AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 Chroniques d'un envahisseur [Clos]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime29.08.12 21:51


Il était probablement plus de deux heures du matin. Les rues étaient calmes, troublées uniquement par quelques passants rentrant péniblement chez eux. Et du haut de sa fenêtre, Belaam les regardait avec une pointe d'amusement dans son regard rouge.
Debout dans le noir, vêtu d'un pantalon relativement ample et d'une chemise dont seule une paire de boutons avaient été fermés, il se demandait pourquoi le temps était devenu si long depuis sa nouvelle vie. Si long dans la nuit.
Il y avait tellement peu de choses à faire pour un reste de Démon à moitié foutu comme lui. Trop de choses à comprendre encore. Trop d'incohérences avec ses repères d'antan. Ce qui jadis était interdit était presque vanté, et l'on voyait à la télévision toutes sortes de débauches dont n'importe quel Démon se serait réjoui avant. Les humains savaient tellement bien foutre en l'air leur propre existence que celle de Belaam semblait inutile.

Se détournant de la fenêtre pour prendre sur une des tables de la pièce un des livres qu'il avait abandonné là durant ses nombreuses nuits, Belaam prit une page au hasard. Il s'amusait de voir comment la Bible était devenue une vaste et insipide plaisanterie aujourd'hui à travers ses multiples traductions. Qui prenait encore la peine de la lire de toutes façons.
Le Démon lassé de cet ouvrage vint plutôt explorer la cuisine. Le réfrigérateur éclaira sa silhouette mal coiffée comme les néons d'une morgue sur un cadavre frais. Il rit intérieurement en pensant à cette métaphore, et se dit qu'il faudrait la raconter à En-Zakel un jour, peut être que ça la dériderait. Dommage que cette faucheuse soit si morne, elle était agréable à regarder d'un point de vue... surnaturel.
Emportant une imposante bouteille de jus de fruits dans le soucis d'entretenir autant que possible son hôte, le Démon vint s'installer sur la table de la salle à manger, le regarda allant de droite à gauche dans le plus profond et le plus parfait de tous les ennuis. Il avait déjà lu trois fois les livres sur la grammaire et l'orthographe et la conjugaison. Plus la Bible. Ainsi qu'une paire d'ouvrages sur la culture moderne. Cela ne faisait que quelques jours qu'il vivait chez la faucheuse mais déjà il se sentait contaminé par son manque de vitalité.

Au bout d'une demie heure passée à penser et à boire, Belaam alluma la télé sans bouger de son perchoir, et n'hésita pas à mettre le son assez fort pour que les voisins entendent. Encore un feuilleton pourri, du genre qui lave le cerveau des humains. Avec du sexe dedans. Belaam monta encore le son en souriant. Ah ça, ça allait faire bouger le petit cul de la blanchette. D'ailleurs... est-ce qu'elle était au moins dans son appartement ?


Dernière édition par Belaam le 15.09.12 9:29, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime30.08.12 22:57

En-Zakel avait passé une journée qu’on pourrait, sans risquer d’en faire trop, qualifier d’exécrable. Réveillée en plein milieu de la nuit pour un énième corps qu’on avait repêché près des docks, elle avait tout juste eu le temps de laisser un mot à Belaam lui expliquant où elle était et ce qu’il pouvait faire ou non durant son absence, avant de filer vers l’hôpital. Le temps qu’elle s’occupe du cadavre – rien de plus qu’un ivrogne qui s’était noyé en tombant dans l’eau – et remplisse les papiers que lui réclameraient ses supérieurs, le jour était levé depuis longtemps. C’est donc fatiguée et d’une humeur de chien qu’elle s’était mise au travail, enchaînant sur un autre mort, puis sur une cellule de soutien psychologique.
Le travail de médecin légiste ne consiste pas qu’à ouvrir des macchabées pour déterminer ce qui les avait tué. Parfois, les dits médecins s’occupaient des vivants, suite à un accident ou une crise grave par exemple. Et cette fois, c’était En-Zakel qui avait été appelée pour s’occuper des traumatisés. En temps normal, cela ne la dérangeait pas, au contraire. Elle aimait bien sortir de sa morgue dans la journée. Mais elle avait eu à faire à une femme fort enrobée et la cinquantaine bien sonnée, qui frôlait l’hystérie et hurlait à pleins poumons que la manière dont on la traitait était inadmissible, qu’elle était sous le choc et qu’elle exigeait tout ce qu’il fallait pour la faire aller mieux, parce qu’après tout, « c’est vot’ boulot ça, non ? alors faites-le ! » Autant dire que la Faucheuse avait déployé des efforts surhumains pour ne pas sauter à la gorge de l’irritante patiente.
A peine sa blouse raccrochée qu’elle avait filé en direction de Bay Area, où elle avait fauché quelques âmes pour Belaam. Dans son état de nerfs, elle n’avait pas fait dans la dentelle, et si les cadavres qu’elle avait laissés derrière elle étaient méconnaissables, c’était uniquement parce qu’elle les avait très soigneusement mis en charpies, les laissant à pourrir dans une ruelle sombre, réduits à l’état de tas de viande absolument répugnants et malodorants. D’ici le lendemain matin, les chiens errants se seraient chargés de les avoir fait disparaître.

La jeune femme était ensuite rentrée chez elle, avait donné au démon qui logeait désormais chez elle son lot d’âmes quotidien, puis avait pris une longue douche bouillante avant de fermer ses volets et de s’effondrer dans son lit sans autre forme de procès. Elle dormit longtemps et profondément. Et, pour la première fois depuis qu’elle avait parlé avec Belaam dans le vieux cimetière de Naniwa il y avait quelques jours de cela, elle ne fit ni cauchemars ni rêves étranges, et aucun souvenir ne vint la visiter durant son sommeil.
Un écho bizarre parvint cependant à ses oreilles. Elle remua dans son lit, fronçant les sourcils et grognant un peu.

- Mais qu’est-ce qu’il fabrique encore ...

Elle écarquilla brusquement les yeux lorsqu’elle reconnu de très distincts et très forts gémissements qui ne laissaient planer aucun doute quant à leur origine. Elle tourna la tête vers son réveil qui affichait en lettres rouges et brillantes : « 02 : 14 »

- Je vais le tuer ...

Elle bondit hors de ses draps, vêtue d’une jolie culotte de dentelle blanche tout juste opaque ainsi que d’une chemisette un court à fines bretelles, et ne pris même pas la peine d’enfiler une robe de chambre ou un peignoir. Elle se glissa dans le salon, l’air pas spécialement contente.

- Non mais ça va pas ? Tu vas réveiller tout l’immeuble avec ...

Ses yeux tombèrent sur ce que Belaam regardait – ou en tout cas, ce qu’il avait fait exprès de mettre à la télévision en augmentant le volume le plus possible. La Faucheuse haussa un sourcil.

- ... Tu t’ennuies vraiment, hein ?

Elle alla chercher un verre ainsi qu’une bouteille de jus de goyave dans sa cuisine, et revint se caler tranquillement dans le canapé, toujours pas plus habillée que tout à l’heure. Elle regarda Belaam.

- Il n’y a vraiment rien d’autre à voir à cette heure ? Quitte à regarder quelque chose avec du sexe, autant que ce soit bien fait.

Elle lui adressa un grand sourire tout à la fois cynique, amusé et quelque peu provoquant, avant de vider son verre d’une traite. Elle ne fit pas de commentaire sur le volume sonore. A quoi bon, après tout ? La jeune femme ne portait pas spécialement ses voisins dans son cœur, alors elle n’allait pas faire semblant de jouer à la gentille voisine qui pense à leur bien-être. Et s’ils devaient être choqués par les bruits, et bien tant pis.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime31.08.12 9:45


A la vue de la faucheuse tout juste sortie du lit, Belaam afficha un grand sourire et sauta de la table où il était installé.

-Bingo ! C'est bien ça qu'on dit non ?

Oui, il s'ennuyait vraiment. En tant que Démon il avait besoin de son petit lot quotidien de mauvaises actions, ce que son état actuel ne permettait pas vraiment. Tout ce qu'il avait à sa porté c'était cet immeuble, les voisins, et En-Zakel. Il était donc un peu impatient de pouvoir la titiller cette nuit là. Rien de mieux qu'une prise de tête pour faire passer le temps.
Mais contre toute attente, si la dame en blanc avait affiché un air particulièrement mécontent en arrivant, elle s'était à présent installée dans le canapé avec visiblement l'intention d'y rester. Sans s'énerver. Ça, c'était pas juste. Comme quoi, encore une fois, les faucheuses n'ont pas la réputation d'être chiantes pour rien. Même pas capable de faire un scandale.

Emmenant sa bouteille de jus de fruit avec lui, Belaam s'approcha de sa colocataire et lâcha d'un geste négligent la télécommande à côté d'elle. L'air de dire, démerde toi, j'ai plus d'idée. La veille, il avait déjà épluché heure par heure tous les programmes de la nuit, la moitié étaient pornographique, et l'autre moitié absolument insipide, avec quantité de rediffusions de films, de séries, et de jeux abrutissants.

-Il y a peut-être un truc pour enfants avec des ours de toutes les couleurs qui font des coeurs à tout bout de champs. Ça te plairait j'en suis sûr.

Il ricana doucement, faisant des aller-retour dans le salon, passant près de la faucheuse pour ensuite aller voir ailleurs si il y était. Parfois il prenait une gorgée de sa boisson sucrée et vitaminée. Parfois il retenait avec difficultés un rot sonore montant dans sa gorge.

-Eh, En-Zakel, écoute celle là : quelle est la différence entre une faucheuse et un réfrigérateur ? Aucune ! C'est tous les deux des gardes manger.

Le Démon se tourna vers elle, attendant d'un air vaguement moqueur, certain du succès de la blague qu'il venait d'inventer. Mais comme toutes les autres, elle ne ferait rire que lui. L'humour de Belaam s'avérait souvent plat et sans intérêt. Il s'en rendait bien compte mais il s'en moquait. Il fallait bien qu'il s'occupe, non ? Et les activités relativement intellectuelles étaient à bannir de son emploi du temps. Si par défaut, il pouvait tenter des mots fléchés ou quelque chose de ce goût là, il était incapable de s'y atteler plus de dix minutes. Belaam avait un gros défaut de concentration.

Après une nouvelle poignée de minutes à tourner en rond, et profitant qu'En-Zakel regarde ailleurs, le Démon trouva une nouvelle idée pour égayer un peu sa nuit. Il s'éloigna en direction de la chambre de la faucheuse, et s'empressa d'aller en fouiller les tiroirs pour trouver quelque chose, n'importe quoi qui puisse lui donner une nouvelle matière de réflexion. Ou encore pour la faire chier et se crêper le chignon avec elle, qui sait. Un Démon qui ne dort pas et qui s'ennuie déjà le jour, c'est clairement pas le meilleur des colocataires, En-Zakel devait bien l'avoir compris à cette heure.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime31.08.12 21:16

La Faucheuse ricana en entendant la remarque du démon.

- C’est mon émission préférée. Si tu es sage, tu auras le droit de regarder.

Elle en profita néanmoins pour baisser le son de la télévision qui commençait vraiment à lui vriller les tympans. Jouer les enquiquinantes voisines, d’accord, mais si c’était pour avoir à en souffrir aussi, ça ne rimait plus à rien. Elle regardait Belaam faire ses allées et venues sans rien dire, sirotant son jus de goyave, surveillant le démon du coin de l’œil. Elle vérifiait qu’il ne casse rien ou ne mette pas un trop grand bazar dans son appartement. Depuis qu’il était chez elle, il avait mis un point d’honneur à essayer de déranger le plus de choses possible – depuis qu’il avait commencé à s’ennuyer, en tout cas, ce qui était venu assez vite.
En-Zakel bu une autre gorgée tout en suivant Belaam de ses yeux blancs encore un peu ensommeillés.

- Eh, En-Zakel, écoute celle là : quelle est la différence entre une faucheuse et un réfrigérateur ? Aucune ! C'est tous les deux des gardes manger.

La Faucheuse laissa échapper un léger rire de gorge tellement cynique que c’en devenait effrayant. Voilà que le sieur essayait de la vexer en faisant de l’humour. Humour tellement mauvais qu’il en devenait drôle, à vrai dire. La jeune femme se recala dans le canapé.

- Hey Belaam, quelle est la différence entre un pruneau et un petit démon sans pouvoirs prisonnier d’un corps de drogué ?

Aucune, les deux font chier, pensa-t-elle. Mais elle ne donna pas la conclusion au démon, lui laissant le plaisir ou non de chercher à comprendre, jusqu’à ce que ça ne soit plus drôle, même pour lui. Elle reposa son verre sur la table et posa son front dans la paume de ses mains, les coudes appuyés sur ses genoux. En soupirant, elle se massa légèrement le crâne et passa les mains dans ses cheveux immaculés. Le réveil avait été un peu trop brusque, même pour elle. De fait, elle était toujours un peu groggy, et ne voulait pas sortir de cet état trop vite, priant pour que le démon lui fiche la paix et la laisse se reposer jusqu’au lendemain matin. Mais étrangement, plus les minutes passaient, moins elle comptait sur une quelconque coopération de sa part.
Elle redressa la tête et fronça les sourcils en ne le voyant nulle part. Puis se figea en entendant du bruit provenir de sa chambre.

Il n’a pas osé ...

Elle bondit hors de son siège et se précipita vers sa chambre. Elle s’arrêta net en voyant la plupart de ses tiroirs ouverts, et Belaam, debout au-dessus de l’un d’entre eux, tenant entre ses mains une jolie chaîne en or au bout duquel pendait un élégant médaillon fait du même métal.
Le cœur de la Faucheuse rata un battement. L’instant d’après, elle se jeta à la gorge du démon. L’empoignant par le col, elle le souleva aisément au-dessus du sol et le plaqua sans ménagement contre le mur le plus proche. Le visage de la jeune femme était marqué par la colère, et celui qui sait déceler les émotions dans les yeux des gens aurait pu voir une étincelle de peur briller au fond de ses prunelles sans iris ni pupilles. Les dents serrées et les lèvres retroussées à la manière d’un animal sauvage qu’on aurait provoqué, elle articula avec rage :

- Ne. Viens. Jamais. Dans. Ma. Chambre.

En-Zakel balança Belaam à travers la chambre, le faisant atterrir sur son lit défait. A moitié nue, debout très droite dans la pénombre de la pièce, elle faisait presque peur. De tout son être semblait émaner un courroux sans nom. La respiration lente mais profonde, les poings crispés au point où les ongles s’enfonçaient dans la chair tendre de ses mains, elle s’approcha du démon d’une démarche calme mais redoutablement déterminée. Elle se dressa au-dessus de lui, montant sur le lit à son tour, immobilisant les jambes du jeune homme possédé avec les siennes, et refermant une main autour de son cou.

- Rend-moi ça.

Son ton, froid et sec, ne souffrait aucune réplique. Elle récupèrerait ce médaillon, même si elle devait faire passer Belaam par la fenêtre pour ça.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime01.09.12 12:04


Le métal perçait l'épiderme tendre de sa main. Belaam pouvait presque sentir la moindre aspérité de ce petit médaillon en or, qui renfermait visiblement bien des secrets. Il aurait du être plus rapide, l'ouvrir avant qu'En-Zakel ne se rende compte de son larcin. Mais une chose était sûre, vu la colère de la faucheuse et la rage qu'elle mettait à essayer de récupérer un si petit objet, il devait signifier quelque chose pour elle, et renfermer quelques uns de ses secrets. Alors pour rien au monde, ou presque, il ne l'aurait lâché.

Il était pourtant en situation critique, le Démon. Loin de pouvoir rivaliser avec une créature comme celle qui le tenait cloué au lit, il aurait du abandonner pour sauver sa peau. Mais...
Mais une faucheuse, ça fait peur, mais ça n'est pas un monstre sans cœur. Belaam avait déjà eu l'occasion de le constater. En-Zakel éprouvait des sentiments, et c'est connu les sentiments ça rend faible. La gorge compressée par la poigne meurtrière de sa colocataire, Belaam peinait à respirer et cligna des yeux en articulant difficilement :

-Faut... faut demander gentiment.

Et un sourire particulièrement agaçant naquit sur sa figure cendrée. Il était content, ah oui ! Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas ressenti une telle satisfaction. Voyons. Qu'est-ce qu'on cache généralement dans un médaillon... ? Une photo, assurément. Pour garder une image d'un être cher près de soi, tous les jours, et à jamais. Quelqu'un d'aimé et de perdu, donc.

-... Rampa ? Demanda Belaam d'une voix toujours aussi chevrotante.

Non. À l'instant où ces mots sortirent de sa bouche il se dit qu'il faisait probablement erreur. Rampa était une raclure qui pouvait susciter un peu d'affection, certes, mais pas de quoi foutre sa photo dans un pendentif. Pourtant d'après ce qu'avait pu dire la faucheuse, c'était quelqu'un dont elle était très proche.
Ce fut un rire étouffé qui sorti des lèvres de Belaam cette fois. Un rire teinté d'impatience et de joie. Il le tenait là, au creux de sa main. Le plus gros point faible d'En-Zakel. Tellement gros qu'elle le planquait au lieu de garder ce petit bijou en or autour de son cou. L'excitation animait le regard rouge du Démon alors qu'il serrait un peu plus le poing autour du médaillon. Une excitation telle qu'il en oubliait d'avoir peur pour sa vie, et d'avoir mal. Elle pouvait le torturer si elle voulait, mais elle ne le ferait pas lâcher le médaillon à moins de lui couper la main. Mais ça encore, c'était pas sûr qu'elle le fasse. Après tout elle avait besoin de lui, non ?
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime01.09.12 18:45

La colère de la Faucheuse blanche avait quelque chose de bestial. Le genre de rage que rien ne peut arrêter, qui s’abat sur la raison tel une vague meurtrière. Et En-Zakel était folle de rage. S’il y avait bien une chose qu’elle gardait bien précieusement à l’abri et qu’elle n’aurait montré à personne, absolument personne, c’était ce médaillon. Ce simple médaillon, dans lequel se trouvaient deux choses auxquelles elle tenait plus que tout ; deux souvenirs, des deux êtres pour lesquels elle aurait soulevé des montagnes s’il l’avait fallu.
Elle se crispa violemment et resserra encore sa prise sur le cou de Belaam, au risque de l’étrangler, au risque de lui briser les cervicales. Elle laissa échapper un sifflement mécontent d’entre ses dents serrées.

- Comment oses-tu négocier ?

En effet, comment osait-il alors qu’elle avait – littéralement – sa vie entre ses mains ? Fallait-il que cela l’amuse pour qu’il la provoque encore dans son état actuel. Son sourire apparaissait comme absolument insupportable aux yeux de la jeune femme. Elle parvint à se contrôler juste assez pour ne pas planter les ongles de sa main libre dans les lèvres du démon et les arracher le plus douloureusement possible. Belaam reprit la parole d’une voix rendue rauque par la strangulation.

- ... Rampa ?

En-Zakel tiqua brutalement. Elle balança le démon contre le mur, avec toute la force que lui insufflait sa rage. Elle se redressa et se planta face à lui, le toisant durant un quart de seconde avant de l’attraper de nouveau et de l’envoyer voler dans le salon. La lumière lui agressa les yeux lorsqu’elle pénétra dans la pièce. D’un coup de poing tout sauf délicat, elle enfonça l’interrupteur coupant le courant dans tout son appartement. Désormais, la seule source de lumière provenait des lumières de la ville, par delà les grandes vitres à moitié dissimulées par des rideaux blancs. La faucheuse s’approcha de Belaam à terre. Elle était incroyablement droite, redoutablement calme aussi. Beaucoup, beaucoup trop calme.
Elle dévisageait le démon comme s’il avait été la chose qu’elle haïssait le plus au monde. A ce moment-là, quelque chose d’étrange se produisit. Fut-ce un caprice de l’éclairage extérieur ou bien quelque chose de très différent, l’ombre qu’En-Zakel projetait sur le mur se vit affublée d’une gigantesque paire d’ailes, si vastes qu’elles se prolongeaient sur les côtés de la pièce. Cela durant quelques secondes, pas plus, et dans ce même laps de temps, un drôle de murmure, si faible qu’on aurait presque pu ne pas l’entendre, sembla émaner de la jeune femme elle-même.
Mais cela, elle ne le remarqua pas, concentrée qu’elle était sur son bijou. Il ne fallait pas que Belaam l’ouvre. Il ne fallait pas qu’il tombe sur les deux photos, l’une qu’elle gardait plus par convention que par autre chose, l’autre qu’elle conservait pour se rappeler un certain visage. Et le nom ... Il ne fallait pas qu’il lise le nom inscrit au-dessus de la seconde image. Un nom, six lettres : de quoi faire vaciller la grande, la redoutable En-Zakel, et la mener par le bout du nez. Aussi, de quoi la plonger dans une colère encore plus noire que celle qu’elle éprouvait actuellement. Et de quoi mettre en danger l’être le plus précieux à ses yeux : la chair de sa chair, le sang de son sang. Son fils.

Dahsim ... pensa-t-elle, le nom de son enfant tournant en boucle dans sa tête, encore, et encore.

Elle revint se placer au-dessus de Belaam et l’immobilisa une nouvelle fois, toujours aussi implacable. Comme une mère louve protégeant ses petits, jusqu’à la mort, peu importe le prix à verser pour les garder sauf.

- Rend. Le. Moi.

Il ne devait jamais poser ses yeux sur l’intérieur du médaillon. Il ne devait jamais les poser sur la photo d’elle et Rampa, ni sur celle du fils qu’elle avait eu de lui, ni sur le nom du garçon. Jamais. Elle aurait tué Belaam plutôt que de le laisser mettre la main sur cette information.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime03.09.12 11:12


Il fallait se rendre à l'évidence, Belaam n'arriverait pas à ouvrir le petit pendentif en or. Aussitôt qu'il aurait esquissé un mouvement, En-Zakel lui arracherait la tête. Cette dernière n'avait jamais montré ce genre d'attitude en présence du Démon, et il doutait de sa volonté de le garder en vie. Visiblement, elle avait ses priorités. Mais plus elle tentait de l'empêcher de savoir ce que renfermait le médaillon et plus il en avait envie.
Éjecté dans le salon, au milieu duquel il s'était écrasé comme une merde après avoir sentit un objet relativement solide lui heurter le dos, Belaam avait de plus en plus de mal à réfléchir. Il était con, c'était indéniable, mais il fallait être plus que con pour ne pas comprendre qu'il y avait quelque chose en rapport avec Rampa et En-Zakel dans ce putain de médaillon. Et ça, c'était déjà une information bien précieuse. Alors, non sans regrets et avec une grimace de douleur incrustée sur le visage, fixant de son regard rouge vif la faucheuse menaçante, Belaam ouvrit lentement la main. Très lentement. Et il riva son regard sur ses propres doigts s'écartant du petit objet dans le maigre espoir d'apercevoir quelque chose qui lui aurait échappé.

C'est en général à cet instant que, pour détendre l'atmosphère et s'assurer de sa survie après son obédience, le Démon glissait une remarque plus ou moins drôle et plus ou moins intelligente. Mais il pouvait sentir sur lui, encore, le poids de la colère d'En-Zakel, qui lui avait coupé le sifflet pour quelques temps. Belaam en garderait une rancoeur profonde envers la blanchette. Se faire dominer de la sorte avait quelque chose d'humiliant, surtout lorsqu'on est un Démon qui d'ordinaire n'a besoin de personne pour vivre. Alors, certes, En-Zakel l'aidait à se refaire une santé, elle l'hébergeait, lui apprenait ce qu'il avait besoin de savoir et lui tenait compagnie. C'était beaucoup d'attentions à l'égard d'une créature qui, en pleine possession de ses pouvoirs, ne lui aurait pas adressé un mot. Mais aux yeux de Belaam, elle venait surtout de tracer les limites de leur soit-disant complicité et coopération. Pire. Un mur de marbre et d'acier, froid comme la mort séparait les deux créatures. D'un point de vue démoniaque, cela ressemblait fortement à un défi. Belaam était clairement plus faible que sa bienfaitrice, qui le menait à la baguette, ou plutôt au fouet. Belaam donc, ne pouvait pas franchir ce mur qu'elle venait de dresser entre eux, du moins pas par la force. Et c'est ainsi qu'en le repoussant avec une violence rare pour l'écarter de ce qui était son plus précieux secret, la faucheuse venait de lancer le Démon en plein dans sa conquête.

-Je te le rend, tiens.

La paume entièrement ouverte de l'hôte laissait apparaître le pendentif, où s'étalaient quelques gouttes de sang pâle.

-Ce qu'il y a à l'intérieur... je ne l'ai pas vu. Je n'avais pas l'intention de l'ouvrir mais l'or... l'or a toujours attiré ma convoitise. C'est un bien beau bijou, ce collier.

Pas de remarque ironique ou moqueuse. Juste un tissu de doux mensonges pour apaiser la faucheuse, peut être. Si elle voulait bien. Ce soir, Belaam replongeait dans ce rôle de gentil Démon inoffensif qu'il avait quitté à tort. Il retiendrait la leçon, assurément.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime03.09.12 12:50

En voyant le petit médaillon au creux de la paume de Belaam, le cœur de la Faucheuse sembla cogner plus fort à l’intérieur de sa poitrine. Le petit bijou était constellé de quelques gouttelettes de sang écarlate qui commençaient déjà à s’incruster entre les délicates décorations sur le couvercle. En-Zakel le saisit dès que la main du démon fut totalement ouverte. Elle le serra très fort entre ses doigts fins, passant le pouce sur la charnière pour s’assurer que rien ne passerait à l’intérieur et entacherait les précieuses photos. Elle dévisagea le junky possédé avant de se remettre debout.

- Merci, siffla-t-elle entre ses dents serrées, ce simple mot semblant lui écorcher la bouche.

Elle tenta de se calmer, de ralentir son rythme cardiaque et sa respiration. Elle avait toujours l’air aussi redoutable, peinant à retrouver contenance.

- Ce qu'il y a à l'intérieur... je ne l'ai pas vu. Je n'avais pas l'intention de l'ouvrir mais l'or... l'or a toujours attiré ma convoitise. C'est un bien beau bijou, ce collier.

En-Zakel secoua la tête, ses longs cheveux blancs volant autour de son visage.

- Jamais ce bijou. Jamais. Il y a d’autres objets en or ici sur lesquels tu pourras poser la main, mais JAMAIS mon médaillon.

Sans rien ajouter de plus, elle fit demi-tour et retourna dans sa chambre. Elle ne prit pas la peine de fermer sa porte et alla directement s’asseoir au beau milieu de son lit, entre les couvertures froissées. Elle ouvrit le poing et contempla l’objet au creux de sa main. Elle le caressa doucement du bout des doigts, nettoyant délicatement les traces écarlates sur sa chemisette blanche sans se soucier des tâches, puis le leva à la hauteur de ses yeux. Elle le fixa longuement, le tournant et le retournant. Elle finit par glisser un ongle entre les deux parties du médaillon et l’ouvrit.
Son cœur se serra à la vue des deux photos. La culpabilité, le regret, l’angoisse : toutes ces émotions qui la mettaient plus bas que terre l’accablèrent brutalement. Son regard finit par rester rivé sur l’image de son fils. La Faucheuse déglutit et se mordit les lèvres, baissant la tête et plaquant le bijou contre son cœur, si fort qu’il laissa une marque profonde sur sa peau. Mais elle ne s’en souciait pas le moins du monde. Elle se balançait très légèrement d’avant en arrière en parlant dans une langue que peu d’êtres connaissent. La langue des morts.

- Mon bébé, mon bébé ... Maman va venir te chercher ... Je te promets que je te trouverai ... Je te le promets ...

Elle répéta ces mots en boucle, les psalmodiant presque, comme pour se rassurer, pour les graver encore plus profondément dans sa mémoire défaillante, pour se souvenir qu’avant tout, ce qui primait, c’était de retrouver son fils – qui n’était plus un bébé depuis longtemps. Elle finit par se taire et se recroqueviller sur elle-même, tremblant légèrement sous une myriade d’émotions auxquelles se mêlait une colère sourde. Elle aurait fait un carnage si Dahsim avait péri aux mains des anges. Elle serait montée au Paradis, d’une façon ou d’une autre, et aurait tué le plus possible de ces êtres qu’elle exécrait tant, jusqu’à ce que ce soit eux qui la tuent. Elle espérait tellement que son enfant soit en vie. Elle se raccrochait à cette idée comme un naufragé à une planche de bois flottant au beau milieu d’un océan froid et glacé.
Et puis elle se calma. Comme ça, tout à coup. Elle fonctionnait comme ça : elle passait par des émotions extrêmes, et se retrouvait ensuite comme vidée et de retour à un état plus normal.
Se redressant, elle passa le médaillon autour de son cou, prenant bien garde à ce qu’il soit fermé, puis passa dans sa salle de bain et attrapa sa trousse de soins avant de retourner dans le salon où se trouvait toujours Belaam, au milieu des débris de la table basse. Le jeune femme s’agenouilla près du démon et l’aida à s’asseoir.

- Tu saignes, et pas qu’à la main. Il va falloir remédier à ça, et vérifier que je ne t’ai rien cassé.

Elle commença à bander la main du jeune homme. Puis décida de lui donner une information. Rien qu’il ne puisse utiliser contre elle : de toute façon, il était malin, il avait déjà dû comprendre certaines choses depuis longtemps.

- Tu veux vraiment savoir, pour moi et Rampa, hein ?
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime03.09.12 20:24


Belaam n'avait jamais vu la Mort. La vraie. La grande faucheuse qui était née avec la vie, pour la prendre à ceux qui avaient fait leur temps. Non Belaam n'avait jamais vu la Mort mais cette nuit là, comptant mentalement les échardes et les éclats qui s'étaient enfoncées dans son dos ou dans ses coudes, il imagina qu'elle ressemblait à En-Zakel. Froide, et mortellement effrayante. Peut-être qu'il lui aurait donné une paire d'ailes en plus, pour le style. Du genre démoniaques, ossements décharnés, conférant une aura terrifiante et puissante à cette créature que nul ne souhaitait rencontrer.

Le Démon tenta vaguement de se redresser après quelques minutes, jugeant qu'il était temps d'essayer de remettre en marche ce corps bien mal en point qui était le sien. Et puis il entendit une étrange litanie. Presque mélodieuse, mais incompréhensible, elle s'échappait de la chambre d'En-Zakel comme un soupir glacé.

-Oh bordel, couina Belaam de sa voix rauque.

Les yeux écarquillés et le cerveau en ébullition il se mit à guetter le moindre changement dans l'atmosphère, persuadée que sa colocataire s'adonnait à une sorte de rituel, ou jetait un sort quelconque, qui ne lui serait assurément pas profitable. Compte tenu de ce qu'il avait fait et de l'état de colère dans lequel il avait poussé la faucheuse, il s'attendait presque à périr sur le champ dans un grand éclat de lumière et de fumée acre.
Mais il ne se passa rien. Les muscles tétanisés, Belaam se trouva un peu ridicule et étouffa un rire nerveux, alors qu'il posait sa main valide à côté de lui pour tenter à nouveau de se lever. Ou de s'assoir, tout du moins. Mais son corps cruellement affaibli demandait déjà bien trop de pouvoir pour rester en vie. Il dérapa et s'étala à nouveau au milieu des décombres dans une plainte de douleur. Un milliard d'insultes à l'égard d'En-Zakel lui venaient à l'esprit à ce moment là, mais pas une ne franchit le seuil de ses lèvres. Il fallait qu'il se retienne. Ce soir il avait voulu forcer sa chance, et ça lui était retombé dessus, à son plus grand malheur. Alors à présent, il fallait qu'il se calme, qu'il reste sage.
Gentil Démon.

Alors que derrière ses paupières closes il regardait danser quelques résidus de lumières, hallucinations de son pauvre petit corps de junky, il entendit un léger froissement de tissus et une présence à ses côtés. Sa faucheuse préférée. Visiblement calmée, ce que Belaam peinait à croire, elle portait désormais le collier autour du cou, et la seule trace visible sur sa frêle silhouette de cet affrontement brutal qu'il y avait eu entre eux, c'était les quelques traces de sang dont sa nuisette était tachée.
Belaam n'y avait jamais fait attention mais elle était tellement peu opaque qu'il pouvait voir les auréoles rose pâle de ses tétons à travers. Trop obnubilé par sa découverte, mieux valait se concentrer sur ses petits seins blancs que sur le collier qui était balloté entre deux, le Démon n'écouta pas la moindre parole de la jeune femme porteuse de morts. Il se laissa faire, sagement, tiré de ses observations par la douleur soudaine d'un débris arraché à son dos. Sa main bandée se rappela à son tour à lui, l'élançant par vagues, et le Démon aux yeux rouges, riva le visage vers En-Zakel.

-Rampa ne te mérite pas, alors oui, je veux savoir ce que tu pouvais bien faire avec lui.

Belaam déglutit, et étira avec précaution les muscles de son dos, ravivant quelques nouvelles douleur. Et puis il sourit. Voilà. Gentil Démon, il ne fallait pas remettre En-Zakel en colère.

-Je te serais très... reconnaissant, de bien vouloir me raconter votre histoire. Avec un peu de chance, elle m'aidera à dormir.

Intérieurement il se maudit. Le cynisme c'était pas bon, non. Un gentil Démon ne fait pas ce genre de réflexions, il fallait faire attention. Putain que c'était dur de refouler tout ce qu'on est, même si c'est pour se sauver la peau.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime03.09.12 21:31

En-Zakel continuait de soigner les plaies de Belaam, pas franchement tendre, mais ne faisant pas exprès de lui faire mal non plus. Elle avait réussi à passer outre l’envie de cette petite vengeance purement gratuite. Et puis, avec ce qu’elle venait de lui faire subir, il n’avait pas besoin de ça. Il était déjà suffisamment amoché pour qu’elle s’abstienne d’en rajouter une couche.
Elle haussa un sourcil et redressa la tête à la première remarque du démon. Puis sourit et laissa échapper un léger et discret rire de gorge.

- Ni lui ni moi ne méritons grand’ chose, mais passons.

Elle sourit un peu plus à la phrase suivante, commençant à se détendre, à retrouver son humeur habituelle. Elle essayait d’oublier ce qu’il venait de se passer, de le reléguer quelque part dans l’un des replis de sa mémoire. Elle fonctionnait également comme ça, et répondit au cynisme de Belaam par le sien.

- A vrai dire, notre histoire est tellement classique que je pense qu’elle t’ennuiera trop pour que tu t’endormes. Tu auras envie d’entendre autre chose très vite.

Elle rit doucement une nouvelle fois, puis sortit la dernière écharde du dos du démon et désinfecta les plaies. Elle plaça quelques bandages là où c’était absolument nécessaire, puis se rassit confortablement sur le sol et parla des quelques bribes de son passé qui avaient bien daigné lui revenir.

- Je suis vieille. Quel âge exactement ? Aucune idée. J’ai arrêté de compter il y a très longtemps. Toujours est-il que quand on est une ... chose qui a vécu aussi longtemps, on finit par s’ennuyer. En tout cas, pour moi, c’est ce qui est arrivé. Seules les grandes batailles et les moissons de masse parvenaient à m’égayer, et c’est durant l’une d’entre elles, il y a un millénaire et demi, que j’ai rencontré Rampa.

Elle eut un demi-sourire amusé en revoyant la scène.

- Je me souviens, c’était terriblement cliché comme situation : c’était au Moyen-âge, en Europe. Il y avait eu une guerre entre deux seigneurs rivaux, et ça s’était terminé dans un bain de sang. La plaine était couverte de cadavres, au milieu desquels se dressait un arbre mort. Et pour compléter le tableau, il tombait une très fine pluie. Autant dire que j’avais sauté sur l’occasion pour sortir de chez moi et faucher un peu. J’étais là, à cueillir les âmes des morts, quand tout à coup j’ai entendu une voix derrière moi, qui m’appelait par mon nom. En me retournant, j’ai vu ce type assez maigre et plein de boue, qui me regardait avec des yeux rouges vifs. Il s’est présenté et m’a proposé, et je jure que c’est vrai, une alliance. Il me fournirait tout ce que je voulais, que ce soit objets ou informations quelconques, en échange de mon aide pour le guider vers les hommes et les femmes au bord de la mort, et qui auraient donné n’importe quoi pour vivre encore un peu. Quand je les lui trouvai, il allait les voir et pactisait avec eux en échange de leur âme. Disons que je l’ai quelque peu aidé à monter en grade.

Son sourire changea légèrement, ainsi que son regard, ses yeux à moitié clos se perdant dans le vide un instant. Elle hésita à raconter la suite à Belaam. A lui raconter comment, un demi siècle tout juste après leur alliance, elle et Rampa en étaient venu à passer un autre stade, comment ils étaient devenus amants et associés, et ce pour de longs, très longs siècles. Perdue dans ses pensées et ses souvenirs, il lui fallu un petit moment avant de remarquer le regard que Belaam jetait régulièrement à sa poitrine. La Faucheuse haussa un sourcil, et son sourire se fit plus amusé.

- Eh bien, je te sens très intéressé, dit-elle alors qu’elle bougeait un peu, se penchant juste assez pour que le tissu de sa fine chemise épouse d’autant mieux la forme de ses seins.

Elle fixa le démon un moment, et demanda le plus sérieusement du monde :

- Alors, qu’est-ce que tu veux, maintenant ? La suite de l’histoire, ou poser tes mains où tu veux ? Quoique l’un n’empêche pas l’autre.

Elle le regardait droit dans les yeux, sans ciller. Elle n’avait pas du tout un comportement logique et elle le savait parfaitement. Elle se fichait éperdument de la logique. Elle se fichait de savoir si Belaam l’avait plongée dans une rage noire à peine quelques dizaines de minutes plus tôt et qu’elle agissait désormais comme si rien ne s’était passé. Là, tout de suite, maintenant, elle avait cruellement besoin de se détendre. De jouer. Et quel autre partenaire de jeu pourrait-elle trouver à cette heure-ci de la nuit ? Qui d’autre que le démon pourrait la divertir ?
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime05.09.12 15:07


Les changements brutaux du comportement d'En-Zakel laissaient Belaam sans voix. Ne la quittant pas des yeux (enfin, il fixait toujours autant sa poitrine mais jetait quelques coups d'œil vers son visage, histoire de tenter de percevoir dans son regard quelques indices sur ce qu'elle pensait), il préférait rester silencieux pour ne pas faire de gaffe. Après tout si sa bonne humeur, faucheusement parlant, était revenue, c'était pas plus mal.
Bien des Démons étaient bipolaires ou imprévisibles. Belaam en avait fréquenté quelques uns chez qui la colère amenait la joie, et la joie la colère, en un temps si court qu'il valait mieux ne provoquer chez eux ni l'un ni l'autre. On aurait pu croire dès lors que l'attitude de sa colocataire actuelle ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Oui mais voilà, cela faisait quelques paquets d'années que le cher squatteur d'humains n'avait pas croisé un de ses congénères, et il avait tendance à oublier comment vivre en société. Alors, il écoutait simplement. Et quand il fut pris en flagrant délit de matage de seins, il secoua la tête et se recula, se frottant le nez du dos de sa main bandée.

-Je ne suis pas intéressé par tes seins non je... constatais la maigre épaisseur du tissus. Tu sais s'habiller comme ça c'est pas fréquent chez une faucheuse. Le peu que j'ai vu préférait se vêtir de grandes robes ou capes sombres, dans un style très gothique et sobre qui annonce la couleur, sans jeu de mot, dès qu'on les voit.

Saisissant un bout du tissu habillant le haut du corps d'En-Zakel, Belaam sembla vraiment se concentrer sur cette différence qu'elle arborait. Il n'en oubliait pas moins Rampa, mais parler de ce Démon de pacotille causait de graves dégâts à sa capacité d'écoute.

-T'es bien plus humaine, en fait, que la plupart des faucheuses. Je me trompe ? Tu fais attention aux apparences, tu...

Il embrassa d'un large geste tout l'appartement, plongé dans le noir mais dont on pouvait néanmoins encore distinguer l'aménagement.

-... tu sembles apprécier un certain confort et luxe matériel. C'est pas très faucheuse ça. Et puis même s'enticher d'un Démon à la base c'est malsain.

Un sourire moqueur se dessina encore sur la figure amusée de Belaam, qui se leva pour cesser cette étrange proximité entre lui et sa bienfaitrice colérique. Des fois que.
Se dirigeant vers le réfrigérateur qu'il ouvrit de sa main non blessée, il en admira pour la seconde fois le contenu. Lorsqu'il avait mis les pieds pour la première fois ici, cette machine refroidissante avait attiré toute son attention. Peut être même plus que la télévision. Et quand il avait compris ce qui était entreposé dedans, la nature de l'alimentation de la faucheuse l'avait amusé.

-Et puis la bouffe... T'as besoin de faire attention à ce que tu manges ? Et tu manges par plaisir ou par nécessité ?

Pour Belaam c'était évident depuis le début, cette nourriture là était dans ce frigo par nécessité, car personne ne pouvait vraiment apprécier de tels mets. Du moins pas plus qu'un bon poulet rôti et juteux, ou une bouteille de vin. Mais à présent... à présent qu'il découvrait En-Zakel sous un nouvel angle, il se disait qu'elle pouvait bien être une adepte de nourriture saine.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime05.09.12 20:34

En-Zakel ne dit rien, écoutant et laissant faire Belaam. Il avait raison : elle n’était pas comme les autres Faucheuses. Elle ne l’avait jamais été, et aurait été bien incapable d’expliquer cette différence. Elle était née comme ça, tout simplement. Complètement à l’opposée de ses pairs. Elle avait un comportement et une vision des choses que les membres de son espèce trouvaient étranges. A tel point qu’elle se demandait parfois si elle était bien née comme eux. S’il n’y avait pas quelque chose sur ses origines qu’elle avait oublié, ou bien n’avait tout bonnement jamais su.
Un léger sourire étira les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle acquiesçait à la remarque de son colocataire.

- Oh, crois-moi, ce n’est pas le plus transparent que j’ai pu porter. Et tu as raison, je ne m’habille pas comme les autres Faucheuses. Et puis, avec ma tête, autant te dire que le noir ne m’allait pas vraiment. En fait, je fais très peu de choses conformément au protocole et aux clichés que suivent aveuglément la très grande majorité de mes frères et sœurs. C’est aussi pour ça qu’en règle générale, ils ne m’apprécient pas beaucoup.

Elle laissa le démon attraper sa nuisette. Son regard blanc tomba sur les traces de sang qui la maculaient, et elle se dit que, quelque part, ça ne la choquait même pas de voir ses habits souillés de rouge. Elle leva les yeux vers Belaam et hoche la tête.

- Oui, je suis ... bien plus humaine que les autres.

Ce que venait de lui dire le junky possédé lui laissa une sensation étrange. En effet, elle avait énormément de points communs avec l’humanité – sans doute beaucoup trop pour quelqu’un de sa race et de son rang. Elle ne les considérait pas avec dédain comme la plupart des créatures dotées d’une faculté quelconque. Au contraire, elle mesurait parfaitement leur importance dans la grande balance de l’Equilibre avec un « E » majuscule. Et puis, ils profitaient pleinement de leur vie. Ils ressentaient toute une multitude d’émotions auxquelles les grandes instances qui contrôlent ladite balance sont généralement hermétiquement fermées. Autant dire qu’En-Zakel s’était sentie beaucoup plus proches des Hommes que de n’importe quoi d’autre.
Elle releva la tête et rendit son sourire à Belaam. Il marquait un point, c’était indéniable.

- Très malsain ... Mais c’est devenu encore pire quand notre relation a changé en quelque chose de beaucoup plus ... fusionnel et physique.

Des quelques bribes de souvenirs qui lui étaient revenu de sa vie passée, ceux-là venaient régulièrement la visiter dans ses rêves, ce qui avait le don de l’amuser autant que de l’exaspérer. Ah ça, ils s’étaient bien amusés, tous les deux ! Aux jours de « travail » et de récolte d’âmes se succédaient les longues, longues nuits très animées. La Faucheuse blanche laissa échapper un discret rire de gorge. Oui, définitivement, elle était bien plus humaine que ses pairs.
Elle se leva, épousseta rapidement ses jambes nues et s’en alla rejoindre Belaam dans la cuisine. Elle attrapa une bouteille de jus de goyave dans le réfrigérateur et s’en servit un grand verre qu’elle bu d’une traite, soupirant de satisfaction. Elle adorait vraiment ça. Une fois encore, elle aurait été bien en peine d’expliquer pourquoi. Un caprice du destin, sans doute. Elle se servit un autre verre qu’elle sirota tranquillement cette fois tandis qu’elle répondait à son colocataire.

- Les deux, mais surtout par plaisir. Non, en fait, les aliments que tu vois là, c’est par nécessité. Parfois, quand je suis vraiment fatiguée, je récupère mes forces un peu plus vite si j’avale quelque chose. Et vu que j’aimerai éviter de m’alourdir bêtement, je fais un minimum attention à ce que je mange. La seule chose que je bois beaucoup plus que je ne devrais, c’est ça.

Elle pointa sa bouteille du doigt avant de s’asseoir tranquillement sur le plan de travail de sa cuisine, prenant appui sur sa main libre, tenant toujours son verre de l’autre.

- C’est un pur caprice, rien de plus. Fondamentalement, une Faucheuse n’a pas besoin de manger ou boire. C’est tout juste si certaines d’entre nous dorment. Notre constitution est ... un peu particulière, dirons-nous.

Sur ces mots, elle avala de nouveau une grande gorgée de jus frais et sucré, ne quittant pas le démon du regard. Autour de son cou, elle sentait le poids du médaillon en or posé sur son torse.





Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime08.09.12 18:26


Dans un coin de la cervelle de moineau du junky, Belaam tâcha de garder le souvenir de cette conversation dont chaque mot et chaque intonation avait son importance. Par exemple, on pouvait aisément deviner que toute faucheuse qu'elle était, froide et macabre, En-Zakel était surement un très bon coup au lit. Simple déduction née d'un esprit pervers à l'affut du moindre indice sur sa bienfaitrice. Le court silence qui avait suivit les paroles à propos de Rampa, par exemple, ne laissait presque aucun doute sur la passion qui pouvait animer ces deux créatures surnaturelles lorsqu'elles passaient du bon temps ensemble. Intéressant. Mais en (presque)bon stratège qu'il était, Belaam fit comme si de rien n'était. Mieux valait laisser croire qu'il était con. Tout comme il avait laissé croire un peu plus tôt que l'or l'intéressait.
S'emparant d'un geste délicat et prudent, chose surprenante pour un Démon logé dans un corps d'homme qui n'arrivait pas encore à toujours bien jauger sa force, l'éternel squatteur huma le jus de fruit et le porta à ses lèvres non sans une moue dédaigneuse témoignant des doutes qu'il avait quand au plaisir que pouvait procurer un tel breuvage. Il lui rendit presque immédiatement son verre. Et puis alors, un mot attira son attention, si bien qu'il tourna brusquement le visage dans la direction de la faucheuse.

-Comment ça ? Attend...

Il s'approcha jusqu'à se trouver en face d'elle, tentant de plonger son regard écarlate dans ses pupilles nacrées. La surprise dont étaient teinté ses yeux pouvait difficilement passer inaperçue, tout comme l'intérêt qu'il portait dès lors aux mots de la jeune femme tout de blanc vêtu.

-Vous.. enfin tu, toi, tu sais dormir ?

Les sourcils arqués de manière grotesque, c'est tout juste s'il en avait pas la mâchoire qui se décrochait comme dans les cartoons. Un Démon n'avait pas besoin de dormir. Il lui suffisait de récupérer de l'énergie par un moyen ou un autre, et ça n'incluait jamais de devoir s'allonger en attendant que ses propres batteries se rechargent. C'était trop humain, totalement différent de leur façon d'exister. Mais malheureusement pour Belaam, obligé de vivre dans un corps humain, la fatigue lui causait bien des soucis, et rien ne semblait pouvoir remettre d'aplomb son enveloppe charnelle autant qu'un bon gros somme. Problème, Belaam ignorait totalement comment on pouvait dormir. C'était comme souffler une bougie, mais sans la bougie, et sans dormir. Un vrai casse tête sur lequel il s'était penché de nombreuses fois par le passé mais qui ne l'avait pas autant affecté que depuis sa résurrection. Le junky avait besoin de dormir. Et rester assis ou allongé sans rien faire, ça aidait, mais c'était pas encore ça.

-Comment ça fait, de dormir ? Demanda-t-il encore en croisant les bras sur sa poitrine, l'air totalement sérieux.

Il avait déjà tenté de trouver dans la mémoire du junky, pensant que comme la marche ou comme la parole, il pouvait y trouver les mécanismes. Mais il fallait croire que les humains eux même ignoraient le principe fondamental qui permettait de dormir. Alors Belaam, ce soir là, était avide de comprendre.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime08.09.12 21:43

Les sourcils de la Faucheuse se haussèrent sous la surprise tandis qu’elle soutenait le regard écarlate de Belaam. Si elle s’attendait à ça ... C’était l’une de ces rares fois où le démon avait l’air sincère. Et aussi intéressé par ce qu’elle racontait. Elle se demandait bien pourquoi, d’ailleurs. Qu’avait donc de si fascinant le sommeil pour qu’il s’y intéresse à ce point ? Elle ne se posa pas la question bien longtemps. Il lui suffit d’y penser à son tour pour comprendre toute la fascination qu’on pouvait avoir pour ce passage du monde de l’éveil à celui du repos. La jeune femme hocha la tête.

- Oui, je peux dormir. Et ça, c’est autant un plaisir qu’un besoin.

Elle descendit de son perchoir et s’en alla en direction du mur juste à côté de la fenêtre donnant sur la ville éclairée par une foultitude de lampadaires, panneaux publicitaires et autres lampions géants. Naniwa, quant à elle, ne dormait jamais. En-Zakel soupira. Elle faisait dos à Belaam.

- Dormir ... Comment t’expliquer ce que ça fait ?

Elle passa une main dans ses longs cheveux blancs et se retourna face au junky, s’adossant au mur. Elle croisa les bras un moment, semblant sincèrement réfléchir à la chose. Comment expliquer un mécanisme qui avait été mis en place des éons plus tôt, lorsque l’humanité n’était pas encore née, mais que d’autres êtres hantaient le monde et avaient eux aussi besoin de ça ? Comment expliquer quelque chose qui était si fondamentalement encré en elle qu’elle ne s’était jamais posé la question de savoir ce que ça faisait ? En-Zakel fronça les sourcils et passa les doigts sur ses lèvres fines.

- Déjà, je pense que personne n’appréhende le sommeil de la même façon – personne ne le vit de manière identique non plus. Certains vont chercher à dormir le plus longtemps et le plus souvent possible, alors que d’autres vont tout faire pour rester éveiller. Ca dépend des personnes. Pour certains, il ne s’agit que d’un moyen de reposer leur corps, de lui restituer suffisamment de forces pour tenir le lendemain, et rien d’autre, comme un passage obligé de la journée. Pour moi ...

Elle soupira à nouveau. L’une de ses mains vint négligemment jouer avec son médaillon, tandis que l’autre reposait sur l’une de ses cuisses nues. Son regard se perdit dans le lointain.

- ... Pour moi, c’est différent. Je ne vais pas être très objective en te racontant ce que ça fait de dormir, mais je vais faire de mon mieux. Dormir, c’est fermer les yeux et te dire que tu vas laisser là ton corps, l’oublier pendant un temps, le laisser se reposer et fonctionner tout seul. Le laisser recouvrer les forces qu’il a dû dépenser pour te faire vivre durant la journée. Dormir, c’est passer du stade matériel au stade spirituel. Tu es là, allongé, les yeux clos, et tu te sens doucement sombrer ... Et tout à coup, ton esprit est libre de toute prison, de toute entrave de chair. Il voyage seul, au gré de ses fantaisies. Tu voyages vraiment. Et surtout, tu rêves. Même si tu ne t’en souviens pas le lendemain. Rêver, c’est être le témoin de scènes étranges, parfois sans queue ni tête, parfois là pour une raison. Quand tu rêves, tu peux voir tout et n’importe quoi.

Un léger sourire vint étirer ses lèvres tandis qu’elle resserra sa prise sur le bijou accroché autour de son cou.

- Même des souvenirs.

Surtout des souvenirs, pensa-t-elle. Pour la Faucheuse, il s’agissait des seuls rêves qu’elle s’efforçait de mémoriser au réveil, quitte à se forcer à rester dans un entre-deux étrange entre le sommeil et l’éveil, de peur de voir encore une fois s’échapper ces précieux fragments de son passé. Peu importe si des cauchemars affreux venaient parfois la saisir au plus noir de la nuit, peu importe s’il lui arrivait de se réveiller en sursaut, tremblante et haletante, le cœur battant à tout rompre. Ce qu’elle cherchait dans le sommeil, c’était sa mémoire. C’était ...

- ... ma salvation ...

Elle avait murmuré ces mots sans même s’en rendre compte, d’une voix si basse qu’à moins d’avoir été très attentif à ce qu’elle venait de dire, on ne les aurait pas entendus. En-Zakel cligna plusieurs fois des paupières et secoua la tête pour reprendre ses esprits. Son expression, qui s’était fait extrêmement âgée et sage le temps de ses explications, redevint celle qu’on lui connaissait mieux. Elle reporta son attention vers Belaam.

- Voilà ce que ça fait de dormir – pour moi, en tout cas. Autre chose à me demander ?



Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 9:04


Être libre de toute prison. Pour un Démon condamné à vivre accroché à une enveloppe humaine à défaut d'avoir son propre corps, cette phrase prenait un tout autre sens. S'il avait d'abord été enthousiaste à cette idée Belaam comprit soudain pourquoi dormir lui semblait interdit. S'il se détachait du corps humain, ne serais-ce qu'un peu, il finirait par s'éparpiller dans l'atmosphère comme un vulgaire nuage de fumée. Dormir était donc un exercice dangereux, mortel, qu'il n'arrivait pas à effectuer car à chaque tentative il restait accroché à son corps temporaire.
Oui. Ça devait être ça.
Mais si ce n'était pas pareil pour tout le monde ? Et si certaines personnes ne s'évadaient pas de ce monde le temps de quelques heures de sommeil ? Peut-être que l'on pouvait aussi s'évader à l'intérieur de soi. Se plonger si profondément dans les méandres de son existence que l'on coupe les ponts avec la réalité sans pour autant risquer de se détacher du corps.

Frottant ses yeux rougis tour à tour de sa main non blessée, le Démon avait l'air ailleurs. Une partie de lui écoutait encore les quelques mots sortant des lèvres de sa camarade surnaturelle, mais il réfléchissait intensément. Il sentait une sorte de frénésie impalpable habiter son essence, comme s'il était tout près de mettre le doigt sur quelque chose. Planté là en face d'En-Zakel, qui vouait visiblement une sorte de culte au sommeil pour des raisons personnelles (qui en d'autres instants auraient attiré toute l'attention de Belaam, toujours à l'affut d'informations la concernant), le Grand Envouteur semblait... envouté. Sa concentration était telle qu'on pouvait voir quelques vapeurs Démoniaques, ternes et acres, flotter par petites nappes autour du visage du junky. Ce genre de phénomène était d'ordinaire inquiétant car il signifiait que Belaam lâchait prise, mais ce n'était pas assez grave encore pour qu'il doive se faire violence pour retourner dans son habitacle.
Et puis, doucement, progressivement, il reprit contenance sans pour autant afficher le moindre changement d'expression.

-Je n'ai pas besoin de retrouver mes souvenirs en dormant. Je me souviens de tout ce qui est important. Des noms, des dates, du temps qu'il faisait. Des douleurs aussi, trop nombreuses à mon goût. C'est là le fardeau d'un Démon de seconde zone, être assez ambitieux pour vouloir faire le mal partout où l'on passe, mais pas encore assez puissant pour rivaliser avec la foi des hommes.

Il allait ajouter quelque chose quand une question germa dans son esprit, ayant certainement un lien avec ce qu'il venait de dire.
S'approchant d'En-Zakel en affichant un regard brillant, quoi que toujours aussi rouge à cause du manque de sommeil et de l'essence démoniaque habitant ce corps, Belaam avait l'air à nouveau curieux et surtout particulièrement attentif. Comme un prédateur qui ne lâche pas sa proie des yeux, comme un illuminé qui croit qu'il va être témoin d'une révélation. Il scrutait la faucheuse, avec l'idée folle que s'il pouvait prendre possession de son corps il pourrait aussi s'approprier ses pouvoirs, sa mémoire... et peut être même qu'il n'aurait plus besoin de changer de corps, plus jamais. Restait à savoir si elle avait une âme, et si cette dernière était suffisamment corrompue pour qu'il puisse s'y glisser comme une main dans un gant de chair.

-Il y a bien une question encore... dis-moi, à quel point es-tu humaine, En-Zakel ?
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 9:42

Les vagues effluves démoniaques s’échappant de l’hôte possédé de Belaam n’échappèrent pas au regard blanc d’En-Zakel. Elle l’observa, le scruta même, se demandant jusqu’à quel point cela pouvait devenir dangereux pour lui de se laisser aller ainsi. Et finalement, tout retourna à la normale – si tant est qu’on pouvait qualifier cette situation de normale. La jeune femme écouta le démon parler sans rien dire, attentive à ce qu’il voulait bien lui révéler. Elle hocha vaguement la tête, sentant monter en elle une pointe de jalousie qu’elle parvint mal à étouffer. Il parlait de ses souvenirs et d’à quel point il semblait bien se rappeler de tout ce qu’il avait vécu. Elle, il ne lui restait presque plus rien. Doucement, très doucement, des images lui revenaient, mais bien trop rares et bien trop chichement pour qu’elle puisse prétendre se rappeler de son existence passée dans les grandes lignes. Qui était-elle, quel était son rôle, sa réputation, les actes notables qu’elle avait accomplis ? Avait-elle beaucoup d’ennemis, et avait-elle eu d’autres amis en dehors de Sundance ? Avait-elle eu des alliés parmi les autres Faucheuses ? A cette pensée, elle sentit un frisson qu’elle ne comprit pas lui parcourir l’échine. Voilà une question à laquelle elle aurait beaucoup aimé avoir une réponse ... Y avait-il quelqu’un qui avait déploré sa mort lorsqu’elle était tombée aux mains des anges ? Ou bien était-elle seule et oubliée de ses frères et sœurs ?
En-Zakel secoua la tête pour se remettre les idées en place. Ce n’était pas le moment de se lamenter et se laisser noyer par un flot d’interrogations auxquelles elle ne pouvait de toute façon pas répondre. Reportant son attention sur Belaam, elle remarqua qu’il s’était planté juste devant elle. Un peu plus grand que la Faucheuse blanche, il la détaillait avec attention, et elle ne put que remarquer la lueur étrange, carnassière, qui brillait dans ses yeux rouges.

- Il y a bien une question encore... dis-moi, à quel point es-tu humaine, En-Zakel ?

La jeune femme le dévisagea sans rien dire pendant une seconde ou deux. Puis, un sourire vint étirer ses lèvres. Elle se retint de rire. Décidément, ce petit démon avait tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre ! Mais ce n’était certainement pas une raison pour ne pas se méfier de lui. Après tout, un démon reste un démon, et ce sont bien les créatures auxquelles il ne fallait jamais faire confiance, à de très rares – trop rares – exceptions prêts. En-Zakel pencha un peu la tête sur le côté.

- Trop ... ou pas assez. Tout dépend des jours ou des périodes. Parfois, tu pourrais jurer que je suis tout ce qu’il y a de plus humaine. Et d’autres fois encore, ma condition de Faucheuse ne fait aucun doute. Je suis beaucoup trop instable pour pouvoir te fournir une réponse convenable, j’en ai peur.

Elle se décolla du mur et contourna Belaam, l’espace exiguë de la cuisine la forçant à le frôler durant le bref instant qu’elle mit à rejoindre l’autre côté de la pièce. Elle empoigna sa bouteille de jus de goyave, qu’elle referma et rangea dans la porte du réfrigérateur, puis s’en alla en direction du salon. Elle se retourna et lança à son colocataire de fortune.

- Si tu as d’autres questions, suis-moi.

Elle se dirigea vers sa chambre et soupira en voyant le désordre qui y avait été mis. Elle se rappela également que sa table basse avait été réduite en miettes dans la brève mais violente crise de colère qui l’avait saisie plus tôt. Jetant un œil par-dessus son épaule, elle remarqua Belaam debout dans l’encadrement de la porte. Elle leva les yeux au ciel en secouant la tête et s’approcha d’un tiroir ouvert, une bonne partie de son contenu mis sans dessus dessous. En-Zakel hésitait encore entre ranger elle-même ou forcer le démon à le faire. Après tout, c’était sa faute si la soirée avait pris une tournure quelque peu douloureuse pour lui.
Sans aucune pudeur, elle ôta sa chemisette tâchée de sang et la balança en direction de sa salle de bain. Debout devant sa commode, elle fouillait à la recherche d’un autre haut pour la remplacer. Vraiment, le démon avait intérêt à valoir l’investissement qu’elle mettait dans l’affaire.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 10:55


D'un pas lent et prudent le Démon suivit En-Zakel à travers l'appartement. Sans la quitter des yeux, il était partagé entre le désir de tenter le coup en se jetant tête baissée dans son corps, et celui de rester patient pour être certain de sa réussite. Il y avait beaucoup à perdre dans cette histoire là, et Belaam n'était pas sûr que la faucheuse se montre clémente si il déclenchait en elle une nouvelle crise de colère.
Tous ses calculs s'envolèrent lorsqu'il vit la demoiselle en blanc entrer dans sa chambre. Est-ce que c'était un test ? Il avait cru comprendre que cette pièce là c'était le sanctuaire d'En-Zakel et qu'il valait mieux ne pas y entrer. Enfin. Pas tant que blanchette peut en être informée.
Il resta donc sur le pas de la porte, clignant des yeux avec une pointe d'incompréhension, prenant le parti de ne pas pénétrer une seconde fois dans l'espace vital de la faucheuse même si cette scène ressemblait fortement à une invitation.
D'autant plus qu'elle se déshabilla devant lui.
Belaam n'aimait pas vraiment le physique des humains. Mais il y avait chez les femmes certaines rondeurs qui, même si la créature en elle même pouvait le répugner, faisaient naître en lui un certain désir. La poitrine ronde et blanche d'En-Zakel fit frémir l'échine du junky, réaction purement instinctive de cet humain encore logé quelque part dans le corps. Le Démon détourna la tête dans un geste qui pouvait ressembler à de la pudeur.

-C'est une habitude de faucheuse ça, se présenter nue à un Démon ?

Une moue légèrement moqueuse se peignit sur les traits de l'hôte de Belaam, alors qu'il baissait les yeux vers ce qui lui servait de pantalon.

-Ou alors tu agis ainsi pour me provoquer ? Si t'as envie de me taper vas-y, tu n'as pas besoin de me forcer à me conduire en rustre.

Son sourire s'élargit un peu plus et finalement il reporta son attention sur la frêle silhouette d'En-Zakel.

-A moins que... tu n'aies envie que je remplace Rampa entre tes jambes cette nuit ? Ça doit être long, d'attendre qu'il revienne, de passer ses nuits seule sans rien pour les égayer...

Belaam s'étira, faisant jouer avec prudence les muscles de son dos, comptabilisant les dégâts fait un peu plus tôt lors de son altercation avec sa bienfaitrice caractérielle. Pas sûr qu'il soit aussi bon que Rampa, cela dit. Pas dans cet état là en tous cas. Si seulement il avait encore son véritable corps, ah... ce que ça pouvait lui manquer les crocs, les cornes, la queue, les muscles d'acier...
La moue de Belaam devint un peu plus morose alors qu'il se souvenait de ses heures de gloire. Il ne se passait après tout pas une heure sans qu'il n'y pense. Pas parce qu'il regrettait son ancienne existence, non. Les regrets ne servent à rien et Belaam avait mené la vie qu'il voulait. Seulement il en arrivait à se demander, parfois, si se démener de la sorte dans cette nouvelle vie était bien utile. Heureusement qu'il y avait l'alcool et la nourriture humaine pour compenser.


Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 11:38

Un léger sourire se peignit sur les lèvres d’En-Zakel tandis qu’elle fouillait toujours dans son tiroir, à la recherche d’une tenue pour recouvrir le haut de son corps.

- C’est une habitude de Faucheuse qui se préoccupe assez peu de ce qu’elle fait ce soir pour ne pas s’encombrer avec une quelconque décence.

Et aussi, parce qu’elle se fichait éperdument de se présenter nue ou non devant Belaam. Elle n’aurait pas agi ainsi avec n’importe qui, bien entendu, mais elle ne voyait pas l’intérêt de faire un effort de pudeur devant son colocataire forcé.
Elle trouva enfin ce qu’elle cherchait et plongea le bras dans sa commode, pour en ressortir une chemisette à fines bretelles aussi fine que celle qui gisait sur le pas de la porte de sa salle de bain.

- Je ne te force à rien. Tu agis bien comme tu veux, après tout.

A la remarque suivante cependant, elle s’arrêta et tourna la tête vers le démon. Oui, elle le provoquait sciemment, elle en était consciente. Elle n’était pas encore tout à fait stable, pas encore tout à fait remise de sa crise de colère un peu plus tôt, et si elle voulait garder son calme et ne pas rester dans un état de nerf permanent, deux options s’ouvraient à elle : le bain de sang ou le plaisir physique. L’un comme l’autre étaient des solutions efficaces pour faire redescendre la tension – quand personne de proche n’était là pour l’aider, en tout cas. Elle se tourna un peu, faisant face à Belaam, ses longs cheveux blancs cascadant sur ses épaules et sa poitrine nue. Remplacer Rampa le temps d’une nuit ... Oui, le temps était long. Oui, son époux lui manquait et oui, les souvenirs qu’elle avait de leurs ébats lui faisait d’autant plus regretter sa présence. Et elle commençait à se lasser de la solitude. Alors, peut-être ce soir se laisserait-elle tenter.
Peut-être.
Un fin sourire vint étirer les lèvres de la Faucheuse tandis qu’elle haussa légèrement un sourcil.

- Ah, qui sait ? Mais serais-tu vraiment capable de tenir la cadence ?

Un discret rire s’échappa d’entre ses lèvres entrouvertes, grave et sensuel. Elle le détailla avec attention de haut en bas. L’hôte du démon avait subi quelques beaux dégâts durant leur précédente altercation. Il faudrait qu’elle récupère de quoi le soigner plus efficacement lorsqu’elle retournerait à l’hôpital. Elle pencha la tête sur le côté, dérangeant quelques mèches immaculées qui vinrent glisser le long de ses bras nus.

- Je ne suis pas une amante tendre. Je me demande vraiment si tu pourrais supporter une nuit avec moi.

Le sourire d’En-Zakel se fit plus grand, plus moqueur et provocateur aussi. La jeune femme se redressa tout juste assez pour que le démon ait une vue imprenable sur ses seins, puis plongea son regard de nacre dans celui de Belaam et le fixa, le mettant silencieusement au défi de venir. Et s’il ne venait pas, tant pis. Elle l’enfermerait dans l’appartement et s’éclipserait le temps d’un meurtre ou deux.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 12:43


Plus il y réfléchissait et plus il sentait le danger à se risquer dans une relation trop intime avec En-Zakel. Peut être que ça leur aurait plu, à tous les deux. Peut être qu'ils y auraient trouvé un certain réconfort, de quoi combler leur solitude respective. Mais l'enjeu était de taille et Belaam n'était pas prêt à prendre ce risque.
Détachant son regard de la poitrine aguicheuse d'En-Zakel, le Démon se racla la gorge discrètement, prit une profonde inspiration, et s'approcha d'elle. Saisissant le vêtement qu'elle n'avait pas encore enfilé, il le déplia et entreprit de l'enfiler sur le corps fin et délicat de la faucheuse, veillant à ne pas laisser ses mains s'égarer sur la peau diaphane de l'étrange jeune femme.

-Allons... ce ne sont pas des propos dignes d'une dame respectable.

C'est à peine si l'on pouvait distinguer le sourire amusé sur le visage du Démon alors qu'il tâchait de garder pour lui la frustration naissant au fond de ses entrailles. Et à cet instant là, quelque part, il jalousait Rampa d'avoir pu trouver une compagne aussi attirante et aussi puissante. S'attirer ses faveurs, il l'avait constaté lui même, n'était pas une mince affaire.
Ajustant le vêtement en quelques gestes, presque sûr de lui, Belaam recula sans prendre l'initiative de dégager les cheveux blancs encore glissés sous le tissus. Retournant sur le pas de la porte, il s'adossa au chambranle en regardant dans le couloir, ne sachant plus trop où se mettre à présent que le jeu de séduction d'En-Zakel avait été lancé.

-Je serais un bien piètre lot de consolation, tu sais. Je préfère sucer le vice plutôt que de patauger dedans.

Il s'étira à nouveau, sentant les courbatures et les douleurs dans tout le corps du junky qui réclamait sa dose de veille à défaut d'avoir droit à quelques heures de sommeil. Belaam dans ces moments là s'installait sur quelque chose de confortable et fermait les yeux, attendant simplement que les muscles et les articulations se reposent. Vivre dans un corps humain c'était vraiment pénible.
De nouveau sérieux et impénétrable le Démon se contenta d'observer En-Zakel du coin de l'oeil. Il voulait la voir se coucher pour être sûr qu'elle n'écraserait pas ses seins contre lui dès qu'il aurait une baisse d'attention. Et il voulait la voir s'endormir aussi. Être témoin de ce phénomène qui lui était étranger et devenu une obsession.
Debout à l'entrée de la pièce Belaam ne bougeait pas. Il pensait, il observait. Voilà tout ce sont il était capable actuellement. La fatigue avait chassé bien vite toute trace d'amusement, et le silence lui laissait trop d'occasions de remuer de sombres pensées. Peut être qu'il ne se reposerait pas ce soir. Peut être qu'il irait explorer le monde, les rues, et chercherait une victime pour le simple plaisir de ressentir le peu de pouvoir qu'il lui restait.

-Dors bien, blanchette, murmura-t-il en se détournant pour s'enfoncer dans le couloir encore plongé dans l'obscurité.

Il jeta dans la pièce un dernier regard indéfinissable, gravant dans sa mémoire chaque bout de tissus, chaque meuble. À ses pieds trônait encore, froissé, le tissus blanc tâché de son propre sang. S'il le lavait ça plairait peut-être à En-Zakel. Avec un peu de chance cela améliorerait leurs relations.
Renonçant sans regrets à sa petite expédition nocturnes qui lui aurait coûté bien trop d'énergie, le Démon entra dans la salle de bain et se mis en quête d'un quelconque produit semblable à ceux dont on vantait les mérites à la télévision, pour ensuite entreprendre de laver le vêtement délicat dans le lavabo.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 13:26

En-Zakel regarda Belaam s’approcher d’elle, attentive à ce qu’il faisait. Elle n’avait pas vraiment idée de ce qui allait se passer ou comment ça allait se passer, mais elle attendait la suite avec une impatience qu’elle dissimula à la perfection.
Et ce fut au moment où le démon lui prit sa chemisette des mains et entreprit de l’en vêtir qu’elle écarquilla les yeux sous la surprise. Ca, par contre, elle ne s’y était pas attendue. Elle aurait plutôt cru qu’elle essuierait un refus cynique ou qu’elle aurait eu droit à une remarque d’une ironie mordante s’il s’était défilé. Tout, mais pas comme ça.

- Allons... ce ne sont pas des propos dignes d'une dame respectable.

Elle le regarda fixement quelques secondes, avant de rejeter la tête en arrière et d’éclater de rire.

- Moi, respectable. Cette blague !

Elle rit encore et encore, incapable de s’arrêter, les nerfs lâchant les uns après les autres, l’horrible frustration qu’elle ressentait soudain ne l’aidant pas le moins du monde. Elle, respectable ... Oui, elle trouvait cela très drôle, vraiment. Elle n’avait rien de respectable. Elle était insolente, corruptible, aguicheuse, instable, mauvaise. Non, elle n’avait rien, absolument rien de respectable. Voici quel était son avis sur la question. Elle ne valait pas mieux que les autres ; peut-être même valait-elle encore moins.
Elle parvint finalement à se calmer et regarder Belaam dans les yeux.

- Ah, c’est bien dommage, vraiment. Une autre fois, peut-être.

Elle se détourna et dégagea d’un geste rapide ses cheveux encore coincés dans son vêtement. Elle se mit en tête de ranger le désordre qu’avait mis Belaam. Du coin de l’œil, elle vit ce dernier attraper la nuisette souillée de sang qu’elle avait balancé près de sa salle de bain, et la surprise la saisie à nouveau lorsqu’elle le vit s’y diriger.

Qu’est-ce que tu vas faire avec ça ?

La réponse ne tarda pas à lui venir lorsque, à travers la porte en partie close, elle entendit couler l’eau. Alors comme ça, il avait décidé de laver son vêtement ... Un fin sourire dépourvu d’émotion étira les lèvres de la Faucheuse tandis qu’elle se remettait à sa tâche. Gentil de sa part. Si ça l’amusait de laver son linge, qu’il le fasse. Elle s’en fichait bien, après tout.
Elle rangea rapidement un tiroir, puis un autre, avant de se diriger vers la commode face à son lit. Là aussi, le démon avait fouillé dans ses affaires pour tenter de trouver quelque chose, n’importe quoi au sujet de son hôte. La jeune femme fit glisser par-dessus sa tête le médaillon en or qui y était accroché et le regarda longuement. Puis, laissant courir ses doigts dans un nouveau tiroir, elle y souleva discrètement un double fond et y cacha soigneusement le bijou. Elle referma le tout et se redressa.
Son regard blanc tomba sur le reflet que lui renvoyait le miroir au-dessus du meuble.
Une seconde plus tard, sans savoir pourquoi ni comment c’était arrivé, En-Zakel ne put que constater que son poing serré était parti se loger directement dans la glace qui, désormais fendue, lui donnait d’elle une image étrangement fragmentée. Fixant son reflet droit dans les yeux, la Faucheuse remarqua à peine que les traits de son visage changèrent sous la colère et le mépris. En cet instant, elle aurait saisit son double dans le miroir et l’aurait soigneusement massacré si elle avait pu. Elle baissa légèrement la tête, quelques mèches immaculées tombant devant son visage.

Imbécile ... Qu’est-ce que tu croyais, abrutie ? Qu’il te ferait te sentir mieux, hein ? Que tu pourrais oublier dans quel était tu es, c’est ça ?

Elle pressa plus fort le poing sur la glace brisée, augmentant la taille des fissures et en rajoutant de nouvelles.

Tu croyais pouvoir revivre ce qu’il s’est passé avec Rampa ? Raté, doublement raté, ma vieille. Il ne reviendra pas.

La pression augmente encore, tandis que les fragments de la glace entaillent ses chairs. De longs filets de sang écarlate coulent le long de ses doigts, de son poignet, de son bras, les gouttelettes s’écrasant au sol dans un bruit mat. Elle n’y prête pas attention le moins du monde.

Il ne reviendra pas. Tu l’as laissé tomber. Il ne reviendra pas.

A cette instant, la Faucheuse n’avait jamais haït personne plus qu’elle ne se haïssait elle-même. Les anges, les démons, Dieu, tout ce qu’elle aurait pu détester du plus profond de son âme : elle ne méprisait rien plus que sa propre personne. Elle se dégoûtait elle-même, et se regardait dans la glace avec une telle méchanceté, une telle animosité qu’elle en avait l’air effrayante.

Il ne reviendra pas. Reste seule, pour toujours et à jamais. C’est bien fait pour toi. Oui, bien fait pour toi.

Elle ne sut pas combien de temps elle resta ainsi, le poing fracassé contre son miroir brisé. Toujours est-il que vint un moment où elle se retrouva légèrement éloignée de l’objet, sans comprendre comment elle s’était écartée et sans chercher à savoir pourquoi. C’est aussi à ce moment qu’elle prit conscience de la douleur lancinante dans son bras droit. Baissant les yeux, elle remarqua l’était de sa main, et la leva devant ses yeux pour mieux évaluer les dégâts. Elle la regarda avec froideur, fixant les morceaux de verre plantés dans ses chairs d’un œil presque critique, dégoûté. Alors, voilà ce qu’elle était devenue ? Une imbécile amnésique et nerveuse, incapable de se contenir, incapable de réfléchir. Un déchet, l’ombre de ce qu’elle avait été autrefois. La jeune femme laissa échapper un sifflement contrarié d’entre ses lèvres fines.

- Pathétique. Tout bonnement pathétique.

Sa voix était dure et cassante. Oui, définitivement, elle était ridicule.
Clignant des yeux, elle réalisa soudain que Belaam était tout près d’elle. Tournant la tête vers lui, elle le dévisagea, et se demanda même si ce n’était pas lui qui l’avait écartée du miroir. Elle se demanda si cela avait vraiment une quelconque importance.
Les gouttes de sang, coulant toujours le long de son bras blessé, continuaient à s’écraser sur le sol.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 17:53


Comme un chien errant qui incline la tête pour mieux observer quelque chose d'intrigant, sans se décider entre la menace et le jeu, Belaam cligna des paupières à plusieurs reprises. Il avait abandonné dans la salle de bain le vêtement trempé dont les tâches s'étaient à peine estompées, alerté par le bruit du verre brisé.

-Qu'est-ce qui est pathétique ?

Sur le sol, sans avoir à baisser les yeux, il pouvait distinguer des tâches sombres et humides, qui prenaient leur origine dans les veines sectionnées de la main d'En-Zakel. Lentement, l'une après l'autre, les gouttes glissaient, coulaient et tombaient jusqu'au sol.
Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver, soudainement ? Un soudain pic de colère qu'elle n'avait pas su contenir ? Visiblement, il avait bien fait de ne pas se jeter sur elle lorsqu'elle l'avait divinement tenté quelques instants plus tôt. Ça avait un côté rassurant, aussi, de la voir dans cet état de nerfs. C'était la preuve qu'elle aussi vivait mal dans ce monde. C'était peut être parce que Rampa lui manquait. Ou peut être pour ce quelque chose d'autre qu'elle ne voulait pas encore lui dire. Ou peut être encore, la fatigue, la lassitude d'une existence redondante. Après tout être une faucheuse c'est chiant comme la mort.

Belaam n'était pas un gentil Démon. Il n'éprouvait pas vraiment de compassion, ni d'empathie. Cependant, il crut bon de jouer un certain rôle, peut être pas celui qu'En-Zakel voulait qu'il joue, mais tout du moins quelque chose qui lui plairait. Soupirant doucement, il se laissa imprégner d'un semblant d'instinct maternel qu'il avait encore dans ses souvenirs et qui faisait autant partie de lui que la haine qu'il vouait aux Anges. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille d'En-Zakel et il la porta dans le couloir, pour lui éviter de marcher sur les éclats de verre dont lui, qui portait encore des chaussures, se moquait éperdument. Il la guida ensuite vers cette salle de bain qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt, ouvrit le robinet d'eau froide, et glissa la main blessée de la jeune femme sous l'eau pour la laver de tout ce sang. Le liquide écarlate empêchait de distinguer nettement les fragments de verre qui s'étaient logés dans la fine couche de chair recouvrant ses phalanges.
Et puis, il hésita. Il ne savait pas vraiment quoi faire ensuite. Bander la blessure était une mauvaise idée tant qu'il restait des éclats dans les blessures. Mais comment les retirer ? Belaam n'était pas sûr de trouver dans cet appartement de quoi les ôter sans blesser plus encore sa chère faucheuse.

-Tu t'y connais mieux que moi, j'enlève tout ça comment ?

Secouant la tête pour chasser les mèches éparses qui lui tombaient devant les yeux, il fouilla de nouveau dans les différents rangements de la pièce en espérant trouver un indice sur la marche à suivre. Mais à part des flacons aux noms qui ne lui évoquaient rien, il ne voyait pas ce qui pourrait être utile dans cette situation. Gentil Belaam, mais quand même un peu inutile même quand il fait des efforts.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 18:52

En-Zakel entendit à peine le démon, comme elle s’entendit à peine lui répondre.

- C’est moi. Je suis pathétique. Regarde-moi. C’est ridicule. Je suis ridicule.

Elle reporta son attention sur sa main dégoulinante de sang. La Faucheuse se trouvait dans un état second, à mi chemin entre l’éveil et une sorte de statut étrange, perdue dans ses pensées. Des idées noires l’assaillaient de toutes parts, son esprit était balloté sans ménagement par des phrases murmurées par une petite voix sévère et mauvaise qu’elle reconnaissait comme étant la sienne. Consciemment ou non, elle se traitait de tout et de rien, se mettant toute seule plus bas que terre – et elle n’en avait strictement rien à faire. Elle n’avait aucunement envie de résister et ainsi se laissa malmener par sa propre conscience, ses souvenirs et, toujours, cette irritante petite voix qui la harcelait encore et encore.

Tu es seule, définitivement toute seule. Tu n’es plus rien, rien du tout. Incapable de te souvenir de qui tu étais avant. Ridicule. Vraiment ridicule. Et puis, sincèrement, tu crois vraiment que Rampa est vivant ? Oh, pitié. Et si c’est le cas, tu crois qu’il pense à toi ? Laisse-moi rire. C’est Rampa, tu le connais. C’est une pourriture, et tu vaux pas mieux que lui. T’es peut-être même pire.

La Faucheuse fut tirée de ses noires réflexions en sentant une pression sur sa taille. Fronçant les sourcils, elle réalisa qu’il s’agissait de Belaam qui la portait, l’empêchant ainsi de s’écorcher les pieds sur les fragments de verre brisé tapissant le sol. Elle demanda d’une voix absente :

- Pourquoi est-ce que tu fais ça .. ?

Dans son état, elle avait en effet du mal à comprendre. Pourquoi prendre la peine de l’empêcher de se faire un peu plus mal ? Pourquoi lui prêter un minimum d’attention, même factice ? Elle n’en valait pas la peine, certainement pas, alors pourquoi ?
Le contact de l’eau fraîche sur sa main atténua la douleur qui la saisissait jusqu’au dessus du coude, mais cela ne la fit pas plus réagir que ça. Elle regardait d’un air absent le filet transparent se teinter du rouge de son sang à mesure qu’il lavait sa main meurtrie. Et, intérieurement, elle ne put s’empêcher de penser qu’elle l’avait bien mérité. Pourquoi ? Elle n’en savait rien, et n’était même pas sûre qu’il y ait la moindre raison valable. Mais elle ne se préoccupa pas non plus de cela.
A la question de Belaam, elle se contenta de hausser les épaules d’un air désintéressé.

- Peu importe. Pour ce que ça change, de toute façon.

Elle entreprit ensuite d’ôter grossièrement et sans aucune délicatesse les morceaux de verre fichés dans ses chairs, se moquant éperdument de la douleur lancinante qui suivait chaque extraction, se moquant de ses veines qu’elle sentait pulser dans sa main bouillante que l’eau ne suffisait plus à rafraîchir. D’ici une heure ou deux, sa plaie se serait totalement refermée, sans laisser de traces, alors à quoi bon faire quelque chose de propre et soigné si à la fin tout revenait en ordre ?
Revenir en ordre ... En-Zakel aurait bien aimé que les choses reviennent en ordre, avec ou sans elle. Elle se sentait lasse, extrêmement lasse, sans tout à fait savoir pourquoi. Elle sentait juste qu’au plus profond d’elle, elle en avait assez d’écumer les mondes en glanant les âmes. Un léger sifflement d’un cynisme à glacer le sang s’échappa d’entre ses lèvres.

- A quoi bon ?

Et, sans se soucier le moins du monde de Belaam, sans s’inquiéter de ce qu’il pourrait faire avec cette information, elle lâcha, mauvaise :

- Je me demande bien pourquoi on m’a ressuscitée si c’est pour que je sois aussi désespérément ridicule et inutile ...

Elle continua d’arracher les morceaux de verres de sa main, de plus en plus violemment, faisant même exprès de se faire mal, chaque décharge de douleur lui apparaissant comme pleinement méritée.

- A quoi ça va servir de m’avoir fait revivre si je suis toute seule ? Pourquoi est-ce qu’on m’a fait revivre moi, et pas les milliers d’autres Faucheuses qui sont mortes ? Pourquoi moi ? C’est stupide. Stupide.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 19:22


Alors qu'En-Zakel s'employait d'elle-même à retirer de sa main les morceaux de miroirs, petits fragments tranchants et pointus qui s'y étaient plantés, Belaam avait vaguement esquissé un geste pour l'en empêché. Et puis, comme il n'y avait pas d'autre solution et qu'il n'était pas médecin, il se dit qu'au pire elle pourrait se régénérer. Après tout c'était une créature magique et puissante, qui était bien vieille. Et qui était morte une fois, d'après la bombe qu'elle venait de lâcher.
Du bout de l'index le Démon se gratta le coin de l'oeil, feignant de n'être pas le moins du monde affecté par cette information. Pourtant son échine s'était hérissée d'excitation dès l'instant où la jeune femme termina sa phrase. Ressuscitée. La faucheuse qui meurt et qui renait de ses cendres tel un phénix. À moins que quelqu'un ne l'y ai aidé. Mais qui ? Dieu ? Pourquoi cette faucheuse là en particulier ? Rampa ? Rampa n'aurait jamais eu le pouvoir de ramener une faucheuse morte à la vie, à moins de faire un deal avec un plus gros ponte des enfers.

-Allons... Rien n'arrive sans raison, je crois. Et même s'il s'agissait d'un erreur...

Belaam lui prit la main en l'enroulant dans une petite serviette immaculée qu'il avait fini par trouver, poursuivant dans la langue latine qu'il appréciait tant et qu'il avait la chance de pouvoir partager avec En-Zakel.

-Carpe Diem.

Cela sonnait horriblement faux, venant des lèvres d'un junky habité par un Démon, dont la voix rauque semblait devenir fade en prononçant des paroles tellement philosophiques et profondes, d'autant plus qu'il y croyait, à sa façon. Tant qu'il y a de la vie, il faut en profiter. Et ce même si sa confiance en soi peut flancher de temps en temps. Surtout à cause de la solitude qui, tout le monde le sait, a méchamment tendance à générer la folie.
Belaam se redressa et de nouveau, gardant la main d'En-Zakel soigneusement emballée, porta son hôtesse avec une certaine galanterie trahissant son besoin de s'attirer ses bonnes faveurs. Il l'emporta ainsi jusqu'au canapé du salon où il la déposa en douceur, avant d'allumer à nouveau la télévision pour y mettre n'importe quel programme soit-disant divertissant. Sans mettre le volume à fond cette fois. Quelques instants plus tard, une bouteille de jus de fruit tant apprécié par la faucheuse trouva sa place sur la table du salon, et le Démon s'installa au bout du fauteuil, histoire de garder un œil sur celle qui était, pour l'instant, son seul espoir dans ce monde abracadabrant.

-Tu peux te reposer. Je bougerais pas mon cul de là.

C'était sa façon à lui de dire qu'il ne ferait plus de bêtises. Si ça pouvait la rassurer, et l'empêcher de faire une autre connerie genre se trancher les veines ou se noyer dans son jus de goyave, c'était tant mieux. Belaam comptait beaucoup sur ses capacités de faucheuse pour retrouver ses pouvoirs, et puis, disons le franchement, lui aussi avait parfois besoin de compagnie.
Revenir en haut Aller en bas

En-Zakel

En-Zakel


▬ Nombre de messages : 435
▬ Humeur : Fluctuante
▬ Profession : Médecin légiste

▬ Fiche : Par ici, mon chou

| D O S S I E R |
▬ Je suis :
▬ Je veux :

The White Reaper
[Faucheuse]


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime09.09.12 20:08

La Faucheuse blanche regarda Belaam d’un air absent, ses yeux sans pupilles ni iris semblant plutôt fixer un point du vide que le junky qui se tenait devant elle. Elle le laissa bander sa main sans rien dire. Il n’y avait plus de bout de verre fiché dans ses chairs, mais lesdites chairs avaient été fort abîmées par ses mauvais traitements ; aussi, la jolie petite serviette propre dans laquelle le démon enveloppa son membre se teinta-t-elle rapidement de rouge. Elle l’écouta sans rien dire dans un premier temps, avant de laisser échapper un bref rire cynique et désabusé.

- Ha, tu parles.

Forcément, qu’elle était une erreur. Comment pouvait-il en être autrement ? Pourquoi, parmi toutes les Faucheuses tombées au combat, fallait-il que ce soit elle qui soit ramenée d’entre les morts ? Pourquoi elle et pas une autre, l’une de ses sœurs si dévouées à leur tâche qu’elles en oubliaient tout le reste – qu’elles en oubliaient de vivre. En-Zakel se fit alors la réflexion qu’il était peut-être ridicule qu’une créature faite pour apporter la mort et collecter les âmes tente de se sentir vivante. Peut-être qu’on l’avait ramenée pour lui donner une bonne leçon. Ou bien pour la briser une fois encore. Pour lui faire miroiter l’espoir que sa famille était encore en vie, quelque part, et puis les tuer juste sous ses yeux, au moment où elle la retrouverait enfin.
Elle esquissa un geste pour se diriger vers le salon, mais, une fois encore, Belaam la souleva et la porta jusqu’au canapé, où il la fit asseoir doucement. Elle le dévisagea, toujours aussi incrédule.

- Pourquoi est-ce que tu as encore fait ça .. ?

Elle n’était pas encore sortie de son état second, et n’en sortirait pas avant encore un petit moment. Pas avant que le jour se lève, et qu’elle doive retourner travailler. Qu’elle se mêle au flot des hommes et des femmes parcourant les rues, avec chacun leur passé, leur futur, leurs rêves, leurs drames, leurs espoirs, leurs peurs. Et elle, au beau milieu de cette marée humaine, n’aurait pas plus d’importance que n’importe qui d’autre.
La jeune femme ferma les yeux et respira profondément. Il allait falloir qu’elle se calme très vite. Ce n’était pas le moment pour une dépression. Ca n’allait pas arranger son cas, et cela ne la rendrait que plus ridicule encore.
Elle rouvrit les paupières en sentant Belaam revenir, et son regard tomba sur la bouteille de jus de goyave. Quelques secondes s’écoulèrent, puis un très, très discret sourire étira le coin de ses lèvres l’espace d’un bref instant.
Elle replia les jambes et, tendant la main, attrapa la chemise du démon. Elle l’attira à elle et se cala contre lui, sans aucune idée derrière la tête, cette fois. Elle voulait simplement combler un peu ce vide douloureux qui lui dévorait le cœur jour après jour. Elle en avait assez d’être seule. Oh, elle tenait à son indépendance et son style de vie, bien sûre. Mais le départ de Sundance, qui avait habité chez elle durant quelques années, l’avait laissée seule face à elle-même et l’extrême solitude qui emplissait sa vie.
Les yeux tournés en direction de la télévision, mais perdus dans le lointain, elle se colla un peu plus contre Belaam, presque heureuse de sentir ce corps près du sien, de sentir une autre vie que la sienne dans cet appartement qui, il fallait l’avouer, était bien trop grand pour elle toute seule.

- Je pense, dit-elle d’une voix absente, que le pire quand tu es seul, c’est le silence. Parce qu’alors, il n’y a rien pour couvrir le bruit de la petite voix à l’intérieur de ton crâne qui te rappelle sans jamais s’arrêter à quel point tu es seul, vraiment tout seul, et qu’il n’y a personne avec toi.

Elle se recroquevilla un peu sur elle-même.

- Et tu restes là, comme un imbécile, à te demander pourquoi toi. Au début, tu te dis que, finalement, ce n’est pas si mal ; plein de possibilités s’ouvrent à toi malgré tout. Et puis, finalement, tu déchantes violemment, et tu te sens encore plus seul, encore plus misérable qu’avant.

Elle soupira et ferma les yeux, se laissant un peu plus aller contre Belaam. A la colère, la haine et la tristesse succédait la fatigue. Mais elle n’avait pas envie de s’endormir. Pas tout de suite. Elle savait pertinemment que, si elle sombrait dans le sommeil maintenant, elle serait assaillie par les cauchemars, et c’était bien la dernière chose dont elle avait besoin. Alors, elle rouvrit les yeux et se remit à fixer sa télévision. Puis se rappela ce qu’elle avait dit plus tôt.

- C’est un ange qui m’a tuée. Un archange, même. C’était au moment de la dernière grande guerre, celle dont je t’ai parlé. Moi et un contingent de Faucheuses sous mes ordres avions été envoyés au front, dans le but d’arrêter cette bataille absurde au nom d’un Equilibre que les forces divines n’ont cessé de bafouer. Nous sommes tombées dans une embuscade. Une grosse embuscade. Il devait y avoir près d’une centaine d’anges pour une Faucheuse. Nous avons été massacrées. J’ai vu mes sœurs tomber à mes pieds sans rien pouvoir faire. Et puis, ça a été mon tour. Tout à la fin, après avoir été humiliée et témoin du meurtre de mes sœurs. J’ai été décapitée, et je suis morte. Je me suis réveillée vingt ans plus tard, sur un champ de bataille recouvert de cendres. Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai jamais compris.

Elle savait pertinemment qu’elle regretterait amèrement d’avoir parler. Mais elle en avait cruellement besoin, et ce soir, elle n’était pas d’humeur à souffrir encore en silence.
Revenir en haut Aller en bas

Invité

Anonymous



Invité


Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime10.09.12 9:12


Belaam vit, du coin de l'oeil, cette main qui s'avançait dangereusement vers lui. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire le Démon avait envisagé tous les scénarios possibles, sauf celui qui se déroula sous ses yeux. Il servait de coussin. De peluche. De réconfort. Ses yeux s'écarquillèrent, autant horrifiés que surpris, et il se figea en attendant de voir quel sort lui réservait En-Zakel. Mais contre toute attente elle se contenta de parler, sans agression physique, sans insultes, sans non plus se jeter sur lui comme sur un esclave sexuel (oui, ça lui était passé par la tête que la faucheuse abuse de lui, quand on est faible et à la merci de quelqu'un d'aussi imprévisible qu'En-Zakel, on pense vraiment à tout). Alors, silencieux, et attentif au cas où une autre précieuse information lui parviendrait, Belaam se contenta d'attendre sagement.
Bien lui en prit puisqu'il eut droit à toute une partie de l'histoire de sa bienfaitrice à la chevelure immaculée. Un élément clef même, qui en disait bien plus que tout ce que Belaam aurait espéré. Alors, s'étant tût sur le sujet de la solitude qui était pour lui un sujet bien trop sensible car il craignait d'en faire les frais dans un avenir proche, il répondit à cette tirade sur la grande bataille entre le bien et le mal pour y ajouter son grain de sel, pour cracher un peu son mépris pour les Anges et s'assurer qu'En-Zakel et lui étaient bien du même côté.

-Le problème avec Dieu et sa tripotée d'emplumés, c'est qu'il n'admettent jamais avoir tort. Quand ils font quelque chose ils le font jusqu'au bout. Bien souvent au mépris du bien qui prétendent défendre avec tant de fougue et de conviction. Les Anges, ce ne sont que des pions, dénués de libre arbitre. De liberté, même, tout simplement.

Le regard dur et froid du Démon se leva vers le plafond de la pièce comme s'il pouvait y trouver un de ces soldats du Bien.

-Je pense qu'en provoquant cette guerre et en enfermant les miens en Enfer, ils ont rompu cet équilibre entre le Bien et le Mal qui existait jusqu'alors. Je pense que les faucheuses ont eu raison de s'interposer. Je pense aussi qu'elles n'ont pas été les seules. On devrait pouvoir ramener les choses comme elles étaient. J'en suis certain. Il suffit d'assembler assez de forces pour pouvoir tenir tête à ceux qui, de là-haut, pensent mener le monde d'une main de maître vers une belle destinée.

C'était rare que Belaam parle autant et à cœur ouvert. Et il aimait ça. Il ressentait une sensation de liberté au fond de lui, et de l'espoir aussi. Il savait que sur ce sujet il pouvait converser autant qu'il le voulait avec En-Zakel. Après tout, ils voulaient la même chose. Et tout Démon qu'il était, il commençait à se demander si effectivement sa camarade la faucheuse n'aurait pas été ramenée à la vie dans un but précis. S'allier avec elle était donc le meilleur atout qu'il avait actuellement dans sa manche.
Après une seconde d'hésitation, il vint attraper le visage pâle d'une main ferme, et plongea son regard écarlate dans celui, laiteux et luisant, d'En-Zakel.

-Si ça peut te rassurer un minimum, dit toi qu'au pire, je suis là, moi. Et crois-moi je ne vais pas t'abandonner avant un bon bout de temps. Alors arrête de tirer cette tronche tu veux ?

Il écarta sa main en esquissa un semblant de sourire et reporta son attention sur la télévision. Voilà, ce soir il était satisfait. Il jouait son rôle à la perfection.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé






Chroniques d'un envahisseur [Clos] Vide
MessageSujet: Re: Chroniques d'un envahisseur [Clos]   Chroniques d'un envahisseur [Clos] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Chroniques d'un envahisseur [Clos]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Naniwa - Minami :: zone habitable :: En-Zakel-