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 - Not a piss contest -

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Anonymous



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- Not a piss contest - Vide
MessageSujet: - Not a piss contest -   - Not a piss contest - Icon_minitime27.10.13 17:29


Jdankov quitta le building en trombe et déboula sur la passerelle piétonne suspendue, tâtonnant machinalement les poches multiples de son blouson thermouflage.  Une clope originale lui apparut miraculeusement au bec, odeur de contrebande avec son papier filtre à l’ancienne qui colle aux lèvres, son tabac goudronneux et ses qualités cancérigènes. Souvenir du temps où il lui arrivait de taper discretos dans les filets de pêche, avant de répertorier le butin comme pièce à conviction. Il l’alluma d’un coup d’iBlade sans y faire gaffe, regard d’acier pétardant sur les passants, comme si en chacun d’eux était logée l’essence divine du contrevenant, la racine céleste de tous les maux, des piafs momentanément déplumés déguisés en jardinier, PDG ou en camés. Prenant conscience de son geste et du paquet survivor, il débecta dare dare le clopon sifflé en deux bouffées, jura, regarda autour de lui et revint penaud sur ses pas ramasser son mégot. En bon représentant de l'ordre et de la loi, ça la foutait plutôt mal en lieu public classé « Good life » et bondé de civils aux abois.

Blouson camo, treillis sombre et sans insigne, bien qu’il ne portât pas présentement l’uniforme, la proximité de la base avait un effet indéniablement régulateur sur son comportement. La retraite était dans 5 ans et il n’avait toujours pas fait son choix : continuer, arrêter, se reconvertir en consultant pour une grosse firme phagocyte et assurer l’avenir de ses futurs petits enfants ? Qui mieux que lui connaissait les filons de la criminalité en col blanc ? Il arrêta son char et se cala les coudes sur la rambarde de fibroglass, transparente coté parc, opaque depuis l’exterieur. Bercé de l’air filtré du dôme d’acclimatation artificielle, il regarda la circulation dense en contrebas. Si sa focale eût été un rayon plasma, l’asphalte se serait fendue d’une fosse océanique.

S’entretenir au QG avec O’Fallon et avant qu’une quelconque disposition des Unités n’ait été décidée pour la mission, n’aurait pas manqué de faire jaser. Or, Jdankov souhaitait pour une fois, ne pas officialiser le fait qu’il trouvât quelque chose à redire. En tant que Capitaine et malgré la douzaine d’année de bons et loyaux services supplémentaires à son pedigrée,  il n’avait pas l’autorité pour convoquer son pair, ni l’aura de gloire qui entourait le vétéran de la WW3. Ce que le gosse avait vu et vécu là-bas, l’homme préférait le taire et garder les souvenirs de l’époque révolue bien scellés dans un coin de mémoire morte. C’était le chaos, j’étais gamin, je comprenais rien. Voilà le discours qu’il tenait et répétait depuis lors, à quiconque le pressait franchement, avec ou sans tact, de raconter le Liban. Aussi, avec son blaze d’OF-2, Jdankov opta pour le face à face informel, non loin de la base des Forces Spé, mais en dehors du QG.

La mission de repérage devait absolument échoir à son unité en qualité de decoy-team. Lui-même et deux de ses éléments étaient aguerris aux faunes locales et étendues des trafiquants, qu’ils pourraient même taxinomer en classifications zoo si la chose le leur était ordonnée. Ils pouvaient adopter les comportements de cramés, faire parler d’autres cramés et s’injecter lentement dans un réseau de distribution depuis une pauvre étoile, et remonter toute une constellation criminelle jusqu'à faire tomber le voile. C’était ce que Jdankov comptait rappeler à O’Fallon au cas où l’irlandais l’aurait oublié, et le convaincre de mener l’unité Beta en aval, en position de strike-team. Il ne comprenait même pas pourquoi le sous-direlo n’avait pas déjà tranché. Le ruskov pivota et s’accouda en arrière, visage et partie haute du tatouage mécha filigranés offerts aux faux UV. Les yeux fermés, le front barré et la mâchoire carrée à se péter les dents, il se revit la veille en visite officieuse dans le bureau du Sous-Directeur, râlant grassement, limite à taper du poing avec la veinule bleuté au front.

« C’est quoi le plan, me foutre un challenger entre les pattes histoire de me redonner du cœur à l’ouvrage ? Hontou ni ? Cahme’on. J’suis back à 300% garantis. » Il lui avait laissé le temps de répondre, mais seul le silence trouva à s’établir, alors il avait poursuivi sa plaidoirie, en bon patois naniwen multiculturel des familles : « C’est mon putain de terrain, cette mission est pour moi et ça s'rait une giant mandyoj tactique d’la refiler aux Bêtas. » Devant l’impassibilité inébranlée qui lui était opposée, Viktor avait étouffé un grondement et s’en était allé sur un rauque « Yurusanai, Sho sho,» vibrant d’un courroux de yakuza rancunier. L’éruption solaire Jdankov venait de bazarder ses rayons gamma et il n’y avait rien de bien neuf jusque-là : l’alcool de patate imbibait l’ADN kolkhozien du capitaine, c’était connu.

Les rumeurs et légendes allaient vitesse Maglev, et le phénomène faisait partie intégrante de la vie à la base. La rivalité, les piss contests aussi. Mais Jdankov ne connaissait rien de décisif pour alimenter les représentations privées qu’il se faisait du réservé capitaine : les dossiers de ses collègues gradés n’étaient pas accessibles. Ils se croisaient, se saluaient, et si l’occasion de reconnaître la redoutable efficacité de terrain d’O Fallon du temps où celui-ci n’était encore qu’une bleusaille d’élite, s'était plusieurs fois présentée, jamais Jdankov n’avait eût à coordonner leurs équipes depuis que l’irlandais était monté en grade. Meneur, O’Fallon l’était et Jdanvok n’avait pas à en douter. Il l’avait observé grimper, de loin, avec le regard du paternel distant qu’avait à l’esprit la version censurée d’Œdipe le Challenger : finissait toujours par tuer l’père. Forcément, il lui arrivait de laisser trainer une oreille distraite et blasée, au beau milieu des gars qui se la ramenaient et colportaient les ragots, entre deux vantardises, au point qu’il établit une échelle de corrélation entre le niveau standard d’excellence militaire et les mille et une manières que ses hommes avaient pour lâcher la pression. Du tableau de perfect week aux vols de chaussons de douche, semblait qu’au plus fine était l’élite, au plus leurs distractions tenaient la couche.  Le Capitaine de l’unité Gamma s’était toujours démerdé pour passer son tour dans ce genre d’activité, mais parfois fallait y sacrifier, pas trop, juste ce que qu’il fallait pour, comme qui dirait, « resserrer la cohésion du groupe ».

De violent phosphènes s’imprimèrent sur ses rétines, lorsqu’il rouvrit les yeux, ébloui. Sa puissante carrure s’était décontractée et avachie, coudes et dos glissant contre la haute rambarde, tandis qu’il rassemblait le pauvre matériel raflé au sujet d’O’Fallon. Le sourcil tiquant d’une incrédule nervosité, il préféra finalement se passer de l’exercice : Iceberg, Capitaine La Mort, Silencer, Au Rapport, Sir yes Sir, étaient autant de surnoms dont l’affublaient les gars de l’unité gamma, et KYAAAAAAAA, l’unique onomatopée gloussée employée par ses éléments féminins, lorsqu’elles étaient bourrées et envoyaient la pâtée sur les différents gradés des Forces Spé. Non non, Jdankov ne pouvait décemment pas compter sur ses gars de c’coté là.

Vik poussa un profond soupir et se passa la main sur la gueule, l’index et le pouce enfoncés dans les orbites pour un massage oculaire salutaire, grimace de bienêtre carnassier en sus, tandis qu’il se désintégrait d’exaspération contre la rambarde du dôme d’acclimatation. Il en aurait presqu’oublié qu’OFallon n’allait pas tarder à monter le camp.
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Dwayne O'Fallon

Dwayne O'Fallon


▬ Nombre de messages : 14
▬ Humeur : Morose
▬ Profession : Capitaine FSR

▬ Fiche : Au rapport!


Tu me touches, j'te bouffe
[F.S.R. • Unité Beta]


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MessageSujet: Re: - Not a piss contest -   - Not a piss contest - Icon_minitime28.12.13 22:12

Des fois, Dwayne regrettait d'avoir accepté cette promotion.

Être Capitaine impliquait bien plus de paperasserie que prévu. Et considérablement moins d'action sur le terrain. Sauf cas exceptionnel ou opération de grande envergure, les officiers étaient souvent cantonnés dans la salle de logistique. Relégués au rang des donneurs d'ordres, protégés derrière leurs écrans à très haute définition - hymalayesque, au moins- qui diffusaient en temps réel les agissements de leurs agents. Et en contrebas, les tap tap tap tap incessants des gee...pardon, des tacticiens. C'était quoi déjà le dicton? Une histoire de serpent et de tête à couper...Tout ça pour dire qu'un capitaine qui mourrait sur le terrain, ça plongeait son unité dans une merde sans nom. Pour être poli.

Ouais mais vraiment, parfois il regrettait le terrain.

L'adrénaline qui courrait dans ses veines, la tension dans ses muscles, le coeur palpitant à cent à l'heure. Le calme aussi. Le sang-froid. Mettre sa vie en danger c'était bien, c'était gérable. Quitte à avoir une mort sur la conscience, autant que ce soit la sienne. Celles des autres? C'était déjà bien plus compliqué. Être capitaine c'était être responsable de  la vie de ses hommes. T'avais pas le droit à l'erreur. C'était comme tenir un détonateur relié à des bombes, chacune placée sur un agent. Une bourde et ça leur pétait à la figure, les envoyant tout droit ad patres. Et toi au pays des traumatisés honteux et coupables, à picoler et bouffer des antidépresseurs par dizaine en te demandant quel est le meilleur moyen d'en finir. Une balle ou la corde?

Non.

Le pire c’était la politique. De bas étage certes, mais politique quand même. Les rivalités entre unités, ça passait. C’était presque normal d’un certain côté : augmenter et gérer la compétitivité entre les groupes ne pouvaient que donner de meilleurs résultats en terme d’efficacité. C’était prouvé ! Rien à voir avec l’orgueil froissé du mâle qui en voit un autre être meilleur que lui dans son domaine. Après tout, il y avait bien des femmes dans les FSR maintenant. Là où ça devenait emmerdant, c’était quand les Capitaines se tiraient discrètement dans les pattes au risque de mettre à mal certaines missions. Et que le directeur et le sous-directeur les y encourageaient inconsciemment. La politique je vous dis.

Tabhair dom le téa ! La fin serait propre, à défaut d’être rapide et sans douleur. Parce qu’il voyait clair dans le jeu de Jdankov, et le pourquoi de cette soudaine invitation –convocation plutôt ouais- à venir le retrouver hors des heures de bureau. Si cela n’avait pas de rapport avec la mission que les Hautes Sphères voulaient attribuer aux Bétas, il voulait bien…Bref.

L’observer interagir avec son environnement depuis un bon quart d’heure, pseudo planqué derrière un pilier, n’aidait en rien à calmer le début de migraine qui pointait le bout de son nez. On lui avait toujours dit d’observer l’ennemi avant d’agir, que la connaissance était la clé. Mon cul ouais ! Il donnerait toute la Guinness du monde pour entendre les pensées du capitaine des Gammas.

Cette mission sentait la merde à plein nez, il l’avait su dès qu’on lui en avait parlé. Seulement, sur le coup, il avait plutôt pensé qu’on lui refilait une patate chaude, une mission bonne pour d’autres mais hey, z’êtes les seuls dispos alors au boulot et que ça saute ? Ça leur aurait sauté à la tronche pour sûr ouais.
Puis après il avait appris pour Jdankov, la disponibilité des Gammas et il n’avait pas trop compris pourquoi les Bétas. Pas qu’il démérite ses hommes hein. Ils étaient professionnels, efficaces, très doués…trop parfois. Shaun lui filait le vertige avec tous ces trucs high-tech. Mais fallait pas se leurrer, chacun avait sa spécialité. Ils étaient plus dans le « frappe d’abord, questionne ensuite » qu’une infiltration discrète et une récolte d’informations propre et sans bavure. Ils en étaient capables mais c’était pas leur trip quoi. Pas leur tasse de thé. A chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
Du coup il imaginait très bien la conversation qui allait suivre et espérait que ça ne finirait pas en combat de coq. Un coup à y laisser des plumes ça. Il n’allait pas avoir la prétention d’être le meilleur des capitaines, mais il ne se laisserait pas démonter, tout respect qu’il pouvait avoir pour son collègue émérite. Même s’ils étaient sur la même longueur d’onde. Dure la vie de gradé.

Allez, tu mets un pied devant l’autre et tu avances vers Jdankov.
Et  sans l’air d’aller à l’abattoir s’il te plait !
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MessageSujet: Re: - Not a piss contest -   - Not a piss contest - Icon_minitime29.12.13 14:34

La paperasse. L’expression remontait à une époque prétechnologique mais s’accrochait fermement à son référent originel : quelque chose de mortellement ennuyeux, lent et capable de faire planter une mission. Etre de la Répression présentait quelques avantages nerveux à ce niveau. Pour Jdankov et ses pairs, il était inutile de remplir, cocher et prouver l’épuisement des ressources de terrain pour obtenir un traçage, mettre sur écoute ou mener un cybersurveillance ; pas besoin de mandat pour pénétrer dans des propriétés privées ; les logs se généraient automatiquement dès le moment où l’iblade d’un officier découpait une serrure. La contrepartie, évidente, était plus emmerdante. Tout déplacement, toute action, la moindre conversation ou consultation des Renseignements en mission était monitorée, loggée et instantanément transmise aux servers des FSRs pour vérification ultérieure en cas de glitch, protestation, accusation de corruption etc. La liste était longue et menait tout droit au tribunal interne des Forces Gouvernementales. Ça vous convoquait sans prévenir et vous étiez sommé de répondre sur le champ, le juge préliminaire, une jurisIA militaire holographiée devant votre gueule. Jdankov ne comptait plus le nombre d’enregistrements juridiques « préliminaires » qu’il passât en caleburnes, les couvertures rejetées in extrémis, un mal de crâne irradiant et les yeux plissés devant la lumière vivace du juge automatique en holoplasmon projeté de son persocom. Les pills anti-éthylique mettaient généralement un quart d’heure à faire effet, dommage.

C’était une des nombreuses raisons pour lesquelles le Capitaine préférait de loin les missions undercover. Sans casque ni uniforme interactifs, in the wild. Avec lui du moins, personne ne portait de bug et chacun devait tenir pour soi-même, le plan tactique imprimé en double exemplaire dans la mémoire sémantique et procédurale. Ce qui arrivait à un officier infiltré découvert pour une broutille dépassait de loin la broutille en question et Jdankov le savait. Il l’avait vu, entendu et suivit en temps réel, arrivé trop tard. Parce que son partenaire avait montré une hésitation dans la suite de gestes opérée pour dépiauter une capsule de Dolorogen et se l’injecter, les types l’avaient choppé et refouillé, méticuleusement cette fois, avec un scan MRI et étaient tombés sur l’implant mouchard. Viktor avait appris deux choses cette nuit-là. Que le savoir et l’observation ne remplaçaient pas l’expérience, et que le grand crime était résilient aux tech policières. Frazer et lui avaient observés plusieurs addicts opérer la D et pouvaient se faire passer pour des consommateurs jusqu’à un certain point. Jusqu’à l’épreuve du réel. Jdankov avait depuis eu l’occasion de rectifier le tir ; Frazer, lui, était mort à 23 ans.

A partir de ce moment, Jdankov décida que les simulations qui ne pouvaient s’obtenir en cocon d’immersion ne devaient tout simplement pas être simulées mais vécues. Expérience réelle, consommation témoin. Aussi, les types les plus chevronnés de son équipe étaient des bêtes résistantes, comme lui. Des types qui connaissaient les produits qu’ils traçaient. Des types qui savaient salir leur métabolisme et résister à l’appel des sirènes. Sa femme l’avait rendu misérable sur ce point, bien avant son entrée aux FSR.
— Bébé, c’est pour mes recherches...
—La drogue ! Et la pute ? C’est aussi pour tes recherches ?!
— Ça vient en pack... si ’chuis pas crédible me fais descendre... C’est de l’observation partici...
— Tu as vu ta tête ?! Oh tu fais un junkie parfaitement crédible ! Tu as pensé à ta fille ?!
—Non pas vraiment, à vrai dire ça s’rait le dernier genre de situation où j’...

Vlan.
Les tests ADN quasi instantanés foutaient la merde dans les foyers, sérieusement.

Jdankov se rehaussa lentement, secoué d’un rire silencieux. Un rire triste. Les pas réguliers des citoyens formaient une polyrythmie bien réglée, jusqu’à ce que son ouïe aguerrie remarquât le ralentissement d’une approche, vers lui. Mon rencard est arrivé. Il rouvrit les yeux, les plissa sous la luminosité amplifiée, les restes d’un sourire grimacé sur la gueule. Il fit rouler sa tête sur ses épaules jusqu’à ce qu’O Fallon apparaisse dans son champ de vision, avant de se redresser complètement, coudes calés sur la rambarde. La circulation se déployait à l'infini derrière lui, quatre-cent mètres plus bas.

Le capitaine des Gamma salua le capitaine des Bêta d’un coup de menton, avant que celui-ci ne l’ait rejoint. Il accompagna son approche d’une inspection soutenue, l’observant sans vergogne jusqu’à ce qu’il arrive. Sa grimace d’inconfort se dilua en un sourire encourageant malgré la tronche que tirait son homologue. Tendu et déterminé, heh. Vodka et Guiness était un mélange improbable qu’il leur faudrait pourtant boire jusqu’à la lie. Il se repoussa de la rambarde pour lui faire face et constata qu’il n’avait ni besoin de baisser les yeux ni de les relever pour le fixer. S’il n’avait pas à lui envier sa taille ou sa carrure, il n’en allait pas de même avec sa jeunesse. Chacun fait son temps, songea-t-il. La force et la responsabilité qui se dégageaient du regard d’O Fallon le rassura, et c’était un constat renouvelé. Le genre de type qui ne peut pas prendre la mauvaise décision. Et Vik était le genre de type à aller droit au but, bien que le choix de ses mots laissât souvent à désirer.

« Hey », lâcha-t-il, confiant et radiant de bonne humeur. Sa voix était grave et rocailleuse. « Vous avez des ennemis O’Fallon ? Parce qu’y semblerait qu’on veuille vous lâcher dans une tempête de merde sans parapluie. » Il renifla et tourna la tête vers les hautes arcologies et les mégaplexes, puis poursuivit en contemplant la forêt urbaine sans cible particulière : « Et semblerait qu’on veuille me secouer les burnes pour que je lâche un os. » Il le fixa de nouveau, lui décochant un coup de flashball bleue droit dans les yeux et se frotta machinalement l’arrête de la mâchoire. « Et qu’y ait un rapport entre les deux. » Il était à l’aise et parlait honnêtement, sans double langage. « Ce qui nous fait une chose de plus en commun, avec le Jameson ’t’être bien, » ajouta-t-il comme une invitation directe à boire un coup : ils avaient beaucoup à causer.

La révélation de sa connerie venait de l’illuminer en quelques nanosecondes. Si le sous-dir était venu le trouver en lui demandant de former une autre équipe au terrain des cyberdrogues, de faire en sorte que ses hommes coopèrent et partagent leurs expériences et leur savoir durement amassés, depuis les bas-fonds jusqu’aux technoplexes flous des firmes planétaires – là où les choses se corsaient, là où leur clearance leur était la plupart du temps retirée pour un retour à la case zéro dans les bas-fonds, à poursuivre la même vieille merde et coffrer les mêmes vieilles huiles mafieuses – qu’aurait-il répondu ? Probablement « Suck my dick, » pour une flopée de raisons légitimes. Aussi, la chose ne lui avait pas été demandée, mais imposée d’une manière qui le foutait dans l’impossibilité de ne pas coopérer.  S’il refusait, alors lui et son équipe se voyaient tout bonnement écartés et les bêtas tomberaient dans la fosse comme la dernière pluie de piafs, ailes et pouvoirs en moins. On s’était joué de lui comme d’un gamin, avec des conséquences level capitaine à la clef.

C’était un coup bas, très bas. Son ov a bitch. Le sous-dir le connaissait aussi bien que ça. Le succès de la mission future dépendait cette fois de leur entente et non pas de leur rivalité. Il n’y avait pas de politique la derrière, seulement de la bonne vielle psychologie. La politique les heurterait plus tard et le capitaine des Gamma s’y était déjà cogné la tête, d’où, sa rencontre avec Shaun Campbell, le tacticien info des bêta. O’Fallon était-il au courant de celle-là ?
Si le détail des deux équipes avait été prévu pour monter une opération show-off, rassurer le citoyen sans démanger trop fort les intérêts des Léviathans financiers planqués derrière leur douze-mille écrans impénétrables, alors Jdankov promettait d’en faire sauter plus d’un et de faire pleurer sa hiérarchie. Il donnerait cher pour savoir qui était au lit avec qui, une attitude très peu carriériste. On le foutrait bientôt en retraite anticipée, songeait-il souvent.

Il souriait toujours mais son regard, assombris, venait de se perdre quelque part derrière l’épaule d’O Fallon. Son expression ne tarda pas à floculer : « J’espère que t’as du temps libre devant toi. »
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