vous vous demandez pourquoi Macaroni ? Suffit de se poser dans un coin du grand magasin et de regarder le vendeur. Cheveux plaqués sur le crâne, clef de moto sur le comptoir, restes de pizza entre les dents, un dragueur minable qui parle fort, en plus de son costume de mafieux, c'est obligé que ce gars soit italien. Alors voilà, Macaroni c'est tout, c'est son petit nom, c'est même affectif venant de ma part.

Mais si je suis dans ce magasin, c'est pas pour la clim' qui fonctionne à fond et qui me donne envie d'éternuer ; ni pour les multiples gens qui nous dévisagent. Oui nous, Lumeka et moi. Je dois m'y faire d'avoir cette petite à mes côtés, ça fait à peine une semaine que je l'ai rencontrée, qu'on essaye de vivre ensemble, de cohabiter. C'pas facile tous les jours et même aujourd'hui je me demande pourquoi je l'ai pas fait. J'veux dire, un coup sec dans l'cervelet et on en entendait plus parler. Mais non, ça doit être son regard de blasé, ou alors le regard blasé de Laksy qui m'a fait changer d'avis. Je sais pas, et pour l'instant toutes ces questions m'importent peu.
Dans le magasin on s'est séparé, je lui ai dit de partir avant moi et que j'allais la rejoindre. Notre but ici, c'était de voler. C'est aussi simple que ça. Prendre un peu de matériel électronique pour que je puisse bricoler une antenne, un truc qui nous aide à survivre dans les bidonvilles. Ouais vous avez bien entendu, on squatte là-bas. Pas par choix, si je pouvais je retournerai bien chez mamie mais bon. On a pas le choix.

Sauf que voilà, ce que j'avais pas prévu, c'est que Lumeka est un boulet. Mais vraiment, sur une échelle de boulattitude, elle est le plus haut possible. Je sais pas si elle a déjà volé de sa vie, mais sa sortie de magasin était des plus nulles. Un client est rentré, un peu petit et enrobé, le genre de gars qu'on repère de loin et qu'on évite. Eviter Lum', tu connais ? On s'était tellement bien préparé, on avait même pris le temps d'enfiler des habits avec des capuches. Alors bien sûr le gros a commencé à gueuler, la capuche de Lum' est tombée et ça a rameté les policiers. J'ai commencé à courir avec elle, bien sûr niveau discrétion, c'était mort. Alors on nous a dit de nous arrêter, puis c'est là qu'on a vraiment bien commencé la journée. J'ai tapé dans l'épaule de Lum' pour qu'elle se mette à courir aussi vite qu'elle pouvait. Macaroni criait, et fort en plus, on l'entendait de l'autre côté de la ville ce cretino. S'il était plus prudent aussi, on viendrait pas dans son magasin.

Le mieux c'était de se séparer, d'essayer de semer les flics et de se retrouver une fois qu'on était certaines que plus personne nous couraient après. Je l'ai très vite dépassée en courant et j'ai tourné à droite. Directement, moi je rentre dans la ruelle comme ça, aight ! Une impasse ? Y'a pas d'impasse. J'ai grimpé sur une benne à ordure et j'ai escaladé le mur. En voyant ça, le flic a pris un autre chemin. Ça me laissait le temps de filer vite-fait bien fait et éviter les emmerdes. Plus facile à dire qu'à faire. Je crois que la poisse c'est contagieux, j'ai commencé à courir comme une folle, en faisant bien attention de rien faire tomber. Tout ce que j'avais pris dans le magasin allait me servir et vu le taudis dans lequel on vivait, je dirais même que c'était primordial. J'ai voulu tourner de nouveau à droite et là, quelle surprise. Face à face avec le même flic que tout à l'heure, à voir son visage paniqué, il avait pas prévu de me voir d'aussi près. J'ai vite filé dans une autre direction, je devais quitter cette zone commerciale et partir vers les bidonvilles. Pour Lumeka, j'espérais juste qu'elle savait courir et qu'elle était pas de nouveau rentrée dans un passant.

Ça m'étonnerait qu'elle se soit fait prendre, Lumeka, même si on dirait pas comme ça, c'était sûrement une racaille des bacs à sable.
Je suis partie en marchant après avoir semé l'autre gars. Il aurait pu me tirer dessus, je sais pas s'il a fait le rapprochement entre moi et le gang. Ça fait déjà quelques jours qu'ils sont officiellement dissout par la police, même si comme moi, quelques personnes sont parties voir ailleurs.

Mains dans les poches, écouteurs sur les oreilles. Je salue un vieux qui surveille les passants, tous ceux qui s'aventurent dans les bidonvilles. Cette incroyable cité. C'est pas tout le monde qui vous construit un cinq étoiles avec deux panneaux en bois, des vieux cartons à moitié éventrés, des lianes pour faire tenir tout ça et en guise de meubles, des trucs récupérés un peu partout. Vraiment partout. Donnez quelques briques à une personne qui habite dans un bidonville et il vous en fait une piscine avec les bulles qui vont avec.

LA MAIN VENGERESSE. Enfin j'veux dire... Lum' venait de poser sa main sur mon épaule et j'ai eu la peur de ma vie. J'ai vraiment cru que c'était les flics sur le coup. Je détournais mon chemin pour la suivre, c'était fini on pouvait rentrer.

Attendez. Non en fait. Ça faisait que commencer.

J'ai voulu m'enfuir vers la droite mais Lumeka m'a violemment tiré vers le côté opposé. On devait se séparer pour les disperser, les semer, raaah Lumeka, qu'est-ce que je ferais sans toi. C'est que pour une geek qui passe son temps derrière son ordinateur, elle a une bonne foulée. Ils étaient derrière nous, on les entendait gueuler a des mètres. « Contourner ce bâtiment ; attrapez-les ; les laisser pas s'échapper. »

Mon cul ouais, faudrait arrêter les donuts pour nous coincer les gars.
Je pousse Lumeka sur la droite afin de tourner dans une rue -si on peut appeler ça comme ça- un peu étroite et avec pas mal de personne. Généralement quand y'a des gros regroupements comme ça, ça veut seulement dire une chose : bastoooon. Et dans ces cas là, faut en profiter. Amener des flics là où des voyous vont s’entre tuer, ils devraient nous remercier. Je jetais un petit coup d'oeil au combat, un grand noir, musclé qui apparemment était vraiment pas content. A chaque coup de poing qu'il infligeait a son adversaire, on pouvait entendre le foule éclater. Avec un peu de chance les flics allaient changer de cible. Notre habitation n'était plus très loin, heureusement. C'est pas que porter des câbles et divers gadgets c'était lourd mais quand même, hein. En quelques secondes, le groupe s'était dissout et pendant la cohue générale, j'ouvrai la porte pour laisser entrer Lumeka pendant que je regardais où se trouvait les flics. Aucun dans notre direction, mon plan avait marché apparemment. Je rigolais intérieurement. Win.

Je refermais en vitesse la porte -qui en fait, n'était pas vraiment une porte, mais on faisait comme- avant de me lancer sur mon lit, qui servait également de canapé. Vous faites pas d'illusion, je parle du tas de carton avec de la mousse à l'intérieur, rien de plus.
Chez moi. Chez nous même. Laksy est là, l'ordi de Lum' aussi, un tas de babioles qui m'appartienne. Je souffle longuement. Cette fois-ci on est pas passé loin de la mort.
Je tourne la tête vers la demoiselle.

« Bah alors, t'étais bourrée pour foncer dans ce type ?, je rigolais en repensant à la scène puis je me mis sur le dos pour reprendre mon souffle. On a bien faillit y passer, c'était génial. »

Okay, en fait ça avait rien de génial, mais on allait pouvoir le raconter à nos petits enfants ça. Les courses poursuites de l'enfer dans les bidonvilles. Ça claquait comme titre. Je me redressais lentement, je devais savoir ce que Lumeka avait réussi a chopper dans le magasin. Je souriais à Laksy, qui était restée tranquillement ici, à dormir dans un vieux carton. On dormait toutes dans des vieux cartons de toute façon.

« La pêche a été bonne sinon ? »

Tout en posant cette question, je laissais tomber ce que j'avais volé sur la table de fortune (un rouleau assez gros, où les gros câbles sont enroulés généralement, le tout parsemé de divers stickers). En parlant de câble, j'en avais pris quelques uns, ça pouvait toujours servir ; j'avais également pris divers objets électronique, j'avais également réussi à arnaquer un distributeur automatique et donc j'avais gagné une barre chocolatée, bref, tout ce qui pouvait servir. En plus de ça j'avais pris un boitier avec un logiciel dedans. J'ai même pas regardé ce que c'était, mais je pensais que Lumeka pouvait s'amuser avec, sur son ordinateur.
Je croisais mes bras et appuyais mon dos sur le mur en béton. Froid, humide, le toit fuyait encore, j'allais devoir remettre du scotch. Heureusement que j'y avais pensé. Qu'est-ce qu'on ferait sans.
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime24.07.14 21:33


Les cris de la foule me perçaient les tympans, tandis que l'air empestait la sueur et le déchet vivant. Je suis le genre de fille qui ne peut s'empêcher de prêter une attention toute particulière à chaque instant. Celui-ci en faisait partie. Il n'a duré que cinq petites secondes, bon, peut-être dix. C'était un grand musclor, à la peau chocolat, qui tabassait avec un malin plaisir (mêlé à une sorte de mélancolie insidieuse) son adversaire, un gars un peu basané, légèrement plus frêle que le grand bastonneur. La sueur perlait à grosses perles sur les fronts des deux combattants, et dans leurs regards respectifs se lisaient toutes sortes de sentiments, défilant à une vitesse infernale. La peur, la fierté, la haine, la colère, le désespoir, la douleur. Un vrai combat de chiens. C'est lors de ce scènes qu'on devine qu'au final, nous sommes toujours des bêtes. Des bêtes avec une conscience, certes : mais des bêtes tout de même. Hmmm.

Je me laissais à moitié traîner par Hedwige, qui profita du brouhaha ambiant pour ouvrir la porte et s'engouffrer dans notre abri d'infortune. Elle se jeta sur la chose informe qui lui servait de lit, et accessoirement nous servait de canapé à toutes les deux : quant à moi, j'étais littéralement morte de chaud, alors je retirais en deux gestes concis la veste que je portais, et la laissais tomber négligemment au sol, avant de me laisser glisser sur l'asphalte poussiéreuse. Ma respiration, je le sentais, était forcée et bruyante. Je ne suis pas une athlète, loin de là, et très honnêtement, j'avais tout donné pour courir aussi vite – j'aurais voulu avoir la même forme qu'Hedwige, malheureusement, je pense que ça sera à jamais impossible.

Un petit wouf retentit.

Laksy. Un énorme sourire me tend le visage, tandis que j'enveloppe la chienne de mes bras, affectueusement. Elle me bave sur la joue en me léchant, alors que je la couvre de caresses soulagées. Elle n'est pas partie durant notre escapade. Rapidement, je perdais mon sourire, tandis que Laksy posait sa tête sur mes genoux.

« - Bah alors, t'étais bourrée pour foncer dans ce type ? On a bien failli y passer, c'était génial. »

Ouais, absolument génial. J'adore tourner en rond dans des foutus bidonvilles.
C'est ma passion dans la vie.

Je jetais un regard blasé à Hedwige, sans articuler un mot, et m'emparais de mon ordinateur. J'en profitais pour l'allumer et ouvrir ma session : il me restait quelques jeux que j'avais téléchargé plutôt illégalement. C'est plutôt efficace pour passer le temps.

« - La pêche a été bonne sinon ? »

Ma partenaire laissa tomber toutes ses trouvailles sur notre table improvisée. Divers objets qui nous seraient utiles si j'arrive à en faire quelque chose, finalement. Des câbles, des babioles, et même un logiciel : je pris la boîte dans mes mains et lisais en diagonale les instructions d'installation et l'utilité de la chose. C'était un logiciel d'entretien, quelque chose d'assez efficace à ce qu'en disait l'emballage : muette, j'entrepris de sortir le CD et de commencer l'installation, avant de présenter mes gains à cette foire aux malfrats.

J'avais réussi à choper une souris de gamer (pour ma satisfaction personnelle), quelques câbles également, et un ventilateur à placer sous l'appareil afin qu'il ne surchauffe pas. Un objet indispensable pour moi en été, surtout dans un endroit pareil, où la chaleur estivale est accentuée par la forte population du trou paumé et le manque total de climatisation. Enfin, c'est un bidonville quoi.

En fait, j'aurais voulu être plus bavarde, plus facile à vivre pour Hedwige, mais je manquais cruellement de motivation à quoi que ce soit, concrètement. Je m'ennuyais à mourir. C'était de petits instants de profonde lassitude, qui suffisaient à me miner une journée entière. Je soupirais, et branchais ma nouvelle souris, ainsi que le ventilateur aux ports USB de mon ordinateur portable.

« - Tu crois qu'on va devoir changer de maison bientôt ? »

Dire le mot « maison » pour ce taudis sans nom m'avait écorché la langue, mais c'était malheureusement la réalité. C'était notre « maison ». Notre « chez nous », le seul. Le seul en attendant de trouver mieux. Nous ne pouvions pas (du moins pas moi) louer un appartement en bonne et due forme à cause de nos antécédents, et surtout du fait que nous n'avions pas d'emploi stable pour le moment. Et à mon âge, sans études, sans rien, j'avais peu de chance de trouver ne serait-ce qu'un petit boulot dans un resto'.

La police semblait avoir abandonné la course. Néanmoins, il était toujours possible qu'ils réapparaissent sans prévenir, ce qui serait un fait plutôt chiant. Je n'avais pas envie de bouger. Pour tout dire, j'avais envie de rien faire. Juste rester là, sur mon ordi, à laisser tourner mon jeu et sa vieille musique en 8-bit. Mais il fallait au moins que je fasse la conversation : j'imagine que vivre avec une tombe comme moi, c'est un peu lourd quand même. Puis j'avais envie d'en savoir plus sur Hedwige.

« - Hed' ? »

Je laissais deux secondes s'écouler, le temps qu'elle se rende compte que je parlais enfin.

« - Pourquoi t'avais rejoint ce gang de bons à rien ? Et pourquoi accepter de tuer d'autres personnes, c'est pas un peu stupide ? »

C'était une question un peu bourrine, je l'admets, mais c'était aussi la première qui me venait à l'esprit. De toute façon, Hedwige n'en avait pas terminé avec ma façon d'imposer subtilement mon opinion. Mais j'attendais sa réponse avec impatience, en espérant ne pas avoir trop de questions en retour.
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime24.07.14 22:25

Je posais ma main sur le dos du chien, grattouillant un peu son pelage. Laksy était gentille, elle faisait pas de bruit, prenait pas trop de place et puis, c'était la rare chose qui arrivait à la faire sourire. Lui faire bouger ses muscles du visage. Au début, j'ai cru qu'elle était paralysée, mais non en fait, elle arrive juste pas à sourire. Faut profiter de la vie, se dire qu'on a quand même de la chance. ... Ouais bon, d'accord. Pour en arriver ici, on devait vraiment pas en avoir, de chance, mais c'qui était sûr, c'est que j'allais tout faire pour arranger les choses. Tout ce qu'il me fallait c'était du temps, seulement du temps et un peu d'argent aussi.

Le butin de Lumeka fut révélé au grand jour, des câbles, une souris, un petit ventilo, et deux-trois babioles ; elle allait pouvoir décompresser un peu et rester sur son ordinateur. J'avais vraiment rien trouvé d'autre pour l'occuper, elle aimait que ça, passer son temps derrière son écran. Ça se comprenait, c'était peut-être mieux pour elle et pour moi aussi. Je fermais doucement les yeux.

Mes plumes me chatouillaient le dos. En plus d'avoir transpiré à cause de cette course en plein soleil, j'avais juste une envie, me gratter. Mais pas une p'tite grattouille, nan, moi j'aimerai y aller franc-jeu, comme Laksy avec ses puces mais je peux pas. Elle est toujours pas au courant. Les humains sont plutôt partagés sur les hybrides et Lumeka est tellement distante que je sais pas ce qu'elle pense d'eux. Je devrais peut-être lui demander. Ou pas. C'est un peu grillé d'avance de demander "t'aimes les hybrides ?". Je retirais ma main du dos de la chienne pour la laisser pendre dans le vide. Je bougeais doucement mon dos sur le mur, profitant du fait que ses yeux grisés soient rivés sur son écran.

Et soudain, la question qui tue. J'arrêtais directement de me tortiller sur le mur, réfléchissant deux secondes à sa question.

« Tu crois qu'on va devoir changer de maison bientôt ? »

Une maison ? C'est sûr que ça serait mieux que cette cabane. Mais c'était pas le fait qu'elle comparait notre habitation à une maison qui me dérangeait. C'est juste que... "on va devoir" ? Partir d'ici c'était ma priorité, j'allais dans les quartiers les moins chers que je trouvais, je cherchais même un immeuble abandonné qui pourrait faire l'affaire, tant qu'il captait la wifi. Mais... c'était pas si simple à faire. Pour tout ça, fallait de l'argent et pour l'instant c'était vraiment ce qui nous manquait. Certes elle pouvait presque tout pirater la génie aux cheveux rouges mais... mais non. Pas maintenant, c'était trop risqué. J'allais trouver une solution, je trouvais toujours une solution. J'y étais obligée... C'est moi qui l'ai entraîné la-dedans. Je me relevais doucement, tandis que j'entendais une voix.

« Hed' ? »

Oh, mais je connais ce son ! Si rare. Je rigolais intérieurement, répondant tout simplement à son appel.

« Hmm ? »

Boire, et penser à autre chose qu'à ces foutus ailes qui grattent. Comment font ces stupides anges pour pas devenir fous en été, quand ils transpirent. C'est juste tellement horrible.

« Pourquoi t'avais rejoint ce gang de bons à rien ? Et pourquoi accepter de tuer d'autres personnes, c'est pas un peu stupide ? »

Heureusement que j'avais avalé ma gorgée avant d'entendre sa question. Je voulais juste y répondre par un « Et pourquoi pas ? » mais pour une fois que la demoiselle semblait d'humeur causante, j'allais pas gâcher le moment. Je me réinstallais sur mon lit cartonné, posant une bouteille d'eau à côté de Lum' pour qu'elle puisse boire. Je pris ensuite la barre chocolatée avant de la casser en deux et de lui en laisser la moitié. Je croquais dedans, réfléchissant à une explication qui n'allait pas être trop loufoque. Si je les côtoyais, c'est parce qu'avant, j'avais rien de mieux à faire. Et quand on voit où ça m'a emmenée.

« Problème d'argent. Je m'ennuyais beaucoup aussi et j'avais pas grand chose à faire chez moi. Puis, je suis totalement débile. » Je croquais de nouveau dans la barre chocolatée, sourire aux lèvres. Puis, tout en mastiquant, je continuais de répondre à sa question.

« Toi ton truc, c'est pirater. Moi je suis plus à l'aise sur le terrain. Eliminer des cibles ça rapporte pas mal. Tu m'aurais rapporté cher toi, j'aurais peut-être pu me payer un voyage en Europe, ou allait traîner dans les beaux quartiers. » Même si le deal qu'on avait passé ne parlait jamais d'argent, j'aimais bien blaguer sur ça. Je finissais mon morceau de chocolat. Maintenant que le feu prenait vie, il fallait l'attiser.

« Et toi avant tout ça ? Vous êtes hackeuse de père en fille dans la famille, un truc dans le genre ? J'imagine bien c'que ça pourrait donner. »

Ouais, j'imaginais même très bien. Cinq-six ordis allumés, les uns à côté des autres, avec des lignes interminables de codes qui s'enchaînent, sans s'arrêter, et sur des chaises, en mode L, toute la famille Førestein, même Laksy aurait pu avoir un ordi, qui sait.
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime27.07.14 15:48

Hedwige avait eu la gentillesse de répondre à ma question. J'avoue que j'avais eu du mal à saisir comment elle pouvait parler d'assassinat aussi légèrement, avec autant de désinvolture : quelque part, ça m'effrayait de cohabiter avec elle, dans ces moments-là. J'ai toujours été très froussarde de nature, et me voilà errant sans but avec pour partenaire une criminelle latente. Paradoxe, quand tu nous tiens...
Je dis souvent que notre situation n'est pas très enviable, mais au final, qu'est-ce que ça change ? Le bonheur, c'est un peu illusoire. Il n'y a pas une famille, une personne qui vit sur un long fleuve tranquille. Même les foyers les plus ignares et fêtards ont de sombres secrets que les parents partagent, sans en piper mots aux plus jeunes enfants. M'enfin, c'est un constat comme un autre. Je sentais que le temps se rafraîchissait un peu, comme si l'après-midi commençait à prendre fin, petit à petit, tout doucement.

J'ai alors commencé à réfléchir à la question d'Hedwige. Je ne savais pas encore si j'allais répondre ou pas. Et si je répondais, que devrais-je dire ? La vérité, mais aussi concise que possible. Pas trop de détails, le minimum syndical. La blague d'Hedwige m'avait fait sourire (intérieurement, faut pas exagérer non plus).

J'ai croqué dans mon morceau de chocolat, les yeux fixés sur ma paisible Laksy, plus précisément sur son ventre feu, qui se soulevait à intervalles réguliers, témoin de son récent sommeil. Elle avait chaud, elle aussi. Puis je décidais enfin de répondre.

« - J'ai toujours été passionnée par l'informatique, et du coup je me suis dit que les gens de mon niveau ne couraient pas les rues dans les quartiers abandonnés, alors j'ai utilisé mes compétences pour gagner de quoi nous nourrir. Y'a pas de quoi se compliquer la vie, dans mon cas. »

Je m'en étais plutôt bien sortie : aucun lien avec le passé ou presque, pas d'allusions à mes galères, à mes dilemmes. Juste du « j'ai commencé par passion ». Le truc bateau et cucul à souhait, mais qu'est-ce qu'on s'en fiche. Je n'accordais pas encore toute ma confiance à Hedwige. Elle avait failli me tuer, bordel ! Aussi ingrat que ça puisse paraître, elle n'en reste pas moins humaine, et les humains ne sont pas qu'un tas de bons sentiments. J'ai appris à me méfier des gens, à garder pour moi ce qui doit rester du domaine du secret. Elle connaît mon vrai nom. C'est déjà bien assez.

Soudain, Laksy sembla s'éveiller de sa tranquille sieste, les sens en alerte. Elle se leva tout d'un coup, et commença alors à japper avec une voix aiguë. Surprise, je me suis levée aussi, avant d'observer ma chienne, qui tournait visiblement en rond, impatiente de mettre les pattes dehors.

Voilà un excellent moyen d'arrêter la conversation là.

« - Je vais sortir Laksy. Elle a l'air toute excitée. »

Comme si elle me comprenait, la chienne commença à aboyer dans ma direction en remuant la queue, les prunelles brillantes. J'esquissais un sourire, tout en remettant ma veste (et ma capuche), puis je sortais discrètement de notre taudis.

Plus de bagarre dehors, mais une foule de pauvres gens qui passaient par là pour aller mendier sur les routes, sûrement. Cependant, l'air empestait toujours la sueur et la chair écorchée. J'avançais un peu, pour faire une petite ronde. Je pensais connaître la raison de l'excitation de Laksy, en réalité, mais je possédais toujours quelques doutes. J'étais méfiante, prêtant attention aux bruits autour de moi, aux réactions de mon animal, à l'ambiance, qui pour le moment n'était pas altérée.

Un jeune homme pâle m'accosta alors, un badge accroché à son veston. Il avait les yeux bleus et une tignasse blonde affreusement propre. « Avez-vous vu l'une de ces deux jeunes femmes ? ». Avec une photo de nous deux, prise à l'arrache sans doute. Mon cœur se mit à battre. Non, non, je n'ai vu personne, absolument pas. Pour qui me prenez-vous ? Je ne fréquente pas les criminels. Mais si j'ai des nouvelles, je ne manquerais pas de vous appeler. C'est ce que je lui ai dit, avec ma voix la plus outrée. Puis j'ai souri, et je me suis retournée, marchant rapidement en direction de la « maison ».

J'ai ouvert ce qui nous servait de porte, avant de la refermer rageusement derrière moi, une fois Laksy rentrée. J'étais agacée. Puis je me suis rassise sur l'espèce de canapé miteux, et j'ai repris mon ordinateur sur mes genoux, tout en murmurant quelque chose comme « ils sont toujours là » à l'attention d'Hedwige. J'étais frustrée, parce que je pouvais pas faire un pas sans me faire accoster par la police. J'étais frustrée parce qu'ils avaient une photo, aussi.

J'étais encore plus frustrée, parce que je souriais. Sur la photo.

C'est ridicule dit comme ça, mais je suis tellement peu habituée à sourire explicitement à présent, qu'avoir une preuve de ma capacité à muscler mes zygomatiques avait plus tendance à m'énerver qu'autre chose. Je crois que, inconsciemment, je me suis habituée à avoir cet air blasé que j'ai en permanence. C'est presque comme si j'en voulais à Hedwige de me faire sourire, parfois. Oui, je sais, c'est stupide. Rohlàlà.

« - Hedwige, tu avais de la famille ? »

Deuxième question de la journée. Je savais que ça allait sans doute m'amener en terrain dangereux, mais je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir savoir. Ma curiosité, qui finira par me tuer, mais est-ce vraiment un défaut ? Qui sait.

Le meilleur moyen de savoir, c'est encore d'essayer.
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime27.07.14 18:42

C'était tout ? J'veux dire, sa famille avait pas de super pouvoirs, ils travaillent pas tous sur des ordis et tout ? Plutôt nul pour une hackeuse ; mais disons qu'elle était restée discrète sur son passé. Pour une bonne raison je suppose. Commencer à travailler par passion. C'était bien un truc que je pouvais pas sortir ça. ''Et toi, c'est quoi ta passion dans la vie ?'' ''Tuer des gens, la routine vois-tu !''. Nan, c'était plutôt flippant avec ce que je faisais.

Laksy s'agitait de plus en plus. Elle avait envie de se vider ou quoi ? Pas dans la maison hein, déjà que c'était pas propre, si en plus le chien s'y mettait, ça allait devenir merdique. *bad dum tssh* Breeef. Lumeka sortit avec la chienne. Je restais seuuuule, aloooone. Je rassemblais un peu tout ce que j'avais volé tout à l'heure. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire avec tout ça... Réparer mon vieux portable peut-être ? Ça pourrait être bien si je voulais pas perdre toute la musique que j'avais dessus. J'enlevais délicatement la coque puis pris un petit tournevis pour enlever divers composants. Je devais juste relier un petit fil à la batterie pour qu'il soit de nouveau alimenté. Un truc tout simple, tout con, mais qui allait me sauver la vie.

Je remis tous les composants avant d'essayer de l'allumer... verdict ? Ouiiii, ça marchait ! Criant ma joie à pleins poumons, la porte s'ouvrit derrière moi. Je me retournais, les bras toujours en l'air pour voir Lumeka rentrer un peu sur les nerfs. Elle claqua la porte et s'en alla directement sur son ordinateur. Je baissais doucement mes bras, me demandant ce qui pouvait lui donner cet air si rageur. Y'avait encore les flics dehors ? Pas étonnant, on avait volé pas mal de trucs de bonne qualité. L'autre Macaroni devait rager comme un fou. Je me mis à taper mon code PIN tandis qu'elle me posait une autre question.

Lumeka, elle était forte pour lancer des questions qui fâchent. D'abord le gang, maintenant ma famille. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? J'avais 19 ans, famille ou pas, je pouvais vivre où je voulais et faire de ma vie ce que je voulais, à quelques détails près. J'étais bien consciente qu'elle voulait juste taper la discut', mais elle pouvait me demander... je sais pas moi, si j'avais faim par exemple ! Parce que même si elle ne l'avait pas demandé, OUI, j'avais faim. J'avais même carrément faim. J'aurais pu manger tout ce qu'on avait volé dans ce taudis et sentir mon ventre gargouiller. Chercher un travail était ma priorité. Dans les bidonvilles y'a plusieurs petits boulots qu'on peut effectuer, mais disons que risquer sa vie inutilement pour quelques pièces, c'était mort.

Mais revenons sur Lumeka. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Que ma mère était une ange grise ? Fallait pas rêver. Que mon père était mort mystérieusement et pas d'une maladie comme me l'avait affirmé mamie ? Encore moins. Et mamie, mamie. Je devais vivre sans elle depuis quelques semaines maintenant. La seule personne qui m'aimait sur cette planète, et la seule qui m'ennuyait pas avec des questions débiles. Je fixais Lumeka. Et elle, elle était restée bien vague aussi sur son passé. Je suppose que certaines choses doivent rester secrètes.

« J'avais, j'avais. » Ouais bon okay, là c'était peut-être un peu trop vague... mais qu'est-ce que je pouvais bien dire d'autre ? « Jusqu'à pas longtemps en tout cas. » Bon là ça suffira, si elle n'était pas contente, elle avait qu'à pirater mon cerveau, c'était une hackeuse après tout. Je me mis à sourire. Nan, je n'allais pas lui laisser cette opportunité. Brandissant fièrement une casserole, j'allais... LA TUER ! ... Non je déconne.

« Faudra faire la vaisselle ce soir, sinon on mange pas. »

Bon je disais ça dans le vide parce que je savais très bien que Lum' allait pas m'aider à la faire, et même si elle essayait, je la renverrai sur son ordi. Pourquoi ? Bah, on est jamais mieux servi que par soi-même. Et que j'aime bien faire les choses moi même. Être indépendante. Bon étant donné qu'il était à peine 17h, j'allais m'y attaquer au dernier moment, comme d'habitude. Et qu'est-ce que j'allais faire pour passer le temps ? Bonne question. C'était risqué de sortir à cause des flics, et on crevait de chaud sous le toit en tôle. En plus de laisser passer la pluie, c'était mal isolé. Et quand j'ai chaud, je suis énervée, et quand je suis énervée, le moindre bruit stressant m'agace. Alors Lumeka était en train de tapoter sur son ordi. J'aime pas ça, vraiment pas.

Avant d'exploser, je pris mon propre casque ainsi que mon portable. Tout en faisant mon possible pour rester calme, je branchais le Graal qui allait me délivrer de cette souffrance. Je cliquais sur play pour lancer les musiques.  Sauvée. Je soufflais longuement. Elle s'en rendait pas compte que c'était énervant ?! Y'avait pas pire que ça. Entendre des tac, tac, tac à répétition. Raaaah. Concentre toi plutôt sur la musique Hedwige, ça ira mieux après.

Petit poney ? Mais qu'est-ce que ça fout sur mon portable ça ? Je change très rapidement de chanson avant de crier, et le temps que l'autre commence, j'entends les tap, tap de Lumeka. Garder son calme... surtout... garder son.... cal...me... Glutamine se met à crier dans mes oreilles au bon moment. Fiou. Sauf que problème, les autres chansons se lancent pas directement, j'ai oublié de mettre la lecture automatique. Gar...der... son ...calme ... !

« ... ... LUM BORDEL ! »

Nan là j'en pouvais plus, trop c'est trop, pourquoi elle tape aussi fort sur ses touches de clavier ?! C'est conçu pour qu'un enfant puisse écrire, alors pas besoin de taper comme un fucking éléphant !

« Arrête de violenter tes touches ! On dirait que tu vas les arracher, ou les bloquer, ou je sais pas, mais STOP quoi. C'est super chiant ! »

Je serre mes poings pour éviter de craquer encore plus, je crois que finalement, je vais passer mes nerfs sur la vaisselle, ça sera mieux que sur elle. Je me lève brusquement, manquant de renverser un verre qui traînait sur la table. J'ai jamais dit que j'étais patiente. Encore moins quand il fait chaud et que j'ai faim. Le combo d'enfer.
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MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime28.07.14 10:37

Après avoir entendu la réponse (plutôt vague) d'Hedwige à propos de sa famille, je m'aperçus avec soulagement qu'elle ne comptait pas m'interroger en retour. Reprenant mon calme petit à petit, j'ai alors commencé à coder divers trucs sur mon ordinateur, en faisant passer mon agacement sur les touches de clavier, qui s'en prenaient plein la gueule.

Tac, tac, tac.
TAC, TAC, TAC.
TAC.

En fait, j'aurais pu prévoir que ça n'allait pas plaire à tout le monde. Mais je suis vraiment trop empotée pour ça. Le pire, c'est que j'ai déjà dit avant que ma très chère Hedwige ne supporte pas le bruit que je fais en tapant sur mon clavier. Mais bon.
Les lignes de codes filaient à toute vitesse sur l'écran noir, en pixels verts. Je ne savais pas ce que je faisais exactement, pour tout dire, mais en tout cas je le faisais. Je laissais tomber mon codage pendant dix petites secondes, le temps d'enlever la veste que j'avais toujours sur le dos. Je laissais mes cheveux onduler en vrac sur mes épaules fatiguées, tandis que je reprenais le bizutage de mon clavier avec encore plus de ferveur. Puis...

« -  ... ... LUM BORDEL ! »

Petit sursaut de ma part, suivi d'un arrêt total de pianotage, le temps d'entendre la suite. Eh bah, ça faisait longtemps qu'elle avait pas gueulé aussi fort pour une histoire de clavier.

« - Arrête de violenter tes touches ! On dirait que tu vas les arracher, ou les bloquer, ou je sais pas, mais STOP quoi. C'est super chiant ! »

Puis elle se lève brusquement, manquant de renverser notre pauvre table, et va faire je ne sais quoi. Je poussais un long soupir, lassée. Faut toujours que ça finisse comme ça, avec elle.

« - Oh, du calme, miss je-suis-sur-les-nerfs. »

Je laissais une petite pause, pour lui laisser le temps de remarquer que je garde mon calme, et que c'est mieux comme ça.

« - Quand il faudra que je pirate des trucs, faudra bien te faire au bruit du clavier. »

C'est vrai. J'allais pas rester un légume des années durant : une fois la police plus paisible, je reprendrais mes activités frauduleuses sur les réseaux informatiques de diverses sociétés. Détournement, piratage, insertion de virus dans les systèmes, et j'en passe. Et à ce moment-là, Hedwige risquait d'entendre des tactactac pendant des journées entières.

BOUM-- CRAC.
T'avais raison, c'est bien elles !
Appelle le chef !
Elles ont tout le matériel !


Je regardais les hommes qui se tenaient devant nous, ébahie. Voilà ce que ça nous apportait de crier comme des débiles alors qu'ils sont juste à côté. En vérité, c'est très simple de reconnaître la voix de deux personnes recherchées dans un bidonville. Pourquoi ? Parce qu'on a pris la fuite. Nous ne sommes pas nées ici ; nous n'avons pas cet accent brutal des habitants du coin. De plus, nous sommes deux femmes, et la plupart des familles des bidonvilles sont composées de plus de monde que ça. Je suppose qu'il leur a suffi d'entendre parler d'ordinateur pour nous pister.

C'était le blond aux yeux bleus, avec son badge sur le torse. Il me scrutait d'un air sceptique. J'aurais juré avoir pu lire sur ses lèvres quelque chose comme « ah, tu ne fréquentes pas les criminels, donc ».

On nous demanda de ne pas bouger, et je fermais mon ordinateur, le glissant dans sa pochette, l'air morne. Je jetais un regard discret à Hedwige, lui faisant remarquer le défaut dans la tôle sur le mur de derrière. Puis je fis un son avec ma bouche, qui indiqua à Laksy qu'on s'en allait.
La police rassembla le matériel sur la table dans un sac, très fière d'elle visiblement. Notre action ne dura qu'une dizaine de secondes : je me levais, soudainement, et arrachais le sac aux mains du sous-fifre avant de bondir, épaule devant, sur la tôle (matériel très peu stable, surtout dans le cas d'un taudis au sein d'un bidonville, heureusement pour moi). Je ne sais pas si elle se brisa, tomba, ou bien s'écarta, mais en tout cas, il me suffit de forcer un peu plus et j'étais à nouveau à l'air libre. Je me baissais momentanément pour permettre à Laksy de se glisser dans mon sac à dos, puis je le refermais et je me remis à courir, avec ce nouveau poids sur le dos. Je ne me faisais pas de soucis pour Hedwige : j'étais persuadée qu'elle s'en sortirait.

C'était de nouveau la galère, on vire à droite, on vire à gauche. Bâbord, tribord, droit devant, moussaillon ! Je ne voulais plus courir, plus jamais, mais avais-je vraiment le choix, dans cette situation ? Plutôt que mourir, mieux valait avoir la foi. Je me précipitais partout. Dire que tout ça était de ma faute, je m'en voulais terriblement, en vérité : et je n'allais pas tarder à en faire les frais.

Il ne fallut qu'un tas de caisses pour renverser la situation à l'avantage de l'adversaire. Eh oui, même en fuite, j'ai toujours autant la poisse.

Je fonçais tête baissée, m'attendant à sauter par dessus : néanmoins, mon pied accrocha le dessus de l'une des caisses, et je m'étalais de tout mon long, m'écorchant les bras au passage. Mes cheveux carmin prirent la poussière, et j'entendais un gémissement ténu en provenance de mon sac. Désolée, Laksy.
Je faisais tout mon possible pour me remettre rapidement sur mes genoux, et debout. Puis je reprenais mes sacs, et je commençais à courir de nouveau, encore plus vite, encore plus essoufflée, pour remettre la distance initiale qui me séparait des méchants de l'histoire.

Il me fallut dix minutes à errer dans les rues à vitesse grand V pour réussir à (je crois), les semer. Dans une petite ruelle, je me tenais à un mur, crevée. Ma vue s'obscurcissait par moments, comme un fondu au noir, pixel par pixel. Je commençais à avoir un peu de mal à respirer, et j'avais envie de fermer les yeux, tout en ayant une impression alarmante qui me faisait penser qu'il ne fallait surtout pas les clore. Je ne connaissais que trop bien cette sensation : en ces temps de fuite et de faiblesse, j'avais souvent eu l'occasion de faire des malaises, bien que ça ne me soit jamais arrivé avec Hedwige, et je ne tenais pas à ce qu'elle sache que je suis une lopette, niveau forme physique.

Je m'asseyais doucement, m'adossant à un mur, et prenais le temps de respirer le plus possible, en libérant ma chienne. Laksy vint se nicher entre mes genoux, se roula en boule du mieux qu'elle put. Quant à moi, je ne voyais toujours pas clair, et m'imaginais encore plus pâle que d'ordinaire : cependant, je sentais une nette amélioration de mon état, étant donné que ma respiration reprenait un rythme normal.

Une fois de plus, j'avais échappé de peu à la prison. En conservant le butin, en plus. Quelle affaire.

... Et maintenant ?
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MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime28.07.14 11:39

Le problème avec Lumeka, c'est que quand je m'énerve, elle reste calme et ça... ça me met encore plus en rogne ! J'avais pris une éponge pour gratter l'intérieure de la casserole, évitant de répondre à ses phrases. Quand elle allait pirater ses trucs, j'espérais seulement la mettre dans une autre pièce que celle où je suis. Priorité, trouver un appartement avec DEUX chambres. Alors que je passais mes nerfs sur la vaisselle, la porte se brisa, ou plutôt, elle tomba ou... je sais pas trop comment les flics s'étaient démerdés pour l'ouvrir, mais on voyait bien qu'ils avaient aucun respect. J'étais énervée. Ils comprenaient ? NON ?! Apparemment pas pour défoncer ce qui nous restait de vivable ici.
J'avais envie de gueuler, de leur dire de repasser dans 5 minutes pour nous coffrer afin que je sois calme et que je tarte pas tout le monde au poste de police mais apparemment, la politesse, c'était trop demandé. Je croisais les bras, toujours ma casserole en main. Ils parlaient avec des talkie-walkie. Ça encore, on leur avait pas appris que quand on rentrait chez quelqu'un, la moindre des choses c'était de se présenter. J'en avais rien à foutre qu'ils soient des stupides policiers.

Ils appelaient leur chef, étant donné que l'entrée du taudis était plutôt étroite, seulement un policier était rentré, un autre était au seuil de la porte et je supposais que y'en avait encore quelques uns derrière. Ce que je voulais faire ? Foncer dans le tas ! Leur montrer qu'ici, c'était chez nous. Je croisais le regard de Lumeka. Elle était okay, hein ? Petit regard derrière le mur. Oh, elle voulait filer à l'anglaise avec le sac. Okay, okay. Mais ça allait pas se passer comme ça.

Nos actions se croisèrent. Lum' arrachait le sac des mains du policier tandis que je l’assommais avec ma casserole. Ça, c'était pour avoir oublié de sonner en rentrant. Il lâcha très rapidement prise et ma coloc' put enfoncer le mur de derrière pour créer une petite brèche et pouvoir sortir. Je pris le pistolet du flic dans son holster avant de le braquer sur l'autre blondinet qui, instinctivement, sortit le sien. Sauf que moi, ahah, j'avais encore mon arme, ma fidèle casserole.

De nouveau, on entendit quelques bruits de talkie-walkie.
"On a un problème ! Envoyez des renforts ! Bouclez la zone !
Rattrapez-les ! Les laisser pas partir ! Homme à terre !"


Il suffit que le blondinet se déconcentre quelques secondes pour que je balance mon ustensile dans la gueule. Headshot. Il tira un coup de feu dès que le métal rentra en contact avec sa joue. Heureusement pour moi, il visa à côté de mon pied. Un peu plus et celle là me transperçait. Je sortis par l'ouverture de derrière, laissant les flics dans notre demeure.

'Fait chier, c'était bientôt l'heure de la bouffe. Après le coup de feu, les gens habitant les Bidonvilles s'étaient réunis près de notre ancien chez nous et les rumeurs là-bas, ça va très vite. De loin, je regardais l'attroupement. Les flics essayaient de les repousser mais certains étaient têtus, ils voulaient savoir ce qui s'était passé ici.

« C'était deux dealeuses, j'en étais sûre, j'aurais du venir chez elles pour me fournir ! »
« Mais non, c'était deux bitchs ! »
« Elles sont mortes ? »
« Je les sentais pas de toute façon, elles avaient pas l'air d'être nette »


Je regardais dans le pistolet. Il restait que trois balles et j'avais intérêt à les garder. Je cachais l'arme dans ma ceinture, le recouvrant avec mon pull. Le plus important c'était de retrouver Lum'. C'est pas juste parce qu'elle avait tout le matos', non... Bon okay, un peu, mais disons qu'elle était pas douée et que j'avais peur qu'elle se soit faite prendre. Je savais même pas par où elle était partie, de quel côté, vers quel endroit des bidonvilles. Si elle y était encore ou si elle était partie en ville.

Même pas le temps de me camoufler, de mettre une capuche ni rien, je devais courir. Ça je savais bien faire, mieux que garder mon calme. Okay, c'était pas discret et mal joué de ma part, mais c'était pas ma faute ! Elle sait très bien que ça m'énerve les taptaptap des touches.

Bon, je devais me fier à mon instinct. Où est-ce qu'une jeune délinquante aurait bien pu se cacher. Je marchais rapidement dans les rues, et au tournant, je m'apercevais que trois voitures de police attendaient. Nop', pas par là. Je fis demi-tour tout en réfléchissant. Ma première traque, j'étais partie chez mamie... Ça compte pas ça, Lum' avait aucune maison où aller. Alors... une ruelle peut-être ? Peu fréquenté de préférence. Ouais, les flics osaient généralement pas trop y aller, et puis même, ils y pensaient pas.

Je jetais un coup d'oeil à tout ce que je pouvais. Pas cette ruelle, ni celle-là. Pourtant une fille blanche aux cheveux rouges, on en voyait pas partout. Ici ! Oh merde. Je restais devant l'entrée de la ruelle. Lum', pourquoi tu as choisis cette ruelle. C'est vraiment pas possible d'avoir autant la poisse, de pas connaître les endroits dangereux. Et malheureusement pour moi, j'arrivais deux secondes trop tard.

Voyant une intrus dans leur quartier, leur ruelle d'amour, deux racailles s'étaient avancées vers Lumeka et Laksy. Un gang de bas étage qui était réputé pour battre leurs victimes à mort. Personne derrière moi, je m'avançais en courant le plus silencieusement possible tandis que les deux gros balourd s'en prenait à Lum' et Laksy.

« Bah alors ma mignonne, on est paumée ? Tu sais pas qu'ici c'est une propriété privée ? EH, j'te cause, tu pourrais au moins me regarder et te lever, pas rester là avec ton sale clebs. »

Okay, pas de temps à perdre, je pouvais en occuper un, mais Lum' allait devoir ordonner morsure à Laksy. Je sautais sur le plus proche pour le mettre à terre, lui donnant un gentil coup de pied bien placé. Son copain se retourna et je pointais mon arme sur le deuxième qui recula machinalement en levant les mains. Il s'excusait, accusant son pote de l'avoir forcée à accoster Lumeka. Mon oeil ouais. Je pris le sac plein de matos, puis tapais doucement dans la jambe de Lum' avec mon pied. On devait y aller là, pas le temps de faire la demi-morte sur le mur.

Tu m'entends Lum' ? Eh ? Quelle nouille celle-là.
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime30.07.14 22:33

J'avais vaguement assisté à quelque chose qui me semblait irréel, superficiel, lointain. Mon sens des priorités était revu à la hausse, car mon instinct, humain malgré tout, me poussait à d'abord à aller bien, et ensuite à me préoccuper du reste. Un petit coup de pied s'était fait ressentir, suivi de la voix d'Hedwige. C'est qu'elle est bien là, j'ai pas rêvé. Elle voulait sans doute qu'on fiche le camp : malgré mes doutes sur ma faculté à continuer cette cavalcade, je ne pouvais pas contredire le fait que rester ici était de toute façon plus risqué qu'autre chose.

Laksy s'était bien entendu activée en entendant ces deux êtres badauds et menaçants arriver. Je l'avais entendue aboyer, grogner, tel un chiot apeuré. Je ne sais pas si elle a mordu.
En fait, pour vous confier un truc, malgré mes dires, je pouvais entendre, écouter, voir même répondre, même au bord du malaise.

Mais j'en avais tout simplement pas envie.

Pour une fois que mon état me permettait d'être faible, inutile, sans défense, et établissait un lien plus ou moins tangible de parenté entre un quelconque légume et ma personne, j'en avais profité pour, tout simplement, faire une pause. Me reposer sur les épaules de quelqu'un, qui garantissait visiblement ma sécurité avec efficacité. Demain, je pourrais dire « excuse-moi, je n'ai rien entendu, je ne me sentais pas très bien, tu sais, c'est grâce à toi que je m'en suis sortie », ainsi moi j'aurais eu la paix, et l'autre son moment de fierté, son baume au cœur. Je sais, c'est lâche. J'ai jamais dit que j'étais brave et aventurière. Même si je le suis un petit peu. Mais les pétoches prennent le dessus à chaque fois. Donc je suis lâche. Point barre.

Ma vue n'était pas tout à fait claire et j'avais une énorme boule au ventre. J'avais très chaud, et soudain très fois, et encore chaud. Fiévreuse ? Je sais pas. Peut-être. Possible. Fort probable.
On verra. En temps venu.

Je m'appuyais contre un mur de tôle en espérant qu'il ne s'effondre pas de tout mon petit cœur, et je commençais à me remettre debout comme une conquérante, insérez ici une musique épique, style thème de Light dans Death Note, tu vois le genre. Je pense que vu de l'extérieur, j'avais juste l'air pitoyable, misérable et ridicule, mais qu'importe. J'étais pas au bout de mes peines.

Je ne le savais pas encore, mais oui, à ce moment-là, j'étais bien fiévreuse. Quelle maladie ? Tu crois vraiment que je peux me payer le médecin ? Mais en tout cas, j'étais malade. D'ailleurs, mes jambes flageolaient, même si elles reprenaient un peu d'aplomb, du coup, une fois debout, je n'ai pas tardé à devoir me raccrocher à Hedwige pour tenir debout. J'avais des vertiges. Les débiles ont ri. Mon ego en a bien pâti. Si seulement je pouvais les frapper.

J'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai demandé à Laksy de revenir dans le sac à dos. Ma chienne n'a pas protesté et a bondi dedans, me faisant tituber au passage : j'ai hissé tant bien que mal le fardeau sur mes épaules, et j'ai commencé à marcher en direction de... De quoi ? J'en savais trop rien. Juste loin. Loin de cet endroit. Peut-être hors du bidonville, qui sait ? Moi, ça me paraissait cool. Revenir en ville, tranquillement, ou même un peu dans la campagne, tu sais. Juste loin de ce trou à rat.

Alors que je marchais, cette idée faillit m'arracher un sourire. C'est dire. Puis, là, j'ai tilté que Hedwige avait dû me voir comme ça, faiblarde et titubante, fiévreuse, malade et sur le point de faire un malaise, et ça m'a beaucoup dérangée. Tellement que j'ai eu l'impression que ma gorge se serrait : paraître fragile et vulnérable à une meurtrière à gages, quelle idée. Je pouvais vraiment lui faire confiance ? J'en doutais fort. Bref. Le temps de me dire, tout ça, je me sentais un peu mieux.

Sauf que...

Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour que je sente des bras solides se refermer autour de mes poignets. Je laissais mes yeux gris vagabonder partout, en quête de réponses ; mais où êtes-vous, agresseurs, racailles, policiers, meurtriers, que sais-je ? Je ne vois rien ! Je ne vois rien, mais je devine qui est ce brutal personnage. Je le devine à la sensation métallique qui m'enserre la base de la paume. Je tourne la tête. Encore ce putain de blond, avec ses yeux moqueurs. C'est la journée du blond aujourd'hui. Profite bien. C'était inattendu : je sentais ma tête tourner, ne réalisant pas très bien ce qu'il se passait. Mais si je pouvais faire une chose, c'était profiter de mon état : je me laissais aller momentanément, me laissant tomber, plus pâle que d'ordinaire, feignant le malaise. Il n'y vit que du feu : s'apercevant que j'étais fiévreuse, il baissa sa garde, le regard embêté.
Laksy bondit de mon sac et mordit la cheville du policier, l'occupant le temps que je me relève, réellement affaiblie par cette maladie incongrue. Puis je me remis à courir – enfin, à tituber.

La seule chose qui me sauva la peau fut ma connaissance parfaite des dédales du bidonville. Je sentais les griffes de Laksy marteler le sol terreux, tandis que, m'aidant des murs, je me frayais un passage parmi les nombreuses ruelles, encore, sans s'arrêter, mais lassée depuis belle lurette. Mais comment éviter l'inévitable ? Comment esquiver l’inesquivable ? C'est impossible, nous le savons bien. Une femmelette fiévreuse et titubante, chien ou pas, ne peut pas échapper à un agent de police athlétique, en pleine forme et entraîné. Surtout que j'étais menottée. C'est, je pense, un point important.

Il me rattrapa, gueula quelque chose que je ne pris pas la peine de comprendre ni d'analyser. Il voulait m'infliger le traitement infligé aux criminels, mais semblait hésitant, à la vue de ma carrure, de mon jeune âge évident et de mon état physique. Posséderait-il une âme ? Oh mon dieu.

Haletante et blasée, j'attendais que le miracle ambulant revienne. Bêtement, et lâchement.
Dégageons d'ici, Hedwige, tu veux ?
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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Vide
MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime04.08.14 21:13

Deux gars, seulement deux pauvres gars qui tombaient vraiment mal. On venait de perdre le seul endroit où on se sentait en sécurité, on était parti sans nos affaires, sans ma fidèle casserole, alors NON, là c'était trop. Je tenais les deux gros a distance avec mon pistolet, le cran de sûreté était baissé et au moindre geste suspect, j'allais pas hésiter. Lumeka se leva doucement, elle était malade maintenant ? Ça tombait vraiment mal, comme si on pouvait se payer un médecin là tout de suite. Elle s'accrocha à moi, manquant de tomber par terre. Les deux gars rigolaient, mais ils allaient moins faire les fiers quand je leur aurais collé une balle dans leurs parties.

Lumeka était partie devant, j'allais la rattraper de toute façon, elle marchait en zigzag, pas vraiment correctement, et porter Laksy sur ses épaules n'aidait rien. Le reste du gang arriva peu à peu, on les entendait crier à des kilomètres. Ils étaient seulement armés de batte de base-ball et autre truc dans le genre. Ils me faisaient pas peur avec leur 100kg de graisse, mais ils étaient beaucoup plus nombreux. Je reculais de quelques pas avant de commencer à courir pour rattraper Lum'. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire à Dieu pour qu'elle ait autant la poisse celle-là.

Un policer passa devant moi, un blond qui je reconnu très vite. Il s'était pris une casserole dans la tête celui-là. Mais s'il était un peu plus intelligent, il serait repartir au poste, il ne serait pas resté dans le bidonville. Alors j'me suis dit qu'il était là pour une bonne raison et je l'ai suivi, vagabondant de ruelles en ruelles ; puis j'ai vu une tignasse rouge, un chien couleur feu et j'ai tout de suite poussé un long soupir. Mais malgré tout je souriais. Si on cherche Lumeka, elle est toujours là où y'a des emmerdes. Elle était menotté, mal en point et sacrément dans la merde.

Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire. Pouvoir dire. Réfléchit un peu Hedwige... Le policier criait quelques injures sur Lum', mais j'écoutais pas vraiment. Nan, disons que je cherchais une solution là. Il avait sûrement les clefs sur lui mais je pouvais pas lui prendre comme ça, j'allais me faire démonter en quelques secondes. La première fois, j'avais joué avec l'effet de surprise, autant recommencer, non ? Il avait rangé son arme, je voyais le trousseau de clef pendouiller. Ouais, c'était parfait. Je devais juste faire en sorte que Lum' soit très réactive et vu son état... Ou alors que...

« Eh, Hedwige, tu joues à cache-cache ?! »

Je me retournais rapidement vers la voix familière, lui disant de se baisser un peu. Disons que le gars en question était grand, un bon 1m90 pour pas mal de poids. En fait, les deux qui se bastonnaient tout à l'heure et qui on été stoppé bah, il en faisait partie. Brandon, Brandon. Un grand noir, musclé et tout. Effectivement, la première fois je l'avais pas reconnu, qu'est-ce qu'il faisait ici ?

« T'as des 'blems ? »

Et comment, si tu savais mon petit Brandon. Je me décidais de lui expliquer très brièvement.

« Les flics ont débarqués chez nous, et le blond là-bas a eu Lumeka. On a plus d'maison, et il va bientôt l'envoyer au poste. »

Le noir changea d'expression, même s'il connaissait pas vraiment Lumeka, il savait que je cohabitais avec elle et que j'allais pas la laisser ici, menottée et dans les vapes. Après quelques échanges de regard, il fonça vers le policier en criant comme un petit fou. Le pauvre blondinet, voir un gros mastodonte foncer vers-soi, ça doit faire bizarre. Pendant que Brandon le plaquait au sol, je pris les clefs sur sa ceinture, les remerciant mentalement. Merci Brandon pour nous avoir sauvé la vie et merci monsieur le gentil policier pour les clefs.
Je m'avançais vers Lumeka pour détacher ses menottes. Fallait quand même un peu se dépêcher hein. Pour allez où je sais pas, mais on devait se barrer et vite, enfin, le plus vite que la tignasse rouge le puisse. Je pris le sac pleins de matériel, désolé Laksy, mais t'allais devoir user un peu tes pattes là. Je pris le poignet de Lumeka et je commençais à trottiner, sans rien lui dire d'autre. Pas de commentaire sur son état, ni rien. Je devais juste nous mettre en sécurité pour le moment. Je tirais Lum' plus qu'autre chose, mais au moins, ça la faisait avancer.

J'errai un peu dans Bay Area. Je devais lui donner l'impression que je savais où j'allais, je tournais dans des rues précises, pour éviter les foules, les possibles autres problèmes. En réalité, j'essayais de me repérer dans ce foutu merdier. Avec le gang on allait souvent dans un vieux immeuble, touuut en haut. C'était un peu notre tour de garde, on surveillait tout le quartier de là-haut. Maintenant que la plupart était en prison et que les quelques rescapés n'étaient pas "haut-placés", ils ne connaissaient pas l'endroit et j'étais certaine d'y trouver le minimum vital.
Le seul problème, c'est que va te repérer. Javais complètement oublié par où il fallait passer moi.

Un gros tag un peu effacé attira mon attention. Du vert un peu tâche et des couleurs crash, pas de toute, c'était bien le notre ! Je fis signe à Lum' d'avancer, je lui tenais toujours le poignet d'ailleurs, pour éviter qu'elle tombe et que je continue d'avancer solo. Je commençais à monter les marches. Ça faisait un peu bizarre de revenir ici, on y avait pas mis les pieds depuis quelques mois et surtout, j'y étais jamais allée sans les autres.
L'odeur n'avait pas changé, on passait d'essence à de la peinture, des produits agressif pour mes pauvres narines mais pourtant, tellement agréable. Ça me rappelait tellement de bons souvenirs.
La vue non plus, les murs étaient encore en mauvais état, la peinture s'arrachait, les cadres étaient tous tombés par terre.
Les sons résonnaient bizarrement aussi, la tour était plutôt haute et de nuit, la vue était magnifique, entremêlé du son des voitures et des motos.

J'aime cet endroit.

Je m'étais stoppé quelques secondes pour me remémorer tout ça et, réalisant que y'avait Lumeka, je suis approchée d'une grande affiche, un poster plutôt grand où on pouvait voir plusieurs groupes de rock, des paroles de chanson, bref, tout ce qu'on aimait. Je détachais la feuille pour laisser voir une ouverture. Je laissais entrer Lumeka et Laksy dedans avant de refermer derrière moi.

On arrivait directement dans le salon, y'avait une chambre et une salle de bain, pourquoi ne pas squatter ici pendant un petit moment, c'était pas dans les bidonvilles, on pouvait vivre un peu séparément et... ah oui merde. Je regardais vers la "fenêtre". En fait, elle avait été cassée, le mur avec, du coup y'avait un petit trou mais boooon, c'était pas dangereux hein. Je m'asseyais dans le canapé, me frottant les yeux. Je devais remercier Brandon un peu plus tard pour ce qu'il a fait.
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MessageSujet: Re: Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]   Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige] Icon_minitime

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Quand on a la poisse, la vie est un enchevêtrement de saloperies. [Hedwige]

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