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 De chair et de monstres (pv Lucian)

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De chair et de monstres (pv Lucian) Vide
MessageSujet: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime18.08.13 22:27



Un mois… Ca faisait un mois. Elle avait compté. Dans son usine désaffectée, un petit mur était couvert de petits batons gravés dans le plâtre. Elle avait pris soin de noter au dessus le nom de Lucian et y avait même dessiné la fleur du chapeau de Lucian. Elle avait attendu tous les jours depuis leur rencontre de le revoir. Elle voulait en savoir plus. Elle voulait le connaître. Venant d’Ainsel, c’était exceptionnel. L’homme lui avait fait une forte impression. Elle avait apprécié son contact et malgré tout ce qu’elle était actuellement prête à accepter mentalement. Elle rougissait en repensant à l’homme et aux contacts furtifs qu’ils avaient eus. Elle repensait à ses ailes. Elle les avait dessinés partout. Un morceau de feuille vierge ? Oh ! Des ailes de mantes religieuses ! Les jours étaient passés et Lucian n’était pas revenu. Au début, elle avait été triste. Finalement l’homme ne l’aimait peut etre pas comme il avait dit. Elle se souvenait des mots qu’il avait prononcés. Il l’avait appelé  belle dame. Elle souriait rien qu’en y pensant. Au bout d’un moment, la tristesse s’était transformée en vexation. Comment ça ? Il lui promettait de venir, il lui promettait des surprises et il ne revenait jamais ?! Non. Non. Non. Ainsel ne laisserait pas passer ça. Elle était bornée et persistante. Elle ne se laisserait pas marcher dessus par un saltimbanque de bacs à sable ! Non mais ! Ainsel avait alors décidé de le chercher. Oui. Dans Naniwa. Il  lui restait deux semaines pour le trouver. C’était peu. Mais elle le trouverait. Et si elle ne le trouvait pas alors elle l’oublierait et elle avait décidé sur le toit cette nuit là qu’elle ne l’oublierait pas. Pour cela, il fallait qu’elle le revoie au moins une fois par mois. Comme ça, les six semaines arrivées, elle aurait les souvenir du mois d’avant. Son cœur se serra une nouvelle fois. Elle avait adoré leur première rencontre. La course poursuite, les bonbons, les maladresses de l’homme et surtout, surtout elle aimait sa folie… Depuis sa rencontre avec Lucian, oublier était devenu embêtant et il fallait être réaliste : ça l’énervait beaucoup. Tout ceci avait eu le temps de mariner pendant plus de 4 semaines et maintenant, elle tenait a réglé ses comptes avec l’homme.

Elle était donc dans une des rues de Minami, le quartier où elle l’avait rencontré pour la première fois. Elle parcourait les rues,  dans une robes bleue pâle qui allait jusqu’au bleu royal au niveau de ses pieds. La robe était légère et ouvragée. Elle ne se l’avouerait jamais mais elle l’avait fait pour une nouvelle rencontre avec lui. Elle parcourait la ville avec ses petites ballerines, ses cheveux coiffés de manière à les tenir en arrière tout en les laissant cascadés dans son dos. Elle allait le retrouver, c’était obligé. Pourquoi ? Parce qu’elle n’accepterait pas l’échec. Elle finit par apercevoir des flammes apparaître et disparaître. Ainsel cligna des yeux, oubliant pour l’instant Lucian. Elle s’approcha en souriant, mi sautillante, mi courante. Elle adorait les artistes de rues. Elle ne savait pas depuis quand mais elle les appréciait. Elle aimait leur manière de s’afficher au monde : « Regardez ! C’est moi ! Moi parmi vous et je sais faire ça. » Elle se fraya un chemin jusque devant, elle n’était pas grande et voyait mal le cracheur de feu. Elle savait déjà qu’il était blond. Elle fronça les sourcils en contemplant Lucian dans un habit médiéval. Une moue coléreuse vint se peindre sur le visage. Le monde autour d’elle disparu purement et simplement. Elle traversa l’esplanade, évitant les flammes de Lucian jusqu’à ce que celui-ci réalise sa présence. Une fois arrivée à quelques centimètres de lui, elle le détailla un long moment la tête haute, l’air mécontent. Finalement, elle le gifla.

« - Ca fait quatre semaines. Quatre. Tu avais dit vite. Quatre semaines, ça n’est pas vite, Lucian. Ca n’est pas vite du tout. C’est même plutôt lent ! »

Elle finit par lui faire un calin. Dieu que ce contact l’apaisait. Elle n’avait pas oublié mais c’était bon de le retrouver. Elle s’écarta et le regarda en souriant.

« -Tu es un saltimbanque ! »

Elle pouffa de rire derrière ses mains, oubliant complètement sa colère. Elle sautillait même, ignorant avec une superbe qui forçait le respect les hués autour d’eux. Elle regardait Lucian en levant la tête comme une petite fille devant un superbe magicien.
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Lucian Merowech

Lucian Merowech


▬ Nombre de messages : 74
▬ Humeur : E-XCE-LLENTE ! 8D (oui oui, y a une référence)
▬ Profession : Saltimbanque

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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime23.08.13 18:18

Lucian prit une grande rasade d’huile qu’il n’avala pas, et redressa son bâton enflammé avant de cracher le liquide sur le feu aveuglant. L’effet fut immédiat : un gigantesque jet enflammé traversa l’air, créant comme une déchirure écarlate sur le ciel de nuit d’un bleu profond, et les applaudissements ne tardèrent pas à accompagner la performance.
Le lycan sourit de toutes ses dents et s’inclina, saluant avec plaisir la petite foule qui s’était formée autour de lui. Cracher le n’était pas seulement sa source de revenus principale, c’était aussi une passion et une délivrance. Lorsqu’il dansait avec les flammes, il se sentait plus léger, plus serein et plus heureux qu’il ne l’était en temps normal. Lorsqu’il se donnait en spectacle, il oubliait tout, jusqu’à la notion du temps qui passe.

Ces dernières semaines, il avait énormément pensé à Ainsel. La demoiselle papillon lui avait laissé une impression que ni les jours, ni les hallucinations, ni les amnésies passagères ne parvenaient à effacer ; elle l’avait marqué beaucoup plus qu’il ne le croyait, et beaucoup plus qu’il ne le réalisait. Il lui faudrait encore quelques temps avant de prendre pleinement conscience de ce qui était en train de lui arriver. Pour l’heure, il se contentait de passer d’une place à l’autre avec sa chemise de lin, son pantalon de cuir et ses bottes montantes, traînant avec lui son coffre rempli de matériel pour exercer son art.
Ah, le spectacle ! Voilà quelque chose qu’il adorait, et s’il avait pu choisir sa carrière, il se serait volontiers vu monsieur Loyal dans un grand chapiteau, à annoncer les artistes avec enthousiasme et une grandiloquence toute ridicule.
Mais voilà, il n’avait pas eu l’occasion de rassembler sa troupe autrement que dans ses hallucinations. Lyly, Tuomas, Alinor, Henry, Mimi, Alistair ... ils étaient tous chanteurs, danseurs, jongleurs ou dompteurs, magiciens et équilibristes, et tous s’épanouissaient dans leur art avec plaisir et conviction, aussi amusés que lui par les représentations données, faisant fi du danger, du vide sous le fil ou des crocs du lion comme lui faisait fi des brasiers avec lesquels il valsait sans relâche.
Cependant, il ne savait pas encore qu’il serait interrompu ce soir. Alors qu’il faisait tournoyer son bâton aux extrémités embrasées, il remarqua un mouvement dans la foule. Au début, il ne comprit pas ce qui se passait, et fixa l’air de rien ses yeux gris et blancs sur la perturbation.
Quelle ne fut pas sa surpris en voyant jaillir devant lui une demoiselle fluette et gracile aux longs cheveux pourpres ! Lucian en fut tellement estomaqué qu’il arrêta tout mouvement, de peur d’en faire un trop large qui risquerait de la blesser.
Tandis qu’elle s’avançait vers lui, il la détailla rapidement et ne put s’empêcher de la trouver magnifique dans la tenue qu’elle portait ce soir. Lui, en sueur et sentant l’huile et la cendre, n’osait même pas comparer sa tenue  de scène avec la superbe robe qui tombait sur elle avec une précision presque chirurgicale.
Lorsqu’elle fut arrivée tout près de lui, il remarqua alors à quel point elle avait l’air en colère. Son sourire ne disparut pas cependant, et il ouvrit la bouche pour la saluer lorsque la gifle le frappa de plein fouet. Sa tête partit sur le côté et il cligna plusieurs fois des yeux, pas trop sûr de ce qui venait de se passer. Doucement, il reporta son attention sur la jeune femme.

« - Ca fait quatre semaines. Quatre. Tu avais dit vite. Quatre semaines, ça n’est pas vite, Lucian. Ca n’est pas vite du tout. C’est même plutôt lent ! »

Le cracheur de feu haussa très haut les sourcils. Il n’avait pas réalisé que tant de temps s’était écoulé depuis leur rencontre. Vraiment, il n’avait pas vu les jours passer et ne se rappelait pas de la moitié d’entre eux.
La tête légèrement rentrée dans les épaules, il bredouilla :

« - Mais mais mais mais mais ... »

La demoiselle passa les bras autour de lui et le serra contre elle. Il ne sut pourquoi, mais cela le fit sourire plus que de raison. Cependant, il prit garde à ne pas bouger ; après tout, il tenait toujours son bâton en main, et il ne voulait mettre le feu à rien ni personne.
Il la regarda lorsqu’elle s’écarta enfin.

« -Tu es un saltimbanque ! »

Elle rit, et lui rit avec elle. Il n’avait pas eu le temps de lui parler de ce qu’il faisait pour vivre la dernière – et seule – fois où ils s’étaient vus, et il n’aurait pu rêver meilleure façon de le lui montrer ; quoique s’il avait pu éviter la claque, les choses en auraient été encore plus agréables.
La foule commença à râler et à siffler, mécontente que cette effrontée interrompe ainsi le spectacle pour lequel ils s’étaient arrêtés. Loin de s’énerver contre Ainsel ni de paniquer, le lycan hocha la tête avec force.

« Surprise, belle dame ! »

Il approcha son visage du sien.

« Tu veux voir ce que je suis capable de faire ? »

Pouffant de rire, très heureux de la revoir, il attendit sa réponse avant d’hocher la tête.

« Alors, recule belle dame, que je ne te brûle pas ! »

Il lui adressa un clin d’œil entendu, puis attendit qu’elle soit un peu plus loin pour recommencer son numéro. La présence de la jeune femme semblait lui avoir donné des ailes, et il dansa de plus belle, le feu tournoyant autour de lui sans jamais l’atteindre, sans jamais le blesser. Peu à peu, les spectateurs retrouvèrent leur engouement premier et l’observèrent tandis qu’il se donnait en spectacle comme il savait si bien le faire.


Dernière édition par Lucian Merowech le 20.10.13 20:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime01.09.13 18:01


« Surprise, belle dame ! »

Ainsel le regarda en louchant. Elle souriait de toutes ses dents et la rumeur des spectateurs mécontents ne lui parvenait que d'une manière diffuse si lointaine que ça n'atteignait même pas consciemment son esprit. Elle tapota dans ses mains, adorant la nouvelle. Maintenant qu'Ainsel y pensait, elle se demandait pourquoi Lucian n'avait pas monté un de ces chapiteau dont elle voyait souvent les affiches, ça et là. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il s'y passé réellement. Les affiches, en revanche, vendaient des merveilles de prodiges : acrobates, dompteur, jongleur et autres saltimbanques semblaient vivre dans un monde aux couleur primaires et vivaces.  Elle imaginait parfaitement Lucian sur l'une de ses affiches avec son grand sourire et son costume fuschia ou pourquoi pas un costume d'un blanc immaculé ? Tandis qu'elle refléchissait à ça, les patrons s'imposaient mentalement à elle. Lucian la rappela à la réalité.

« Tu veux voir ce que je suis capable de faire ? »

Ainsel sourit et hocha la tête, lui faisant un rapide bisou sur la joue.

-Bien sur que oui, Lucian. J'adorerais.

Elle souriait de plus belle contente d'avoir retrouver l'homme. La colère était desormais une sensation lointaine qu'elle aurait pu apparenter à une simple rêverie.

« Alors, recule belle dame, que je ne te brûle pas ! »

Ainsel hocha la tête et recula sans rien ajouter. Se fichant pas mal de sa robe, ce qui était exceptionnelle quand on connaissait cette elle de 6 semaines, elle s'assit en tailleurs à même le sol, restant parfaitement au premier rang, ignorant avec hauteur les spectateurs mécontents. Ca n'était pas pour eux qu'il recommençait à jongler, mais pour elle, cette fois. Alors dans son esprit, il était plus que normal qu'elle soit au premières loges.  Ainsel le regardait faire, tout d'abord ébahie parce qu'elle voyait. Dieu qu'il était magnifique ! Elle avait la bouche entre ouverte et si il ne s'était pas agit d'Ainsel, le filet de bave contemplatif n'aurait pas été loin. Elle le trouvait splendide, ce qu'il faisait, comment son corps et les flammes dansaient... C'était de la pure magie. Elle souriait de plus belle, tapotant dans ses mains en pouffant, comme une enfant. C'était la première fois qu'elle voyait un vrai saltimbanque. C'était la première fois de beaucoup de choses à vrai dire. Elle se prit à vouloir apprendre, elle voulait savoir faire ça. C'était si beau. Si merveilleux. Elle avait envie de connaître les mouvements qui permettaient d'illuminer le monde au point que ça devenait magique. Pendant qu'elle se rendait compte de son envie, le sourire de la femme papillon disparut progressivement, faisant place à un visage neutre et on ne peut plus attentif. Ses yeux suivaient les mouvements de l'homme, les détaillant, les morcelants, comprenant peu à peu chacune des impulsions données aux bâtons enflammés. Elle finit par connaître chacun des mouvements par cœur, comprenant également les différentes utilisations qu'elle n'avait pas vu.

Elle finit par baisser les yeux, réalisant parfaitement pourquoi elle faisait ça. Elle eut un petit sourire amer. Elle n'apprenait pas pour apprendre, pas cette fois. Elle apprenait ce que Lucian faisait pour une unique raison : dans deux semaines, elle ne se souviendrait pas de lui. Elle se souviendrait du merveilleux jongleur de flammes, elle se souviendrait l'avoir gifler mais ne saurait plus pourquoi. Là où elle avait prononcé son nom, il y aurait des interférences qu'elle remplacerait par milles questions. Dans deux semaines, les gravures dans ce mur et cette fleur ne signifierait rien d'autre pour elle qu'une fleur et des bâtons alors qu'à cet instant ils signifiaient la fin de quelque chose à laquelle Ainsel tenait tout particulièrement. Elle inspira doucement et se mordit la lèvre, pensive. Elle avait été stupide de le chercher. Elle le réalisait douloureusement en regardant deux petites fourmis sur le sol. Elle aurait du s'en ficher, comme elle le faisait avec tout le reste. Elle savait qu'après aujourd'hui, elle ne le reverrait sans doute pas de si tôt. Elle avait mis 4 semaines à le trouver, 4 semaines où lui ne l'avait pas cherchée. Il fallait se rendre à l'évidence, cette journée passionnante n'avait pas eu le même effet électrisant pour Lucian. Elle sentait les larmes monter tandis qu'elle réalisait doucement à quel point elle avait été idiote de croire à tout ça. Elle hocha la tête sans raison. La jeune femme était pire que la fée clochette, elle était petite de l'intérieur, si petite qu'elle se retrouvait vite submergée. Il n'était pas question d'intelligence mais bien d'emotions et de sentiments, il était difficile d'être plusieurs choses à la fois lorsqu'on était incapable de rester soi plus de 6 semaines. De ce fait, sa capacité émotionnelle était aussi étroite qu'un mouchoir de poche et les vagues d'émotions annihilaient sans pitié les autres avec force et violence. Ainsel n'était donc jamais un peu triste, elle n'était pas un peu en colère ni même un peu vexée : elle était soit très triste, soit très en colère, soit très vexée. Elle était très petite de l'intérieur mais elle était également très digne et bougrement têtue et ce en toutes circonstances et lorsque les deux premières larmes qu'elle avait versé de sa vie éphémère s'écrasèrent au sol, qu'elle se leva en essuyant ses yeux et prit la décision de partir. Elle ne jeta pas un regard à Lucian, pas un regard à la foule avec laquelle elle jouait des coudes pour partir. Elle allait l'oublier de toute façon, alors à quoi bon ? A quoi lui servirait-il de le connaître plus puisqu'elle finirait inexorablement par l'oublier, lui, son sourire, ses ailes et tout le reste ? Non, ça ne servait à rien, à rien du tout même. Tout ça était d'une stupidité caractérisée et Ainsel essayait de s'en persuader tandis qu'elle essayait de se faufiler parmi les passants. Aujourd'hui, elle ne jouait plus avec la masse informe, c'était une gêne, un boulet et elle n'en comprenait pas les codes, elle n'en comprenait pas grand chose parce que la tristesse cachait tout. Obstruant sa faculté à comprendre, obstruant même sa faculté à penser.

Elle parvint enfin à une place désertée qui aurait fait la joie des petits gangsters à la sauvette, elle ne réfléchit pas à où elle se trouvait, filant droit devant, mettant de la distance entre elle et lui. Elle ne comprenait pas pourquoi plus elle s'éloignait plus son cœur la faisait souffrir, elle n'écoutait pas son cœur. Elle ne voulait pas, il avait l'idée stupide de l'emmener là. Il avait eu l'idée stupide de la faire chercher Lucian. C'était sa faute si elle était triste, c'était la faute de son cœur et de Lucian. Contrairement à l'homme, elle avait vu le temps passé et de ce fait avait parfaitement mesuré le temps qu'elle avait passé à penser à l'homme. Un temps considérable s'étendant sur plusieurs jours. Elle avait appris à dessiner pendant ce laps de temps dans l'unique but d'arriver à dessiner les ailes de Lucian, le sourire de Lucian, Lucian tout court avant qu'il ne disparaissait de sa tête comme tout ce qui y était jamais rentré. Son elle actuelle saurait alors qu'elle avait réussi à le fixer sur quelque chose, il ne serait pas rien pour la jeune femme. Il serait le drôle de personnage gribouillé et dessiner sur des centaines et des centaines de pages. Elle lui inventerait un nom, un métier, une vie et elle le saurait comme elle. Elle ne serait donc plus vraiment seule. Elle continua à marcher jusqu'à ce qu'elle soit enfin devant l'usine désaffectée où elle vivait. Elle pleurait toujours et elle commençait à s’énerver toute seule. Elle laissa ses ailes sortir et s'élança rageusement jusqu'à son jardin en hauteur où elle s'assit en essuyant ses yeux.

-Arrête ça ! Tu es ridicule ma pauvre !

Elle se parlait dans un miroir, un trompe la solitude éhontée. A force d'être seule et de ne s'accrocher à rien, elle en finissait par trouver des moyens de se tenir compagnie. C'était donc tout naturellement qu'elle avait commencé à se parler à elle même en se regardant droit dans les yeux à l'aide d'un miroir.

-Comment croyais-tu que ça allait finir ?! Hein ! Dans 14 jours, Lucian ne sera plus rien pour toi, tu le sais bon sang ! Tu le sais.... Mais je n'ai pas envie.... Je n'ai pas envie, moi... De l'oublier... Pourquoi... ? Ca n'est pas si grave après tout... Si je l'oublie. Pourquoi ça aurait plus d'importance que le reste ? J'oublie tout de tout manière... Ca n'est comme si je pouvais oublier d'oublier.

Elle soupira et entoura ses jambe de ses bras posant la tête dessus, elle regardait son reflet. Il avait l'air misérable et ça ne lui plaisait pas tout à fait. Elle n'avait pas envie de bouger, cependant. Elle resta là, à regarder son reflet, se doutant qu'elle ne le reverrait plus jamais. Son cœur se serra une nouvelle fois tandis qu'elle persevait un mouvement dans le miroir. Elle cligna des yeux qui se remplirent de larmes en voyant Lucian, derrière ses ailes de papillon qui étaient en berne. Elle essuya les yeux, tandis qu'elle essayait tant bien que mal de se mettre en colère. Contre elle, contre lui, contre n'importe qui. Tout. Tout pourvu qu'elle arrête de pleurer et qu'elle ai l'air digne, qu'il ne la trouve pas misérable. Elle l'oublierait mais lui ne l'oublierait pas. Elle ne voulait pas qu'il ai d'elle l'image d'une jeune femme stupide et éplorée pour une raison infiniment plus stupide. Elle se força à sourire
.

-Lucian ? Je suis désolée d'être partie. C'était très beau, tu sais, vraiment très beau.

Elle reprit avec un entrain timide digne d'une enfant qui dit adieu à un ami imaginaire.

-Tu sais. Moi aussi je jonglerais un jour, comme toi. Juste comme toi.

Elle se mordit la lèvres avec tant de force que sa chair blanchie à l'extrême.

-Comme ça... Comme ça tu sera toujours un peu avec moi.

Elle ne souriait plus, elle luttait pourtant... Elle se détourna, regardant le ciel pour que Lucian ne la voit pas.

-Avec un peu de chance, toi, tu vas te souvenir. Ou peut etre que tu m'oublieras et peut-être qu'un jour, je serais une des amies de Lyly et que je te rendrais visite. J'espère que je serais bonne avec toi. J'espère que tu m’appelleras toujours « belle dame » parce que c'est sans doute la plus belle des choses qu'on m'ai dite depuis ces six dernières semaines. Parce que tu vois, moi, dans deux semaines, je serais partie. J'espérais te voir avant mais ca n'est pas grave. Dans deux semaines, tout ça n'aura plus aucune importance.

Elle se tut, finalement. Elle en avait trop dit. Elle se rendait compte qu'elle laissait malgré elle passer beaucoup de chose. Il avait une influence sur elle.... Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne l'avait vu que quelques heures et voilà où elle en était... Elle percevait les quinze prochains jours comme une véritable torture. Elle en venait à avoir hâte de l'oublier tant elle avait mal. Elle n'ajouta rien, se contentant amplement du silence et ne se retourna pas non plus. Elle ne voulait pas le regarder et se mettre à pleurer une nouvelle fois. Elle ne se posa pas une seule seconde la question de savoir s'il avait vu la salle aux huit télés, s'il avait vu les dessins, s'il avait vu le mur. Dire qu'elle était obsedée par Lucian était faux en soit. Elle était obsédée, oui, mais pas par la personne de Lucian mais bien parce qu'elle voulait absolument s'en souvenir, ne pas totalement le faire disparaître, elle voulait le garder pour elle sous une forme ou une autre pourvu qu'elle puisse toujours voir son sourire encore une fois, même sans savoir pourquoi. Juste pour l'avoir.


Spoiler:
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Lucian Merowech

Lucian Merowech


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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime20.10.13 20:36


Lucian se considérait comme étant le possesseur d’un incroyable caractère, aussi aléatoire qu’une girouette agitée par le vent. Il n’était pas rare qu’il soit pris de sautes d’humeurs aussi violentes qu’inexpliquées et inattendues, et qu’il passe de la joie à la tristesse la plus absolue en une fraction de seconde, tout ça pour être consolé par ses hallucinations durant les heures suivantes. Il avait l’habitude de ce comportement donc, et ne s’offusquait pas de le voir chez d’autres gens, bien qu’il ne manquait pas, généralement, d’y aller de sa petite remarque qui bien souvent ne faisait rire que lui.
Cependant, il ne s’était pas le moins du monde attendu à ce qu’il se manifeste chez Ainsel – pas de façon aussi spontanée en tout cas. Elle qui semblait si enjouée, si enthousiaste un instant avant, semblait se renfermer sur elle-même de seconde en seconde. Il voyait son visage se décomposer au travers des flammes avec lesquelles il jouait, et s’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait envoyé voler son bâton dans le décor pour s’approcher d’elle et lui demander ce qui n’allait pas, peut-être même essayer de la réconforter avec ses petits moyens.
Oui mais voilà : la foule était devenue dense autour d’eux, et il ne pouvait prendre le risque de s’arrêter en plein mouvement et manquer blesser quelqu’un – un badaud brûlé devient étrangement collant et vindicatif, et le saltimbanque n’avait pas la tête à ça. Son corps effectuait mécaniquement des gestes qu’il avait effectué des centaines et des centaines de fois, laissant son esprit libre pour ses questions : que se passait-il actuellement dans la tête d’Ainsel pour qu’elle ait l’air si malheureuse ?
Le lycan ne pouvait pas se douter une seule seconde de ce qui l’affligeait vraiment, et s’il l’avait su, alors il aurait tout arrêté à ce moment-là pour la rejoindre et la prendre dans ses bras, la bercer doucement et la rassurer comme il l’aurait pu, en parlant, en l’emmenant voler, n’importe quoi qui aurait pu lui rendre le sourire.
Lorsque la jeune femme disparu dans la foule, Lucian se retrouva déstabilisé et perdu. Il ne comprenait pas pourquoi elle s’enfuyait tout à coup, alors qu’elle avait l’air tellement décidée à rester et à le regarder danser. Les mains dans les flammes, il ne pu rien faire d’autre à part la regarder s’éloigner du coin de l’œil.
Alors, sa danse se fit plus rapide, plus nerveuse, moins fluide que d’ordinaire. Ses gestes étaient devenus hâtifs, presque violents, comme s’il était pressé d’en finir. Ce qui était le cas, d’ailleurs. Il ne voulait pas laisser Ainsel seule, surtout pas dans cet état. Il termina son spectacle en un temps record, et rangea son matériel sans le nettoyer. Une fois le tout balancé dans son coffre de bois léger, il le chargea sur son dos et s’éloigna, ne prenant pas la peine de s’attarder pour discuter avec les spectateurs comme il le faisait d’ordinaire. Une seule chose comptait désormais : retrouver la jeune femme aux longs cheveux violets.

Il lui fallut un petit moment avant de retrouver son chemin, mais finalement, le saltimbanque arriva à destination : l’entrepôt désaffecté investi par la demoiselle papillon. Une fois entré dans le bâtiment, il laissa son coffre près de la porte et s’avança presque sur la pointe des pieds.
Dans l’obscurité de la nuit et le silence qui l’accompagnait, l’endroit avait quelque chose de solennel. C’était une caverne au trésor dont les secrets s’étendaient sur chaque parcelle de terrain, sol, mur ou plafond. Les yeux du lycan s’adaptèrent peu à peu à la pénombre. Il reconnu là un fauteuil, là une table, là un grand portrait dans un cadre en bois qui devait être trois fois plus vieux que lui ; toutes ces possessions entassées par Ainsel, tous ces objets si différents les uns des autres et qui ne trouvaient de sens qu’à ses yeux prenaient l’allure de gardiens muets et d’antiques totems dissimulés parmi les ombres.
Lucian continuait à marcher prudemment, détaillant ce décor qui lui avait incroyablement manqué. Il ne s’en rendait pleinement compte que maintenant, mais tout ce qui était lié à la jeune femme rencontrée un mois plus tôt avait laissé un vide qu’elle seule avait réussi à combler durant les quelques instants où ils s’étaient revus un peu avant. Il ne comprenait pas encore pourquoi. Il savait juste qu’il devait revoir la jeune femme.
Un mouvement sur sa gauche attira son attention. Un léger courant d’air avait fait voleter quelques feuilles accrochées au mur avec de l’adhésif. S’approchant, l’homme au visage barbouillé de suie observa les formes qui y étaient dessinées, les couleurs qui s’y peignaient, et il ne mit pas longtemps à comprendre que ce qu’il voyait là, c’était des dessins de lui. Il sentit son cœur rater un battement tandis qu’il fronçait très légèrement les sourcils, yeux grand ouverts.

Mais ... qu’est-ce que c’est ... ? pensa-t-il.

Il observa les esquisses, les croquis et les marques sur le mur, décompte des jours qui s’étaient écoulés depuis leur première rencontre. Le lycan prit peu à peu conscience de l’impact qu’il avait eu sur la demoiselle – un impact visiblement aussi important que celui qu’elle avait eu sur lui.
Déglutissant, les oreilles bourdonnant très légèrement, il secoua la tête pour se remettre les idées en place et leva la tête, cherchant du regard l’ouverture menant au toit. Une fois qu’il l’eut retrouvée, il déploya ses ailes et les fit battre, soulevant une fine couche de poussière au moment où il décolla, s’élevant jusqu’à ce que l’air frais du dehors l’enveloppe entièrement. Ses pieds posés sur le sol, il replia ses ailes, les laissant former cette longue traîne d’un vert émeraude dans son dos, puis tourna sur lui-même jusqu’à apercevoir Ainsel. Il l’entendait parler, mais ne voyait pas à qui. Ce ne fut que lorsqu’il put distinguer les contours du miroir qu’il comprit qu’elle se parlait à elle-même. Il n’entendit pas ce qu’elle disait, mais en revanche, ce qu’il vit dans le reflet de la glace, ce fut le geste pour essuyer les larmes qui lui coulaient le long des joues, et cette vue lui serra le cœur. Il s’approcha un peu plus, juste assez pour qu’elle le remarque.

-Lucian ? Je suis désolée d'être partie. C'était très beau, tu sais, vraiment très beau.

Il lui adressa un pauvre sourire un peu désolé, triste de la voir comme ça.

- Merci beaucoup, Ainsel, belle dame. Je suis heureux que ça t’ait plu.

Il était content d’avoir pu la distraire un peu et lui montrer ce qu’il faisait pour vivre. De lui avoir montré ce qui, en temps normal, arrivait à le faire se sentir entier, à lui donner une place dans ce monde de fous qui l’avait rendu aussi fou que lui.

-Tu sais. Moi aussi je jonglerais un jour, comme toi. Juste comme toi.

Le lycan lui sourit, et quelque chose dans le ton qu’elle employa lui fendit le cœur. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais il y avait quelque chose de profondément malheureux dans ces mots. Quelque chose qui sonnait comme un adieu.

- Comme moi ? Oh, je suis sûr que tu seras très vite mille fois plus douée que moi.

Son sourire trembla un instant. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il n’aimait pas du tout le tournant que prenait la conversation.

-Comme ça... Comme ça tu sera toujours un peu avec moi.

Lucian déglutit un peu et pencha la tête sur le côté.

- Pourquoi est-ce que je ne serais plus avec toi, belle dame ?

Il la regarda se détourner sans broncher, trop tendu pour bouger.

-Avec un peu de chance, toi, tu vas te souvenir. Ou peut etre que tu m'oublieras et peut-être qu'un jour, je serais une des amies de Lyly et que je te rendrais visite. J'espère que je serais bonne avec toi. J'espère que tu m’appelleras toujours « belle dame » parce que c'est sans doute la plus belle des choses qu'on m'ai dite depuis ces six dernières semaines. Parce que tu vois, moi, dans deux semaines, je serais partie. J'espérais te voir avant mais ca n'est pas grave. Dans deux semaines, tout ça n'aura plus aucune importance.

Le saltimbanque la fixa, interdit, et un frisson d’angoisse couru le long de son dos. Depuis aussi longtemps qu’il puisse s’en souvenir, c’était la première fois que quelqu’un le faisait se sentir comme Ainsel y arrivait. La première fois que quelqu’un – qui n’était pas aussi mentalement instable que lui – entrait dans sa vie avec un autre but que de le torturer ou d’expérimenter sur lui. La seule personne à laquelle il se soit un tant soit peu confié, et qui l’ait marqué aussi profondément dans sa tête et dans son cœur après seulement quelques heures de compagnie. Il ne pouvait toujours pas mettre de nom sur ce qu’il ressentait pour elle – ou bien peut-être ne voulait-il pas encore l’admettre. Pour l’instant, ça n’avait pas d’importance. Il n’avait retenu qu’une chose.
D’ici deux semaines, Ainsel serait partie.
Doucement, il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras, debout dans son dos, prenant bien garde à ne pas blesser les fragiles ailes de papillon qui ce soir semblaient tout aussi tristes que leur propriétaire.

- Plus d’importance, belle dame ? Bien sûr que si, ça a de l’importance. Tu as de l’importance à mes yeux, même si je ne comprends pas bien comment cela s’est fait – pas plus que je ne comprends pourquoi je suis devenu important pour toi. Je ne veux pas que tu apprennes à danser seule. Tu risquerais de te brûler, et alors, qui serait là pour te soigner et t’apprendre comment charmer les flammes, hmm ?

Il la retourna face à lui et essuya doucement les larmes qui mouillaient ses joues, et lui sourit. C’était un sourire incroyablement doux, et tendre aussi. Inquiet, également.

- Je ne sais pas où tu comptes aller d’ici quinze jours, mais n’espère pas que je t’oublie de sitôt. Et si je dois rester avec toi jusqu’au bout, eh bien soit. Je me contente de peu : une couverture sur le sol et je m’endors comme un loir. Tu verras, je ne prends pas beaucoup de place.

Il pouffa un peu de rire et lui remit derrière l’oreille une longue mèche de cheveux ondulés, sans trop se rendre compte de ce qu’il faisait. Le geste avait été presque automatique, comme s’il avait l’habitude de le faire.
Quelque part, il avait l’impression de connaître Ainsel depuis une éternité, alors qu’en réalité, ils ne s’étaient vus en tout et pour tout qu’une douzaine d’heures tout au plus. Pas même une journée entière. Mais pour Lucian, ces heures valaient plus que des mois et des mois de discussions frivoles et dénuées d’intérêt avec n’importe qui d’autre.
Et il aurait voulu que les heures qu’ils lui restaient à passer avec la jeune femme s’étirent à l’infini et ne s’arrêtent jamais.
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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime21.10.13 18:58

Depuis qu’elle s’était retournée, les larmes d’Ainsel ne s’étaient pas arrêtées. Elle n’avait pas réussi à les stopper et s’en voulait terriblement pour ça. Elle aurait voulu pouvoir empêcher ses larmes, ne pas inquiéter Lucian. Elle ne voulait pas l’embêter. Plutôt, si, elle voulait mais ça n’était pas ce qu’elle s’était imaginé. Sa mémoire, si courte soit elle, était son problème. Elle ne voulait pas affliger Lucian avec tout ça. Elle avait voulu vivre un moment incroyable pour elle et pourquoi pas inoubliable pour lui. Elle se rendait compte de la stupidité de son envie. Elle s’apercevait de son égoïsme. Oh, bien sur, elle avait toujours été égoïste mais il s’agissait de Lucian. Le même Lucian qui lui avait fait parcourir quatre semaines durant les rues de Naniwa dans l’espoir fou de revoir un sourire, un bout de veste, de chapeau et entendre son rire… Elle n’avait pas envie d’être égoïste avec lui, au contraire.
Elle voulait lui rendre les choses plus douces, comme dans un conte de fées… Le problème était qu’elle n’était pas une princesse, elle tenait plus de clochette. Lucian était son Peter Pan. Elle savait bien que Clochette n’était pas faite pour être l’amour de Peter Pan. Quand bien même l’enfant eternel l’eut voulu, elle aurait été incapable d’être ce qu’on attendait d’elle. Ainsel ne pouvait pas. Deux semaines, c’est tout ce qu’elle avait à offrir. Dieu qu’elle aurait aimé pouvoir offrir plus… Et ces larmes qui n’en finissaient plus de couler. Il restait encore tant de temps avant qu’elle n’oublie… Elle n’arrivait plus à savoir si c’était bien ou mal, si c’était douloureux ou non. Tout se mélangeait avec tant de force que la jeune femme n’arrivait plus à arrêter le flot de ses larmes.
 
C’est là qu’elle le sentit. La chaleur de son corps, d’abord… Son odeur ensuite puis enfin ses bras autour d’elle. Elle trembla encore plus fort, se mordant la lèvre pour ne laisser échapper aucun son. Il l’avait prise dans ses bras et elle aimait ce contact tout autant qu’il la faisait souffrir. Tout ça promettait tellement, tout ça lui apportait tellement. Elle était lucide sur ses sentiments pour le saltimbanque, elle n’avait jamais été aussi consciente de quoique ce soit. Son cœur tapait dure dans sa poitrine. Si fort, en fait, que la jeune femme se demandait s’il n’allait pas exploser. Elle n’était pas faite pour tout ça. Elle était si petite, elle le savait. Pourtant elle ne brisa pas le contact. Elle avait vu les regards de Lucian, elle avait entendu ses questions. Elle avait choisi de ne pas y répondre. Pour dire quoi ? A quoi servirait-il de l’assaillir de réponse qui le rendrait plus malheureux encore ? Parce que, oui, elle avait vu sa tristesse et la jeune femme se haïssait d’avoir provoqué ça chez l’homme…. Elle préférait le voir sourire. Il était si beau lorsqu’il souriait… Elle avait rétracté ses ailes, juste assez pour les rendre moins gênantes. Elle profitait honteusement du contact qui ne la calmait absolument pas. Elle s’était adossée contre lui. Quand avait-elle fait ça ? Ainsel n’en avait pas la moindre idée mais elle y trouvait quelque chose qu’elle n’avait jamais trouvé nulle part.  Elle allait perdre ce quelque chose et ça lui brisait le cœur.

- Plus d’importance, belle dame ? Bien sûr que si, ça a de l’importance. Tu as de l’importance à mes yeux, même si je ne comprends pas bien comment cela s’est fait – pas plus que je ne comprends pourquoi je suis devenu important pour toi. Je ne veux pas que tu apprennes à danser seule. Tu risquerais de te brûler, et alors, qui serait là pour te soigner et t’apprendre comment charmer les flammes, hmm ?
 
Ainsel aurait sauté de joie, habituellement. L’objet de son attention et de son amour éprouvait finalement la même chose qu’elle, elle aurait du être heureuse. Elle ne l’était pas. Elle ne l’était pas du tout.
 
-Lucian….

Sa voix avait quelque chose de grave mais Lucian ne l’avait pas entendu. Il la tourna face à lui et Ainsel ne l’en empêcha pas. Pourquoi ? Pourquoi elle ne l’avait pas repoussé ? Pourquoi est-ce qu’elle ne se mettait pas en colère ? Elle avait été si en colère pendant quelques instants dans la rue. Pendant qu’elle essayait de comprendre pourquoi, elle sentit la colère poindre. Doucement, la petite bête furieuse de son estomac se réveillait. Ainsel l’accueillerait avec plaisir, qu’importe le prix.
Elle retourna au sommeil au moment où la main de Lucian vint essuyer ses larmes. Elle le regarda droit dans les yeux, la bouche entr'ouverte. Elle ne comprenait pas et à la fois, tout était clair. Aussi clair que si elle avait vu au travers du temps. Elle ferma les yeux un moment et les rouvrit, lentement. Ses mains, posées sur le bras de Lucian dont la main essuyait ses larmes, suivaient les mouvements des muscles sous sa peau. Elle les sentait danser. Un infime moment, elle fut en joie.

- Je ne sais pas où tu comptes aller d’ici quinze jours, mais n’espère pas que je t’oublie de sitôt. Et si je dois rester avec toi jusqu’au bout, eh bien soit. Je me contente de peu : une couverture sur le sol et je m’endors comme un loir. Tu verras, je ne prends pas beaucoup de place.

Alors, bien malgré elle, les larmes se remirent à perler aux coins de ses yeux. Elle secoua la tête et la baissa, à la limite de la poser contre le torse de Lucian. Quinze jours... Pour elle, deux semaines lui avait toujours sembler être d'une longue extraordinaire. Pourquoi fallait-il que ça lui semble si court maintenant qu'elle avait désespérément besoin de longueur. Elle éclata en sanglot en réalisant que si il restait... Alors il serait là, le matin de cette septième semaine... Elle ne saurait pas ce qu'il ferait là, elle se moquerait probablement de lui... Ou alors. Pire... Elle le battrait jusqu'à ce qu'il en meurt. Elle imaginait bien que Lucian n'était pas démuni. Elle se doutait qu'il ne resterait pas les bras ballants durant ce temps mais elle ne pouvait supporter l'idée de devenir ce monstre en la présence de Lucian. Pourtant, l'idée qu'il ne s'éloigne pas, qu'il reste avec elle jusqu'à ce qu'elle meurt lui semblait si séduisante. Elle se l'interdisait pourtant. Elle ne voulait pas lui infliger ça.  Elle s'écarta doucement de lui jusqu'à ce qu'elle n'est plus que sa main dans les siennes. Elle secoua la tête et se força de nouveau à sourire.

-Tu n'en auras plus. De l'importance, Lucian. Dans quinze jours, tu n'en auras plus aucune. Les bonbons, la fleur verte, ton sourire... Tout ça n'aura plus aucune importance pour moi.

Elle était dure, elle s'en rendait compte mais il fallait au moins ça pour contrebalancer ses larmes qui refusaient tout bonnement de s'arrêter. Elle caressait le dos de la main de Lucian du pouce et haussa les épaules.

-Je ne me brulerais pas. Je t'assure, ne t'en fais pas. Je suis vraiment désolée. Je crois... Je crois qu'être allée te chercher... Ca n'était pas une bonne idée. Je pensais vraiment.

Elle se mordit les lèvres avec force, levant les yeux au ciel en haissant sa voix qui venait de lui faire defaut. Elle évitait son regard et finalement reprit.

-Je pensais vraiment te trouver plus tôt. Beaucoup plus tôt... Mais je suis lente et c'est tant pis.

Elle ne voulait pas lacher sa main, pour une raison évidente. Malgré tout, elle se força à laisser glisser la paume de la sienne, provoquant une nouvelle douleur dans son cœur, une douleur qui ne voulait pas disparaître et qui refusait qu'on l'oublie. Elle recula un peu en essuyant ses joues, repensant aux mains de Lucian qui avaient fait pareil quelque minutes plus tôt. Elle avait l'impression de détruire quelque chose à coup de machettes.  Elle regarda le ciel, les fleurs, les immeubles, tout. Tout mais pas lui.

-Ne reste pas. S'il te plait. Ca n'est pas la peine vraiment. Ne t'en fais pas. Je suis un peu triste mais dans deux semaines, j'irais mieux. Finalement, c'est encore toi qui sera le plus mal et je suis réellement désolée.

Ainsel baissa les yeux. Elle lui devait une explication... Non ? Elle n'avait pas le droit de le laisser comme ça, pas vrai... ? Elle machouillait ses lèvres en réfléchissant. Elle déglutit et regarda Lucian, les sourcils froncés, elle était triste mais elle ne voulait pas qu'il se trompe pour autant. Elle voulait qu'il sache et tant pis si ça la torturait pendant les deux prochaines semaines. Tant pis si c'était mal. Elle l'avait rendu malheureux. Elle l'avait laissé croire qu'elle avait un avenir. Elle n'en avait pas alors... Si elle voulait se racheter... Elle lui devait au moins ça. Au moins, le fin mot de l'histoire avant que le rideau ne tombe. Elle était très determinée à lui dire et pendant cette instant précis, la tristesse était parti, juste mise dans une boite pendant quelques instants.

-Mais ne te méprends pas ! Si j'avais pu, je t'aurais aimé ! Je suis égoïste... Je crois. Je n'en suis pas vraiment sure, tu vois. Mais je sais que je n'aime pas trop qu'on ne pense pas à moi. Si j'avais pu, je t'aurais gardé pour moi, rien que pour moi ! J'aurais trouvé un moyen ! Et puis, si j'avais pu resté plein d'années comme tout les gens, je t'aurais forcé à me faire un fils, parce qu'il aurait été sacrément beau ! T'entends ! Il aurait été magnifique, je l'aurais appelé Saelig, tant pis si ça t'avais pas plu ! Je m'en fiche, parce que je l'aime bien ce nom. Parce qu'on aurait pu prouvé que les fées aussi ça à le droit aux 'ils vécurent heureux'... Parce qu'on est un peu des fées toi et moi, tu trouves pas ?... Au final... Je ne peux pas faire ça, Lucian.

Elle ramené ses mains contre elle, les regardant, cherchant ses mots. La tristesse revenait maintenant, elle la sentait lui broyer la gorge et les poumons, raréfiant l'air. Elle tritura ses doigts et sous la pression fit eclater une bague, elle ne s'en soucia pas du tout.

-Je ne peux pas faire ça. Je suis encore plus petite que clochette. Je suis si petite. Tellement tellement petite, Lucian, tu n'imagines pas à quel point... Je ne peux rien t'offrir, même pas le début de l'histoire. Si seulement, je n'avais pas été si lente... Mais, tu sais, ce n'est pas grave... Parce que j'ai eu 4 semaines pour la rêver, ma vie idyllique avec toi... Et on peut en faire des rêves en quatre semaines. Alors je ne suis pas si triste parce que finalement, on l'a déjà vécu.Et c'est bien et je suis désolée de ne pas avoir les capacités pour te la montrer, je suis sure que tu aurais bien ri. Mais je vais l'oublier comme j'oublie tout le reste. Mais toi, toi tu la vivras après et en plus de ça je rencontrerais lyly et je te laisserais jamais tout seul. C'est bien aussi, non ? C'est mieux que rien... Je pense que c'est mieux que rien.

Ainsel mit la main devant sa bouche, à moitié pliée sous la douleur et les soubresauts qui l'agitait. Elle se laissa aller quelques secondes avant de finalement se redresser et dire en le regardant dans les yeux, malgré la tristesse, malgré la douleur. Il avait indéniablement dans la joie.

-Je n'ai pas le temps de cacher mes sentiments comme tout le monde. Je suis comme ça. Je t'aime. Peut-être que tu ne m'aimes pas et je m'en fiche éperdument parce que moi je t'aime, je t'ai aimé et j'ai aimé ma vie imaginaire avec toi. Je disparaitrais en ayant eu la chance et la joie profonde de t'aimer.


Enfin, elle sourit sachant que c'était vrai. Sachant qu'elle dormirait apaisée avant d'être une autre grâce à lui. Elle pleurait toujours, malgré tout, parce qu'elle ne le reverrait plus. Parce que c'était une fin et que pour la toute première fois de sa vie, la fin était douloureuse et amère.
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Lucian Merowech

Lucian Merowech


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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime26.10.13 20:50

Lucian sut que les choses se termineraient mal lorsqu’Ainsel commença à s’écarter de lui, ne laissant que sa main dans la sienne et rien de plus.

-Tu n'en auras plus. De l'importance, Lucian. Dans quinze jours, tu n'en auras plus aucune. Les bonbons, la fleur verte, ton sourire... Tout ça n'aura plus aucune importance pour moi.

Cette déclaration lui fit le même effet qu’un coup de poignard asséné en pleine poitrine. Il prenait peu à peu conscience que cette étrange jeune femme aux splendides yeux bleus, celle-là même qui lui avait fait tourner la tête au premier regard et s’était fait une place de choix dans son cœur, allait brutalement sortir de sa vie dans les instants à venir. Et dans quatorze jours, elle n’existerait plus. Il ne savait pas s’il était question de mourir ou de fuir, ou autre chose encore ; tout ce qu’il savait, c’était qu’elle ne le laisserait pas rester. Elle ne lui laisserait même pas ça pour se sentir moins seul, pour avoir l’impression de pouvoir faire quelque chose pour elle, même s’il ne s’agissait que de sa présence.
Silencieux, il la fixait, écoutant ce qu’elle avait à dire sans broncher. Il aurait dû la chercher aussi. Il n’avait pas pris conscience de la vitesse à laquelle était passé le temps. Un mois déjà depuis leur première rencontre, et ce soir serait visiblement la dernière fois qu’ils se verraient. Ensuite ... ensuite, il retournerait à sa vie d’avant, un peu plus vide cette fois, et elle ferait ce qu’il lui plairait. L’un sans l’autre. Le prologue de l’histoire qu’ils avaient commencé à écrire serait aussi sa conclusion. Il n’y aurait pas de premier chapitre, pas de premières lignes pour conter une existence qu’il imaginait plaisante, agréable et animée, et qu’il aurait volontiers vécu si seulement les jours n’étaient pas comptés.

-Ne reste pas. S'il te plait. Ca n'est pas la peine vraiment. Ne t'en fais pas. Je suis un peu triste mais dans deux semaines, j'irais mieux. Finalement, c'est encore toi qui seras le plus mal et je suis réellement désolée.

Le lycan haussa un peu les épaules.

- Tant que tu vas mieux, le reste importe peu.

Il n’avait pas hâte du tout que toute cette histoire se termine, et en même temps il attendait la fin avec impatience. Il savait déjà qu’il allait en ressortir avec un cœur brisé, et c’était une douleur qu’il n’avait pas du tout envie d’expérimenter sur le long terme. Il était déjà suffisamment difficile d’écouter Ainsel lui dire de partir, alors, imaginer la suite lui faisait déjà physiquement mal. Pas la peine de penser aux conséquences sur son esprit déjà mal assuré. Et lorsqu’elle brisa définitivement le contact en ramenant ses mains à elle, mettant déjà de la distance entre eux, il crut apercevoir les prémices de cette période de douce folie qui allait le saisir, le rendre incohérent, somnambule, instable, inconsistant, jusqu’à ce que finalement sa raison daigne pointer le bout de son vilain nez.

-Mais ne te méprends pas ! Si j'avais pu, je t'aurais aimé ! Je suis égoïste... Je crois. Je n'en suis pas vraiment sure, tu vois. Mais je sais que je n'aime pas trop qu'on ne pense pas à moi. Si j'avais pu, je t'aurais gardé pour moi, rien que pour moi ! J'aurais trouvé un moyen ! Et puis, si j'avais pu rester plein d'années comme tout les gens, je t'aurais forcé à me faire un fils, parce qu'il aurait été sacrément beau ! T'entends ! Il aurait été magnifique, je l'aurais appelé Saelig, tant pis si ça t'avais pas plu ! Je m'en fiche, parce que je l'aime bien ce nom. Parce qu'on aurait pu prouver que les fées aussi ça à le droit aux 'ils vécurent heureux'... Parce qu'on est un peu des fées toi et moi, tu trouves pas ?... Au final... Je ne peux pas faire ça, Lucian.

Lucian l’écoute en silence, incapable de dire le moindre mot.  Cependant, pendant quelques brefs instants, il se prend au jeu et imagine lui aussi ce qu’aurait pu être cette vie. A quoi aurait bien pu ressembler leurs journées passées tous les deux, puis auquel d’entre eux aurait le plus ressemblé ce fils dont elle parlait. A cette pensée, un mince sourire un peu vide étira doucement ses lèvres. Il aurait beaucoup aimé le connaître, cet enfant imaginaire qu’il ne lui avait donné que dans une vie rêvée.
Il ne savait pas s’ils étaient semblables aux fées des contes. Tout ce qu’il savait, c’était que cette tristesse qui lui broyait le cœur était humaine, bien humaine, et qu’elle avait planté ses griffes acérées dans sa chair et son âme pour mieux le blesser.

-Je ne peux pas faire ça. Je suis encore plus petite que clochette. Je suis si petite. Tellement tellement petite, Lucian, tu n'imagines pas à quel point... Je ne peux rien t'offrir, même pas le début de l'histoire. Si seulement, je n'avais pas été si lente... Mais, tu sais, ce n'est pas grave... Parce que j'ai eu 4 semaines pour la rêver, ma vie idyllique avec toi... Et on peut en faire des rêves en quatre semaines. Alors je ne suis pas si triste parce que finalement, on l'a déjà vécu. Et c'est bien et je suis désolée de ne pas avoir les capacités pour te la montrer, je suis sure que tu aurais bien ri. Mais je vais l'oublier comme j'oublie tout le reste. Mais toi, toi tu la vivras après et en plus de ça je rencontrerais Lyly et je te laisserais jamais tout seul. C'est bien aussi, non ? C'est mieux que rien... Je pense que c'est mieux que rien.

Il la regarda toujours sans rien dire, écoutant cependant. Son sourire était parti comme il était venu, et plus une seule émotion ne subsistait sur son visage à l’exception de la douleur qui brillait dans ses yeux gris et blanc. Ainsel avait pu rêver de cette vie qui lui aurait tant plus, en effet. Elle avait pu passer du temps avec lui, habiller leur fils, se promener avec eux, coudre des habits pour eux, tandis que lui aurait continué ses spectacles et ses jeux. Mais elle avait été seule dans ses rêves. Lui n’avait droit qu’à des adieux qu’il jugeait cruels et incroyablement difficile à accepter. Il allait lui falloir réapprendre à se lever le matin sans penser à elle, puisqu’il n’existerait plus pour elle ; et dans ce cas, pourquoi aurait-elle dû exister pour lui ?
La réponse lui arriva, violente et implacable : parce que lui n’aurait plus que ses rêves pour se souvenir d’elle. Parce qu’elle aurait beau l’avoir oublier, lui ne pourrait pas l’effacer de ses pensées aussi facilement. Et il se complairait dans ce monde imaginaire encore plus longtemps, plus profondément qu’il ne l’avait fait jusqu’à présent avec son univers détraqué et étrange. Ainsel avait raison : cette vie avec elle, il la vivrait plus tard. De manière distordue, difforme, trompeuse.
Il amorça un mouvement pour tendre la main vers elle en la voyant pliée en deux, secouée de soubresauts, puis se ravisa au dernier moment et laissa son bras continuer à pendre mollement le long de son flanc.

-Je n'ai pas le temps de cacher mes sentiments comme tout le monde. Je suis comme ça. Je t'aime. Peut-être que tu ne m'aimes pas et je m'en fiche éperdument parce que moi je t'aime, je t'ai aimé et j'ai aimé ma vie imaginaire avec toi. Je disparaitrais en ayant eu la chance et la joie profonde de t'aimer.

Le lycan la regarda sourire et pleurer en même temps, et il aurait souhaité pouvoir faire la même chose : être malheureux maintenant, beaucoup, et puis aller mieux dans deux semaines. Elle l’aimait, et il réalisait maintenant que c’était réciproque. Mais elle serait sauvée d’ici une poignée de jour ; lui se contenterait d’attendre que le temps veuille bien apaiser un peu ses blessures.
Il se força à sourire un peu.

- Je suis heureux d’avoir pu t’apporter au moins ça. Et puis, je pense qu’avant que tu ne partes, tu aimerais savoir que ces sentiments sont réciproques.

Se penchant, il ramassa la bague qu’elle avait brisée et la déposa dans sa main sans la toucher, ne voulant pas la toucher à nouveau alors que se défaire de son contact avait été si difficile.

- Tu as l’air d’avoir imaginé une très jolie vie, et je suis content de t’avoir rendue heureuse. Même si, de toi à moi, j’aurais préféré que tu la vives vraiment avec moi, et non pas avec un rêve.

Il lui sourit un peu, et la détailla longuement, une toute dernière fois, imprimant au fer rouge l’image de la demoiselle papillon dans sa mémoire. Puis, prenant sur lui, et faisant un effort surhumain, il tourna les talons et s’éloigna vers la sortie.

- Saelig ... dit-il. C’est un très joli nom.

Avant de descendre, il s’arrêta et se retourna, la regardant une dernière fois. Il aurait donné n’importe quoi pour que tout ceci ne soit qu’une mauvaise blague, et qu’ils se retrouvent dans les bras l’un de l’autre à rire de la farce qu’ils se seraient joué.
Que cette idée était séduisante.

- Au revoir, Ainsel.

Il s’engouffra par la trappe menant à l’intérieur du bâtiment. Il atterrit souplement sur le sol, soulevant un fin nuage de poussière. Mains dans les poches, il s’éloigna, la mort dans l’âme, jusqu’à passer devant une rangée de grands miroirs en pied. Une silhouette qu’il connaissait bien y apparu, l’air contrite.

- Alors tu t’en vas comme ça .. ? Vraiment ?

Le saltimbanque se retourna vers la jeune femme aux lèvres cousues de noir qui le regardait depuis l’intérieur de la glace.

- Oui, vraiment.
- Mais ... tu avais l’air si bien avec elle. Tu comptes la quitter comme ça ?
- Je te signale que c’est elle qui me chasse, Lyly. Tu l’as vu aussi bien que moi. Et puisque je ne serai même plus un souvenir pour elle d’ici deux semaines, pourquoi lui déplaire en insistant pour rester ?
- Mais Lucian ... tu seras tout seul ...

Le grand homme fronça les sourcils et avança vers le miroir, mâchoires serrées.

- Non tu crois ? Et explique-moi en quoi ça changerait quelque chose. Hmm ? En quoi ça serait différent de d’habitude ? Je suis toujours tout seul, Lyly, toujours. C’est comme ça depuis le début, ça n’a jamais changé. Ni toi ni les autres ne pouvez vous substituer à une vraie chaleur, une vraie présence, quelqu’un que je puisse toucher, dont je puisse sentir le parfum, qui puisse sentir le mien. Mais personne ne vient jamais. Je ne suis pas méchant, je suis juste un peu fou, et ça suffit à faire de moi un paria, un marginal que jamais personne n’approche. Alors je reste seul. Toujours tout seul.

Lyly le regarda, l’air sincèrement peiné. Elle l’aurait sûrement pris dans ses bras pour le consoler si seulement elle existait.

- Lucian, je suis désolée ...
- Non, tu ne l’es pas, répondit-il, laconique.
- Si, je le suis. J’aimerais faire quelque chose pour toi. J’aimerais vraiment.

Lucian la regarda et lui adressa un sourire si triste qu’il aurait fait se fendre les pierres.

- Va-t’en, Lyly. Reviens quand je serai assez fou pour oublier que tu n’es qu’une hallucination qui ne vit que dans ma tête.

La silhouette dans le miroir le dévisagea, choquée et les yeux pleins de larmes, et s’évapora, le laissant seul face à son reflet.
Le lycan se détailla longuement, se trouvant lamentable.
En soupirant, il finit par tourner les talons et marcha vers l’entrée du bâtiment, allant chercher ses affaires, près à partir d’ici et à ne plus jamais y revenir. A ne plus jamais revoir la femme qu’il aimait.
Puisque telle était la volonté d’Ainsel.
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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime26.10.13 23:52

Lucian sourit, Ainsel trouvait que le sourire sonnait faux. Il lui fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Elle pleurait toujours, n'avait pas arrêté et la réaction faussement stoïque de Lucian n'arrangeait rien. Elle sentait son cœur se briser peu à peu, encore et encore. Elle n'imaginait pas qu'une telle douleur pouvait disparaître.

- Je suis heureux d’avoir pu t’apporter au moins ça. Et puis, je pense qu’avant que tu ne partes, tu aimerais savoir que ces sentiments sont réciproques.

Le monde se figea littéralement. Elle ferma les yeux un long moment et secoua la tête. Comment ça... Comment ça c'était reciproque... Elle ne s'était pas du tout attendu à ça. Pas du tout. Elle avait envie de le retenir tout à coup. De le garder exclusivement pour elle. Juste pour elle. Elle n'en fit rien. Deux semaines, c'est tout ce qu'il lui restait. Elle ne pouvait pas infliger ça à Lucian, n'est-ce pas ? C'était de la torture. Elle regarda se baisser, ses larmes avaient cessées de couler sous la surprise. Son cœur venait de s'arrêter, elle ne savait pas si c'était littérale ou si c'était juste une impression. Elle savait que ça faisait mal en revanche, très très mal. Ses ailes disparut tant elle était accablée. Elle le suivit des yeux, le vit ramasser les morceaux de bagues et les déposer dans sa main qu'elle avait tendue par automatisme. Elle fit jouer les morceaux dans sa mains, certains étaient coupants.

- Tu as l’air d’avoir imaginé une très jolie vie, et je suis content de t’avoir rendue heureuse. Même si, de toi à moi, j’aurais préféré que tu la vives vraiment avec moi, et non pas avec un rêve.

Ainsel aussi aurait aimé. Pour la première fois de cette courte vie et de toute les autres d'ailleurs, elle aurait voulu se souvenir, arrêter d'oublier. Sa condition la rendait triste et elle la rendait triste parce qu'elle ne pouvait rien offrir à Lucian. C'était la stricte vérité. Il lui restait si peu de temps. 15 jours... C'était quoi 15 jours. Elle ne pouvait pas lui faire l'affront de rester près de lui, d'apprendre à le connaître, le laisser espérer pour tout briser à l'aurée du 16ieme... Elle hocha lentement la tête, ses poings se serrant, la douleur de sa main, des éclats déchirant sa peau fine, ne lui parvint que de manière diffuse. Tout ça n'avait absolument aucune importance. Cette douleur partirait d'ici quelques heures. Celle qu'elle sentait actuellement au plus profond de son cœur, elle, refusait obstinément de montrer un échappatoire quelconque. Même le fait qu'elle finirait par oublier lui semblait particulièrement stupide et improbable. Les mots lui manquaient, elle aurait voulu lui dire qu'elle aurait aimé la vivre vraiment. Elle aurait aimé lui raconter toutes les merveilleuses choses qu'elle et lui aurait plus faire. Il l'avait rendue heureuse, oui. Dans ses rêves, elle avait été heureuse mais un coté d'elle lui hurlait qu'elle voulait réellement le savoir. Elle voulait voir si ce qu'elle avait imaginé était vrai. Elle voulait savoir ça. Elle en mourrait d'envie. Elle voulait qu'il lui apprenne à danser avec le feu, même si elle le savait déjà. Elle savait déjà mais elle aurait fait semblant. Juste pour être avec lui. Elle aurait même été capable de se brûler pour qu'il la soigne, pour qu'il se sente important dans sa courte existence à elle. Elle aurait donné cher. Très cher pour pouvoir rester elle encore plusieurs semaines, pour que ses souvenirs ne s'estompent pas. Elle le vit se détourner et commencer à s'éloigner. Elle fit un pas en avant, se figea, se contraignant à ne pas bouger. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle essayait de s'en convaincre. Elle essayait et y parvenait presque à force.

- Saelig ... C’est un très joli nom.

Ainsel plaqua sa main libre sur sa bouche, étouffant un nouveau sanglot et tombant littéralement à genoux. Elle avait rêvé. Elle avait rêvé ce que venait de dire Lucian. Elle l'entendait encore clairement, sauf que la situation était plus joyeuse. Elle était dans ses bras, la main sur son ventre et lui aussi. Il parlait à l'être qui grandissait dedans. Elle l'imaginait profondément gâteux quand à la vie qui grandissait en son sein... Il l'aurait été. Elle en était persuadé. Elle était pliée en deux, le front posée contre la mousse fraîche qui absorbait ses larmes sans prendre en compte la douleur qu'elles contenaient. Elle était silencieuse, tellement silencieuse. Ca ne lui ressemblait pas. Elle aurait hurlé sa douleur à la face de Lucian si seulement elle n'avait pas voulu le préserver de ça. Pour une fois, elle était responsable de la situation. Complètement responsable. Elle ne pouvait pas en vouloir à l'homme. Elle ne pouvait en vouloir qu'à elle-même et à sa stupide tête. A sa mémoire et au monde qui l'avait faite trop petite pour aimer Lucian. Trop petite pour réaliser cette vie rêvée. C'était injuste mais elle était démunie face à elle. Elle n'y pouvait rien. Elle ne pouvait pas trouver de remède miracle....

- Au revoir, Ainsel.

Elle l'entendit descendre et laissa éclater ses larmes pour de bons. Elle n'avait pas eu la force de lui répondre. Elle n'avait pas su rester digne. Elle se haïssait au plus haut point. Elle avait voulu faire une belle dernière impression et elle se rendait compte qu'elle avait misérablement échoué à cette tache. Tellement bien qu'elle avait réduit à néant tout ce qui restait. Elle se détestait. Elle frappa du poing  le sol à plusieurs reprises, les éclats pénétrèrent plus profondément dans sa chair. La douleur ne calma rien, n'envenima rien non plus. Tout, désormais, semblait vide... Son cœur hurlait, sa tête était au supplice. Elle se leva finalement, tant bien que mal, parcourut de soubresauts incontrôlables et douloureux. Elle s'approcha de la trappe dans l'espoir de voir une dernière fois l'homme de dos. Elle l'entendait mais ne le voyait pas.

- Oui, vraiment.

Lyly devait être là, quelque part à coté de lui. Ainsel hocha lentement la tête. Il n'était pas seul alors... Il n'était pas seul. Ses yeux se posèrent sur le miroir qui lui permettait aussi de se dire à elle-même qu'elle ne l'était pas. Elle se mordit les lèvres. Qu'avait-elle fait... ? Que lui avait elle fait ? Elle aimait se jouer des hommes mais Lucian n'était pas un homme, c'était Lucian. C'était le fabuleux saltimbanque aux ailes merveilleuses...

- Je te signale que c’est elle qui me chasse, Lyly. Tu l’as vu aussi bien que moi. Et puisque je ne serai même plus un souvenir pour elle d’ici deux semaines, pourquoi lui déplaire en insistant pour rester ?

Ainsel se mit de nouveau à pleurer, son cœur fragile influençait sa tête. Elle commençait à espérer que Lyly le convainque de faire demi tour et d'insister. Elle l'espérait vraiment, de toute son âme de tout son être...

- Non tu crois ? Et explique-moi en quoi ça changerait quelque chose. Hmm ? En quoi ça serait différent de d’habitude ? Je suis toujours tout seul, Lyly, toujours. C’est comme ça depuis le début, ça n’a jamais changé. Ni toi ni les autres ne pouvez vous substituer à une vraie chaleur, une vraie présence, quelqu’un que je puisse toucher, dont je puisse sentir le parfum, qui puisse sentir le mien. Mais personne ne vient jamais. Je ne suis pas méchant, je suis juste un peu fou, et ça suffit à faire de moi un paria, un marginal que jamais personne n’approche. Alors je reste seul. Toujours tout seul.

Ainsel secoua la tête en l'entendant. Elle ferma les yeux et laissa de nouveau s'écouler les larmes. Elle ne voulait pas que Lucian se sente comme ça. Pas à cause d'elle, ni à cause de personne d'ailleurs. Elle ne voulait pas.  Elle s'était penchée si profondément dans le trou qu'elle tenait dans cette posture uniquement grâce à une main, la main dont les éclat de bagues fourrageaient la chair rageusement. Ainsel ne prêta pas un seul instant attention à la douleur lancinante de son bras. Elle écoutait Lucian et elle appréhendait. Elle lui avait fait tant de mal que ça ? Il était toujours tout seul ? Comme elle ? Elle baissa les yeux et se mit à penser que peut-être... 2 semaines, c'était long quand on se sentait seul. 4 semaines lui avaient paru être une éternité lorsqu'elle avait cherché Lucian. Alors peut-être que deux semaines ne seraient pas si mal... Qu'importe la fin... Qu'importe la fin. Elle ne savait pas, elle était perdue. Trop petite pour ces sentiments contradictoires, elle ne savait plus quoi faire...

- Va-t’en, Lyly. Reviens quand je serai assez fou pour oublier que tu n’es qu’une hallucination qui ne vit que dans ma tête.

Ainsel écarquilla les yeux. Elle ne savait pas grand chose de la folie de Lucian mais il lui avait parlé de Lyly... Lyly était la meilleure amie de Lucian. L'entendre la traiter d'hallucination lui fit l'effet d'un électrochoc. Elle cligna des yeux et sécha ses larmes d'un revers de manche et, toujours terriblement triste, elle descendit de son perchoir, se cassant la figure lorsque ses ailes refusèrent d'éclore. Elle était trop triste pour ça. Beaucoup trop douloureuse pour que la « magie » opère. Elle se redressa comme elle pu, sa robe déchirée à de nombreux endroits. Elle ne s'en souciait pas. Elle avait atterri sur un matelas ou quelque chose de mou par un miracle pur et simple. Elle ne s'en souciait pas. Elle escalada les montagnes d'objet, dépassant les télés pour arriver à l'entrée où elle vit Lucian, il s'apprêtait à s'en aller sans rien dire, parce qu'elle lui avait demandé... Parce qu'elle lui avait demandé. Elle tendit la main vers lui et la ramena à elle et s'avança encore un peu. Elle se rendait compte qu'elle avait pris sa décision depuis qu'elle était tombé du toit. Elle sourit et passa ses bras autour de la taille de Lucian, les mains posées non loin du cœur de l'homme, la tête enfouie dans son dos. Elle resta comme ça un long moment. Un très très long moment, lui sembla-t-il. Elle finit par poser sa joue contre le dos de Lucian pour pouvoir parler. Elle se pressa un peu plus contre lui.

-Non... Ne pars pas. Je ne veux pas que tu sois tout seul, Lucian. Je n'aime pas que tu sois tout seul. Ne pars plus. Reste.

Elle ne savait pas vraiment si elle faisait ça pour lui ou si elle le faisait pour elle. Mais ça n'avait plus d'importance. Elle se glissa devant Lucian, ne remarquant pas un instant la tache rouge qu'elle avait laissé sur sa chemise d'un blanc éclatant. Elle leva les yeux vers lui en louchant un peu, toujours blottit contre lui.

- Je t'approche, moi. Je t'aime, même. Je n'ai pas peur de toi et j'aime que tu soi marginal. Tu as des ailes, comme moi. Et puis tu es tout seul aussi.... Comme moi...

Elle baissa les yeux et hausse les épaules et pose son front contre le torse de Lucian.

-Mais... Mais je n'ai que deux semaines à t'offrir. Après. J'oublierais. J'oublie toujours. Toujours. Je n'y peux rien. Je suis toute petite...

Les larmes remplissaient de nouveau ses yeux, elle mordilla ses lèvres pour s'empecher de pleurer. Elle avait déjà beaucoup trop pleurer à son goût. Elle se força à parler.

-Lucian, je ne veux pas oublier. Je ne veux pas disparaître, pas maintenant. Mais ça arrivera. Comme avec la moi d'il y a 4 semaines et celle d'avant encore...

Elle  se tendit et retint ses larmes.

- Je ne veux pas que tu partes. Mais... mais dans 2 semaines... Qu'est-ce qui arrivera ? Ca sera pire pour toi non ? Je n'ai pas envie que ça soit pire pour toi, tu comprends ? Je n'ai pas envie que ça soit dure tout court mais ça... Je n'ai plus le choix.

Elle secoua la tête doucement et inspira l'odeur de Lucian. Elle finit par lever les yeux vers lui et posa sa main intacte sur la joue de Lucian. Elle sourit doucement, beaucoup plus assurée. Elle prenait sur elle et la présence de Lucian la détendait.

-Et on a le temps d'en faire, des rêves, en deux semaines. N'est-ce pas ?
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Lucian Merowech

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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime28.10.13 9:47

Lucian entendit le bruit derrière lui, mais ne se retourna pas pour autant. Il avait peur qu’en se retournant, sa volonté de partir faiblisse et qu’il fasse demi tour, retournant auprès de la jeune femme debout sur son toi qui leur avait rêvé une vie tous les deux. Il venait d’envoyer paître la seule amie qu’il avait vraiment, hallucination récurrente de son esprit malade mais qui avait au moins le mérite d’être là. Et maintenant, il n’y avait plus personne. Il était tout seul.
En soupirant, debout devant la porte d’entrée, il s’apprêtait à se baisser pour récupérer ses affaires et partir, lorsqu’il sentit des bras se glisser autour de sa taille et des mains se poser près de son cœur – cœur qui ne manqua pas de rater un battement à l’occasion. Le grand homme se figea, se demandant un instant à quoi tout cela rimait. Pourquoi lui faire ça maintenant alors qu’il lui était déjà si difficile de partir ? Pourquoi venir le chercher, l’empêcher d’avancer ? Il se dit alors que ça ne devait pas être Ainsel, ou alors, seulement la vision qu’il en avait eu un mois plutôt. Cela ne devait être que ça, une hallucination de plus, l’une qui toucherait ses cinq sens, et rien de plus. La vraie Ainsel devait sûrement être restée sur son toit.

-Non... Ne pars pas. Je ne veux pas que tu sois tout seul, Lucian. Je n'aime pas que tu sois tout seul. Ne pars plus. Reste.

Son cœur lui fit mal, sa tête lui fit mal, tout son être lui fit mal alors qu’il se retrouvait perdu à ne plus savoir quoi faire. Elle lui avait demandé de partir, et maintenant elle lui demandait de rester. Et lui ne savait que choisir. Il ne voulait pas s’éloigner d’elle, retourner dans les rues de Naniwa à errer des heures durant avant de regagner sa petite chambre au fond de son hôtel miteux, tout ça pour se retrouver allongé sur son lit à fixer le plafond en attendant le sommeil qui ne viendrait pas. Il la sentit bouger et la regarda se poster devant lui, se dressant devant la sortie qu’il ne savait plus s’il devait emprunter ou non.

- Je t'approche, moi. Je t'aime, même. Je n'ai pas peur de toi et j'aime que tu soi marginal. Tu as des ailes, comme moi. Et puis tu es tout seul aussi.... Comme moi...

Le lycan la regarda et pencha très légèrement la tête sur le côté. Elle avait raison : ils étaient seuls tous les deux. Lui n’avait que ses visions pour lui tenir compagnie, et elle ... eh bien, elle collectionnait, apprenait, remplissait ses journées comme elle le pouvait, mais au final, elle le faisait sans personne à ses côtés, ce qui n’était pas forcément plus glorieux. C’était même assez triste. A tel point qu’il se demanda lequel était le plus triste des deux : elle avec le silence, ou lui avec ses fantômes.
Lorsqu’elle appuya la tête contre son torse, il eut un moment d’hésitation, puis posa doucement la main contre son crâne. Le geste avait été automatique, presque irrépressible. Il aurait pu se retenir de le faire, laisser la distance entre eux, mais il n’en avait pas envie. Il n’en avait plus envie.

-Mais... Mais je n'ai que deux semaines à t'offrir. Après. J'oublierais. J'oublie toujours. Toujours. Je n'y peux rien. Je suis toute petite... Lucian, je ne veux pas oublier. Je ne veux pas disparaître, pas maintenant. Mais ça arrivera. Comme avec la moi d'il y a 4 semaines et celle d'avant encore...

Il commençait à comprendre, maintenant. Depuis qu’elle lui avait parlé de cette échéance, il avait cru comprendre qu’il s’agissait d’une quelconque maladie mortelle, quelque chose qu’il la ferait disparaître de la surface du monde d’ici quinze jours. En réalité, ce serait quelque chose de beaucoup plus « simple » : sa mémoire serait effacée. Il ne voyait que ça. Il ne comprenait pas ce que ça aurait pu être d’autre. D’ici quinze jours, Ainsel aurait oublié une existence qui ne devait pas dépasser les six semaines. Six petites semaines. Un mois et demi pour vivre et mourir. Il comprenait maintenant pourquoi ce délai dont elle lui parlait était si redoutable à ses yeux.

- Je ne veux pas que tu partes. Mais... mais dans 2 semaines... Qu'est-ce qui arrivera ? Ca sera pire pour toi non ? Je n'ai pas envie que ça soit pire pour toi, tu comprends ? Je n'ai pas envie que ça soit dure tout court mais ça... Je n'ai plus le choix.

Lucian la regardait toujours sans rien dire ; le peu de mots qui lui venaient à l’esprit restaient coincées au fond de sa gorge. Il aurait bien aimé parler, mais il aurait été bien vain d’essayer de retransmettre en sons l’état de ses pensées. Peu à peu, le monde s’effaçait de nouveau. Il n’y avait plus d’entrepôt, plus de coffre de cracheur de feu, plus de porte, plus rien. Rien, à part lui et la jeune femme qui vint poser la main sur sa joue, et sur laquelle il mit la sienne, toujours doucement, l’estomac noué, tremblant très légèrement peut-être.

-Et on a le temps d'en faire, des rêves, en deux semaines. N'est-ce pas ?

Le grand homme la regarda longtemps, puis finit par sourire. Un sourire un peu fatigué, mais éminemment rassuré, et heureux aussi. Elle voulait bien le laisser rester, finalement. Alors, peut-être que les deux semaines à venir ne se passeraient pas si mal que ça. Il aurait au moins le temps de profiter un peu de sa présence avant qu’elle ne s’évapore et ne laisse la place à une autre personne qui ne le connaitrait pas. Au moins, il serait là jusqu’au bout, avec elle, et pour le moment, cela lui suffisait amplement.

- On a le temps de faire beaucoup de choses en deux semaines, si on sait comment s’occuper.

Il ne savait pas trop comment il se sentait. Il avait l’impression d’être dans du coton, un état étrange et douillet dans lequel il se sentait bien, et qui contrastait furieusement avec le désespoir naissant qui lui avait rongé le cœur quelques minutes auparavant. Il préférait mille fois cet état, même s’il devait ne durer que deux semaines, à une résignation solitaire qui aurait fini par le ronger petit à petit. Plutôt vivre heureux un court moment avec la personne qu’il aimait plutôt que de tout abandonner maintenant et continuer seul encore longtemps. On ne leur avait donné que deux semaines ? Et bien soit, ils profiteraient de ces deux semaines.
Doucement, il se pencha et déposa un baiser sur le front de la jeune femme.

- J’ai encore beaucoup de choses merveilleuses à te montrer, et je suis certain que tu as encore bien des surprises cachées dans tes manches.

Il sourit, puis remarqua que quelque chose clochait. Baissant les yeux, il vit la grande trace rouge sur sa chemise, et se demanda d’où elle pouvait bien provenir lorsqu’il réalisa que la main d’Ainsel dégoulinait de sang. Il fronça les sourcils et la pris entre les siennes, détaillant les chairs déchirées et les petits morceaux de métal incrustés dans sa paume.

- Eh bien, belle dame, comment diable as-tu réussi à te faire ça ?

La lâchant, Lucian se tourna vers son coffre et l’ouvrit, révélant tout un tas d’accessoires, de torches, de bolas, de bouteilles remplies de cette huile bien spéciale. Fouillant dans tout ce fatras, il finit par en ressortir un petit pot de pommade et des bandages propres. Personne n’était à l’abri d’un accident, surtout en manipulant le feu, et le saltimbanque avait plusieurs fois fait les frais d’une mauvaise manipulation qui lui avait valu brûlures et coupures tout à fait désagréables.
Se tournant vers la jeune femme, il reprit sa main et l’essuya du sang qui la poissait, puis y appliqua le baume à l’odeur de lavande, et finalement l’enveloppa délicatement dans les bandes de gaze. Une fois le pansement fait, il sourit.

- Et voilà. Il serait dommage que tu te fasses mal maintenant, tu ne penses pas ?

Le grand homme aux yeux gris et blanc planta son regard dans celui de la demoiselle papillon, ne lâchant pas un instant la main qu’il venait de soigner.

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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime10.11.13 17:09

Ainsel resta immobile tandis qu'il la regardait. Elle appréhendait. Et si son changement d'attitude était arrivé trop tard ? Et si Lucian lui en voulait déjà ? Elle ne le supporterait pas. C'est tout ce qu'elle savait. Elle ne voulait pas qu'il parte, ce qui signifiait qu'il n'avait pas d'autre choix que de rester. Elle avait cependant conscience qu'il pouvait choisir de partir à tout instant et qu'aucune des actions de la femme papillon, alors, ne permettrait de le retenir. Il fallait dire qu'elle n'aurait sans doute pas eu le cœur à le retenir, toute à sa tristesse. Le sourire de Lucian réapparut finalement sur son visage, comme un soleil en plein hiver. Elle sourit avec lui, sans trop comprendre pourquoi ou comment. Elle pencha la tête sur le coté, elle réalisait que ce sourire n'était plus tout à fait celui du grand fou. Il y avait d'autres choses dans ce sourire. Elle n'arrivait pas à déterminer quoi  et quelque part, cela lui convenait parfaitement. A partir du moment où ce sourire n'était destiné qu'à elle. Inconsciemment, elle avait laissé les doigts de Lucian se glisser entre les siens. Elle caressait sa joue du pouce et ce geste, qu'elle n'avait jamais fait, lui semblait couler de source. Elle avait la sensation que cela découlait d'une logique qui la dépassait et qui n'était applicable que lorsqu'il s'agissait de Lucian. Elle aurait déteste avoir à le faire à quelqu'un d'autre. Ce geste ne s'appliquait qu'à lui et à lui seul.

- On a le temps de faire beaucoup de choses en deux semaines, si on sait comment s’occuper.

Ainsel sourit malgré son envie de pleurer à nouveau. Deux semaines, c'était incroyablement court. Elle le réalisait à sa pleine mesure pour la première fois de toutes ses existences. Elle hocha lentement la tête puis le vit s'approcher d'elle. Tout s'eclipsa. C'était comme dans les films qu'elle avait vu. Il allait l'embrasser. Comme dans les films, la musique en moins. Son cœur se mit à battre la chamade, le stress montait. Elle n'avait jamais embrassé personne, même pas par mégarde. Elle avait peur mais elle était éminemment heureuse aussi. La seule reflexion qu'elle parvint à se faire fut : « fais attention à ne pas baver, ça n'est pas digne de toi. Elle avait rosi et ce fut avec toute la surprise du monde qu'elle le sentit embrasser son front. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement, d'abord, puis beaucoup plus visiblement. Une moue enfantine de contrariété peinte sur son visage.

- J’ai encore beaucoup de choses merveilleuses à te montrer, et je suis certain que tu as encore bien des surprises cachées dans tes manches.

Ainsel ne répondit pas regardant toujours Lucian avec cette petite moue mécontente. Dans les films, lorsqu'on se déclarait son amour, il y avait un baiser sur un couché de soleil avec une belle musique romantique. Oh, elle savait bien que la télé n'était pas réellement le miroir de la réalité mais quand même... Elle ne demandait pas le couché de soleil ni la musique mais le baiser, tout de même, lui semblait un minimum. Elle ne se l'avouait pas mais cela la vexait assez. Il l'aime, elle l'aime, ils s'embrassent... N'était-ce pas comme ça que c'était sensé marcher ? En tout cas, c'est comme ça que Ainsel avait imprimé le modèle. Aussi en voulait-elle à Lucian de ne pas l'avoir embrassé comme il se faisait dans tout les films qu'elle avait vu. Il souleva sa main blessée, elle réalisa finalement la douleur qui irradiait sa main depuis déjà un bon moment. Elle ne dit rien, regardant sa main comme si c'était la grande fautive. Si cette main n'avait pas été blessée, il n'aurait pas arrêté de la regarder et finalement, elle en était convaincue, il l'aurait embrassée. Comme il aurait dû le faire de longue minutes auparavant.

- Eh bien, belle dame, comment diable as-tu réussi à te faire ça ?

Ainsel haussa les épaules en boudant toujours. Elle s'en fichait pas mal de comment elle s'était fait cette blessure. Elle le savait parfaitement en plus et quelque part, ça l'enervait encore plus. Les morceaux de bagues n'avaient pas quitté sa main depuis que Lucian les lui avait rendu. Il n'était pas dure de deviner la suite. Voilà. Fin de l'explication. Y avait-il besoin de porter autant d'attention à cette main ? Etait-il nécéssaire de la soigner dans la minute ? N'aurait-il pas pu l'embrasser avant cela ? Ou alors il ne voulait pas... Cette réflexion acheva de la vexer. Elle jalousait sa propre main. Elle qui avait toute les attentions de Lucian. Elle était satisfaite qu'elle ai mal. C'était bien fait pour elle, elle n'avait pas à lui voler Lucian contre la bonne volonté de Ainsel. Ça n'était ni accepté, ni même acceptable.

- Et voilà. Il serait dommage que tu te fasses mal maintenant, tu ne penses pas ?

Oh, elle se fichait bien d'avoir mal ou non. Elle s'en moquait même tout à fait. Pour l'instant, ses yeux bleu mouchetés lançaient des éclairs. Non, elle n'était pas contente... Il tenait sa main mais elle ne voyait pas arriver le fameux baiser, voilà qui confirmait ce qu'elle pensait. Il ne voulait pas. Et bien, n'en déplaise à Lucian, elle, elle voulait. Elle se perdit dans ses yeux cependant. De longues minutes, il fallait bien qu'elle se l'avoue puis la frustration et la vexation revinrent se faire une place dans sa petite tête. Lancinante, toutes deux. Elle dégagea sa main à qui elle lança un regard assassin puis se détourna de Lucian, lui faisant dos. Elle avait gardé tout le long cette bouille d'enfant mécontente et, il fallait l'avouer, pourrie gatée. Elle fit un pas ou deux vers la porte. Elle n'allait pas partir mais elle n'était pas contente. Lorsque Lucian approcha, elle laissa sortir ses ailes qui s'ouvrirent sur son visage, le faisant reculer.
Elle réalisa que c'était une idée bien stupide lorsqu'une douleur lancinante parcourut ses ailes comme si on les avait electrocutés. Elle cligna des yeux un instant, reprenant son souffle et par la même occasion reprenant contenance. Elle secoua la tête, remit ses cheveux en place. Elle finit par dire, d'une voix boudeuse et enfantine.

-Dans les films, quand les gens s'aiment et qu'ils se retrouvent et que ça finit bien. Ils s'embrassent. Je ne sais pas trop comment on s'embrasse mais je suis sûre qu'ils le font.

Elle se retourna vers Lucian, avec cette expression toujours vexée qui la rendait à la fois superbe et enfantine.

-Alors, je crois que tu ne veux pas. Et je n'aime pas ça parce que moi j'aimerais bien, vois-tu ? Et tu as dit que c'était réciproque.

Elle soupire et montre sa main.

- Et tout ça, à cause d'elle ! Ah ! Ce n'est vraiment pas du jeu ! Mais alors si c'est réciproque, pourquoi ça n'est pas comme dans les films ? Je suis presque sure que c'est pareil dans la vraie vie, dans la rue, il a des gens qui s'embrassent. Alors oui, certes, il n'y a pas le couché de soleil et la musique parce que c'est dans la rue – et des fois je trouve ça quand même un peu sale – et il me semble compliqué de voir un couché de soleil alors qu'il fait déjà très nuit et je n'ai pas de jolie musique et si c'est moi qui la mettait ça serait beaucoup trop téléphoné, n'est-ce pas ? Mais le baiser, ça, c'est pas si dure. Si ?

Elle ne s'en rendait pas compte mais elle parlait relativement vite, à vrai dire, si son discours semblait partir dans tout les sens, c'est qu'elle suivait sans vraiment refléchir les pérégrinations de son esprit sur la question. Elle finit par regarder Lucian et cligner des yeux.

- Ah... Oui... Mais si je te le demande, c'est pas bien, parce qu'il demande pas dans les films. Ca vient tout seul. Alors, est-ce que ça veut dire qu'on ne peut plus s'embrasser ? Ou bien, est-ce qu'il y a des cas spéciaux où on peut s'embrasser en ayant demander ? Finalement, c'est peut-être plus compliqué que je ne le croyais....

Elle prend son menton entre ses mains, réfléchissant puis s'arrêta et regarda Lucian en fronçant les sourcils. Elle croisa de nouveau les bras et tourna la tête sur le droit, nez levé et dit d'un ton très déterminé.

-En tout cas, ça ne me plait pas, Lucian. » conclut-elle.
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Lucian Merowech

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MessageSujet: Re: De chair et de monstres (pv Lucian)   De chair et de monstres (pv Lucian) Icon_minitime27.11.13 0:12

La réaction d’Ainsel laissa Lucian quelque peu perplexe. Oh bien sûr, il ne s’était pas attendu à quelque chose d’extraordinaire – il ne savait même pas à quoi il s’était attendu tout court – mais cette moue boudeuse le surpris assez. Tout comme la voir lui faire dos et s’éloigner de lui envoya dans son esprit quelques vagues de paniques. Pourquoi partait-elle cette fois ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Qu’est-ce qui avait bien pu encore se passer pour qu’il se retrouve une nouvelle fois à devoir tendre la main vers elle pour essayer de l’atteindre ?
Mais sitôt qu’il eut fait un pas vers elle, il eut le grand plaisir d’être le premier être vivant à pouvoir prétendre s’être pris des ailes de papillons en pleine tête – enfin, des ailes géantes de papillon, sinon ça n’a plus aucun intérêt. Le lycan recula en clignant des yeux et se massa le nez ; il remarqua que sa main était couverte d’une fine poussière bleue et noire, et que son visage devait sûrement être marbré des minuscules écailles que le choc avait décollé des ailes d’Ainsel. Utilisant sa manche, il se frotta vigoureusement les joues, le front et le nez, laissant seulement quelques petites traces ça et là qu’il n’avait pas réussi à atteindre.
Le saltimbanque ouvrit la bouche pour parler, mais la demoiselle le devança.

-Dans les films, quand les gens s'aiment et qu'ils se retrouvent et que ça finit bien. Ils s'embrassent. Je ne sais pas trop comment on s'embrasse mais je suis sûre qu'ils le font.

Lucian cligna des yeux, assez surpris par cette déclaration ; quelque part, la jeune femme n’avait pas tort : un baiser aurait été la chose la plus naturelle à faire. Et pourtant, il n’y avait pas pensé. Enfin, si, il y avait pensé, mais étrangement, il n’avait rien fait, et il ne comprenait pas trop pourquoi.
Il la regarda se retourner vers lui, sa bouille de petite fille vexée toujours présente.

-Alors, je crois que tu ne veux pas. Et je n'aime pas ça parce que moi j'aimerais bien, vois-tu ? Et tu as dit que c'était réciproque.

Une fois encore, il ouvrit la bouche pour répondre, pour lui affirmer que c’était vraiment réciproque et qu’il allait le lui prouver, lorsqu’elle se remit à parler.

- Et tout ça, à cause d'elle ! Ah ! Ce n'est vraiment pas du jeu ! Mais alors si c'est réciproque, pourquoi ça n'est pas comme dans les films ? Je suis presque sure que c'est pareil dans la vraie vie, dans la rue, il a des gens qui s'embrassent. Alors oui, certes, il n'y a pas le couché de soleil et la musique parce que c'est dans la rue – et des fois je trouve ça quand même un peu sale – et il me semble compliqué de voir un couché de soleil alors qu'il fait déjà très nuit et je n'ai pas de jolie musique et si c'est moi qui la mettait ça serait beaucoup trop téléphoné, n'est-ce pas ? Mais le baiser, ça, c'est pas si dure. Si ?

Lucian la regardait, bouche bée. Si on lui avait dit un jour qu’il la verrait si bavarde et si prompt à parler sur un tel sujet – qui visiblement lui tenait à cœur – il n’en aurait rien cru. Et pourtant, il la voyait, devant lui, aussi pipelette que lui en temps normal, son discours suivant le chemin quelque peu tortueux de ses pensées en cet instant.
Le grand homme fit une nouvelle tentative pour prendre la parole.

- Mais c’est-à-dire que –

Peine perdue : Ainsel le fixa de nouveau dans les yeux et reprit de plus belle, ne lui laissant pas la moindre chance de placer un mot.

- Ah... Oui... Mais si je te le demande, c'est pas bien, parce qu'il demande pas dans les films. Ca vient tout seul. Alors, est-ce que ça veut dire qu'on ne peut plus s'embrasser ? Ou bien, est-ce qu'il y a des cas spéciaux où on peut s'embrasser en ayant demander ? Finalement, c'est peut-être plus compliqué que je ne le croyais....

Il cligna des yeux une nouvelle fois, impressionné par ce débit de parole et ces phrases qui, quelque part, n’avaient pas vraiment de sens. Ou plutôt si, ils en avaient un, mais Lucian avait un peu de mal à comprendre lequel. Après tout, il éprouvait déjà bien des difficultés à se suivre lui-même lorsqu’il partait dans des divagations pareilles, alors suivre quelqu’un d’autre, voilà qui allait s’avérer bien compliqué.
Il la regarda s’attraper le menton et réfléchir comme une élève appliquée, et il ne put s’empêcher de la trouver très mignonne. Le sourire incroyablement niais disparu cependant de son visage lorsqu’elle le fixa en fronçant les sourcils, puis leva le nez en tournant la tête sur le côté, bras croisés, l’air incroyablement offusquée.

-En tout cas, ça ne me plait pas, Lucian.

Le suscité Lucian ouvrit à nouveau la bouche, bien décidé à parler cette fois, mais aucun mot ne lui vint. Absolument aucun. Il ne voyait tout simplement pas quoi répondre à la jeune femme qui se tenait devant lui, fâchée que les choses ne se soient pas passées comme elle l’avait imaginé.
Finalement, il se contenta de pousser un léger soupir et de sourire ; c’était un sourire très calme et étrangement apaisé. Le profond désespoir qui l’avait englouti quelques minutes auparavant s’était envolé, chassé par la présence d’Ainsel et ses paroles, par le simple fait qu’elle était revenue et lui avait dit de rester. Et si elle lui avait demandé de rester, quelle raison aurait-il eu de partir malgré tout ? Il était heureux et soulagé, même s’il n’arrivait pas vraiment à mesurer à quel point. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ne voulait plus partir loin d’elle.
Il glissa un bras autour de la taille de la demoiselle papillon et la ramena à lui. De sa main libre, il dégagea son visage des quelques longues mèches ondulées qui y étaient tombées, les glissant derrière ses oreilles, en profitant pour la détailler. Et, avant qu’elle ne puisse recommencer à parler, il passa la main derrière sa nuque, s’approcha d’elle et l’embrassa doucement.
Il ne sut pas vraiment combien de temps dura ce baiser. A dire vrai, il s’en fichait pas mal. Tout ce qui importait, c’était qu’il n’existait plus que lui et la femme pour laquelle il était tombé dès qu’il avait posé les yeux sur elle. Il aurait voulu que ce moment dure toujours, ce premier baiser qui était aussi bien une promesse qu’une formalité.
Finalement, et un peu à regret, il s’écarta doucement et la regarda longuement. Avant de pleinement réaliser ce qui venait de se passer et de virer à l’écarlate une seconde plus tard.

- Hum ... oui, donc, hum ... c’était ... hein, et puis piouf ! Et hum ... bafouilla-t-il, complètement désœuvré.

Il ne savait plus quoi faire maintenant. Devait-il la garder dans ses bras ? La lâcher ? Devait-il dire quelque chose ? Ou bien ne rien dire du tout – ah, trop tard.
Le lycan se gratta la tête, perdu, quand soudain lui vint une idée lumineuse.

- Hum, hum ... Oh, je sais ! Belle dame, tu as dit que tu oubliais, non ? Et si nous prenions des photos pour immortaliser ça ? Comme ça, dans deux semaines, tu auras toujours ces images et tu pourras en faire ce que tu veux ou en croire ce que tu veux.

Il sourit à Ainsel.

- Et puis, tu pourrais écrire ce que tu vis ! Comme ça, tu garderas une trace de ce qu’il s’est passé, même si ces souvenirs désertent ta tête ensuite.

Il ne savait pas comment empêcher Ainsel d’oublier – il ne savait même pas s’il existait quelque chose capable d’un tel miracle. Cependant, il pouvait toujours l’aider à fixer l’instant présent sur un support moins fluctuant que ses pensées. Même si elle ne se rappellerait plus pourquoi ni comment ces choses s’étaient produites, au moins aurait-elle des souvenirs de ces existences.
Des fantômes du passé qui ne lui voudraient aucun mal, bien au contraire.

- Au fait, je n’ai pas encore eu le plaisir de voir à quoi ressemblait ton chez-toi. Me ferais-tu l’honneur de me faire visiter ?

Il sourit, tout heureux à l’idée de voir l’endroit qu’Ainsel avait choisi pour y installer sa maison. Et il ne doutait pas que le reste de ladite maison était à la hauteur de la beauté des jardins suspendus de la demoiselle papillon.
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