Minami.
Rien n’allait. Les affaires allaient mal. Dans toute l’immensité de Naniwa, il avait fallu qu’on vienne lui faire de l’ombre sur son terrain aussi près de…chez lui. Trois semaines déjà, qu’un nouveau salon funéraire avait ouvert ses portes à quelques rues du sien et…force était de constater que les proches des défunts préféraient se rendre chez ces minables. Comment était-ce possible ? De simples humains avec aucune expérience, pour ainsi dire. Alors, qu’à quelques pâtés de maisons plus loin ils avaient…Lui. Anubis. ALLO QUOI ! Anubis ? Le Dieu des embaumeurs, l’inventeur de la momification ? L’être le plus qualifié au monde pour préparer un mort avant ses derniers hommages ? Non….Ça ne disait rien à personne, ça peut-être ? Pitoyable.

Il se devait de remettre de l’ordre. Il se devait de donner une petite leçon à ces crétins. Pas à visage découvert, toutefois. Il n’était pas stupide à ce point-là. Il n’était pas stupide du tout, même ! Patiemment, Inpou avait attendu la nuit. S’habillant de noir, enfilant même des gants ainsi qu’une cagoule lorsqu’il n’avait plus qu’été qu’à une ou deux rues. Arrivé devant…la boutique ennemie, il tendit l’oreille…Cela semblait vide. Il devait vérifier, il n’était pas encore un assassin. Il n’aimait juste pas que l’on marche sur ses plates-bandes. Il crocheta la serrure, il n’y avait aucune larme…aucun rideau de fer. Facile. Trop Facile. Son salon à lui, était protégé comme s’il avait été son propre enfant. La prunelle de ses yeux. Il fit rapidement le tour. Une fois certains qu’il n’y avait bel et bien personne, il renversa diverses choses…arrosa de l’essence qu’il avait ramené dans un mini bidon et avait craquée une allumette. Aussitôt entré, aussitôt ressorti. Il avait couru même, pour s’éloigner le plus possible avant que quelqu’un ne donne l’alerte. Il était à présent à plusieurs avenues, pas loin du quartier le plus mal famé de la ville. Ce qui, honnêtement, ne lui faisait absolument pas peur. Malgré l’heure…tardive. On environnait les vingt-trois heures. Il retira sa cagoule et la balança dans les égouts. Possible qu’elle serait dévorée par…quelque chose. Quant aux gants, il les garda. Il avait encore autre chose à faire. Là-bas, il ne craignait pas de croiser quelqu’un…Grossière erreur, néanmoins…cela, il ne le savait pas encore.

Les mains dans les poches, il se dirigea d’un pas tranquille vers le cimetière. Il aimait autant qu’il haïssait cet endroit. Il l’aimait parce qu’il lui rappelait les nécropoles d’autrefois. Il le haïssait parce qu’il était lié à la croyance en ce minable, ce Dieu unique et…tout le toutim. Ce qu’il pouvait ne pas supporter ce mec ! Ce lâche, même. Qui restait planqué dans ses nuages, là. Si seulement, il avait pu lui dire sa façon de penser. Lui balancer une droite dans la mâchoire. Pour sûr, qu’il aurait bien moins fait le malin !

Donc, avançant entre les tombes d’un pas rapide, il avança jusqu’au funérarium. Où, il le savait, reposait le dernier défunt préparé – Par sa concurrence direct - et près à être mis en bière le lendemain. Il pénétra à l’intérieur, s’approcha du corps qui reposait dans un cercueil ouvert dans une pièce…glaciale. Il déposa sa main sur…Charles, lui semblait-il et la fit glisser sur l’ensemble du corps. Instantanément, l’homme perdu ses fausses belles couleurs pour un teint blafard. Sa barbe qui avait été rasée réapparue. Le formol à l’inverse disparu totalement des artères et autre. Anubis regarda la…magie opérer. Un demi-sourire aux lèvres…

Aucunement conscient, trop concentré sur ce qu’il faisait, qu’il allait être interrompu par une vil créature dans…3…2…1

Le Baron Samedi est – ou plutôt était connu, du temps où son culte était encore célébré, un dieu fêtard et bon vivant, un peu vulgaire mais de fort bonne compagnie durant fêtes et autres célébrations où l’alcool et le tabac se trouvaient en abondance.
Il était moins connu pour être un vieux roublard pas téméraire pour deux sous, prompt à prendre ses longues jambes à son cou plutôt que d’affronter le danger et de risquer sa peau à jouer les héros.
Il était plus célèbre pour sa légendaire intransigeance au sujet des morts, qui pouvait se résumer à : « Si tu touches un cadavre pour autre chose que le laver et le mettre en bière, je te coupe en morceaux avec un fil à beurre et je te jette aux alligators. » Il lui était arrivé de piquer de mémorables colères contre des pilleurs de tombes un peu trop zélés qui avaient cru bon de venir voler des corps juste sous son auguste nez. Au final, c’était eux qui s’étaient retrouvés en boîte.
Ces aventures commençaient à dater depuis que sa magie avait presque totalement disparu, et que les derniers croyants du Baron étaient morts à leur tour. Quelle ironie. Cela dit, il était à peu près en paix : il avait un travail tranquille et était logé sur place, les morts du quartier étaient plutôt agréables à vivre et il avait suffisamment de temps libre pour barouder à droite à gauche quand l’envie lui en prenait.

Oui mais voilà, ce soir-là, ça ne se passerait pas aussi bien que d’ordinaire.
Samedi, qui tenait à avoir la paix quand il décidait d’aller dormir, grogna de mécontentement en sentant des mains glacées de fantôme le secouer par l’épaule. Il se redressa en foudroyant du regard l’esprit qui gesticulait dans tous les sens en soupirant d’un air paniqué. Soupirs qui auraient glacé le sang de n’importe qui, mais qui laissèrent le Loa plongé dans la plus grande perplexité.

- … Attend, qu'est-ce que tu veux dire par "quelqu’un trafique au funérarium" ?

Confronté aux plaintes du spectre qui flottait devant lui, il se décida à sortir de son lit, à se rhabiller rapidement et, armé de sa fidèle pelle, s’en alla vers le grand bâtiment à l’entrée du cimetière. Au mieux, il n’y aurait personne et il rassurerait ce drôle de fantôme. Au pire … il se chargerait personnellement du malheureux type qui se trouverait sur son chemin.
Entrant en silence, il parcourut les salles jusqu’à celle où reposait le corps de l’homme qui devait être enterré le lendemain matin. Quelle ne fut pas sa surprise – qui ajouta à sa mauvaise humeur grandissante – de voir qu’il y avait bel et bien quelqu’un penché au-dessus du cadavre, en train de faire il ne savait quoi.
Et très franchement, il n’attendrait pas de le savoir.
Attrapant sa pelle à demain, la levant comme une arme, il avança sans faire de bruit, discret comme une ombre, jusqu’à se trouver à portée de l’individu qui aurait sûrement mieux fait de prévoir une aspirine pour ce qui allait suivre.
Prenant une grande inspiration, il ramena les bras en arrière, et SBONG ! Le bruit du métal cognant contre sa cible résonna entre les murs froids tandis que le Baron regardait s’effondrer l’individu fautif avec satisfaction.

- Alors comme ça, on vient piller les morts ? Tss tss, c’est pas très beau, tout ça.

S’approchant un peu, il le retourna du bout du pied pour mieux le voir.
S’en suivit quelques secondes de silence absolu durant lesquelles Samedi se demanda s’il n’était pas encore en train de rêver au fond de son lit. Mais il fallait bien se rendre à l’évidence : il était parfaitement réveillé. Dévisageant Anubis, il cligna des yeux et haussa un sourcil.

- … Tu te fous de moi ?

[HRP : Je suis déééééééééééééésolé pour ce temps d'attente honteux éè ....Et cette réponse puante...]


…Va falloir que je songe à réellement écrire ce caractère pour Anubis, pour éviter de tâtonner comme je vais le faire durant cette réponse. Ouais, va falloir….

Anubis aurait dû être méfiant. Vraiment. Pourtant, il savait qu’il y avait des esprits ici. Que ça pullulait. Entend que Dieu funéraire Egyptien, de guide des âmes….ou ancien, puisque plus personne ne croyait en lui, il était également capable de les percevoir. De les entendre. Sauf que….là, il avait été trop occupé par ses idées de….vengeance, de récupérer son travail. Celui qui lui revenait de droit, pour….faire attention à ceux qui l’entourait dans le funérarium. Et surtout….Jamais il ne serait douté qu’un de ses crétins seraient allé se plaindre. Il ne faisait rien de mal, après tout. Ce cadavre, il allait l’arranger. Le lendemain, dès que la famille du défunt se rendrait compte de son erreur et déciderait de venir voir un autre thanatopracteur. Lui, donc. Il était le seul à pouvoir faire ça correctement, à en avoir le droit. Encore aurait-il pu céder quelques corps à un autre Dieu du même type que lui, mais un humain ? Ou tout autre chose n’était pas de la même espèce, exacte…que lui ? Jamais. Il avait son honneur. Trop. Il respectait les morts, vraiment…énormément. Et regardez à quoi il était réduit. Il se rassurait, se consolait donc…en se disant que ce n’était que temporaire et qu’il allait se rattraper, en mieux que ça….

Du coup, tout concentré à ça…il n’avait pas porté attention à son environnement. Il ne s’était pas aperçut du coup qu’il allait se prendre. En même temps, il fallait être quand même sacrément timbré pour frapper les honnêtes gens comme ça par derrière ! …

SBONG

Et il était au sol. Assommé, le temps de quelques secondes…Il avait la tête dure. Il n’entendit pas les paroles, celles qui l’accusaient de venir piller les morts. Si il les avait entendus, il se serait vexé…révolté, complètement outré. Il est retourné, ça non plus…il ne le capte pas. Ne reprend ses esprits qu’un instant plus tard, à temps pour entendre ce Tu te fous de moi ? …Il se frotta le front, ouvrant les yeux. Lui-Même, ce que ça faisait mal, quand même. Il se redressa, s’appuyant, assit….contre la pierre.

_ Dis donc, cela t’arrives souvent d’assommer les honnêtes gens ?

Cette fois, il se leva. Se frottant encore le crane, là où la pelle l’avait frappé.