“Aujourd'hui, les choses ont changés. Ou peut-être hier, nous ne savons plus. Nous avons tous reçu ce même journal qui annonçait de grands changements. Je déplie entre mes doigts ce bout de papier à moitié froissé par le trajet qu'il a du faire avant d'en arriver là. Je lis la nouvelle comme s'il s'agissait d'un évènement habituel : je suis sûr que certains n'y croient pas un mot et je prends grandement partis pour eux. Ces menaces-là, ça me passe par dessus la tête. Les jours qui suivirent, je lorgnais du regard les ruelles de mon quartier, déchaînées par la nouvelle. Enfin, je vois que d'autres étaient prêts à se battre jusqu'au sang pour que ça reste ainsi. Les « autres », ce sont surtout les gangs qui gouvernaient la ville. Ils étaient, jusqu'à cette annonce bouleversante, l'autorité même de Mayaku. Pointant fièrement leurs armes à feu face à leurs ennemis : les forces de l'ordre. Quand il y a un face à face, il se perd beaucoup de balles et dans chacun des clans, beaucoup tombent comme des mouches sur les pavés. Dans ces moments de boucherie, je décide toujours de ne pas trop m'approcher de la fenêtre et je ferme même les stores, car il ne faudrait pas que l'on sente une présence. Je risquais à tout moment de recevoir une balle.
J'en retourne à ma lecture, je pense aux situations des malfrats de la ville avec tout ce remue ménage. Je me mets à leur place. Je me pose des questions, pas n'importes lesquelles. Je me demande si j'étais tel personne, qu'est-ce que je ferais dans cette situation ? Et, si j'en étais une autre, qu'est-ce que je ferais de plus ou de moins ? Je pense alors aux dealeurs, c'est le seul « métier » dont je devine leurs réactions face à un merdier pareil. Eux, ils vont lâchement trouver un endroit où ils ne seront pas facilement découverts par les nouvelles autorités. Mais je sais que tout ça ne veux rien dire, parce que personne n'a encore jamais réussi à changer l'ambiance glauque et effrayante qui émane de ces quatre quartiers. Et pourtant. Je m'attarde à lire et relire ce scoop où il est marqué d'une encre bien visible « Un homme a eu l'idée dangereuse de devenir le nouveau maire de Mayaku. » Je peux lire également : « Ce qui a donné lieu à de très grands bouleversements [...] » Il n'y a pas de raison que l'histoire ne recommence pas. La dernière fois que quelqu'un a voulu s'emparer de la ville, il a été abattu de plusieurs balles et les quelques membres des forces de l'ordre qui persistaient à vouloir garder le contrôle de la ville après sa mort se sont fait massacrés sournoisement, à l'arme blanche. Je me souviens encore des cris de joie des heureux prédateurs et du repli des autorités à la fois déçus et pleins de tristesse...
Cependant, j'ai vu une ville qui a bien changée. Je dois avouer être un peu stupéfait, comme bon nombre des « anciens » habitants. Mayaku est devenue une ville simplette au fil du temps. Elle s'est de plus en plus enrichie de part son commerce et son tourisme. Elle est bien entretenue et vise à être une ville concurrente de Tokyo. Du moins, c'est ce que prévoit le maire sans penser qu'il reste encore un bon nombre de problèmes à résoudre. Effectivement, il reste à Mayaku beaucoup de gens infréquentables qui y rodent. Les « anciens » comme on les appelle. Le quartier Est reste le plus malfamé, qui écrase les trois autres. Y mettre un pied lorsque l'on n'est pas un « ancien » est une question de vie ou de mort. Autant avoir le coeur bien accroché. „

L'académie Seikoïko. Oui, ce nom est bien un nom que l'on pourrait entendre pour une école japonaise mais nous parlons bien d'une académie française. Elle regroupe de nombreux élèves, venant de tous pays ; nous pouvons donc voir ici des Anglais, des Allemands, des Américains, des Japonais, toute personne peut être inclue dans cette académie qui est reconnue mondialement.

Remontons à la création de cette académie… Celle-ci a bel et bien été créée par un japonais immigré en France. Toutefois au départ,ce bâtiment était une sorte d’Église où des religieux donnaient gratuitement des cours aux plus démunis. Déjà que c’était plutôt mal vu par les personnes plus riches, l’acte le plus grave s’y est produit. Un meurtre. Ce qui s’est passé ? Entre 1950 et 1955, quelques temps après la Seconde Guerre Mondiale, un enfant raciste a mis le feu à l’église alors qu'il était à l’intérieur avec le fondateur. Malgré tout, une grande statue fut érigée devant les ruines du bâtiment pour rendre hommage aux gens morts. Bien que celui-ci fût reconstruit, il resta longuement à l’abandon…

Jusqu’au jour où deux hommes eurent l'idée de recommencer à l'utiliser 25 ans après le drame. Tout comme leur prédécesseur, ils construisirent un endroit où les gens pourraient apprendre gratuitement et pourraient y vivre. Malheureusement le mal allait encore s’abattre sur l’endroit… À la suite de quelques rumeurs, on fit une enquête pour découvrir que certaines histoires étaient réellement fondées. Des viols avaient été perpétrés dans l'académie et nous découvrîmes que les gens, que ce soit des hommes ou des femmes, se laissaient abuser pour pouvoir facilement passer dans une classe supérieure. Un des dirigeants de l'académie fut pendu sur le toit de la bâtisse ; on pouvait lire, sur son corps mutilé, des mots comme « Tu l'as bien mérité sale violeur » ou « Que Dieu te montre la vraie voie ». L'école ferma donc ses portes.

Puis, aux alentours de 1996-1998, un autre homme vint reprendre l’académie en main. C’était le petit fils du fondateur, un jeune japonais du nom de Seikoïko. Pendant les premières années, les gens furent réticents à entrer dans un endroit où des élèves de toutes nationalités se retrouveraient surtout s'ils connaissaient l'histoire du lieu... Après quelques années à enseigner aux élèves qu'il y avait, de plus en plus de monde rejoignirent l'endroit avec une envie de découvrir. C''est alors que des élèves du monde entier eurent le courage de s'installer dans l'académie, jusqu'à en faire un véritable coin de paradis où les gens pouvaient faire ce qu'ils voulaient dans la limite du raisonnable en apprenant toujours correctement.

C'est aux alentours de 2005 que l'académie eu une réelle expansion en faisant de nombreux travaux, agrandissant chaque fois un peu plus les complexes, faisant même de l'ombre à certaines universités américaines. Des étudiants commençaient alors à affluer dans l'académie, venant des quatre coins de la planète. Malgré cela, des élèves s'amusaient toujours à transgresser les règles, oubliant parfois les bonnes manières mais plus aucun meurtre n’arriva jusqu'à l'année 2009. En effet, un homme fut retrouvé dans sa chambre, pendu… La police n’a jamais compris pourquoi il s’était suicidé, mais je vais vous raconter la vérité ; l’académie est en apparence tranquille, calme, tout à fait banale. Mais en son sein, c’est un lieu de chaos et de débauche. Ne vous en faites pas, certaines personnes sont sur le droit chemin et tentent réellement d’étudier et de faire changer les choses, omettant le passé de l'académie.

Et vous que deviendrez vous ? Serez-vous un élève particulièrement sage apprécié de tous, pour avoir le courage de finir ses études, sans jamais se détourner ? Un élève qui n'aime pas l'ordre et qui va parfois beaucoup trop loin, s'amusant à franchir les limites, profitant de l'endroit et de la ville ? Un professeur tout à fait honorable, ayant comme seul désir de voir ses élèves réussir et le rendre fier de son travail ? C'est à vous dorénavant de décider de ce que vous pouvez être, soit dans l'académie, soit dans la ville. Le monde vous ouvre ses bras ! Tomberez-vous dans cette maladie qui hante cette ville depuis plus de cinquante ans ? Ou essayerez-vous juste de vous amuser le plus possible, pour profiter de la vie et la mordre à pleines dents jusqu'à la fin ? C'est à vous de décider ce que vous voulez faire de cette vie, dans une académie où joie et luxure peuvent se côtoyer ; c'est ainsi que vous vivrez.