A monster without a soul

Sujet: A monster without a soul 12.07.13 18:36

Il est 3 heures, une heure de la nuit pour laquelle on ne sait jamais s’il faut dire qu’elle se situe tard ou trop tôt. Trois heures et les yeux de Severi sont déjà ouverts. Les iris bleu arctiques fixent le plafond un moment. Puis le finlandais se tourne d’un côté, de l’autre, soupire en silence et regarde d’un air envieux sa maîtresse à ses côtés. Elle dort, pour une fois. A croire qu’ils se refilent les insomnies d’un jour sur l’autre… Il tend une main, prêt à glisser ses doigts dans les cheveux blancs, mais se ravise. Si jamais il la réveille, il aura droit à un sermon doublé d’une punition, alors autant l’éviter… Il tente donc de se rendormir, ferme les yeux, et Dieu merci, y parvient.

La deuxième partie de la nuit est de courte durée. A peine trois autres petites heures de sommeil en plus et le voilà debout.
Il est 6h du matin et Severi s’extirpe des draps. Pataud, il sort de la chambre sans bruit. Face à la baie vitrée, il observe le lever du soleil qui colore le ciel et les nuages de rose et d’orangé. Puis il file sous la douche, manque de glisser deux fois, et sort en secouant la tête pour faire partir l’eau de ses cheveux – les habitudes canines ont la vie dure.

Huit heures et plane un doux fumet dans l’appartement. Severi, revêtu d’un tablier presque impeccable, prépare la table du petit déjeuner après avoir passé une heure derrière les fourneaux. Pancakes, œufs brouillés, tranches de bacon grillées, toast, jus d’orange frais, café noir et fruits frais,… Comme tous les matins, une multitude de plats se dressent fièrement sur le plan de travail. Le lycanthrope engloutit sa part et sort sur le balcon pour boire son café et fumer une cigarette tant que Chiaki n’est pas encore là.

Sujet: Re: A monster without a soul 12.07.13 19:18

Il est 3 heures, toujours trois heures, en fait rien n'est à l'heure à la maison. Amy avait laissé un mot à ce propos mais j'ai oublié de m'en occuper. Trois heures et je me déplace dans l'appartement, traîne sur la photo d'Amy que je touche d'un doigt avant de me retourner sur la jeune fille allongée dans le sofa. Elle m'accorde un regard, ouvre un dialogue, muet mais, limpide.
Elle a raison, je dois me rendormir.

Il est 6h du matin, le bruit d'une porte claquée résonne dans l'appartement. Amy doit être sortie faire les courses. Amy avait raison. A présent, ce dépeint devant moi le même décors : tout d'abord, un mobilier semblable à celui d'hier, ensuite les mêmes immeubles en face de moi et enfin le ciel, ce ciel qui découvre lui aussi le même monde.

Huit heures et Amy rentre et dépose des ingrédients sur la table. Elle n'a pas encore intégré l'intérêt d'un frigo ou l'utilité d'une plaque électrique, j'ai préféré garder l'ancien équipement électrique pour ne pas la perturber davantage. Je m'emploie à la rejoindre pour lui montrer, mais elle m'empêche d'y accéder -à la cuisine- en écartant les bras devant moi.

Veut-t-elle me prendre dans ses bras ? Veut-elle me parler de quelque chose?
Non Amy souhaite simplement que je ne l'approche pas dans mon intérêt.
Amy me sourit et me tend une pomme -"Attends".

Sujet: Re: A monster without a soul 16.07.13 10:59

Il est 8 heures et demi. Severi termine à peine sa cigarette que Chiaki – tout juste levée – l’engueule déjà. Il empeste le tabac, odeur qu’elle ne supporte pas, et traîne le parfum indélicat derrière lui. Penaud, le finlandais rentre la tête entre les épaules et lève un regard de chien pris en faute vers la scientifique. Le geste de la main est sans appel : il est reparti pour une douche et pour changer d’habits…

Il est neuf heures passées quand il sort de la salle de bain pour la deuxième fois de la journée. Chiaki a déjà abandonné les lieux, sans un mot, lui faisant comprendre qu’elle n’attend rien de lui pour aujourd’hui, si ce n’est qu’il reste joignable. Au cas où.

Il est plus de 11 heures lorsque Severi termine enfin le ménage de l’appartement. Toutes les pièces y ont eut droit et là où le blond passe, la poussière trépasse. Estimant mériter un peu de repos après cela, il retourne sur le balcon du bel appartement, place qu’il apprécie tout particulièrement. Là, mâchouillant distraitement le museau de Sophie - la girafe -, il contemple pour la deuxième fois de la journée la ville qui s’étend sous ses yeux, imposante. Aujourd’hui quelque chose semble l’appeler plus que d’ordinaire, et ça le fait piaffer intérieurement, comme un chien qui aurait attendu trop longtemps sa promenade.

Autant profiter de l’absence de Chiaki : il ira se perdre dans les rues cette après-midi.

Sujet: Re: A monster without a soul 18.07.13 15:05

[Je croyais que c'était un privilège réservé à Dieu que de créer la vie. Cependant, n'est-ce pas déjà blasphémer que d'avoir de telles pensées ?
Transplantations d'organes, thérapies génétiques, clonage. Ces choses ne sont elles pas blasphématoires ?
N'est-ce pas là l'orgueil de l'homme que de vouloir pénétrer dans le royaume de Dieu ?
Même si c'est ce que les gens croyaient auparavant, qu'en est-il maintenant ? Ils ne sont que les restes de l'ère de l'éthique.]

*CLAP*
Plonger dans mes écrits, je dus interrompre cette parenthèse à cause d'Amy suspendue à mon cou attendant une quelconque réaction de ma part.

-"Amy…
-"Ne bouge plus.. "
Trois minutes plus tard
-"Amy..."

Amy finit par lâcher son emprise pour venir devant moi et me tendre une pellicule neuve.

-"Il y avait d'autres moyens de me le faire comprendre, tu ne crois pas ?
Amy me fit signe de me baisser à sa hauteur, juste pour me donner une tape sur la tête puis elle parti en souriant.

Il est neuf heures passées, cette gamine était encore plus perturbée que je ne le pensais finalement…

Il est plus de 11 heures lorsque je sortis de l'atelier, avec cette photo.

Spoiler:

Non loin de Bay Area, j'ai croisé cette enfant usant de ses notions et autres talents pour ce faire mouvoir cette créature métallique. Dès lors, je reste interdis face à mon cliché, subjugué par le spectacle s'offrant à moi. Non pas que je sois choqué ,mais plutôt contemplatif devant tant d'intelligence, cette enfant aussi jeune soit-elle, a su interpréter la quintessence de ce monde au détour d'une ruelle.
Amy prit la photo de mes mains et me demanda qui était-ce, je ne pus lui répondre.

-"Retournes y." me dit-elle.

Sujet: Re: A monster without a soul 20.07.13 20:57

Si on vous donnait l'occasion de faire de la chirurgie esthétique,
que changeriez-vous?
● Mon ventre, après quatre grossesses, il n'est plus vraiment ce qu'il était !
♥ Ma poitrine, pour remettre du piment dans mon couple.
♣ Peu importe, du moment que je ressemble à mon idéal de beauté !
□ Mon visage, pour effacer les signes du temps qui passe...

Votre premier moment magique, c'était...
♥ Mon premier amour.
□ Mon premier diplôme.
● Mon premier accouchement.
♣ Mon premier don pour les enfants démunis.

*CLAP*

Il est midi. Douze heures tapantes même. Et Severi vient de perdre une demi-heure à lire des idioties dans un magazine féminin. Il l’a acheté à la base pour la recette d’aiguillon de poulet à la sauce de foie gras qui lui a sauté aux yeux et donné l’eau à la bouche. Recette qu’il a d’ailleurs tenté de réaliser hier soir, avec succès. Alors pourquoi diable est-il allé mettre son nez dans la rubrique « Psycho-test », lui-même ne le sait pas.
Il est midi et le temps des âneries est terminé. Le finlandais abandonne le canapé et va cuisiner un petit quelque chose. Après tout, on ne sort pas le ventre vide !

Comme à son habitude, le lycanthrope ne prend ni voiture, ni vélo, pour se déplacer. Il aime flâner dans les rues, prendre le temps. Et puis à pieds, on fait tellement plus de rencontres.
Il est treize heures. Ou plutôt treize heures, trente minutes. Severi s’est laissé guider. Par son instinct. Par les odeurs. Et en parlant d’odeur, celle des ruelles de Bay Area, où il se trouve désormais, ne lui sied guère. Et pourtant, c’est bien celle-là même qui l’a attiré ici.

Qu’est-il donc venu y chercher au juste ?

Sujet: Re: A monster without a soul 01.08.13 18:26

SUBJECT 3FEXP-VBX1: AMY

SIZE: 168
WEIGHT: 45
HEMATOCRIT
RBC: 4-5 anemia
WBC: neutrophils Polynuclear: 7
PLATELETS: 150,000 thrombocytopenia
On the third day, the patient had platelet transfusions
Hemoglobin: 12

Platon- Nos âmes sont emprisonnées dans nos corps

C'est à cette conclusion que j'aboutis après avoir lu ce rapport négligemment posé sur le sol près du matelas d'Amy. C'est à cette conclusion que j'aboutis après avoir rencontré Amy il y a de cela quelques mois.

Il y avait cette fille, elle sortait de nulle part. A ma grande surprise, elle était le même genre de personne que moi. Elle avait les mêmes voeux. A la seconde où je la vis, je réalisai que je n'étais pas seul dans ce monde. J'étais si heureux. Après tout, avant de la rencontrer, j'étais tout seul dans ce monde. Il n'y avait personne capable de voir le paysage qui s'offrait à mes yeux.

C'est la vérité. C'est ce qui m'a permis de voir le chemin idéal pour ce monde. Je ne mens pas. Mais en même temps, ça m'attristait. Parce qu'au moment où je la vis, je sus qu'il n'y avait pas de place pour nous deux.

Il était midi. Douze heures tapantes et je quittais l'appartement avec mon sac rempli de toutes choses dont des pellicules, un livre, une bouteille d'eau, mon appareil photo bien sûr et une pomme.. la même pomme que tout à l'heure.

En traversant un trottoir sous un ciel menaçant, je me suis remémoré mon trajet menant à la jeune fille. Je me souvenais de ses odeurs, du décors (il y avait un manège abandonné sur le chemin), et puis une ruelle avec toutes sortes d'échoppes. Je pus retrouver facilement mon chemin jusqu'au poissonnier, l'odeur qui s'y dégageait était perceptible déjà dans les rues adjacentes. Je passais mon chemin, devant un groupe de chats, eux aussi étaient là, abandonnés et contraint de survivre un peu comme nous.

Un peu plus loin, l'atmosphère semblait plus familière, je crus l'apercevoir, mais non ce n'était pas la bonne personne.

Il est treize heures. Ou plutôt treize heures, trente minutes, j'étais fatigué, je fis une pause et m'assis sur le rebord de cette fontaine.

Je cherche à découvrir si le concept de destin existe dans ce monde … et le cas échéant … si une telle règle régit l'univers. Je veux également que tu en sois témoin. A mes côtés ...

Sujet: Re: A monster without a soul 12.08.13 19:32

Severi ne sait pas l’heure qu’il est. Il ne sait plus. Et ne cherche pas à le savoir. Il a pu se passer une heure, deux heures, ou bien plus, que cela ne semble plus affecter le blond. Car ce dernier semble désormais comme dans une autre dimension. Ou plutôt, un autre temps.
Un temps passé, lointain. Le temps des souvenirs, de ces bribes de mémoires qui s’agitent dans sa tête, sans réussir pourtant à se libérer de son esprit. Ses flashs qui assaillent, clignotent devant ses yeux, sans qu’il n’arrive à les discerner correctement.

Et c’est frustrant. Le lycanthrope aimerait d’ailleurs pouvoir se mettre en colère. Contre lui-même. Contre ces instants oubliés qui tentent de ressurgir maintenant. Seulement c’est aussi désorientant.
Il est perdu Severi. A l’entrée de ce cul-de-sac, il reste planté, immobile en ne sachant quoi faire. D’habitude c’est Chiaki qui le guide, qui ordonne. Mais elle n’est pas là présentement. Le chien a couru, heureux de sa liberté, quand on lui a retiré sa laisse. Mais regrette désormais sa bêtise, sa folie et son emportement.

Les yeux bleus fixent le mur. Ou plutôt ils fixent quelque chose, un être, que seuls eux semblent apercevoir. Le finlandais se voit. Une projection de lui au milieu des poubelles renversées.
L’odeur de la crasse emplit ses narines. Mais pas seulement. Ce gamin qu’il est le seul à observer respire la peur. Et la tristesse. Il grelotte, il a froid ; ses habits ne sont plus que de vieux haillons déchirés. Il grogne, il a faim ; les ordures, les rats morts, ne suffisent pas à remplir son estomac.

Alors l’homme blond, malgré son grand manteau, se met à trembler. L’homme aux yeux bleus, malgré le déjeuner qui a rempli son ventre, sent la faim lui tordre doucement l’estomac. Un sourire à la fois triste et plein de regrets étire ses lèvres. Et la peur, la méfiance dilate ses pupilles, fait battre son cœur si fort qu’il n’a l’impression de n’être plus que ces pulsations.
Ça le touche Severi. Ça le traverse, de part en part. Il est relié à tout ça, mais n’arrive pas à comprendre comment, à déterrer la vérité, à retrouver son passé, sa jeunesse.

Et quand cela devient trop dur à supporter, il réussit à esquisser un pas en arrière. Il bascule de nouveau dans le présent. L’urine et la saleté se font toujours sentir. Mais il y a aussi l’odeur de la vie. Le bruissement des ailes des oiseaux. Les miaulements des chats dans les gouttières. Le bruit de l’eau de la fontaine pas très loin, et…

CLIC

Cet unique son suffit à le faire se retourner. Ça lui est destiné et les yeux bleu arctique détectent alors immédiatement l’œil de l’appareil photo dont il provient. Les sourcils blonds se froncent doucement. De mécontentement, puis d’incompréhension.
Severi tourne la tête vers la ruelle, puis vers l’homme qui l’a photographié. Que cherche-t-il à immortaliser au juste ? Et c’est une nouvelle fois la confusion qui saisit son visage.

Sujet: Re: A monster without a soul 25.08.13 18:53

Je hais le mouvement qui déplace les lignes … Vraiment je suis obsédé par cette idée. Seul un mouvement simple, posé, unique m'intéresse. Tout comme ce jeune homme blond qui semblait perdu dans ses pensées, on peut supposer plein de choses à son égard : il semble revivre un moment, une période ternie par des événements sans doute négatifs tellement ses gestes sont … indescriptibles.
Comme si ce personnage avait une prise de conscience soudaine, il a un passé, il a un présent et c'est à lui de faire un lien, le lien plus ou moins évident. Néanmoins, son regard le trahit, autant que ses gestes il transcrit un surplus … un surplus d'émotions ?
Nos émotions sont trop fortes. Malgré le fait que l'esprit est dissocié du corps, il est trahi. Cet inconnu aux yeux bleu me transperce de part en part.
Tous les bruits environnants, aussi nombreux soient-ils n'ont pas atténués le son unique de l'appareil.
On revit la scène une nouvelle fois, d'une autre manière, d'un angle différent.
Moi assis, scrutant mon nouveau modèle, cet inconnu assis, scrutant son passé. J'ai l'impression d'avoir forcé notre rencontre, de l'avoir agressé d'une certaine façon.

Tout va si vite, les informations se confondent dans mon esprit, les images s'enchaînent autour de nous comme dans un film où seuls les deux amants se regardent, se fixent, se décryptent, à la limite de l'indécence et tout cela se conclut par une musique dès plus reconnaissable.
Mais le film ne se déroule pas ici, non, ici mon inconnu se présente hostile à mon intervention, il ne cherche pas le contact, le fuis certainement ,mais ma démarche doit l'intriguer d'où la confusion qui saisit son visage.

FLASHBACK
-"Je me demande si on pourra rester comme ça pour toujours ?"
-"On restera comme ça pour toujours.
Peu importe ce qui arrivera, je te protégerais."
-"Mais si un truc comme ça devait encore se reproduire … "
-"Ne t'en fais pas. J'ai déjà pris sur moi la punition."
…
-"Tout est de leur faute."
FLASHBACK

-"N'est-ce pas fascinant ? … " dis-je à voix haute.

Sujet: Re: A monster without a soul 10.01.14 14:50

Appuyé, à moitié assis sur cette carcasse de voiture qui fait toujours face à la ruelle vide, Severi reste immobile. Son observateur le regarde aussi. Ils se sont captés l’un l’autre, mais aucun des deux ne semble comment avancer vers son vis-à-vis. Aucun des deux ne semble savoir s’il faut vraiment avancer vers cet autre qui le fixe.
Car oui, pourquoi le faire après tout ? Le finlandais se le demande. Parce qu’il a saisi sa détresse ? Cette foule d’émotions qui lui a sauté à la gorge ? Et après quoi ? Qu’est-ce que cela change au final ? Rien du tout.
Quelques un de ces sentiments sont restés accrochés d’ailleurs. Dans sa gorge, le lycanthrope les sent encore ; dans ses yeux bleus, on continue de lire la peine, la faim, et surtout la peur. La peur d’avoir compris ce que cette vision signifiait, peut-être…

« N’est-ce pas fascinant ?... »

La question tire le blond de sa nouvelle rêverie. Son regard, tourné vers le photographe, se fait plus interrogateur encore. Il pointe d’abord un doigt pour se désigner lui-même, tourne la tête de l’autre côté, pour être sûr que l’on s’adresse bel et bien à lui et pas à un autre inconnu dans la rue.
Puis il délaisse son appui et s’avance vers l’autre jeune homme. Il remet en place son écharpe, la remontant légèrement sur son visage comme pour se dissimuler aux yeux de son interlocuteur surprise, avant d’enfoncer ses mains dans les poches de son long manteau noir.

« Qu’est-ce qui est fascinant au juste ? » lâche-t-il une fois qu’il la rejoint, son étole placée devant sa bouche atténuant légèrement sa voix. Puis il renchérit, sans attendre de réponse. « C’est moi que vous preniez en photo à l’instant ? Pourquoi ? »

Sujet: Re: A monster without a soul 22.07.14 17:56

L’âme étant étroitement liée au corps, une émotion quelconque peut toujours par association en provoquer une autre.
Du point de vue strictement physique, l’oeil sent la couleur.
Impression toute physique donc comme toute sensation de courte durée et superficielle.
Elle s’efface sans laisser de trace sitôt que l’âme demeure fermée. C’est ainsi que l’enfant pour qui chaque objet est une nouveauté éprouve la réalité du monde.
La lumière l’attire, il veut la saisir et il se brûle les doigts. Désormais, il aura pour la flamme de la crainte et du respect. Il fait connaissance avec la lumière et ce qu’il en sait sera enregistré dans son cerveau.
Le spectacle de la flamme, lutte contre son indifférence, mais il perd insensiblement son attrait.
Le rouge peut déclencher cette sensation, puisque la flamme est rouge, une vibration intérieure semblable à celle de la flamme peut agresser le sujet. Sans doute, parce qu’il ressemble au sang, l’impression qu’il produit peut être pénible, douloureuse même. La couleur, ici, éveille le souvenir d’un autre agent physique qui exerce sur l’âme une action pénible.

La même rengaine, le même ressentiment, tout réunit devant mes yeux. Ce n’était pas dans mon intention d’ouvrir un dialogue avec ce personnage. Mais tel cet enfant ignorant, il s’avance vers cet inconnu

-« Qu’est-ce qui est fascinant au juste ? »
« C’est moi que vous preniez en photo à l’instant ? Pourquoi ? »

Tel un enfant, il interroge l’homme. Tel un enfant, il me capte, il me situe dans cette rue, au milieu de ces cendres composés de carcasse de voitures et d’immeubles qui ne sont plus en mesure de protéger qui que ce soit depuis bien longtemps.
L’homme pourrait se contenter de « sourire » et se confondre en excuse et clore la discussion naissante, mais il me semble que ça serait une erreur de ne pas le considérer.

« Ça se voit tu sais … »

Je vais lui laisser le choix de la réponse, qu’il s’énerve, qu’il m’agresse à la limite, mais surtout qu’il ne sourit pas, ne nie pas, surtout qu’il ne joue pas ce petit jeu avec moi.

Sujet: Re: A monster without a soul 30.07.14 9:34

« Ça se voit tu sais … »

Ceci est la réponse que lui offre son interlocuteur. Enfin, « réponse »… Il aurait aussi bien pu répliquer par « Être ou ne pas être, telle est la véritable la question » que cela serait presque revenu au même. Ce n’est pas une réponse.
Ces simples mots plantent pourtant Severi sur place. Il se fige un instant. Qu’est-ce que l’autre a bien pu déceler à travers lui ? Le blond panique et s’interroge à la fois, ressent la peur d’être mis à nu et de l’autre, ne voit pas quels secrets il renferme.

Il tourne son regard du côté de la ruelle à laquelle il faisait face il y a quelques minutes encore. Au cas où c’est là-bas qu’il trouverait une explication à ce message caché.
Non, vraiment, ce n’est pas une façon de répondre !

C’est mal à l’aise qu’il vient reposer son regard froid sur son vis-à-vis. Sa bouche est muée en une sorte de grimace qui montre son incertitude et son agacement. Point positif : son écharpe camoufle toujours celle-ci. Si l’autre veut deviner quelque chose, il faudra le lire dans ses yeux. Ou grâce à la petite plissure sur l’arrête de son nez. Une autre preuve qu’il ne comprend pas et que cela l’énerve.
Il faut dire qu’il se pose beaucoup de questions aujourd’hui, le lycanthrope. Mais aucune lumière ne vient éclaircir et dissiper un peu ce brouillard plein d’énigmes depuis ce matin.

Où se trouvent les réponses ?!

« Il n’y a pas de réponse. »

Le finlandais abaisse son écharpe pour découvrir son visage. Il fixe le jeune homme sans ciller. Il plisse toujours le nez, a un peu de mal à contenir sa contrariété. Ça se voit. Il n’est pas très patient aujourd’hui.

« Vous. Vous ne m’avez pas donné de réponse. Qu’est-ce qui se voit ? Vous dites ça comme si je cachais quelque chose. » Le ton est vexé. Severi est sur la défensive, il a l’impression que l’homme le pointe du doigt, l’accuse. « Je ne veux pas me retrouver sur vos photos. Montrez les moi. »

Il attend toujours une réponse.

Sujet: Re: A monster without a soul 28.08.14 20:46

Il attend toujours une réponse.

Comme une plante vigoureuse obligée de pousser dans un pot trop étroit, ce jeune homme s’enracine en face de moi avec toutes ses inquiétudes.
Son être transpire, son angoisse et sa maladresse commencent à se dessiner. Son écharpe, qui gardait jalousement à la vue de tous ce visage, se dévoile.

Je lui tends mon appareil photo avec une petite appréhension, cela m’attristerait que dans un geste compulsif, il épouse la forme du sol.
Cette perspective me rappela un moment succinct, imprégné, fixé dans mon inconscient.

J’avais vu tomber une fleur de camélia. Ce jour-là, les pétales rouges ont joncher le sol comme des gouttes qui éclaboussent. Les fleurs choient lourdement, sans perdre leur forme, mais je n’avais jamais vu de près une fleur de camélia dans sa chute. Je ne souhaitais pas le même sort à mon appareil.

L’homme blond saisit l’appareil entre ses mains, décrypte le coupable de cette rencontre impromptue, analyse les preuves avec attention puis commence son interrogatoire…

Seulement, ce que j’avais négligé, ce petit détail insignifiant, cette réponse hâtive allait me lier avec cet inconnu, dans ce présent et dans un futur.

Il attend toujours une réponse.

- « Je n’avais pas décidé de vous prendre en photo, vraiment, mais j’ai du m’y résoudre. »

A m’entendre, mon acte serait un crime organisé, l’arme sur la tempe, je m’étais contraint à agir.

Il est seul, face à moi, il ne réagit pas, je dois comprendre quelque chose ? Je cherche à capter son regard, mais lui, il est seul.
J’aimerais savoir ce qu’il regarde.

« En ce monde nous marchons
Sur le toit de l’enfer et regardons
Les fleurs » Issa

Sujet: Re: A monster without a soul