Mais dans quel putain de merdier s’était-il encore foutu en venant péter jusque dans les entrailles de cette foutue église délabrée ?
Hmm… Remontons quelque temps en arrière. Mihael avait reçu la nuit dernière un contrat sur la tête d’un certain Judas, stipulant une coquette somme d’argent à condition qu’il s’exécute de manière propre et discrète. Comme il avait l’habitude de le faire, quoi. Il l’avait donc accepté sans plus se poser de question, ce malgré le manque flagrant d’informations qu’on lui avait fournit à propos dudit personnage à abattre. Tant qu’il savait où le trouver, le reste suivrait. Et pour le trouver, il l’avait trouvé. Assez rapidement d’ailleurs, puisqu’il savait de toute façon plus ou moins dans quel secteur de la ville chercher, et quels types d’endroits le personnage fréquentait le plus souvent. Discret, il l’avait suivi jusque dans ce fameux bar, attendant la meilleure occasion pour en terminer – et non, il ne comptait pas sur un assassinat public, il n’était pas de ceux qui aimaient se faire remarquer comme il y en avait parfois –. Occasion qu’il avait eut lorsque l’autre s’était éclipsée à l’extérieur pour sans doute aller satisfaire un besoin personnel. C’était à peu près à ce moment là que les choses s’étaient précipitées, qu’un groupe d’inconnus était arrivé tout à fait inopinément et était tombé par surprise sur le dos de l’homme, l’assommant puis l’emmenant ailleurs. Ah… Voilà quelque chose qui n’allait pas du tout, et c’était pas bon pour ses affaires, ça ! Le clover avait donc entreprit de les filer jusqu’à leur repère ou quoi que ce soit d’autre. Tenace, il n’avait pas pour habitude de laisser sa proie lui glisser entre les doigts, et pas question que ça commence cette nuit ! Celui-ci n’y ferait donc pas exception.

Ça puait les emmerdes à plein nez.
Mihael s’arrêta un instant, indécis, devant la vieille église dans laquelle ceux qu’il traquait venaient de pénétrer. Non, il n’avait aucune idée de ce que les autres s’apprêtaient à faire mais vraiment, ça sentait pas bon. Et ça ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Il était dit que ce serait pas pour cette nuit que l’achèvement de son contrat se clôturerait tranquillement, en toute discrétion. Il ne savait pas encore jusqu’à quel point il avait visé juste…
Tandis qu’il hésitait encore à entrer de suite ou bien à patienter de hors – comme si ceux qui lui avait enlevée son homme allait le lui remettre gentiment entre les mains après lui avoir fait subir on ne sait trop quoi – des bruits d’agitation soudaine parvinrent à son ouïe, qui le décida à s’avancer pour voir ce qu’il se tramait à l’intérieur. Il n’eut pas trop tôt fait d’ouvrir la porte aux doubles battants que déjà des bruits de fusillades se faisaient entendre. Ça plus des cris d’agonies de ceux qui étaient touchés… Visiblement, tout ça ne se déroulait pas comme ce qui était initialement prévu.
Les deux lourdes portes se refermèrent avec un bruit sourd derrière son dos. Il se trouvait à présent dans le narthex, quand toute l’action semblait se dérouler de l’autre côté, dans la nef centrale. Une simple petite porte de bois vermoulue le séparait de ce qui, à l’entendre, devait – ou ne tarderait pas à – être un véritable massacre. Un soupir blasé lui échappa ; c’était bien sa veine ce qui lui arrivait, tiens ! Lui qui s’était récemment entiché de deux chakrams, ces armes ne lui seraient d’aucune utilité – ou presque – ici. Certes, s’il avait suffisamment de réactivité, il pourrait toujours s’en servir pour parer les éventuelles attaques, mais il ne serait pas à l’abri d’une balle perdue… Puis dans des tirs croisés, il n’avait absolument aucune chance avec deux simples armes blanches.
Ok, trois solutions s’offraient donc à lui : 1) Il entrait, avait de la chance et ramassait un flingue direct puis tuait du peuple sans aucune distinction pour faire cesser un peu tout ça en espérant simplement que personne ne lui aurait piqué sa proie avant lui ; 2) Il entrait, trouvait aussitôt une bonne planquette et regardait comment les choses évoluaient en espérant trouver sur son chemin de quoi avoir matière à combattre histoire de ne pas se trouver totalement démuni ; 3) Il restait là sagement comme le couard qu’il n’était pas jusqu’à ce que ça se tasse. La première solution était fort improbable, et la troisième, complètement exclue. Il n’avait plus trop le choix en fait, alors autant arrêter de rester là comme un con à tergiverser sur des trucs qui n’en avaient pas besoin. Le clover poussa la seconde porte et repéra en un coup d’œil entraîné la quasi-totalité de ce qui se déroulait dans l’église. Des drôles de mecs – vue leur tenue (ou ce qu’il en restait pour certains), avec la sale gueule qu’ils avaient, c’étaient ceux qu’il avait suivi, pas d’erreur de ce côté là – qui tiraient à tout va, mais surtout dans une direction précise, un genre de barricade d’où partaient d’autres tirs.
Ne voyant pas son type, il en conclut qu’il devait être derrière ladite barricade de fortune. Et sans doute avec un allié au vu de la quantité des tirs qui partaient de là. Magnifique. De mieux en mieux. Heureusement que personne encore ici n’avait prit conscience de sa présence, bien que ça ne tarderait sans doute pas s’il continuait de rester planté là comme un con, sans bouger. Sauf que des abris… Y en avait pas des masses de ce côté-là de l’église. A part peut-être ce vieux confessionnal tout vermoulu, par là-bas. Si personne ne s’excitait trop longtemps dessus, il pourrait faire l’affaire – provisoirement, du moins –. Allez, hop ! Trêve de blabla inutile, on rase les murs le plus rapidement possible puis un bond sur le côté, et l’affaire est close. Juste à temps d’ailleurs. Jolie explosion, ma foi. Douloureuse à souhait pour les cons qui s’y sont exposés. Et belle aubaine pour lui. Juste le laps de temps supplémentaire qu’il lui fallait pour s’avancer vers un abri plus proche du gros de la fusillade. Parce que non, il n’avait pas la moindre envie de rester simple spectateur à tout ça. D’autant plus que la vue de toute cette effusion de sang réveillait en lui de vieux démons qu’il aurait préféré laisser au placard… Il lança un chakram – pratique, une arme boomerang, pas besoin d’aller la récupérer à l’autre bout après usage – qui rencontra le premier malheureux cou dont le propriétaire avait eut le malheur de ne rien voir venir puis tenta une sortie pour récupérer les armes de sa première victime en ces lieux. Il irait pas loin avec deux semi-automatiques mais vous me direz, c’était toujours mieux que rien. Et en voilà un de plus qui se mettait à tirer dans le tas – en visant un minimum au préalable, il n’avait pas une quantité gargantuesques de munitions, lui – pour éclaircir un peu le tout. Son type, il s’en occuperait après, l’avait l’air de se débrouiller suffisamment bien pour s’en tirer en peine santé après ça.