Mermaid'Hell. C'est un bar de quartier longtemps oublié.
Avide d'ivrognes frustrés et d'ingénues écervelées. Malgré cette foule en effusion, ça manque d'actions. Au moins il passe de la bonne musique c'est déjà ça. Sérieusement Maxime qu'est-ce-que tu fous ici ? Une vodka à la fraise fait l'idiote dans ton verre, et toi t'es dans le brouillard, le teint blafard. Ton regard vitreux, tes cheveux en pagaille, ton maquillage à coulé.
Encore ces putains de migraines. T'aurais jamais dû laisser cette gamine te toucher. C'était affreux.
Atroce. Macabre. C'était sa manière à elle de mourir. Ce soir.
1H44. Accoudée au comptoir, dépitée de fatalité, admirant les glaçons qui dansent au fond du breuvage.
Il est presque 2h. C'est fini pour la gosse. Un soupire. Depuis combien de temps es-tu ici ? Le verre disparu, descendu aussi vite que venu, claque sur le bar. Un regard envoûtant à l'adorable serveur innocent.
C'est partie pour la tournée du Patron. Maxime se lasse.Elle éternue. Elle se frotte les mains. La voisine inonde soudain le comptoir des plus délicieuses aigreurs gastriques de déprime. Le vodka n'est pas supportée par toutes les Ladies.
Et cetera. Et Maxime qui sourit devant ce tableau affligeant. Connerie humaine. Faut connaître ses limites, Princess'. Tous cet alcool sali, c'est du gâchis. Un nouveau soupire accablé et voilà que le monde s'agite autour d'elle pour quelques traces de gerbe mérité.
Maxime, dans le fond, elle aime ce genre d'endroit, regarder la foule qui valse autour d'elle dans ce bar de coin de consolation. La place du comptoir est souvent la meilleur pour l'observateur populaire. Ce théâtre fourmillant qui s'anime, déversant la niaiserie ou l'amertume d'une vie maussade. Comme cette femme, la voisine qui venait de retapisser l'assemblée. Pauvre femme d'après son récit raconté à qui veut bien l'entendre entre deux sanglots :
c'était encore une histoire d'homme. Robe tachée, sourire crispé et un peu d'eau avec de la glace. Sérieusement c'était un carnage. Il est temps pour elle de rentrer.
Maxime s'éfface. Soirée maussade.
Soirée indifférente. Mais voilà que l'écran s'allume.
Il est 2h14. Sérieusement cet écran n'aurait jamais dû s'allumer. Car Maxime elle aussi s'illumine.
Oh la belle connerie qui vient de caresser son encéphale endormi. Elle attrape son téléphone pour y pianoter la raison de son sourire ravie. L'idée était là sous son nez depuis le début. Quoi de mieux pour se changer les idées que de faire chier son monde ?
T'as le doigts sur le bouton. T'es sur le point d'envoyer ce ramassis d’âneries par onde magnétique. Concrètement, il n'y a en ce bas-monde qu'un être assez fissuré du bulbe pour répondre à tes pires «
débordements ». Allen De Lamarandi. M'sieur je plante mes crocs dans tous ce qu'y bouge. Donc c'est à lui que tu viens d'envoyer :
Mermaid'hell
Avant 2h45
Bouges-toi.
Bon courage.
Dire qu'il est déjà
2h34 et qu'il ne sait pas du tout ce que peut être le Mermaid'Hell. C'est qu'on appelle du sadisme, mais ça Maxime le sait.
Elle adore ça. C'est plus fort qu'elle, surtout quand il s'agit de lui. En même temps, elle peut lui faire confiance, il n'est pas né de la dernière pluie. Doit-on parler de ces occupations les plus secrètes ? Alors elle attend sagement dans son jeans troué. Un t-shirt rouge découpé, un débardeur de dentelle, des bottes à clous et un veston en cuir, fièrement dressée sur sa chaise de comptoir. La posture majestueuse et le sourire aux lèvres. C'est qu'on est fière de sa connerie, car la soirée ne fait que commencer désormais. S'il vous plaît.
Deux Vodka'DarkBlood pour fêter ça.