Ont-ils toujours été là ?

Les dragons sont les premiers à avoir foulé le sol du Territoire, emplissant le monde de leur magie et de leur sagesse si particulières. Limlug et Amlug, le Premier Couple, s'employèrent à peupler le Territoire de leurs fils et filles, et ce, jusqu'à ce que l'Homme apparaisse.

Ces petites créatures chétives, sans écaille ni aile mais dont l'ingéniosité leur permirent de bâtir des empires, s'installèrent à leur tour. Les dragons conçurent pour ces fragiles créatures un intérêt curieux, découvrant à leur contact le langage et l'usage de la langue écrite.

Certains se lièrent à ces mortels, jusqu'à conclure une alliance pour se partager le territoire. Les dragons n'étaient plus les seules créatures douées de raison et les humains leur apprirent les mots contre la place de vivre à leurs côtés sans que les dragons ne les balayent de leur colère. Nul mal ne devait être fait à un humain et certaines de ces créatures sentirent confusément le besoin de protéger ces êtres que la nature avaient créé si vulnérables.

Séparant le monde en Nations, puis les Nations en Régions, et enfin les Régions en Cités, les humains provoquèrent une guerre des dragons nommée "la Déchirure", une guerre qui dura tout un siècle avant de s'éteindre comme la flamme d'une allumette trop longtemps éclairée. Limlug, étant resté à l'écart de ces évènements, réunit alors ses fils et filles, ainsi que les plus sages humains, pour créer des lois prévenant une nouvelle "Déchirure".

Ainsi naquit dans la foulée l'Académie Lindorm, une école créée pour favoriser l'alliance homme-dragon et apprendre à mieux se connaître les uns les autres...

Cependant, la menace gronde en dehors de ces terres... Les Wyrms, des renégats exclus du Territoire pour diverses raisons, préparent leur vengeance...

Et vous ? Quel sera votre Destin ?

Les raisons de mon départ ? Je ne m’en rappelle plus…Tout est devenu flou avec le temps. Et cela n’est pas fait pour s’arranger. Je ne pourrais jamais oublier ce jour même si je le voulais. J’avais toujours pensé que le moment le plus mémorable de ma misérable existence serait lorsque je plaquerais tout du jour au lendemain pour aller à mon gré sans même avoir vraiment arrêté une destination. Puis je m’étais souvenu de ce petit lac entouré d’une forêt sombre et sobre dans lequel j’avais pêché de nombreuses années auparavant. Je ne me rappelle plus si j’ai ne serait-ce que laisser un mot cette nuit-là.

Faut dire que tout a été bousculé par cette soirée. Je ne connais pas la date exacte parce que lorsqu’on vit dans les bois, le temps n’a plus exactement la même valeur à nos yeux. Les jours se succèdent, les mois passent, les saisons sont juste un changement sans grand intérêt. Tout ce que je peux vous dire c’est que la nuit était noire. Une de ces nuits sans lune où l’obscurité engloutit l’endroit pour le couvrir de néant. Pas un bruit ne sortait de l’ordinaire, quelques chouettes par-ci, le hurlement d’un loup dans le lointain, surprenant d’ailleurs d’entendre un bruit tel que celui-ci au cœur d’une nuit si sombre, je m’en rends compte à présent. Tout semblait être excité, fébrile comme avant la tempête. Moi-même, je ne dormais pas la forêt me transmettait son énervement.

Un sifflement parvient, au début cela ressemblait plus à un chuintement mais plus le temps passait et plus il prenait en force. Ce dernier semblait s’approcher d’ici. Dans le ciel les étoiles brillaient encore quand je relevais la tête pour constater qu’une masse enflammée se dirigeait à toute allure dans la direction de la clairière où je pêchais jadis. S’ensuivit un bruit sourd qui fit trembler le sol comme une secousse sismique. A cet instant précis, j’aurais peut-être mieux fait de rester dans mon coin et de faire comme si tout cela n’était qu’un fait divers au beau milieu de la nuit mais le destin en a décidé autrement. Mû par mon besoin de savoir ce qu’il se tramait et d’être le premier à observer la météorite puisque c’était sans doute ce qui venait d’arriver, je me suis approché en trottinant prudemment avec ma lampe torche zigzagant entre les arbres. La pierre qui était tombée fumait encore, je me suis approché du cratère qui avait été formé et je me suis assis dans un coin pour l’observer.

Je savais que je ne devais pas m’en approcher mais c’était presque irrésistible et avant même d’en avoir réellement conscience je me trouvais à quelques centimètres de l’objet de mon attention. C’était chaud, je .. non il ne fallait pas que j’y mette mes doigts je risquais de me brûler mais alors que je tentais de résister mon index l’effleurait et le noir complet revint.

Je fus réveillé par un bip régulier qui tournait autour de moi et une odeur aseptisée qui emplissait la pièce. Nul besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que j’étais dans un hôpital mais rester couché m’oppressait plus que je ne le pensais. Je me redressais donc, perturbé, cela faisait un moment que je n’avais pas vu autant de technologie. Il faut dire que je vivais tout de même dans les bois et cela n’était pas pour rien. Je n’avais jamais tellement apprécié de me retrouver cloitré dans des espaces fermés, cela me rappelait mon bureau dans une alcôve de mon travail et je détestais ça. Mon mouvement attira une infirmière qui s’appelait Angela si j’en croyais le nom écrit sur son chemisier.

- Je vais chercher le médecin
- Non ! S’il vous plait Angela !

Je détestais les hommes en blouse blanche et les mots avaient franchis mes lèvres plus rapidement que je ne l’avais pensé. Quelle ne fut pas ma surprise quand je constatais qu’elle m’observait et hochait la tête en repartant faire autre chose. Je ne savais pas quoi penser, je fus perturbé. Pourquoi m‘avait-elle écouté ? Que s’était-il passé pendant mes cinq ans dans les bois ? Le monde avait-il changé ? J’étais pourtant persuadé que ma protestation n’aurait aucun intérêt. J’étais trop fatigué pour chercher plus loin alors je m’installais confortablement et tombait dans les limbes d’un sommeil plus profond.

La réponse à mes premières interrogations vint quelques jours plus tard. Je compris que lorsque je prononçais le nom des gens en leur demandant de faire une chose pour moi, il s’exécutait alors sans le moindre soucis en opinant du chef. Et cela marchait pour absolument tout ce que j’avais essayé même des choses assez farfelues comme de demander de jeter des scalpels par la fenêtre ! Je ne pouvais pas expliquer ce qu’il s’était passé mais je me sentais puissant comme si je pouvais influer sur le reste de l’humanité et que cette dernière se contenterait de se plier à mes quatre volontés. De jour en jour, cette sensation se faisait plus présente en moi et une instance sombre me poussait à demander toujours plus pour voir quand est-ce que cela s’arrêterait mais plus le temps passait et moins j’avais la sensation de dicter mes volontés aux gens. C’était comme une petite voix au début mais celle-ci s’était intensifiée petit à petit pour me montrer et me dire d’ordonner des choses de plus en plus atroces de plus en plus … folles ? Au début, bien sûr je l’avais ignorée du mieux que j’ai pu mais plus le temps passait et plus elle se faisait insistante, pressante. Je commençais à redouter que les gens se rendent compte de quelque chose, cela devenait presque pathologique. Pas plus tard qu’hier d’ailleurs, un militaire est venu me rendre visite, il m’a parlé quelques instants et est reparti aussi vite. Je me demande ce qu’il pouvait bien vouloir obtenir de moi. J’ai eu peur toute la journée en me demandant ce qu’il allait m’arriver….

Ma tête est… lourde, mes bras sont… ne me répondent pas. Je tente une fois de plus mais c’est comme s’ils étaient attachés. Je redresse la tête haletant ouvrant les yeux en découvrant que bien loin de ma chambre d’hôpital le décor autour de moi a changé. Je ne distingue pas grand-chose, des murmures, des blouses blanches mais rien de plus. Cette endroit ne me dit rien de bon, je n’ose ouvrir la bouche de peur que l’on me remarque. Ce qui est ridicule vu que je suis déjà au centre de la pièce comme un vulgaire...cobaye. Pour le moment, personne n’a trop regardé ce que je faisais, ils semblent absorbés par une conversation dont je ne saisis pas tout peut être le mot « faculté » ou encore « capacité » mais je ne suis sure de rien. Et finalement un nom « patient-0 ».

Nul doute que ce doit être moi mais pourquoi suis-je là, attaché ? Que va-t-il m’arriver ? La peur me prend aux tripes et je commence à remuer tendu. Je crie même… et je tire sur mes liens et brusquement tout redevient flou et noir. Je perçois une conversation.
mangent les
- On se retrouve ce soir pour manger, John.

Les voix se turent et un pas s’éloigna.
D’une voix éteinte, je murmurai.

- Joooohn, libère moi et montre-moi la sortie…