T'es fatigué ce soir Luke. T'en as marre, t'as eus des tas et des taaas de clients, tous plus chiants les uns des autres. Y'a le vieux a sa table avec son journal qui bois le même café depuis trois heures. Il y a aussi la petite mignonne qui se regarde dans le reflet d'un plat en argent toutes les cinq minutes juste pour voir tous les soirs ce même garçon qui vient prendre un muffin et qui repart cinq minutes après. Alors la jeune fille part sans avoir osé l'aborder. Il y aussi la maman avec sa petite fille qui passe souvent, et encore cet homme qui avant de rentrer chez lui vient pour passer un moment de détente au calme. Tous ces gens, ils t'insupportent. Alors t'as qu'une envie, retirer tes rangers usées, retirer ton jeans troué, retirer ce t-shirt gris débile avec un t-rex qui vomit un arc-en-ciel dessus, et jeter ta veste sur ton canapé, comme tu le fais toujours. Puis, tu soupires, et tu vires bien vite le dernier client qui traîne à sortir. Ton torchon sur l'épaule, tu soupires, et tu tournes le panneau « open » pour afficher « closed ». Tu te dis, enfin un peu de paix. Tu retournes en cuisine pour tout ranger et là tu te dis : le monde est ignoble avec toi. Oh oui. Grand malheur, il faut sortir les poubelles. Tu soupires, abandonnes ton torchon, et prend les gros sacs poubelles en main. Tu soupires encore. Vraiment à force de soupirer, tu vas créer une tempête. Tu déglutis et finalement tu te mets enfin en route. T'es pas motivé mon gaillard mais c'est la routine que tu vis. Tu pousses la porte avec ton cul, tu la refermes avec ton pied et te voilà dans la rue. Pour accéder aux conteneurs tu tournes dans la ruelle, traverse, soulève la poubelle et refourgues tes sacs dedans. Hop, une bonne chose de faite.

C'est là que t'as tendu l'oreille, et que tu t'es demandé ce qui se passait. T'as entendu des voix de mecs, ils sont trois apparemment, un bruit claquant, un bruit sourd. Qu'est-ce qui se passe ? Tu humes l'air, et même si tu détestes ta condition, ton instinct de loup prend le dessus, tu te faufiles dans les rues en suivant l'odeur, les bruits, tu écoutes tes sens... Et puis.... Et puis tu vois la scène. Tu l'analyse vite. La femme, elle a rien demandé à personne. T'aimes pas qu'on t'emmerde, mais tu n'es pas un connard, alors tu soupires, et tu retires ta veste en cuir, tu ne voudrais pas l'abîmer, tu l'accroches a une petite imperfection du mur et tu te lances. Tu t'approches lentement du groupes d'hommes. Il rient. Alors tu te mets à rire aussi. Deux d'entre-eux se retournent vers toi et tu leur fait un petit coucou genre t'es timide avant de te masser la nuque. Visiblement ils te prennent pour une tafiole. Bah faut pas leur en vouloir, malgré ta musculature, t'es pas très grand alors forcément t'es pas le mec qui impressionne le plus au premier abord. Mais c'est pas grave, toi tu sais que t'as grandit en vivant des entraînements militaires chaque jours... Tu sais déjà que tu vas les exploser.

Tes yeux noirs se plissent. T'as un sourire malsain, et le premier qui s'approche de toi, tu lui attrape le poignet et tu lui retournes le bras avec aisance. Tu effectues une pression violente et le bras se casse, ou se déboîte t'en sais rien, t'as pas fais attention, tu sais juste que le mec à hurlé et le coup que t'as donné dans ses genoux l'a fait flancher directement et tomber au sol. Tu ricanes, mais du coup pendant ce temps tu te prends un putain de coup de poing dans la tronche.... Oh merde. Tu secoues la tête et tu te ressaisis, fini les conneries. Faut se débarrasser de ces types. Tu fonces donc sur le deuxième, tu lui assènes un coup de boule bien placé, tiens ça t'apprendras à t'en prendre à des minettes qui sortent du métro tard le soir. Connard. Mais le troisième est dans ton dos et te frappe à la tête assez fort, sonné, tu te prends quelques coups mais une fois re-concentré tu peux te permettre de te jeter sur le leadeur des trois et de le mordre sans pitié à l'épaule. Le sang envahit ta bouche... Tu grognes, tu inspire longuement pour ne pas trop te transformer, il hurle et se lève rapidement pour fuir, et partir à l'opposé. Le bras cassé le suit et celui qui a presque rien hésite avant de se mettre à les suivre en courant lorsque tu fais mine de t'approcher. T'as été dissuasif Luke.

D'un geste nonchalant de la main t'essuie ta bouche ensanglantée, tu t'es pris des coups aussi mais rien de grave. Tu craches par terre puis tu te baisse, ramasse les affaires de la jeune demoiselle en détresse, remet tout dans son sac et tu te lui tend, sans mot-dire. Une fois cela fait, tu te retourne vers le mur, prend ta veste et l'enfile comme si tu venais de juste, sortir tes poubelles. Ton regard sombre se pose alors à nouveau sur la midinette, tu soupires et finalement tu redresses le visage, ta belle gueule de mec torturé qui s'est prit des gadins dans la vie et qui a les cheveux dans la gueule parce qu'il vient de tabasser trois mecs à lui tout seul. Tes crocs sont encore plein de sangs, mais tu t'en fou, ce goût métallique, t'y a pris goût. Un nouveau soupire traverse tes lèvres et c'est avec un effort  énorme et inimaginable que tu lui demandes enfin, « … Ça va ? » Luke, t'es pas vraiment plus rassurant que ces trois gars là.  

T'es un peu froid Luke quand même. Tu pourrais faire un effort, cette jeune femme à peur, elle est terrorisée, elle vient de se faire malmener par trois branleurs de première, et toi tu trouves pas mieux à faire que de faire ton connard d'asocial qui veut pas parler à part le strict minimum ? Ben oui c'est ce qu'il va faire apparemment. Ah lala Luke, gros con va. Tu lui tends donc son sac, tu ignores ses paroles, tu vas chercher ta veste et enfin tu reviens vers elle. Elle semble déboussolée, un peu perdue, surprise en même temps. Normal vu ce qu'il vient de lui arriver. Tu notices son t-shirt et tu as un léger sourire en coin. Elle a de bons goûts la demoiselle. Faudrait peut être que tu sois sympa avec elle un de ces quatre, genre maintenant, tout de suite, gros branleur bouge ton cul. Et t'es sadique hein, tu la regardes, tu la laisse s'embrouiller dans ses paroles et te poser des questions absurdes. Tu sors finalement un mouchoir de ta poche pour essuyer toute trace de sang restante sur ta bouche ou ailleurs sur ton visage. Faudrait pas lui faire peur avec tes crocs incroyablement grands. T'as sentis un truc en la touchant tout à l'heure. Elle a le sang froid. Une Lycan non originelle ? Mais c'est pas un loup, tu sens pas le loup sur elle. C'est quoi alors ? Tu n'arrives pas à le déceler, peut être un serpent ou un truc dans le genre. « Moi, ça va. »

Eeeeh ben. C'est pas ces paroles là qui vont t'arracher le cul. Tu l'observes de haut en bas, à la recherche d'une éventuelle blessure, ton regard noir pétille dans l'obscurité de la rue. Et quoi maintenant ? Tu vas la laisser rentrer chez elle ? Toute seule ? Alors qu'elle est sans défense ? Les mecs pourraient être toujours dans les parages, prêt à lui sauter à nouveau dessus quand elle n'aura plus son chevalier servant à ses côtés. Bon. Ben... Tu roules des yeux, puis tu soupires et... « T'as pas de blessures ? Tu sais marcher ? Ou tu veux que je te porte? » Trois question d'affilées, tu vas pas mourir c'est bon ?
Tu te rapproches alors d'elle pour mieux observer son visage. Ça a l'air d'aller, mais on sait jamais, elle peut être en état de choc. Tu réfléchis un peu, tu vas la ramener au diner ? Non tu viens de fermer et t'as déjà tout nettoyé, c'est pas pour la ramener. La raccompagner chez elle ? Ouais bonne idée. « Je vais te ramener chez toi. Je préfère pas te laisser seule maintenant. » Tu fais des efforts, c'est bien. Tu enfonces tes mains dans tes poches et tu lui emboîte le pas, pour qu'elle t'indique la direction à suivre.  « Au fait, moi c'est Luke. Je tiens le diner au coin de la rue là bas. » Autant se présenter, ça fait moins froid, hein ?